Avoir au moins lu Drago une fois dans sa vie.
Oui, ça a vieilli, oui, c'est plein de clichés, mais c'est diablement efficace, aussi bien pour le dessin que la narration. Certains "auteurs" dit modernes auraient mieux fait de lire cette BD avant d'asséner leurs "oeuvres" au public...
Pour amateurs de l'âge d'or.
De nouveau un monument sur le site marron. Il s'agit cette fois de Drago, une oeuvre très importante de Burne (c'est son vrai prénom, arrêtez de vous marrer) Hogarth, le créateur -entre autres- de Tarzan. L'ouvrage présenté ici est une intégrale à l'histoire un peu miraculeuse. En 1947 paraît le magazine "Coq hardi", destiné à un public de jeunes garçons et adolescents. Une série hebdomadaire publiée dans ce magazine fera fureur, tant que dura sa diffusion, du 24 avril 1947 au 18 mars 1948. Le succès fut tel que la rédaction du journal imagina un épisode supplémentaire réalisé avec des dessins découpés dans les deux premiers... L'auteur n'en sut jamais rien, jusqu'en 1967, où il tomba par hasard sur cet épisode chez un fan dont je reparlerai plus loin. Alors, pourquoi fut-ce un succès, si sa diffusion s'arrêta au bout d'un an ? Parce qu'à l'époque, chez Syndicate Press, le distributeur américain de Drago, il y avait une autre série se déroulant en Argentine. Leur politique était de ne pas avoir deux séries ayant le même cadre. Il fallut donc trancher...
L'action de Drago est sensée se dérouler en Argentine... Mais cela y ressemble bien peu, puisque Hogart n'y a jamais mis les pieds, et a encore moins travaillé d'après de la documentation. Du coup, c'est son imagination qui lui permet de dessiner des décors, des costumes, certes somptueux, mais plutôt fantaisistes. En 1970, un des éditeurs de chez SERG revient d'un voyage avec des clichés des planches originales retrouvées miraculeusement par Hogarth lui-même, alors qu'il les croyait perdues pour toujours. Commence un long travail d'adaptation, de traduction, de retouche parfois, car on notera qu'à l'époque de "Coq hardi", certains dessins avaient été retouchés ou carrément supprimés car jugés "trop érotiques". Au vu du final, il n'y a vraiment pas de quoi fouetter un chat (sans mauvais jeu de mots... quoique). Vous en avez un aperçu dans la galerie. C'est Claude Moliterni, le fan dont je parlais auparavant, également auteur de BD, qui se chargera de ce long travail de remise à neuf. Le résultat n'est pas toujours parfait (certaines planches nous montrent un encrage trop épais), mais l'ensemble est quand même très intéressant. De nombreux auteurs, comme son contemporain Milton Caniff, les Européens Jean Giraud, Jijé et Jacobs, ont été grandement inspirés par cette oeuvre.
On retrouve dans cette série des thèmes déjà entrevus dans Tarzan : dignité de l'homme, désintégration de mondes corrompus, répulsion inspirée par le nazisme... Rappelons que Hogarth a réalisé sa série en 1946-47...
Du coup, on a affaire à un jeune homme à l'esprit chevaleresque, au courage sans limites, à la musculature très développée (mais pas surdéveloppée), qui craque lorsqu'un joli minois est dans le besoin. Alors bien sûr, ce type d'histoires "héroïque" suppose un certain nombre de passages obligés, de raccourcis scénaristiques, et ils sont tous présents dans Drago. Mais il y a aussi des choses intéressantes à prendre au niveau narratif et graphique : la contrainte de la page hebdomadaire oblige l'auteur à faire un très bref résumé en haut de chaque planche, mais il évite assez habilement les redites (ou alors le traducteur a réécrit intelligemment). Pour montrer l'habileté technique de Hogarth, je citerai quelques exemples : la scène où l'idole passe entre les mains des six principaux personnages nous permet de voir leurs pensées respectives... en une seule case, par un jeu d'incrustation ! Hogarth, pour nous montrer la vitesse d'un cheval au galop, allonge sensiblement sa silhouette, et ce n'est pas toujours réussi (notamment sur les croupes des coursiers), mais l'effet est là. Drago est confronté à un super méchant, le baron Zodiac, incarnation de tout ce que Hogarth abhorre, et qui a très certainement inspiré Edgar P. Jacobs pour sa "Marque Jaune"... Autre point intéressant : Hogarth avait une connaissance parfaite de l'anatomie humaine, était capable de reproduire n'importe quelle attitude sans modèle, jusqu'à l'excès parfois.
Bon, ok, il y a des choses qui font sourire, comme cette grotte aménagée avec tout le confort moderne par Drago, à l'insu de son père... l'évasion du Baron Zodiac est extrêmement théâtrale, et trouvera des échos dans l'oeuvre de Jacobs (décidément). Et puis bon, les attitudes des personnages sont assez théâtrales : les filles prennent des poses lascives, les méchants gesticulent et le héros passe beaucoup de temps torse nu. Cependant, et malgré une accumulation apparente de poncifs, c'est un récit qui ne veut pas si naïf, et qui saura inspirer plus tard de nombreux auteurs.
En résumé, Drago est une oeuvre qui a beaucoup apporté à la bande dessinée réaliste, essentielle pour un paléobédéphile, mais qui a forcément vieilli sur pas mal de points.
La lente montée des océans qui finit par grignoter le littoral est un postulat assez interpellant à la base car plus que plausible . . . Dans ces décors, l’intrigue se met en place tout doucement autour d’un mystérieux cargo échoué non loin de l’abbaye des Dunes où une secte a trouvé refuge. Le déroulement du récit est assez lent. Il nous conte une tranche de vie de quelques habitants restés dans une station balnéaire de la côte belge. De lecture facile, je trouve pourtant que ce one shot pêche par la présence de quelques clichés écolos (le tanker) et par un récit un peu "juste". J’aurais en effet aimé en savoir plus sur cette secte et ses motivations . . .
Quand aux dessins de Marianne Duvivier, je les trouve un peu fade comparé à Secrets : L'écharde. De plus, l’encrage noir jure un peu avec des couleurs trop délayées. Bref, cette bd accuse un petit coup de vieux . . .
La lecture du premier tome trahit quelque peu l’âge de cette série, le "Brelan de Dames" datant en effet des années 80. Renaud et Vernal ont voulu créer un mixte des "Drôles de Dames" et des "James Bond Girls" avec un résultat perfectible comme le souligne Spooky. . .
Le dessin de Renaud présente bon nombre de similitudes avec celui de Walthéry dans "Natacha". C’est soigné mais je n’y accroche pas spécialement. A épingler aussi les couleurs horribles du tome 1 qui deviennent convenables dans les suivants. Le scénario manque quant à lui de profondeur avec un final tournant court à chaque fois. De plus, le nom des pays "imaginaires" pensés par Vernal ont le don de m'agacer : pourquoi parler de l'Ghafnistan ou le Zébril au lieu de l'Afghanistan et le Brésil? C'est grotesque!
L’histoire n’atteint donc pas la prétention qu’elle veut se donner.
Bref, un fiasco . . .
C'est la deuxième BD de Jacobsen que je lis, et une fois de plus je lui trouve un style de dessin qui me fait penser à celui de Solé. Il est donc assez bon, réaliste tout en ayant une très légère touche caricaturale. Cette BD est donc assez jolie visuellement parlant.
Quant au scénario, il est scindé en multiples histoires courtes. La première m'a un peu surpris puisqu'elle est totalement muette ("à la façon de Von Gotha", comme le dit l'auteur). La narration en est cependant suffisamment bonne pour en faire ressortir un certain charme même si le scénario est assez basique. Mais le charme tombe complètement dès la deuxième histoire, quand les dialogues arrivent (parfois en quantité) et que les femmes soumises et traitées comme des objets nous gratifient en plus de pensées telles que "oh oui, j'aime ça, oh encore"...
L'idée, c'est que Miss Butterfly et son mari sont partouzeurs et adeptes du SM. Cette BD n'y va pas avec le dos de la cuillère puisque dès le départ Miss Butterfly se retrouve en porte-jarretelles offerte à tous les clients d'une boite échangiste. S'ensuivent nombre de scènes crues, trop crues pour être vraiment émoustillantes. Pas d'érotisme, juste du porno hard et sans détour. Certains moments sont d'ailleurs tout sauf excitant pour moi, notamment l'histoire où un couple âgé fait l'amour avec leur fils transsexuel : pas mon genre de fantasme du tout.
Dans cet étalage de culs à tout va, de pénétrations et doubles pénétrations, de fellations si profondes qu'on les croit destinées à soigner quelque amygdalite, de seins énormes et pendants, il y a quand même un soupçon de dérision qui montre que l'auteur ne prend pas tout cela au sérieux (notamment dans cette clinique où les chirurgiens dotent les femmes de seins titanesques (forme "poire, banane ou bien obus, au choix")).
Mais bon, ça reste vraiment de la BD de cul de gare à mes yeux, pour amateurs de SM, de femmes soumises et aux gros seins.
De l'érotico-rigolo aux dessins tout ronds, délirants, outrés, voilà ce qui m'a attiré dans ce manga. Il faut dire qu'il est réalisé par l'auteur de l'excellent Michael, le chat qui danse, qui en matière de délires a une bonne expérience.
Et délirant, ce manga l'est. C'est même du grand n'importe quoi. Rien que le résumé (du début) de l'histoire en donne un bon petit aperçu. L'enfer du plaisir, c'est tout un monde farfelu : des oiseaux en forme de bite, des lapinous avec des phallus à la place des oreilles, des arbres aux nombreuses verges, des pélicans avec un sexe à la place du bec, etc. On y trouve aussi des sales puceaux, qui veulent pomper l'énergie vitale des jolies vierges, des gens condamnés à rendre service aux autres, etc. On découvre ce monde et ses "règles" petit à petit, et quand on croit être arrivé au bout, il y en a encore.
L'humour est bien présent, mais assez particulier. Comme cette scène où l'héroïne se plaint dans une pose outrée au possible, et dit à tous les animaux de partir, puis leur crie "Attendez !", se replaint encore plus, leur redit de partir, leur recrie "Attendez !", comme ça quatre ou cinq fois de suite. L'effet est amusant, mais lassant à la longue. C'est d'ailleurs le principal défaut de cette série : l'idée est très bonne, certaines scènes assez excellentes, mais l'ensemble est long et manque trop souvent de dynamisme (en plus les tomes sont très épais, il y a 380 pages...)
Le dessin lui, est assez excellent (attention, je n'ai pas dit "beau") quand on aime ce style. En tout cas moi j'aime.
L'ensemble est très spécial. C'est de l'humour/aventure sur un thème érotique, mais même si la série est effectivement "pour public averti", tout ça reste très très soft. Rien d'émoustillant, donc. Ca se lit bien, sans la moindre prise de tête, comme ça pour se distraire.
Les histoires courtes ne sont pas ce que j'aime le plus. Je préfère en effet les trames plus étoffées, qui permettent une entrée dans l'histoire progressive qui monte en puissance. Mais j'ai bien aimé la manière dont Mathieu a amené son travail. C'est noir au possible, assez désespéré, mais jamais déshumanisé, bien au contraire. On sent que Mathieu est un humaniste que la noirceur de la vie, continue de révolter.
Le graphisme est très maîtrisé. Mathieu sait admirablement jouer avec le noir et blanc.
Le graphisme de cette série, a longtemps représenté un frein à la lecture... Pour moi du moins. Je le trouvais a priori, assez mal foutu et peu mis en valeur par une mise en couleur sombre et sans relief. Je le répète, c'étaient surtout mes a priori. En me décidant enfin à me plonger dans la lecture des deux tomes, j'ai été surpris. L'histoire est fluide et assez riche sur le plan du scénar. Et du coup, cette fluidité et cette richesse de l'histoire, m'ont fait entrevoir le dessin et sa mise en couleur de manière plus nuancée. J'ai finalement passé un très bon moment de lecture.
Voila de l'héroïc fantasy bien amenée et qui contraste positivement avec les schtroumpferies qu'on peut voir habituellement.
Autant on peut aimer Jean-Claude Denis dans ses historiettes humaines ou humanistes, autant dans l'exercice du conte animalier il peut se révéler un peu limité. Certes, il y a quand même 142 pages d'aventures d'André le Corbeau, mais celles-ci tournent assez vite à un grand n'importe quoi. André croise des rats, des ours, des bisons, des mouettes... On s'attend à voir des wombats à narines poilues, mais ils étaient en voyage. Bref, ça se disperse pas mal, et l'on a du mal à suivre le déroulement de l'histoire. La fin se veut un peu "coup de poing", mais elle tombe singulièrement à plat.
Il reste le dessin, un dessin semi-réaliste assez agréable à l'oeil. Denis a visiblement pris du plaisir à "humaniser" ces nombreuses espèces animales, et on a du plaisir à les regarder.
Pour un premier album, un coup de maître !
Mise en couleurs splendide, jeux de lumières tout à fait surprenants et décors vraiment bluffants. Un petit bémol pour l'intensité des couleurs qui laisse deviner la technique informatique, mais rien de rédhibitoire.
Le scénario et les dialogues sont très travaillés, distillant une ambiance oppressante qui ne cesse de s'alourdir en cours de tome. Un style très lovecraftien modernisé.
Vivement la suite !
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Drago
Avoir au moins lu Drago une fois dans sa vie. Oui, ça a vieilli, oui, c'est plein de clichés, mais c'est diablement efficace, aussi bien pour le dessin que la narration. Certains "auteurs" dit modernes auraient mieux fait de lire cette BD avant d'asséner leurs "oeuvres" au public... Pour amateurs de l'âge d'or.
Drago
De nouveau un monument sur le site marron. Il s'agit cette fois de Drago, une oeuvre très importante de Burne (c'est son vrai prénom, arrêtez de vous marrer) Hogarth, le créateur -entre autres- de Tarzan. L'ouvrage présenté ici est une intégrale à l'histoire un peu miraculeuse. En 1947 paraît le magazine "Coq hardi", destiné à un public de jeunes garçons et adolescents. Une série hebdomadaire publiée dans ce magazine fera fureur, tant que dura sa diffusion, du 24 avril 1947 au 18 mars 1948. Le succès fut tel que la rédaction du journal imagina un épisode supplémentaire réalisé avec des dessins découpés dans les deux premiers... L'auteur n'en sut jamais rien, jusqu'en 1967, où il tomba par hasard sur cet épisode chez un fan dont je reparlerai plus loin. Alors, pourquoi fut-ce un succès, si sa diffusion s'arrêta au bout d'un an ? Parce qu'à l'époque, chez Syndicate Press, le distributeur américain de Drago, il y avait une autre série se déroulant en Argentine. Leur politique était de ne pas avoir deux séries ayant le même cadre. Il fallut donc trancher... L'action de Drago est sensée se dérouler en Argentine... Mais cela y ressemble bien peu, puisque Hogart n'y a jamais mis les pieds, et a encore moins travaillé d'après de la documentation. Du coup, c'est son imagination qui lui permet de dessiner des décors, des costumes, certes somptueux, mais plutôt fantaisistes. En 1970, un des éditeurs de chez SERG revient d'un voyage avec des clichés des planches originales retrouvées miraculeusement par Hogarth lui-même, alors qu'il les croyait perdues pour toujours. Commence un long travail d'adaptation, de traduction, de retouche parfois, car on notera qu'à l'époque de "Coq hardi", certains dessins avaient été retouchés ou carrément supprimés car jugés "trop érotiques". Au vu du final, il n'y a vraiment pas de quoi fouetter un chat (sans mauvais jeu de mots... quoique). Vous en avez un aperçu dans la galerie. C'est Claude Moliterni, le fan dont je parlais auparavant, également auteur de BD, qui se chargera de ce long travail de remise à neuf. Le résultat n'est pas toujours parfait (certaines planches nous montrent un encrage trop épais), mais l'ensemble est quand même très intéressant. De nombreux auteurs, comme son contemporain Milton Caniff, les Européens Jean Giraud, Jijé et Jacobs, ont été grandement inspirés par cette oeuvre. On retrouve dans cette série des thèmes déjà entrevus dans Tarzan : dignité de l'homme, désintégration de mondes corrompus, répulsion inspirée par le nazisme... Rappelons que Hogarth a réalisé sa série en 1946-47... Du coup, on a affaire à un jeune homme à l'esprit chevaleresque, au courage sans limites, à la musculature très développée (mais pas surdéveloppée), qui craque lorsqu'un joli minois est dans le besoin. Alors bien sûr, ce type d'histoires "héroïque" suppose un certain nombre de passages obligés, de raccourcis scénaristiques, et ils sont tous présents dans Drago. Mais il y a aussi des choses intéressantes à prendre au niveau narratif et graphique : la contrainte de la page hebdomadaire oblige l'auteur à faire un très bref résumé en haut de chaque planche, mais il évite assez habilement les redites (ou alors le traducteur a réécrit intelligemment). Pour montrer l'habileté technique de Hogarth, je citerai quelques exemples : la scène où l'idole passe entre les mains des six principaux personnages nous permet de voir leurs pensées respectives... en une seule case, par un jeu d'incrustation ! Hogarth, pour nous montrer la vitesse d'un cheval au galop, allonge sensiblement sa silhouette, et ce n'est pas toujours réussi (notamment sur les croupes des coursiers), mais l'effet est là. Drago est confronté à un super méchant, le baron Zodiac, incarnation de tout ce que Hogarth abhorre, et qui a très certainement inspiré Edgar P. Jacobs pour sa "Marque Jaune"... Autre point intéressant : Hogarth avait une connaissance parfaite de l'anatomie humaine, était capable de reproduire n'importe quelle attitude sans modèle, jusqu'à l'excès parfois. Bon, ok, il y a des choses qui font sourire, comme cette grotte aménagée avec tout le confort moderne par Drago, à l'insu de son père... l'évasion du Baron Zodiac est extrêmement théâtrale, et trouvera des échos dans l'oeuvre de Jacobs (décidément). Et puis bon, les attitudes des personnages sont assez théâtrales : les filles prennent des poses lascives, les méchants gesticulent et le héros passe beaucoup de temps torse nu. Cependant, et malgré une accumulation apparente de poncifs, c'est un récit qui ne veut pas si naïf, et qui saura inspirer plus tard de nombreux auteurs. En résumé, Drago est une oeuvre qui a beaucoup apporté à la bande dessinée réaliste, essentielle pour un paléobédéphile, mais qui a forcément vieilli sur pas mal de points.
Lagune
La lente montée des océans qui finit par grignoter le littoral est un postulat assez interpellant à la base car plus que plausible . . . Dans ces décors, l’intrigue se met en place tout doucement autour d’un mystérieux cargo échoué non loin de l’abbaye des Dunes où une secte a trouvé refuge. Le déroulement du récit est assez lent. Il nous conte une tranche de vie de quelques habitants restés dans une station balnéaire de la côte belge. De lecture facile, je trouve pourtant que ce one shot pêche par la présence de quelques clichés écolos (le tanker) et par un récit un peu "juste". J’aurais en effet aimé en savoir plus sur cette secte et ses motivations . . . Quand aux dessins de Marianne Duvivier, je les trouve un peu fade comparé à Secrets : L'écharde. De plus, l’encrage noir jure un peu avec des couleurs trop délayées. Bref, cette bd accuse un petit coup de vieux . . .
Brelan de Dames
La lecture du premier tome trahit quelque peu l’âge de cette série, le "Brelan de Dames" datant en effet des années 80. Renaud et Vernal ont voulu créer un mixte des "Drôles de Dames" et des "James Bond Girls" avec un résultat perfectible comme le souligne Spooky. . . Le dessin de Renaud présente bon nombre de similitudes avec celui de Walthéry dans "Natacha". C’est soigné mais je n’y accroche pas spécialement. A épingler aussi les couleurs horribles du tome 1 qui deviennent convenables dans les suivants. Le scénario manque quant à lui de profondeur avec un final tournant court à chaque fois. De plus, le nom des pays "imaginaires" pensés par Vernal ont le don de m'agacer : pourquoi parler de l'Ghafnistan ou le Zébril au lieu de l'Afghanistan et le Brésil? C'est grotesque! L’histoire n’atteint donc pas la prétention qu’elle veut se donner. Bref, un fiasco . . .
Miss Butterfly
C'est la deuxième BD de Jacobsen que je lis, et une fois de plus je lui trouve un style de dessin qui me fait penser à celui de Solé. Il est donc assez bon, réaliste tout en ayant une très légère touche caricaturale. Cette BD est donc assez jolie visuellement parlant. Quant au scénario, il est scindé en multiples histoires courtes. La première m'a un peu surpris puisqu'elle est totalement muette ("à la façon de Von Gotha", comme le dit l'auteur). La narration en est cependant suffisamment bonne pour en faire ressortir un certain charme même si le scénario est assez basique. Mais le charme tombe complètement dès la deuxième histoire, quand les dialogues arrivent (parfois en quantité) et que les femmes soumises et traitées comme des objets nous gratifient en plus de pensées telles que "oh oui, j'aime ça, oh encore"... L'idée, c'est que Miss Butterfly et son mari sont partouzeurs et adeptes du SM. Cette BD n'y va pas avec le dos de la cuillère puisque dès le départ Miss Butterfly se retrouve en porte-jarretelles offerte à tous les clients d'une boite échangiste. S'ensuivent nombre de scènes crues, trop crues pour être vraiment émoustillantes. Pas d'érotisme, juste du porno hard et sans détour. Certains moments sont d'ailleurs tout sauf excitant pour moi, notamment l'histoire où un couple âgé fait l'amour avec leur fils transsexuel : pas mon genre de fantasme du tout. Dans cet étalage de culs à tout va, de pénétrations et doubles pénétrations, de fellations si profondes qu'on les croit destinées à soigner quelque amygdalite, de seins énormes et pendants, il y a quand même un soupçon de dérision qui montre que l'auteur ne prend pas tout cela au sérieux (notamment dans cette clinique où les chirurgiens dotent les femmes de seins titanesques (forme "poire, banane ou bien obus, au choix")). Mais bon, ça reste vraiment de la BD de cul de gare à mes yeux, pour amateurs de SM, de femmes soumises et aux gros seins.
Stairway to heaven
De l'érotico-rigolo aux dessins tout ronds, délirants, outrés, voilà ce qui m'a attiré dans ce manga. Il faut dire qu'il est réalisé par l'auteur de l'excellent Michael, le chat qui danse, qui en matière de délires a une bonne expérience. Et délirant, ce manga l'est. C'est même du grand n'importe quoi. Rien que le résumé (du début) de l'histoire en donne un bon petit aperçu. L'enfer du plaisir, c'est tout un monde farfelu : des oiseaux en forme de bite, des lapinous avec des phallus à la place des oreilles, des arbres aux nombreuses verges, des pélicans avec un sexe à la place du bec, etc. On y trouve aussi des sales puceaux, qui veulent pomper l'énergie vitale des jolies vierges, des gens condamnés à rendre service aux autres, etc. On découvre ce monde et ses "règles" petit à petit, et quand on croit être arrivé au bout, il y en a encore. L'humour est bien présent, mais assez particulier. Comme cette scène où l'héroïne se plaint dans une pose outrée au possible, et dit à tous les animaux de partir, puis leur crie "Attendez !", se replaint encore plus, leur redit de partir, leur recrie "Attendez !", comme ça quatre ou cinq fois de suite. L'effet est amusant, mais lassant à la longue. C'est d'ailleurs le principal défaut de cette série : l'idée est très bonne, certaines scènes assez excellentes, mais l'ensemble est long et manque trop souvent de dynamisme (en plus les tomes sont très épais, il y a 380 pages...) Le dessin lui, est assez excellent (attention, je n'ai pas dit "beau") quand on aime ce style. En tout cas moi j'aime. L'ensemble est très spécial. C'est de l'humour/aventure sur un thème érotique, mais même si la série est effectivement "pour public averti", tout ça reste très très soft. Rien d'émoustillant, donc. Ca se lit bien, sans la moindre prise de tête, comme ça pour se distraire.
L'Ascension et autres récits
Les histoires courtes ne sont pas ce que j'aime le plus. Je préfère en effet les trames plus étoffées, qui permettent une entrée dans l'histoire progressive qui monte en puissance. Mais j'ai bien aimé la manière dont Mathieu a amené son travail. C'est noir au possible, assez désespéré, mais jamais déshumanisé, bien au contraire. On sent que Mathieu est un humaniste que la noirceur de la vie, continue de révolter. Le graphisme est très maîtrisé. Mathieu sait admirablement jouer avec le noir et blanc.
Laïyna
Le graphisme de cette série, a longtemps représenté un frein à la lecture... Pour moi du moins. Je le trouvais a priori, assez mal foutu et peu mis en valeur par une mise en couleur sombre et sans relief. Je le répète, c'étaient surtout mes a priori. En me décidant enfin à me plonger dans la lecture des deux tomes, j'ai été surpris. L'histoire est fluide et assez riche sur le plan du scénar. Et du coup, cette fluidité et cette richesse de l'histoire, m'ont fait entrevoir le dessin et sa mise en couleur de manière plus nuancée. J'ai finalement passé un très bon moment de lecture. Voila de l'héroïc fantasy bien amenée et qui contraste positivement avec les schtroumpferies qu'on peut voir habituellement.
Animal - Les Aventures d'André le Corbeau
Autant on peut aimer Jean-Claude Denis dans ses historiettes humaines ou humanistes, autant dans l'exercice du conte animalier il peut se révéler un peu limité. Certes, il y a quand même 142 pages d'aventures d'André le Corbeau, mais celles-ci tournent assez vite à un grand n'importe quoi. André croise des rats, des ours, des bisons, des mouettes... On s'attend à voir des wombats à narines poilues, mais ils étaient en voyage. Bref, ça se disperse pas mal, et l'on a du mal à suivre le déroulement de l'histoire. La fin se veut un peu "coup de poing", mais elle tombe singulièrement à plat. Il reste le dessin, un dessin semi-réaliste assez agréable à l'oeil. Denis a visiblement pris du plaisir à "humaniser" ces nombreuses espèces animales, et on a du plaisir à les regarder.
Freaks Agency
Pour un premier album, un coup de maître ! Mise en couleurs splendide, jeux de lumières tout à fait surprenants et décors vraiment bluffants. Un petit bémol pour l'intensité des couleurs qui laisse deviner la technique informatique, mais rien de rédhibitoire. Le scénario et les dialogues sont très travaillés, distillant une ambiance oppressante qui ne cesse de s'alourdir en cours de tome. Un style très lovecraftien modernisé. Vivement la suite !