Les derniers avis (105621 avis)

Couverture de la série Les Ailes du Temps
Les Ailes du Temps

Avec une bibliothèque bien fournie en bandes-dessinées ce qui me plait c'est les dessins. Un bon dessinateur aux commandes et vous obtenez une bonne bd. Le scénariste aussi fait que l'histoire est captivante ou non, mais cela n'est pas trop primordial. Tout est dans le visuel pour une bd et si les dessins sont bons alors généralement c'est "gagné ". Chacun a son style de bd mais pour moi cette bd me convient totalement.

23/05/2024 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série L'Étrange Cas Barbora Š.
L'Étrange Cas Barbora Š.

J'avais lu un peu sur le cas de Barbora sur un forum reddit consacré au crime et ça soit être un des cas les plus étranges que j'ai lu de ma vie. C'est vraiment le genre de truc que si un auteur avait imaginé ça pour une fiction, j'aurais trouvé que c'est tiré par les cheveux, mais non c'est vraiment arrivé ! Les auteurs présent le cas au travers d'une journaliste qui enquête sur le cas. Je comprends que c'est pour rendre la narration excitante, mais le problème c'est qu'au final je ne savais pas trop ce qui était vraiment vrai, de la fiction ou juste de la spéculation de la part des auteurs. Et comme ils ont virés les deux garçons victimes de sévissent de la part de leur mère complétement sur le contrôle de Barbora de (je comprends ce choix) il y a déjà dès le départ des informations qui ne sont pas incus dans le livre. Il faut dire que le cas lui-même est tellement hors de l'ordinaire et qu'il y a tellement de gens qui seraient peut-être impliqué dans les étranges agissements de Barbora et de sa complice que c'est facile de s'y perdre. Les motivations des protagonistes sortent vraiment de l'ordinaire et la mère est une des personnes les plus connes que j'ai vu de ma vie. Je pensais que j'aillais lire un résume facile à comprendre sur l'affaire et ça n'a pas trop été le cas.

22/05/2024 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série Stray dogs
Stray dogs

Un thriller original vu que c'est une histoire de tueur en série vu du points de vues des chiens des femmes que le tueur tuent et qu'ils emmènent ensuite chez lui. Le scénario est bien fait même si je trouve qu'il y a un peu de facilité dans le scénario. Je peux comprendre que les chiens ont des problèmes de mémoires à court terme, mais là on dirait carrément qu'ils oublient leurs anciennes maitresses la minute qu'elles se font tuer (et en passant aucun des chiens ne réagissent trop s'ils sont présents sur les lieux du meurtre, bravo pour le travail de chien de gardes). Je peux comprendre pour ceux qui étaient des chiots, mais là certains sont clairement des adultes lorsque les gros changements dans leurs vies sont survenues. Malgré cela j'ai trouvé que le scénario était captivant. Je voulais absolument savoir ce qui allait se passer ensuite, surtout qu'il y a quelques surprises dans le scénario. En plus, le dessin mignon qui semble sortir d'une série pour enfant donne une atmosphère différente des autres thrillers. Malheureusement, la dernière partie s'arrête un peu subitement sans qu'on ait des réponses à toutes les questions. Même si on peut s'imaginer facilement les réponses, c'est un peu frustrant que ça se termine comme ça. C'est encore un polar/thriller qui est excellent durant une bonne partie et qui finit par s'écrouler à la fin. Cela reste à lire pour les amateurs du genre.

22/05/2024 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Tepe - La Colline
Tepe - La Colline

A l’origine, le monde était un paradis, où toutes les créatures vivaient selon les lois de la nature. Puis l’Homme est arrivé, avec sa soif de domination, s’érigeant en maître des éléments, créant des dieux à son image. Tandis que les humains se multipliaient, les animaux devaient fuir pour ne pas mourir. C’est sur ce postulat que se fonde ce conte éblouissant magnifiquement mis en images par Firat Yasa, un auteur turc dont c’est la première bande dessinée publiée en France. Pour ce faire, Yasa a imaginé une aube des temps empreinte de fantastique en se basant sur les connaissances accumulées autour du site néolithique de Göbekli Tepe, dans le sud de la Turquie. C’est ainsi qu’il nous propose une préhistoire fantasmée de façon très poétique et intemporelle. L’Homme, qui a découvert le feu et les armes, a commencé à se sédentariser et s’organiser de façon structurée, avec sa hiérarchie constituée de dominants et de dominés. Symbolisée ici par un clan assez populeux, contrôlé par un chef religieux qui n’est rien de moins qu’un vulgaire gourou avide de pouvoir, l’espèce humaine est envisagée comme une menace pour l’équilibre naturel, avec déjà des velléités de bâtisseuse. Cette communauté de chasseurs voraces oblige ainsi les animaux à se terrer pour échapper à une mort probable, en tant que nourriture ou offrande destinée au « Père-Ciel », le dieu inventé par celui qui se fait appeler « vieux sage »… Face à ces effrayants prédateurs, la jeune biche Murr accompagnée de Râht, son ami humain quelque peu misanthrope, seront constamment sur le qui-vive. Toutefois, ils auront la chance de trouver refuge temporairement au sein d’une tribu aux intentions moins belliqueuses, vivant selon des préceptes beaucoup plus en conformité avec la nature, et respectueuse du monde animal. Aux côtés de cette histoire où les meutes de chasseurs à l’affût, quasi omniprésentes, contribuent à installer une atmosphère oppressante, le dessin apporte une note très contemplative. Dans un style un peu naïf qui évoque parfois les scènes de chasse figurant dans certaines grottes préhistoriques, Firat Yasa possède un talent indéniable dans sa façon savante de gérer les couleurs. Les tonalités ocres, très chaleureuses, communient pleinement avec les nuances de bleu sombre. Les ciels étoilés sont littéralement envoûtants, de même que les constellations, ponctuellement symbolisées par des silhouettes humaines ou animales qui semblent se livrer à une ronde majestueuse. C’est par cette représentation que ressort toute l’approche empathique de l’artiste vis-à-vis du règne animal, avec comme axe narratif la douleur de cette biche privée du lien maternel dans sa fuite pour la survie. Au-delà de cet aspect, Firat Yasa fait ici s’opposer deux visions très divergentes du monde, dont la plus néfaste est plus que jamais prépondérante dans nos sociétés modernes. D’un côté, la doctrine religieuse fondée sur les élucubrations d’un illuminé en quête de domination ; de l’autre la position humble d’une spiritualité respectueuse de toutes formes de vie, qui tente d’exister chez les peuples autochtones non décimés par la civilisation et son pire acolyte, le capitalisme. En remontant à la pureté de nos origines, il n’est pas impossible que ce conte fascinant — en apparence inoffensif — ait servi de prétexte à Ya?a – et celui-ci ne sait que trop bien à quel point la religion est utilisée à des fins politiques et nationalistes dans son pays, la Turquie — pour exprimer sa colère et son mépris vis-à-vis de ceux qui prétendent parler au nom d’un dieu hypothétique pour asseoir leur soif de puissance. Une fois encore et comme souvent, on pourra être extrêmement reconnaissant envers les Editions ça et là de nous proposer la voix d’un artiste originaire d’un pays où la bande dessinée reste confidentielle, où les auteurs ne sont pas légion. « Tepe, la colline », c’est vous l’aurez compris un énorme coup de cœur. PS : Mon cher grogro, je dois dire que je suis surpris de ton avis. J'ai même un peu l'impression qu'on n'a pas lu le même livre ;-)

22/05/2024 (modifier)
Couverture de la série La Fille dans l'écran
La Fille dans l'écran

C’est par cet album que j’ai découvert le travail de Lou Lubie (et aussi celui de Manon Desveaux mais il me semble que c’est son seul titre paru), même si je lui préfère ses autres œuvres La fille dans l’écran reste une bouffée d’air frais. Je viens de le relire et c’est toujours aussi bien que dans mon souvenir. Pourtant les histoires d’amour en bd c’est pas trop mon dada, qui plus est quand c’est entre deux personnes du même sexe. Mais là je sais pas, je trouve l’histoire et la réalisation bien au dessus de tout ça, j’ai bien des petites critiques mais je suis emporté à chaque fois. Il y a franchement un truc, les auteures ont réussi un beau numéro d’équilibriste avec ce travail à 4 mains. Je trouve qu’on est pas très loin de l’oubapo d’ailleurs, chaque auteure s’attache à un personnage. Si elles possèdent un trait un peu similaire et très lisible, on reconnaît de suite leur partie respective. Le vis-à-vis des planches fonctionnent plutôt pas mal, tout comme la rencontre où les 2 parties n’en font plus qu’une. Graphiquement, on peu pardonner quelques imprécisions (ou dessin moins travaillé) tant c’est homogène et d’une fluidité à tout épreuve. Après l’histoire … bah c’est une histoire d’amour mais avant tout une belle rencontre, nos héroïnes sont attachantes et touchantes dans leurs vies d’adulte. C’est bluet mais on n’y croit (ou envie d’y croire), les émotions sont bien retranscrites comme leurs questionnements. La narration est franchement réussie sur ce point, 2 auteures / 2 histoires parallèles / 1 rencontre. On peut reprocher des facilités, raccourcis ou oublis, mais je trouve ça finalement finement écrit pour un sujet, une idée et réalisation aussi casse gueule. Le making-of final est excellent et finit d’entériner l’excellent ressenti. Une chouette collaboration pour un album remarquable, bravo.

22/05/2024 (modifier)
Par Présence
Note: 3/5
Couverture de la série Chrononauts
Chrononauts

Avis pour le premier tome - Voyages dans le temps pour touristes - Ce tome constitue une histoire complète et indépendante de toute autre. Il contient les 4 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2015, écrits par Mark Millar, dessinés et encrés par Sean Murphy, avec une mise en couleurs de Matt Hollingsworth. De nos jours, dans le sud-est de la Turquie, un guide amène Corbin Quinn dans une excavation archéologique, où se trouve un avion de chasse F-14 Tomcat, en bon état de conservation. de retour à son complexe scientifique au Texas, il explique sa trouvaille à son collègue Danny Reilly. Quelques temps plus tard, leur équipe projet réussit à envoyer une sonde spatiale à la bataille de Gettysburg en 1863. Tous les téléspectateurs pleurent en voyant un jeune garçon battre le tambour sur le champ de bataille. La suite s'annonce comme une certitude : Corbin Quinn et Danny Rilley seront les premiers êtres humains à voyager dans le temps. Depuis la création du label Millarwolrd, le scénariste Mark Millar enchaîne les projets de comics, prévendus pour l'industrie du cinéma, avec des dessinateurs top niveau. Il est difficile pour le lecteur de bouder son plaisir à l'idée de lire un comics bien dessiné (l'artiste ayant disposé du temps nécessaire pour peaufiner ses planches), avec un scénario comprenant plusieurs bonnes idées. Impossible de résister à l'attrait d'un comics dessiné par Sean Murphy, l'auteur de Punk Rock Jesus, ou encore le dessinateur de Joe the Barbarian avec Grant Morrison, ou de The Wake avec Scott Snyder. Comme sur du velours, Mark Millar a encore concocté un début de récit endiablé : c'est parti pour des voyages dans le temps. L'histoire tient en 4 épisodes, c'est-à-dire que le lecteur n'a pas le temps de s'ennuyer. le récit est mené tambour battant, la conclusion arrive pour amener une clôture nette et sans bavure (même si les auteurs ne s'interdisent pas d'écrire un deuxième tome). Sans surprise encore, le scénariste a choisi de mettre en scène 2 héros blancs, sans problèmes financiers, sans rôle féminin important. On est dans de la littérature pour jeune adolescent mâle, ou pour adulescent, du pur divertissement (il ne suffit pas de baptiser la sonde temporel Mark Twain), pour prétendre à la littérature. Millar met à profit son point de départ (pas si original que ça) pour jouer avec différentes époques. Par exemple, un personnage va recruter des soldats en 812 en Norvège, en -43 à Spartes, en 1916 en France, et en -225 à Tome. Tout ça tient sur une page, à raison d'une case par époque visitée. le lecteur n'a donc pas à craindre la leçon d'histoire, il s'agit d'un récit entièrement consacré à l'aventure et à l'action. En scénariste malin et aguerri, Millar prend soin de flatter son lectorat américain : la première scène de voyage dans le temps est donc pour la bataille de Gettysburg (mais d'un autre côté, cela se justifie par le fait qu'il s'agit d'un projet financé et réalisé par les États-Unis). La caméra temporelle ne manque pas d'immortaliser la présence d'un enfant soldat avec son tambour (larmichette et nostalgie assurées pour cette évocation historique). En tous les cas, il prend également soin de raconter une histoire avant tout visuelle. Effectivement, Sean Murphy a tout le loisir de s'en donner à cœur joie. le lecteur retrouve son habitude de dessiner des nez un peu pointus (c'est moins systématique que dans ses précédents travaux, ça dépend des personnages), de rajouter des petits traits secs sur les visages et sur quelques surfaces, pour figurer les textures, et donner l'impression que les émotions irradient des visages. Il voit avec plaisir que les personnages sourient régulièrement, montrant ainsi leur satisfaction sur leur situation, le contentement de voir leurs efforts récompensés, ou l'anticipation des résultats de leurs actions plus ou moins facétieuses. Les divers rebondissements et sauts dans le temps offrent au dessinateur des occasions multiples de se lâcher, et Sean Murphy est à chaque fois au rendez-vous. le premier visuel qui décoiffe montre le chasseur F-14 Tomcat, avec une perspective ambitieuse, et un niveau de détails remarquables. Les 3 cases consacrées à la bataille de Gettysburg sont un peu moins estomaquantes dans la mesure, où Murphy s'en tient aux compositions habituelles sur le sujet : les soldats au bivouac (belle authenticité des uniformes, des armes et des ustensiles), une scène de charge, et la vue sur l'enfant tambour. La narration visuelle monte de plusieurs crans en intensité, avec l'arrivée à Samarkand en 1504 : Danny Reilly apparaît juste devant la charge d'une cavalerie. Sean Murphy réalise un dessin occupant une double page plaçant le personnage (et le lecteur) juste sur le passage de dizaines de cavaliers bien armés, avec leurs armures, et plein d'entrain. La scène est spectaculaire à souhait, avec un dynamisme renforcé par un point de fuite savamment positionné. En outre, il ne manque pas un détail aux armures, ou aux harnachements des montures. Pour l'arrivée à Samarkand même, l'artiste dessine une vue du ciel permettant de se délecter de l'architecture de la ville de ses ornements, et des costumes de ses habitants. Il ne s'agit pas d'éventer toutes les surprises (et elles sont nombreuses) contenues dans le récit. Un seul exemple supplémentaire : lors de 2 séquences, Corbin Quinn et Danny Reilly se déplacent dans une immense demeure à New York en 1929. le lecteur laisse son regard se promener sur l'incroyable façade de la bâtisse, il observe avec curiosité les décorations intérieures, il apprécie la sophistication des tenues de soirée. Il sourit devant la pièce secrète parfaitement intégrée à l'aménagement, et son sourire s'agrandit lorsqu'il comprend quelle est son usage. Tout au long de ces 4 épisodes, Sean Murphy s'est amusé comme un gosse à donner vie à ces endroits mythiques, à représenter les costumes avec précision, à sculpter les décors avec relief, à insuffler du mouvement dans les personnages le lecteur en prend plein les yeux, sans impression d'agressivité, avec des personnages souvent aimables. Il est impossible de bouder son plaisir devant un tel spectacle sans cesse renouvelé. Mais c'est aussi un peu la limite de ce récit. Du fait du format court, les auteurs en sont réduits à s'en tenir à de brèves évocations, soit de lieux ou de faits historiques, soit des figures historiques comme Norma Jean (une brève apparition avant qu'elle ne se fasse appeler Marylin Monroe) ou Steven Patrick Morrissey (Moz, dans une séquence très drôle). D'un côté le lecteur constate que Mark Millar sait de quoi il parle ; de l'autre il est évident qu'il s'agit de figuration de luxe, sans conséquence faute de place dans ce récit ramassé. Il devient alors difficile de se débarrasser de l'impression que le scénariste case ces références pour prouver que son récit se prête à toute sorte de clins d’œil, et donc que cette trame peut être développée jusqu' à en devenir un film, ou pourquoi par une série télévisuelle (il y a même un dinosaure). L'intrigue présente un autre aspect qui empêche de prendre cette aventure grand spectacle, au sérieux. Mark Millar joue donc avec les voyages dans le temps. Très vite, il montre qu'il a choisi l'option que les interventions faites dans le passé par les 2 aventuriers n'ont aucune conséquence sur le présent. C'est l'une des règles du jeu possibles pour les voyages dans le temps. Très vite, il s'agit pour l'un des personnages de remonter dans le temps pour empêcher un autre de commettre l'irréparable. Déjà cette notion d'irréparable devient relative, voire idiote, si les actes commis dans le passé n'ont pas de conséquence dans le présent. Mais, en plus, si l'agent intervient à une date (au pif : en mars d'une année) et qu'il échoue dans sa mission, il lui suffit de recommencer quelques jours ou semaines plutôt, avec la connaissance de ce qui va se passer par la suite (c'est-à-dire en janvier ou février de la même année). Il n'a même pas besoin de se presser puisqu'il peut se déplacer dans le temps à sa guise. Millar insiste bien sur ce dernier point, en montrant même un personnage à deux endroits différents, à une même date. du coup le lecteur éprouve quelques difficultés à prendre cette histoire au sérieux. Comme la couverture l'indique, ce récit complet met en jeu des voyages dans le temps. Mark Millar a imaginé une histoire ramassé (en 4 épisodes) jouant avec les époques, pour des mélanges amusants et divertissants. Sean Murphy est le dessinateur de la situation, ne ménageant pas sa peine pour montrer au mieux les lieux, les personnages et les époques, au lecteur. le taux de divertissement est élevé, un peu obéré par l'usage primaire des voyages dans le temps, tout paradoxe temporel étant ignoré, jusqu'à aboutir à une logique trop mise à mal. Ce recueil se lit aussi 2 fois plus vite qu'un comics de superhéros de même pagination.

22/05/2024 (modifier)
Par Présence
Note: 4/5
Couverture de la série MPH
MPH

Le capitalisme à toute berzingue - Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre. Elle se compose des 5 épisodes, initialement parus en 2014/2015, écrits par Mark Millar, dessinés et encrés par Duncan Fegredo, avec une mise en couleurs et un encrage de Peter Doherty. Le récit commence en 1984, avec une course éperdue en vue subjective pendant 2 pages, les pensées intérieures du personnage (un certain monsieur Springfield) indiquant qu'il n'arrive pas à stopper sa course. Il finit par être arrêté par la police. En 2014, Roscoe Rodriguez travaille comme coursier pour un dealer local qui prône les vertus de la pensée positive (en particulier réaliser un poster sur lequel on colle des images de ses rêves, la voiture de ses rêves par exemple). Lors d'une livraison de coke, il se fait serrer car quelqu'un a vendu la mèche. Il se tient à carreau en prison ayant calculé qu'avec les différents types de remise de peine il en sortira dans 5 ans. Mais il finit par céder à la tentation de faciliter son séjour en prenant des psychotropes, des pilules dans un flacon marqué MPH. Les effets sont énormes. En cette première moitié des années 2010, Mark Millar revient en force aux comics avec des projets pour la plupart assez courts, illustrés par des dessinateurs de renom : Dave Gibbons pour The Secret Service: Kingsman, Goran Parlov pour Starlight, Frank Quitely pour Jupiter's legacy, Sean Murphy pour Chrononauts. Duncan Fegredo s'inscrit dans cette liste prestigieuse, où il a pleinement sa place, voir Hellboy: Darkness Calls ou encore Hellboy: The Midnight Circus. Le premier épisode est exceptionnel (comme il est de coutume dans les récits récents de Millar). Les 3 premières pages permettent d'établir la nature du superpouvoir en vue subjective irrésistible. La présentation de Roscoe Rodriguez le rend immédiatement sympathique en tant jeune homme bosseur, avec des rêves d'avenir normaux. Il devient encore plus sympathique en prison, alors qu'il conserve son sourire, son optimisme et ses rêves d'avenir. Duncan Fegredo réalise des dessins détaillés qui ne semblent jamais surchargés. Il rend compte avec habileté de la vitesse du coureur avec des lignes fuite. Les policiers qui interviennent disposent de tenues réalistes, avec un encrage un peu appuyé pour leur conférer plus de sérieux. Les endroits disposent tous de spécificités les rendant uniques. La mise en scène évite l'effet "tête parlante", en élargissant le cadre de la prise de vue, en montrant l'environnement et les gestes des interlocuteurs. Les acteurs ont des physiques normaux, mais une prestance qui permet de les identifier au premier regard, et qui révèle des détails sur leur personnalité. C'est donc entièrement conquis que le lecteur entame le deuxième épisode. le principe du récit est simple : Roscoe et 3 de ses copains utilisent un petit stock de pilules MPH pour s'éclater, c'est-à-dire se servir dans la caisse, investir des résidences secondaires dont les propriétaires sont absents, et faire les pitres avec leurs nouvelles capacités. Mark Millar écrit un récit au rythme rapide, débouchant sur une résolution satisfaisante. Il étoffe petit à petit la personnalité de Roscoe, moins celle des autres personnages. Il augmente progressivement le niveau spectaculaire des utilisations des superpouvoirs, de la course très rapide jusqu'à la possibilité de courir sur des parois verticales. Duncan Fegredo est vraiment très à l'aise pour donner à voir à la fois l'environnement ordinaire de Roscoe (sans en rajouter dans le misérabilisme), et dans la manifestation des capacités extraordinaires. le lecteur peut ainsi avoir l'impression d'être aux côtés de Roscoe en prison, ou sur le pas de la porte d'un minable pavillon de banlieue. Il se sent pris d'une envie irrépressible de visiter les somptueuses villas dans lesquelles squattent Roscoe et sa clique. Fegredo et Millar jouent avec cette capacité de courir vite. En fait le scénariste explique qu'il s'agit avant tout d'une modification de la perception du temps qui permet à Roscoe de se déplacer comme si le temps ne s'écoulait plus. Ce n'est donc pas tant qu'il va plus vite, mais plutôt qu'il se déplace en marchant ou en courant, alors que tout le reste du monde est ralenti à l'extrême. Cela permet à Fegredo de représenter soit en vue subjective (Roscoe se déplaçant au milieu d'individus et d'objets figés), soit en temps réel (Roscoe semblant apparaître et disparaître comme par enchantement). Le lecteur prend grand plaisir à voir Roscoe découvrir graduellement ce qu'il peut faire avec cette capacité, et satisfaire ses envies matérielles. le récit monte en puissance, les recherches se rapprochent de cette clique, les dissensions internes commencent à apparaître, et Millar a sous le coude quelques retournements de situation bien sentis. Un récit rapide, avec une narration visuelle adulte et sophistiquée. Pourtant en refermant le récit, le lecteur a l'impression d'avoir été embobiné par un expert en duplicité. Les dessins participent d'une approche très naturaliste rendant plausibles et naturelles les actions extraordinaires de Roscoe. À bien y regarder, le lecteur de comics se dit que Mark Millar a écrit son histoire de Flash (le superhéros avec une super vitesse de DC). Cela devient criant quand les capacités de Roscoe augmentent et lui permettent de marcher sur l'eau, ou même sur les gouttes d'eau, et sur les façades d'immeuble. La modification d'écoulement du temps n'explique en rien ces capacités de plus en plus merveilleuses. Cette impression rémanente de supercherie augmente encore en contemplant les dessins très concrets de Duncan Fegredo. Il met en scène avec talent ces individus en train de courir à toute vitesse. À nouveau le flou persiste entre une augmentation des capacités physiques du personnage principal, ou des modalités de perception du temps différentes. Quoi qu'il en soit, il devient vite évident qu'il dispose de superpouvoirs équivalent à ceux de Flash, avec les mêmes problèmes. En particulier l'augmentation de la vitesse devrait s'accompagner d'une augmentation de la friction, de l'échauffement, c'est-à-dire que les semelles de ses chaussures ne devraient pas résister longtemps, sans parler de l'impact de l'air sur la peau. D'un autre côté, l'acquisition de ces superpouvoirs est clairement annoncée sur la couverture, et le lecteur sait d'avance qu'il a accepté de suspendre volontairement son incrédulité sur ce point. Néanmoins Millar continue de tirer encore sur la corde quand il montre que cette capacité de vitesse ou d'écoulement du temps augmente l'intelligence de celui qui prend du MPH. Roscoe devient ainsi capable de hacker tous les comptes de son ancien employeur (sans pourtant disposer de compétences particulières), ou encore d'apprendre à jouer du piano tout seul. Une fois avalée ces licences romanesques supplémentaires, le lecteur considère à nouveau le récit que lui a servi Mark Millar : très bien raconté, très accrocheur, très agréable. Comme à son habitude, le scénariste sait insérer des ingrédients vendeurs, comme le petit jeune plein d'entrain mais né dans une position sociale défavorisée (comme Gary London dans Secret Service), les petits criminels cools qui se la pètent, les belles bagnoles (une Corvette Stingray), les signes extérieurs de richesse (les belles villas), etc. Comme à son habitude, Millar ajoute une pincée de références culturelles (des personnages qui lisent Karl Marx et Friedrich Engels, sans aucune conséquence apparente), et un personnage qui s'appelle Henri Troyat (comme l'académicien français, auteur d'une centaine de romans dont La lumière des justes : Les compagnons du coquelicot; La Gloire des vaincus; Les Dames de Sibérie; Sophie ou la fin des combats). S'agit-il d'une coïncidence improbable, ou d'un nom pioché au pif parmi les académiciens ? En tout cas difficile d'imaginer qui pourra repérer cette référence franco-française. Pour une fois, Millar évoquent les français de manière positive (par opposition à la première saison des Ultimates avec Bryan Hitch), sans se tromper sur les dates de François Mitterand à la présidence. Comme à son habitude, le récit de Millar véhicule une idéologie conformiste, masquée sous des dehors de rébellion. Certes les personnages finissent par redistribuer une partie de l'argent qu'ils ont volé comme des Robin des bois des temps modernes. Mais finalement Roscoe et les autres s'attachent surtout à posséder (avec vol qualifié) des biens matériels les plus onéreux possibles, en utilisant leurs pouvoirs extraordinaires. Puis vers la fin du récit, les gagnants sont ceux qui réintègrent le système capitaliste et qui y réussissent. Parmi la lente évolution des valeurs de Mark Millar, le lecteur peut repérer que l'éducation devient une valeur montante (ce qui est plutôt constructif), ainsi que la pensée positive. Mais à côté de ça, le scénariste continue de se reposer sur des clichés éculés comme le bon vieux pillage de banque pour récupérer des billets craquants. Avec un soupçon de recul, le lecteur se demande bien pourquoi Roscoe se fatigue à aller chercher des billets de banque pour remplir de gros sacs de sport, alors que dans le deuxième épisode il réussit à pirater les comptes d'un dealer avec une facilité épatante. Et puis reste-t-il tant de billets craquants dans les agences bancaires ? Il est impossible de détester MPH qui a de grandes qualités narratives visuelles, et écrites. Roscoe est un personnage à la normalité irrésistible, et aux rêves dans lesquels il est facile de se reconnaître. Duncan Fegredo réalise des pages impeccables, avec des séquences adultes dans le sens où son objectif premier est de raconter l'histoire avant tout, ce qui ne l'empêche pas de réaliser quelques cases mémorables. Il est impossible également de ne pas percevoir le côté conformiste de Mark Millar qui continue de présenter l'idéal capitaliste comme désirable, normal et prometteur.

22/05/2024 (modifier)
Par Présence
Note: 4/5
Couverture de la série Starlight (Millar)
Starlight (Millar)

La force de la volonté triomphe même de l'âge. - Ce tome regroupe les 6 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2014, écrits par Mark Millar, dessinés et encrés par Goran Parlov, et mis en couleurs par Ive Svorcina. Il s'agit d'une histoire complète et indépendante de toute autre. Il y a 40 ans sur la planète Tantalus, la Reine Attala remercie Duke McQueen d'avoir sauvé le peuple du joug du méchant tyran Typhon. de nos jours sur Terre, Duke McQueen a 65 ans et Joanne son épouse vient de décéder. À son retour de Tantalus personne ne l'a cru. Ses enfants l'ont pris pour un mythomane. McQueen se retrouve seul, ses enfants le délaissant. Un soir de solitude, avec une pluie battante, il voir arriver un vaisseau spatial devant chez lui. Il en sort un jeune garçon qui s'appelle Krish Moor et qui lui explique qu'il est venu le chercher. En 2013/2014, Mark Millar lance 4 nouvelles séries avec des dessinateurs de premier plan : Fran Quitely pour Jupiter's legacy, Duncan Fegredo pour MPH, Dave Gibbons pour The secret service: Kingsman, et donc Goran Parlov pour Starlight. Le premier épisode est magistral de bout en bout. Mark Millar brode autour de Flash Gordon d'Alex Raymond pour l'histoire de cet américain bon teint qui a vécu des aventures extraordinaires sur une planète lointaine. Millar manie l'ellipse avec dextérité, laissant les images parler d'elles-mêmes. le lecteur peut alors pleinement apprécier le travail épatant réalisé par Goran Parlov. Il a un peu adouci son trait depuis son travail sur Punisher MAX et Fury MAX. Dès la première séquence (3 pages sur Tantalus), le lecteur se dit que Parlov s'est inspiré de Moebius (Jean Giraud). Cette impression naît d'abord du choix des couleurs, puis ensuite des formes choisies par Parlov. Son trait n'est pas aussi fin et gracieux que celui de Moebius, mais la filiation est bien là. Parlov dessine des décors plus fournis, et des visages plus marqués. Chaque image, chaque séquence est parfaite, expressive, présentant les faits avec élégance et efficacité. Parlov réussit à transcrire la bravoure et les décors romantiques de Flash Gordon, en quelques cases, réalisant des images archétypales réveillant les souvenirs du lecteur, ou ouvrant son imagination sur des mondes exotiques, et des hauts faits spectaculaires. le lecteur termine ce premier épisode charmé par cette narration en état de grâce. Krish Moor est donc venu chercher Duke McQueen pour le ramener sur Tantalus parce qu'un nouveau tyran Kingfisher y sévit. le lecteur suit donc cet homme de 65 ans plongé dans des aventures pour lesquelles il a dépassé l'âge. Au départ, Mark Millar joue le jeu et le montre rater une ou deux interventions physiques du fait d'une forme défaillante. Mais au fil des épisodes, McQueen redevient plus fort, retrouvant une forme d'un homme de 20 ou 25 ans entretenant régulièrement sa forme physique. Il évite les tirs de pistolet laser avec adresse et souplesse. Il triomphe d'un monstre aquatique sans effort apparent. le seigneur Kingfisher dirige une armée venue pour soumettre le peuple de Tantalus par la force. Il se montre d'une cruauté systématique, plus qu'il n'est nécessaire pour inspirer la peur au peuple soumis, un peu caricaturale. Il est vraiment très méchant sous son masque. Malgré ce retour à un schéma narratif plus classique, la lecture reste de bon niveau car Goran Parlov maintient une narration graphique exemplaire. La filiation avec Moebius perdure sans qu'il ne s'agisse de plagiat, avec des moments magiques. Si le scénario prête une forme physique étonnante à McQueen, Parlov sait donner des expressions de visage à McQueen qui correspondent à son âge, à sa situation de protecteur de Krish Moor, à sa position de symbole de la rébellion. La narration visuelle fait preuve d'une grande habilité, permettant à Millar de se reposer sur les images. Ainsi quand McQueen pilote le vaisseau de Krish Moor, Parlov réalise un plan fixe sur le poste de pilotage. Il lui suffit d'incliner l'assise du vaisseau pour montrer que McQueen a besoin d'une mise à niveau de ses compétences. Parlov utilise des cases rectangulaires, avec souvent des cases de la largeur de la page, ce qui donne au lecteur une sensation de grand spectacle. Il utilise toute la largeur de ces cases pour répartir l'information visuelle, proscrivant les cases sans décor avec juste une tête au milieu en train de parler. Goran Parlov a conçu une civilisation extraterrestre, avec une grande cohérence dans l'architecture, les vêtements, et les vaisseaux (il ne s'agit pas d'un assemblage disparate au gré de sa fantaisie). Il sait insérer des clins d’œil visuels discrets, par exemple la posture de Tilda à la dernière page de l'épisode 3 qui rappelle celle de Han Solo lors de sa première apparition. Les scènes d'action bénéficient d'une chorégraphie simple avec une prise de vue mettant en évidence la logique de déplacements des individus. Au fil des épisodes, Parlov ne peut faire autrement que de suivre le scénario de Millar, et de mettre en images une aventure qui glisse progressivement vers le moule classique du héros qui triomphe de tous les périls, avec des scènes de bravoure à couper le souffle, et d'une habilité surnaturelle au maniement des armes de tir (couper une carde à plusieurs dizaines de mètres de distance). Ces séquences dégagent le panache attendu. Néanmoins elles montrent aussi que le récit retrouve le schéma classique du héros triomphant par la force, de l'individu rétablissant à lui tout seul la liberté d'un peuple, de l'américain blanc instaurant les valeurs de courage et de ténacité, la volonté permettant de triompher de tout (et même de s'affranchir des limites physiques venant avec l'âge). Millar délivre un récit conformiste, et manipule le lecteur pour que dans le dernier épisode il ait oublié la particularité de Duke McQueen (pourtant bien établie dans le premier épisode) : son âge (il refume même le cigare dans le dernier épisode). Au final il reste un récit divertissant, magnifique du point de vue de la narration visuelle, tout public.

22/05/2024 (modifier)
Couverture de la série Les Supères
Les Supères

L’idée de départ, sans être follement originale, est amusante. En effet, il s’agit de détourner complètement l’image des super-héros, en les transformant en pères de famille, en simples quidams soumis aux contingences du quotidien. Forcément, le décalage apporte son lot de gags (accentués par des dialogues eux-aussi décalés, remplis de jeux de mots plus ou moins lourdingues). Disons que c’est amusant, que certains gags font mouche, et que la lecture n’est pas désagréable. Mais reconnaissons aussi que rapidement ça manque de souffle, et, sur le long terme, ça peine à se renouveler suffisamment. C’est annoncé comme un premier tome. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée de poursuivre, tant l’humour se tasse. Quelques idées de gags ne justifient pas forcément des dizaines de pages et plusieurs albums. Note réelle 2,5/5.

22/05/2024 (modifier)
Couverture de la série Chair à canon
Chair à canon

Un album étonnant, plein de grossièretés, qui montre un quartier délaissé, dans lequel vivent des déclassés, pas mal de « cas sociaux » et autres personnages éloignés des cadres de la société. Drogue, vulgarité (des situations et surtout du langage !), il y a un côté trash amusant (en particulier lorsque la mère célibataire abreuve ses mioches de mots orduriers, en fumant, et en les laissant seuls – ils sont très jeunes ! – au milieu de la mouise. Il n’y a pas réellement de message politique, de critique de la société – dont les spécimens exhibés ici sont franchement peu glorieux. Mais Aroha Travé ne nous montre que les bas-fonds de la société (y compris le curé pédocriminel). De l’humour bien crasseux, mais pas que. Tout le passage où la mère avec une copine cherche à graffer un message sur la bagnole de son ex pour lui faire payer des allocs, dans un esprit lose extrême, est assez jouissif. L’album se finit un peu en eau de boudin, sans réelle conclusion, comme si l’auteur voulait souligner qu’il ne nous montre que des tranches de vie, sans message. Mais j’aurais bien voulu qu’il termine son album par quelque chose de plus clair (avec noirceur bien sûr). C’est en tout cas une lecture plaisante, franchement irrévérencieuse, et quelque peu défouloir. Note réelle 3,5/5.

22/05/2024 (modifier)