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Couverture de la série Sunstone
Sunstone

Sunstone est une série pour le moins atypique. Pas tant pour son sujet, le BDSM, que pour son traitement de ce dernier. Là où l'on pourrait s'attendre à une simple histoire érotique avec une intrigue d'amour en prime on retrouve en fait une histoire d'amour avant tout, avec ses joies sincères, ses problèmes, sa complexité, une histoire d'amour bien réelle quoi. C'est ça qui frappe dans cette histoire : l'envie de se rapprocher le plus possible d'un sentiment de réel, y compris dans son approche érotique. Ici, on parle de ce qu'il y a derrière les relations sexuelles, ce qu'il y a aussi derrière l'image du BDSM, on s'éloigne de la représentation enjolivée, on se rapproche des gens qu'il y a derrière, avec leurs vies, leurs attentes et leurs angoisses. On nous parle de tous ces gens passionnés de jeux de rôles, de restrictions, de contrôle, sans diaboliser où enjoliver la chose. On nous parle avant tout des gens, voilà. Bon, bon, "l'histoire de fesses nous parle tout autant des fesses que des corps attachés au bout", certes, mais quid de l'histoire d'amour ? Elle est bonne, très bonne. En tout cas suffisamment bonne pour me faire lâcher la larmichette sur la fin (étant très émotive, cette information a une valeur toute relative, je vous mets en garde). Comme dit plus haut les personnages sont humains, semblent réels, on ne nous cache jamais leurs problèmes terre-à-terre, on nous parle toujours de leurs vies, leurs émotions, leurs ressentis, on apprécie les voir rire, se charrier, on souffre lorsqu'ils souffrent, … Bref, je ne vais pas vous faire la totale, vous voyez le topo : tous les personnages sont attachants (rire). Un défaut cependant. Bon, il est unique mais j'aurais sans doute un peu de mal à l'expliquer, alors accrochez vous. J'ai un grand respect pour le travail graphique de Stjepan Sejic, je trouve ses dessins magnifiques et son travail des expressions saisissant. Pourtant, il y a toujours un petit truc qui me chiffonne dans chacune de ses histoires, c'est cet étrange ressenti qu'il fétichise les relations saphiques. Entendons-nous bien, il traite chacun des personnages de ses histoires avec le même sérieux que dans cette série, ils semblent toujours humains et restent attachants, donc ses personnages saphiques restent bons. Cependant je ne peux pas m'empêcher d'être toujours un peu… disons gênée… lors de mes lectures. Je ne sais pas, sans doute est-ce le fait qu'il dessine toujours ses personnages féminins avec des plastiques parfaites (en tout "parfaites" dans les canons de beautés d'hommes hétéros actuels), ou bien alors c'est le fait qu'il semble beaucoup s'intéresser à la question de la sexualité des couples saphiques (je vous jure, cela revient souvent dans ses récits), en tout cas je ne peux m'empêcher d'avoir une guerre interne à chacune de mes lectures en me demandant si les relations saphiques qu'il dépeins entre dans la case "bonne représentation" ou bien "fétichisme". Bref, défaut mis à part, Sunstone est une série spéciale, dans le sens où l'on ne s'attend pas à un traitement si sérieux et humain du sujet de la sexualité (surtout en ce qui concerne les kinks) dans une œuvre qui reste tout de même dans sa forme un récit érotique. C'est aussi une série spéciale pour moi, car je l'avais découverte en ligne par hasard durant la fin de mon adolescence, à peu près au même moment où je me posais de nombreuses questions sur ma sexualité (et où, peut-être, je lorgnais légèrement sur l'univers du BDSM, mais ce serait-là une autre histoire que je vous épargnerais). Aujourd'hui je serais sans doute plus critique sur cette œuvre que lors de ma découverte, encore une fois mon incapacité à savoir si la série fétichise ou non sa relation centrale façon "catégorie lesbienne sur pornhub - mais avec des sentiments autour" me parasite un peu mes relectures, mais malgré tout la série reste bonne et sincèrement surprenante. Je dédicace bien évidemment cet avis à Gruizzli, je m'étais engagée à aviser la série et c'est maintenant chose faite. PS : Papa, si tu passes par là, ignore le passage où je parle d'avoir lu pour la première fois cette BD étant ado. Ta fille était chaste, tu m'entends ? Chaste !

03/07/2025 (modifier)
Par Mashiro
Note: 3/5
Couverture de la série Derniers jours de guerre - Bosnie 1995-1996 (Soba)
Derniers jours de guerre - Bosnie 1995-1996 (Soba)

Cette oeuvre compile deux petites histoires : Noël avec Karadzic et Soba. Elles font suite à une des oeuvres majeures de Joe Sacco, Safe Area Gorazde, dans laquelle l’auteur retrace des évènements de guerre en Bosnie dans la fin des années 90. Dans un contexte d’après-guerre, « Noël avec Karadzic » est le premier récit dans lequel Sacco suit ses amis journalistes à la recherche de Karadzic, un criminel de guerre Bosniaque. Une scène assez parlante est celle où les journalistes essayent à tout prix de faire un enregistrement sonore de coup de feu pour leur reportage afin de pouvoir l’envoyer à leur rédaction. Il y a un côté parlant dans lequel le journaliste n’humanise pas réellement ce qui l’entoure (d’autres être humains qui vivent des coups de feu au pied de leur port au quotidien) mais plutôt un voyeurisme dans le malheur. On retrouve des scènes similaire dans l’oeuvre de Sacco dans ses reportages en Cisjordanie, ce qui laisse penser une experience universelle au journalisme de guerre. Plus tard dans l’histoire, Sacco et sa bande finisse par trouver le criminel de guerre dans une église lors d’une cérémonie Noël. Il finisse par assister à la messe à ses côtés. Et il y a un réel choc de la part de l’auteur, qui se trouve face à un homme calme, tranquille, quiconque, tandis que cette même personne est responsable il n’y pa si longtemps de camps de concentration et de nettoyage éthnique. La banalité du mal en quelques pages. Dans la seconde oeuvre « Soba », on suit une personnage du même nom qui est à la fois démineur pour l’armée bosniaque et artiste désabusé le reste du temps dans les bars et boites de Sarajevo. Le témoignage assez unique montre d’une certaine manière les dessous de la guerre, entre ce qui ont fui et ceux qui ont fait le choix de rester, ceux qui partent aux fronts et ceux qui ne reviennent jamais. Dans Soba il y a un héro assez tragique, dans le sens où, il n’existe que grâce à Sarajevo. S’il quitte Sarajevo, il n’est plus personne, et si Sarajevo tombe, il sera mort. S’en suit donc un combat pour cette ville qu’il aime et qui l’aime. Les chiens m’ont fait penser aux mêmes chiens décrits dans les oeuvres de Orhan Pamuk. Dans les deux oeuvres, il est assez amusant de voir le style de l’auteur qui n’a pas encore totalement muri, les traits sont plus grossiers que dans les ouvrages qu’il publiera par la suite, peut être même un peu plus cartoon. Le contraste des couleurs pas toujours très bien maitrisé. Un chouette bonus à l’oeuvre de Sacco mais qui reste anecdotique.

03/07/2025 (modifier)
Par Jony
Note: 5/5
Couverture de la série L'Ombre du Corbeau
L'Ombre du Corbeau

C'est une œuvre majeure avec en préface la définition du "fantastique". Les temps se superposent dans cette guerre de 14. Absurdité de la guerre. Le monde du malheureux Hans von Berlichingen bascule dans une autre monde où différents personnages incarnent une manière de mourir.

03/07/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série Les Sentiments du Prince Charles
Les Sentiments du Prince Charles

2.5 Un autre documentaire qui déconstruit l'homme, la femme et les relations hétérosexuelles. Ce n'est pas le meilleur que j'ai lu, mais si je me fis à la date de parution, cette BD a le mérite d'être paru avant d'autres documentaires du même genre. Il y a des réflexions intéressantes dans cet album, mais comme l'ont écrit les autres posteurs, cela reste un album qui apporte peu de bonheur à la lecture. Le dessin est moyen et parfois il y a tellement de texte qu'on se demande pourquoi c'est une BD vu que le dessin ne sert pas à grand chose. Je ne veux pas jeter la pierre à l'autrice qui semble très sincère dans sa démarche, mais c'est typique le genre de documentaire qui se fout un peu du potentiel du 9ème art et qui semble voir ce médium comme un moyen facile d'atteindre les gens et qui demande moins d'effort qu'un bouquin sans illustration d'une centaine de pages ou un film documentaire. Encore une fois, je ne veux pas être méchant avec l'autrice, mais c'est vraiment l'impression que j'ai eu en lisant la BD. Un autre reproche que j’aie est que la présentation est un peu trop décousu à mon gout, mais bon j'ai l'impression qu'à la base c'était peut-être des histories courtes qu'en a rassemblé en album.

02/07/2025 (modifier)
Par Blue boy
Note: 3/5
Couverture de la série Gabriele Münter - Les Terres bleues
Gabriele Münter - Les Terres bleues

C’est une jolie promenade picturale que nous offre Mayte Alvarado sur ces « Terres bleues », en hommage à cette artiste s’inscrivant dans le mouvement expressionniste d’outre-Rhin. Dans une imitation totalement assumée l’art de Gabriele Münter, Alvarado produit un récit plein de douceur, tout en simplicité et avec peu de mots, les images parlant pour elles-mêmes. Comme le suggère le titre, c’est le bleu qui domine au milieu d’une palette de couleurs très variées, ce bleu alpin qui enveloppe les montagnes et met le spectateur en immersion totale avec la nature omniprésente, qui sert de toile de fond à des scènes de la vie quotidienne, des pique-niques, des promenades à vélo ou en barque. Auatnt de cases qui apparaissent comme des tableaux, et selon les termes de l’autrice en préface, des tableaux qui sont « comme des fenêtres ». Par un découpage en cinq chapitres, représentant chacun une saison (2 hivers, un printemps, un été et un automne), Mayte Alvarado produit une biographie elliptique de la vie d’une artiste qui se confondait avec son œuvre, « une vie consacrée à la création », car en effet, il ne se passait pas un jour sans que cette dernière n’empoigne son pinceau. Hormis sa majeure partie qui se déroule dans la Bavière dont elle était tombée amoureuse, le récit raconte son séjour dans le Paris de l’entre-deux-guerres, mais aussi ses relations compliquées avec Kandinsky, et plus grave encore, l’arrivée au pouvoir des Nazis qui n’avait guère d’appétence pour son art, qualifié de dégénéré. Elle réussit à préserver ses œuvres de leur folie destructrice en les cachant dans sa cave. La dernière scène hivernale est très belle, où l’on voit une Gabriele au crépuscule de sa vie gravissant une montagne enneigée pour y faire un croquis (le dernier ?) du paysage alpin, comme une sorte de clin d’œil au « Voyageur contemplant une mer de nuages » de Caspar David Friedrich. Gabriele Munter aurait forcément été touchée par ce bel hommage, tel une bulle temporelle apaisante que même l’éprouvant contexte politique de l’époque, qui monta en crescendo jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale, ne réussit pas à perturber outre mesure. « Gabriele Münter, les Terres bleues » fait ainsi écho à « Deux filles nues », l’album de Luz traitant des attaques du pouvoir hitlérien contre ce qu’il qualifiait d’ « art dégénéré ». Ajoutons que l’on peut admirer en ce moment une exposition consacrée à l’artiste au Musée d’Art Moderne à Paris, et ce jusqu’au 24 août 2025.

02/07/2025 (modifier)
Par Cacal69
Note: 3/5
Couverture de la série Pornographer
Pornographer

Avec un tel titre je pensais lire quelque chose de plus trash. Il y a bien quelques scènes de sexe, mais ce n'est pas ce qui prédomine dans ce manga. C'est le vocabulaire employé lors de la diction du roman qui est plus hard. Maki Marukido tisse son intrigue autour de trois personnages masculins. Kuzumi, un étudiant qui a percuté involontairement Kijima avec son vélo. Kijima donc, un écrivain de romans érotiques qui ne peut plus écrire avec son bras droit plâtré, suite à la collision. Ne pouvant payer les frais d'hospitalisation, Kuzumi propose de retranscrire sur papier les mots de l'écrivain, le temps que celui-ci retrouve l'usage de sa main. Enfin Kido-Kun l'éditeur de Kijima, il viendra semer le trouble dans l'esprit de Kuzumi. La bonne surprise vient du déroulé de l'histoire, elle n'est pas prévisible (même si on devine rapidement que Kijima est un manipulateur), les petites surprises sont bien amenées et les personnages sont bien campés. Par contre le dessin est évidement typé manga, mais dans style qui se rapproche du réalisme. Lisible et expressif. Pas ma tasse thé, mais il n'a pas gêné ma lecture. Une lecture agréable mais pas mémorable. La mangaka Maki Marukido a réalisé un autre yaoi avec ces trois personnages : Mood Indigo.

02/07/2025 (modifier)
Par Cleck
Note: 3/5
Couverture de la série Merci
Merci

BD indéniablement feel good, abordant quelques sujets d'ampleur (le regard politique posé sur la jeunesse, les incivilités et la petite délinquance quotidiennes, la justice et les différentes formes de condamnation, la citoyenneté, etc.) et proposant sur ces sujets sociétaux des points de vue humanistes largement marginalisés désormais. Autrement dit, voici une BD d'utilité publique en ces temps de croisades droitières ! Ce feel good porté aussi bien par l'intrigue qu'au travers des illustrations et couleurs rondes et chaleureuses déroute pourtant légèrement dans sa narration : le lecteur s'attend à une construction progressive du projet politique de notre tendre ado, alors que la BD fait le choix de la (demi) surprise via une tardive révélation, le choix de l'ironie face au résultat, et improvise une étonnante conclusion à la manière d'une saga. Une BD aussi sympathique que ses personnages, mais qui ne parvient ni à construire une belle histoire, ni à assumer pleinement sa thématique citoyenne. Légère et humaniste, c'est déjà beaucoup !

02/07/2025 (modifier)
Par Cleck
Note: 3/5
Couverture de la série Spectregraph
Spectregraph

Voici un comics à la narration assez ambitieuse (de fréquents sauts temporels permettant d'avancer ou reculer dans le temps pour développer/détailler un pan de l'intrigue) séant à merveille au genre fantastique. L'idée principale est de ménager son suspense fantastique (une maison étrangement agencée, de possibles fantômes), de poser des enjeux (course contre la montre pour rejoindre son enfant, culpabilité maternelle, mal-être d'une jeune femme gothique, exclusion du monde de la science et organisation d'un collectif "sataniste", etc.), afin de construire une intrigue vertigineuse se dévoilant progressivement et avec une certaine ampleur. Malheureusement, le récit pêche quelque peu en ne parvenant à assumer les différentes pistes lancées. L'horreur longtemps annoncée ne sera jamais véritablement mise en place, le thriller se désagrège à mesure que les héroïnes s'amusent de la forme volontiers ridicule des spectres, le suspense maternel est relativisé dès lors que la mère minimise son amour filial et envisage une solution via la venue d'une amie, etc. Demeure un récit assez prenant, à l'occasion déroutant, réussi graphiquement jusque dans ses couleurs hyper contrastées, aux mises en page certes impressionnantes, mais susceptibles de nuire à la clarté et à la lisibilité des événements. Un récit imparfait, mais occasionnellement fascinant.

02/07/2025 (modifier)
Couverture de la série La nuit des temps
La nuit des temps

J’ai lu le roman il y a très longtemps, et j’en ai gardé un très grand plaisir de lecteur. Je ne me souvenais pas forcément de tous les détails de l’intrigue, mais la fin m’était parfaitement restée en mémoire. Je n’ai donc pas eu cette surprise déchirante ressentie avec le roman. De Metter a déjà adapté beaucoup de romans en BD, il sait y faire, et celle adaptation ci est fluide et globalement agréable. Son dessin est beau, même si parfois certaines cases sont trop sombres pour une lecture « confortable ». Ceci dit, en particulier avec ce type d’histoire, où l’imagination du lecteur est conviée au banquet, l’adaptation (qu’elle soit en BD ou au cinéma) est forcément restrictive, et par là même quelque peu frustrante, décevante. En effet, le dialogue entre Simon et Éléa paraît moins « naturel » ici. De Metter a « modernisé » certains passages : luttes politiques actuelles – le roman d’origine était un hymne pacifiste, ce qui ressort moins ici (mis à part ce qu’Éléa raconte de la fin de Gondawa), internet, etc., sans que cela m’ait paru nécessaire (localiser l’intrigue dans les années 1960 comme le roman originel aurait été un meilleur choix). Bref, la lecture de cet album est agréable, mais mon ressenti n’atteint pas celui de ma lecture du roman, plus riche, et donnant libre cours à mon imagination, pour une histoire d’amour déchirante – qui finit mal, comme de bien entendu.

02/07/2025 (modifier)
Couverture de la série Ni Terre ni Mer
Ni Terre ni Mer

Un diptyque avec des qualités et des défauts, qui s’équilibrent. Mais c’est une lecture détente globalement bien fichue, qui plaira aux amateurs de ce type de thriller développant une atmosphère étouffante dans un lieu clos – ici un phare isolé sur une île, par un temps de tempête. Les défauts, ce sont des personnages dont on ne nous dit pas grand-chose, une psychologie et une profondeur mis en retrait pour privilégier le rythme et la noirceur de l’intrigue. C’est aussi une sorte de « prévisibilité » de l’imprévisible, malgré les quelques surprises et autres retournements de situation, cette sorte de 10 petits nègres en huis-clos reste dans des chemins déjà bien balisés. Enfin, il faut quand même accepter certaines facilités (la teneur de l’enregistrement sur disque – je ne développe pas pour ne pas spoiler, ou la faisabilité de certains meurtres en matière de temps et de possibilité, et même l’idée même de ce jeu mortel). Mais pour le reste, c’est quand même assez prenant, dynamique. Si les « méchants » se laissent deviner en amont, on se laisse quand même gentiment balader par l’intrigue. Quant au dessin, il est lui aussi sans surprise. Pas forcément original, mais il fait le travail, se révèle très lisible, il accompagne très bien ce récit de plus en plus oppressant.

02/07/2025 (modifier)