Je ne connaissais pas Cati Baur, réalisant après ma lecture qu'elle était l'autrice de Pisse-Mémé, mais j'ai été immédiatement séduit par cette histoire menée de bout en bout comme un savon sur lequel on glisse en sortant de la douche. Paf ! T'arrive à la fin, et c'est déjà fini et c'était trop bien.
Le trait de l'autrice évoque celui de Camille Jourdy, soit un petit trait frais et léger qui semble vous prendre dans le creux de la main, jouissant d'un colorisation sans esbroufe. C'est très agréable à lire et ne souffre d'aucune critique, tout comme les dialogues qui articulent très bien la narration. Les personnages respirent la vie vraie et on s'attache à eux d'emblée. En outre, c'est très drôle et l'humour n'est jamais forcé.
Marcie est une cinquantenaire en pleine crise de préménopause qui cherche un second souffle professionnel. Poussée par sa fille, elle devient détective privée. Dans un premier temps, elle résout des affaires de chiens volés avant de se voir confier une sombre histoire de suicide, potentiellement maquillé. Le scénario est très bien ficelé. Marcie enquête sur cette fille "tombée" d'une fenêtre, et en s'investissant dans cette affaire, elle va peu à peu avancer vers la résolution de sa crise existentielle : en effet, sans rien dévoiler, on peut se contenter de dire qu'il y a en effet des situations renversées dans cette BD, des effets de miroir.
Oui, ce récit simple regorge de petites subtilités qui lui donnent toute sa saveur. Une lecture très agréable, à la fois légère et palpitante, crédible et hors du commun, avec des personnages aussi vrais que nature. Bonne surprise !
Il serait souhaitable que l'excellent travail d'Iris-Amata Dion et de Xavier Henrion ne prenne pas la poussière des étagères d'une BM mais arrive jusqu'aux bureaux des élus à quelques mètres de là. En effet à partir de la rencontre avec neufs spécialistes ( 3 femmes et 6 hommes) du GIEC les deux auteurs-trices ont réussi à produire un ouvrage clair, facile d'accès et qui invite à la fois à approfondir le sujet au niveau communautaire ( les élus) et au niveau personnel ( le citoyen).
Le scénario proposé par Xavier Henrion est très intelligent. Il structure son récit en étapes/rencontres qui suivent la courbe du deuil de Kübler-Ross pour les malades en phase terminale reprise par Joanna Macy pour l'écologie. Cela donne beaucoup de fluidité, de sens et même d'espoir à la narration. Pourtant la thématique est lourde comme un deuil prochain. La volonté des auteurs est multiple. Il faut d'abord transmettre le savoir via un medium attractif et simple ( pas simpliste) sans dénaturer la rigueur et l'impartialité scientifique du discours. Le sujet est tellement complexe qu'il a fallu recentrer sur les thématiques premières sans se perdre dans des digressions perturbatrice. Pari réussi pour ma part. Malgré mon intérêt pour le sujet depuis Rio j'ai encore appris bien des choses. C'est le mérite de cette excellente construction de recentrer sur l'essentiel , les émissions de GES (gaz à effet de serre) (ramenées à tonnes d'équivalent CO2) dans l'atmosphère . Aucunement besoin d'avoir un bagage scientifique fourni pour comprendre et être touché(e) par le message. Le récit aborde le sujet par différents angles ( technique, social, économique, culturel, éthique) ce qui donne un aperçu qui me semble complet et cohérent. Enfin si les intervenants se veulent lucides et pas naïfs, ils évitent une dramatisation anxiogène dans une volonté de redressement.
A mon avis c'est le meilleur état des lieux impartial, simple et accessible que j'ai lu sur le sujet malgré quelques petites réserves.
De plus j'ai été sous le charme de la mise en image de Xavier Henrion. Le dessinateur réussit à donner un très fort dynamisme à des situations d'interview par définition statiques. Henrion se met en scène d'une façon très convaincante dans ses questions toujours pertinentes, ses états d'âmes devant la situation d'urgence sans oublier une pointe d'humour bienvenue pour alléger l'ambiance. Ses propositions visuelles participent pleinement à la fluidité et à la facilité de la lecture. Cela reste tout de même une lecture exigeante mais non rébarbative.
Et moi dans tout cela ? L'un des attraits du livre est de renvoyer chaque lectrice et lecteur à sa responsabilité comportementale pour participer aux fameuses 2t par habitant et par an. En France c'est un chiffre impossible à atteindre puisque chaque habitant part de 1,5 t ( services publics). Comme la moyenne française est de 11t (p122) on voit le travail gigantesque à faire très rapidement.
Finalement c'est le grand plus de cet ouvrage. Il invite à laisser de côté un climat anxiogène paralysateur et démoralisateur pour se prendre en main de façon responsable et clairvoyante. C'est un regard vers l'avenir plus qu'une lamentation sur un passé révolu.
Une lecture indispensable pour affronter les années qui viennent en pleine conscience.
Inimaginable
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Ce tome relate la vie d’Edward Gein (1906-1924) en bande dessinée. La première édition VO date de 2021. Elle a été réalisée par Harold Schechter pour le scénario, et par Eric Powell pour les dessins et les couleurs. C’est un récit en noir & blanc avec des nuances de gris, qui comportent un peu plus de deux cents pages. Il se termine avec deux pages précisant la source de certains faits, un premier appendice constitué d’une interview de George Arndt, et d’une deuxième constitué d’une interview d’Irene Hill Bailey. Le scénariste est un écrivain qui avait déjà consacré un ouvrage à ce tueur en série, au début de sa carrière : Deviant: The True Story of Ed Gein, the Original Psycho, paru en 1998.
Basé sur une histoire vraie. On ne peut pas appliquer des critères de moralité à un fou. Le 16 juin 1960, sort le nouveau film du réalisateur Alfred Hitchcock. Après La mort aux trousses, il a fait le pari d’adapter un court roman de Robert Bloch : Psychose, paru en 1959. Le sujet était tellement violent que les studios Paramount ont refusé de la financer et que le réalisateur a dû le financer sur ses fonds propres. Il avait également interdit l’accès aux salles de projections, aux retardataires, et enjoint aux spectateurs de ne pas révéler la fin. Interrogé, il se défendait que son film soit à l’origine de meurtres sur des femmes, car il fallait le regarder avec une touche d’humour, en tout cas il lui en avait fallu pour le faire. Il ajoutait qu’il savait que l’histoire avait été écrite à partir d’un fait réel survenu dans le Wisconsin. Dans le cimetière de Plainfield, situé dans cet état, en 1957, l’équipe du coroner se livre à la tâche peu enviable de rouvrir un cercueil, après avoir établi un cordon de police pour empêcher les curieux et les journalistes d’approcher. Ils répriment un frisson de dégout en découvrant que le cercueil ne contient plus qu’un pied de biche usagé.
Mauvais départ : la mère d’Ed lui promet qu’il ne deviendra pas comme les autres hommes, et Dieu lui en est témoin, elle s’en assurera. À la Crosse, dans le Wisconsin en 1904, Augusta Wilhelmine est agenouillée et prie le Seigneur pour son enfant à venir soit une fille. Elle fait l’effort de s’avilir pour se coucher avec son pari George, un bon à rien, et elle se sent trop seule. Elle souhaite avoir une fille pour pouvoir l’élever dans la Foi. Le vingt-sept août 1904, elle accouche d’Edward Theodore Gein. Elle indique à la sage-femme que ce n’est pas la peine d’aller le présenter à son père qui ne saurait pas comment réagir. Elle fait la promesse solennelle de l’élever dans le respect de la parole de Dieu, afin qu’il ne devienne pas un pécheur comme tous les autres hommes. Il a un frère plus âgé : Henry, né en 1901. Dans un premier temps, le couple Gein s’installe dans la petite ville de La Crosse, et parvient à acheter une petite épicerie, qui est mise au nom d’Augusta. Sa façon de juger ses clientes ne va pas dans le sens commerçant. Son époux passe le balai et s’occupe des tâches manuelles, tout en se réconfortant régulièrement avec une lampée d’alcool.
L’exercice de la biographie en bande dessinée, n’est pas un exercice facile : doser une reconstruction pas trop académique, mais pas trop dans l’invention, et effectuer une reconstitution historique, exacte, sans qu’elle ne prenne le pas sur la vie de l’individu passé à la postérité. Pour ouvrir leur récit, les auteurs contextualisent la notoriété de ce tueur : il a inspiré, par un roman interposé, le personnage de Norman Bates dans Psychose, film qui a prouvé qu’une histoire consacrée à un assassin dérangé pouvait faire un carton. Dans ces trois pages d’ouverture, le lecteur relève la première avec une reproduction fidèle et précise de la façade du cinéma Demille à New York, à la première dudit film. Savant dosage entre la précision descriptive des traits et l’ambiance apportée par les nuances de gris. La seconde page comporte trois cases, avec un texte assez fourni. Et la troisième est constituée de cinq cases, chacune étant un gros plan sur le bas du visage d’Alfred Hitchcock, de son col de chemise à son cou, les phylactères reprenant ses réponses à un journaliste sur le mauvais exemple que constitue un film et les critiques négatives, réponses très savoureuses. Une façon assez élégante de le mettre en scène en focalisant l’attention du lecteur sur ce qu’il dit, avec ce bas de visage aisément reconnaissable, plutôt que sur son apparence médiatique célèbre au point d’une faire une icône. Deuxième scène introductive trois ans avant lors de l’enquête policière après l’arrestation du tueur. Puis passage au deuxième chapitre en reprenant les choses au début, c’est-à-dire la présentation de la famille Gein et la naissance du benjamin Edward.
L’ouvrage se compose de neuf chapitres, avec un prologue et un épilogue. Une fois passé le prologue, ils suivent un ordre chronologique. Dans le premier appendice, le scénariste apporte une précision d’un élément qu’il a modifié pour une raison de dramaturgie, et il indique que le reporter a été créé pour donner un point de focalisation dans la narration. Pour le reste, il s’agit d’un ouvrage basé sur des recherches rigoureuses, indiquant quand il existe plusieurs versions d’un même fait (les causes du décès du frère aîné Henry) ou quand les déclarations d’Ed Gein sont sujettes à caution. Il n’y a pas de volonté de dramatisation pour rendre le criminel plus abject, ou les crimes plus sensationnalistes. Le scénariste s’appuie sur les témoignages d’époque, les archives d’interrogatoire et de procès, les nombreuses déclarations du tueur lui-même, parfois contradictoires entre elles. Les images ne viennent pas démentir ou confirmer des hypothèses, elles participent à rendre compte de cet état de fait. Par la force des choses, il y a beaucoup de gens en train de parler, à la police, au reporter, aux enquêteurs, au juge. L’artiste utilise alors des cadrages allant du plan taille au gros plan. Il a un don pour croquer une gueule avec une émotion ou un état d’esprit. Il évite de forcer le trait pour tomber dans la caricature, tout en insufflant une vraie personnalité à chacun. D’un point de vue purement de narration visuelle, ces cases de têtes en train de parler peuvent induire une forme de pauvreté graphique malgré la qualité des portraits. Cependant, ils correspondent à la situation dans laquelle ces témoignages ont été recueillis. Enfin ce type de plan correspond à moins de vingt pourcents de la pagination.
D’un côté, il est vrai que le scénariste a beaucoup d’informations à intégrer à cette reconstitution. De l’autre côté, la narration visuelle donne vie aux individus impliqués, montrent les lieux. Elle place le lecteur aux côtés des policiers qui pénètrent pour la première fois dans la maison du tueur, puis aux côtés d’Ed Gein lorsqu’il donne sa version des faits, pour une reconstitution. Comme le scénariste, le dessinateur ne se complaît pas dans le gore ou dans les détails voyeuristes. Toutefois, il montre ce qui relève des aspects barbares des trophées conservés par cet homme jugé fou. Il ne s’applique pas à transcrire la texture de la peau pour l’abat-jour, mais il représente la ceinture faite de tétons. Le lecteur peut ainsi se projeter dans cette ferme éloignée de la petite ville, participer à une partie de pêche et accrocher son hameçon, aider les voisins pour des petites choses, pleurer sur une tombe à minuit, découvrir les objets macabres et monstrueux dans la maison des Gein, etc. Il se rend compte que les moments les plus monstrueux ne sont pas forcément les actes de barbarie, peu représentés, mais l’expression d’émotions contre nature, comme lorsque le fils aide la mère à s’habiller, ou qu’il se met à saliver devant des photographies de sévices physiques.
Au fur et à mesure, se pose la question de fond : Ed Gein était-il fou ? Cela le rendait-il irresponsable de ses actes ? Dans les deux premiers tiers, l’auteur s’en tient aux faits, indiquant quand un doute plane sur l’un d’eux. Il a choisi une interprétation de la personnalité de Augusta Wilhelmine : lui et Powell mettent en scène son autorité et sa ferveur religieuse, ainsi que la faiblesse de caractère de son époux. Au fur et à mesure, il apparaît qu’ils développent une interprétation psychanalytique tranchée. Comme tout être humain, Ed Gein est le fruit de son éducation, des personnes qui l’ont élevé, des adultes qui lui ont servi de modèle, de milieu socio-économique et culturel dans lequel il a grandi. Ils établissent des liens directs de cause à effet, entre certains événements de sa vie, et certains actes qu’il a commis. Le lecteur peut trouver ça évident, ou estimer que la réalité est forcément plus compliquée que ça, que les processus psychiques ne peuvent pas être aussi simples. Dans le même temps, ils ne décrivent pas le mécanisme qui a conduit cet homme à transgresser des tabous au cœur de chaque société humaine. Il y a des conditions qui sont réunies pour que sa façon d’interpréter la réalité soit faussée et orienté, pour qu’il sache comment tanner et conserver une peau, pour se montrer rusé et prudent, pour concevoir des envies monstrueuses. Mais il n'y a pas d’explication du passage à l’acte. Il y a une pulsion irrépressible que Ed Gein ne sait pas gérer autrement que par s’y adonner.
Raconter la vie d’un tueur immonde sous la forme d’une bande dessinée : un pari très risqué car ce média peut s’avérer très littéral dans sa manière de raconter, très descriptif au point de sous-entendre que les faits se sont bien passés comme ils sont dessinés qu’ils sont réductibles à ce qui est montré. Un amateur de bande dessinée peut trouver certains passages un peu lourds en texte, ou statiques en termes de mise en scène. Dans le même temps, il est rapidement impressionné par la capacité de l’artiste à insuffler de la vie dans chaque personnage, sans les caricaturer, à reconstituer une époque et un environnement, dans un savant équilibre évitant la description figée, et l’évocation sans substance. Même s’il n’est pas entièrement convaincu par la façon de d’expliquer une partie des pulsions de Ed Gein, le lecteur est vite fasciné par la reconstitution de sa vie, par l’horreur de ce que découvrent les enquêteurs, par la question insoluble de la santé mentale de cet individu. Il en ressort à la fois écœuré par la nature des meurtres et la confection d’objets macabres, et très déstabilisé par le questionnement sur la responsabilité de cet individu.
J’aime beaucoup les nouvelles de Lovecraft, malgré le style ampoulé et vieillot, mais je n’ai jamais été attiré par leurs adaptations graphiques, préférant laisser court à mon imagination. La magnifique expo Tanabe à Angoulême 2025 m’a pourtant convaincu de franchir le pas.
« Les Montagnes hallucinées » n’est pas ma nouvelle préférée - je la trouve un peu longue (il s’agit d’ailleurs plutôt d’un roman court), mais c’est celle qui m’intriguait le plus au niveau adaptation graphique, car les délires hallucinatoires et la ville à la « géométrie impossible » du roman présentaient un sacré challenge… et je dois avouer que je ressors bluffé de ma lecture. Les planches sont vraiment magnifiques, et Tanabe a selon moi parfaitement retranscrit l’ambiance horrifique et la froideur mortelle du récit original.
L’adaptation de l’histoire est fidèle, je l’ai à nouveau trouvée un peu longuette, mais il faut avouer qu’elle reste prenante malgré son âge.
Une expérience positive, que je retenterai sans doute avec l’adaptation de mes nouvelles préférées (La Couleur tombée du ciel et L'Abomination de Dunwich).
Une fois de plus, je partage l'avis de Noirdésir ! ;-)
J'ai passé un très bon moment avec ce western moderne. Certes, il y a quelques redondances avec les échanges entre le protagoniste et son petit compagnon, mais ça passe bien, ça vient ponctuer comme une morale chaque péripétie (ça reste du Matz quand même, il faut bien qu'il fasse quelques grandes phrases) et l'animal a une bonne bouille...
L'histoire est intéressante et instructive (avec cet historique de la protection des témoins), la tension est palpable et l'action, si on met de côté les flash-back, est finalement ramassée (quelques jours qui se concentrent autour du procès).
J'ai apprécié le découpage cinématographique, les clins d'oeil réjouissants au fil des pages, l'ambiance réussie des années 60-70 avec des marqueurs de l'époque habilement parsemés ici ou là, des personnages consistants et un dessin que personnellement j'ai beaucoup aimé (les paysages notamment sont superbes, la compagne de Giu' aussi) c'était chouette !
Certains ont évoqué une histoire qui s'étirait un peu, mais pour ma part, j'aurais pu suivre encore le parcours du camping-car de Giu' dans ces grands espaces lumineux et arides, même si là encore, je trouve la conclusion très satisfaisante.
A chaque fois c’est pareil ! Quand je vais au festival d’Angoulême, pas moyen de trouver une seule personne durant les 4 jours du festival, adepte du génialissime Léo. Pas grave au final car je vais rester sur mes positions et je ne vais surtout pas renier mes goûts.
N’en déplaise donc à mes détracteurs – j’ai les noms – avec Centaurus nous voilà de nouveau dans un monde imaginé par Léo et son colistier habituel Rodolphe. Petite précision sur cette série Léo n’est pas au dessin mais au scénario avec son complice. Les illustrations ont été confiées à Zoran Janjetov qui reprend habilement le style Léo.
Le décor est planté dés le premier album. Nous sommes transportés dans un futur où l'humanité, à bord d'un gigantesque vaisseau-monde, cherche une nouvelle planète habitable après la destruction de la Terre.
"Terre promise" : Le premier tome nous plonge immédiatement dans une intrigue palpitante et les défis auxquels les personnages doivent faire face. Le vaisseau-monde arrive enfin à proximité de Vera, une planète potentiellement habitable. L'équipage est envoyé en reconnaissance, découvrant un monde mystérieux et dangereux
"Terre étrangère" : L'équipe d'exploration découvre que Vera est peuplée de créatures étranges et hostiles. Ils doivent naviguer dans cet environnement inconnu tout en essayant de maintenir la communication avec le vaisseau-monde.
"Terre de folie" : Les tensions montent à bord du vaisseau-monde alors que les explorateurs rapportent des découvertes troublantes. Les mystères de Vera commencent à se dévoiler, révélant des secrets qui pourraient changer le cours de l'humanité.
"Terre d'angoisse" : Les explorateurs font face à des dangers encore plus grands alors qu'ils approfondissent leurs recherches sur Vera. Le suspense est à son comble alors que les personnages luttent pour survivre et comprendre les mystères de cette nouvelle planète.
"Terre de mort" : Le dernier tome de la série est un crescendo d'action et de révélations. Les explorateurs doivent faire face à des défis mortels pour sauver l'humanité et découvrir la vérité derrière les mystères de Vera.
Vous ne pouvez lire ces 5 albums d’une seule traite. L’exaltation est bien présente. Que dire des paysages fantastiques et de sa faune mystérieuse. Un régal pour les yeux.
Le suspens est bien là tout au long de votre lecture. La fin nous invite à découvrir encore et encore de nouveaux mondes.
C’est de nouveau un chef-d’œuvre de la science-fiction, qui saura toucher les lecteurs les plus exigeants et les passionnés de récits interstellaires.
Cette brève série ne manque pas de qualités même si elle présente des défauts dans sa cohérence globale. 3 tomes sur l'Afrique ( ceux de Tripp) et un tome en URSS ( avec Barcelo) qui vient un peu casser l'unité d'ensemble. Gallard le gars lambda, pétri de bons sentiments, qui fait la nique à deux des services secrets les plus puissants (Russes et Sud Af) des années 80, cela limite un peu la crédibilité du personnage. Ce qui est plus intéressant est la maturité croissante du message de Tripp dans la série. Pour les trois opus africains, la thématique du racisme est très présente. Gaillard va de plus en plus s'impliquer dans cette problématique pour arriver au climax du tome 4 qui le conduit à l'acte sans retour possible. Loin de la belle Zoubida, Jacques sera conduit (manipulé ?) par la belle Laurie, agent double Sud Africaine et sa conscience, à tremper ses mains dans le sang. C'est comme si Tripp changeait de registre et passait de la fiction au documentaire à charge contre la torture effectuée par les services de sureté Sud Africains contre les activistes de l'ANC. La page 21 du tome 4 est édifiante dans son réalisme morbide montrant les cadavres atrocement torturés des jeunes hommes noirs.
Le final ouvert et brutal laisse Gallard vers un inconnu pour le héros qui n'intéresse ni Tripp ni les lecteurs pour se poser une ultime question sur le devenir de l'Afrique du Sud. Deux ans après la parution de la série, De Klerk et Mandela apporteront un début de réponse.
Ce treize novembre, Bruno Coquatrix se félicite de n’avoir pas cédé à la raison.
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Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre, de nature historique. Sa première édition date 2024. Il a été réalisé par Martine Lagardette pour le scénario et les dialogues, et par Farid Boudjellal pour les dessins et les couleurs. Il comprend environ cent-soixante-dix pages de bande dessinée. Il se termine par une page recensant une vingtaine de sources bibliographiques, un dossier de huit pages présentant quelques fragments des années d’errance des auteurs pendant la conception de l’album.
Il est rarement question de hasard et de music-hall lorsque l’on évoque la politique étrangère des nations, excepté quand ils accomplissent des prodiges. Pour comprendre ce qui suit, il faut remonter au 26 juillet 1966, date choisie par Bruno Coquatrix, directeur de l’Olympia, pour se rendre en Égypte. Ce jour-là, au Caire, le cœur des Égyptiens bat très fort. Le pays fête les dix ans de la nationalisation du canal de Suez. Dans un avion, Bruno Coquatrix discute avec Jean-Michel Boris et Odile. Ils évoquent le mauvais rôle joué par la France, et le départ effectif des étrangers à l’époque. Le directeur de l’Olympia conclut qu’il vaut mieux laisser le passé aux historiens, et la scène aux artistes. En descendant de l’avion, il estime que les festivités, c’est bien, mais qu’ils ne sont pas en vacances. Leur Olympia est un ogre, il lui faut du sang frais. Ils ne disposent que de trois jours, c’est peu pour trouver de nouveaux talents. Odile lui précise que le rendez-vous avec le ministre Okacha est confirmé, mais le jour et l’heure ne lui ont pas été précisés. Elle ajoute que l’Égypte est l’école de la patience. Dans l’aéroport, ils sont attendus et pris en charge par Mohamed qui leur confirme que monsieur Okacha les recevra demain matin. Il les conduit à leur limousine : il ne faut pas perdre de temps, il y a beaucoup de circulation en ville et ils sont attendus à leur hôtel pour des commémorations. Le Hilton a prévu un dîner suivi d’un spectacle.
Pendant le trajet en voiture, ils peuvent voir la foule manifester à travers les vitres de l’habitacle. Mohamed confirme que Monsieur Okacha est impatient de faire la connaissance de Coquatrix et de ses amis. Le ministre n’a entendu que des éloges de leur festival égyptien l’année dernière. Pour le prochain, il est prêt à les aider. À cet effet, Mohamed a établi une liste des artistes à auditionner, tous excellents. Il espère que son choix conviendra au directeur de l’Olympia. L’assister est un honneur pour lui. Il a découvert l’Olympia quand il étudiait à Paris. Il s’était ruiné pour aller voir Dalida. Après ça, il avait mangé du pain trempé dans du café au lait le reste du mois. Il indique qu’ils arrivent à la fin des manifestations, comme ils peuvent le constater, les Égyptiens sont fougueux. La discussion continue, et Coquatrix en vient à indiquer que plusieurs des artistes se produisant à l’Olympia sont nés en Égypte : Guy Béart, Richard Anthony, Georges Moustaki. Il n’a pas choisi par hasard cette destination pour voyager. Il avoue que leurs récits y sont pour quelque chose. Mohamed explique que Nasser n’a pas eu le choix, concernant la nationalisation du canal de Suez.
Une bande dessinée à la pagination copieuse, pour évoquer un concert (deux en fait) qui a fait date dans l’histoire de l’Olympia et en France. Le titre complet évoque également la dimension politique avec le nom de Gamal Abdel Nasser Hussein (1918-1970), second président de la République d’Égypte. Cette dernière se trouve au cœur du récit : la nationalisation du canal de Suez est mentionnée dès la première page pour l’anniversaire de ses dix ans. Bruno Coquatrix a rendez-vous au Caire avec Sarwat Okacha (1921-2012) le ministre égyptien de la Culture de 1958 à 1961, puis de 1966 à 1970. Au cours de la bande dessinée, le lecteur se retrouve dans le bureau du Général Charles de Gaulle (1890-1970) président de la République française de 1959 à 1969, en présence du ministre de la Culture André Malraux (1901-1976). Il est question à plusieurs reprises de Nasser. Pour assurer la sécurité de la diva sur le sol français, le Général assure Malraux de l’aide de Maurice Grimaud (1913-2009, préfet de police de Paris), de Louis Amade (1915-1992, préfet hors cadre), ou encore de Maurice Couve de Murville (1907-1989, premier ministre de 1968 à 1969). Dans ces moments, le choix graphique de l’artiste prend tout son sens : réaliser des images qui font penser à des photographies en noir & blanc dont le contraste aurait été poussé à fond, puis habillées de nuances de gris en dégradé parfois lissé. Ainsi il peut rendre compte de ces moments d’actualité de manière authentique.
Pour autant, il s’agit avant tout de l’histoire de deux soirées de gala, dans une des salles de spectacle les plus célèbres de Paris. L’Olympia situé 28 boulevard des Capucines, inauguré 11 avril 1893, créé par Joseph Oller (1839-1922, Josep Oller i Roca), et consacré majoritairement à la chanson à partir de 1954, avec la nomination de Bruno Coquatrix au poste de directeur. Pour réaliser cet album, les auteurs ont bénéficié des souvenirs de Doudou Morizot, régisseur général de l’Olympia à partir de 1956, et responsable du suivi lumière de la Diva pour ses deux concerts, ainsi que de ceux de Jean-Michel Boris, directeur artistique et bras droit de Bruno Coquatrix, et enfin de ceux de Jeanne Tallon, ouvreuse puis directrice de salle. Au fil de la période évoquée, le lecteur peut voir s’y produire ou venir en spectateur : Édith Piaf (1915-1963, seulement sur une affiche), Claude François (1939-1978, en train de répéter, au bar), Charles Aznavour (1924-1918), Johnny Halliday (1943-2017), Sylvie Vartan (1944-), Dalida (1933-1987), Otis Redding (1941-1967), les Rolling Stones, Amália Rodrigues (1920-1999), Sammy Davis Jr. (1925-1990), Brigitte Bardot (1934-, au bar de Marilyn), James Brown (1933-2006), et de nombreux autres. À nouveau, le mode de représentation de type photoréaliste fait des merveilles pour intégrer toutes ces personnalités de manière organique dans la narration, à partir de références photographiques. Cela permet de les mettre en scène conformément à leur image médiatique, générant ainsi un écho naturel avec la représentation mentale qu’en a le lecteur. Le lecteur ressent également que le dessinateur a sérieusement étudié la disposition des locaux de l’Olympia et qu’il la restitue avec rigueur, ainsi que sa décoration de l’époque.
Déjà bien fourni avec la dimension politique et la dimension culture populaire, le fil directeur du récit se déroule autour de l’organisation des deux concerts d’Oum Kalsoum à l’Olympia. Le voyage du Directeur de l’établissement au Caire l’amène à se fixer cet objectif, tout en ayant conscience du statut de diva de la chanteuse, et de son engagement politique auprès de Nasser. L’histoire se compose de quatorze chapitres de longueur variable (de deux à vingt-quatre pages), chaque titre comprenant un repère chronologique : Le Caire (juillet 1966), La dame du Nil (27 juillet 1966), Boulevard des Capucines (décembre 1966), Palais de l’Élysée (janvier 1967), Diplomatie acte I (février 1967), Turbulences (mars, avril, mai 1967), La blessure (juin 1967), Le doute (octobre 1967), Diplomatie acte II (octobre, novembre 1967), L’arme secrète de Nasser (8 novembre 1967), Olympia forever (9 novembre 1967), Oum Kalthoum, Umm Kulthumm ? (12 novembre 1967), Tarab (13 novembre 1967), Diplomatie acte III (16 novembre 1967).
Incroyablement servi par les illustrations qui rendent concrète cette époque, qui font œuvre d’une reconstitution tangible et vivante, la scénariste peut faire vivre son sujet sur encore d’autres plans. Du début à la fin, le lecteur suit le déploiement d’efforts considérables pour ce projet risqué, par Bruno Coquatrix (1910-1979), âgé de cinquante-six ans à l’époque, très élégant, fumant régulièrement le cigare, au four et au moulin les soirs de spectacle à l’Olympia, ménageant et flattant les vedettes avec un savoir-faire niveau expert dans le compliment juste et valorisant. Le lecteur s’attache à lui, admiratif de son implication, sans borne, partageant ses inquiétudes et même ses angoisses, se prenant à souhaiter ardemment la réussite de son entreprise, alors même qu’il sait que ces concerts ont eu lieu. À chaque étape, la narration visuelle immerge le lecteur dans chaque lieu, au milieu des vedettes et des artistes, aussi bien au cœur de l’Olympia que dans les rues du Caire ou de Paris. La mise en scène s’effectue souvent sur les deux pages en vis-à-vis, avec des prises de vue élaborées qui montrent les foules, les individus, les activités, les émotions.
Et puis il y a Oum Kalsoum. Et sa musique. Les auteurs vont au-delà d’un simple reportage journalistique, ou de la reconstitution d’un projet de concert. Ils évoquent la versant artistique : les facettes de diva de la chanteuse, ainsi que l’effet produit par son chant, l’adoration de ses admirateurs, sa position sociale, sa liberté d’artiste, y compris de femme dans la société de l’époque. Ils présentent les différents artistes égyptiens se produisant au Caire lors de la visite de Bruno Coquatrix et de Jean-Michel Boris, ainsi que les compositeurs. Lorsque le concert commence, ils présentent les différents musiciens, un par un, avec une ou deux phrases sur leur parcours, leur reconnaissance. Ils évoquent le mindile (tissu en mousseline de soie) d’Oum Kalsoum, Said el Tahan (le plus grand admirateur de la Dame), le nombre de chansons interprétées, la déclaration politique du journaliste Galal Moawad à l’entracte, l’incident avec le jeune homme enivré par les vocalises de la Dame qui monte sur scène et se jette à ses pieds, la ferveur du public, etc. À l’opposé d’un compte-rendu technique et clinique, le lecteur ressent ce moment, et il lui tarde de se jeter sur une application pour entendre ou réentendre des enregistrements de la quatrième pyramide d’Égypte. S’il le souhaite il peut lire auparavant Oum Kalthoum - Naissance d'une diva (2023), par Chadia Loueslati & Nadia Hathroubi-Safsaf, une introduction légère, pour faire connaissance avec la Perle du Nil.
Wouaahhh !!! Applaudissements nourris ! Une bande dessinée exceptionnelle pour découvrir l’envergure de la venue d’Oum Kalsoum pour se produire à Paris les 13 et 15 novembre 1967. La narration visuelle revêt une apparence de type photographique capturant au mieux la réalité de l’époque, que ce soit les lieux ou les personnalités, avec une mise en scène variée et sophistiquée donnant vie à chaque séquence, quelle qu’en soit la nature. Les auteurs ont souhaité réaliser une bande dessinée avec une approche holistique, rendant compte des différentes dimensions de l’événement : historique, politique, culturelle, artistique. Une réussite totale qui implique le lecteur, dans une reconstitution vivante de l’époque, lui donnant une envie irrépressible d’écouter l’Astre d’Orient.
Malgré son concept fort, j'avoue n'avoir pas été immédiatement séduit par cette série. Le premier tome fonctionne, mais en choisissant de nous immerger très progressivement dans son univers, met du temps à faire démarrer l'intrigue. On se perd un peu dans le jargon technique, dans les échanges financiers, et on se demande si on va arriver à suivre.
Et puis le tome 2 arrive, et là, on sait qu'on va adorer. Le récit s'envole, les personnages se creusent, et les tournants pris par la narration deviennent un peu moins prévisibles, presque surprenant par moments. Et surtout, Dorison sait exploiter à 200% le fond de son sujet ! Après son premier tome d'exposition, il pose les vrais dilemmes dans ce tome 2 assez brillant, on comprend mieux où il veut nous mener. A ce titre, l'implacable tome 3 clôt merveilleusement la série, d'une manière parfaitement cohérente, toujours avec la profondeur qu'on attend d'un tel récit dystopique. La réflexion sur l'humanité, le libre arbitre, et notre avenir est vraiment bien menée et nous pose de vraies questions, sans que jamais, on ne se fasse écraser par un didactisme pesant.
Le dessin d'Allart est très efficace et participe bien à nous immerger dans cet univers d'hypocrisie et de faux-fuyants. De belles couleurs, un trait souple, un réalise jamais excessif, on y est, on y croit.
Bref, tout cela est très beau, et si, finalement, je n'ai eu qu'une petite réserve à la fin de cette lecture, c'est que, quelque part, j'ai eu un peu l'impression d'avoir déjà vu cette histoire. Le lien n'est pas évident de prime abord, mais quand on a vu The Truman Show, il est vraiment difficile de ne pas y voir de grosses résonances avec le tome 3. On est loin du plagiat, bien évidemment, mais tout de même, les parallèles sont très nombreux, même si j'éviterai de les lister ici pour ne pas gâcher la surprise d'éventuels futurs lecteurs.
Ce rapprochement un peu trop évident à mes yeux, est loin de disqualifier la série, mais cela lui enlève ce petit côté vraiment unique qui caractérise les grands chefs-d'œuvre. En l'état, on a déjà une excellente trilogie, agréable à lire, et très bien menée, qui nous fait déjà envisager avec le plus grand plaisir la perspective de la relire un jour. C'est déjà énorme.
Waw, très simple mais une belle claque quand-même !
Betty Boob c'est une histoire (semi) muette parlant de deux choses : le cancer et le rapport au corps (particulièrement ici le corps féminin).
Notre protagoniste, dont nous ne connaissons pas le réel prénom, perd son sein et ses cheveux à cause d'un cancer et doit apprendre à vivre sa vie après cela. Elle souffre de son image, son petit ami a du mal à la regarder dans les yeux, ne la désire plus, elle se sent observée et jugée partout où elle va, elle tente désespérément de trouver un moyen de récupérer son sein, … Jusqu'à ce que, finalement, elle tombe sur une troupe de cabaret burlesque qui décide de la prendre sous son aile. Là, parmi d'autres femmes aux corps hors normes (en surpoids, à la poitrine plate, avec une prothèse de jambe, avec beaucoup de tatouages, …) elle va enfin apprendre à ne plus subir les conséquences de sa maladie et, mieux encore, apprendre à aimer son corps et reprendre le contrôle de sa vie.
C'est très beau. D'une part visuellement, le dessin de Julie Rocheleau est travaillé, possède une belle patte et elle se permet de jouer avec les couleurs et la représentation fantasque pour illustrer ses scènes.
Mais le fond est tout aussi joli. J'aime beaucoup le sujet du corps, de la perception que nous avons de ne corps et du rôle qu'elle joue sur notre bien être. Tout ce propos sur le corps féminin, particulièrement enfermé dans des standards de beautés strictes dans notre société, et ce rejet et cette difficulté à accepter les corps hors-normes, sortant des carcans, m'a profondément parlé. Et l'aspect très positif, très doux et bon enfant du récit, qui parvient à aborder des moments durs (comme l'abandon d'êtres chers ou encore les stigmates de la maladie) tout en gardant ce ton léger et optimiste... moi ça me touche sincèrement. L'histoire est fantasque à souhait, laissant volontiers le réalisme pour l'illustration rêveuse et le symbolique, et ça ça marche très bien sur moi.
Un coup de cœur et une lecture recommandée pour ma part.
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Marcie
Je ne connaissais pas Cati Baur, réalisant après ma lecture qu'elle était l'autrice de Pisse-Mémé, mais j'ai été immédiatement séduit par cette histoire menée de bout en bout comme un savon sur lequel on glisse en sortant de la douche. Paf ! T'arrive à la fin, et c'est déjà fini et c'était trop bien. Le trait de l'autrice évoque celui de Camille Jourdy, soit un petit trait frais et léger qui semble vous prendre dans le creux de la main, jouissant d'un colorisation sans esbroufe. C'est très agréable à lire et ne souffre d'aucune critique, tout comme les dialogues qui articulent très bien la narration. Les personnages respirent la vie vraie et on s'attache à eux d'emblée. En outre, c'est très drôle et l'humour n'est jamais forcé. Marcie est une cinquantenaire en pleine crise de préménopause qui cherche un second souffle professionnel. Poussée par sa fille, elle devient détective privée. Dans un premier temps, elle résout des affaires de chiens volés avant de se voir confier une sombre histoire de suicide, potentiellement maquillé. Le scénario est très bien ficelé. Marcie enquête sur cette fille "tombée" d'une fenêtre, et en s'investissant dans cette affaire, elle va peu à peu avancer vers la résolution de sa crise existentielle : en effet, sans rien dévoiler, on peut se contenter de dire qu'il y a en effet des situations renversées dans cette BD, des effets de miroir. Oui, ce récit simple regorge de petites subtilités qui lui donnent toute sa saveur. Une lecture très agréable, à la fois légère et palpitante, crédible et hors du commun, avec des personnages aussi vrais que nature. Bonne surprise !
Horizons climatiques - Rencontre avec neuf scientifiques du G.I.E.C.
Il serait souhaitable que l'excellent travail d'Iris-Amata Dion et de Xavier Henrion ne prenne pas la poussière des étagères d'une BM mais arrive jusqu'aux bureaux des élus à quelques mètres de là. En effet à partir de la rencontre avec neufs spécialistes ( 3 femmes et 6 hommes) du GIEC les deux auteurs-trices ont réussi à produire un ouvrage clair, facile d'accès et qui invite à la fois à approfondir le sujet au niveau communautaire ( les élus) et au niveau personnel ( le citoyen). Le scénario proposé par Xavier Henrion est très intelligent. Il structure son récit en étapes/rencontres qui suivent la courbe du deuil de Kübler-Ross pour les malades en phase terminale reprise par Joanna Macy pour l'écologie. Cela donne beaucoup de fluidité, de sens et même d'espoir à la narration. Pourtant la thématique est lourde comme un deuil prochain. La volonté des auteurs est multiple. Il faut d'abord transmettre le savoir via un medium attractif et simple ( pas simpliste) sans dénaturer la rigueur et l'impartialité scientifique du discours. Le sujet est tellement complexe qu'il a fallu recentrer sur les thématiques premières sans se perdre dans des digressions perturbatrice. Pari réussi pour ma part. Malgré mon intérêt pour le sujet depuis Rio j'ai encore appris bien des choses. C'est le mérite de cette excellente construction de recentrer sur l'essentiel , les émissions de GES (gaz à effet de serre) (ramenées à tonnes d'équivalent CO2) dans l'atmosphère . Aucunement besoin d'avoir un bagage scientifique fourni pour comprendre et être touché(e) par le message. Le récit aborde le sujet par différents angles ( technique, social, économique, culturel, éthique) ce qui donne un aperçu qui me semble complet et cohérent. Enfin si les intervenants se veulent lucides et pas naïfs, ils évitent une dramatisation anxiogène dans une volonté de redressement. A mon avis c'est le meilleur état des lieux impartial, simple et accessible que j'ai lu sur le sujet malgré quelques petites réserves. De plus j'ai été sous le charme de la mise en image de Xavier Henrion. Le dessinateur réussit à donner un très fort dynamisme à des situations d'interview par définition statiques. Henrion se met en scène d'une façon très convaincante dans ses questions toujours pertinentes, ses états d'âmes devant la situation d'urgence sans oublier une pointe d'humour bienvenue pour alléger l'ambiance. Ses propositions visuelles participent pleinement à la fluidité et à la facilité de la lecture. Cela reste tout de même une lecture exigeante mais non rébarbative. Et moi dans tout cela ? L'un des attraits du livre est de renvoyer chaque lectrice et lecteur à sa responsabilité comportementale pour participer aux fameuses 2t par habitant et par an. En France c'est un chiffre impossible à atteindre puisque chaque habitant part de 1,5 t ( services publics). Comme la moyenne française est de 11t (p122) on voit le travail gigantesque à faire très rapidement. Finalement c'est le grand plus de cet ouvrage. Il invite à laisser de côté un climat anxiogène paralysateur et démoralisateur pour se prendre en main de façon responsable et clairvoyante. C'est un regard vers l'avenir plus qu'une lamentation sur un passé révolu. Une lecture indispensable pour affronter les années qui viennent en pleine conscience.
Ed Gein - Autopsie d'un tueur en série
Inimaginable - Ce tome relate la vie d’Edward Gein (1906-1924) en bande dessinée. La première édition VO date de 2021. Elle a été réalisée par Harold Schechter pour le scénario, et par Eric Powell pour les dessins et les couleurs. C’est un récit en noir & blanc avec des nuances de gris, qui comportent un peu plus de deux cents pages. Il se termine avec deux pages précisant la source de certains faits, un premier appendice constitué d’une interview de George Arndt, et d’une deuxième constitué d’une interview d’Irene Hill Bailey. Le scénariste est un écrivain qui avait déjà consacré un ouvrage à ce tueur en série, au début de sa carrière : Deviant: The True Story of Ed Gein, the Original Psycho, paru en 1998. Basé sur une histoire vraie. On ne peut pas appliquer des critères de moralité à un fou. Le 16 juin 1960, sort le nouveau film du réalisateur Alfred Hitchcock. Après La mort aux trousses, il a fait le pari d’adapter un court roman de Robert Bloch : Psychose, paru en 1959. Le sujet était tellement violent que les studios Paramount ont refusé de la financer et que le réalisateur a dû le financer sur ses fonds propres. Il avait également interdit l’accès aux salles de projections, aux retardataires, et enjoint aux spectateurs de ne pas révéler la fin. Interrogé, il se défendait que son film soit à l’origine de meurtres sur des femmes, car il fallait le regarder avec une touche d’humour, en tout cas il lui en avait fallu pour le faire. Il ajoutait qu’il savait que l’histoire avait été écrite à partir d’un fait réel survenu dans le Wisconsin. Dans le cimetière de Plainfield, situé dans cet état, en 1957, l’équipe du coroner se livre à la tâche peu enviable de rouvrir un cercueil, après avoir établi un cordon de police pour empêcher les curieux et les journalistes d’approcher. Ils répriment un frisson de dégout en découvrant que le cercueil ne contient plus qu’un pied de biche usagé. Mauvais départ : la mère d’Ed lui promet qu’il ne deviendra pas comme les autres hommes, et Dieu lui en est témoin, elle s’en assurera. À la Crosse, dans le Wisconsin en 1904, Augusta Wilhelmine est agenouillée et prie le Seigneur pour son enfant à venir soit une fille. Elle fait l’effort de s’avilir pour se coucher avec son pari George, un bon à rien, et elle se sent trop seule. Elle souhaite avoir une fille pour pouvoir l’élever dans la Foi. Le vingt-sept août 1904, elle accouche d’Edward Theodore Gein. Elle indique à la sage-femme que ce n’est pas la peine d’aller le présenter à son père qui ne saurait pas comment réagir. Elle fait la promesse solennelle de l’élever dans le respect de la parole de Dieu, afin qu’il ne devienne pas un pécheur comme tous les autres hommes. Il a un frère plus âgé : Henry, né en 1901. Dans un premier temps, le couple Gein s’installe dans la petite ville de La Crosse, et parvient à acheter une petite épicerie, qui est mise au nom d’Augusta. Sa façon de juger ses clientes ne va pas dans le sens commerçant. Son époux passe le balai et s’occupe des tâches manuelles, tout en se réconfortant régulièrement avec une lampée d’alcool. L’exercice de la biographie en bande dessinée, n’est pas un exercice facile : doser une reconstruction pas trop académique, mais pas trop dans l’invention, et effectuer une reconstitution historique, exacte, sans qu’elle ne prenne le pas sur la vie de l’individu passé à la postérité. Pour ouvrir leur récit, les auteurs contextualisent la notoriété de ce tueur : il a inspiré, par un roman interposé, le personnage de Norman Bates dans Psychose, film qui a prouvé qu’une histoire consacrée à un assassin dérangé pouvait faire un carton. Dans ces trois pages d’ouverture, le lecteur relève la première avec une reproduction fidèle et précise de la façade du cinéma Demille à New York, à la première dudit film. Savant dosage entre la précision descriptive des traits et l’ambiance apportée par les nuances de gris. La seconde page comporte trois cases, avec un texte assez fourni. Et la troisième est constituée de cinq cases, chacune étant un gros plan sur le bas du visage d’Alfred Hitchcock, de son col de chemise à son cou, les phylactères reprenant ses réponses à un journaliste sur le mauvais exemple que constitue un film et les critiques négatives, réponses très savoureuses. Une façon assez élégante de le mettre en scène en focalisant l’attention du lecteur sur ce qu’il dit, avec ce bas de visage aisément reconnaissable, plutôt que sur son apparence médiatique célèbre au point d’une faire une icône. Deuxième scène introductive trois ans avant lors de l’enquête policière après l’arrestation du tueur. Puis passage au deuxième chapitre en reprenant les choses au début, c’est-à-dire la présentation de la famille Gein et la naissance du benjamin Edward. L’ouvrage se compose de neuf chapitres, avec un prologue et un épilogue. Une fois passé le prologue, ils suivent un ordre chronologique. Dans le premier appendice, le scénariste apporte une précision d’un élément qu’il a modifié pour une raison de dramaturgie, et il indique que le reporter a été créé pour donner un point de focalisation dans la narration. Pour le reste, il s’agit d’un ouvrage basé sur des recherches rigoureuses, indiquant quand il existe plusieurs versions d’un même fait (les causes du décès du frère aîné Henry) ou quand les déclarations d’Ed Gein sont sujettes à caution. Il n’y a pas de volonté de dramatisation pour rendre le criminel plus abject, ou les crimes plus sensationnalistes. Le scénariste s’appuie sur les témoignages d’époque, les archives d’interrogatoire et de procès, les nombreuses déclarations du tueur lui-même, parfois contradictoires entre elles. Les images ne viennent pas démentir ou confirmer des hypothèses, elles participent à rendre compte de cet état de fait. Par la force des choses, il y a beaucoup de gens en train de parler, à la police, au reporter, aux enquêteurs, au juge. L’artiste utilise alors des cadrages allant du plan taille au gros plan. Il a un don pour croquer une gueule avec une émotion ou un état d’esprit. Il évite de forcer le trait pour tomber dans la caricature, tout en insufflant une vraie personnalité à chacun. D’un point de vue purement de narration visuelle, ces cases de têtes en train de parler peuvent induire une forme de pauvreté graphique malgré la qualité des portraits. Cependant, ils correspondent à la situation dans laquelle ces témoignages ont été recueillis. Enfin ce type de plan correspond à moins de vingt pourcents de la pagination. D’un côté, il est vrai que le scénariste a beaucoup d’informations à intégrer à cette reconstitution. De l’autre côté, la narration visuelle donne vie aux individus impliqués, montrent les lieux. Elle place le lecteur aux côtés des policiers qui pénètrent pour la première fois dans la maison du tueur, puis aux côtés d’Ed Gein lorsqu’il donne sa version des faits, pour une reconstitution. Comme le scénariste, le dessinateur ne se complaît pas dans le gore ou dans les détails voyeuristes. Toutefois, il montre ce qui relève des aspects barbares des trophées conservés par cet homme jugé fou. Il ne s’applique pas à transcrire la texture de la peau pour l’abat-jour, mais il représente la ceinture faite de tétons. Le lecteur peut ainsi se projeter dans cette ferme éloignée de la petite ville, participer à une partie de pêche et accrocher son hameçon, aider les voisins pour des petites choses, pleurer sur une tombe à minuit, découvrir les objets macabres et monstrueux dans la maison des Gein, etc. Il se rend compte que les moments les plus monstrueux ne sont pas forcément les actes de barbarie, peu représentés, mais l’expression d’émotions contre nature, comme lorsque le fils aide la mère à s’habiller, ou qu’il se met à saliver devant des photographies de sévices physiques. Au fur et à mesure, se pose la question de fond : Ed Gein était-il fou ? Cela le rendait-il irresponsable de ses actes ? Dans les deux premiers tiers, l’auteur s’en tient aux faits, indiquant quand un doute plane sur l’un d’eux. Il a choisi une interprétation de la personnalité de Augusta Wilhelmine : lui et Powell mettent en scène son autorité et sa ferveur religieuse, ainsi que la faiblesse de caractère de son époux. Au fur et à mesure, il apparaît qu’ils développent une interprétation psychanalytique tranchée. Comme tout être humain, Ed Gein est le fruit de son éducation, des personnes qui l’ont élevé, des adultes qui lui ont servi de modèle, de milieu socio-économique et culturel dans lequel il a grandi. Ils établissent des liens directs de cause à effet, entre certains événements de sa vie, et certains actes qu’il a commis. Le lecteur peut trouver ça évident, ou estimer que la réalité est forcément plus compliquée que ça, que les processus psychiques ne peuvent pas être aussi simples. Dans le même temps, ils ne décrivent pas le mécanisme qui a conduit cet homme à transgresser des tabous au cœur de chaque société humaine. Il y a des conditions qui sont réunies pour que sa façon d’interpréter la réalité soit faussée et orienté, pour qu’il sache comment tanner et conserver une peau, pour se montrer rusé et prudent, pour concevoir des envies monstrueuses. Mais il n'y a pas d’explication du passage à l’acte. Il y a une pulsion irrépressible que Ed Gein ne sait pas gérer autrement que par s’y adonner. Raconter la vie d’un tueur immonde sous la forme d’une bande dessinée : un pari très risqué car ce média peut s’avérer très littéral dans sa manière de raconter, très descriptif au point de sous-entendre que les faits se sont bien passés comme ils sont dessinés qu’ils sont réductibles à ce qui est montré. Un amateur de bande dessinée peut trouver certains passages un peu lourds en texte, ou statiques en termes de mise en scène. Dans le même temps, il est rapidement impressionné par la capacité de l’artiste à insuffler de la vie dans chaque personnage, sans les caricaturer, à reconstituer une époque et un environnement, dans un savant équilibre évitant la description figée, et l’évocation sans substance. Même s’il n’est pas entièrement convaincu par la façon de d’expliquer une partie des pulsions de Ed Gein, le lecteur est vite fasciné par la reconstitution de sa vie, par l’horreur de ce que découvrent les enquêteurs, par la question insoluble de la santé mentale de cet individu. Il en ressort à la fois écœuré par la nature des meurtres et la confection d’objets macabres, et très déstabilisé par le questionnement sur la responsabilité de cet individu.
Les Montagnes hallucinées (Tanabe)
J’aime beaucoup les nouvelles de Lovecraft, malgré le style ampoulé et vieillot, mais je n’ai jamais été attiré par leurs adaptations graphiques, préférant laisser court à mon imagination. La magnifique expo Tanabe à Angoulême 2025 m’a pourtant convaincu de franchir le pas. « Les Montagnes hallucinées » n’est pas ma nouvelle préférée - je la trouve un peu longue (il s’agit d’ailleurs plutôt d’un roman court), mais c’est celle qui m’intriguait le plus au niveau adaptation graphique, car les délires hallucinatoires et la ville à la « géométrie impossible » du roman présentaient un sacré challenge… et je dois avouer que je ressors bluffé de ma lecture. Les planches sont vraiment magnifiques, et Tanabe a selon moi parfaitement retranscrit l’ambiance horrifique et la froideur mortelle du récit original. L’adaptation de l’histoire est fidèle, je l’ai à nouveau trouvée un peu longuette, mais il faut avouer qu’elle reste prenante malgré son âge. Une expérience positive, que je retenterai sans doute avec l’adaptation de mes nouvelles préférées (La Couleur tombée du ciel et L'Abomination de Dunwich).
Le Serpent et le Coyote
Une fois de plus, je partage l'avis de Noirdésir ! ;-) J'ai passé un très bon moment avec ce western moderne. Certes, il y a quelques redondances avec les échanges entre le protagoniste et son petit compagnon, mais ça passe bien, ça vient ponctuer comme une morale chaque péripétie (ça reste du Matz quand même, il faut bien qu'il fasse quelques grandes phrases) et l'animal a une bonne bouille... L'histoire est intéressante et instructive (avec cet historique de la protection des témoins), la tension est palpable et l'action, si on met de côté les flash-back, est finalement ramassée (quelques jours qui se concentrent autour du procès). J'ai apprécié le découpage cinématographique, les clins d'oeil réjouissants au fil des pages, l'ambiance réussie des années 60-70 avec des marqueurs de l'époque habilement parsemés ici ou là, des personnages consistants et un dessin que personnellement j'ai beaucoup aimé (les paysages notamment sont superbes, la compagne de Giu' aussi) c'était chouette ! Certains ont évoqué une histoire qui s'étirait un peu, mais pour ma part, j'aurais pu suivre encore le parcours du camping-car de Giu' dans ces grands espaces lumineux et arides, même si là encore, je trouve la conclusion très satisfaisante.
Centaurus
A chaque fois c’est pareil ! Quand je vais au festival d’Angoulême, pas moyen de trouver une seule personne durant les 4 jours du festival, adepte du génialissime Léo. Pas grave au final car je vais rester sur mes positions et je ne vais surtout pas renier mes goûts. N’en déplaise donc à mes détracteurs – j’ai les noms – avec Centaurus nous voilà de nouveau dans un monde imaginé par Léo et son colistier habituel Rodolphe. Petite précision sur cette série Léo n’est pas au dessin mais au scénario avec son complice. Les illustrations ont été confiées à Zoran Janjetov qui reprend habilement le style Léo. Le décor est planté dés le premier album. Nous sommes transportés dans un futur où l'humanité, à bord d'un gigantesque vaisseau-monde, cherche une nouvelle planète habitable après la destruction de la Terre. "Terre promise" : Le premier tome nous plonge immédiatement dans une intrigue palpitante et les défis auxquels les personnages doivent faire face. Le vaisseau-monde arrive enfin à proximité de Vera, une planète potentiellement habitable. L'équipage est envoyé en reconnaissance, découvrant un monde mystérieux et dangereux "Terre étrangère" : L'équipe d'exploration découvre que Vera est peuplée de créatures étranges et hostiles. Ils doivent naviguer dans cet environnement inconnu tout en essayant de maintenir la communication avec le vaisseau-monde. "Terre de folie" : Les tensions montent à bord du vaisseau-monde alors que les explorateurs rapportent des découvertes troublantes. Les mystères de Vera commencent à se dévoiler, révélant des secrets qui pourraient changer le cours de l'humanité. "Terre d'angoisse" : Les explorateurs font face à des dangers encore plus grands alors qu'ils approfondissent leurs recherches sur Vera. Le suspense est à son comble alors que les personnages luttent pour survivre et comprendre les mystères de cette nouvelle planète. "Terre de mort" : Le dernier tome de la série est un crescendo d'action et de révélations. Les explorateurs doivent faire face à des défis mortels pour sauver l'humanité et découvrir la vérité derrière les mystères de Vera. Vous ne pouvez lire ces 5 albums d’une seule traite. L’exaltation est bien présente. Que dire des paysages fantastiques et de sa faune mystérieuse. Un régal pour les yeux. Le suspens est bien là tout au long de votre lecture. La fin nous invite à découvrir encore et encore de nouveaux mondes. C’est de nouveau un chef-d’œuvre de la science-fiction, qui saura toucher les lecteurs les plus exigeants et les passionnés de récits interstellaires.
Jacques Gallard
Cette brève série ne manque pas de qualités même si elle présente des défauts dans sa cohérence globale. 3 tomes sur l'Afrique ( ceux de Tripp) et un tome en URSS ( avec Barcelo) qui vient un peu casser l'unité d'ensemble. Gallard le gars lambda, pétri de bons sentiments, qui fait la nique à deux des services secrets les plus puissants (Russes et Sud Af) des années 80, cela limite un peu la crédibilité du personnage. Ce qui est plus intéressant est la maturité croissante du message de Tripp dans la série. Pour les trois opus africains, la thématique du racisme est très présente. Gaillard va de plus en plus s'impliquer dans cette problématique pour arriver au climax du tome 4 qui le conduit à l'acte sans retour possible. Loin de la belle Zoubida, Jacques sera conduit (manipulé ?) par la belle Laurie, agent double Sud Africaine et sa conscience, à tremper ses mains dans le sang. C'est comme si Tripp changeait de registre et passait de la fiction au documentaire à charge contre la torture effectuée par les services de sureté Sud Africains contre les activistes de l'ANC. La page 21 du tome 4 est édifiante dans son réalisme morbide montrant les cadavres atrocement torturés des jeunes hommes noirs. Le final ouvert et brutal laisse Gallard vers un inconnu pour le héros qui n'intéresse ni Tripp ni les lecteurs pour se poser une ultime question sur le devenir de l'Afrique du Sud. Deux ans après la parution de la série, De Klerk et Mandela apporteront un début de réponse.
Oum Kalsoum - L'Arme secrète de Nasser
Ce treize novembre, Bruno Coquatrix se félicite de n’avoir pas cédé à la raison. - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre, de nature historique. Sa première édition date 2024. Il a été réalisé par Martine Lagardette pour le scénario et les dialogues, et par Farid Boudjellal pour les dessins et les couleurs. Il comprend environ cent-soixante-dix pages de bande dessinée. Il se termine par une page recensant une vingtaine de sources bibliographiques, un dossier de huit pages présentant quelques fragments des années d’errance des auteurs pendant la conception de l’album. Il est rarement question de hasard et de music-hall lorsque l’on évoque la politique étrangère des nations, excepté quand ils accomplissent des prodiges. Pour comprendre ce qui suit, il faut remonter au 26 juillet 1966, date choisie par Bruno Coquatrix, directeur de l’Olympia, pour se rendre en Égypte. Ce jour-là, au Caire, le cœur des Égyptiens bat très fort. Le pays fête les dix ans de la nationalisation du canal de Suez. Dans un avion, Bruno Coquatrix discute avec Jean-Michel Boris et Odile. Ils évoquent le mauvais rôle joué par la France, et le départ effectif des étrangers à l’époque. Le directeur de l’Olympia conclut qu’il vaut mieux laisser le passé aux historiens, et la scène aux artistes. En descendant de l’avion, il estime que les festivités, c’est bien, mais qu’ils ne sont pas en vacances. Leur Olympia est un ogre, il lui faut du sang frais. Ils ne disposent que de trois jours, c’est peu pour trouver de nouveaux talents. Odile lui précise que le rendez-vous avec le ministre Okacha est confirmé, mais le jour et l’heure ne lui ont pas été précisés. Elle ajoute que l’Égypte est l’école de la patience. Dans l’aéroport, ils sont attendus et pris en charge par Mohamed qui leur confirme que monsieur Okacha les recevra demain matin. Il les conduit à leur limousine : il ne faut pas perdre de temps, il y a beaucoup de circulation en ville et ils sont attendus à leur hôtel pour des commémorations. Le Hilton a prévu un dîner suivi d’un spectacle. Pendant le trajet en voiture, ils peuvent voir la foule manifester à travers les vitres de l’habitacle. Mohamed confirme que Monsieur Okacha est impatient de faire la connaissance de Coquatrix et de ses amis. Le ministre n’a entendu que des éloges de leur festival égyptien l’année dernière. Pour le prochain, il est prêt à les aider. À cet effet, Mohamed a établi une liste des artistes à auditionner, tous excellents. Il espère que son choix conviendra au directeur de l’Olympia. L’assister est un honneur pour lui. Il a découvert l’Olympia quand il étudiait à Paris. Il s’était ruiné pour aller voir Dalida. Après ça, il avait mangé du pain trempé dans du café au lait le reste du mois. Il indique qu’ils arrivent à la fin des manifestations, comme ils peuvent le constater, les Égyptiens sont fougueux. La discussion continue, et Coquatrix en vient à indiquer que plusieurs des artistes se produisant à l’Olympia sont nés en Égypte : Guy Béart, Richard Anthony, Georges Moustaki. Il n’a pas choisi par hasard cette destination pour voyager. Il avoue que leurs récits y sont pour quelque chose. Mohamed explique que Nasser n’a pas eu le choix, concernant la nationalisation du canal de Suez. Une bande dessinée à la pagination copieuse, pour évoquer un concert (deux en fait) qui a fait date dans l’histoire de l’Olympia et en France. Le titre complet évoque également la dimension politique avec le nom de Gamal Abdel Nasser Hussein (1918-1970), second président de la République d’Égypte. Cette dernière se trouve au cœur du récit : la nationalisation du canal de Suez est mentionnée dès la première page pour l’anniversaire de ses dix ans. Bruno Coquatrix a rendez-vous au Caire avec Sarwat Okacha (1921-2012) le ministre égyptien de la Culture de 1958 à 1961, puis de 1966 à 1970. Au cours de la bande dessinée, le lecteur se retrouve dans le bureau du Général Charles de Gaulle (1890-1970) président de la République française de 1959 à 1969, en présence du ministre de la Culture André Malraux (1901-1976). Il est question à plusieurs reprises de Nasser. Pour assurer la sécurité de la diva sur le sol français, le Général assure Malraux de l’aide de Maurice Grimaud (1913-2009, préfet de police de Paris), de Louis Amade (1915-1992, préfet hors cadre), ou encore de Maurice Couve de Murville (1907-1989, premier ministre de 1968 à 1969). Dans ces moments, le choix graphique de l’artiste prend tout son sens : réaliser des images qui font penser à des photographies en noir & blanc dont le contraste aurait été poussé à fond, puis habillées de nuances de gris en dégradé parfois lissé. Ainsi il peut rendre compte de ces moments d’actualité de manière authentique. Pour autant, il s’agit avant tout de l’histoire de deux soirées de gala, dans une des salles de spectacle les plus célèbres de Paris. L’Olympia situé 28 boulevard des Capucines, inauguré 11 avril 1893, créé par Joseph Oller (1839-1922, Josep Oller i Roca), et consacré majoritairement à la chanson à partir de 1954, avec la nomination de Bruno Coquatrix au poste de directeur. Pour réaliser cet album, les auteurs ont bénéficié des souvenirs de Doudou Morizot, régisseur général de l’Olympia à partir de 1956, et responsable du suivi lumière de la Diva pour ses deux concerts, ainsi que de ceux de Jean-Michel Boris, directeur artistique et bras droit de Bruno Coquatrix, et enfin de ceux de Jeanne Tallon, ouvreuse puis directrice de salle. Au fil de la période évoquée, le lecteur peut voir s’y produire ou venir en spectateur : Édith Piaf (1915-1963, seulement sur une affiche), Claude François (1939-1978, en train de répéter, au bar), Charles Aznavour (1924-1918), Johnny Halliday (1943-2017), Sylvie Vartan (1944-), Dalida (1933-1987), Otis Redding (1941-1967), les Rolling Stones, Amália Rodrigues (1920-1999), Sammy Davis Jr. (1925-1990), Brigitte Bardot (1934-, au bar de Marilyn), James Brown (1933-2006), et de nombreux autres. À nouveau, le mode de représentation de type photoréaliste fait des merveilles pour intégrer toutes ces personnalités de manière organique dans la narration, à partir de références photographiques. Cela permet de les mettre en scène conformément à leur image médiatique, générant ainsi un écho naturel avec la représentation mentale qu’en a le lecteur. Le lecteur ressent également que le dessinateur a sérieusement étudié la disposition des locaux de l’Olympia et qu’il la restitue avec rigueur, ainsi que sa décoration de l’époque. Déjà bien fourni avec la dimension politique et la dimension culture populaire, le fil directeur du récit se déroule autour de l’organisation des deux concerts d’Oum Kalsoum à l’Olympia. Le voyage du Directeur de l’établissement au Caire l’amène à se fixer cet objectif, tout en ayant conscience du statut de diva de la chanteuse, et de son engagement politique auprès de Nasser. L’histoire se compose de quatorze chapitres de longueur variable (de deux à vingt-quatre pages), chaque titre comprenant un repère chronologique : Le Caire (juillet 1966), La dame du Nil (27 juillet 1966), Boulevard des Capucines (décembre 1966), Palais de l’Élysée (janvier 1967), Diplomatie acte I (février 1967), Turbulences (mars, avril, mai 1967), La blessure (juin 1967), Le doute (octobre 1967), Diplomatie acte II (octobre, novembre 1967), L’arme secrète de Nasser (8 novembre 1967), Olympia forever (9 novembre 1967), Oum Kalthoum, Umm Kulthumm ? (12 novembre 1967), Tarab (13 novembre 1967), Diplomatie acte III (16 novembre 1967). Incroyablement servi par les illustrations qui rendent concrète cette époque, qui font œuvre d’une reconstitution tangible et vivante, la scénariste peut faire vivre son sujet sur encore d’autres plans. Du début à la fin, le lecteur suit le déploiement d’efforts considérables pour ce projet risqué, par Bruno Coquatrix (1910-1979), âgé de cinquante-six ans à l’époque, très élégant, fumant régulièrement le cigare, au four et au moulin les soirs de spectacle à l’Olympia, ménageant et flattant les vedettes avec un savoir-faire niveau expert dans le compliment juste et valorisant. Le lecteur s’attache à lui, admiratif de son implication, sans borne, partageant ses inquiétudes et même ses angoisses, se prenant à souhaiter ardemment la réussite de son entreprise, alors même qu’il sait que ces concerts ont eu lieu. À chaque étape, la narration visuelle immerge le lecteur dans chaque lieu, au milieu des vedettes et des artistes, aussi bien au cœur de l’Olympia que dans les rues du Caire ou de Paris. La mise en scène s’effectue souvent sur les deux pages en vis-à-vis, avec des prises de vue élaborées qui montrent les foules, les individus, les activités, les émotions. Et puis il y a Oum Kalsoum. Et sa musique. Les auteurs vont au-delà d’un simple reportage journalistique, ou de la reconstitution d’un projet de concert. Ils évoquent la versant artistique : les facettes de diva de la chanteuse, ainsi que l’effet produit par son chant, l’adoration de ses admirateurs, sa position sociale, sa liberté d’artiste, y compris de femme dans la société de l’époque. Ils présentent les différents artistes égyptiens se produisant au Caire lors de la visite de Bruno Coquatrix et de Jean-Michel Boris, ainsi que les compositeurs. Lorsque le concert commence, ils présentent les différents musiciens, un par un, avec une ou deux phrases sur leur parcours, leur reconnaissance. Ils évoquent le mindile (tissu en mousseline de soie) d’Oum Kalsoum, Said el Tahan (le plus grand admirateur de la Dame), le nombre de chansons interprétées, la déclaration politique du journaliste Galal Moawad à l’entracte, l’incident avec le jeune homme enivré par les vocalises de la Dame qui monte sur scène et se jette à ses pieds, la ferveur du public, etc. À l’opposé d’un compte-rendu technique et clinique, le lecteur ressent ce moment, et il lui tarde de se jeter sur une application pour entendre ou réentendre des enregistrements de la quatrième pyramide d’Égypte. S’il le souhaite il peut lire auparavant Oum Kalthoum - Naissance d'une diva (2023), par Chadia Loueslati & Nadia Hathroubi-Safsaf, une introduction légère, pour faire connaissance avec la Perle du Nil. Wouaahhh !!! Applaudissements nourris ! Une bande dessinée exceptionnelle pour découvrir l’envergure de la venue d’Oum Kalsoum pour se produire à Paris les 13 et 15 novembre 1967. La narration visuelle revêt une apparence de type photographique capturant au mieux la réalité de l’époque, que ce soit les lieux ou les personnalités, avec une mise en scène variée et sophistiquée donnant vie à chaque séquence, quelle qu’en soit la nature. Les auteurs ont souhaité réaliser une bande dessinée avec une approche holistique, rendant compte des différentes dimensions de l’événement : historique, politique, culturelle, artistique. Une réussite totale qui implique le lecteur, dans une reconstitution vivante de l’époque, lui donnant une envie irrépressible d’écouter l’Astre d’Orient.
HSE - Human Stock Exchange
Malgré son concept fort, j'avoue n'avoir pas été immédiatement séduit par cette série. Le premier tome fonctionne, mais en choisissant de nous immerger très progressivement dans son univers, met du temps à faire démarrer l'intrigue. On se perd un peu dans le jargon technique, dans les échanges financiers, et on se demande si on va arriver à suivre. Et puis le tome 2 arrive, et là, on sait qu'on va adorer. Le récit s'envole, les personnages se creusent, et les tournants pris par la narration deviennent un peu moins prévisibles, presque surprenant par moments. Et surtout, Dorison sait exploiter à 200% le fond de son sujet ! Après son premier tome d'exposition, il pose les vrais dilemmes dans ce tome 2 assez brillant, on comprend mieux où il veut nous mener. A ce titre, l'implacable tome 3 clôt merveilleusement la série, d'une manière parfaitement cohérente, toujours avec la profondeur qu'on attend d'un tel récit dystopique. La réflexion sur l'humanité, le libre arbitre, et notre avenir est vraiment bien menée et nous pose de vraies questions, sans que jamais, on ne se fasse écraser par un didactisme pesant. Le dessin d'Allart est très efficace et participe bien à nous immerger dans cet univers d'hypocrisie et de faux-fuyants. De belles couleurs, un trait souple, un réalise jamais excessif, on y est, on y croit. Bref, tout cela est très beau, et si, finalement, je n'ai eu qu'une petite réserve à la fin de cette lecture, c'est que, quelque part, j'ai eu un peu l'impression d'avoir déjà vu cette histoire. Le lien n'est pas évident de prime abord, mais quand on a vu The Truman Show, il est vraiment difficile de ne pas y voir de grosses résonances avec le tome 3. On est loin du plagiat, bien évidemment, mais tout de même, les parallèles sont très nombreux, même si j'éviterai de les lister ici pour ne pas gâcher la surprise d'éventuels futurs lecteurs. Ce rapprochement un peu trop évident à mes yeux, est loin de disqualifier la série, mais cela lui enlève ce petit côté vraiment unique qui caractérise les grands chefs-d'œuvre. En l'état, on a déjà une excellente trilogie, agréable à lire, et très bien menée, qui nous fait déjà envisager avec le plus grand plaisir la perspective de la relire un jour. C'est déjà énorme.
Betty Boob
Waw, très simple mais une belle claque quand-même ! Betty Boob c'est une histoire (semi) muette parlant de deux choses : le cancer et le rapport au corps (particulièrement ici le corps féminin). Notre protagoniste, dont nous ne connaissons pas le réel prénom, perd son sein et ses cheveux à cause d'un cancer et doit apprendre à vivre sa vie après cela. Elle souffre de son image, son petit ami a du mal à la regarder dans les yeux, ne la désire plus, elle se sent observée et jugée partout où elle va, elle tente désespérément de trouver un moyen de récupérer son sein, … Jusqu'à ce que, finalement, elle tombe sur une troupe de cabaret burlesque qui décide de la prendre sous son aile. Là, parmi d'autres femmes aux corps hors normes (en surpoids, à la poitrine plate, avec une prothèse de jambe, avec beaucoup de tatouages, …) elle va enfin apprendre à ne plus subir les conséquences de sa maladie et, mieux encore, apprendre à aimer son corps et reprendre le contrôle de sa vie. C'est très beau. D'une part visuellement, le dessin de Julie Rocheleau est travaillé, possède une belle patte et elle se permet de jouer avec les couleurs et la représentation fantasque pour illustrer ses scènes. Mais le fond est tout aussi joli. J'aime beaucoup le sujet du corps, de la perception que nous avons de ne corps et du rôle qu'elle joue sur notre bien être. Tout ce propos sur le corps féminin, particulièrement enfermé dans des standards de beautés strictes dans notre société, et ce rejet et cette difficulté à accepter les corps hors-normes, sortant des carcans, m'a profondément parlé. Et l'aspect très positif, très doux et bon enfant du récit, qui parvient à aborder des moments durs (comme l'abandon d'êtres chers ou encore les stigmates de la maladie) tout en gardant ce ton léger et optimiste... moi ça me touche sincèrement. L'histoire est fantasque à souhait, laissant volontiers le réalisme pour l'illustration rêveuse et le symbolique, et ça ça marche très bien sur moi. Un coup de cœur et une lecture recommandée pour ma part.