Voyage au centre de la boite de conserve...
Vraiment, très bon album de Lewis Trondheim, une fois de plus !
Passionner le lecteur par le biais d'une BD muette, c'est un art auquel beaucoup d'auteurs se sont risqués. Mais je dois dire que si je ne devais retenir qu'un livre, ce serait celui-ci, assurément !
Tout d'abord, le gros point fort de cet album : le dessin. Derrière ses airs "facilafer", une réelle maitrise transpire de cette histoire. Trondheim utilise beaucoup de techniques cinématographiques, jouant sur la focale et la profondeur de champs en permanance pour nous faire prendre conscience de l'immensité du monde dans lequel évolue la petite mouche et son amie.
Le resultat est tout simplement bluffant !
On suit sans peine une histoire sympathique, vraiment mimi, du quotidien d'une mouche rigolote dans un décors tout à fait commun (une cuisine, en grande partie), mais vu d'un oeil vraiment original.
Le trait est assez gras (plus que dans Lapinot), et les différentes teintes de gris ajoutent beaucoup de relief au dessin, qui parait du coup beaucoup moins vide que dans d'autres réalisations de l'auteur, du style "Galopinot", "les carottes de patagonie", et est vraiment adapté au récit.
Et puis... comme toujours... les personnages de Lewis Trondheim sont tellement expressifs que s'en est un bonheur.
Vraiment, une très bonne surprise pour moi, et à coup sûr un agréable moment de lecture pour vous !
Très bon album que celui-ci, vraiment.
L'idée est originale : partir à deux sur une improvisation courte, à la manière du jeu "il était une fois" (un participant commence une histoire, puis passe la main au suivant qui continue, et ainsi de suite), à un détail près : l'échange est réalisé toutes les cases, voire toutes les demi-cases !
Le résultat est plutôt etonnant. On a l'impression que les auteurs baladent le lecteur autant que leur héro ne les balade eux-même.
La lecture de ce tome donne en effet lieu à des scènes cocasses (on sent bien que parfois, tout partait complètement en vrille, les auteurs ne faisant de toute façon RIEN pour remettre l'histoire sur les rails, tant l'absurde des deux scénaristes est plaisant), à des dialogues entre auteurs, à des réflexions de Galopu et Lapinot concernant leur créateur respectif (Lapinot qui s'exclame qu'il a bien de la chance d'avoir Lewis comme scénariste, par exemple :))
Le dessin est obligatoirement "étrange". En effet, les deux styles sont tout de même vraiment très différents (un dessin de Trondheim très minimaliste opposé à un style assez chargé de détails), mais le trait, lui, est semblable : assez gras et imprécit dans les deux cas, c'est tout de même lui qui a fait le succès des deux auteurs.
Et puis, franchement, elle est pas sympa, la chute de cette histoire ? :)
Après Shenzhen récit de Chine (qui d'ailleurs n'a pas encore été posté !!!), Nous retrouvons notre animateur de dessins animés en Corée du Nord. Un des pays les plus fermés au monde occidental, au monde du court.
Cette BD est un pur plaisir de lecture.
Delisle nous donne son point de vue occidental (c'est à dire sa façon de regarder les choses et la vie tout simplement), nous montre le vrai décalage qu'il peut y avoir entre ces deux sociétés.
Dans un pays où la propagande est religion, rien d'étonnant !
On y découvre le quotidien de ces gens (vraiment pas réjouissant avouons le ...)dont finalement on ne connait pas grand chose vu la fermeture du pays. Et c'est la un des grands intérêt de cette BD, mais la grande force est la narration. On ne s'ennuit pas une seconde. C'est extrêmement drôle, ironique, juste, triste parfois par le réalisme décrit de la situation des corées du nord. Mais l'auteur n'emet aucun jugement. Il s'etonne, s'informe, essaie de découvrir cette société malgré les nombreux interdits destinés aux occidentaux.
Quant à l'illustration, en noir et blanc, simple et d'une efficacité redoutable, indissociable du texte, nous donne une dimension visuelle réellement intéressante à ce récit original.
Ne passez pas à coté de ce petit bijou !
Que dire qu'il n'ait pas déjà été cent fois énoncé ici au ailleurs sur cette série d'ores et déjà mythique ?
Plutôt que de vains discours, je paraphraserai simplement Jean Gabin à qui on demanda un jour quel était pour lui la recette pour faire un bon film. Question à laquelle il répondit :
"Un bon film, c'est :
1) une bonne histoire
2) une bonne histoire
3) une bonne histoire..."
Et bien, "Le Troisième Testament", comme quelques autres séries cultes avant lui (Quête de l'oiseau du temps, Blueberry, Aldébaran, etc.), c'est avant tout cela : un scénario en béton, idéalement construit et parfaitement maîtrisé jusque dans son ultime conclusion. Car c'est cette chute magnifique, ce noeud gordien final qui fait en fin de compte basculer le statut de cette histoire de simplement bonne ou plaisante à celui de culte. Combien de BD essaient-elles ainsi de faire monter la sauce pour ensuite retomber comme un lamentable soufflé boursouflé de prétentions non réalisées ? Quoiqu'en disent certains, je pense que Le "Troisième Testament", c'est avant tout la démonstration inverse car sa conclusion nous ouvre finalement bien d'autres perspectives que ne l'avait laissé entendre le déroulement initial du scénario. C'est là qu'est sa force et oserais-je dire son génie...
Encore mille fois merci M. Dorison pour m'avoir fait vibrer comme jamais depuis la Quête de l'oiseau du temps et finissez-nous donc très vite Sanctuaire...
Cela fait longtemps que je l'ai lu, mais je vais faire appel à mes souvenirs (car je dois réagir par rapport à l'avis de Thanos).
Je trouve au contraire que l'histoire est originale, et l'héroïne n'est pas quelqu'un à qui tout réussit, bien au contraire. D'ailleurs, à la fin...
De plus, l'histoire est bien amenée, ce qui doit être découvert l'est en temps utile, et le reste, ben, il fait partie du suspense... Mais je ne me rappelle pas avoir été perdu en lisant cette BD.
Bien entendu, on retrouve les gentils, les méchants et tous les persos entre les deux. Mais cela ne m'a pas dérangé, car tout est bien amené.
Pour ce qui est des couleurs, j'avoue que je les trouve un peu flashy, mais bon, cela n'enlève rien au plaisir de la lecture...
Jamais le terme Neuvième Art n'aura été utilisé à meilleur escient que pour illustrer le travail réalisé par Andréas autour de ce diptyque : "Cromwell Stone" et "Le retour de Cromwell Stone".
Car c'est véritablement dans ces deux albums que toutes les qualités (dons ?) graphiques manifestées par Andréas trouvent leur apogée, à savoir des cadrages incroyables, un découpage hallucinant et un travail graphique somptueux offrant à chaque page une impression de puissance inégalée.
C'est d'ailleurs une des très rares BDs (avec les "Hellboy" de Mignola) qui bat en brêche ma conviction que je croyais pourtant absolue du "scénario avant tout, le dessin ensuite...". Non pas que je considère ici l'histoire proposée par Andréas comme insipide ou sans intérêt, surtout qu'il est également un très grand scénariste (voir "Cyrrus" ou "Arq"), mais le fait est que je reste tellement subjugué par son dessin que le scénario passe finalement au second plan. Un comble ! Surtout dans le "Retour de Cromwell Stone", où Andréas se surpasse encore et pousse son trait dans les derniers retranchements. De ce fait, cet album constituera pour moi à jamais le sommet graphique absolu d'Andréas. Certaines doubles planches sont absolument époustouflantes et transpirent tout bonnement le pur génie graphique qui habite Andréas à ce moment de sa carrière. Toutes proportions certes gardées, peut-être peut-on même oser ici un lien de parenté avec les oeuvres du plus grand graveur allemand de tous les temps, j'ai nommé Albrecht Dürer.
Andréas ou un authentique génie du neuvième art dont l'expressionisme, la puissance du trait ne peut paradoxalement souffrir la comparaison qu'avec celui de son opposé absolu, Giraud/Moebius, ou dans une certaine mesure avec celui de leur rejeton maléfique, Mike Mignola...
Urasawa avait placé la barre très haut lors de sa précédente série, l’extraordinaire "Monster". Polar particulièrement prenant, réaliste et d’une profondeur psychologique sans faille, cette série (toujours en cours en France) m’avait réellement séduite.
Qu’en est il donc de "20th century boys", autre série du même auteur, toujours en cours au Japon ? Roulement de tambour…
C’est énorme. Pas d’autre mot, désolé, je suis une fois de plus complètement sous le charme de la puissance narrative de l’auteur. Alors que "Monster" était imprégnée d’un fort courant européen dans le déroulement de son histoire comme dans son dessin, "20th century boys" est très japonais dans sa conception : les enfants font des gueules pas possibles et des mimiques parfois très drôles, le scénario connaît des retournements de situations très cinématographiques et humoristiques malgré la gravité de l’intrigue principale.
Les passages d'une époque à une autre coulent de source, et les parallèles semblent plus qu'évidents.
Amusant de retrouver les références de la fin des années 60 (Woodstock et ses 500 000 spectateurs, qui feront rêver les petits garçons, mais aussi - et surtout - le premier pas sur la Lune ! Incroyable pour l'époque), perçues par des enfants qui refont le monde dans leur petite planque au fond d'un pré, près d'un vieil arbre, qui deviendra beaucoup plus tard un bowling, enterrant par la même occasion leurs souvenirs...
Le rythme, bien qu'un peu lent, est régulier, et permet la découverte des traits psychologiques de chacun des petits/grands héros, partie qu'Urasawa ne néglige surtout pas, tant chacun des tomes de ses séries est une étude du genre humain.
Le dessin, quant à lui, est très propre, très différent de ce dont on a l'habitude de lire dans le monde du manga. Dynamique (les passages de courses de Donkey sont vraiment très drôles, tout comme le personnage, d'ailleurs :)) quand il le faut, son style varie suivant la situation, pour s'adapter au récit.
Urasawa is my hero.
Raaaah, que du bonheur que ce tout petit album !
Déjà le dessin de Dav est absolument superbe, tout meugnon à un point tel que dès la première case on a un énorme et bête sourire accroché à notre tronche de lecteur désormais ahuri.
Il suffit de voir les têtes que Dav fait pour être de bonne humeur, c'est génial !
L'histoire quant à elle n'est pas en reste. Le principal reproche fait à Django Renard portait sur le scénario, et bien ici, ô joie, bonheur, félicité, Dav se lâche et pond un scénario utilisant tous les clichés les plus classiques du genre "savant fou qui veut tout casser et dominer le monde" d'une façon savoureuse au possible. Pas un gramme de sérieux dans ces pages, mais une dérision et un humour qui dégoulinent de chaque page. Evidemment, le registre n'est pas subtil, bin oui, mais au vu du titre vous étiez prévenu, hein.
Alors c'est très simple, j'adore ! Que du bonheur, je vous dis ! :) (sourire bête et persistant)
En plus il risque d'être bientôt réédité chez un "vrai" éditeur. Ce jour-là, sautez dessus.
A condition de ne pas chercher une étude approfondie du genre humain, cet album va vous ravir. Avec ses jeux de mots tout pourris, ses allusions scatos, ses clichés usés, Dav nous fait passer un bon moment.
Son dessin est très bon, d'ailleurs, amusez-vous à chercher les emprunts à ses potes ; Dav nous confirme qu'il sait dessiner.
Et bien, vraiment pas du tout d'accord avec les deux avis précédents. C'est bien simple, j'ai adoré. :)
Bon, cet album de Lewis Trondheim, une fois de plus, fait office de figure de style dans sa forme. La même image du dormeur, donc, sagement allongé dans son lit, bonnet de nuit vissé sur la tête, qui entretient divers dialogues avec sa conjointe, entre autres.
Le tout est très fin, comme toujours chez Trondheim. J'ai toujours très peur des séries de strips de 3/4 cases, car généralement l'ensemble ne me fait que moyennement sourire. Mais là, c'est clairement très bon, parfois très drôle.
Le dessin (et je dis bien "LE" ;)) est... sympa :) minimaliste comme il se doit chez l'auteur, il nous démontre qu'il n'est pas la peine de déployer l'arsenal graphique pour dépeindre un visage expressif.
Bref.. J'aime. :)
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La mouche
Voyage au centre de la boite de conserve... Vraiment, très bon album de Lewis Trondheim, une fois de plus ! Passionner le lecteur par le biais d'une BD muette, c'est un art auquel beaucoup d'auteurs se sont risqués. Mais je dois dire que si je ne devais retenir qu'un livre, ce serait celui-ci, assurément ! Tout d'abord, le gros point fort de cet album : le dessin. Derrière ses airs "facilafer", une réelle maitrise transpire de cette histoire. Trondheim utilise beaucoup de techniques cinématographiques, jouant sur la focale et la profondeur de champs en permanance pour nous faire prendre conscience de l'immensité du monde dans lequel évolue la petite mouche et son amie. Le resultat est tout simplement bluffant ! On suit sans peine une histoire sympathique, vraiment mimi, du quotidien d'une mouche rigolote dans un décors tout à fait commun (une cuisine, en grande partie), mais vu d'un oeil vraiment original. Le trait est assez gras (plus que dans Lapinot), et les différentes teintes de gris ajoutent beaucoup de relief au dessin, qui parait du coup beaucoup moins vide que dans d'autres réalisations de l'auteur, du style "Galopinot", "les carottes de patagonie", et est vraiment adapté au récit. Et puis... comme toujours... les personnages de Lewis Trondheim sont tellement expressifs que s'en est un bonheur. Vraiment, une très bonne surprise pour moi, et à coup sûr un agréable moment de lecture pour vous !
Galopinot
Très bon album que celui-ci, vraiment. L'idée est originale : partir à deux sur une improvisation courte, à la manière du jeu "il était une fois" (un participant commence une histoire, puis passe la main au suivant qui continue, et ainsi de suite), à un détail près : l'échange est réalisé toutes les cases, voire toutes les demi-cases ! Le résultat est plutôt etonnant. On a l'impression que les auteurs baladent le lecteur autant que leur héro ne les balade eux-même. La lecture de ce tome donne en effet lieu à des scènes cocasses (on sent bien que parfois, tout partait complètement en vrille, les auteurs ne faisant de toute façon RIEN pour remettre l'histoire sur les rails, tant l'absurde des deux scénaristes est plaisant), à des dialogues entre auteurs, à des réflexions de Galopu et Lapinot concernant leur créateur respectif (Lapinot qui s'exclame qu'il a bien de la chance d'avoir Lewis comme scénariste, par exemple :)) Le dessin est obligatoirement "étrange". En effet, les deux styles sont tout de même vraiment très différents (un dessin de Trondheim très minimaliste opposé à un style assez chargé de détails), mais le trait, lui, est semblable : assez gras et imprécit dans les deux cas, c'est tout de même lui qui a fait le succès des deux auteurs. Et puis, franchement, elle est pas sympa, la chute de cette histoire ? :)
Pyongyang
Après Shenzhen récit de Chine (qui d'ailleurs n'a pas encore été posté !!!), Nous retrouvons notre animateur de dessins animés en Corée du Nord. Un des pays les plus fermés au monde occidental, au monde du court. Cette BD est un pur plaisir de lecture. Delisle nous donne son point de vue occidental (c'est à dire sa façon de regarder les choses et la vie tout simplement), nous montre le vrai décalage qu'il peut y avoir entre ces deux sociétés. Dans un pays où la propagande est religion, rien d'étonnant ! On y découvre le quotidien de ces gens (vraiment pas réjouissant avouons le ...)dont finalement on ne connait pas grand chose vu la fermeture du pays. Et c'est la un des grands intérêt de cette BD, mais la grande force est la narration. On ne s'ennuit pas une seconde. C'est extrêmement drôle, ironique, juste, triste parfois par le réalisme décrit de la situation des corées du nord. Mais l'auteur n'emet aucun jugement. Il s'etonne, s'informe, essaie de découvrir cette société malgré les nombreux interdits destinés aux occidentaux. Quant à l'illustration, en noir et blanc, simple et d'une efficacité redoutable, indissociable du texte, nous donne une dimension visuelle réellement intéressante à ce récit original. Ne passez pas à coté de ce petit bijou !
Le Troisième Testament
Que dire qu'il n'ait pas déjà été cent fois énoncé ici au ailleurs sur cette série d'ores et déjà mythique ? Plutôt que de vains discours, je paraphraserai simplement Jean Gabin à qui on demanda un jour quel était pour lui la recette pour faire un bon film. Question à laquelle il répondit : "Un bon film, c'est : 1) une bonne histoire 2) une bonne histoire 3) une bonne histoire..." Et bien, "Le Troisième Testament", comme quelques autres séries cultes avant lui (Quête de l'oiseau du temps, Blueberry, Aldébaran, etc.), c'est avant tout cela : un scénario en béton, idéalement construit et parfaitement maîtrisé jusque dans son ultime conclusion. Car c'est cette chute magnifique, ce noeud gordien final qui fait en fin de compte basculer le statut de cette histoire de simplement bonne ou plaisante à celui de culte. Combien de BD essaient-elles ainsi de faire monter la sauce pour ensuite retomber comme un lamentable soufflé boursouflé de prétentions non réalisées ? Quoiqu'en disent certains, je pense que Le "Troisième Testament", c'est avant tout la démonstration inverse car sa conclusion nous ouvre finalement bien d'autres perspectives que ne l'avait laissé entendre le déroulement initial du scénario. C'est là qu'est sa force et oserais-je dire son génie... Encore mille fois merci M. Dorison pour m'avoir fait vibrer comme jamais depuis la Quête de l'oiseau du temps et finissez-nous donc très vite Sanctuaire...
La Dernière fée du pays d'Arvor
Cela fait longtemps que je l'ai lu, mais je vais faire appel à mes souvenirs (car je dois réagir par rapport à l'avis de Thanos). Je trouve au contraire que l'histoire est originale, et l'héroïne n'est pas quelqu'un à qui tout réussit, bien au contraire. D'ailleurs, à la fin... De plus, l'histoire est bien amenée, ce qui doit être découvert l'est en temps utile, et le reste, ben, il fait partie du suspense... Mais je ne me rappelle pas avoir été perdu en lisant cette BD. Bien entendu, on retrouve les gentils, les méchants et tous les persos entre les deux. Mais cela ne m'a pas dérangé, car tout est bien amené. Pour ce qui est des couleurs, j'avoue que je les trouve un peu flashy, mais bon, cela n'enlève rien au plaisir de la lecture...
Cromwell Stone
Jamais le terme Neuvième Art n'aura été utilisé à meilleur escient que pour illustrer le travail réalisé par Andréas autour de ce diptyque : "Cromwell Stone" et "Le retour de Cromwell Stone". Car c'est véritablement dans ces deux albums que toutes les qualités (dons ?) graphiques manifestées par Andréas trouvent leur apogée, à savoir des cadrages incroyables, un découpage hallucinant et un travail graphique somptueux offrant à chaque page une impression de puissance inégalée. C'est d'ailleurs une des très rares BDs (avec les "Hellboy" de Mignola) qui bat en brêche ma conviction que je croyais pourtant absolue du "scénario avant tout, le dessin ensuite...". Non pas que je considère ici l'histoire proposée par Andréas comme insipide ou sans intérêt, surtout qu'il est également un très grand scénariste (voir "Cyrrus" ou "Arq"), mais le fait est que je reste tellement subjugué par son dessin que le scénario passe finalement au second plan. Un comble ! Surtout dans le "Retour de Cromwell Stone", où Andréas se surpasse encore et pousse son trait dans les derniers retranchements. De ce fait, cet album constituera pour moi à jamais le sommet graphique absolu d'Andréas. Certaines doubles planches sont absolument époustouflantes et transpirent tout bonnement le pur génie graphique qui habite Andréas à ce moment de sa carrière. Toutes proportions certes gardées, peut-être peut-on même oser ici un lien de parenté avec les oeuvres du plus grand graveur allemand de tous les temps, j'ai nommé Albrecht Dürer. Andréas ou un authentique génie du neuvième art dont l'expressionisme, la puissance du trait ne peut paradoxalement souffrir la comparaison qu'avec celui de son opposé absolu, Giraud/Moebius, ou dans une certaine mesure avec celui de leur rejeton maléfique, Mike Mignola...
20th Century Boys
Urasawa avait placé la barre très haut lors de sa précédente série, l’extraordinaire "Monster". Polar particulièrement prenant, réaliste et d’une profondeur psychologique sans faille, cette série (toujours en cours en France) m’avait réellement séduite. Qu’en est il donc de "20th century boys", autre série du même auteur, toujours en cours au Japon ? Roulement de tambour… C’est énorme. Pas d’autre mot, désolé, je suis une fois de plus complètement sous le charme de la puissance narrative de l’auteur. Alors que "Monster" était imprégnée d’un fort courant européen dans le déroulement de son histoire comme dans son dessin, "20th century boys" est très japonais dans sa conception : les enfants font des gueules pas possibles et des mimiques parfois très drôles, le scénario connaît des retournements de situations très cinématographiques et humoristiques malgré la gravité de l’intrigue principale. Les passages d'une époque à une autre coulent de source, et les parallèles semblent plus qu'évidents. Amusant de retrouver les références de la fin des années 60 (Woodstock et ses 500 000 spectateurs, qui feront rêver les petits garçons, mais aussi - et surtout - le premier pas sur la Lune ! Incroyable pour l'époque), perçues par des enfants qui refont le monde dans leur petite planque au fond d'un pré, près d'un vieil arbre, qui deviendra beaucoup plus tard un bowling, enterrant par la même occasion leurs souvenirs... Le rythme, bien qu'un peu lent, est régulier, et permet la découverte des traits psychologiques de chacun des petits/grands héros, partie qu'Urasawa ne néglige surtout pas, tant chacun des tomes de ses séries est une étude du genre humain. Le dessin, quant à lui, est très propre, très différent de ce dont on a l'habitude de lire dans le monde du manga. Dynamique (les passages de courses de Donkey sont vraiment très drôles, tout comme le personnage, d'ailleurs :)) quand il le faut, son style varie suivant la situation, pour s'adapter au récit. Urasawa is my hero.
Dr Prout va tout péter
Raaaah, que du bonheur que ce tout petit album ! Déjà le dessin de Dav est absolument superbe, tout meugnon à un point tel que dès la première case on a un énorme et bête sourire accroché à notre tronche de lecteur désormais ahuri. Il suffit de voir les têtes que Dav fait pour être de bonne humeur, c'est génial ! L'histoire quant à elle n'est pas en reste. Le principal reproche fait à Django Renard portait sur le scénario, et bien ici, ô joie, bonheur, félicité, Dav se lâche et pond un scénario utilisant tous les clichés les plus classiques du genre "savant fou qui veut tout casser et dominer le monde" d'une façon savoureuse au possible. Pas un gramme de sérieux dans ces pages, mais une dérision et un humour qui dégoulinent de chaque page. Evidemment, le registre n'est pas subtil, bin oui, mais au vu du titre vous étiez prévenu, hein. Alors c'est très simple, j'adore ! Que du bonheur, je vous dis ! :) (sourire bête et persistant) En plus il risque d'être bientôt réédité chez un "vrai" éditeur. Ce jour-là, sautez dessus.
Dr Prout va tout péter
A condition de ne pas chercher une étude approfondie du genre humain, cet album va vous ravir. Avec ses jeux de mots tout pourris, ses allusions scatos, ses clichés usés, Dav nous fait passer un bon moment. Son dessin est très bon, d'ailleurs, amusez-vous à chercher les emprunts à ses potes ; Dav nous confirme qu'il sait dessiner.
Le Dormeur
Et bien, vraiment pas du tout d'accord avec les deux avis précédents. C'est bien simple, j'ai adoré. :) Bon, cet album de Lewis Trondheim, une fois de plus, fait office de figure de style dans sa forme. La même image du dormeur, donc, sagement allongé dans son lit, bonnet de nuit vissé sur la tête, qui entretient divers dialogues avec sa conjointe, entre autres. Le tout est très fin, comme toujours chez Trondheim. J'ai toujours très peur des séries de strips de 3/4 cases, car généralement l'ensemble ne me fait que moyennement sourire. Mais là, c'est clairement très bon, parfois très drôle. Le dessin (et je dis bien "LE" ;)) est... sympa :) minimaliste comme il se doit chez l'auteur, il nous démontre qu'il n'est pas la peine de déployer l'arsenal graphique pour dépeindre un visage expressif. Bref.. J'aime. :)