Voila une histoire racontée de manière atypique. Abordée sous l'angle de la poésie et de l'impertinence (la scène du cabaret où le gamin parle d'amour illustre l'impertinence, et la manière dont l'amour est décrit tout au long de l'album est de la poésie pure), elle aurait pu partir dans une sorte de feux d'artifice un peu béat. Mais d'emblée le thème traité (la montée du nazisme), nous fait pressentir qu'il n'en sera rien. Et effectivement, il n'en est rien. A la force de l'amour est opposé le train de l'histoire, et la collision est rude. J'ai été surpris de la fin. C'est une douche froide. Et le dessin de Will, que je n'aime pas spécialement tant parfois je le trouve simpliste, touche soudain l'essentiel. Il fige le regard de l'enfant perdu et résigné et celui de la bête immonde. C'est terrifiant et ça sonne juste.
Dernière précision, la mise en couleur directe m'a enchantée.
C’est rafraîchissant de découvrir une version contemporaine du genre Héroic/Fantasy.
Le dessin de Nizzoli est simple, épuré mais beau et efficace. On sent toute la puissance du traître Lancaster, tout le potentiel du jeune Drazen retenu prisonnier dans une forteresse hors du temps, et toute la fragilité d’Anja. Cette dernière, après avoir espéré le retour de Drazen pendant 12 ans, décide de ne plus l’attendre, et de vivre pleinement sa vie de jeune femme. Malgré toute sa détermination, elle ne parviendra pas à mettre fin à tous les phénomènes étranges qui ont entourés son enfance et son adolescence, car le machiavélique Lancaster a besoin d’elle.
Ce premier tome contient plusieurs scènes très originales et très intenses. Le prochain tome est, pour moi, vendu d’avance
« Shenzhen » récit autobiographique ou impressions de séjour sur les difficultés de communication dans une zone d’économie transitoire déshumanisée. Coincée entre la Chine communiste et Hong Kong la capitaliste, Shenzhen est une chimère sur la voie du bonheur, rappelant par certains aspects les grands ensembles de nos banlieues.
Delisle raconte avec humour et un certain recul les aléas et les petits bonheurs de son séjour professionnel à Shenzhen.
La première partie du récit raconte par anecdotes successives le sentiment d’isolement et de solitude ressentie par l’auteur. Puis dans la deuxième partie du récit, Delisle décide de ne pas subir son isolement en prenant en main le quotidien de son séjour. Alors, on suit avec amusement ses activités, ses rencontres… Il y a aussi L’escapade à Hong Kong véritable bouffée d’oxygène du séjour.
Ce récit plein d’humour est soutenu par une remarquable construction graphique. La variété du dessin (crayonné, au trait, lavis), le rythme des pages avec l’agencement des cases (sans textes, avec narration, avec dialogues, explicatives) rendent très vivante et agréable la lecture.
Le témoignage de Delisle est très attachant et délivre un message optimiste sur l’homme, un peu moins sur notre monde actuel.
Deuxième lecture pour moi d'un album de la collection "Pattes de mouche", j'ai été très agréablement surpris. Trondheim s'adapte parfaitement à ce format réduit et parvient à livrer une histoire assez dense malgré tout. Son dessin est encore plus minimaliste que d'habitude et son scénario joue sur la répétition avec succès; j'ai notamment adoré la fin avec la mort. L'achat me parait cependant superflu tant ça se lit vite.
Larcenet est décidément un auteur aux multiples facettes. Dans la même veine que "L’artiste de la famille", publié également aux Rêveurs, "Presque" voit Larcenet raconter ses onze mois de service militaire qu’il vécût comme l’enfer sur Terre. Son histoire est à la fois terrible est passionnante et il arrive, avec grand talent, à mettre sur papier son état d’esprit de l’époque et d’aujourd’hui.
L’alternance de petits crobars patatoïdes et de dessins beaucoup plus noirs ne rend pas l’album partagé en deux pour autant mais sert avec brio l’histoire: on a d'un côté la matérialisation sur le papier de son état d’esprit et de ses discussions familiales et, de l'autre, ses anecdotes (si l’on peut dire) militaires.
Une oeuvre très forte, qui aide avec "L’artiste de la famille" à mieux comprendre le Larcenet du "Combat ordinaire", un artiste bien difficile à cerner et au talent éblouissant.
Surprenant !
Cet album -- celui que j'ai le plus apprécié pour l'instant de David B. -- est un petit bijou d'étrangeté, d'aventures, de contes, de rêve et de poésie.
Le dessin de Guibert, absolument superbe tant dans son trait un peu épais que dans l'ambiance qu'il créé, y est certainement pour beaucoup. Mais l'histoire mêle avec un si grand naturel le quotidien et le fantastique, le réel et l'imaginaire, les personnages sont si attachants, avec leur touche de fatalité teintée d'un espoir que l'on devine sans forcément bien le comprendre d'abord, que l'on est embarqué dans ce souffle épique. Le personnage du commissaire ajoute à tout cela une touche d'humour bienvenue, qui m'a souvent fait naître un énorme sourire tant il est touchant.
Le dossier en fin d'album explique également beaucoup de choses, et j'ai été un peu déçu de ne pas l'avoir lu avant, car il permet de voir les sources d'inspiration et références de David B.
Bref, très bel album, et d'une lecture complètement absorbante.
Les récits qui ont pour thème la seconde guerre mondiale ne manquent pas, sur tous les supports. Emmanuel Guibert se propose de nous livrer sa contribution sur le sujet par le biais des souvenirs d'un soldat américain du nom d'Alan Cope. Après leur rencontre sur le tard, le dessinateur et le soldat ont décidé de mettre par écrit et sur dessins ces tranches de vie militaire. Il en résulte une œuvre sensible et merveilleusement mise en image, avec des teintes ocres et douces qui mettent en lumière le talent d'Emmanuel Guibert.
L'ambiance de ces deux premiers albums (en attendant la suite…) est vraiment à part, à la fois ouverte sur le monde et intimiste. On imagine très bien Guibert écouter avec une grande passion mâtinée de tendresse les souvenirs que raconte Cope, on l'imagine prendre des notes pour ne rien perdre de toutes ces anecdotes. Et on l'imagine ensuite se mettre fiévreusement à sa table de travail pour nous livrer le fruit de cette improbable rencontre.
Le propos est toujours mesuré, neutre et les pérégrinations du jeune Alan Cope n'en sont que plus intenses. C'est un jeune américain comme tous les autres qui débarque sur un continent loin de chez lui, pour aller combattre -de loin- l'ennemi allemand. Ses interrogations et ses étonnements nous semblent naturels, car derrière les particularités de cette époque, les questions et le facteur humain restent intemporels. C'est ce qui donne à cette série sa grandeur et sa beauté. Il se dégage de ces deux tomes un timbre de voix et une chaleur qui sont rares en matière de BD. On se retrouve à la fois témoins d'une époque marquante vue à travers les yeux d'un lointain protagoniste et à la fois simple lecteur d'une belle histoire bien racontée. On a envie que l'histoire ne s'arrête jamais, on a envie de l'emporter au coin du feu pour la lire toute la nuit pendant que le bois crépite dans la cheminée. Encore !
J'hésitais depuis longtemps à pénétrer dans l'univers des mangas tant les sujets et les dessins me semblaient éloignés de la finesse narrative et contemplative qui caractérise la littérature japonaise (notamment chez Yukio Mishima, Natsume Soseki ou Junichiro Tanizaki par ex).
Mes "a priori" ce sont effacés à la lecture de Quartier lointain.
"Ce que l'on appelle le beau n'est d'ordinaire qu'une sublimation des réalités de la vie."
Tanizaki - l'Eloge de l'ombre (dont je vous recommande vivement la lecture).
A la différence d'ArzaK, je suis loin d'avoir détesté cette série. Oui, le dessin en est bien souvent moche voire très moche. Mais le scénario en est original et relativement sans limite.
Il y a certaines nouvelles (car la série est une suite de nouvelles plus ou moins longues) qui sont franchement noires, voire gores, mais la plupart sont intéressantes et captivantes.
Plus je lis (et relis) les albums parus de Sandman, plus je suis fasciné par cet univers et admiratif devant l'auteur Neil Gaiman. Ce dernier m'impressionne carrément par ce monde incroyablement riche qu'il a su créer pour cette série. Il m'a fallu passer outre deux choses : le dessin, tout d'abord, qui est vraiment moche sur les premiers tomes (notamment au niveau des couleurs) mais auquel j'ai fini par m'habituer et qui est parfois très bon sur des histoires plus récentes, et la tendance qu'a Gaiman de mettre du vraiment sordide dans ses histoires (tueurs en séries, morts violentes, sadisme humain...). Mais passé cela, le reste de Sandman m'a touché de plus en plus au fil des tomes. Je trouve que le scénario et l'univers de Sandman se rapproche de la poésie lyrique. Il y a une telle force et une telle imagination dans cette série que je ressens l'impression de savourer une œuvre d'art d'un genre nouveau, quelque chose qui touche mon âme.
Quand, ajouté à cela, les histoires sont particulièrement bien construites, bien racontées et très prenantes, je lis vraiment Sandman avec passion.
Tant pis pour ce dessin médiocre et ces couleurs bizarres : Sandman est un chef d'oeuvre total pour moi.
Oeuvre que j'ai découverte il y a de nombreuses années, alors que je ne connaissais encore quasiment que les BDs jeunesse style Éditions Dupuis, elle m'a tout de suite marqué. J'avais à chaque lecture la gorge nouée à la fin de chacun des tomes. Bien sûr, "la Guerre Éternelle" n'est en rien une apologie de la guerre, tout au contraire. Il s'agit de la vie (ou de la survie) d'un homme ballotté dans un monde en guerre qu'il ne reconnaît plus, car ce n'est plus celui où il est né.
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La 27e lettre
Voila une histoire racontée de manière atypique. Abordée sous l'angle de la poésie et de l'impertinence (la scène du cabaret où le gamin parle d'amour illustre l'impertinence, et la manière dont l'amour est décrit tout au long de l'album est de la poésie pure), elle aurait pu partir dans une sorte de feux d'artifice un peu béat. Mais d'emblée le thème traité (la montée du nazisme), nous fait pressentir qu'il n'en sera rien. Et effectivement, il n'en est rien. A la force de l'amour est opposé le train de l'histoire, et la collision est rude. J'ai été surpris de la fin. C'est une douche froide. Et le dessin de Will, que je n'aime pas spécialement tant parfois je le trouve simpliste, touche soudain l'essentiel. Il fige le regard de l'enfant perdu et résigné et celui de la bête immonde. C'est terrifiant et ça sonne juste. Dernière précision, la mise en couleur directe m'a enchantée.
Le Jour des Magiciens
C’est rafraîchissant de découvrir une version contemporaine du genre Héroic/Fantasy. Le dessin de Nizzoli est simple, épuré mais beau et efficace. On sent toute la puissance du traître Lancaster, tout le potentiel du jeune Drazen retenu prisonnier dans une forteresse hors du temps, et toute la fragilité d’Anja. Cette dernière, après avoir espéré le retour de Drazen pendant 12 ans, décide de ne plus l’attendre, et de vivre pleinement sa vie de jeune femme. Malgré toute sa détermination, elle ne parviendra pas à mettre fin à tous les phénomènes étranges qui ont entourés son enfance et son adolescence, car le machiavélique Lancaster a besoin d’elle. Ce premier tome contient plusieurs scènes très originales et très intenses. Le prochain tome est, pour moi, vendu d’avance
Shenzhen
« Shenzhen » récit autobiographique ou impressions de séjour sur les difficultés de communication dans une zone d’économie transitoire déshumanisée. Coincée entre la Chine communiste et Hong Kong la capitaliste, Shenzhen est une chimère sur la voie du bonheur, rappelant par certains aspects les grands ensembles de nos banlieues. Delisle raconte avec humour et un certain recul les aléas et les petits bonheurs de son séjour professionnel à Shenzhen. La première partie du récit raconte par anecdotes successives le sentiment d’isolement et de solitude ressentie par l’auteur. Puis dans la deuxième partie du récit, Delisle décide de ne pas subir son isolement en prenant en main le quotidien de son séjour. Alors, on suit avec amusement ses activités, ses rencontres… Il y a aussi L’escapade à Hong Kong véritable bouffée d’oxygène du séjour. Ce récit plein d’humour est soutenu par une remarquable construction graphique. La variété du dessin (crayonné, au trait, lavis), le rythme des pages avec l’agencement des cases (sans textes, avec narration, avec dialogues, explicatives) rendent très vivante et agréable la lecture. Le témoignage de Delisle est très attachant et délivre un message optimiste sur l’homme, un peu moins sur notre monde actuel.
Non, Non, Non
Deuxième lecture pour moi d'un album de la collection "Pattes de mouche", j'ai été très agréablement surpris. Trondheim s'adapte parfaitement à ce format réduit et parvient à livrer une histoire assez dense malgré tout. Son dessin est encore plus minimaliste que d'habitude et son scénario joue sur la répétition avec succès; j'ai notamment adoré la fin avec la mort. L'achat me parait cependant superflu tant ça se lit vite.
Presque
Larcenet est décidément un auteur aux multiples facettes. Dans la même veine que "L’artiste de la famille", publié également aux Rêveurs, "Presque" voit Larcenet raconter ses onze mois de service militaire qu’il vécût comme l’enfer sur Terre. Son histoire est à la fois terrible est passionnante et il arrive, avec grand talent, à mettre sur papier son état d’esprit de l’époque et d’aujourd’hui. L’alternance de petits crobars patatoïdes et de dessins beaucoup plus noirs ne rend pas l’album partagé en deux pour autant mais sert avec brio l’histoire: on a d'un côté la matérialisation sur le papier de son état d’esprit et de ses discussions familiales et, de l'autre, ses anecdotes (si l’on peut dire) militaires. Une oeuvre très forte, qui aide avec "L’artiste de la famille" à mieux comprendre le Larcenet du "Combat ordinaire", un artiste bien difficile à cerner et au talent éblouissant.
Le Capitaine Ecarlate
Surprenant ! Cet album -- celui que j'ai le plus apprécié pour l'instant de David B. -- est un petit bijou d'étrangeté, d'aventures, de contes, de rêve et de poésie. Le dessin de Guibert, absolument superbe tant dans son trait un peu épais que dans l'ambiance qu'il créé, y est certainement pour beaucoup. Mais l'histoire mêle avec un si grand naturel le quotidien et le fantastique, le réel et l'imaginaire, les personnages sont si attachants, avec leur touche de fatalité teintée d'un espoir que l'on devine sans forcément bien le comprendre d'abord, que l'on est embarqué dans ce souffle épique. Le personnage du commissaire ajoute à tout cela une touche d'humour bienvenue, qui m'a souvent fait naître un énorme sourire tant il est touchant. Le dossier en fin d'album explique également beaucoup de choses, et j'ai été un peu déçu de ne pas l'avoir lu avant, car il permet de voir les sources d'inspiration et références de David B. Bref, très bel album, et d'une lecture complètement absorbante.
La guerre d'Alan
Les récits qui ont pour thème la seconde guerre mondiale ne manquent pas, sur tous les supports. Emmanuel Guibert se propose de nous livrer sa contribution sur le sujet par le biais des souvenirs d'un soldat américain du nom d'Alan Cope. Après leur rencontre sur le tard, le dessinateur et le soldat ont décidé de mettre par écrit et sur dessins ces tranches de vie militaire. Il en résulte une œuvre sensible et merveilleusement mise en image, avec des teintes ocres et douces qui mettent en lumière le talent d'Emmanuel Guibert. L'ambiance de ces deux premiers albums (en attendant la suite…) est vraiment à part, à la fois ouverte sur le monde et intimiste. On imagine très bien Guibert écouter avec une grande passion mâtinée de tendresse les souvenirs que raconte Cope, on l'imagine prendre des notes pour ne rien perdre de toutes ces anecdotes. Et on l'imagine ensuite se mettre fiévreusement à sa table de travail pour nous livrer le fruit de cette improbable rencontre. Le propos est toujours mesuré, neutre et les pérégrinations du jeune Alan Cope n'en sont que plus intenses. C'est un jeune américain comme tous les autres qui débarque sur un continent loin de chez lui, pour aller combattre -de loin- l'ennemi allemand. Ses interrogations et ses étonnements nous semblent naturels, car derrière les particularités de cette époque, les questions et le facteur humain restent intemporels. C'est ce qui donne à cette série sa grandeur et sa beauté. Il se dégage de ces deux tomes un timbre de voix et une chaleur qui sont rares en matière de BD. On se retrouve à la fois témoins d'une époque marquante vue à travers les yeux d'un lointain protagoniste et à la fois simple lecteur d'une belle histoire bien racontée. On a envie que l'histoire ne s'arrête jamais, on a envie de l'emporter au coin du feu pour la lire toute la nuit pendant que le bois crépite dans la cheminée. Encore !
Quartier lointain
J'hésitais depuis longtemps à pénétrer dans l'univers des mangas tant les sujets et les dessins me semblaient éloignés de la finesse narrative et contemplative qui caractérise la littérature japonaise (notamment chez Yukio Mishima, Natsume Soseki ou Junichiro Tanizaki par ex). Mes "a priori" ce sont effacés à la lecture de Quartier lointain. "Ce que l'on appelle le beau n'est d'ordinaire qu'une sublimation des réalités de la vie." Tanizaki - l'Eloge de l'ombre (dont je vous recommande vivement la lecture).
Sandman
A la différence d'ArzaK, je suis loin d'avoir détesté cette série. Oui, le dessin en est bien souvent moche voire très moche. Mais le scénario en est original et relativement sans limite. Il y a certaines nouvelles (car la série est une suite de nouvelles plus ou moins longues) qui sont franchement noires, voire gores, mais la plupart sont intéressantes et captivantes. Plus je lis (et relis) les albums parus de Sandman, plus je suis fasciné par cet univers et admiratif devant l'auteur Neil Gaiman. Ce dernier m'impressionne carrément par ce monde incroyablement riche qu'il a su créer pour cette série. Il m'a fallu passer outre deux choses : le dessin, tout d'abord, qui est vraiment moche sur les premiers tomes (notamment au niveau des couleurs) mais auquel j'ai fini par m'habituer et qui est parfois très bon sur des histoires plus récentes, et la tendance qu'a Gaiman de mettre du vraiment sordide dans ses histoires (tueurs en séries, morts violentes, sadisme humain...). Mais passé cela, le reste de Sandman m'a touché de plus en plus au fil des tomes. Je trouve que le scénario et l'univers de Sandman se rapproche de la poésie lyrique. Il y a une telle force et une telle imagination dans cette série que je ressens l'impression de savourer une œuvre d'art d'un genre nouveau, quelque chose qui touche mon âme. Quand, ajouté à cela, les histoires sont particulièrement bien construites, bien racontées et très prenantes, je lis vraiment Sandman avec passion. Tant pis pour ce dessin médiocre et ces couleurs bizarres : Sandman est un chef d'oeuvre total pour moi.
La Guerre Eternelle
Oeuvre que j'ai découverte il y a de nombreuses années, alors que je ne connaissais encore quasiment que les BDs jeunesse style Éditions Dupuis, elle m'a tout de suite marqué. J'avais à chaque lecture la gorge nouée à la fin de chacun des tomes. Bien sûr, "la Guerre Éternelle" n'est en rien une apologie de la guerre, tout au contraire. Il s'agit de la vie (ou de la survie) d'un homme ballotté dans un monde en guerre qu'il ne reconnaît plus, car ce n'est plus celui où il est né. Je ne peux que vous inviter à la lire.