La rentrée 2004 a vu apparaitre son lot de nouvelles séries dans les rayons de votre librairie préférées, et les éditions Delcourt ont elles aussi, bien entendu, participé à la fête.
Parmis les sorties de cet éditeur, Alim le tanneur mérite particulièrement qu'on s'attarde à sa lecture. Malgré une couverture qui ne paie pas de mine, ce premier tome renferme en effet un monde superbe, aux couleurs acidulées et aux ambiances orientales.
Ce qui frappe, c'est l'originalité de l'oeuvre. Dans le domaine de l'heroic Fantasy, on pensait avoir depuis longtemps fait le tour de la question. mais les auteurs nous proposent ici une vision radicalement différente de ce à quoi Soleil nous a habitué depuis bien longtemps.
Par la narration, tout d'abord : c'est doux, tendre, drôle. Les 3 héros catapultés malgré eux dans une histoire qui les dépasse sont attendrissants, et l'on s'y attache très vite.
La petite Bul est adorable...
Le dessin est superbe. Décors fouillés, mise en page superbe, couleurs chatoyantes... Si seulement toutes les BD colorées à l'ordi étaient de ce niveau...
Le trait est résoluement cartoon, et l'étude du design général lorgne franchement du coté des codes graphiques Indoux. La créature éléphantesque du début de l'album, parée de ses défenses massives, fait vraiment rêver !
Une grande surprise, un incroyable premier album. Moi qui m'inquiétait des dernières sorties Delcourt, me voilà bien rassuré.
Une série qui risque de passer culte si la suite est du même accabit !
On m'avait averti : scénario un peu "complexe", d'où une lecture difficile possible... Mais pour ma part, la magie a opéré, et tout coule de source. Tant mieux !
Bien sûr, il reste des zones d'ombres - mais c'est bien là tout l'intérêt d'un polar de qualité, à mes yeux.
Alors, qu'avons-nous là : une histoire sombre, mais aux allures classiques, où s'entrecroisent relations viriles, ambiances années 40-50, et allusions fantastiques. Mais aussi une autre histoire, issue d'une mutinerie, qui verra évoluer de véritables Robinsons Crusoés. Entre ces deux histoires, apparemment aucune liaison... pour le moment !
Les personnages sont bien campés, leur psychologie développée, leur background travaillé. On sent une réelle recherche de la part du scénariste pour rendre son récit réaliste et occulte.
Le trait de Patrick Laumont n'est à mes yeux qu'un réceptacle à la couleur de Sébastien Gérard. Cette dernière est tout simplement sublime : informatique, elle n'oublie pourtant pas d'être chaleureuse et génératrice d'ambiances fortes, très présentes. Les scènes concernant l'île perdue sont tout simplement superbes !
C'est donc avant tout le travail du coloriste qui est éblouissant. J'en redemande !
Un premier album qui mérite vraiment le détour, et nous fait espérer une suite du même accabit. Connaissant la production de Filippi, je n'en doute pas une minute.
C'est à la fois sincère, d'une auto-dérision extrème, et particulièrement drôle : cet album autobiographique de Trondheim est un must pour tout adorateur de l'auteur.
Sa vision du monde, ses craintes, tous ces petits rien : là où un auteur comme Boilet à mes yeux ne ressort que le côté le plus chiant de la vie, Trondheim nous en propose cette parcelle si savoureuse, et ce malgré ce pessimisme omniprésent qui si souvent nous fait sourire.
Les lecteurs d'indé' seront ravis de reconnaitre les têtes pensantes de l'Association : Manu, Sfar, Konture... croqués sous le trait de Trondheim. Le fait de rentrer dans l'intimité de l'auteur sans pour autant assister à une vision ultranombriliste (Autobiographies souvent sans réel recul que je déteste), d'appartenir au petit monde de Lewis, est particulièrement prenant. On apprend à comprendre sa vision de l'univers dans lequel il vit, et on relit ses oeuvres avec un interêt différent.
Le dessin est typiquement "Lapinesque" : "le moins baclé", comme il se plairait à dire. Personnellement adepte de son trait épuré, grossier et chargé d'émotions (qui mieux que Trondheim peut exprimer des sentiments à l'aide d'un rond et de quatre traits, comme dans Mister O ?), j'ai beaucoup apprécié cet album-ci, en noir et blanc.
Bon, le problème de ce genre d'album réside dans l'interet de lecture sucité chez le lecteur, avant tout basé sur son ressenti. Chez moi, cela fonctionne à merveille. Et chez vous ?
Quelle belle histoire !
J'avais découvert le talent narratif de David B. par l'intermédiaire de différentes oeuvres, dont son fer de lance, l'Ascension du Haut Mal. Je lorgnais donc depuis un certain temps sur cet album, tant la collection Air Libre regorge de merveilles que tout BDphile se doit de découvrir.
L'histoire est particulièrement originale, et suivre les péripéties de ces pirates parisiens, menés par la poigne du Capitaine Ecarlate, s'averre être vraiment palpitant. Les différents personnages sont fins et bien pensés, leurs dialogues touchent, et l'histoire ne s'ouffre d'aucun problème de rythme - vive la narration de David B., qui une fois de plus nous transporte.
Mais c'est le trait de Guibert qui m'a réellement séduit. Je ne connaissais pas son travail auparavant (bien que je le savais coauteur de "La fille du professeur"), mais ses encrages superbes, alliés à une mise en couleur génératrice d'ambiance, révélatrice d'ombres et de lumières, sont de toute beauté.
La narration de David B. alliée à la finesse graphique de Guibert : voici un album qui ne devrait pas tarder à entrer dans votre collection, si vous aimez les belles histoires originales, qui font voyager.
Et bien moi, je la trouve bien sympathique, cette petite BD, à l'inverse des posteurs précédents. Tout simplement parceque dans si peut de page, j'ai retrouvé un condensé de ce que j'aime chez Marc Antoine Mathieu :
- Son style graphique Noir et Blanc pur, léché, que je trouve irréprochable, et ce, depuis la couverture. L'ombre et la lumière y sont représentés avec un contraste évident, et l'ambiance qui se dégage de ce dessin, tendance "étrange obscure", me plait particulièrement.
- Une idée de base simple mais efficace. Bien entendu, on n'a pas la place dans un "pattes de mouche" de développer une trame scénaristique digne d'un album de 48 pages. Encore faut-il utiliser au mieux l'espace alloué à la créativité, ce que MAM fait parfaitement.
Au final, j'ai adoré, entre autre parceque pour moi, la relation entre l'oeuvre de cet auteur et "Les cités obscures" est évidente : même climat complètement obscurantiste, même délire léger...
Ca ne plaira pas à tout le monde, j'en suis persuadé. Mais il serait dommage de ne pas tenter la lecture de ce petit bijou...
Moi qui suis particulièrement intéressé par les romans et films de Samurais, je suis particulièrement content de trouver ce genre d'albums dans le monde de la bande dessinée.
Une histoire active, dynamique, laissant la part belle à l'action tout en instaurant un scénario complet et très lisible, voilà un premier opus d'une série qu'il va falloir suivre de près !
Premier tome d'un diptyque (Le cycle de l'eau), cet ouvrage nous fait découvrir les compagnons de Okko, qui ne manquent pas de caractère. Un géant Guerrier, un moine alcoolique, et un chasseur de démons : voici un groupe particulièrement original qui va se retrouver plongé malgré lui dans les miasmes du trafic de prostituées japonaises.
C'est bien écrit, mais c'est beau, surtout. Le dessin, malgré une colorisation informatique, ne manque pas de punch. C'est clair, très lisible, et dynamique.
Si vous souhaitez découvrir un ouvrage prenant lieu au Japon médiéval, beaucoup plus facile d'accès que Kaze No Sho de Tanigushi (mais aussi sacrément plus axé sur l'action !), Ce premier volume des chroniques d'Okko est fait pour vous !
Superbe album de Simon Hureau, de ceux qui vous touchent vraiment.
Pourtant, tout peu sembler ultra-caricatural, à l'extrême : issue d'une famille d'"animaux" (La horde) ou violence, sexe et avilissement fait partie du quotidien, la petite Colombe, maltraitée, se retrouve à 3 ans dans une famille qui la surcouve au point de l'empêcher clairement de s'ouvrir au monde.
Ultra-naïve et candide, elle se plait à vendre son pain, avec pour seul rêve celui de pouvoir s'échapper, loin...
Simon Hureau, que je ne connaissais pas avant la lecture de cet album, frappe très fort, malgré cette vision caricaturale évidente. On se surprend à rire, mais aussi à endurer certaines images fortes, comme le retour "parmi les siens", vraiment effrayant, réellement dur.
Son dessin, tout en monochromie, sait souligner la dureté du récit, mais aussi le rendre léger quand l'heure est à la paix. Les encrages sont très séduisants, le trait régulier et propre, mais aussi typique de la bande dessinée indépendante.
On ne peut pas rester insensible à cet album, surtout lorsque l'on sait qu'il est inspiré d'un fait réel. Toutefois, attention à la fin qui n'est pas rose...
Un très bel album, que je vous recommande particulièrement.
Je n'ai jamais été un grand fan du "vent dans les saules". S'il est clair que je ne pouvais être indifférent au style graphique jubilatoire de Plessix, j'avoue que le ton me semblait trop "enfantin", dans le sens péjoratif du terme.
J'ai lu bien des séries "Jeunesse", et j'en ai aimé grand nombres. Pour leur innocence, le plus souvent. Mais "le vent dans les Saules" avait ce côté beaucoup trop mielleux qui m'agaçait parfois (bonne série tout de même !).
Ici, Michel Plessix se sent plus libre, non "contraint" par le scénario originel d'un hypothétique roman. Seul maître à bord, il ne sacrifie pas pour autant ses petits personnages, qui restent tels qu'on les a connu auparavant : mignons, malins.. les fans de la série originelle seront aux anges.
Mais ce qui transporte, ce n'est pas seulement ce dessin superbe à en pleurer, mais aussi cette narration, cette invitation au voyage... Le nom de ce tome ne pouvait pas être mieux choisi. C'est bien simple, s'il ne tenait qu'à moi, je prendrais le premier avion pour l'aventure dès ce soir ;)
Arwen relève un détail important : la relative lourdeur de certaines cases. N'allez pas voir là un défaut du dessinateur, mais bien de la maison d'édition : imprimer un tel album sur un petit format, c'est un gachis incroyable :(
Mais bon, le grand format n'est pas adapté à la cible, paraît-il... :(
Au final, un album comme j'en lis rarement, et qui mérite amplement de faire partie de votre bibliothèque.
Moi, j'aime !
Le style que les jeunes auteurs italiens exposent au monde de la bande dessinée me plait particulièrement, tout éditeur confondu. Et ce serait faire erreur que de se limiter aux maîtres Barbucci et Canepa (Sky Doll, chez Soleil, pour ceux du fond).
En effet, ces oeuvres sont souvent empreintes d'une ambiance légere, très agréable. Le scénario, quant à lui, se trouve ici être assez complexe. La mise en place d'un univers composé de 7 mondes donne en effet du fil à retordre au scénariste, qui pour le coup, semble se régaler.
Le dessin est léché, même si parfois le trait est un peu gras. La mise en couleur, elle, force le respect dans la plupart des planches de cet album (il m'est arrivé de bloquer plusieurs fois sur des cases superbes, à la lecture), permettant l'instauration d'une ambiance très particulière, dans un monde assez original, et en définitive assez proche de ce que l'on peut trouver d'autres chez les humanos, dans le trip Heroic Fantasy.
Et surtout, ne vous arretez pas au premier tome.. si celui-ci a la lourde tache d'introduire le récit, le tome 2 est bien meilleur :)
Lola, cette pute sous acide 24h/24, est principale coupable d'un double meurtre.
Son alibi ? Elle n'a rien à voir avec tout ça, c'est les extraterrestres qui ont fait le coup, et ces enfoirés s'apprètent à détruire notre monde ! Rien que ça...
Lola Cordova fait office d'OVNI dans le monde de la Bande dessinée : scénario trash complètement décalé, style graphique changeant de page en page mais frisant en permanence le délire pictural, dessin à la fois glamour, acide, ultra-inspiré et on ne peut plus personnel...
La narration elle-même semble sortie tout droit d'un album de Bendis - La toute première scène est flagrante ! Conversation détachée des perso', multiplication des bulles vides de sens mais rigoureusement indispensables à l'ambiance qui se dégage de l'album, tout est là pour instaurer un univers à la limite du (bad ?) trip dans lequel baignent les différents protagonistes de l'histoire. Tout s'embrouille, on se débrouille, et au final rien n'est plus clair que le récit de Qwak, réglé au mm près.
Entre les drogués au cul de Lola, les flics trop crédules pour être honnêtes, et l'héroïne nympho qui baise tout ce qui bouge, la galerie est pour le moins atypique. Pourtant, ne vous méprenez pas ! Lola Cordova n'est pas une BD X, mais bien un délire graphique trash sur fond d'aventure speedée sous acide.
Toutefois, ma note n'est pas motivée uniquement par cette ambiance hors du commun, mais par, avant tout, le scénar' de Qwak. Le traitement est très dynamique, l'histoire sans temps mort : on VEUT croire Lola, que ce soit vrai ou faux ! Mais pourtant, impossible de savoir si cette hystérique, dont la mère est sa dealer, raconte tout ce qu'elle peut pendant qu'elle tient encore debout, ou si la survie de l'humanité ne dépend que d'elle.
Le délire graphique, parlons-en : La mise en couleur tue tout. Au feuilletage de l'album, on risque d'être surpris, voir déçu : ca semble moche, vulgaire. Mais une fois dedans... c'est d'une intelligence ! Alliée au découpage hors du commun de l'album (ça fait souvent penser à du Ledroit, mais ca reste plus lisible que du Ledroit), elle permet de projeter au lecteur un univers improbablement réel et pourtant rigoureusement tangible. Ca brule la rétine :)
Bref, Lola Cordova sonne comme une mauvaise nuit. Un ramassis de souvenirs nauséeux baigné dans la drogue, le sexe et la science-fiction.
Et croyez-moi, jusqu'à la fin de l'album, on aimerait y croire, à l'histoire de Lola ! Alors, gros trip mystique ou fin du monde annoncé ? Je vous laisse découvrir cela par vous même ;)
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Alim le tanneur
La rentrée 2004 a vu apparaitre son lot de nouvelles séries dans les rayons de votre librairie préférées, et les éditions Delcourt ont elles aussi, bien entendu, participé à la fête. Parmis les sorties de cet éditeur, Alim le tanneur mérite particulièrement qu'on s'attarde à sa lecture. Malgré une couverture qui ne paie pas de mine, ce premier tome renferme en effet un monde superbe, aux couleurs acidulées et aux ambiances orientales. Ce qui frappe, c'est l'originalité de l'oeuvre. Dans le domaine de l'heroic Fantasy, on pensait avoir depuis longtemps fait le tour de la question. mais les auteurs nous proposent ici une vision radicalement différente de ce à quoi Soleil nous a habitué depuis bien longtemps. Par la narration, tout d'abord : c'est doux, tendre, drôle. Les 3 héros catapultés malgré eux dans une histoire qui les dépasse sont attendrissants, et l'on s'y attache très vite. La petite Bul est adorable... Le dessin est superbe. Décors fouillés, mise en page superbe, couleurs chatoyantes... Si seulement toutes les BD colorées à l'ordi étaient de ce niveau... Le trait est résoluement cartoon, et l'étude du design général lorgne franchement du coté des codes graphiques Indoux. La créature éléphantesque du début de l'album, parée de ses défenses massives, fait vraiment rêver ! Une grande surprise, un incroyable premier album. Moi qui m'inquiétait des dernières sorties Delcourt, me voilà bien rassuré. Une série qui risque de passer culte si la suite est du même accabit !
John Lord
On m'avait averti : scénario un peu "complexe", d'où une lecture difficile possible... Mais pour ma part, la magie a opéré, et tout coule de source. Tant mieux ! Bien sûr, il reste des zones d'ombres - mais c'est bien là tout l'intérêt d'un polar de qualité, à mes yeux. Alors, qu'avons-nous là : une histoire sombre, mais aux allures classiques, où s'entrecroisent relations viriles, ambiances années 40-50, et allusions fantastiques. Mais aussi une autre histoire, issue d'une mutinerie, qui verra évoluer de véritables Robinsons Crusoés. Entre ces deux histoires, apparemment aucune liaison... pour le moment ! Les personnages sont bien campés, leur psychologie développée, leur background travaillé. On sent une réelle recherche de la part du scénariste pour rendre son récit réaliste et occulte. Le trait de Patrick Laumont n'est à mes yeux qu'un réceptacle à la couleur de Sébastien Gérard. Cette dernière est tout simplement sublime : informatique, elle n'oublie pourtant pas d'être chaleureuse et génératrice d'ambiances fortes, très présentes. Les scènes concernant l'île perdue sont tout simplement superbes ! C'est donc avant tout le travail du coloriste qui est éblouissant. J'en redemande ! Un premier album qui mérite vraiment le détour, et nous fait espérer une suite du même accabit. Connaissant la production de Filippi, je n'en doute pas une minute.
Approximativement
C'est à la fois sincère, d'une auto-dérision extrème, et particulièrement drôle : cet album autobiographique de Trondheim est un must pour tout adorateur de l'auteur. Sa vision du monde, ses craintes, tous ces petits rien : là où un auteur comme Boilet à mes yeux ne ressort que le côté le plus chiant de la vie, Trondheim nous en propose cette parcelle si savoureuse, et ce malgré ce pessimisme omniprésent qui si souvent nous fait sourire. Les lecteurs d'indé' seront ravis de reconnaitre les têtes pensantes de l'Association : Manu, Sfar, Konture... croqués sous le trait de Trondheim. Le fait de rentrer dans l'intimité de l'auteur sans pour autant assister à une vision ultranombriliste (Autobiographies souvent sans réel recul que je déteste), d'appartenir au petit monde de Lewis, est particulièrement prenant. On apprend à comprendre sa vision de l'univers dans lequel il vit, et on relit ses oeuvres avec un interêt différent. Le dessin est typiquement "Lapinesque" : "le moins baclé", comme il se plairait à dire. Personnellement adepte de son trait épuré, grossier et chargé d'émotions (qui mieux que Trondheim peut exprimer des sentiments à l'aide d'un rond et de quatre traits, comme dans Mister O ?), j'ai beaucoup apprécié cet album-ci, en noir et blanc. Bon, le problème de ce genre d'album réside dans l'interet de lecture sucité chez le lecteur, avant tout basé sur son ressenti. Chez moi, cela fonctionne à merveille. Et chez vous ?
Le Capitaine Ecarlate
Quelle belle histoire ! J'avais découvert le talent narratif de David B. par l'intermédiaire de différentes oeuvres, dont son fer de lance, l'Ascension du Haut Mal. Je lorgnais donc depuis un certain temps sur cet album, tant la collection Air Libre regorge de merveilles que tout BDphile se doit de découvrir. L'histoire est particulièrement originale, et suivre les péripéties de ces pirates parisiens, menés par la poigne du Capitaine Ecarlate, s'averre être vraiment palpitant. Les différents personnages sont fins et bien pensés, leurs dialogues touchent, et l'histoire ne s'ouffre d'aucun problème de rythme - vive la narration de David B., qui une fois de plus nous transporte. Mais c'est le trait de Guibert qui m'a réellement séduit. Je ne connaissais pas son travail auparavant (bien que je le savais coauteur de "La fille du professeur"), mais ses encrages superbes, alliés à une mise en couleur génératrice d'ambiance, révélatrice d'ombres et de lumières, sont de toute beauté. La narration de David B. alliée à la finesse graphique de Guibert : voici un album qui ne devrait pas tarder à entrer dans votre collection, si vous aimez les belles histoires originales, qui font voyager.
La mutation
Et bien moi, je la trouve bien sympathique, cette petite BD, à l'inverse des posteurs précédents. Tout simplement parceque dans si peut de page, j'ai retrouvé un condensé de ce que j'aime chez Marc Antoine Mathieu : - Son style graphique Noir et Blanc pur, léché, que je trouve irréprochable, et ce, depuis la couverture. L'ombre et la lumière y sont représentés avec un contraste évident, et l'ambiance qui se dégage de ce dessin, tendance "étrange obscure", me plait particulièrement. - Une idée de base simple mais efficace. Bien entendu, on n'a pas la place dans un "pattes de mouche" de développer une trame scénaristique digne d'un album de 48 pages. Encore faut-il utiliser au mieux l'espace alloué à la créativité, ce que MAM fait parfaitement. Au final, j'ai adoré, entre autre parceque pour moi, la relation entre l'oeuvre de cet auteur et "Les cités obscures" est évidente : même climat complètement obscurantiste, même délire léger... Ca ne plaira pas à tout le monde, j'en suis persuadé. Mais il serait dommage de ne pas tenter la lecture de ce petit bijou...
Okko
Moi qui suis particulièrement intéressé par les romans et films de Samurais, je suis particulièrement content de trouver ce genre d'albums dans le monde de la bande dessinée. Une histoire active, dynamique, laissant la part belle à l'action tout en instaurant un scénario complet et très lisible, voilà un premier opus d'une série qu'il va falloir suivre de près ! Premier tome d'un diptyque (Le cycle de l'eau), cet ouvrage nous fait découvrir les compagnons de Okko, qui ne manquent pas de caractère. Un géant Guerrier, un moine alcoolique, et un chasseur de démons : voici un groupe particulièrement original qui va se retrouver plongé malgré lui dans les miasmes du trafic de prostituées japonaises. C'est bien écrit, mais c'est beau, surtout. Le dessin, malgré une colorisation informatique, ne manque pas de punch. C'est clair, très lisible, et dynamique. Si vous souhaitez découvrir un ouvrage prenant lieu au Japon médiéval, beaucoup plus facile d'accès que Kaze No Sho de Tanigushi (mais aussi sacrément plus axé sur l'action !), Ce premier volume des chroniques d'Okko est fait pour vous !
Colombe et la Horde
Superbe album de Simon Hureau, de ceux qui vous touchent vraiment. Pourtant, tout peu sembler ultra-caricatural, à l'extrême : issue d'une famille d'"animaux" (La horde) ou violence, sexe et avilissement fait partie du quotidien, la petite Colombe, maltraitée, se retrouve à 3 ans dans une famille qui la surcouve au point de l'empêcher clairement de s'ouvrir au monde. Ultra-naïve et candide, elle se plait à vendre son pain, avec pour seul rêve celui de pouvoir s'échapper, loin... Simon Hureau, que je ne connaissais pas avant la lecture de cet album, frappe très fort, malgré cette vision caricaturale évidente. On se surprend à rire, mais aussi à endurer certaines images fortes, comme le retour "parmi les siens", vraiment effrayant, réellement dur. Son dessin, tout en monochromie, sait souligner la dureté du récit, mais aussi le rendre léger quand l'heure est à la paix. Les encrages sont très séduisants, le trait régulier et propre, mais aussi typique de la bande dessinée indépendante. On ne peut pas rester insensible à cet album, surtout lorsque l'on sait qu'il est inspiré d'un fait réel. Toutefois, attention à la fin qui n'est pas rose... Un très bel album, que je vous recommande particulièrement.
Le Vent dans les Sables
Je n'ai jamais été un grand fan du "vent dans les saules". S'il est clair que je ne pouvais être indifférent au style graphique jubilatoire de Plessix, j'avoue que le ton me semblait trop "enfantin", dans le sens péjoratif du terme. J'ai lu bien des séries "Jeunesse", et j'en ai aimé grand nombres. Pour leur innocence, le plus souvent. Mais "le vent dans les Saules" avait ce côté beaucoup trop mielleux qui m'agaçait parfois (bonne série tout de même !). Ici, Michel Plessix se sent plus libre, non "contraint" par le scénario originel d'un hypothétique roman. Seul maître à bord, il ne sacrifie pas pour autant ses petits personnages, qui restent tels qu'on les a connu auparavant : mignons, malins.. les fans de la série originelle seront aux anges. Mais ce qui transporte, ce n'est pas seulement ce dessin superbe à en pleurer, mais aussi cette narration, cette invitation au voyage... Le nom de ce tome ne pouvait pas être mieux choisi. C'est bien simple, s'il ne tenait qu'à moi, je prendrais le premier avion pour l'aventure dès ce soir ;) Arwen relève un détail important : la relative lourdeur de certaines cases. N'allez pas voir là un défaut du dessinateur, mais bien de la maison d'édition : imprimer un tel album sur un petit format, c'est un gachis incroyable :( Mais bon, le grand format n'est pas adapté à la cible, paraît-il... :( Au final, un album comme j'en lis rarement, et qui mérite amplement de faire partie de votre bibliothèque.
L'Anneau des 7 Mondes
Moi, j'aime ! Le style que les jeunes auteurs italiens exposent au monde de la bande dessinée me plait particulièrement, tout éditeur confondu. Et ce serait faire erreur que de se limiter aux maîtres Barbucci et Canepa (Sky Doll, chez Soleil, pour ceux du fond). En effet, ces oeuvres sont souvent empreintes d'une ambiance légere, très agréable. Le scénario, quant à lui, se trouve ici être assez complexe. La mise en place d'un univers composé de 7 mondes donne en effet du fil à retordre au scénariste, qui pour le coup, semble se régaler. Le dessin est léché, même si parfois le trait est un peu gras. La mise en couleur, elle, force le respect dans la plupart des planches de cet album (il m'est arrivé de bloquer plusieurs fois sur des cases superbes, à la lecture), permettant l'instauration d'une ambiance très particulière, dans un monde assez original, et en définitive assez proche de ce que l'on peut trouver d'autres chez les humanos, dans le trip Heroic Fantasy. Et surtout, ne vous arretez pas au premier tome.. si celui-ci a la lourde tache d'introduire le récit, le tome 2 est bien meilleur :)
Apocalypse selon Lola (Lola Cordova)
Lola, cette pute sous acide 24h/24, est principale coupable d'un double meurtre. Son alibi ? Elle n'a rien à voir avec tout ça, c'est les extraterrestres qui ont fait le coup, et ces enfoirés s'apprètent à détruire notre monde ! Rien que ça... Lola Cordova fait office d'OVNI dans le monde de la Bande dessinée : scénario trash complètement décalé, style graphique changeant de page en page mais frisant en permanence le délire pictural, dessin à la fois glamour, acide, ultra-inspiré et on ne peut plus personnel... La narration elle-même semble sortie tout droit d'un album de Bendis - La toute première scène est flagrante ! Conversation détachée des perso', multiplication des bulles vides de sens mais rigoureusement indispensables à l'ambiance qui se dégage de l'album, tout est là pour instaurer un univers à la limite du (bad ?) trip dans lequel baignent les différents protagonistes de l'histoire. Tout s'embrouille, on se débrouille, et au final rien n'est plus clair que le récit de Qwak, réglé au mm près. Entre les drogués au cul de Lola, les flics trop crédules pour être honnêtes, et l'héroïne nympho qui baise tout ce qui bouge, la galerie est pour le moins atypique. Pourtant, ne vous méprenez pas ! Lola Cordova n'est pas une BD X, mais bien un délire graphique trash sur fond d'aventure speedée sous acide. Toutefois, ma note n'est pas motivée uniquement par cette ambiance hors du commun, mais par, avant tout, le scénar' de Qwak. Le traitement est très dynamique, l'histoire sans temps mort : on VEUT croire Lola, que ce soit vrai ou faux ! Mais pourtant, impossible de savoir si cette hystérique, dont la mère est sa dealer, raconte tout ce qu'elle peut pendant qu'elle tient encore debout, ou si la survie de l'humanité ne dépend que d'elle. Le délire graphique, parlons-en : La mise en couleur tue tout. Au feuilletage de l'album, on risque d'être surpris, voir déçu : ca semble moche, vulgaire. Mais une fois dedans... c'est d'une intelligence ! Alliée au découpage hors du commun de l'album (ça fait souvent penser à du Ledroit, mais ca reste plus lisible que du Ledroit), elle permet de projeter au lecteur un univers improbablement réel et pourtant rigoureusement tangible. Ca brule la rétine :) Bref, Lola Cordova sonne comme une mauvaise nuit. Un ramassis de souvenirs nauséeux baigné dans la drogue, le sexe et la science-fiction. Et croyez-moi, jusqu'à la fin de l'album, on aimerait y croire, à l'histoire de Lola ! Alors, gros trip mystique ou fin du monde annoncé ? Je vous laisse découvrir cela par vous même ;)