Ouverture. Une ambiance de calme et de soleil irrigue les premières cases muettes. En compagnie de la petite Luce, gamine de six ans en vacances chez son papi, on entreprend la visite guidée d’un petit village champêtre, passage en revue obligé de lieux bucoliques et autres clichés pittoresques. Le potager du grand-père, le marché braillard, le café du coin avec ses petits vieux chamailleurs et radoteurs, une ballade qui laisse entrevoir les prémisses d’une douce peinture pastorale façon Pagnol. À un détail près : les apparitions morbides et inexpliquées d’une fillette drapée de noir et d’un homme nu décharné que Luce semble être la seule à apercevoir. La fable va vite tourner au pessimisme douloureux…
En jouant sur le contraste de l’âge, l’auteur amène à hauteur de petite fille des questionnements et des préoccupations trop adultes. Une opposition de regards entre une vision innocente remplie de candeur, de révolte très enfantine et le fatalisme voire la névrose de vieillards qui semblent avoir passé leur vie à préparer la mort, à l’oublier dans un cache-cache épuisant. Une inéluctable partie d’échecs contre une grande faucheuse qui finit tôt ou tard par les mettre mat. Et l’on redoute d’entrevoir notre reflet dans ce miroir dérangeant.
Car la force de l’œuvre, c’est l’empathie profonde et intense qui transpire. La narration prend son temps, étire les instants dérisoires, embrassant d’une poésie morose tous les petits riens du quotidien pour mieux nous faire éprouver la solitude et le sentiment d’abandon. En s’attardant sur les petits détails, elle évoque en nous tous ces souvenirs de campagne où chacun retrouvera sa madeleine proustienne (la bouteille de Pschitt, le pain de deux, le détour que l’on fait dans le jardin pour éviter le canard barjot, cette vieille télé noir et blanc qui débite invariablement la voix des animateurs de jeux à l’heure des repas…). Et puis il y a ce grand format avec ses cadrages et ses gros plans démesurés qui nous rapprochent tellement des personnages et nous font littéralement pénétrer dans les cases. Un degré d’intimisme tel que, dans certaines scènes, l’on se sent voyeur, si gêné d’être là.
La compassion est d’autant plus violente que l’auteur contourne une sensiblerie et une pleurnicherie trop faciles en laissant parler son dessin. Une ligne très belle, magnétique, dont la justesse, la précision et l’expressivité font exploser en non-dits toute la brutalité et la puissance des émotions. Mais c’est également une grande fraîcheur que l’on ressent, quand, complices, on accompagne ces quelques protagonistes se raccrochant aux rares et insignifiants moments de bonheur que l’existence voudra encore leur accorder.
Une œuvre magnifique, déchirante et méditative. Luce c’était nous. Ces vieux le sont-ils déjà aussi ?
Après lecture des 3 tomes.
Enorme surprise, j'étais loin d'imaginer que cette série allait m'enthousiasmer à ce point.
Je ne connaissais pas l'oeuvre originale, je ne pourrai donc pas comparer ou y faire référence.
J'ai donc découvert une histoire structurée, forte de personnages sans compromis.
Le dessin est impressionnant de force et de beauté : on dirait du Sorel !!!!
Ce qui démontre la qualité de la partie graphique.
Cette série est clairement au top de la production actuelle, elle finira forcément par trouver son public.
A découvrir sans se poser de questions.
Cette BD est un témoignage poignant de la vie d'un jeune homme, Martin Gray, au sein du ghetto juif de Varsovie durant la deuxième guerre mondiale. Martin a décidé de ne pas se résigner et tente de résister à ses bourreaux. Son audace, son pragmatisme, sa vitalité et sa capacité de tirer les leçons de ses échecs feront de lui un maître de la débrouillardise.
Tant le scénario de Patrick Cothias (qui se base sur la biographie de Martin Gray) que le dessin de Paul Gillon sont superbes.
Le dessin de Gillon est très classique et réaliste mais sans faille. Il sait montrer des atrocités sans voyeurisme ni excès. Les sentiments exprimés dans les regards et les attitudes sont justes. Les couleurs, froides et tristes, donnent à l'histoire une ambiance dramatique : on sent le froid de l'hiver et la pauvreté de la population.
Quant au scénario, c'est tout simplement de l'Histoire ! Véracité des situations, profondeur des sentiments, excellente description de la vie du jeune Martin, de sa famille et de tout son peuple de plus en plus oppprimé.
Cette BD permet à tous ceux qui n'ont pas vécu les atrocités de la guerre et du racisme d'avoir une idée des souffrances que les Nazis ont fait subir aux peuples sous leur domination. Il est à noter que le film de Polansky "Le pianiste" reprend un thème très similaire à cette BD.
Malheureusement, la folie humaine ne s'est pas arrêtée là et maintes autres idéologies similaires sont apparues de par le monde depuis lors. Il est donc essentiel que le témoignage des quelques survivants de ce massacre continue à être diffusé pour que de telles erreurs se reproduisent le moins souvent possible. C'est pourquoi une telle BD devrait être conseillée aux étudiants car elle est instructive et passionnante à la fois.
Un seul regret - et de taille ! - la série commencée en 1986 s'est arrêtée en 1987, faute de succès commercial sans doute. Il n'y a donc que deux volumes dans cette série qui en aurait mérité une douzaine au moins. Espérons qu'un jour d'autres auteurs de BD auront la bonne idée de continuer cette série...
Prix du meilleur album du Prix de la ville d'Hyères (15e festival de la B.D.) 1993. Prix des libraires 1993 (Saint-Malo, festival de BD. "Quai des bulles"). Alph'Art du meilleur album étranger 1994 (Angoulême). Prix spécial du jury (festival international de Sierre 1994).
Huis clos sur une île. Atmosphère étouffante bien que venteuse. Personnages troubles. Intrigue à multiples facettes. Beauté rare des tableaux impressionnistes de Prado. Couleurs flamboyantes. Difficile de résumer en quelques mots tout l'intérêt de ce petit chef-d'oeuvre. La tenancière de l'auberge, le mur du quai, les relations étranges entre les personnages, autant de détails capitaux pour comprendre ce qui s'est passé ou ce qui aurait pu se passer... Une chose est sûre, quand vous aurez fini de le lire, vous voudrez relire, vérifier, recouper pour vous faire votre propre interprétation. Lynchien ? Peut-être...
Après avoir essuyé pendant deux jours une tempête, Raul accoste sur un îlot qu'aucune carte ne signale. Un mur couvert de graffitis, un phare désaffecté, une auberge-cantine-buvette tenue par une femme et son étrange fils, des rochers, des goélands et des superstitions, voilà à quoi se résume cette île sans nom. Un autre bateau est à quai. A son bord, Ana, une femme belle et sauvage. Une drôle d'histoire se noue entre Raul et Ana, faite de silences, d'incompréhensions et de rendez-vous manqués.
Bonjour à tous.
Un ami m'a prêté le tome 1 et m'a simplement dit :
"- tu vas voir, c'est un peu particulier d'un point de vue purement BD, il y a aussi des photos, .... Ca te plaira ou non mais dans tous les cas il faut au moins essayer."
J'ai commencé à lire ce tome, curieux et intrigué à la fois. J'avoue ne pas avoir accroché dès les premières pages tant par le sujet et le lieu que la conception. Puis après 6 ou 7 pages j'ai commencé à vraiment rentrer dans l'histoire et celle-ci est devenue prenante puisque vécue de l'intérieur, les photos sont devenues un support réaliste des images et la narration était simple, accessible même pour les non-passionnés d'histoire (dont je suis).
J'ai donc énormément eu plaisir à continuer avec les 2 autres tomes.
Vraiment je conseille à tous les bédéphiles d'au moins essayer un tome... pour voir.
Merci à vous.
Après maintes hésitations (ben non je n'étais pas trop attiré par le milieu des avocats), j'ai fini par me lancer.
J'ai été agréablement séduit. Comme d'autre internautes l'ont souligné, cette saga fait penser aux Maîtres de l'Orge et avec pour ma part un zeste de Largo Winch en plus.
C'est bourré d'intrigue, le premier volume consacré à l'histoire des 2 copains de classe est tout simplement fabuleux.
Le second tome démarre sur une accusation, c'est assez troublant.
Les dessins quant à eux sont impeccables, les expressions des personnages sont bien rendues.
Vivement avril prochain pour la parution du nouvel opus.
J'ai lu cet album hier soir. Il était tard, j'étais fatigué, et pourtant, malgré ses 70 pages bien pesées, je n'ai pas pu arrêter de le lire avant de l'avoir fini.
Je ne vais pas répéter ce qui a déjà été largement dit précédemment. Simplement ajouter que pour moi, cet album présente un trait assez rare et extrêmement précieux : quand on l'a fini et qu'on le referme, on est encore plongé dedans. Ce matin j'y pense encore, et d'ici quelques jours je le relirai.
Car cette histoire a beau pouvoir sembler banale, elle est construite et présentée avec une réelle richesse. De ces richesses qui fleurent le vécu, qui titillent plein de choses chez le lecteur, et qui font ressentir.
Un bon cru, très marquant.
Il y en a des romans graphiques...
Il y en a peu qui sortent du lot. Pourtant, "Effleurés" fait partie de cette catégorie. Première oeuvre, que ce soit pour la scénariste comme pour le dessinateur, cet album se pose comme une belle pierre dans le jardin des spécialistes du genre.
Ici on nous conte l'histoire de deux jeunes gens (enfin, pas trop jeunes non plus, ils ont 28 ans) dont l'amour semble impossible, tellement ils sont différents. Pourtant il se passe un truc entre eux. Mais aussi entre les auteurs et le lecteur. Une sorte de connivence due à une maturité proche de la part des conteurs. Car le récit écrit par Isabelle Bauthian est assez prenant, on ne lâche pas l'album avant de l'avoir terminé. Pourtant, 70 pages c'est un format peu habituel. Mais ce qui fait ressortir le récit du lot, c'est le partir pris de la scénariste. Elle ne prend pas fait et cause pour le style de vie et le caractère de l'un ou l'autre des deux héros, Fleur et Christophe ; non, elle se contente de raconter, de montrer ce que peut donner la rencontre de deux êtres que tout oppose, ou presque. Elle ponctue son récit de quelques piques parfois acides, mais sans méchanceté réelle.
J'avais suivi de relativement loin l'avancement de l'album, étant un habitué du blog d'Isabelle et la connaissant dans la vraie vie, mais voir l'album fini a été un vrai plaisir, surtout en découvrant toute la profondeur de son propos, élément que je n'avais pu juger en n'en voyant que des extraits.
Côté graphisme, celui de Sylvain Limousi est un peu difficile d'accès de prime abord, mais il faut saluer son choix de rester fidèle à son trait "naturel", même si celui-ci évolue au fil de ce premier tome vers un style un peu plus accessible.
Un premier album réussi donc, dont ma note finale sera de 3,5/5, arrondie à 4 pour l'aspect coup de coeur. Deux auteurs à suivre également.
"Soda" quand un flic fait son sermon…
Tome nous raconte les histoires de Soda un flic à la gâchette facile dans la ville de New York. Rien de bien originale jusque là, sauf si ce n’est qu’il se fait passer pour un pasteur aux yeux de sa mère veuve et cardiaque qui habite le même appartement que lui. Il joue se double jeu pour protéger le cœur fragile de cette dernière qui ne supporterai pas le choc d’apprendre que son fils unique fait le même métier que son père mort en service. Ce petit manège apporte son lot de quiproquos, de malentendu et de comique de situation toujours assez drôle malgré les répétitions. Les enquêtes policières sont assez simples à suivre et apporte leur large part d’action à la série. Un point qui est très intéressant, c’est le décalage qui est fait entre le dessin très classique par rapport à certaines scènes de violence qu’on ne voit habituellement pas dans de ce genre de série d’humour. Ces ones shot, dégagent un certain cynisme, ça ne finit pas toujours par un happy end, mais les illustrations contrastent et atténuent pas mal cette noirceur. C’est un genre vraiment à part auquel on se doit de goûter.
Warnant (Tome 1 et 2) a su mettre en place un univers et un dessin très traditionnel, très franco-belge, qui me fait pas mal penser à du Franquin, et Gazzotti (pour tous les tomes suivants) a lui apporté une touche plus moderne (à l’image de Janry avec Spirou) qui est fort sympathique et un peu moins brouillonne.
De Becker (Tome 1 à 6) et Cerise (pour tous les tomes suivant) fournissent une colorisation très classique pour ce genre de dessins, c'est-à-dire peu travaillé (sans tomber dans de vulgaire aplat) mais très efficaces.
Apprendra-t-on un jour pourquoi Soda n’a que trois doigts à la main gauche ?
Voila une nouvelle série qui commence fort, pour moi une des meilleurs bd du moment. Corbeyran nous mijote un fameux scénario vu comment ce tome se termine, on attend la suite avec impatience.
Au niveau du dessin, c'est splendide, les décors sont magnifiques et les couleurs collent parfaitement avec l'univers de cette bd.
Dialogue percutant, bd super rythmée, de l'action et des héros avec un certain charisme.
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Les Funérailles de Luce
Ouverture. Une ambiance de calme et de soleil irrigue les premières cases muettes. En compagnie de la petite Luce, gamine de six ans en vacances chez son papi, on entreprend la visite guidée d’un petit village champêtre, passage en revue obligé de lieux bucoliques et autres clichés pittoresques. Le potager du grand-père, le marché braillard, le café du coin avec ses petits vieux chamailleurs et radoteurs, une ballade qui laisse entrevoir les prémisses d’une douce peinture pastorale façon Pagnol. À un détail près : les apparitions morbides et inexpliquées d’une fillette drapée de noir et d’un homme nu décharné que Luce semble être la seule à apercevoir. La fable va vite tourner au pessimisme douloureux… En jouant sur le contraste de l’âge, l’auteur amène à hauteur de petite fille des questionnements et des préoccupations trop adultes. Une opposition de regards entre une vision innocente remplie de candeur, de révolte très enfantine et le fatalisme voire la névrose de vieillards qui semblent avoir passé leur vie à préparer la mort, à l’oublier dans un cache-cache épuisant. Une inéluctable partie d’échecs contre une grande faucheuse qui finit tôt ou tard par les mettre mat. Et l’on redoute d’entrevoir notre reflet dans ce miroir dérangeant. Car la force de l’œuvre, c’est l’empathie profonde et intense qui transpire. La narration prend son temps, étire les instants dérisoires, embrassant d’une poésie morose tous les petits riens du quotidien pour mieux nous faire éprouver la solitude et le sentiment d’abandon. En s’attardant sur les petits détails, elle évoque en nous tous ces souvenirs de campagne où chacun retrouvera sa madeleine proustienne (la bouteille de Pschitt, le pain de deux, le détour que l’on fait dans le jardin pour éviter le canard barjot, cette vieille télé noir et blanc qui débite invariablement la voix des animateurs de jeux à l’heure des repas…). Et puis il y a ce grand format avec ses cadrages et ses gros plans démesurés qui nous rapprochent tellement des personnages et nous font littéralement pénétrer dans les cases. Un degré d’intimisme tel que, dans certaines scènes, l’on se sent voyeur, si gêné d’être là. La compassion est d’autant plus violente que l’auteur contourne une sensiblerie et une pleurnicherie trop faciles en laissant parler son dessin. Une ligne très belle, magnétique, dont la justesse, la précision et l’expressivité font exploser en non-dits toute la brutalité et la puissance des émotions. Mais c’est également une grande fraîcheur que l’on ressent, quand, complices, on accompagne ces quelques protagonistes se raccrochant aux rares et insignifiants moments de bonheur que l’existence voudra encore leur accorder. Une œuvre magnifique, déchirante et méditative. Luce c’était nous. Ces vieux le sont-ils déjà aussi ?
Chéri-Bibi
Après lecture des 3 tomes. Enorme surprise, j'étais loin d'imaginer que cette série allait m'enthousiasmer à ce point. Je ne connaissais pas l'oeuvre originale, je ne pourrai donc pas comparer ou y faire référence. J'ai donc découvert une histoire structurée, forte de personnages sans compromis. Le dessin est impressionnant de force et de beauté : on dirait du Sorel !!!! Ce qui démontre la qualité de la partie graphique. Cette série est clairement au top de la production actuelle, elle finira forcément par trouver son public. A découvrir sans se poser de questions.
Au nom de tous les miens
Cette BD est un témoignage poignant de la vie d'un jeune homme, Martin Gray, au sein du ghetto juif de Varsovie durant la deuxième guerre mondiale. Martin a décidé de ne pas se résigner et tente de résister à ses bourreaux. Son audace, son pragmatisme, sa vitalité et sa capacité de tirer les leçons de ses échecs feront de lui un maître de la débrouillardise. Tant le scénario de Patrick Cothias (qui se base sur la biographie de Martin Gray) que le dessin de Paul Gillon sont superbes. Le dessin de Gillon est très classique et réaliste mais sans faille. Il sait montrer des atrocités sans voyeurisme ni excès. Les sentiments exprimés dans les regards et les attitudes sont justes. Les couleurs, froides et tristes, donnent à l'histoire une ambiance dramatique : on sent le froid de l'hiver et la pauvreté de la population. Quant au scénario, c'est tout simplement de l'Histoire ! Véracité des situations, profondeur des sentiments, excellente description de la vie du jeune Martin, de sa famille et de tout son peuple de plus en plus oppprimé. Cette BD permet à tous ceux qui n'ont pas vécu les atrocités de la guerre et du racisme d'avoir une idée des souffrances que les Nazis ont fait subir aux peuples sous leur domination. Il est à noter que le film de Polansky "Le pianiste" reprend un thème très similaire à cette BD. Malheureusement, la folie humaine ne s'est pas arrêtée là et maintes autres idéologies similaires sont apparues de par le monde depuis lors. Il est donc essentiel que le témoignage des quelques survivants de ce massacre continue à être diffusé pour que de telles erreurs se reproduisent le moins souvent possible. C'est pourquoi une telle BD devrait être conseillée aux étudiants car elle est instructive et passionnante à la fois. Un seul regret - et de taille ! - la série commencée en 1986 s'est arrêtée en 1987, faute de succès commercial sans doute. Il n'y a donc que deux volumes dans cette série qui en aurait mérité une douzaine au moins. Espérons qu'un jour d'autres auteurs de BD auront la bonne idée de continuer cette série...
Trait de craie
Prix du meilleur album du Prix de la ville d'Hyères (15e festival de la B.D.) 1993. Prix des libraires 1993 (Saint-Malo, festival de BD. "Quai des bulles"). Alph'Art du meilleur album étranger 1994 (Angoulême). Prix spécial du jury (festival international de Sierre 1994). Huis clos sur une île. Atmosphère étouffante bien que venteuse. Personnages troubles. Intrigue à multiples facettes. Beauté rare des tableaux impressionnistes de Prado. Couleurs flamboyantes. Difficile de résumer en quelques mots tout l'intérêt de ce petit chef-d'oeuvre. La tenancière de l'auberge, le mur du quai, les relations étranges entre les personnages, autant de détails capitaux pour comprendre ce qui s'est passé ou ce qui aurait pu se passer... Une chose est sûre, quand vous aurez fini de le lire, vous voudrez relire, vérifier, recouper pour vous faire votre propre interprétation. Lynchien ? Peut-être... Après avoir essuyé pendant deux jours une tempête, Raul accoste sur un îlot qu'aucune carte ne signale. Un mur couvert de graffitis, un phare désaffecté, une auberge-cantine-buvette tenue par une femme et son étrange fils, des rochers, des goélands et des superstitions, voilà à quoi se résume cette île sans nom. Un autre bateau est à quai. A son bord, Ana, une femme belle et sauvage. Une drôle d'histoire se noue entre Raul et Ana, faite de silences, d'incompréhensions et de rendez-vous manqués.
Le Photographe
Bonjour à tous. Un ami m'a prêté le tome 1 et m'a simplement dit : "- tu vas voir, c'est un peu particulier d'un point de vue purement BD, il y a aussi des photos, .... Ca te plaira ou non mais dans tous les cas il faut au moins essayer." J'ai commencé à lire ce tome, curieux et intrigué à la fois. J'avoue ne pas avoir accroché dès les premières pages tant par le sujet et le lieu que la conception. Puis après 6 ou 7 pages j'ai commencé à vraiment rentrer dans l'histoire et celle-ci est devenue prenante puisque vécue de l'intérieur, les photos sont devenues un support réaliste des images et la narration était simple, accessible même pour les non-passionnés d'histoire (dont je suis). J'ai donc énormément eu plaisir à continuer avec les 2 autres tomes. Vraiment je conseille à tous les bédéphiles d'au moins essayer un tome... pour voir. Merci à vous.
L'Ordre de Cicéron
Après maintes hésitations (ben non je n'étais pas trop attiré par le milieu des avocats), j'ai fini par me lancer. J'ai été agréablement séduit. Comme d'autre internautes l'ont souligné, cette saga fait penser aux Maîtres de l'Orge et avec pour ma part un zeste de Largo Winch en plus. C'est bourré d'intrigue, le premier volume consacré à l'histoire des 2 copains de classe est tout simplement fabuleux. Le second tome démarre sur une accusation, c'est assez troublant. Les dessins quant à eux sont impeccables, les expressions des personnages sont bien rendues. Vivement avril prochain pour la parution du nouvel opus.
Effleurés
J'ai lu cet album hier soir. Il était tard, j'étais fatigué, et pourtant, malgré ses 70 pages bien pesées, je n'ai pas pu arrêter de le lire avant de l'avoir fini. Je ne vais pas répéter ce qui a déjà été largement dit précédemment. Simplement ajouter que pour moi, cet album présente un trait assez rare et extrêmement précieux : quand on l'a fini et qu'on le referme, on est encore plongé dedans. Ce matin j'y pense encore, et d'ici quelques jours je le relirai. Car cette histoire a beau pouvoir sembler banale, elle est construite et présentée avec une réelle richesse. De ces richesses qui fleurent le vécu, qui titillent plein de choses chez le lecteur, et qui font ressentir. Un bon cru, très marquant.
Effleurés
Il y en a des romans graphiques... Il y en a peu qui sortent du lot. Pourtant, "Effleurés" fait partie de cette catégorie. Première oeuvre, que ce soit pour la scénariste comme pour le dessinateur, cet album se pose comme une belle pierre dans le jardin des spécialistes du genre. Ici on nous conte l'histoire de deux jeunes gens (enfin, pas trop jeunes non plus, ils ont 28 ans) dont l'amour semble impossible, tellement ils sont différents. Pourtant il se passe un truc entre eux. Mais aussi entre les auteurs et le lecteur. Une sorte de connivence due à une maturité proche de la part des conteurs. Car le récit écrit par Isabelle Bauthian est assez prenant, on ne lâche pas l'album avant de l'avoir terminé. Pourtant, 70 pages c'est un format peu habituel. Mais ce qui fait ressortir le récit du lot, c'est le partir pris de la scénariste. Elle ne prend pas fait et cause pour le style de vie et le caractère de l'un ou l'autre des deux héros, Fleur et Christophe ; non, elle se contente de raconter, de montrer ce que peut donner la rencontre de deux êtres que tout oppose, ou presque. Elle ponctue son récit de quelques piques parfois acides, mais sans méchanceté réelle. J'avais suivi de relativement loin l'avancement de l'album, étant un habitué du blog d'Isabelle et la connaissant dans la vraie vie, mais voir l'album fini a été un vrai plaisir, surtout en découvrant toute la profondeur de son propos, élément que je n'avais pu juger en n'en voyant que des extraits. Côté graphisme, celui de Sylvain Limousi est un peu difficile d'accès de prime abord, mais il faut saluer son choix de rester fidèle à son trait "naturel", même si celui-ci évolue au fil de ce premier tome vers un style un peu plus accessible. Un premier album réussi donc, dont ma note finale sera de 3,5/5, arrondie à 4 pour l'aspect coup de coeur. Deux auteurs à suivre également.
Soda
"Soda" quand un flic fait son sermon… Tome nous raconte les histoires de Soda un flic à la gâchette facile dans la ville de New York. Rien de bien originale jusque là, sauf si ce n’est qu’il se fait passer pour un pasteur aux yeux de sa mère veuve et cardiaque qui habite le même appartement que lui. Il joue se double jeu pour protéger le cœur fragile de cette dernière qui ne supporterai pas le choc d’apprendre que son fils unique fait le même métier que son père mort en service. Ce petit manège apporte son lot de quiproquos, de malentendu et de comique de situation toujours assez drôle malgré les répétitions. Les enquêtes policières sont assez simples à suivre et apporte leur large part d’action à la série. Un point qui est très intéressant, c’est le décalage qui est fait entre le dessin très classique par rapport à certaines scènes de violence qu’on ne voit habituellement pas dans de ce genre de série d’humour. Ces ones shot, dégagent un certain cynisme, ça ne finit pas toujours par un happy end, mais les illustrations contrastent et atténuent pas mal cette noirceur. C’est un genre vraiment à part auquel on se doit de goûter. Warnant (Tome 1 et 2) a su mettre en place un univers et un dessin très traditionnel, très franco-belge, qui me fait pas mal penser à du Franquin, et Gazzotti (pour tous les tomes suivants) a lui apporté une touche plus moderne (à l’image de Janry avec Spirou) qui est fort sympathique et un peu moins brouillonne. De Becker (Tome 1 à 6) et Cerise (pour tous les tomes suivant) fournissent une colorisation très classique pour ce genre de dessins, c'est-à-dire peu travaillé (sans tomber dans de vulgaire aplat) mais très efficaces. Apprendra-t-on un jour pourquoi Soda n’a que trois doigts à la main gauche ?
Uchronie[s] - New Byzance
Voila une nouvelle série qui commence fort, pour moi une des meilleurs bd du moment. Corbeyran nous mijote un fameux scénario vu comment ce tome se termine, on attend la suite avec impatience. Au niveau du dessin, c'est splendide, les décors sont magnifiques et les couleurs collent parfaitement avec l'univers de cette bd. Dialogue percutant, bd super rythmée, de l'action et des héros avec un certain charisme. Que demande le peuple ? La suite bien entendu. Foncez l'acheter.