Les derniers avis (9564 avis)

Par Blue boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Blaise
Blaise

Blaise est un pré-ado pas très beau, inhibé et narcissique, affublé d’un double menton et d’une coupe de cheveux ridicule. Blaise n’aime pas qu’on se moque de lui mais est prêt à ricaner avec la meute d’un camarade plus pitoyable que lui. Blaise étouffe en silence dans l’appartement de ses parents bobos, ne pouvant compter sur ces derniers pour l’épauler dans ce difficile passage vers l’âge adulte. Le problème, c’est que les parents de Blaise ont bien d’autres chats à fouetter… penser à renouveler l'abonnement aux spectacles de danse (qu’ils détestent), à aller voir le dernier film culte probablement soporifique ou la dernière pièce à la mode, où les comédiens font caca sur scène. Normal, Télérama en a dit tellement de bien… Tout d’abord, j’aime bien le graphisme original, fait d’images fixes « samplées-photoshopées » évoquant les Têtes à claques, et s’inscrivant du coup pilepoil dans l’époque. On aime ou on n’aime pas, ce n’est pas du dessin, peut-être même pas de la bédé, certains trouveront les personnages figés, mais c’est un parti pris tout à fait adapté à ce format « strip en six cases ». Comme j’ai pu le voir dans une des critiques, c’est « acidulé », avec un côté rétro aux couleurs un peu passées, équilibrant du même coup la noirceur du propos. Car en effet, l’humour est féroce et vient titiller chacun d’entre nous, avec nos petites lâchetés « ni vues ni connues », nos mesquineries, notre conformisme, et toutes nos contradictions. Avec les Bidochons, on rit de bon cœur, car on a plus de mal à se sentir visés par leur côté « beaufs prolos des années 60 », mais là ces personnages nous ressemblent beaucoup plus ! Si on a un minimum d’autodérision, on pourra donc rire de ces « beaufs bobos », agaçants par leur snobisme et leur conviction d’être au-dessus de la mêlée alors qu’en fait ils n’ont pas des vies extraordinaires, regardent même les émissions de merde (mais en n’arrêtant pas de les critiquer, parce que hé ho, nous, on garde quand même un esprit très critique, hein ?). Cela correspond assez bien aux années post-11 septembre, et sans en avoir l’air, Planchon parvient en six cases à dire beaucoup de choses sur notre époque décadente, individualiste et blasée, toujours soumise aux diktats de l’hyperconsommation. C’est assez subversif et ça dézingue de tous les côtés, avec un redoutable humour pince-sans-rire. Tenez-vous le pour dit, il n’y aura pas de quartier ! C’est pour moi une très bonne surprise, cela faisait longtemps que je n’avais rien lu d’aussi drôle et décapant en matière de BD.

22/04/2012 (modifier)
Par graveen
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Girls
Girls

Les dessins sont... convenables. En tous cas, le graphisme va très bien avec l'ambiance du comic. Après quelques pages, si on est toujours surpris des quelques machoires carrées (un peu comme dans Walking Dead, selon la forme d'Adlard), on n'a pas particulièrement l'occasion de ne pas reconnaitre les protagonistes. Alors vous me direz, on en est là niveau dessin ? Certes. Mais la force de cette série c'est l'histoire, son découpage, sa mise en page... Et là, je me suis régalé. J'ai emprunté cette série sans vraiment savoir à quoi m'attendre. J'imaginais une histoire gentillette, sur le thème de l'amour, vaguement érotique. Non, c'est plutôt du survival - en tout cas il en emprunte complètement les codes - mais qui développe sa propre trame scénaristique. Bref, le choc. Les 4 tomes y sont passés dans la foulée (ils font 150 pages chacun...). Oh, je ne sais pas quand j'y retournerai, mais là, j'ai été au cinéma, voir une quadrilogie, et j'en sors ravi.

21/04/2012 (modifier)
Par Spooky
Note: 3/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Cent mille journées de prières
Cent mille journées de prières

La première partie n'était qu'une base, la seconde permet de remettre dans le bon ordre le puzzle. Loo Hui Phang a choisi de raconter le génocide perpétré par les Khmers rouges dans les années 1970 au Cambodge par le petit bout de la lorgnette, au travers de l'histoire d'un médecin qui mène une double vie avec une Française et qui tente de sauver sa famille dans cette tourmente de l'Histoire... Et face à cela, nous avons l'histoire de son fils, héritier des contes et légendes cambodgiens mais élevé dans la tradition européenne. Un enfant qui ne connaîtra jamais son père, sinon au travers d'histoires, sans toutefois être sûr de son rôle dans cette période troublée... La métaphore du canari, messager des morts, est très bien trouvée et bien développée, surtout dans le second tome. J'aime bien le dessin de Sterckeman, même si je trouve que parfois ses personnages manquent d'expressivité dans le premier tome ; ce défaut s'efface dans le second. Ma note reste à 3/5, mais je rajoute un coup de coeur pour la sensibilité de l'écriture dans le second tome, mieux maîtrisé à mon sens que le premier.

17/06/2011 (MAJ le 20/04/2012) (modifier)
Couverture de la série La Première Lettre
La Première Lettre

Dans l’univers de la bande dessinée destinée à la jeunesse, il est de ces œuvres qui vous donnent envie d’être père… pour le simple plaisir de pouvoir les acheter sans devoir craindre le regard moqueur de votre libraire. La première lettre fait partie de ces œuvres. Adapté d’un texte de Rudyard Kipling (dont j’ignorais l’existence (le texte, hein, pas Rudyard)), la première lettre est une œuvre fine et intelligente. L’auteur y traite autant des dangers de l’ignorance que du besoin de tolérance, et les niveaux de lecture sont multiples. A la première lecture, c’est le besoin d’avoir un langage commun qui ressort de la conclusion du récit. Ensuite, l’on se rend compte que ce langage commun ne pourra être atteint qu’en respectant les autres. Enfin, l’on se dira que soigner son langage est essentiel si l’on veut être bien compris. A chaque lecture, une finesse apparait dans le message transmis… et à chaque fois, l’on se dit que l’auteur a vu « juste ». Mais si je me suis penché sur cet album, c’est avant tout attiré par son aspect visuel. Tout d’abord, il y a un bleu lumineux, autant présent sur la couverture que dans l’album. Ensuite, il y a un trait expressif et joyeux, dynamique et immédiat. Et, en matière de colorisation, si c’est le bleu qui a attiré mon regard, l’ensemble des couleurs employées donne un ton frais, soigné, artisanal (dans le bon sens du terme) et spontané à chaque planche. Enfin, n'oublions pas la gaité qui émane de cette lecture. L’humour est omniprésent même s’il n’occulte jamais le fond le l’histoire. Beau à voir, fin, avec une morale à retenir et des niveaux de lecture multiples qui garantissent la conservation de l’intérêt de cet album au fil des ans, cette première lettre est un véritable coup de cœur pour moi. Des comme ça, j’en redemande.

16/04/2012 (modifier)
Couverture de la série Les Semi-aventures des Hommes-rats
Les Semi-aventures des Hommes-rats

C'est vrai que le dessin n'est pas des plus remarquables (en bien), loin de là...Pourtant, je mets 4 étoiles car cette série possède deux qualités essentielles à mes yeux: 1) Elle est très fluide à lire, le découpage et les cadrages sont maîtrisés, et elle se lit vite, tant on arrive a saisir l'action au premier coup d'oeil. 2) Elle est divertissante. Je suis entré de plain pied dans cet univers de gnomes chapardeurs, mais joyeux et avec un excellent fond, pourtant détestés des humains. L'ennui n'a pas pointé le bout de son nez une seule fois. J'ai été un peu étonné que les tomes 1 et 2 soient finalement totalement indépendants, et je ne vois pas trop où l'auteur voulait en venir. J'utilise l'imparfait, car je pense qu'il y a de très fortes chances que l'on puisse considérer cette série comme abandonnée... J'ai contacté l'éditeur à ce sujet, on verra bien. Du coup, difficile, en sachant cela, de se prononcer sur un conseil en matière d'achat! J'ai acheté ces deux albums une bouchée de pain, et je pense que vous ne prenez pas trop de risques en faisant de même. (111)

15/04/2012 (modifier)
Par Frolier
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Cité 14 - Saison 1
Cité 14 - Saison 1

J'ai lu la première saison, réunie en quatre tomes sous coffret depuis peu. Et franchement, ça faisait longtemps que je n'avais pas eu l'impression d'une telle nouveauté en BD. L'univers est d'une richesse incroyable, comme assemblé de bric et de broc, avec un peu de New-York des années 50, un peu de Chicago sous la prohibition, un peu d'Ellis Island durant la première moitié du XXème siècle, un peu de Cités Obscures, un peu de Disney, un peu de steampunk, un peu de supers héros, un peu d'extra-terrestres, un peu de Sa Majesté des Mouches version adultes, un peu de La Ferme des animaux, un peu de Watergate, un peu de Tarantino, un peu de critique sociale, un peu de Marx... Et normalement, alors que tout ça devrait s'effondrer sous son propre poids, ça tient la route avec une fluidité étonnante. Les personnages sont tous attachants, tous originaux, on n'en fait pas des caisses avec la psychologie et pourtant ils ont tous une vraie profondeur, un passé et des blessures qu'on découvre par petites touches et qui les rend plus épais que de simples marionnettes à scénario. Toutes les intrigues sont parfaitement tricotées entre elles, la plupart des séquences sont inattendues, au sens où elles ne se passent presque jamais "comme elles devraient", on est surpris toutes les 4 ou 5 pages, il y a une vraie violence qui arrive toujours sans crier gare, qui va toujours plus loin que prévu, il y a le parfum amer de la tragédie, et il y a en plus un vrai beau travail sur la langue et beaucoup d'humour... Bref, c'est un grand moment de plaisir qui est offert au lecteur, avec en plus l'impression rare de s'immerger dans un monde singulier et complètement barré mais qui pourtant reste curieusement familier et "possible". Ceci sans doute aussi grâce au dessin, très lisible, très dynamique, très bien mis en scène et qui fourmille de détails sans jamais être surchargé. Un dessin dans lequel on a plaisir à se perdre pour ne rien en rater, et qui donnerait presque envie de voir ce monde s'animer sous nos yeux... Ce qui est mis en place ici est du niveau d'un Alan Moore des grands jours, et j'attends avec impatience la clôture de la saison 2 pour acheter le coffret et me perdre à nouveau dans les méandres de cette Cité 14...

11/04/2012 (modifier)
Couverture de la série Z comme don Diego
Z comme don Diego

On est dans le crétinisme le plus absolu, avec pas mal de clins d'yeux à nos politiciens d'aujourd'hui. C'est bien trouvé et vraiment très bon, bien que parfois inégal comme le souligne le monsieur juste au dessus. Mais les quelques faiblesses n'occultent en rien le fait que je n'avais pas autant ri devant une BD depuis de très nombreuses années. Le fait que je sois un fan du justicier masqué y est peut-être pour quelque chose aussi... Une BD très chaudement conseillée. Pour les curieux, la page Facebook : http://www.facebook.com/z.comme.don.diego

10/04/2012 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Milady de Winter
Milady de Winter

Tiens, j'attendais ce genre d'histoire avec impatience... Un récit qui retracerait la vie de l'une des méchantes les plus aimées de la littérature française... C'est donc Agnès Maupré qui s'y colle, elle qui n'a qu'un seul album à son actif, mais qui a travaillé avec Joann Sfar pendant plusieurs années. Elle n'a peur de rien, se lançant de façon déjà très mature dans l'aventure. Dès les premières cases on est happé par le récit, on suit le destin de Milady et son point de vue sur l'histoire qui a donné le roman d'Alexandre Dumas. Son dessin, très inspiré par son mentor, est à la fois sensuel et débridé, et l'on suit avec grand plaisir les aventures de Milady, guerrière à la peau dure, vénéneuse et touchante... Dans le second tome, le ton reste très dynamique, on en apprend plus sur la passé de Milady, et la fin est assez bien vue... Les Mousquetaires, hormis d'Artagnan, restent en retrait, et c'est tant mieux. C'est frais, c'est fougueux, c'est malin, c'est séduisant, tout comme Milady. Allez, un petit 4/5. Je souhaite une belle carrière à Agnès Maupré, cette entrée en matière est vraiment pas mal.

26/10/2010 (MAJ le 09/04/2012) (modifier)
Par Chéreau
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Blast
Blast

J'ai acheté Blast sur les conseils d'un ami bibliophile, qui m'expliquait que le titre résumait assez bien son sentiment à la lecture de ce récit fleuve (400 pages déjà sorties, en deux albums...). Je n'étais pas forcément très fan du dessin de Manu Larcenet, dont j'ai cependant beaucoup aimé la plupart des histoires, du plus léger, comme le Retour à la terre, aux Ovnis psychanalytiques comme la Ligne de front. Mais j'avoue qu'ici, le dessin est magnifique. La couleur est utilisée avec parcimonie, pas pour colorier, mais pour ajouter du sens à l'histoire. Le dessin réaliste, rare, exprime toujours la violence du réel venant brutalement perturber le monde intérieur de Polza Mancini, le personnage principal. Polza Mancini. Une énorme -au propre comme au figuré- boule d'angoisse, de haine de soi, de traumatismes d'enfant, qui décide un jour de quitter la vie confortable qu'il avait fini par réussir à se faire, pour se faire homme des bois et partir à la recherche du Blast, le choc existentiel, sorte de transe bouddhique, d'overdose spirituelle qu'il a expérimentée peu après la mort de son père. L'écharde de ce récit, le détail dérangeant, irritant, inconfortable est là : ce Mancini est obscène. Trop laid, trop gros, trop franc : toute l'histoire est à la première personne puisqu'il raconte avec complaisance toute son odyssée à deux policiers convaincus qu'il a fini par tuer une jeune femme. Il ne cache rien de ses états intérieur, de sa propre animalité qu'il a voulu redécouvrir, de son goût pour l'alcool. Le sentiment nauséeux qu'il inspire est d'autant plus gênant qu'au fond, il n'est pas antipathique. On s'identifie à lui malgré tout. Parce que nous avons tous eu envie de tout quitter, parce que nous avons tous un monde intérieur bien plus vaste que ce que nous montrons, parce que nous avons tous des pensées incongrues et des moments de relâchement quand on est seul avec soi même. Mais lui s'en délecte, l'étale, s'y complait et nous renvoie à la fois une image peu glorieuse de l'humanité à laquelle nous appartenons, mais aussi, tout à la fois, le sentiment de notre propre lâcheté hypocrite. Cette histoire ne peut pas laisser indifférent. Elle se lit comme sous hypnose, dans un état de jubilation morbide, et va chercher tout au fond du lecteur ce qu'il n'avait pas prévu de regarder. Le tout meilleur Larcenet que j'ai pu lire. Et une BD qui pourrait mériter les 5 étoiles lorsque j'aurais achevé le tome 3, à paraître. Où l'on saura enfin si Polza Mancini a finalement tué, ou non, la jeune femme...

07/04/2012 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Les Enfants de la Mer
Les Enfants de la Mer

"Mystère". Voilà le maître mot de ce manga. Loin des éclats et du rythme tendu qu'imposent ses congénères, "Les enfants de la mer" prend son temps pour poser les jalons de son intrigue. Comme pour une apnée en eau profonde, la respiration est maîtrisée et chaque palier s'impose pour faire briller cet éclat qui chatouille notre curiosité. Ruka, jeune collégienne un brin rebelle va croiser le chemin de Umi et Sora, deux frères plutôt étranges élevés par... des dugongs ! C'est là que fantastique et légende commencent à s'immiscer dans le récit, pour jeter petit à petit leurs filets. Le fil entre rêve et réalité reste mince et nous tient en haleine... Mais si des réponses se dessinent, d'autres questions apparaissent... Ce premier tome est pour moi une vrai réussite. Le découpage du récit qui propose de courts témoignages en intro des différents chapitres est une très bonne idée qui ancre très fortement le récit dans le réel... pour mieux s'en échapper ensuite. Le trait de Daisuke Igarashi est plutôt réaliste ne s’embarrasse pas de détails, mais joue plutôt sur l'expression des personnages ou les ambiances de ses décors. Tout cela contribue à forger l'ambiance si particulière et réussie qui se dégage de ce manga dont je recommande fortement la lecture ! Les amoureux de la faune marine y trouveront plus que leur compte, et les autres peuvent y plonger également les yeux fermés - enfin presque ^^ -

05/04/2012 (modifier)