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Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Fournier - Ma vie de rêves
Fournier - Ma vie de rêves

… comme l’enfant qu’il était et qu’il est resté par bien des côtés. - Ce tome contient dix-huit histoires à caractère autobiographique, ainsi qu’un copieux dossier final de trente-cinq pages, intitulé Crobards, archives et compagnie. Son édition originale date de 2024. Il est l’œuvre de Jean-Claude Fournier pour le scénario, les dessins, les couleurs et les souvenirs. Il s’ouvre avec une préface écrite par Emmanuel Lepage : un texte d’une page intitulé Jean-Claude Fournier est un passeur, agrémenté d’une photographie en pleine page, en vis-à-vis. Il compte une centaine de pages de bande dessinée, auxquelles ils convient d’ajouter des textes intercalaires entre chaque histoire, agrémentés de documents d’archives, et le dossier final qui comprend également des pages de bandes dessinées. Drôle de tête, une page : Hôpital Tenon à Paris, le 21 mai 1948, à 21 heures, naissance de Jean-Claude Fournier, beau bébé, avec un crâne en pain de sucre. Le médecin accoucheur rassure les parents, : dans quelques jours il n’y paraîtra plus, le crâne va être manipulé, pressé, malaxé, massé, comprimé, il pourra même arriver qu’on lui souffle dedans. Le papa de Jean-Claude était parti à Paris pour échapper au STO. Avant de quitter le garage familial de Saint-Quay-Portrieux, il avait laissé un futur rejeton, en cadeau à sa maman. Comme elle tenait absolument à être près de son mari pour accoucher, elle partit pour la capitale en train, dans des conditions effroyables : c’était la guerre et l’Occupation… Il a donc vécu les trois premiers mois de sa vie à Paris, mais avec une tête redevenue normale en quelques jours, comme l’avait annoncé le médecin. Hélas, ainsi que ce brave homme l’avait redouté, il est diabétique ! Noël en auto, neuf pages ! Noël est encore loin, mais Jean-Claude et ses copains pensent déjà au cadeau qu’ils vont demander. Un appareil photo pour Jacky, une voiture pour Jean-Claude et pour son petit frère. Leur famille habitait un petit appartement en bois à l’intérieur d’un grand garage en tôle. Comme c’était au bord de la mer, le vent provoquait toutes sortes de bruits. Mais, c’est cette nuit-là que tout commença… Michel et Jean-Claude sont réveillés en pleine nuit par un drôle de bruit qu’ils n’arrivent pas à identifier. Le lendemain matin au petit-déjeuner, les parents sont très surpris de ce que racontent leurs deux fils, car ils n’ont rien entendu. – Parking diabolique, deux pages : le soir, le petit Jean-Claude a très peur de la profonde obscurité qui règne dans la maison, il se rend donc aux toilettes à tâtons. En bas de l’escalier, dans l’obscurité, il se fige : il a l’impression que plusieurs dizaines d’yeux l’épient. – Première BD, trois pages : Jean-Claude est très mauvais en sport à l’école, que ce soit le monter de corde, la course à pied, ou pire encore le football. Un jour, il se fait dribbler, et il chute lourdement, avec pour conséquence le bras gauche cassé et un plâtre pour un mois. Quelques jours plus tard, le maître d’école annonce un concours de bande dessinée proposé aux élèves de côte-du-Nord, sur le thème de la prévention routière. Le texte de quatrième de couverture explicite la nature du contenu : l’auteur retrace les anecdotes qu’il réservait jusque-là à sa famille et ses amis. Le lecteur peut être attiré par cet ouvrage parce qu’il connaît déjà l’œuvre de ce bédéiste et que sa curiosité le porte à en savoir plus, ou parce qu’il est curieux de découvrir lesdites anecdotes qui portent pour partie sur des auteurs qu’il admire, à commencer par André Franquin (1924-1997, créateur du Marsupilami et de Gaston Lagaffe), ainsi que Maurice Tillieux (1921-1978, créateur de Gil Jourdan), Arthur Berckmans (1929-2020, dit Berck, créateur de Sammy), Willy Maltaite (1927-2000, alias Will, un des piliers du journal de Spirou), et même un voyage en avion avec Morris (Maurice de Bevere, 1923-2001, créateur de Lucky Luke). Dans la préface, Emmanuel Lepage loue les qualités de Jean-Claude Fournier : il a toujours su se renouveler et explorer d’autres champs graphiques et narratifs. Il continue : il a su s’affranchir de cette école franco-belge qui a bercé son enfance, éveillé son désir de bande dessinée, tout en y étant profondément ancré, c’est sûrement pour ça qu’il dessine toujours aujourd’hui avec passion, comme l’enfant qu’il était et qu’il est resté par bien des côtés. En effet, la narration est bon enfant : enjouée, sans méchanceté à part pour le récit Le gang des démolisseurs (sept pages) qui évoque son départ de la série Spirou en 1980, avec des dessins dans un registre réaliste simplifié, avec parfois quelques exagérations enfantines. JC Fournier raconte une petite vingtaine d’anecdotes : la forme de son crâne à la naissance (une page), la préparation d’un cadeau de Noël par ses parents (neuf pages), sa première BD en école primaire (trois pages), sa fascination pour les bateaux-bouteilles (deux pages), un trajet en vélomoteur et en bicyclette de nuit à travers la Bretagne rurale pour aller voir un concert de bagad (dix pages), les premiers voyages à Bruxelles pour séjourner dans l’atelier d’André Franquin qui lui prodigue des conseils pour devenir meilleur professionnel (dix-neuf pages), les blagues entre collègues (deux histoires), la situation conflictuelle qui l’a amené à quitter la série Spirou (sept pages) et ce qu’il a fait après (neuf pages) en particulier sa collaboration avec Zidrou (Benoît Drousie) pour la création des personnages de la série Les Crannibales (huit tomes, de 1998 à 2005). En fonction de sa familiarité avec l’auteur, le lecteur s’attend peut-être à retrouver une narration visuelle tout public, voire enfantine, à l’identique de ses pages pour Spirou (série dont il a pris la suite d’André Franquin, et dont il a réalisé les albums 20 à 23 et 25 à 29, soit neuf albums), ou celles de sa série Bizu. Ou alors il a plutôt en tête une narration visuelle plus adulte, celle du diptyque Les chevaux du vent (2008 & 2012, scénario de Christian Lax) ou du diptyque Plus près de toi (2017 & 2019, scénario de Kris / Christophe Goret). Pour ses souvenirs et anecdotes, Jean-Claude Fournier réalise des dessins plus proche d’un registre réaliste et descriptif, avec parfois quelques exagérations ou simplifications telles que des gros nez ou de bonnes bouilles bien rondes. Il utilise un trait très fin pour le détourage des individus et des objets, ainsi que pour les décors, un peu tremblé par moment, ce qui génère un effet de dessin empreint de spontanéité, avec une sensation humoristique bon enfant en toute circonstance, même dans les moments difficiles. Le lecteur peut y voir comme une politesse et un symptôme d’humilité : l’artiste ne souhaite pas attribuer plus d’importance que ça à ses petits moments de vie personnelle, finalement pas grand-chose au regard de l’histoire de l’humanité. Dans le même temps, le lecteur ressent la narration visuelle comme construite et variée, l’expérience professionnelle infusant chaque page. L’artiste maîtrise à merveille le dosage de ses effets comiques, en particulier dans les expressions de visage, les moues et les mimiques. Il sait passer d’un registre mesuré et sérieux (tout est relatif) d’adulte, à des facéties enfantines (en particulier les farces de Maurice Tillieux lors des voyages en train). Il prend soin de dessiner les décors très régulièrement afin que le lecteur garde à l’esprit à chaque instant l’environnement dans lequel se déroule le souvenir : maternité, appartement familial, garage, salle de classe, infirmerie, maison d’un oncle, défilé d’un bagad dans les rues de Saint-Malo, lande bretonne et route de campagne, atelier de Franquin et magasin de fournitures de dessin, trains et compartiments, bureaux des éditions Dupuis, caravane, centrale nucléaire, etc. La mise en couleurs est réalisée à base d’aplats uniformes, avec parfois le recours à l’aquarelle le temps de quelques cases. L’auteur imagine des prises de vue variées, y compris pour les phases de dialogue statiques. Il a recours à un petit personnage à gros nez dans une tenue blanche à gros boutons noirs de Pierrot pour une case explicative, ou une transition entre deux moments. Sans en avoir l’air, la narration visuelle s’avère d’une grande richesse. Le lecteur apprécie de côtoyer des individus majoritairement sympathiques, quelques-uns facétieux, avec souvent le sourire aux lèvres, à la seule exception de cette terrible réunion de Fournier avec les responsables éditoriaux de Dupuis en 1980, qui a conduit à son abandon de la série. L’amateur de bande dessinée se délecte de ces anecdotes de cet environnement professionnel vu de l’intérieur. La personnalité de Maurice Tillieux. L’amitié développée avec Willy Maltaite (Will). Il se sent privilégié d’assister à la rencontre entre Fournier et Franquin, la manière dont ce dernier le prend sous son aile et l’aide à progresser en critiquant ses planches de manière constructive. La version de Fournier quant à son départ de la série Spirou, avec le contentement de pouvoir découvrir les cinq planches commencées pour le tome La maison dans la mousse, jamais réalisé. Le lecteur néophyte y trouve également son content. Il découvre un moment clé dans l’histoire de la bande dessinée franco-belge : la reprise de Spirou après Franquin. Il observe le témoignage d’une époque, avec des rapports sociaux plus policés, le port quasi généralisé de la chemise, avec ou sans cravate (et un nœud papillon pour Morris). Quelques modèles de voiture d’époque, dont une deux-chevaux. Une forme de camaraderie entre les différents bédéistes travaillant pour Dupuis. Il est ramené à la dure réalité des propriétés intellectuels quand l’éditeur impose une alternance d’auteurs pour produire plus d’albums, en opposition totale avec le sentiment de responsabilité personnelle de l’auteur vis-à-vis du personnage qu’il a contribué à développer comme si c’était sa propre création. Enfin, la réelle modestie et l’humilité de l’auteur s’avèrent compatibles avec des récits personnels et intimes, au travers desquels le lecteur en apprend plus sur lui. Certaines anecdotes combinent la dimension sociale de l’époque et le chemin de vie, telle celle sur la dédicace dans une centrale nucléaire. Un recueil de souvenirs d’un auteur de BD… S’il le connaît déjà, le lecteur est enthousiaste à la promesse d’en apprendre plus sur Jean-Claude Fournier, de retrouver sa personnalité assurée et modeste, et de profiter d’un regard dans les coulisses. S’il ne le connaît pas, il peut nourrir quelques doutes quant à l’intérêt que présente un tel ouvrage. Il est vite charmé par la personnalité de l’auteur, et très heureux de pouvoir partager ces moments avec lui. Il ressent que derrière l’apparence peut-être fruste des dessins, se trouve une narration visuelle riche et sophistiquée, le fruit de décennies de pratique.

07/01/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Foudroyants
Foudroyants

L'Atlantide existe toujours mais elle a perdu l'énergie qui alimentait sa technologie et elle a régressé pour devenir une société de bergers et de ramasseurs de coquillages. Le souvenir de leur passé demeure et il est enseigné à l'école. Mais les enfants de l'île savent qu'ils ne pourront jamais la quitter car les courants marins y ramènent toujours les bateaux qui tentent de s'en éloigner. Le jeune Icare vit avec sa grand-mère dans sa bergerie et s'il est secrètement amoureux de la sage et belle Kalio, il ne se doute pas que ce qu'il ressent physiquement en sa présence n'est pas un coup de foudre mais une véritable émanation d'électricité, cette fameuse énergie qui manque à l'Atlantide. Il découvre alors que les élus comme lui capables de produire cette électricité se cachent car depuis plus d'un siècle de mystérieux personnages sortent du fond de l'océan pour s'emparer d'eux et les faire disparaitre à jamais. Excellente série d'aventure tous publics, cette BD mêle des thèmes de la mythologie grecque et de l'aventure science fictionnelle classique à base de dangers, de super-pouvoirs et de civilisations mystérieuses. Elle propose une belle gamme de protagonistes tous intéressants, même le plus abruti d'entre eux qui brutalise le jeune héros et cache ses tourments sentimentaux derrière sa violence stupide. Le jeune héros est facilement attachant et courageux malgré sa faiblesse physique. Celle dont il est amoureux est charmante et très intelligente. Sa petite sœur est mignonne malgré son mutisme. La grand-mère est pleine de vie, de sagesse et se comporte exactement comme il faut pour à la fois protéger et laisser s'épanouir son petit-fils. C'est une BD aussi dépaysante qu'entrainante qui capte le lecteur avec un excellent rythme et une très grosse envie de tenir compagnie aux jeunes héros et d'aller de l'avant avec eux pour partir à l'aventure et découvrir les mystères autour de leur île, de la fameuse armée de Neptune et des pouvoirs dont sont dotés les élus. Les amoureux des Mystérieuses Cités d'Or y retrouveront d'ailleurs des éléments qui leur sont chers. Très bonne série pour jeunes et moins jeunes, elle donne fortement envie de lire la suite.

06/01/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Rwanda - À la poursuite des génocidaires
Rwanda - À la poursuite des génocidaires

Un documentaire-choc qui parle de tout l'horreur du génocide rwandais et de la lutte pour faire condamner des coupables qui se sont enfuit pénard en France. C'est encore une fois une lecture qui peut être dur pour certains lecteurs tellement ce qui est montré est violent. Ça pue la mort pratiquement à chaque page et on se mets à se questionner sur l'humanité. Comment est-ce que des humains peuvent être tellement imprégner de haines qu'ils se mettent à commettre des massacres aussi meurtriers ? Et comment d'autres peuvent regarder sans rien faire alors qu'ils pouvaient stop les massacres ? Et pourquoi des politiques sont restés aussi passives et que la justice française a trainé autant avant d'emmener devant la justice des responsables du génocide vivant sur son territoire depuis des décennies ? Le documentaire est prenant avec un bon résumé historique du Rwanda qui explique comment on en est arrivé à un génocide et aussi comment les gens vivent depuis qu'il a eu lieu. Le dessin est pas mal et j'ai bien aimé que les couleurs choisies sont des couleurs sombres, je pense pas que la BD aurait aussi bien fonctionné si c'était fait avec des couleurs vives.

05/01/2025 (modifier)
Par Yann135
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Survival - Warm Springs
Survival - Warm Springs

Po po po po po ! Attention avec Survival Warn Springs vous allez vous régaler. Oui oui c’est une œuvre magistrale qui témoigne du talent inégalé de Christophe Bec au scénario et de Valério Giangiordano au dessin. Dès les premières pages, vous plongez dans un univers montagneux d’une intensité rare. Christophe Bec, connu pour ses récits captivants et ses intrigues complexes, nous offre – encore une fois - ici une histoire riche en émotions et en rebondissements. Chaque personnage est finement ciselé, avec des motivations profondes et des arcs narratifs saisissants. C’est du grand art ! Le dessin de Valério Giangiordano est tout simplement époustouflant. Ses illustrations détaillées et expressives donnent vie à ce monde ingrat avec une précision et une beauté qui captivent l’œil. Les paysages désolés, les scènes d’action dynamiques et les moments de calme introspectif sont rendus avec une maîtrise technique impressionnante. Chaque case est une œuvre d’art en soi, contribuant à vous immergez totalement dans l’histoire. La collaboration entre Christophe et Valério est une véritable symbiose artistique. Le scénario de christophe, avec ses dialogues percutants et ses situations dramatiques, trouve un écho parfait dans les dessins de Valério. Ensemble, ils créent une atmosphère oppressante et poignante, où l’espoir et le désespoir se côtoient constamment. Cel duo est remarquable ! Christophe sait s’entourer encore et encore de dessinateurs talentueux. Bravo. Survival Warn Springs n’est pas seulement une bande dessinée, c’est une expérience sensorielle et émotionnelle. Les thèmes abordés, tels que la survie, la résilience et la nature humaine, sont traités avec une profondeur et une sensibilité rare. Cette œuvre est un témoignage de la capacité de la bande dessinée à explorer des sujets complexes et à toucher le lecteur de manière profonde. Bing ! Une fleche dans ton coeur ! Survival Warn Springs est une réussite éclatante. C’est une lecture incontournable pour tous les amateurs de bande dessinée et une preuve supplémentaire du génie créatif de Christophe Bec ! Je ne peux que recommander chaudement de courir chez votre libraire pour vous procurer cet album.

04/01/2025 (modifier)
Par grogro
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Coboye
Coboye

Ha ba là moi, je craque ! Des histoires de mômes, un dessin meûgnon comme tout, et un petit humour frais comme la brise de printemps : il y a tout pour me plaire. Déjà le dessin. Il est top ! Vaguement passéiste (ce qui n'est pas pour me déplaire), terriblement expressif, il est tout entier dédié à l'innocence de l'enfance, ou disons à sa spontanéité. Le choix des couleurs est à l'avenant, et évoque la palette de Camille Jourdy pour sa BD Pépin et Olivia, une autre BD sur l'enfance, tiens. L'humour est finaud. Cécile file la métaphore du Far West, avec dans le rôle du coboye une petite fille choupinette dont le caractère fait songer à Mafalda ou Pico Pogue. Et dans celui du shérif, la mère, un peu dépassée par ce "tron de l'air" d'enfant ! Et oui ! Le héros est une héroïne. A ce titre, on appréciera tout particulièrement ce gag où la petite est perchée sur une branche, observant de loin la nouvelle voisine (entourée de ses deux jeunes garçons) discuter avec sa shérif de mère pour lui dire : "Ah oui ! Tu as deux filles, toi... Remarque, il faut bien des filles pour les fils des autres !". Le dessin est assorti de ce commentaire : "Dans l'Ouest sauvage, on rencontre toutes sortes d'esprit agités. Le coboye sait garder ses distances... Petit topo féministe au passage... Cécile porte un regard tendre sur l'enfance échevelée des gosses de la campagne. C'est juste et touchant, parfois même un peu triste (la saynète finale, très Douce amère). En un mot, cette BD, c'est un vrai bonbec !

03/01/2025 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série La Reine de Saba
La Reine de Saba

"La Reine de Saba" est l’adaptation du roman du même nom de Marek Halter par Jean-Marie Michaud. La vie romancée de Makéda, de sa jeunesse à Maryab à sa rencontre avec le roi Salomon. Une préface qui fait le point entre légende et réalité, ainsi qu'une carte géographique représentant les différents royaumes. Instructif. Autant le dire d'entrée, j'ai été conquis par cette femme d'exception (et peut-être un peu amoureux). Une femme gâtée par dame nature, ou par son dieu Almaqah, elle est élancée, gracieuse, belle, cultivée, curieuse, intelligente et au fort caractère. Elle sera femme de guerre et femme d'amour. Mais surtout une femme moderne, elle sera s'adapter aux circonstances (politique, alliance, commerce et religion) pour le bien de son royaume. Une main de fer dans un gant de velours. Un récit captivant et bien construit, j'ai eu l'impression de lire un récit Historique : la vraie vie de Makéda, reine de Saba. 260 pages de bonheur. Un dessin envoûtant qui m'a plongé trois mille ans en arrière. Il retranscrit superbement cette période historique avec le grand soin apporté aux décors et aux personnages. Un dessin somptueusement rehaussé par de magnifiques couleurs à l'aquarelle. Quelques planches dans un style moyenâgeux pour les récits hébraïques qui jalonnent le récit et pour les extraits du "Cantique des cantiques" (relation charnelle entre Makéda et Salomon), mais avec une touche exotique en plus pour ces derniers. Très, très beau ! Une reine charismatique que je vous conseille de découvrir. Dans mon top 5 des BD 2024. Il ne me reste plus qu'à lire Le Mahâbhârata.

03/01/2025 (modifier)
Couverture de la série Giant Days
Giant Days

Okay, je retrousse mes manches, je vais essayer d'augmenter la note de cette série qui le mérite. Giant Days, c'est une série tranche de vie autour de trois jeunes adultes en pleines années fac qui se démarque avant tout par la forme de sa narration. Autant le dire tout de suite, même si le fond est assez souvent sérieux (bons nombres de sujets de sociétés sont abordés) la forme elle est on ne peux plus loufoque. A grands coups de longues tirades mélodramatiques et de punchlines pince-sans-rire, les trois jeunes femmes et leurs entourages tentent de refaire le monde, de se chercher, de grandir tout simplement. C'est principalement un humour que j'appellerais verbeux : il repose justement sur le fait de produire des phrases absurdement longues et/ou complexes, des métaphores alambiquées et des réparties cinglantes. Pour en avoir souvent parlé avec des gens, je constate que cet humour est loin d'être universel, mais quand, comme moi, on sait l'apprécier, cette série fait mouche. On ne pourrait pas aborder l'humour de cette série sans rappeler qu'elle est d'origine britannique et que les amateur-ice-s de blagues à froids ne seront pas non plus dépaysé-e-s. Comme dit plus haut, c'est avant tout un récit autour de jeunes adultes, des individus se trouvant à cet âge presque ingrat où l'on n'est plus vraiment jeune mais où l'on ne se sent pas encore vraiment adulte pour autant. Les personnages grandissent, évoluent, se cherchent et on s'attache facilement à tout ce beau monde. Tiens, d'ailleurs, on ne les a pas encore présenté-e-s ! Il y a d'abord Esther, la gothique drama queen et férue de beaux garçons, puis Daisy, la gentille fille naïve et sérieuse, et enfin Susan, l'intellectuelle n'hésitant pas à relever ses manches et rentrer dans le lard. Autour de nos trois héroïnes, on retrouve toute une flopée de personnages secondaires. Deux d'entre eux pourraient même facilement être considérés comme des personnages principaux à par entière : j'ai nommé Ed, le garçon éperdument amoureux d'Esther et extrêmement malchanceux, et McGraw, véritable machine humaine à la moustache constamment impeccable. Les dessins de Max Sarin et Lisa Treiman sont tous deux très jolis. J'ai une préférence pour le style de Lisa Treiman (artiste que j'aimerais beaucoup voir dans d'autres projets), mais j'avoue que, lorsque l'on me dit "Giant Days", ce sont tout de même les dessins de Max Sarin que j'imagine (sans aucun doute car ce sont eux qui illustrent le plus d'albums de cette série). Mention spéciale pour les dessins et chapitres bonus de John Allison disponibles dans la réédition. Après, c'est sûr que si l'on n'aime pas les récits tranche de vie, les problématiques typiques des jeunes adultes et l'humour que je vous ai décris plus haut, la série n'est pas vraiment faite pour vous. La conseillerais-je à tout le monde ? Non. Mais je la conseille tout de même aux amateur-ice-s de récits du quotidien pleins de bons sentiments et sous forme comique. Une bonne série, surtout pour de jeunes adultes ou des adolescents. (Note réelle 3,5)

03/01/2025 (modifier)
Couverture de la série Killing Joke (Batman - The Killing Joke/Rire et Mourir/Souriez !)
Killing Joke (Batman - The Killing Joke/Rire et Mourir/Souriez !)

Un bel hommage au Joker que ce "Killing Joke" de Moore et Bolland ! Le dessin de Brian Bolland, tout d'abord, est vraiment magnifique avec une mise en page et des cadrages très réussis. A lui seul, comme le souligne Présence, il justifie l'achat de cet ouvrage. Avec les différentes versions du joker qui existent à présent, je reste également plutôt fan de la gueule, relativement traditionnelle, que lui a conféré le dessinateur. Si la colorisation est assistée par ordinateur, elle reste toutefois relativement agréable à l’œil et les flashbacks en N&B et sépia participent à l'immersion du lecteur. Côté scénario, Alan Moore ne révolutionne pas le genre et nous sert une histoire classique d'évasion du Joker et de duel à mort avec son meilleur ennemi, Batman. La surprise vient plutôt dans le côté réaliste et malaisant de l’agression et de la torture que fait subir le Joker à Gordon et sa fille. J'avais rarement vu un tel niveau de réalisme trash dans une BD de Batman... Alan Moore se permet également de réinventer le mythe du Joker en tentant d'expliquer comment il est devenu le gangster le plus fou de Gotham. Si sa biographie reste relativement classique, elle n'en est pas moins intéressante à découvrir. Concernant l'ouvrage en lui-même, comme toute bonne édition Urban DC Comics, la préface de Tim Sale et la post-face de Brian Bolland ainsi que les annexes apportent une réelle plus-value à la lecture. Une très belle édition en somme! Ma seule déception concerne la brièveté de l'histoire. Elle se lit bien trop vite à mon goût et elle n'est constituée que d'un seul arc narratif, relativement classique, m'empêchant de mettre la note suprême de 5/5. Mais elle reste tout de même sans nul doute parmi les meilleurs histoires du Joker jusqu'à présent. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 7/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 9/10 NOTE GLOBALE : 16/20

03/01/2025 (modifier)
Couverture de la série Le Paris des Dragons
Le Paris des Dragons

L'album m'a été offert au nouvel an par un ami qui me l'avait décrit comme suit : "c'est une BD avec une sirène, des dragons et des lesbiennes, tu devrais aimer". Comme quoi mes ami-e-s savent me vendre leurs cadeaux ! J'étais donc vraiment intéressée par cette lecture, jusqu'à ce que j'aperçoive le nom du scénariste : Joann Sfar. Bémol, car l'écriture pompeuse de Sfar, à moins qu'il soit accompagné par quelqu'un d'autre au scénario, ça me laisse quand-même souvent de marbre. Donc après ça, au contraire, j'ai presque redouté ma lecture. J'ai finalement sauté le pas hier soir, et j'en sors assez mitigée. Pas mitigée car je n'ai pas réussi à rentrer dans l'histoire mais, au contraire, car je l'ai trouvée très intéressante et pleine de bonnes idées mais parasitée par des choix étranges. Je m'explique. D'un côté il y a l'histoire, vive et fantasque (proche du réalisme magique dans son traitement du surnaturel), avec des personnages simples mais amusants et quelques répliques savoureuses ; de l'autre côté il y a la narration, marquée par les formules ampoulées et souvent pompeuses de Sfar et une impression que tout cela va parfois un peu trop vite. Tout au long de ma lecture, je n'ai cessé de me demander si je trouvais tel ou tel parti-pris bon ou mauvais, j'étais continuellement tiraillée entre ma sincère affection avec l'idée de base et mon indécision quant à la qualité de l'exécution. Les formules alambiquées de Sfar collaient très bien par moment (seules les références modernes et contemporaines glissées dans la narration m'ont semblées de trop), le dessin de Sandoval (que je ne connaissais pas jusque là) m'a véritablement charmée, la nonchalance du traitement des péripétie m'a agréablement surprise, ... Bref, j'ai aimé. J'ai aimé, et pourtant j'ai tout de même ce sentiment de potentiel un peu gâché. J'ai véritablement l'impression qu'il y avait un potentiel de quelque chose de "plus" là-dedans, que l'album n'était pas très loin d'être très bon à mes yeux. Oui, très bon. Pour la première fois de ma vie, exception faite des trois premiers albums du Chat du Rabbin pour lesquels j'ai une petite affection, j'ai sincèrement aimé une œuvre où Sfar était seul au scénario. J'en tombe des nues. Pour une fois, j'ai réussi à rentrer dans le délire. Mais, encore une fois, l'album n'est pas parfait. La forme très chaotique de l'histoire et de la narration ne plairont pas à tout le monde (même si, personnellement, j'en suis friande). Il faut aimer le fantasque, les phrases alambiquées et la nonchalance de la narration. Et je ne suis toujours pas sûr que le résultat soit réussis ou non ! L'album mérite 3 étoiles à mes yeux, bon mais imparfait. Il n'empêche que j'en sors autant charmée que dubitative et que, mine de rien, j'ai bien l'impression d'avoir eu un coup de cœur. Bien joué, Guillaume, ton cadeau m'a plu mais m'a également bien pété les (proverbiales) couilles !

03/01/2025 (modifier)
Par Emka
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Traquemage
Traquemage

J'avoue que j'étais assez circonspect en voyant cette "rural fantasy" (l'invention de cette catégorie est trait humoristique mais à lire un commentaire précédent, il semble que tout le monde ne soit pas perméable à cet humour :)) aussi bien classée ici. Le nom de Lupano et les critiques précédentes m'ont décidé à sauter le pas, étant amateur de fantasy plus "traditionnelle". On est ici loin des héros classiques des grandes épopées, et c’est bien là tout l’intérêt. Pistolin, berger et fromager, se retrouve entraîné dans une quête improbable, motivée par une simple envie de vengeance. Plus de troupeau, plus de village, tout a été réduit en cendres par des mages qui se chamaillent sans se soucier des conséquences. Il décide alors de partir en guerre contre eux, accompagné de Myrtille, une brebis peureuse, et de Pâquerette, une fée alcoolique et grande gueule. Le scénario de Lupano détourne avec brio les codes de l’heroic fantasy pour les ancrer dans un univers campagnard. Rien de grandiloquent ici, tout est décalé, des dialogues pleins de verve aux situations absurdes qui s’enchaînent. On sent que Lupano s’amuse à dynamiter le genre, avec une ironie qui rappelle parfois l’esprit de Kaamelott. Les répliques fusent, l’humour est pince-sans-rire, et chaque personnage apporte son lot de moments mémorables. Le dessin de Relom complète bien cet univers. Les visages sont expressifs à souhait, oscillant entre caricature et réalisme. On y retrouve un parfum de terroir, un peu rustique, mais toujours soigné. Le trait est précis, parfois exagéré juste ce qu’il faut pour appuyer les situations les plus loufoques. Et les couleurs, discrètes mais bien choisies, servent le ton sans jamais l’éclipser. Une BD qui revisite le genre avec un regard irrévérencieux et rafraîchissant. Pas besoin d’être fan de fantasy pour apprécier cette aventure déjantée. J'ai suivi ce trio avec plaisir, mais je suis bon public, je ne sais pas si ce genre d'humour correspondra à tous. En tous cas pour moi c'est un grand oui et un coup de coeur. Merci encore à BDThèque.

02/01/2025 (modifier)