Si je ne devais prendre qu'une seule BD sur une île déserte, ce serait "Thorgal". "Culte" au sens non galvaudé du terme, pour moi cette oeuvre l'est assurément ; c'est la seule BD dont j'ai relu les épisodes maintes et maintes fois, celle qui a constitué un choc sans précédent dans mon adolescence, plus encore qu'Alix, et qui m'a donné envie de découvrir le monde grandiose de la bande-dessinée.
Mais au-delà des accents lyriques qu'exhale toute oeuvre "fondatrice", plus objectivement et avec le recul du temps, je reconnais en "Thorgal" une oeuvre unique, un des chefs-d'oeuvres de la bande-dessinée franco-belge. C'est en quatre points que je vais tenter de cerner l'intérêt de "Thorgal": l'univers, les personnages, le symbole, la qualité globale de l'oeuvre.
Un mélange des genres unique : aux croisées du mythe et de la science-fiction
Comment définir "Thorgal"? Pas une simple BD d'aventure, ni d'héroïc-fantasy, ni même de science-fiction. Plutôt un amalgame unique de ces différents genres, qu'on ne voit nulle part ailleurs. Tout d'abord, c'est une plongée au pays des Vikings du Nord, leurs drakkars, leurs coutumes, les relents belliqueux qui imprègnent chaque aspect de leur existence, mais surtout, surtout, leur mythologie. Les personnages légendaires des récits d'Asgard, leurs dieux, se matérialisent pour quelques privilégiés.
Mais aux mythes des peuples du Nord se superposent aussi ce qu'on peut apparenter à de la science-fiction. Vaisseaux spatiaux, armes futuristes, technologies avancées font parfois leur apparition, et sèment le trouble dans des esprits qui croient encore aux elfes et aux démons, et qui leurs donnent corps, sans pourtant jamais les voir. C'est là tout le génie de Van Hamme que d'avoir réussi à créer un univers cohérent et magistral, au carrefour de l'Histoire, des légendes et du space-opera.
Une affaire de personnages
Que serait "Thorgal" sans les diverses personnalités qui composent cette BD, qui lui donnent une âme ? Ils semblent se ranger dans deux catégories : les "proches" et amis de Thorgal, et ses ennemis. Van Hamme n'a pas fait de Thorgal un héros solitaire, mais l'a doté d'une famille. Aaricia, sa femme, et ses enfants qui apparaîtront au fil des épisodes, Jolan et Louve, deviendront parfois les personnages principaux, éclipsant ainsi Thorgal.
Du côté des ennemis de Thorgal, plus intéressants que ses amis, les auteurs nous offrent parmi les "méchants" les plus emblématiques du 9ème art : les trois vieillards du pays d'Aran, Saxegaard, Shardar, un tyran aussi lucide et intelligent que détraqué et inquiétant, et surtout, Kriss de Valnor, un des personnages les plus complexes de la BD, dont la vanité se confronte à ses sentiments à l'égard du héros.
Un homme, un symbole
Thorgal fait partie de ces héros qui ne demandent pas à en être. Il a une responsabilité -veiller sur sa famille-, et un idéal -vivre en paix loin de la folie des hommes. Mais voilà, il a le malheur d'être trop apprécié des dieux et d'être rattrapé par ses origines mystérieuses. Se demandant qui il est vraiment, il n'aura de cesse de lutter contre un destin imposé par des forces qui le dépassent. Et quand enfin il trouvera le moyen de se faire oublier des dieux, il s'oubliera lui-même.
Le personnage de Thorgal dépasse celui du héros, c'est un symbole, le symbole du destin, de la fatalité écrasante, mais aussi celui de la rébellion, de la liberté, de l'honneur. C'est un personnage torturé et parfois perdu, et c'est ça qui, au-delà des abstractions qu'il revêt, nous le rend paradoxalement si profondément humain.
Une oeuvre de qualité quoique ternie
Rendons hommage à un dessinateur exceptionnel, Rosinski. En parcourant son oeuvre, on voit sur un quart de siècle l'évolution de son style graphique. Ce qui est étonnant, c'est qu'il parvient très vite à maturité : dès "les trois vieillards du pays d'Aran", le dessin, les couleurs atteignent une qualité remarquable, qui attendra son apogée dans "Louve". Il nous offre aussi parmi les plus belles couvertures de la bande-dessinée.
Mais "Thorgal", ce sont aussi des scénarios maîtrisés, prenant le temps de développer les récits. Les épisodes fonctionnent généralement par cycle de quelques albums. Parmi les deux cycles les plus dignes d'intérêt, citons le cycle de "Shardar le puissant" (tomes 4, 5 et 6), ainsi que le célèbre "cycle de Qa" (tomes 9 à 13) où la série atteint son apogée. Les albums "solitaires" sont aussi remarquables, comme l'époustouflant huis-clos d'"Alinoë", ou les voyages dans le temps du "Maître des montagnes". A partir du tome 21, la série perd malheureusement de son intérêt, abandonnant le souffle qu'elle avait jusque-là.
Sans doute la série a-t-elle duré trop longtemps... Le tome 29 a sonné le glas du "Thorgal" tel que nous le connaissions. Désormais, sans son créateur Van Hamme, la série s'attachera à décrire les aventures de Jolan.
Mais il n'empêche que cette oeuvre de grande qualité a laissé une marque indélébile sur l'histoire de la bande-dessinée, et continuera longtemps, je le pense, à captiver des générations de lecteurs...
Cette BD traite ironiquement de la vision de la société envers les professeurs et toutes les professions qui s'y rattachent de près ou de loin tout en restant humoristique et sans être contre les professeurs (même si parfois on se le demande réellement !!)
Bonne continuation, j'adore cette BD. Bizz.
Graphiquement c'est magnifique : Simon Bisley au top de sa forme, c'est comme un bon "coup de boule dans les valseuses" ! Une bonne bd décomplexée qui n'a d'autre prétention que de divertir.
C'est sûr qu'elle reste à déconseiller aux amateurs de poésie et à ceux qui ne sont pas habitués aux "croisements" (ce genre de comics est toujours victime de sales préjugés en France).
Comparée trop souvent à Blueberry parce qu'elle partage les même créateurs, cette série possède par son cadre une originalité indéniable comparée à son aîné: son cadre, la Louisiane, la sécheresse des déserts ayant ici fait place à la moiteur des marées, décor assez peu utilisé.
L'exotisme est une carte qu'a toujours su utiliser l'immense Jean-Michel Charlier pour y orchestrer toutes sortes de péripéties, il ne fait pas exception ici en mettant en scène un joueur impénitent, Jim Cutlass, qui se voit hériter d'une plantation de coton peu avant la guerre de sécession, partagée avec sa cousine Caroline. Cette dernière, possédant un caractère bien trempé, se sert de Cutlass pour se débarrasser de malfaiteurs et relancer l'activité de leur propriété avant de le déposséder par un subtil stratagème. Dégoûté, Cutlass retourne s'engager dans l'armée qu'il avait quittée après la guerre.
Giraud illustre ce récit avec toute sa virtuosité, avant que la série ne connaisse une hibernation d'où la tire Christian Rossi, qui, ne s'écartant pas du trait de maître Giraud, entreprend un second tome où Charlier a juste le temps d'opposer ses héros au Ku-Kux-Klan.
C'est finalement Giraud qui termine le scénario de cet album après la disparition de Charlier, respectant son complice en concoctant de solides scènes d'action remarquablement servi par le nouveau dessinateur.
La nouvelle équipe poursuit les aventures de Cutlass qui lui font croiser l'alligator blanc, le dirigeant d'une secte vaudou, ce qui fait basculer la série dans le fantastique et l'ésotérique, mais sans brusque transition.
Giraud a su enfoncer peu à peu Cutlass dans le surnaturel pour finir par le plonger dans des scènes grand-guignol. La qualité de son texte, et quoi qu'on veuille en dire, son sens du dialogue et du rebondissement lui permettent de mettre en scène des personnages solidement charpentés et d'emmener son lecteur là où il le souhaite. Ici, il s'éloigne des sentiers explorés par Jean-Michel Charlier, mais cela n'en témoigne justement que d'une ambition justement récompensée, et du meilleur hommage qu'il pouvait rendre à son ami en tentant de continuer à surprendre son lecteur en se basant sur une trame créée par un autre.
Rossi n'est pas en reste, son trait s'épaissit, et il atteint une virtuosité hallucinante (si, si), digne héritière d'une école franco-belge du noir et blanc, avec tout de même une mise en couleur appropriée au climat lourd et humide.
Bref, une série qui peut dérouter, mais qui pourrait aussi bien rallier les lecteurs amateurs d'aventures classiques que les passionnés d'ésotérisme, par son subtil mélange des deux styles.
Tout petit, j'achetais Picsou magazine tous les mois. J'adorais les histoires de Carl Barks, mais en grandissant je les ai trouvé très inégales et parfois enfantines. Ce n'est pas le cas de Don Rosa qui est capable de mettre de la maturité dans ses histoires (notamment dans les histoires avec Goldie). La jeunesse de Picsou est sans aucun doute son chef d'oeuvre.
Don Rosa part avec comme unique indication les indices laissés dans les histoires de Barks. Il mélange aussi l'histoire en mettant parfois des personnages historiques (Buffalo Bill, Geromino, les Daltons, etc.). Les histoires sont toutes bien, mais j'ai une affection particulière pour celles avec Goldie. Quelle tendresse coule de cette relation amour-haine que ce vouent Picsou et Goldie, son unique amour.
Glénat a eu la bonne idée de publier ses histoires ainsi que les autres histoires de Don Rosa et je me suis plongé avec bonheur dans ses albums. J'ai eu du plaisir à lire et relire les histoires et aussi de découvrir plusieurs plus vieilles que je ne connaissais pas. Don Rosa est vraiment le meilleur auteur Disney que je connaisse et l'un des seuls que je relis avec le même plaisir que j'avais lorsque j'étais jeune. Ce que j'aime surtout c'est comment il utilise des faits historiques pour bâtir plusieurs de ses histoires. Je trouve que c'est une façon amusante d'apprendre !
Pour tout dire j’ai vraiment aimé cette série.
C'est une série en plusieurs cycles sur la mythologie celtique, on voyage dans le temps au début du moyen age. Tous les thèmes y sont traités (invasion romaine, l’avancée du christianisme sur l’île de grande Bretagne etc.), sans oublier le mythe arthurien.
A signaler à chaque cycle un dessinateur différent ; mes préférences iront pour les 2 premiers cycles.
Dans l’ensemble "Slàine" reste une œuvre plus que convenable avec son héros ni trop blanc ni trop noir, et une touche d’humour est apportée par le nain Ukko, souffre douleur de notre héros.
Je conseil "Slàine" pour les fans de mythologie celtique bien barbare et ses hordes de démon en tout genre.
J’ai découvert la série ZOO lors de la parution du tome 2 en 1999… Quel choc !
Une beauté graphique et une histoire pleine d’émotions… Dès la première lecture, j’ai été enthousiasmé… La profondeur des personnages, la capacité des auteurs à les rendre attachants ont aidé au fil des relectures à garder intact le plaisir primal… Et peut-être même à l’accroître au fur et à mesure que les personnages me devenaient plus familiers… Et à chaque fois, en fermant le deuxième tome, je me demandais :
[SPOILER]
« Alors, que deviennent-ils ?
Papa Célestin et la guerre ? Revient, revient pas ?
Anna va-t-elle avoir un nouveau nez que lui aurait modelé Buggy ?
Manon va-t-elle, à l’instar du zoo, dépérir ?
Etc, etc… »
[FIN SPOILER]
Et voila… Le tome 3 est paru… J’ai relu l’intégralité de la série… L’émotion est intacte… J’avais un peu d’appréhension… Comment 8 années d’absence allaient-elles peser sur cette histoire ? Et très vite, oubliées les craintes… Je me suis fait embarquer. Presque à croire que j’attrapais un petit cœur de midinette. (Excusez-moi mesdemoiselles)…
Bravo messieurs les auteurs… Et surtout merci pour ce moment de bonheur intense…
J’ai rangé les albums en bonne place dans ma bibliothèque… Avec une petite pointe de tristesse car l’aventure normande semble bien terminée… Il ne me reste plus qu’à relire et faire lire…
Excellente et malheureusement trop méconnue suite d'aventures où se mêlent far west, humour et quelque fois magie. Une brochette de "gueules" s'entrecroisent et se déglinguent à tout va. La plupart des personnages, hommes et femmes, vendraient père et mère pour quelques dollars et les confrontations sont toujours détonantes et jubilatoires.
Les faiblesses de scenario sont très rares et le dessin un rien pointilliste regorge de détails. Une des meilleures représentations de chevaux lancés à toute allure.
Mon seul regret ? Pas de suite au numéro 21.
Que dire sur cette bd magnifique, ses héros et ses personnages secondaires savoureux : le capitaine Boone, monsieur de cigognac, bombastus et... Eusèbe "ô fatal rongeur ! némésis lagomorphe ! jonas aux longues oreilles qui va attirer sur ce galion épouvante et malheur"
Bientôt 15 ans de bonheur et encore 2 tomes avant la fin de l'épopée ! "Epouvante et malheur, noyés blafards au rictus ourlé de polypes".
Tout y est : Dessin ciselé, couleurs vivifiantes, trognes de pirates, trahisons, amours, coups de théâtre, duel de rixme "au premier sang ? au dernier mot !". En un mot : une merveille.
La jeunesse d'eusèbe devrait suivre dans 3 ans pour expliquer la raison de sa présence aux galères.
Un manga comme on en a rarement lu.
J'ai eu tout autant de plaisir à lire cette série car je l'avais tout d'abord vue et j'ai été grandement réjoui qu'elle n'ait pas la même chronologie. J'ai eu l'impression de redécouvrir ce manga tout simplement magnifique. Les dessins y sont d'une propreté déconcertante. Les personnages sont très attachants et très intéressants, humainement parlant. Un scénario, du jamais vu !
De loin un de mes mangas préférés.
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Thorgal
Si je ne devais prendre qu'une seule BD sur une île déserte, ce serait "Thorgal". "Culte" au sens non galvaudé du terme, pour moi cette oeuvre l'est assurément ; c'est la seule BD dont j'ai relu les épisodes maintes et maintes fois, celle qui a constitué un choc sans précédent dans mon adolescence, plus encore qu'Alix, et qui m'a donné envie de découvrir le monde grandiose de la bande-dessinée. Mais au-delà des accents lyriques qu'exhale toute oeuvre "fondatrice", plus objectivement et avec le recul du temps, je reconnais en "Thorgal" une oeuvre unique, un des chefs-d'oeuvres de la bande-dessinée franco-belge. C'est en quatre points que je vais tenter de cerner l'intérêt de "Thorgal": l'univers, les personnages, le symbole, la qualité globale de l'oeuvre. Un mélange des genres unique : aux croisées du mythe et de la science-fiction Comment définir "Thorgal"? Pas une simple BD d'aventure, ni d'héroïc-fantasy, ni même de science-fiction. Plutôt un amalgame unique de ces différents genres, qu'on ne voit nulle part ailleurs. Tout d'abord, c'est une plongée au pays des Vikings du Nord, leurs drakkars, leurs coutumes, les relents belliqueux qui imprègnent chaque aspect de leur existence, mais surtout, surtout, leur mythologie. Les personnages légendaires des récits d'Asgard, leurs dieux, se matérialisent pour quelques privilégiés. Mais aux mythes des peuples du Nord se superposent aussi ce qu'on peut apparenter à de la science-fiction. Vaisseaux spatiaux, armes futuristes, technologies avancées font parfois leur apparition, et sèment le trouble dans des esprits qui croient encore aux elfes et aux démons, et qui leurs donnent corps, sans pourtant jamais les voir. C'est là tout le génie de Van Hamme que d'avoir réussi à créer un univers cohérent et magistral, au carrefour de l'Histoire, des légendes et du space-opera. Une affaire de personnages Que serait "Thorgal" sans les diverses personnalités qui composent cette BD, qui lui donnent une âme ? Ils semblent se ranger dans deux catégories : les "proches" et amis de Thorgal, et ses ennemis. Van Hamme n'a pas fait de Thorgal un héros solitaire, mais l'a doté d'une famille. Aaricia, sa femme, et ses enfants qui apparaîtront au fil des épisodes, Jolan et Louve, deviendront parfois les personnages principaux, éclipsant ainsi Thorgal. Du côté des ennemis de Thorgal, plus intéressants que ses amis, les auteurs nous offrent parmi les "méchants" les plus emblématiques du 9ème art : les trois vieillards du pays d'Aran, Saxegaard, Shardar, un tyran aussi lucide et intelligent que détraqué et inquiétant, et surtout, Kriss de Valnor, un des personnages les plus complexes de la BD, dont la vanité se confronte à ses sentiments à l'égard du héros. Un homme, un symbole Thorgal fait partie de ces héros qui ne demandent pas à en être. Il a une responsabilité -veiller sur sa famille-, et un idéal -vivre en paix loin de la folie des hommes. Mais voilà, il a le malheur d'être trop apprécié des dieux et d'être rattrapé par ses origines mystérieuses. Se demandant qui il est vraiment, il n'aura de cesse de lutter contre un destin imposé par des forces qui le dépassent. Et quand enfin il trouvera le moyen de se faire oublier des dieux, il s'oubliera lui-même. Le personnage de Thorgal dépasse celui du héros, c'est un symbole, le symbole du destin, de la fatalité écrasante, mais aussi celui de la rébellion, de la liberté, de l'honneur. C'est un personnage torturé et parfois perdu, et c'est ça qui, au-delà des abstractions qu'il revêt, nous le rend paradoxalement si profondément humain. Une oeuvre de qualité quoique ternie Rendons hommage à un dessinateur exceptionnel, Rosinski. En parcourant son oeuvre, on voit sur un quart de siècle l'évolution de son style graphique. Ce qui est étonnant, c'est qu'il parvient très vite à maturité : dès "les trois vieillards du pays d'Aran", le dessin, les couleurs atteignent une qualité remarquable, qui attendra son apogée dans "Louve". Il nous offre aussi parmi les plus belles couvertures de la bande-dessinée. Mais "Thorgal", ce sont aussi des scénarios maîtrisés, prenant le temps de développer les récits. Les épisodes fonctionnent généralement par cycle de quelques albums. Parmi les deux cycles les plus dignes d'intérêt, citons le cycle de "Shardar le puissant" (tomes 4, 5 et 6), ainsi que le célèbre "cycle de Qa" (tomes 9 à 13) où la série atteint son apogée. Les albums "solitaires" sont aussi remarquables, comme l'époustouflant huis-clos d'"Alinoë", ou les voyages dans le temps du "Maître des montagnes". A partir du tome 21, la série perd malheureusement de son intérêt, abandonnant le souffle qu'elle avait jusque-là. Sans doute la série a-t-elle duré trop longtemps... Le tome 29 a sonné le glas du "Thorgal" tel que nous le connaissions. Désormais, sans son créateur Van Hamme, la série s'attachera à décrire les aventures de Jolan. Mais il n'empêche que cette oeuvre de grande qualité a laissé une marque indélébile sur l'histoire de la bande-dessinée, et continuera longtemps, je le pense, à captiver des générations de lecteurs...
Les Profs
Cette BD traite ironiquement de la vision de la société envers les professeurs et toutes les professions qui s'y rattachent de près ou de loin tout en restant humoristique et sans être contre les professeurs (même si parfois on se le demande réellement !!) Bonne continuation, j'adore cette BD. Bizz.
Batman / Judge Dredd - Jugement à Gotham
Graphiquement c'est magnifique : Simon Bisley au top de sa forme, c'est comme un bon "coup de boule dans les valseuses" ! Une bonne bd décomplexée qui n'a d'autre prétention que de divertir. C'est sûr qu'elle reste à déconseiller aux amateurs de poésie et à ceux qui ne sont pas habitués aux "croisements" (ce genre de comics est toujours victime de sales préjugés en France).
Jim Cutlass
Comparée trop souvent à Blueberry parce qu'elle partage les même créateurs, cette série possède par son cadre une originalité indéniable comparée à son aîné: son cadre, la Louisiane, la sécheresse des déserts ayant ici fait place à la moiteur des marées, décor assez peu utilisé. L'exotisme est une carte qu'a toujours su utiliser l'immense Jean-Michel Charlier pour y orchestrer toutes sortes de péripéties, il ne fait pas exception ici en mettant en scène un joueur impénitent, Jim Cutlass, qui se voit hériter d'une plantation de coton peu avant la guerre de sécession, partagée avec sa cousine Caroline. Cette dernière, possédant un caractère bien trempé, se sert de Cutlass pour se débarrasser de malfaiteurs et relancer l'activité de leur propriété avant de le déposséder par un subtil stratagème. Dégoûté, Cutlass retourne s'engager dans l'armée qu'il avait quittée après la guerre. Giraud illustre ce récit avec toute sa virtuosité, avant que la série ne connaisse une hibernation d'où la tire Christian Rossi, qui, ne s'écartant pas du trait de maître Giraud, entreprend un second tome où Charlier a juste le temps d'opposer ses héros au Ku-Kux-Klan. C'est finalement Giraud qui termine le scénario de cet album après la disparition de Charlier, respectant son complice en concoctant de solides scènes d'action remarquablement servi par le nouveau dessinateur. La nouvelle équipe poursuit les aventures de Cutlass qui lui font croiser l'alligator blanc, le dirigeant d'une secte vaudou, ce qui fait basculer la série dans le fantastique et l'ésotérique, mais sans brusque transition. Giraud a su enfoncer peu à peu Cutlass dans le surnaturel pour finir par le plonger dans des scènes grand-guignol. La qualité de son texte, et quoi qu'on veuille en dire, son sens du dialogue et du rebondissement lui permettent de mettre en scène des personnages solidement charpentés et d'emmener son lecteur là où il le souhaite. Ici, il s'éloigne des sentiers explorés par Jean-Michel Charlier, mais cela n'en témoigne justement que d'une ambition justement récompensée, et du meilleur hommage qu'il pouvait rendre à son ami en tentant de continuer à surprendre son lecteur en se basant sur une trame créée par un autre. Rossi n'est pas en reste, son trait s'épaissit, et il atteint une virtuosité hallucinante (si, si), digne héritière d'une école franco-belge du noir et blanc, avec tout de même une mise en couleur appropriée au climat lourd et humide. Bref, une série qui peut dérouter, mais qui pourrait aussi bien rallier les lecteurs amateurs d'aventures classiques que les passionnés d'ésotérisme, par son subtil mélange des deux styles.
La Grande Epopée de Picsou (La Jeunesse de Picsou)
Tout petit, j'achetais Picsou magazine tous les mois. J'adorais les histoires de Carl Barks, mais en grandissant je les ai trouvé très inégales et parfois enfantines. Ce n'est pas le cas de Don Rosa qui est capable de mettre de la maturité dans ses histoires (notamment dans les histoires avec Goldie). La jeunesse de Picsou est sans aucun doute son chef d'oeuvre. Don Rosa part avec comme unique indication les indices laissés dans les histoires de Barks. Il mélange aussi l'histoire en mettant parfois des personnages historiques (Buffalo Bill, Geromino, les Daltons, etc.). Les histoires sont toutes bien, mais j'ai une affection particulière pour celles avec Goldie. Quelle tendresse coule de cette relation amour-haine que ce vouent Picsou et Goldie, son unique amour. Glénat a eu la bonne idée de publier ses histoires ainsi que les autres histoires de Don Rosa et je me suis plongé avec bonheur dans ses albums. J'ai eu du plaisir à lire et relire les histoires et aussi de découvrir plusieurs plus vieilles que je ne connaissais pas. Don Rosa est vraiment le meilleur auteur Disney que je connaisse et l'un des seuls que je relis avec le même plaisir que j'avais lorsque j'étais jeune. Ce que j'aime surtout c'est comment il utilise des faits historiques pour bâtir plusieurs de ses histoires. Je trouve que c'est une façon amusante d'apprendre !
Sláine
Pour tout dire j’ai vraiment aimé cette série. C'est une série en plusieurs cycles sur la mythologie celtique, on voyage dans le temps au début du moyen age. Tous les thèmes y sont traités (invasion romaine, l’avancée du christianisme sur l’île de grande Bretagne etc.), sans oublier le mythe arthurien. A signaler à chaque cycle un dessinateur différent ; mes préférences iront pour les 2 premiers cycles. Dans l’ensemble "Slàine" reste une œuvre plus que convenable avec son héros ni trop blanc ni trop noir, et une touche d’humour est apportée par le nain Ukko, souffre douleur de notre héros. Je conseil "Slàine" pour les fans de mythologie celtique bien barbare et ses hordes de démon en tout genre.
Zoo
J’ai découvert la série ZOO lors de la parution du tome 2 en 1999… Quel choc ! Une beauté graphique et une histoire pleine d’émotions… Dès la première lecture, j’ai été enthousiasmé… La profondeur des personnages, la capacité des auteurs à les rendre attachants ont aidé au fil des relectures à garder intact le plaisir primal… Et peut-être même à l’accroître au fur et à mesure que les personnages me devenaient plus familiers… Et à chaque fois, en fermant le deuxième tome, je me demandais : [SPOILER] « Alors, que deviennent-ils ? Papa Célestin et la guerre ? Revient, revient pas ? Anna va-t-elle avoir un nouveau nez que lui aurait modelé Buggy ? Manon va-t-elle, à l’instar du zoo, dépérir ? Etc, etc… » [FIN SPOILER] Et voila… Le tome 3 est paru… J’ai relu l’intégralité de la série… L’émotion est intacte… J’avais un peu d’appréhension… Comment 8 années d’absence allaient-elles peser sur cette histoire ? Et très vite, oubliées les craintes… Je me suis fait embarquer. Presque à croire que j’attrapais un petit cœur de midinette. (Excusez-moi mesdemoiselles)… Bravo messieurs les auteurs… Et surtout merci pour ce moment de bonheur intense… J’ai rangé les albums en bonne place dans ma bibliothèque… Avec une petite pointe de tristesse car l’aventure normande semble bien terminée… Il ne me reste plus qu’à relire et faire lire…
Mac Coy
Excellente et malheureusement trop méconnue suite d'aventures où se mêlent far west, humour et quelque fois magie. Une brochette de "gueules" s'entrecroisent et se déglinguent à tout va. La plupart des personnages, hommes et femmes, vendraient père et mère pour quelques dollars et les confrontations sont toujours détonantes et jubilatoires. Les faiblesses de scenario sont très rares et le dessin un rien pointilliste regorge de détails. Une des meilleures représentations de chevaux lancés à toute allure. Mon seul regret ? Pas de suite au numéro 21.
De Cape et de Crocs
Que dire sur cette bd magnifique, ses héros et ses personnages secondaires savoureux : le capitaine Boone, monsieur de cigognac, bombastus et... Eusèbe "ô fatal rongeur ! némésis lagomorphe ! jonas aux longues oreilles qui va attirer sur ce galion épouvante et malheur" Bientôt 15 ans de bonheur et encore 2 tomes avant la fin de l'épopée ! "Epouvante et malheur, noyés blafards au rictus ourlé de polypes". Tout y est : Dessin ciselé, couleurs vivifiantes, trognes de pirates, trahisons, amours, coups de théâtre, duel de rixme "au premier sang ? au dernier mot !". En un mot : une merveille. La jeunesse d'eusèbe devrait suivre dans 3 ans pour expliquer la raison de sa présence aux galères.
Planètes
Un manga comme on en a rarement lu. J'ai eu tout autant de plaisir à lire cette série car je l'avais tout d'abord vue et j'ai été grandement réjoui qu'elle n'ait pas la même chronologie. J'ai eu l'impression de redécouvrir ce manga tout simplement magnifique. Les dessins y sont d'une propreté déconcertante. Les personnages sont très attachants et très intéressants, humainement parlant. Un scénario, du jamais vu ! De loin un de mes mangas préférés.