Deuxième incursion dans la collection, je dois dire qu’ici le concept « homme de l’année » à mieux fonctionné sur moi.
Une idée sympa mais je trouve que le scénariste peine un peu à captiver avec, la fin m’a bien plu et assure le clin d’œil, mais le milieu est peu longuet. La faute à des personnages pas très charismatiques et à un dessin lisible mais assez anguleux, j’ai un peu de mal avec la mâchoire de Colomb par exemple. A contrario les couleurs sont douces et passent bien.
Lecture détente, oubliable mais pas désagréable. J’attends l’album qui véritablement sortira du lot, mais en l’état on m’a servi ce que j’attendais de cette série concept.
Le titre de la série et la couverture du premier tome ne m’avaient franchement pas attiré, la couverture du suivant est plus engageante. J’ai eu l’occasion de les emprunter tous les deux, et je dois dire que c’est plutôt une bonne surprise.
Le dessin de Paty (meilleur que ce que je connaissais de lui) est dynamique. Son trait semi caricatural convient très bien aux animaux et aux humains qu’il croque, leur donnant des trognes à la fois expressives et souvent amusantes.
Les deux tomes peuvent se lire séparément, ce sont deux histoires indépendantes (même si le deuxième bénéficie de l’exposition des personnages dans le précédent).
Les deux histoires se laissent lire, sont bâties un peu sur le même schéma : un élément déclencheur, des rumeurs, une ambiance mystérieuse et vaguement fantastique, et puis à la fin la résolution, tout « s’explique » et redevient rationnel, les tensions qui avaient électrisé les rapports entre habitants du hameau et animaux de la ferme s’apaisent.
Crisse réussit très bien le mélange entre animaux et humains, et chez chacun deux camps s’opposent souvent (piliers de comptoirs contre cléricaux, puis femmes contre hommes chez les humains, moutons contre bouc et divers clans de moutons entre eux). C’est gentillet sans être niaiseux, la narration est fluide.
Chez les hommes, le curé et le barman donnent le la, tandis que chez les animaux, un vieux hibou et son colocataire écureuil semblent raison garder lorsque les autres s’emballent autour de questions de pouvoir, de questions religieuses ou politiques.
Bref, c’est une lecture agréable.
Note réelle 3,5/5.
Je serais moins enthousiaste que Ro.
Si la partie rédactionnelle est bien fait et intéressante du moment qu'on est fan des Tuniques Bleues, la partie bande dessinée m'a moins plus. Il y a deux ou trois hommages qui m'ont fait sourire et le reste m'a semblé au mieux anecdotique. Au final, la BD qui ressort du lot est celle de Lambil et Cauvin, qui revient sur les origines de la série et qui en plus avait été inédite en album pendant deux décennies.
Donc voilà pour le rédactionnel, je mettrais bien 4 étoiles, mais pour les BD je mettrais un gros 2.5. Un album qui s'adresse surtout aux fans des Tuniques Bleues qui voudraient en apprendre plus sur une série qu'ils aiment. Et si vous voulez des histoires faites par d'autres auteurs, je conseille plus la lecture de ''Les Tuniques Bleues - Des histoires courtes par...''.
L’album est intéressant. Nous suivons un Français, résident aux États-Unis (dont il est en train d’acquérir la nationalité), et qui réalise un documentaire sur les anciens combattants américains en Irak, leurs traumatismes, les malaises et autres névroses qui les assaillent, les cauchemars qui les empêchent de « revenir à la vie normale ».
Le titre est pour le coup bien trouvé. En effet, en sus de sa lecture littérale, il s’agit aussi de montrer la vie de zombies, de fantômes, de ces hommes et femmes brisés par leur expérience d’une guerre dégueulasse, loin des repères qu’ils pensaient s’être fixés. Pointe aussi, au travers de quelques réactions de ces revenants, une critique d’une guerre menée frauduleusement, par des pauvres, au profit de multinationales qui s’engraissent sur le dos des Irakiens comme des troufions américains.
Le dessin est agréable, et le sujet intéressant. Mais j’ai eu du mal à ressentir toute l’empathie que je souhaitais ressentir. La faute à un je ne sais quoi de monocorde.
Une lecture recommandable néanmoins.
Après Vincent - Un saint au temps des mousquetaires, voilà que Jean Dufaux s'attaque à un autre saint catholique emblématique : Saint Charles de Foucauld. On comprend très vite ce qui a pu fasciner l'auteur dans le parcours hors-normes de cet homme à qui tout réussissait, et qui a décidé de lui-même, dans un esprit de renoncement inattendu, de se couper du monde pour aller vivre en ermite dans le désert du Hoggar, au milieu des populations locales. Dufaux décrit assez bien les relations entre le père de Foucauld et les autochtones, s'attirant l'amitié des uns et la méfiance des autres.
Se décrivant lui-même comme le "frère universel", Charles de Foucauld savait se faire aimer de tous, sans jamais manifester une réprobation autre que pour la haine qui pouvait animer certains de ses invités, français comme touaregs. Mais jamais il ne s'oppose à l'individu lui-même, juste aux sentiments noirs qui l'agitent. En cela, je trouve que Dufaux atteint assez bien son but et sait nous attacher à la sagesse de cet homme au caractère exceptionnel.
On pourra toutefois regretter qu'il gomme ou ignore (peut-être honnêtement) certains aspects de la vie du père de Foucauld. Il le décrit notamment comme très apolitique, ce qui est en partie vrai. Cela dit, s'il s'oppose évidemment à la colonisation agressive d'un Jules Ferry et Gambetta, il soutenait pour autant largement la mission civilisatrice de l'armée française, ce que le scénario n'aborde que très peu et de manière assez légère, probablement pour éviter un débat potentiellement clivant (sur les potentiels bienfaits d'une certaine colonisation française au Maghreb). On le comprend, mais le sujet aurait pourtant mérité d'être abordé.
Dufaux préfère s'attarder sur les tourments intérieurs de Foucauld, et notamment son rejet de lui-même, qui confine parfois à l'ambivalence. Il s'abaisse au plus bas, mais certaines lignes de dialogues, trop ou pas assez explicites, semblent nous le montrer refusant de renier sa jeunesse festive à l'excès. Or, tout dans les écrits du saint montre qu'il avait plus que radicalement tourné cette page, et ne se reconnaissait pas dans ce jeune militaire insouciant et dragueur évoqué en début d'album.
De même, si on comprend bien la volonté de l'auteur, ce dernier a parfois tendance à extrapoler légèrement les propos du père de Foucauld, lui conférant un caractère très œcuménique, trop moderne pour refléter la réalité de sa mentalité. Être proche des autres religions et les accueillir sans distinction, oui, mais l'ermite a toujours affirmé haut et fort son désir de convertir les âmes. Ici, il semble parfois témoigner d'un respect qui exclut la conversion (quoiqu'il signale sa volonté au détour d'une ligne de dialogue).
Attention, ces remarques sont celles d'un lecteur qui connaît assez bien le personnage historique dont il est question ici, je ne dis pas que ces points de détails choqueront un lecteur novice, qui ne connaît pas outre mesure Charles de Foucauld. Et malgré les quelques approximations ou atténuations que j'ai signalées ci-dessus, je dois dire que le travail de synthèse de Dufaux est excellent. Il sait résumer toutes les grandes lignes de la vie du père de Foucauld en 64 pages de manière exhaustive, sans qu'on ait l'impression qu'il saute du coq à l'âne en allant d'une péripétie à l'autre. Ici, la narration est claire et concise, créant un récit prenant doté de personnages attachants.
Le dessin de Jamar, lui, est équivalent à son travail sur Vincent - Un saint au temps des mousquetaires. Peut-être un peu statique, il est toutefois très beau et complet, bénéficiant en outre d'une mise en couleur qui lui fait honneur. Le trait réaliste sait donner vie aux personnages comme il convient de le faire, et c'est un plaisir de regarder ces pages colorées et vives.
Bref, donc une biographie qui semble assez complète, malgré quelques absences narratives, probablement due à un nombre de pages trop limité pour aborder tous les débats qui auraient pu l'être. C'est agréable à lire, informatif, et probablement efficace pour quelqu'un qui ne connaîtrait pas (ou peu) la vie du père de Foucauld.
Je venais de recevoir cette BD que j'avais réservée à la médiathèque quand la chronique a été postée. Marrant !
Bon, je serai néanmoins plus clément que Bamiléké. D'abord parce que l'enfance est un beau sujet, que ce soit en littérature, au cinéma ou bien en BD, et qu'il est traité ici avec la spontanéité qui lui sied. Ensuite parce que graphiquement, ce n'est pas mauvais du tout, colorisation comprise.
Certes, ce n'est pas la BD du siècle, ni même du mois. Effectivement, niveau scénar, l'ensemble reste assez léger. On est sur du pilotage automatique. Peggy Adam semble suivre le fil de ses souvenirs (parce que ça ressemble à des choses vécues), faisant preuve au passage d'une certaine capacité d'improvisation.
Alors bien entendu, on n'a pas sous les yeux des exemples (à suivre) de comportements citoyens, loin de là. La morale est absente, totalement, tout comme les parents, isolés, séparés ou violents (faites votre choix). On a sous les yeux un négatif des banlieues dans les années 80/90 dont un poster de Michael Jackson période I'm Bad (tiens donc) est l'unique élément permettant de dater les événements. Rien n'est exagéré. Ca sonne vrai et vécu. La misère, elle est là, indifférente, invisible, en proie au silence. La petite Fanny a le dos couvert de trace de martinet, et alors ? Et bien je suppose que c'était ainsi, à l'époque. On n'en parlait pas, ou rarement dans les médias. Ces choses là étaient tues et un "c'est navrant mais c'est comme ça !" tenait lieu de solution au problème. Et qui s'en souciait ? Il n'y a ni jugement, ni morale, car c'est aussi ça l'enfance. Mais sommes-nous réellement passés à autre chose aujourd'hui, finalement ? On peut le penser.
Cet enchainement d'anecdotes comme autant de perles sur un collier près à casser donne le sentiment de regarder une soirée diapos concoctée par des gamins livrés à eux-mêmes, et ça a beau être un peu maladroit, peut-être, un peu chaotique également, ce n'est pas désagréable du tout. On pourra, comme moi, retrouver quelques réminiscences. Mais contrairement au récent Chair à canon de Aroha Travé, toute trace d'humour est ici absente. Du coup, c'est sans recul et brut de pomme. Ca sort comme ça vient, et c'est au minimum honnête. Déjà pas si mal...
2.5
Le résumé de l'intégrale m'a intrigué avec son concept un peu casse-gueule: raconter un récit où 19 personnes vont se croiser durant une nuit où il va se passer bien sur pleins de choses.
J'aime bien ce genre de récit oû on suit différents personnages sauf que là il y en a tout de même beaucoup. J'ai tout de même lu par curiosité, après tout cela ne dure que deux tomes. Disons que je n'ai pas été étonné par certains défauts de cet album. Il y a effectivement trop de personnages à mes yeux et la moitié ne sont pas très mémorables. Il faut dire que ce qu'il n'aide est que le dessin est pas très clair et certains personnages se ressemblent un peu trop ce qui ne rends pas la lecture fluide. Et comme il y a quelques personnages qui m'ont intéressé, cela a fait en sorte que mon intérêt pour le récit variait selon les scènes.
Au final, c'est pas mauvais, mais malgré le concept de base le récit n'est pas très original si on déjà lu pleins de polars. En plus, c'est tellement influencé par la culture américaine qu'on dirait presque que cela se passe à New York. Le genre de BD à emprunter.
Du bout des doigts est un conte romantique avec une légère touche de fantastique comme Cyril Bonin nous en a déjà proposé quelques-uns. Celui-ci se déroule à Paris dans les années 60. Paul y est un jeune artiste peintre plutôt doué mais qui cherche encore sa voie et préfère la tradition aux désirs d'art conceptuel de ses anciens amis des Beaux-Arts. Il va rencontrer un jour une jolie coiffeuse qui va soudainement changer son point de vue sur la vie et le rendre heureux, magnifiant son talent créatif et sa motivation. Tout est donc parfait et ils coulent rapidement un bel amour, sauf que l'artiste ne se reconnait plus vraiment dans ce trop plein d'optimisme qui contraste avec les doutes et angoisses de sa vie d'avant.
C'est une jolie histoire qui coule agréablement. Son ton et son déroulé sont à l'image de la douceur de son graphisme et de ses couleurs. Il y a une réelle part de fantastique mais elle se fond totalement dans le roman graphique et dans l'histoire d'amour étrange entre Paul et Mathilde. Les personnages sont intéressants de même que les différentes thématiques qui orientent l'histoire, qu'il s'agisse d'une réflexion sur la création artistique, sur la relation au bonheur et sur ce qui constitue le sentiment amoureux. L'ambiance de la France des années 60 est bien rendue et plutôt dépaysante.
C'est une lecture qu'on savoure comme un bonbon un peu sucré, agréable et touchante à défaut d'être véritablement marquante.
Je n'attendais rien de ce premier volume de "Thorgal Saga", il faut dire que je ne suis pas fan de la série mère dont j'ai lu les premiers tomes il y a fort, fort longtemps. J'ai emprunté cet album pour Robin Recht dont j'apprécie beaucoup le dessin.
D'abord le scénario, Robin Recht innove et nous propose deux Thorgal pour le prix d'un. En effet un Thorgal version troisième âge va retourner dans le passé pour y retrouver son grand amour Aaricia, qui vient juste de mourir, mais aussi sa propre personne en beaucoup plus jeune. Un scénario qui fait usage de quelques facilités mais rien de rédhibitoire. Il reste prenant et j'ai particulièrement aimé la fin. Par contre l'émotion n'était pas au rendez-vous et c'est bien dommage, la faute à des Thorgal manquant de relief et trop prévisibles.
Ensuite le dessin, je n'ai pas été déçu par la prestation de Robin Recht. Toujours ce trait puissant et efficace qui convient merveilleusement bien au médiéval fantastique.
J'ai aussi aimé le choix de la colorisation.
Très plaisant à regarder.
Enfin, à la différence des avis ci-dessous, je ne suis pas en mesure de comparer avec la série mère, mes souvenirs brumeux ne me le permettent pas. Aucun effet nostalgique. Ce n'est pas plus mal.
Un one shot qui se laisse lire agréablement.
Suivant les artistes au générique des prochains tomes, je pourrai poursuivre l'aventure.
Il me semble que c’est premier gros succès de Riad Sattouf, à l’époque, j’avais trouvé ça peu passionnant. Même si dispensable, ma récente relecture sera plus tendre envers l’œuvre.
On retrouve déjà la patte/style fluide de l’auteur qu’il peaufinera par la suite dans d’autres séries (observation de la jeunesse et un peu d’autobiographie).
Cet album allie les 2 thématiques, l’angoisse de l’auteur à retourner sur les bancs d’école, j’ai bien aimé son culot au rectorat, son idée de base était d’aller dans 3 établissements différents … finalement il n’ira qu’au collège Charles-Henri plutôt bien coté et où les élèves se divisent en 2 catégories : famille riche ou très riche.
Le portrait de cette jeunesse est assez édifiant, honnêtement sans doute pas plus bête que n’importe quelle génération, mais leur côté bourge est assez horripilant. Dommage qu’il n’y ait que cette « classe sociale », un plus grand panel ne m’aurait pas déplu.
Pas extraordinaire mais lecture pas désagréable, un instantané de l’âge « bête » qu’importe l’époque.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
L'Homme de l'Année - 1492
Deuxième incursion dans la collection, je dois dire qu’ici le concept « homme de l’année » à mieux fonctionné sur moi. Une idée sympa mais je trouve que le scénariste peine un peu à captiver avec, la fin m’a bien plu et assure le clin d’œil, mais le milieu est peu longuet. La faute à des personnages pas très charismatiques et à un dessin lisible mais assez anguleux, j’ai un peu de mal avec la mâchoire de Colomb par exemple. A contrario les couleurs sont douces et passent bien. Lecture détente, oubliable mais pas désagréable. J’attends l’album qui véritablement sortira du lot, mais en l’état on m’a servi ce que j’attendais de cette série concept.
Le Pré derrière l'église
Le titre de la série et la couverture du premier tome ne m’avaient franchement pas attiré, la couverture du suivant est plus engageante. J’ai eu l’occasion de les emprunter tous les deux, et je dois dire que c’est plutôt une bonne surprise. Le dessin de Paty (meilleur que ce que je connaissais de lui) est dynamique. Son trait semi caricatural convient très bien aux animaux et aux humains qu’il croque, leur donnant des trognes à la fois expressives et souvent amusantes. Les deux tomes peuvent se lire séparément, ce sont deux histoires indépendantes (même si le deuxième bénéficie de l’exposition des personnages dans le précédent). Les deux histoires se laissent lire, sont bâties un peu sur le même schéma : un élément déclencheur, des rumeurs, une ambiance mystérieuse et vaguement fantastique, et puis à la fin la résolution, tout « s’explique » et redevient rationnel, les tensions qui avaient électrisé les rapports entre habitants du hameau et animaux de la ferme s’apaisent. Crisse réussit très bien le mélange entre animaux et humains, et chez chacun deux camps s’opposent souvent (piliers de comptoirs contre cléricaux, puis femmes contre hommes chez les humains, moutons contre bouc et divers clans de moutons entre eux). C’est gentillet sans être niaiseux, la narration est fluide. Chez les hommes, le curé et le barman donnent le la, tandis que chez les animaux, un vieux hibou et son colocataire écureuil semblent raison garder lorsque les autres s’emballent autour de questions de pouvoir, de questions religieuses ou politiques. Bref, c’est une lecture agréable. Note réelle 3,5/5.
L'Hommage aux Tuniques Bleues
Je serais moins enthousiaste que Ro. Si la partie rédactionnelle est bien fait et intéressante du moment qu'on est fan des Tuniques Bleues, la partie bande dessinée m'a moins plus. Il y a deux ou trois hommages qui m'ont fait sourire et le reste m'a semblé au mieux anecdotique. Au final, la BD qui ressort du lot est celle de Lambil et Cauvin, qui revient sur les origines de la série et qui en plus avait été inédite en album pendant deux décennies. Donc voilà pour le rédactionnel, je mettrais bien 4 étoiles, mais pour les BD je mettrais un gros 2.5. Un album qui s'adresse surtout aux fans des Tuniques Bleues qui voudraient en apprendre plus sur une série qu'ils aiment. Et si vous voulez des histoires faites par d'autres auteurs, je conseille plus la lecture de ''Les Tuniques Bleues - Des histoires courtes par...''.
Revenants
L’album est intéressant. Nous suivons un Français, résident aux États-Unis (dont il est en train d’acquérir la nationalité), et qui réalise un documentaire sur les anciens combattants américains en Irak, leurs traumatismes, les malaises et autres névroses qui les assaillent, les cauchemars qui les empêchent de « revenir à la vie normale ». Le titre est pour le coup bien trouvé. En effet, en sus de sa lecture littérale, il s’agit aussi de montrer la vie de zombies, de fantômes, de ces hommes et femmes brisés par leur expérience d’une guerre dégueulasse, loin des repères qu’ils pensaient s’être fixés. Pointe aussi, au travers de quelques réactions de ces revenants, une critique d’une guerre menée frauduleusement, par des pauvres, au profit de multinationales qui s’engraissent sur le dos des Irakiens comme des troufions américains. Le dessin est agréable, et le sujet intéressant. Mais j’ai eu du mal à ressentir toute l’empathie que je souhaitais ressentir. La faute à un je ne sais quoi de monocorde. Une lecture recommandable néanmoins.
Foucauld - Une tentation dans le désert
Après Vincent - Un saint au temps des mousquetaires, voilà que Jean Dufaux s'attaque à un autre saint catholique emblématique : Saint Charles de Foucauld. On comprend très vite ce qui a pu fasciner l'auteur dans le parcours hors-normes de cet homme à qui tout réussissait, et qui a décidé de lui-même, dans un esprit de renoncement inattendu, de se couper du monde pour aller vivre en ermite dans le désert du Hoggar, au milieu des populations locales. Dufaux décrit assez bien les relations entre le père de Foucauld et les autochtones, s'attirant l'amitié des uns et la méfiance des autres. Se décrivant lui-même comme le "frère universel", Charles de Foucauld savait se faire aimer de tous, sans jamais manifester une réprobation autre que pour la haine qui pouvait animer certains de ses invités, français comme touaregs. Mais jamais il ne s'oppose à l'individu lui-même, juste aux sentiments noirs qui l'agitent. En cela, je trouve que Dufaux atteint assez bien son but et sait nous attacher à la sagesse de cet homme au caractère exceptionnel. On pourra toutefois regretter qu'il gomme ou ignore (peut-être honnêtement) certains aspects de la vie du père de Foucauld. Il le décrit notamment comme très apolitique, ce qui est en partie vrai. Cela dit, s'il s'oppose évidemment à la colonisation agressive d'un Jules Ferry et Gambetta, il soutenait pour autant largement la mission civilisatrice de l'armée française, ce que le scénario n'aborde que très peu et de manière assez légère, probablement pour éviter un débat potentiellement clivant (sur les potentiels bienfaits d'une certaine colonisation française au Maghreb). On le comprend, mais le sujet aurait pourtant mérité d'être abordé. Dufaux préfère s'attarder sur les tourments intérieurs de Foucauld, et notamment son rejet de lui-même, qui confine parfois à l'ambivalence. Il s'abaisse au plus bas, mais certaines lignes de dialogues, trop ou pas assez explicites, semblent nous le montrer refusant de renier sa jeunesse festive à l'excès. Or, tout dans les écrits du saint montre qu'il avait plus que radicalement tourné cette page, et ne se reconnaissait pas dans ce jeune militaire insouciant et dragueur évoqué en début d'album. De même, si on comprend bien la volonté de l'auteur, ce dernier a parfois tendance à extrapoler légèrement les propos du père de Foucauld, lui conférant un caractère très œcuménique, trop moderne pour refléter la réalité de sa mentalité. Être proche des autres religions et les accueillir sans distinction, oui, mais l'ermite a toujours affirmé haut et fort son désir de convertir les âmes. Ici, il semble parfois témoigner d'un respect qui exclut la conversion (quoiqu'il signale sa volonté au détour d'une ligne de dialogue). Attention, ces remarques sont celles d'un lecteur qui connaît assez bien le personnage historique dont il est question ici, je ne dis pas que ces points de détails choqueront un lecteur novice, qui ne connaît pas outre mesure Charles de Foucauld. Et malgré les quelques approximations ou atténuations que j'ai signalées ci-dessus, je dois dire que le travail de synthèse de Dufaux est excellent. Il sait résumer toutes les grandes lignes de la vie du père de Foucauld en 64 pages de manière exhaustive, sans qu'on ait l'impression qu'il saute du coq à l'âne en allant d'une péripétie à l'autre. Ici, la narration est claire et concise, créant un récit prenant doté de personnages attachants. Le dessin de Jamar, lui, est équivalent à son travail sur Vincent - Un saint au temps des mousquetaires. Peut-être un peu statique, il est toutefois très beau et complet, bénéficiant en outre d'une mise en couleur qui lui fait honneur. Le trait réaliste sait donner vie aux personnages comme il convient de le faire, et c'est un plaisir de regarder ces pages colorées et vives. Bref, donc une biographie qui semble assez complète, malgré quelques absences narratives, probablement due à un nombre de pages trop limité pour aborder tous les débats qui auraient pu l'être. C'est agréable à lire, informatif, et probablement efficace pour quelqu'un qui ne connaîtrait pas (ou peu) la vie du père de Foucauld.
Les Sales Gosses
Je venais de recevoir cette BD que j'avais réservée à la médiathèque quand la chronique a été postée. Marrant ! Bon, je serai néanmoins plus clément que Bamiléké. D'abord parce que l'enfance est un beau sujet, que ce soit en littérature, au cinéma ou bien en BD, et qu'il est traité ici avec la spontanéité qui lui sied. Ensuite parce que graphiquement, ce n'est pas mauvais du tout, colorisation comprise. Certes, ce n'est pas la BD du siècle, ni même du mois. Effectivement, niveau scénar, l'ensemble reste assez léger. On est sur du pilotage automatique. Peggy Adam semble suivre le fil de ses souvenirs (parce que ça ressemble à des choses vécues), faisant preuve au passage d'une certaine capacité d'improvisation. Alors bien entendu, on n'a pas sous les yeux des exemples (à suivre) de comportements citoyens, loin de là. La morale est absente, totalement, tout comme les parents, isolés, séparés ou violents (faites votre choix). On a sous les yeux un négatif des banlieues dans les années 80/90 dont un poster de Michael Jackson période I'm Bad (tiens donc) est l'unique élément permettant de dater les événements. Rien n'est exagéré. Ca sonne vrai et vécu. La misère, elle est là, indifférente, invisible, en proie au silence. La petite Fanny a le dos couvert de trace de martinet, et alors ? Et bien je suppose que c'était ainsi, à l'époque. On n'en parlait pas, ou rarement dans les médias. Ces choses là étaient tues et un "c'est navrant mais c'est comme ça !" tenait lieu de solution au problème. Et qui s'en souciait ? Il n'y a ni jugement, ni morale, car c'est aussi ça l'enfance. Mais sommes-nous réellement passés à autre chose aujourd'hui, finalement ? On peut le penser. Cet enchainement d'anecdotes comme autant de perles sur un collier près à casser donne le sentiment de regarder une soirée diapos concoctée par des gamins livrés à eux-mêmes, et ça a beau être un peu maladroit, peut-être, un peu chaotique également, ce n'est pas désagréable du tout. On pourra, comme moi, retrouver quelques réminiscences. Mais contrairement au récent Chair à canon de Aroha Travé, toute trace d'humour est ici absente. Du coup, c'est sans recul et brut de pomme. Ca sort comme ça vient, et c'est au minimum honnête. Déjà pas si mal...
We are the Night
2.5 Le résumé de l'intégrale m'a intrigué avec son concept un peu casse-gueule: raconter un récit où 19 personnes vont se croiser durant une nuit où il va se passer bien sur pleins de choses. J'aime bien ce genre de récit oû on suit différents personnages sauf que là il y en a tout de même beaucoup. J'ai tout de même lu par curiosité, après tout cela ne dure que deux tomes. Disons que je n'ai pas été étonné par certains défauts de cet album. Il y a effectivement trop de personnages à mes yeux et la moitié ne sont pas très mémorables. Il faut dire que ce qu'il n'aide est que le dessin est pas très clair et certains personnages se ressemblent un peu trop ce qui ne rends pas la lecture fluide. Et comme il y a quelques personnages qui m'ont intéressé, cela a fait en sorte que mon intérêt pour le récit variait selon les scènes. Au final, c'est pas mauvais, mais malgré le concept de base le récit n'est pas très original si on déjà lu pleins de polars. En plus, c'est tellement influencé par la culture américaine qu'on dirait presque que cela se passe à New York. Le genre de BD à emprunter.
Du bout des doigts
Du bout des doigts est un conte romantique avec une légère touche de fantastique comme Cyril Bonin nous en a déjà proposé quelques-uns. Celui-ci se déroule à Paris dans les années 60. Paul y est un jeune artiste peintre plutôt doué mais qui cherche encore sa voie et préfère la tradition aux désirs d'art conceptuel de ses anciens amis des Beaux-Arts. Il va rencontrer un jour une jolie coiffeuse qui va soudainement changer son point de vue sur la vie et le rendre heureux, magnifiant son talent créatif et sa motivation. Tout est donc parfait et ils coulent rapidement un bel amour, sauf que l'artiste ne se reconnait plus vraiment dans ce trop plein d'optimisme qui contraste avec les doutes et angoisses de sa vie d'avant. C'est une jolie histoire qui coule agréablement. Son ton et son déroulé sont à l'image de la douceur de son graphisme et de ses couleurs. Il y a une réelle part de fantastique mais elle se fond totalement dans le roman graphique et dans l'histoire d'amour étrange entre Paul et Mathilde. Les personnages sont intéressants de même que les différentes thématiques qui orientent l'histoire, qu'il s'agisse d'une réflexion sur la création artistique, sur la relation au bonheur et sur ce qui constitue le sentiment amoureux. L'ambiance de la France des années 60 est bien rendue et plutôt dépaysante. C'est une lecture qu'on savoure comme un bonbon un peu sucré, agréable et touchante à défaut d'être véritablement marquante.
Thorgal Saga - Adieu Aaricia
Je n'attendais rien de ce premier volume de "Thorgal Saga", il faut dire que je ne suis pas fan de la série mère dont j'ai lu les premiers tomes il y a fort, fort longtemps. J'ai emprunté cet album pour Robin Recht dont j'apprécie beaucoup le dessin. D'abord le scénario, Robin Recht innove et nous propose deux Thorgal pour le prix d'un. En effet un Thorgal version troisième âge va retourner dans le passé pour y retrouver son grand amour Aaricia, qui vient juste de mourir, mais aussi sa propre personne en beaucoup plus jeune. Un scénario qui fait usage de quelques facilités mais rien de rédhibitoire. Il reste prenant et j'ai particulièrement aimé la fin. Par contre l'émotion n'était pas au rendez-vous et c'est bien dommage, la faute à des Thorgal manquant de relief et trop prévisibles. Ensuite le dessin, je n'ai pas été déçu par la prestation de Robin Recht. Toujours ce trait puissant et efficace qui convient merveilleusement bien au médiéval fantastique. J'ai aussi aimé le choix de la colorisation. Très plaisant à regarder. Enfin, à la différence des avis ci-dessous, je ne suis pas en mesure de comparer avec la série mère, mes souvenirs brumeux ne me le permettent pas. Aucun effet nostalgique. Ce n'est pas plus mal. Un one shot qui se laisse lire agréablement. Suivant les artistes au générique des prochains tomes, je pourrai poursuivre l'aventure.
Retour au collège
Il me semble que c’est premier gros succès de Riad Sattouf, à l’époque, j’avais trouvé ça peu passionnant. Même si dispensable, ma récente relecture sera plus tendre envers l’œuvre. On retrouve déjà la patte/style fluide de l’auteur qu’il peaufinera par la suite dans d’autres séries (observation de la jeunesse et un peu d’autobiographie). Cet album allie les 2 thématiques, l’angoisse de l’auteur à retourner sur les bancs d’école, j’ai bien aimé son culot au rectorat, son idée de base était d’aller dans 3 établissements différents … finalement il n’ira qu’au collège Charles-Henri plutôt bien coté et où les élèves se divisent en 2 catégories : famille riche ou très riche. Le portrait de cette jeunesse est assez édifiant, honnêtement sans doute pas plus bête que n’importe quelle génération, mais leur côté bourge est assez horripilant. Dommage qu’il n’y ait que cette « classe sociale », un plus grand panel ne m’aurait pas déplu. Pas extraordinaire mais lecture pas désagréable, un instantané de l’âge « bête » qu’importe l’époque.