L’album est constitué d’une suite de strips de trois cases, qui forment une histoire complète, chaque strip se terminant par un « gag ».
Au début, ça commence comme l’enquête d’un détective (une femme souhaite comprendre pourquoi son mari ne la trompe pas !?) - les deux personnages (détective blasé fumeur et buveur, cliente blonde pulpeuse pas trop futée) surjouent pas mal de clichés. Puis, rapidement, avec des entourloupes russo-américaines entre services secrets, l’intrigue sombre dans un loufoque, un humour plus ou moins débile assumés.
L’humour est inégal, joue sur des ressorts déjà-vus. Mais globalement c’est un album amusant. Je ne sais pas si les auteurs envisagent une suite (c’est possible), mais l’histoire de James se conclut en un tome en tout cas.
Le dessin de Guerse n’est pas « joli », mais il est très bien adapté à ce genre de projet, il convient bien à l’humour bébête de James.
La guerre civile espagnole est un sujet toujours très utilisé par les artistes. Il faut dire que c'est assez emblématique d'une vision du Mal contre le Bien avec une victoire finale du Mal qui a fait naître de nombreuses frustrations.
Yann est fidèle à ses habitudes de franc-tireur en nous proposant comme thématique principale la division mortelle des forces républicaines fomentée par Moscou. Sur un sujet assez complexe Yann est obligé de simplifier la réalité historique pour que son récit garde une certaine cohérence ainsi qu'un côté romanesque fort.
Ainsi Yann positionne son action encore au début de la guerre (1936) où rien n'était encore acquis avec des éléments et un sentiment d'absurdité qui apparaitra bien plus tard. Ses remarques sur la politique française de l'époque sont assez réductrices d'une réalité plus compliquée.
Le graphisme de Juillard est toujours précis et bien documenté que ce soit pour les avions ou les uniformes. Toutefois ses personnages restent un peu froids pour correspondre à la chaleur des sentiments supposés par ce récit. Les scènes de combat sont sages et classiques sans être très épiques.
J'ai trouvé la lecture assez plaisante sans toutefois atteindre des sommets de rebondissements émotionnels que j'avais trouvés dans une oeuvre comme Mattéo.
Tiens cet album était passé inaperçu à sa sortie. C'est bien dommage, parce que c'est plutôt pas mal.
Au-delà de ce qui ressemble à une nouvelle BD sur le jazz, il s'agit en effet d'un drame intime au coeur duquel se trouve Satchmo, un gavroche de la Nouvelle Orléans au début du 20ème siècle.
Satchmo est en effet un garçon très doué en musique, qui apprend doucement sous la coupe de King Joe, rêvant de lendemains meilleurs à offrir à sa mère, obligée de faire le tapin pour survivre. Mais lorsqu'il décide de se prendre en main, les choses déraillent et il se retrouve derrière les barreaux. Mais Satchmo a une énorme volonté, un fureur de vivre et des doigts en or lorsqu'ils manipulent une trompette. C'est cette fureur, qui se transforme en colère, qui va causer de nouveaux ennuis. On se doute assez vite que ça va mal finir, et Léo Heitz, dont c'est le premier album, propose un récit dont l'énergie graphique et narrative transpire à chaque page. L'histoire, dramatique, pourrait faire l'objet d'une chanson de blues ou de jazz assez magnifique et marquante. Mais il y a quand même des légers problèmes de rythme par moments, l'album est peut-être un poil trop long pour l'histoire qui nous est servie. Des erreurs de jeunesse probablement, qui n'entachent finalement que peu le plaisir de lecture, qui est réel.
Graphiquement, je me suis cru revenu dans les années 1980, dans des albums des anciennes Editions Futuropolis, ou Albin Michel. Les style de Heitz est proche de celui de Guarnido (pour les animaux humanisés), mais je citerais plutôt Jano ou Ben Radis. Mais ce n'est pas désagréable, comme je l'indiquais précédemment, il se dégage une grande énergie de son dessin. J'espère le retrouver sur d'autres projets.
C'est un joli conte poétique, fantastique et écologique que propose Kalina Muhova. Cette jeune artiste bulgare a fait sa formation en Italie. Ces influences se retrouvent dans ce joli récit très coloré pour séduire un public d'enfants.
Diana est une jeune fille gourmande et elle n'hésite pas à aider sa grand-mère à préparer des palacinke (crêpes des Balkans) si appétissants. En voulant aider ses grands-parents, Diana devra aussi aider la planète pour sauver le monde des roses et du beau.
Kalina Muhova exploite de façon efficace des thématiques chères aux enfants (cuisine, nature, grands-parents). Le récit est linéaire, accessible et le graphisme porte une poésie simple mais agréable. Le thème de la pollution est abordé avec justesse incitant à se retrousser les manches plutôt qu'à se plaindre et rechercher des coupables.
Le graphisme est très mignon et dynamique mais c'est surtout la mise en couleur très vive et chatoyante que j'ai appréciée. Les éclairages des scènes nocturnes sont aussi très à mon goût.
Une lecture pour les 6/8 ans très sympa. Un bon 3
Les auteurs ont voulu associer deux fantasmes littéraires dans ce récit avec un double niveau de lecture. La vulnérabilité du petit chaperon rouge et l'angoisse de la Transylvanie aurait pu faire un cocktail explosif mais je trouve que le scénario a accouché d'un pétard mouillé.
De Transylvanie il n'en est pas beaucoup question dans ce récit qui suit le déroulé du conte de façon très classique sauf à un final tout juste un peu arrangé et décalé.
Par contre j'ai trouvé le graphisme vraiment intéressant. La présentation et le découpage sont très modernes, les dynamiques de Ruby et du loup bien réussies pour une histoire rythmée et vivante.
J'ai beaucoup aimé la mise en couleur qui donne une ambiance très colorée et agréable au récit.
Une lecture sauvée par son graphisme.
Un documentaire qui montre les coulisses d'une série télé bien connue en France et dont j'ai aperçu des extraits par-ci par-là sur TV5. On a pas besoin de connaitre la série pour apprécier cet album, l'intérêt est de voir comment on fabrique à la chaine une série avec plein d'épisodes et sans le budget qu'on peut retrouver aux États-Unis.
On va donc suivre les étapes, de la création du concept de la série, l'écriture des intrigues, les changements scénaristiques durant le tournage à cause des contraintes et plusieurs autres choses. J'ai appris beaucoup sur le fonctionnement d'un certain type de série télé et c'était intéressant à suivre. Le dessin est bon aussi. Le seul défaut que je vois est que l'héroïne est un peu trop nunuche-maladroite par moment. On dirait presque un personnage d'une sitcom alors qu'une des forces de cette collection est que jusqu'à présent dans les albums que j'avais lus, tout semblait réel même lorsque les personnages étaient excentriques. Ici, je trouvais que ce qui arrivait au personnage principal me semblait un peu trop forcé et que ça manquait de naturel.
Le célèbre inventeur Nikola Tesla, devenu une sorte de Nicolas Flamel moderne, a enfermé la puissance de toutes ses découvertes dans des cristaux et les a scellés pour qu'ils servent l'humanité dans le futur, quand elle sera devenue suffisamment avancée pour savoir s'en servir correctement. Un siècle plus tard toutefois, il semble bien que ces cristaux ont fait leur réapparition du fait d'actes criminels et surnaturels qui se répandent dans le monde. Le service de sécurité intérieure du Japon, sorte de CIA à la Japonaise, va envoyer ses meilleurs agents à leur poursuite. Il s'agit de Kuruma, fringant jeune agent secret, et de Botan, la fille ninja qui a été élevée depuis sa prime jeunesse pour devenir une espionne et une combattante, et tous deux seront bientôt rejoints par d'autres recrues.
Même si les héros sont théoriquement des espions, il s'agit avant tout d'un manga d'action. A ce stade, on ne parle plus vraiment d'espions façon James Bond qui combat les méchants, mais carrément des Totally spies tant leurs aventures frôlent la science-fiction et l'incroyable, avec toujours force bagarres, poursuites et cascades.
Au départ, l'intrigue mêle histoires relativement sérieuses d'espionnage et péripéties lycéennes puisque Botan est sensée se faire passer pour une simple étudiante. Puis au fil des tomes, la confrontation avec la société adverse se fait de plus en plus présente au point d'en arriver à la grande confrontation finale pour sauver le Monde toute entier. Au passage, on aura eu droit à la rencontre de pas mal de nouveaux personnages et aussi de quelques... retournements de situation que je révèlerai pas pour ne pas gâcher la surprise.
Par contre, le super vilain final est assez décevant dans sa caricature de "méchant trop méchant" et on a bien du mal à comprendre qu'il ait pu convaincre des gens à travailler pour son compte. On notera aussi une oscillation un peu étrange entre moments graves avec quelques morts cruelles, et moments nettement plus gnangnan, comme en ce qui concerne les relations entre les personnages, même entre ennemis. Ca donne une certaine originalité au ton de l'intrigue mais ça empêche aussi d'y croire pour de bon.
Mais dans l'ensemble, c'est pas mal, plutôt bien dessiné, bien rythmé, pas très original sur le fond mais divertissant.
Une belle surprise.
Pour un premier album, Nicolas Bazin s'en tire plutôt bien. Il a pour référence : Neil Gaiman, Jeff Lemire, James Tynion IV, Andrea Sorrentino ..... que du beau monde.
Une campagne participative a été lancée sur Ulule par les éditions Bubble pour permettre la publication de cette BD.
Un artiste avec, déjà, son univers, un récit de science-fiction mêlant l'anticipation et les violences conjugales.
Damien est un homme violent physiquement et psychologiquement jusqu'au jour où un accident de voiture va bouleverser sa vie et celle de sa compagne. Que feriez-vous si on vous propose de vivre 8 années de plus en vous rendant meilleur ? Évidemment ce pacte ne sera pas sans conséquences, au bout des 8 ans il faut en payer le prix et libérer la bête qui sommeil en lui.
Un récit sans round d'observation, on entre de suite dans cette histoire assez folle, il faut faire abstraction de nos certitudes et se laisser porter par une narration agressive, non linéaire et délirante.
Un récit qui n'est pas sans défauts, une pagination plus importante aurait permis de mieux développer l'intrigue et les personnages, et ainsi, une meilleure maîtrise du sujet. Mais je chipote, j'ai aimé ce voyage qui visite des univers bien différents.
C'est la couverture qui a attiré mon regard.
Le dessin en noir et blanc de Bazin est hypnotique, un trait nerveux, mordant et charbonneux. Une texture qui est en parfaite harmonie avec le récit et qui apporte cette atmosphère sombre et violente.
La mise en page n'est pas en reste, elle est destructurée et cinématographique.
Superbe.
Pour les curieux.
Note réelle : 3,5.
Coup de cœur graphique.
L’album relate ce qui peut s’apparenter à une descente aux enfers d’un immigré sénégalais, Magid en France (à Paris en particulier). Arrivé plein de rêve et d’envie, il est accueilli tout d’abord dans la chambre de bonne d’une cousine (mais dans le XVIème arrondissement de Paris, ce qui lui donne une fausse idée de la vie du Français moyen).
Rapidement il cherche l’indépendance, et du boulot. Il va ainsi passer de squat en foyers délabrés, et se faire exploiter par des patrons sans scrupules, qui embauchent sans papiers des vigiles, et ne les payent que très très peu, très en retard. Magid est aussi victime de sa gentillesse et d’une certaine naïveté.
C’est ainsi qu’il va sombrer dans la dépression, quasi sans le sou, souvent sans habitat stable, et surtout sans papier, son visa touristique étant arrivé à expiration.
En parallèle de ses galères pour trouver du boulot, un logement et de quoi manger, nous suivons ses démarches pour constituer un dossier pour pouvoir rester légalement en France. Et là aussi, entre ceux qui exploitent la situation (y compris des médecins), les lourdeurs de l’administration (et son caractère kafkaïen), un certain fatalisme absurde domine, même si Magid ne perd jamais réellement espoir.
L’album adapte un roman sans doute autobiographique.
J’ai juste trouvé un peu trop brutal et facile la rencontre décisive vers la fin, qui, de fil en aiguilles va permettre à Magid de s’en sortir, et de fonder un foyer stable en France.
Pour le reste, c’est un récit qui se lit agréablement, assez rapidement. On est rapidement captivé par la sincérité et l’optimisme (teinté de naïveté) de Magid, et on est scandalisé avec lui par les obstacles qu’il rencontre.
Olivier Petit propose une illustration de neuf poèmes de Jacques Prévert dans le format habituel de la collection.
Un bref rappel biographique précède une illustration d'un poème connu de Prévert. Pour une fois un poème est repris deux fois (L'orgue de barbarie) pour "attiser l'imaginaire du lecteur" et l'inciter à avoir son propre ressenti.
Je ne suis pas entièrement convaincu par l'argumentaire car l'image proposée/imposée est toujours un peu castratrice.
Malgré sa notoriété la poésie de Prévert n'est pas de mes préférées. Je lui trouve évidemment une modernité de vocabulaire et de pensée très admirable.
Le paradoxe de l'ouvrage est que le graphisme est en deçà de cette prise de modernité et je le trouve très classique voire un peu convenu.
Malgré tout un ouvrage séduisant pour redécouvrir un peu d'une oeuvre majeure.
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Barney Stax
L’album est constitué d’une suite de strips de trois cases, qui forment une histoire complète, chaque strip se terminant par un « gag ». Au début, ça commence comme l’enquête d’un détective (une femme souhaite comprendre pourquoi son mari ne la trompe pas !?) - les deux personnages (détective blasé fumeur et buveur, cliente blonde pulpeuse pas trop futée) surjouent pas mal de clichés. Puis, rapidement, avec des entourloupes russo-américaines entre services secrets, l’intrigue sombre dans un loufoque, un humour plus ou moins débile assumés. L’humour est inégal, joue sur des ressorts déjà-vus. Mais globalement c’est un album amusant. Je ne sais pas si les auteurs envisagent une suite (c’est possible), mais l’histoire de James se conclut en un tome en tout cas. Le dessin de Guerse n’est pas « joli », mais il est très bien adapté à ce genre de projet, il convient bien à l’humour bébête de James.
Double 7
La guerre civile espagnole est un sujet toujours très utilisé par les artistes. Il faut dire que c'est assez emblématique d'une vision du Mal contre le Bien avec une victoire finale du Mal qui a fait naître de nombreuses frustrations. Yann est fidèle à ses habitudes de franc-tireur en nous proposant comme thématique principale la division mortelle des forces républicaines fomentée par Moscou. Sur un sujet assez complexe Yann est obligé de simplifier la réalité historique pour que son récit garde une certaine cohérence ainsi qu'un côté romanesque fort. Ainsi Yann positionne son action encore au début de la guerre (1936) où rien n'était encore acquis avec des éléments et un sentiment d'absurdité qui apparaitra bien plus tard. Ses remarques sur la politique française de l'époque sont assez réductrices d'une réalité plus compliquée. Le graphisme de Juillard est toujours précis et bien documenté que ce soit pour les avions ou les uniformes. Toutefois ses personnages restent un peu froids pour correspondre à la chaleur des sentiments supposés par ce récit. Les scènes de combat sont sages et classiques sans être très épiques. J'ai trouvé la lecture assez plaisante sans toutefois atteindre des sommets de rebondissements émotionnels que j'avais trouvés dans une oeuvre comme Mattéo.
Satchmo
Tiens cet album était passé inaperçu à sa sortie. C'est bien dommage, parce que c'est plutôt pas mal. Au-delà de ce qui ressemble à une nouvelle BD sur le jazz, il s'agit en effet d'un drame intime au coeur duquel se trouve Satchmo, un gavroche de la Nouvelle Orléans au début du 20ème siècle. Satchmo est en effet un garçon très doué en musique, qui apprend doucement sous la coupe de King Joe, rêvant de lendemains meilleurs à offrir à sa mère, obligée de faire le tapin pour survivre. Mais lorsqu'il décide de se prendre en main, les choses déraillent et il se retrouve derrière les barreaux. Mais Satchmo a une énorme volonté, un fureur de vivre et des doigts en or lorsqu'ils manipulent une trompette. C'est cette fureur, qui se transforme en colère, qui va causer de nouveaux ennuis. On se doute assez vite que ça va mal finir, et Léo Heitz, dont c'est le premier album, propose un récit dont l'énergie graphique et narrative transpire à chaque page. L'histoire, dramatique, pourrait faire l'objet d'une chanson de blues ou de jazz assez magnifique et marquante. Mais il y a quand même des légers problèmes de rythme par moments, l'album est peut-être un poil trop long pour l'histoire qui nous est servie. Des erreurs de jeunesse probablement, qui n'entachent finalement que peu le plaisir de lecture, qui est réel. Graphiquement, je me suis cru revenu dans les années 1980, dans des albums des anciennes Editions Futuropolis, ou Albin Michel. Les style de Heitz est proche de celui de Guarnido (pour les animaux humanisés), mais je citerais plutôt Jano ou Ben Radis. Mais ce n'est pas désagréable, comme je l'indiquais précédemment, il se dégage une grande énergie de son dessin. J'espère le retrouver sur d'autres projets.
Diana d'un monde à l'autre
C'est un joli conte poétique, fantastique et écologique que propose Kalina Muhova. Cette jeune artiste bulgare a fait sa formation en Italie. Ces influences se retrouvent dans ce joli récit très coloré pour séduire un public d'enfants. Diana est une jeune fille gourmande et elle n'hésite pas à aider sa grand-mère à préparer des palacinke (crêpes des Balkans) si appétissants. En voulant aider ses grands-parents, Diana devra aussi aider la planète pour sauver le monde des roses et du beau. Kalina Muhova exploite de façon efficace des thématiques chères aux enfants (cuisine, nature, grands-parents). Le récit est linéaire, accessible et le graphisme porte une poésie simple mais agréable. Le thème de la pollution est abordé avec justesse incitant à se retrousser les manches plutôt qu'à se plaindre et rechercher des coupables. Le graphisme est très mignon et dynamique mais c'est surtout la mise en couleur très vive et chatoyante que j'ai appréciée. Les éclairages des scènes nocturnes sont aussi très à mon goût. Une lecture pour les 6/8 ans très sympa. Un bon 3
Le Capuchon Rouge (Le Petit Chaperon Rouge en Transylvanie)
Les auteurs ont voulu associer deux fantasmes littéraires dans ce récit avec un double niveau de lecture. La vulnérabilité du petit chaperon rouge et l'angoisse de la Transylvanie aurait pu faire un cocktail explosif mais je trouve que le scénario a accouché d'un pétard mouillé. De Transylvanie il n'en est pas beaucoup question dans ce récit qui suit le déroulé du conte de façon très classique sauf à un final tout juste un peu arrangé et décalé. Par contre j'ai trouvé le graphisme vraiment intéressant. La présentation et le découpage sont très modernes, les dynamiques de Ruby et du loup bien réussies pour une histoire rythmée et vivante. J'ai beaucoup aimé la mise en couleur qui donne une ambiance très colorée et agréable au récit. Une lecture sauvée par son graphisme.
Plus belle la série
Un documentaire qui montre les coulisses d'une série télé bien connue en France et dont j'ai aperçu des extraits par-ci par-là sur TV5. On a pas besoin de connaitre la série pour apprécier cet album, l'intérêt est de voir comment on fabrique à la chaine une série avec plein d'épisodes et sans le budget qu'on peut retrouver aux États-Unis. On va donc suivre les étapes, de la création du concept de la série, l'écriture des intrigues, les changements scénaristiques durant le tournage à cause des contraintes et plusieurs autres choses. J'ai appris beaucoup sur le fonctionnement d'un certain type de série télé et c'était intéressant à suivre. Le dessin est bon aussi. Le seul défaut que je vois est que l'héroïne est un peu trop nunuche-maladroite par moment. On dirait presque un personnage d'une sitcom alors qu'une des forces de cette collection est que jusqu'à présent dans les albums que j'avais lus, tout semblait réel même lorsque les personnages étaient excentriques. Ici, je trouvais que ce qui arrivait au personnage principal me semblait un peu trop forcé et que ça manquait de naturel.
Tesla note
Le célèbre inventeur Nikola Tesla, devenu une sorte de Nicolas Flamel moderne, a enfermé la puissance de toutes ses découvertes dans des cristaux et les a scellés pour qu'ils servent l'humanité dans le futur, quand elle sera devenue suffisamment avancée pour savoir s'en servir correctement. Un siècle plus tard toutefois, il semble bien que ces cristaux ont fait leur réapparition du fait d'actes criminels et surnaturels qui se répandent dans le monde. Le service de sécurité intérieure du Japon, sorte de CIA à la Japonaise, va envoyer ses meilleurs agents à leur poursuite. Il s'agit de Kuruma, fringant jeune agent secret, et de Botan, la fille ninja qui a été élevée depuis sa prime jeunesse pour devenir une espionne et une combattante, et tous deux seront bientôt rejoints par d'autres recrues. Même si les héros sont théoriquement des espions, il s'agit avant tout d'un manga d'action. A ce stade, on ne parle plus vraiment d'espions façon James Bond qui combat les méchants, mais carrément des Totally spies tant leurs aventures frôlent la science-fiction et l'incroyable, avec toujours force bagarres, poursuites et cascades. Au départ, l'intrigue mêle histoires relativement sérieuses d'espionnage et péripéties lycéennes puisque Botan est sensée se faire passer pour une simple étudiante. Puis au fil des tomes, la confrontation avec la société adverse se fait de plus en plus présente au point d'en arriver à la grande confrontation finale pour sauver le Monde toute entier. Au passage, on aura eu droit à la rencontre de pas mal de nouveaux personnages et aussi de quelques... retournements de situation que je révèlerai pas pour ne pas gâcher la surprise. Par contre, le super vilain final est assez décevant dans sa caricature de "méchant trop méchant" et on a bien du mal à comprendre qu'il ait pu convaincre des gens à travailler pour son compte. On notera aussi une oscillation un peu étrange entre moments graves avec quelques morts cruelles, et moments nettement plus gnangnan, comme en ce qui concerne les relations entre les personnages, même entre ennemis. Ca donne une certaine originalité au ton de l'intrigue mais ça empêche aussi d'y croire pour de bon. Mais dans l'ensemble, c'est pas mal, plutôt bien dessiné, bien rythmé, pas très original sur le fond mais divertissant.
Demain la rage
Une belle surprise. Pour un premier album, Nicolas Bazin s'en tire plutôt bien. Il a pour référence : Neil Gaiman, Jeff Lemire, James Tynion IV, Andrea Sorrentino ..... que du beau monde. Une campagne participative a été lancée sur Ulule par les éditions Bubble pour permettre la publication de cette BD. Un artiste avec, déjà, son univers, un récit de science-fiction mêlant l'anticipation et les violences conjugales. Damien est un homme violent physiquement et psychologiquement jusqu'au jour où un accident de voiture va bouleverser sa vie et celle de sa compagne. Que feriez-vous si on vous propose de vivre 8 années de plus en vous rendant meilleur ? Évidemment ce pacte ne sera pas sans conséquences, au bout des 8 ans il faut en payer le prix et libérer la bête qui sommeil en lui. Un récit sans round d'observation, on entre de suite dans cette histoire assez folle, il faut faire abstraction de nos certitudes et se laisser porter par une narration agressive, non linéaire et délirante. Un récit qui n'est pas sans défauts, une pagination plus importante aurait permis de mieux développer l'intrigue et les personnages, et ainsi, une meilleure maîtrise du sujet. Mais je chipote, j'ai aimé ce voyage qui visite des univers bien différents. C'est la couverture qui a attiré mon regard. Le dessin en noir et blanc de Bazin est hypnotique, un trait nerveux, mordant et charbonneux. Une texture qui est en parfaite harmonie avec le récit et qui apporte cette atmosphère sombre et violente. La mise en page n'est pas en reste, elle est destructurée et cinématographique. Superbe. Pour les curieux. Note réelle : 3,5. Coup de cœur graphique.
Magic-Majid - La Sardine du cannibale
L’album relate ce qui peut s’apparenter à une descente aux enfers d’un immigré sénégalais, Magid en France (à Paris en particulier). Arrivé plein de rêve et d’envie, il est accueilli tout d’abord dans la chambre de bonne d’une cousine (mais dans le XVIème arrondissement de Paris, ce qui lui donne une fausse idée de la vie du Français moyen). Rapidement il cherche l’indépendance, et du boulot. Il va ainsi passer de squat en foyers délabrés, et se faire exploiter par des patrons sans scrupules, qui embauchent sans papiers des vigiles, et ne les payent que très très peu, très en retard. Magid est aussi victime de sa gentillesse et d’une certaine naïveté. C’est ainsi qu’il va sombrer dans la dépression, quasi sans le sou, souvent sans habitat stable, et surtout sans papier, son visa touristique étant arrivé à expiration. En parallèle de ses galères pour trouver du boulot, un logement et de quoi manger, nous suivons ses démarches pour constituer un dossier pour pouvoir rester légalement en France. Et là aussi, entre ceux qui exploitent la situation (y compris des médecins), les lourdeurs de l’administration (et son caractère kafkaïen), un certain fatalisme absurde domine, même si Magid ne perd jamais réellement espoir. L’album adapte un roman sans doute autobiographique. J’ai juste trouvé un peu trop brutal et facile la rencontre décisive vers la fin, qui, de fil en aiguilles va permettre à Magid de s’en sortir, et de fonder un foyer stable en France. Pour le reste, c’est un récit qui se lit agréablement, assez rapidement. On est rapidement captivé par la sincérité et l’optimisme (teinté de naïveté) de Magid, et on est scandalisé avec lui par les obstacles qu’il rencontre.
Prévert - Les Poèmes en bande dessinée (Les Poèmes de Jacques Prévert en BD)
Olivier Petit propose une illustration de neuf poèmes de Jacques Prévert dans le format habituel de la collection. Un bref rappel biographique précède une illustration d'un poème connu de Prévert. Pour une fois un poème est repris deux fois (L'orgue de barbarie) pour "attiser l'imaginaire du lecteur" et l'inciter à avoir son propre ressenti. Je ne suis pas entièrement convaincu par l'argumentaire car l'image proposée/imposée est toujours un peu castratrice. Malgré sa notoriété la poésie de Prévert n'est pas de mes préférées. Je lui trouve évidemment une modernité de vocabulaire et de pensée très admirable. Le paradoxe de l'ouvrage est que le graphisme est en deçà de cette prise de modernité et je le trouve très classique voire un peu convenu. Malgré tout un ouvrage séduisant pour redécouvrir un peu d'une oeuvre majeure.