Radium Girls

Note: 3.2/5
(3.2/5 pour 5 avis)

Des destins de femmes sacrifiées sur l’autel du progrès. La dessinatrice Cy nous raconte le terrible destin des Radium Girls, ces jeunes femmes injustement sacrifiées sur l’autel du progrès technique. Un parcours de femmes dans la turbulente Amérique des années 1920 où, derrière l’insouciance lumineuse de la jeunesse, se joue une véritable tragédie des temps modernes.


1919 - 1929 : L'Après-Guerre et les Années Folles La BD au féminin [USA] - Nord Est

New Jersey, 1918. Edna Bolz entre comme ouvrière à l’United State Radium Corporation, une usine qui fournit l’armée en montres. Aux côtés de Katherine, Mollie, Albina, Quinta et les autres, elle va apprendre le métier qui consiste à peindre des cadrans à l’aide de la peinture Undark (une substance luminescente très précieuse et très chère) à un rythme constant. Mais bien que la charge de travail soit soutenue, l’ambiance à l’usine est assez bonne. Les filles s’entendent bien et sortent même ensemble le soir. Elles se surnomment les « Ghost Girls » : par jeu, elles se peignent les ongles, les dents ou le visage afin d’éblouir (littéralement) les autres une fois la nuit tombée. Mais elles ignorent que, derrière ses propriétés étonnantes, le Radium, cette substance qu’elles manipulent toute la journée et avec laquelle elles jouent, est en réalité mortelle. Et alors que certaines d’entre elles commencent à souffrir d’anémie, de fractures voire de tumeur, des voix s’élèvent pour comprendre. D’autres, pour étouffer l’affaire...

Scénario
Cy
Dessin
Cy
Couleurs
Cy
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 26 Août 2020
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Radium Girls © Glénat 2020
Les notes
Note: 3.2/5
(3.2/5 pour 5 avis)
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15/02/2021 | carottebio
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Par Ro
Note: 3/5
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Au début du 20e siècle, aux Etats-Unis, des femmes travaillaient en usine pour peindre des cadrans de montre et autres pendules avec du radium pour rendre les chiffres phosphorescents. Elles le faisaient sans aucune protection et avec pour consigne de porter régulièrement le pinceau à leurs lèvres pour lisser les poils, simplement parce qu'à l'époque elles n'avaient aucune conscience du caractère radioactif du radium. Les scientifiques et médecins de leur compagnie étaient bien au courant mais a priori la direction refusait de diffuser l'information. Tant et si bien qu'au bout de plusieurs années, en général bien après qu'elles aient quitté cet emploi, la plupart de ces femmes sont mortes des suites des radiations subies à ce moment là. Il s'agit d'une histoire dont je ne connaissais rien. Les travaux des époux Curie sur le Radium avaient déjà plus de 10 ans donc j'imaginais qu'aux Etats-Unis, des précautions avec ce auraient déjà été prises, mais il est vrai que Marie Curie elle-même n'a découvert sa maladie que dans les années 20. Cette BD m'a donc fait découvrir entièrement ce qu'il est arrivé à ces ouvrières de la US Radium Corporation. J'ai apprécié la manière dont l'autrice présente ces femmes et leur vie tant professionnelle que personnelle. Elle le fait avec beaucoup de vie, montrant un groupe de femmes enjouées, dynamiques et aimant rire et s'amuser ensemble. Cela se ressent notamment dans la clarté des planches, le ton lumineux des couleurs, et évidemment les visages aimables des protagonistes. Seul regret, le fait que ces visages se ressemblent trop (normal pour les trois sœurs mais il est aussi difficile de ne pas confondre les autres). Même si je me doutais bien de ce qu'il allait arriver, j'ai trouvé la mise en place de l'histoire un peu longue. C'est assez plaisant de suivre le quotidien de ce groupe de femmes mais on finit quand même par se demander quand est-ce que l'autrice va enfin entrer dans le cœur du sujet. Et quand cela vient, j'ai trouvé que les choses se déroulaient un peu vite, avec des sauts dans le temps pas toujours bien indiqués, et des morts qu'on ne ressent pas trop justement parce qu'on n'a pas su bien identifier au préalable qui était qui. Je n'ai donc pas parfaitement bien ressenti l'impact de cette lecture et de ce qu'il était arrivé à ces pauvres femmes, mais j'ai apprécié de les côtoyer, de ressentir leur joie de vivre et leur amitié même dans les pires moments. Et évidemment, cela m'a permis de découvrir ce sujet que je ne connaissais pas.

23/01/2024 (modifier)
Par Titanick
Note: 3/5
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Waouh, je ne connaissais pas cet épisode de lutte pour faire reconnaître une maladie professionnelle. Ces femmes sont des héroïnes, victimes mais combattantes contre le cynisme de patrons toujours à la recherche du meilleur profit, fût-ce au prix de la vie de leurs salariés. Pionnières d’une longue et douloureuse série, on pense à l’amiante bien sûr... C’est une bonne idée de les mettre en lumière (non, pas de mauvais jeu de mots, le sujet ne s’y prête pas). On va suivre leur parcours en même temps qu’elles. Elles sont heureuses et fières. Fières de leur métier, de gagner leur salaire (on est à l’aube du xxe siècle!). Une petite phrase du médecin du travail, et le doute s’installe. Mais non, ce n’est pas possible. Si c’était dangereux, les patrons ne nous demanderaient pas ça, enfin ! Et puis la pente avec la perte, de la santé, de l’insouciance, de leur argent, de leur maison, de leur réputation… de leur vie, de tout, petit à petit. Rien que pour ça, la bd mérite d’être connue. Après, j’ai eu l’impression d’un traitement peut-être un peu léger. Les années d’insouciance prennent le pas sur celles de leur maladie et surtout du combat judiciaire où j’aurais aimé avoir plus de détail dans les argumentations des protagonistes. Et je retrouve un peu ce déséquilibre dans le traitement graphique aux crayons de couleurs, au demeurant très agréable. Justement, je trouve que ça donne une grande douceur aux planches qui sied très bien à la première partie du récit, mais qui rend presque irréelle la dureté de leur combat. De plus, j’avais un peu de mal à distinguer quelques unes de ces femmes, mais rien de rédhibitoire pour l’histoire. À lire, très instructif pour ma part.

30/08/2022 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Comme pour le scandale de l’amiante, nous avons présentés dans cet album tous les ingrédients classiques du genre. A savoir des industriels qui lancent des produits lucratifs puis, sachant très bien les risques encourus par ceux qui sont longuement en contact avec leurs produits nocifs (ici des ouvrières américaines utilisant le radium pour peindre des cadrans), vont ignorer le danger, faire taire les « lanceurs d’alerte » (on voit ainsi le médecin de l’entreprise licencié lorsqu’il tente d’alerter les ouvrières et la direction), puis nier les accusations, entretenir le doute sur la dangerosité de leurs produits, pour finir par écraser les victimes sous des procédures longues et coûteuses. La narration est très fluide – et le dessin, léger et assez minimaliste (peu de décors, on se concentre sur les ouvrières dans un style graphique original – même s’il ne plaira pas à tout le monde), concourent à rendre la lecture aisée, agréable, sur un sujet pourtant douloureux. En effet, lorsque les ouvrières prennent conscience qu’elles sont en train de mourir, et que leur employeur use d’un cynisme à toute épreuve, on comprend que Cy a choisi ce sujet aussi pour l’aspect édifiant de la lutte menée par ces femmes. Un sujet instructif, un traitement peut-être trop « léger », mais en tout cas un album plaisant.

17/06/2021 (modifier)
Par fuuhuu
Note: 4/5
L'avatar du posteur fuuhuu

Nous suivons un groupe de femme travaillant pour une grosse entreprise de montre. Elles doivent peindre les aiguilles avec une nouvelle substance, fraîchement découverte, qui illumine les aiguilles dans le noir. Ces femmes, seront renommées plus part "Radium Girl". Un ouvrage intéressant, traitant d'un sujet lourd avec une certaine légèreté très surprenante mais bienvenue. En effet, le ton joyeux et naïf de cette BD rend la lecture plus agréable et moins triste. Et pourtant, Cy dénonce bel et bien la lacheté de ces grands patrons, qui savaient pertinemment que le radium était mortel, mais qui employaient tout de même des femmes pour l’appât du gain. Enfin, il est à noter, que l'auteur n'a utilisé que huit crayons de couleur pour toute sa BD, et le résultat est vraiment remarquable. 3,5 étoiles MAUPERTUIS, OSE ET RIT !

30/03/2021 (modifier)
L'avatar du posteur carottebio

Un sujet lourd qui malheureusement se répètera inlassablement dans d'autres lieux avec d'autres victimes et d'autres profiteurs inconscients... Je pense aux scandales de l'amiante débuté dans les années 1900 pour aboutir à une législation sanitaire que dans les années 90, des pesticides qui tuent les agriculteurs et leur terre depuis toujours, aux luttes syndicales acharnées de ces 150 dernières années pour obtenir des conditions de travail décentes. Donc ici, un gros sujet sur la valeur accordée par les patrons à la vie de leurs travailleuses. Vous vous en doutez, cette valeur est très faible, et nos pauvres travailleuses se tueront littéralement à la tâche. Alors Cy à réussi à insuffler de la vie et du dynamisme à ses personnages. Les dessins aux crayons simples avec des couleurs pastels présentent un ensemble personnel et harmonieux que j'ai vraiment apprécié. Ce récit est parfaitement équilibré et lisible. Aucun temps mort et une lecture toujours intéressée. Quelques bémols cependant... Je trouve qu'il y a trop de personnages et comme c'est un récit qui se veut rapide et fluide, et bien l'auteur ne prend pas le temps de nous dévoiler ses personnages. Tout est évoqué très succinctement. Aussi graphiquement, j'ai eu du mal à clairement reconnaitre les différents protagonistes féminins. Et oui, avec peu de couleur et un dessin simplifié, pas facile de créer des personnages bien identifiables.

15/02/2021 (modifier)