Une suite qui ne dit pas son nom à l'album Sprague. On y retrouve tout le charme de cet univers menacé par de mystérieuses herbes bleues.
Au scénario : Rodolphe (Rodolphe Daniel Jacquette) prof de lettres et grand amateur de R. L. Stevenson dont il a publié une biographie. Il a notamment collaboré avec le brésilien Leo (Luiz Eduardo de Oliveira) pour les séries Europa, Amazonie, Namibia ou encore Kenya.
À la planche à dessin, Olivier Roman, connu pour l'adaptation en BD des aventures fantastiques de Harry Dickson, le Sherlock Holmes américain.
Le duo n'en est pas à son coup d'essai puisqu'ils avaient déjà travaillé ensemble sur l'album Sprague (2022).
Le marin céleste se déroule d'ailleurs sur la même planète et nous finirons même dans la baie de Sprague.
Toutefois ce Marin céleste peut être lu indépendamment de Sprague : c'est plus un autre moment qu'une véritable suite.
L'album est colorié par Denis Béchu, celui qui a notamment travaillé avec François Boucq sur le remarquable New York Cannibals.
Nous voici sur une planète qui ressemble un peu à la notre mais pas tout à fait, mais on ne sait quand et on ne sait où.
Nous retrouvons donc là toute l'ambiance de Sprague : un univers médiéval, teinté de diverses machineries volantes (un peu dans l'esprit steam punk mais en plus écolo et sans la vapeur).
Nous allons suivre le marin céleste dans l'une de ces machines : Popeye une sorte de colporteur qui vole de village en village pour proposer sa camelote aux habitants, des articles plus ou moins authentiques puisque c'est son amie Prune qui lui répare, bricole ou contrefait la marchandise.
Jusque là tout va bien et l'on profite de cette douce imagerie bon enfant.
Mais ce petit monde s'affole à l'apparition invasive de mystérieuses herbes bleues qui prolifèrent et dévorent tout sur leur passage.
« [...] Les herbes !
Ces foutues saloperies bleues qui nous envahissent ... T'es pas au courant ?
Ces saletés poussent à tout vitesse et sont capables de te bloquer une roue ou de s'entortiller dans un moteur ! »
? On ne peut qu'être séduit par le petit monde sympathique et bon enfant qui s'invente sous nos yeux.
Le dessin clair et précis de Roman compte pour beaucoup dans le charme indéniable de cet univers.
? Pour autant, l'histoire va s'avérer un peu décevante. Plusieurs pistes sont ouvertes sans être complètement explorées (d'étranges insectes géants, les Grands Anciens, un vieux grimoire mystérieux, ...) et le lecteur restera un peu sur sa faim. Un reproche qui avait déjà été adressé à l'album initial Sprague.
Tout cela reste trop gentil et conviendra mieux à de jeunes lecteurs.
C'est un peu comme si les auteurs avaient hésité à donner une véritable suite à l'album précédent et n'avaient pas oser se lancer dans une plus longue série.
L'univers et les mystères de Sprague méritent d'être creusés, étoffés, approfondis, ... on attend !
Tiens, il y a eu plusieurs avis postés dernièrement, pourquoi ne pas les rejoindre ?
J'avais découvert l'album il y a de ça plusieurs années quand j'étais au collège, bien avant que l'innommable adaptation de Kechiche ne voit le jour. Je me rappelle l'avoir beaucoup aimé (il faut dire que j'étais en plein début de ma passion pour les histoires d'amour à l'époque) et je trouve que l'album reste toujours bon aujourd'hui, même si pas aussi excellent que ce que certain-e-s aiment dire.
L'histoire est celle de Clémentine et d'Emma, deux jeunes femmes s'étant aimées passionnément. En fait, l'histoire est surtout celle de la mort de Clémentine, puisque son histoire nous sera racontée par les journaux qu'elle a légué à Emma.
Découverte des sentiments amoureux, acceptation de soi, passion dévorante, désir sexuel, tromperies, mort, … Ah, c'est sûr, moi qui apprécie les histoires d'amour tragiques avec pathos dégoulinant, je suis servie !
Bon, ce pathos est malheureusement également l'un des défauts de l'œuvre, si je me doit d'être objective, mais il n'en est pas moins réaliste. L'acceptation compliquée de son homosexualité (en tout cas de son saphisme ici), les histoires d'amour passionnées mais chaotiques, les morts malheureuses, la culpabilité, … tout cela fait partie de notre réalité. Bon, on pourrait considérer que l'album rentre tout de même dans le cliché "bury your gays" mais je lui pardonne volontiers car l'histoire reste prenante et bien écrite.
Le dessin de Julie Maroh est très beau, notamment au niveau des visages (je les trouve très vivants, surtout au niveau des yeux et des lèvres). L'utilisation des teintes de gris uniquement contrastés par l'éponyme couleur bleue donne une très belle esthétique à l'album durant les flashbacks.
Pas d'aussi bonne qualité que dans mes souvenirs, peut-être même un peu cliché, mais une histoire d'amour qui mérite tout de même sa bonne réputation.
Il y a des choses intéressantes dans cette histoire, et dans les dialogues, mais j’ai trouvé l’ensemble un peu confus, jouant sur trop de facilités, et finalement toutes les diatribes – justifiées – contre la société actuelle sont comme aseptisées par cette naïveté, et le manque de crédibilité de certaines parties fait perdre une partie de l’intérêt de l’ensemble.
De fait, je pense que l’album s’adresse avant tout à des adolescents, qui seront peut-être moins regardants que moi, et qui pourront plus facilement s’identifier aux personnages (ado ou très jeunes adultes pour la plupart).
Aïda est la fille d’une présentatrice vedette de la télé, superficielle et qui la délaisse, elle côtoie d’autres jeunes de la grande bourgeoisie, très prétentieux et faussement rebelles. Mais Aïda va, suite à quelques hasards, rencontrer et être conquise par un groupe de jeunes activistes, agissant sous le nom de « Virus » en menant des actions coups de poings médiatiques contre les travers de la société de consommation.
La narration est rythmée, et, si le dessin est un peu brinquebalant, je l’ai globalement aimé, comme je me suis fait à la colorisation tranchée où tous les tons de rouge et rose dominent.
Mais les personnages sont trop caricaturaux : que ce soit les copains d’Aïda, ou ses nouveaux amis (la scène où chacun présente sa famille en est l’illustration, ils incarnent tous un manque affectif ou une blessure différente, comme si un catalogue devait en entier être exploité !).
De plus pas mal de choses manquent de crédibilité : en particulier les membres du « Virus » semblent pouvoir voler, sont bien plus mobiles que les vieux Yamakasi ! Ils bénéficient aussi longtemps d’une immunité, ou d’une incompétence suite à leurs interventions (souvent aussi improbables, comme ces projections de milliers de cameras dans les rues !), jusqu’au moment où, d’un coup, ils sont tous arrêtés – pour être relâchés de façon incompréhensible, tout ceci menant aux happy-end et autres réconciliations de la fin.
Bref, pas ma came, je ne suis pas le cœur de cible. Mais cet album peut davantage plaire à un jeune lectorat je pense, d’où ma notation relativement généreuse (je serais presque proche du deux étoiles pour mon ressenti réel).
Note réelle 2,5/5.
J'ai toujours le même ressenti avec les l'œuvres de Pascal Rabaté. J'ai souvent du mal à adhérer à sa vision des événements.
Ici encore j'ai trouvé la lecture bien banale. Rabaté n'a évidemment pas vécu cette période historique et la bibliographie sur laquelle se base son récit va dans le sens unique de cette débandade qui ridiculise un peu facilement l'armée française. Les images proposées ont été mille fois vues dans des documentaires sur le sujet. Rien de très nouveau. De plus Rabaté introduit de nombreux combats nocturnes assez improbables compte tenu de la stratégie de combat des JU 87. La narration est fluide mais j'y ai retrouvé de nombreuses scènes déjà vues ou lues ailleurs comme le racisme des allemands vis à vis des coloniaux, les cochons anthropophages, la ferme isolée tenue par des femmes …
Comme il n'y a pratiquement pas d'action une grande partie de la narration tient dans un texte qui fait la part belle à la désillusion avec des intonations modernes.
Rabaté choisit un graphisme sur le mode minimaliste qui privilégie l'expression des visages ainsi que leur diversité. L'auteur maîtrise parfaitement ses cadrages, ses ombrages et sa mise en scène ce qui fournit une narration textuelle vive malgré le peu d'actions dynamiques.
Enfin le final est assez énigmatique tombant comme un cheveu sur la soupe sans une connaissance plus fine de la psychologie et du vécu du personnage.
Une lecture mi figue mi raisin encore une fois pour moi avec cet auteur.
Découvrir une nouvelle œuvre de Marc-Antoine Mathieu est toujours à double tranchant. Il y a l'aspect grisant d'entrer une nouvelle fois dans son univers si particulier, si fascinant. Et il y a la crainte d'aller plus du côté de ses essais ratés (Otto, l'homme réécrit) que de ses coups de maître (Julius Corentin Acquefacques, évidemment). Je dirais qu'ici, on est un peu entre les deux, même si on penche plus du côté de ses œuvres réussies.
L'univers est très proche de Julius Corentin Acquefacques, voire est exactement le même (un "Akfak" est mentionné un moment). Le dessin est du Mathieu tout ce qu'il y a de plus classique, et l'univers graphique auquel il a recours est connu. On se retrouve assez bien dans cette sorte d'extrapolation poussée à l'absurde de notre société. Nous sommes dans un monde régi par une sorte d'entité mystérieuse, où tous les hommes qui se promènent dans la ville sont dépendants d'une sorte de petite boîte noire qui leur dicte leur conduite. Évidemment, le parallèle est transparent, ce qui rend la lecture plutôt agréable, car on comprend bien ou MAM veut nous emmener.
Et en même temps, n'est-ce pas là la limite de l'œuvre ? Certains parallèles sont parfois géniaux (ces boîtes noires qui happent l'identité des gens, ce transfert de la mémoire vers des boîtes informatiques qui entraînent l'amnésie des humains), et prennent en plus une résonance particulière à l'heure du développement sauvage et massif de l'IA. Mais ce discours n'est-il pas un discours vraiment facile ? C'est toujours très convenu de dénoncer les murs que les hommes construisent entre eux, et Mémoire morte n'entre jamais en profondeur dans cet aspect du sujet. Ce qui donne un peu l'impression de ces discours creusards d'hommes politiques qui ne veulent fâcher personne et s'attaquent aux murs et frontières bâties entre les hommes sans jamais en analyser les causes et proposer de solutions concrètes...
Sur l'aspect "dépendance vis-à-vis du numérique", le discours vu d'aujourd'hui est relativement convenu, mais pour le coup, pour une bande dessinée de 2000, il devait l'être beaucoup moins à l'époque. Et surtout, j'aime bien ce rapport que fait l'auteur entre la manière dont on confie notre mémoire à l'informatique, ce qui, finalement, nous fait perdre tout souvenir, jusqu'à en perdre le langage.
Et à ce titre, la phrase qui clôt le récit est véritablement glaçante, tant elle est lourde de sens, et tant elle, au moins, n'a pris aucune ride...
Dès les premières pages, on se sent embarqué. La narration en voix off est ultra-efficace, et tout le côté "film noir/comédie policière des années 50" est plutôt bien fait (jusqu'au logo Delcourt sur la 1re page qui parodie le logo Gaumont de 1948). Il y a de jolies punchlines, les personnages sont bien brossés, et les prémisses du récit extrêmement intrigantes. Sans compter que le nombre réduit de cases par planche fait de cette bande dessinée un tourne-pages digne de ce nom !
Bref, la magie opère indéniablement. On est pris et on n'a qu'une envie, arriver au fin mot de l'histoire, surtout que les avis qu'on trouve ici et là nous vendent tous un twist impossible à prévoir !
Et de fait, ils ont globalement raison. Seulement, c'est là que tout s'effondre... Sans être une catastrophe absolue, le twist est d'une facilité que n'égale que son manque total de vraisemblance (sans parler d'une assez forte chute dans le mauvais goût). Je n'arrive pas du tout à y croire. Alors certes, on serait dans une pure comédie parodique qui jouerait la carte de l'absurde, ça aurait pu très bien passer. Peut-être les plus cinéphiles se souviendraient-ils de l'hilarant Un Cadavre au dessert (avec rien de moins que Truman Capote, David Niven, Maggie Smith, Alec Guinness, Peter Sellers, Elsa Lanchester et James Cromwell !), qui s'amusait à abattre les cartes les plus délirantes pour finir par nous emmener dans un festival de grand n'importe quoi absolument réjouissant.
Ici, le twist m'a vraiment fait penser à ce film, sauf que le ton n'y est pas assez absurde pour nous faire accepter n'importe quel twist. Ou alors il aurait fallu l'étoffer pour le rendre plus crédible...
Cela ne signifie pas que La Cage aux cons soit une mauvaise bande dessinée. Mais je dois bien avouer qu'elle n'est pas du tout aussi marquante que je l'aurais souhaité. Reste le souvenir d'une lecture plaisante, très bien écrite et assez bien menée, mais dont, à la réflexion, j'aurais préféré ne pas lire la fin.
J’aime bien Zorro, comme Sean Murphy qui avait su m’embarquer avec ses runs sur Batman. Bref je partais plutôt confiant.
Je reconnais pleins de bonnes choses et idées à cet album mais j’avoue que ça ne m’a pas touché ou envoûté plus que ça. Je n’ai aucune envie de m’y replonger par exemple.
Pourtant tout m’a semblé pro et maîtrisé, intrigue comme dessins (et couleurs). Cette version moderne possède bien des qualités mais contrairement à Josq, la magie n’a pas véritablement opéré sur moi.
En fait, je n’ai pas éprouvé de grande empathie pour les personnages et j’ai l’idée que l’auteur a voulu un peu trop en mettre. Du coup, ça m’a paru un poil long.
Je ne déconseillerai certainement pas, il y a de l’audace. Mais j’ai préféré la vision d’Alary avec Don Vega, plus conforme et finalement plus « fun ».
L’album regroupe une dizaine d’adaptations de nouvelles d’Octavie Delvaux, publiées chez le même éditeur à La Musardine. Delvaux se charge elle-même des scénarios, chaque dessinateur/dessinatrice l’accompagnant dans son style propre.
L’album doit faire face à deux écueils. D’abord chaque histoire est courte, et ne peut donc donner lieur à de grands développement – d’où une certaine frustration parfois. Mais globalement les récits se tiennent, même si évidemment ça reste le plus souvent très basique.
L’autre handicap à surmonter, en tout cas pour moi (affaire de goûts donc), c’est l’hétérogénéité importante des styles graphiques, je ne suis a priori pas fan de ce type de changement dans un album.
Et ici, au niveau du dessin, c’est très inégal. Même si j’ai bien aimé la grande majorité des dessins. Il n’y a même que le dessin de Chloé Cavalier (un style crobar pas illisible, mais qui peine à s’associer à un récit érotique selon moi – et je dois aussi dire que l’histoire est celle à laquelle j’ai le moins accroché) et, à un degré moindre, celui d’Inès Allahverdian (plutôt bon, mais avec une colorisation au rendu trop froid) qui m’aient réellement laissé sur ma faim.
Pour le reste, j’ai retrouvé avec plaisir plusieurs auteurs déjà rencontrés ailleurs (souvent chez le même éditeur), le trait agréable de Critone, celui très sensuel d’Urbinno, celui de Chéri (peut-être ici un chouia moins soigné que ce que j’avais déjà vu de lui, avec un trait presque hésitant), celui sexy et très glamour de Reviglio.
J’ai aussi retrouvé des dessinateurs que j’aime beaucoup, qui ont produit certaines des meilleures et des plus originales séries érotiques des dernières années. Janevsky par exemple. Si son trait est un peu moins « propre » que sur les deux séries qu’il a déjà publiées, j’aime beaucoup son univers très fortement influencé par les Humanos de la grande époque, mais surtout par certaines publications Losfeld des années soixante/soixante-dix, avec une colorisation elle aussi très seventies.
Le dessin du duo Raven est toujours aussi sensuel et excitant (même si j’avais préféré, dans un style finalement plus sobre et travaillé, avec une colorisation extrêmement sensuelle, leur travail sur Amabilia) : mais ça reste un excellent travail.
La dernière histoire est en fait un poème. Si le texte ne m’a pas convaincu, j’ai trouvé très intéressant le travail d’Apollonia Saintclair, qui développe un rendu érotique à partir d’un Noir et Blanc proche de la gravure ou de la carte à gratter, un peu statique et plus proche de l’illustration que de la BD pure, mais que j’ai bien aimé.
Graphiquement conquis donc, mais concernant les histoires proprement dites, c’est inégal et peu développé. La majorité sont toutefois suffisamment sensuelles pour que le lecteur – amateur averti bien sûr ! – les apprécie, car elles sont généralement bien accompagnées et mises en valeur par le dessin.
A noter que les histoires ont toutes en commun de mettre en avant une héroïne féminine, ce sont les femmes qui ici dirigent et décident, sont maîtresses de leur plaisir – même si elles cherchent le plus souvent à le partager (avec un homme, une femme – ou un robot !).
Note réelle 3,5/5.
La jeune Lytha doit rester seule avec sa nounou golem pendant un court voyage de ses deux mamans. Mais peu après leur départ, un drame survient : elles meurent dans un accident, laissant leur fille orpheline. Effondrée, Lytha se replie sur le programme quotidien que ses mères lui avaient préparé, jusqu'à ce que l'affection patiente et les soins de son golem viennent peu à peu ranimer en elle l'envie de vivre. Une nouvelle relation naît alors, entre maternité de substitution et amitié profonde.
L'histoire se déroule dans un univers de fantasy douce, aux teintes colorées et au style graphique très influencé par le manga, qui évoque par moments l'univers de Dofus. La légèreté du dessin et la chaleur de la mise en couleurs apportent une douceur bienvenue face à la dureté du deuil, et accompagnent le cheminement émotionnel de l'héroïne vers la résilience. Le monde imaginé ici, notamment autour de cette argile magique que des artisans peuvent transformer en outils ou en golems sensibles, offre une touche d'originalité bienvenue.
Après la mort des parents, l'intrigue se recentre presque entièrement sur le lien entre Lytha et sa nounou, dans une forme de huis clos intimiste, ponctué d'une brève parenthèse dans un village voisin et amical. Ce choix narratif met en lumière la dimension psychologique du récit : il s'agit avant tout d'une histoire d'amour filial et d'amitié qui permet de surmonter le deuil.
Le ton sonne juste, l'ensemble est touchant et joliment raconté, même si l'on peut regretter une certaine prévisibilité qui limite un peu l'enthousiasme. Il n'en reste pas moins une belle lecture, sensible et apaisante.
Dans un monde peuplé de chats anthropomorphes, un collégien adopte un jeune humain comme animal de compagnie… avant de l'accueillir comme son frère. Mais ce garçon, parfaitement humain, doit apprendre à s'adapter à cette société féline aux codes très particuliers. Il ira même jusqu'à fréquenter la même école que son frère adoptif, avec tout ce que cela implique : cantine aux têtes de poisson pourri et lasagnes à la souris, comportements félins incontrôlables, et bien sûr, une obsession pour les odeurs douteuses et la toilette à la langue.
Cette série humoristique jeunesse s'amuse à transposer les habitudes typiques des chats dans un cadre scolaire et social qui rappelle fortement le nôtre. Le ton est délibérément loufoque, mais suffisamment cohérent pour que les situations comiques fassent mouche. Le dessin, vivant et coloré, renforce l'ambiance joyeuse de l'ensemble, et la mise en scène soignée sert bien l'efficacité des gags. L'ensemble reste frais, varié, et même si vous n'êtes pas particulièrement fan de chats, l'humour bien dosé et les situations souvent bien vues.
Une lecture sympathique et pleine d'humour.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Le Marin céleste
Une suite qui ne dit pas son nom à l'album Sprague. On y retrouve tout le charme de cet univers menacé par de mystérieuses herbes bleues. Au scénario : Rodolphe (Rodolphe Daniel Jacquette) prof de lettres et grand amateur de R. L. Stevenson dont il a publié une biographie. Il a notamment collaboré avec le brésilien Leo (Luiz Eduardo de Oliveira) pour les séries Europa, Amazonie, Namibia ou encore Kenya. À la planche à dessin, Olivier Roman, connu pour l'adaptation en BD des aventures fantastiques de Harry Dickson, le Sherlock Holmes américain. Le duo n'en est pas à son coup d'essai puisqu'ils avaient déjà travaillé ensemble sur l'album Sprague (2022). Le marin céleste se déroule d'ailleurs sur la même planète et nous finirons même dans la baie de Sprague. Toutefois ce Marin céleste peut être lu indépendamment de Sprague : c'est plus un autre moment qu'une véritable suite. L'album est colorié par Denis Béchu, celui qui a notamment travaillé avec François Boucq sur le remarquable New York Cannibals. Nous voici sur une planète qui ressemble un peu à la notre mais pas tout à fait, mais on ne sait quand et on ne sait où. Nous retrouvons donc là toute l'ambiance de Sprague : un univers médiéval, teinté de diverses machineries volantes (un peu dans l'esprit steam punk mais en plus écolo et sans la vapeur). Nous allons suivre le marin céleste dans l'une de ces machines : Popeye une sorte de colporteur qui vole de village en village pour proposer sa camelote aux habitants, des articles plus ou moins authentiques puisque c'est son amie Prune qui lui répare, bricole ou contrefait la marchandise. Jusque là tout va bien et l'on profite de cette douce imagerie bon enfant. Mais ce petit monde s'affole à l'apparition invasive de mystérieuses herbes bleues qui prolifèrent et dévorent tout sur leur passage. « [...] Les herbes ! Ces foutues saloperies bleues qui nous envahissent ... T'es pas au courant ? Ces saletés poussent à tout vitesse et sont capables de te bloquer une roue ou de s'entortiller dans un moteur ! » ? On ne peut qu'être séduit par le petit monde sympathique et bon enfant qui s'invente sous nos yeux. Le dessin clair et précis de Roman compte pour beaucoup dans le charme indéniable de cet univers. ? Pour autant, l'histoire va s'avérer un peu décevante. Plusieurs pistes sont ouvertes sans être complètement explorées (d'étranges insectes géants, les Grands Anciens, un vieux grimoire mystérieux, ...) et le lecteur restera un peu sur sa faim. Un reproche qui avait déjà été adressé à l'album initial Sprague. Tout cela reste trop gentil et conviendra mieux à de jeunes lecteurs. C'est un peu comme si les auteurs avaient hésité à donner une véritable suite à l'album précédent et n'avaient pas oser se lancer dans une plus longue série. L'univers et les mystères de Sprague méritent d'être creusés, étoffés, approfondis, ... on attend !
Le Bleu est une couleur chaude
Tiens, il y a eu plusieurs avis postés dernièrement, pourquoi ne pas les rejoindre ? J'avais découvert l'album il y a de ça plusieurs années quand j'étais au collège, bien avant que l'innommable adaptation de Kechiche ne voit le jour. Je me rappelle l'avoir beaucoup aimé (il faut dire que j'étais en plein début de ma passion pour les histoires d'amour à l'époque) et je trouve que l'album reste toujours bon aujourd'hui, même si pas aussi excellent que ce que certain-e-s aiment dire. L'histoire est celle de Clémentine et d'Emma, deux jeunes femmes s'étant aimées passionnément. En fait, l'histoire est surtout celle de la mort de Clémentine, puisque son histoire nous sera racontée par les journaux qu'elle a légué à Emma. Découverte des sentiments amoureux, acceptation de soi, passion dévorante, désir sexuel, tromperies, mort, … Ah, c'est sûr, moi qui apprécie les histoires d'amour tragiques avec pathos dégoulinant, je suis servie ! Bon, ce pathos est malheureusement également l'un des défauts de l'œuvre, si je me doit d'être objective, mais il n'en est pas moins réaliste. L'acceptation compliquée de son homosexualité (en tout cas de son saphisme ici), les histoires d'amour passionnées mais chaotiques, les morts malheureuses, la culpabilité, … tout cela fait partie de notre réalité. Bon, on pourrait considérer que l'album rentre tout de même dans le cliché "bury your gays" mais je lui pardonne volontiers car l'histoire reste prenante et bien écrite. Le dessin de Julie Maroh est très beau, notamment au niveau des visages (je les trouve très vivants, surtout au niveau des yeux et des lèvres). L'utilisation des teintes de gris uniquement contrastés par l'éponyme couleur bleue donne une très belle esthétique à l'album durant les flashbacks. Pas d'aussi bonne qualité que dans mes souvenirs, peut-être même un peu cliché, mais une histoire d'amour qui mérite tout de même sa bonne réputation.
Aïda
Il y a des choses intéressantes dans cette histoire, et dans les dialogues, mais j’ai trouvé l’ensemble un peu confus, jouant sur trop de facilités, et finalement toutes les diatribes – justifiées – contre la société actuelle sont comme aseptisées par cette naïveté, et le manque de crédibilité de certaines parties fait perdre une partie de l’intérêt de l’ensemble. De fait, je pense que l’album s’adresse avant tout à des adolescents, qui seront peut-être moins regardants que moi, et qui pourront plus facilement s’identifier aux personnages (ado ou très jeunes adultes pour la plupart). Aïda est la fille d’une présentatrice vedette de la télé, superficielle et qui la délaisse, elle côtoie d’autres jeunes de la grande bourgeoisie, très prétentieux et faussement rebelles. Mais Aïda va, suite à quelques hasards, rencontrer et être conquise par un groupe de jeunes activistes, agissant sous le nom de « Virus » en menant des actions coups de poings médiatiques contre les travers de la société de consommation. La narration est rythmée, et, si le dessin est un peu brinquebalant, je l’ai globalement aimé, comme je me suis fait à la colorisation tranchée où tous les tons de rouge et rose dominent. Mais les personnages sont trop caricaturaux : que ce soit les copains d’Aïda, ou ses nouveaux amis (la scène où chacun présente sa famille en est l’illustration, ils incarnent tous un manque affectif ou une blessure différente, comme si un catalogue devait en entier être exploité !). De plus pas mal de choses manquent de crédibilité : en particulier les membres du « Virus » semblent pouvoir voler, sont bien plus mobiles que les vieux Yamakasi ! Ils bénéficient aussi longtemps d’une immunité, ou d’une incompétence suite à leurs interventions (souvent aussi improbables, comme ces projections de milliers de cameras dans les rues !), jusqu’au moment où, d’un coup, ils sont tous arrêtés – pour être relâchés de façon incompréhensible, tout ceci menant aux happy-end et autres réconciliations de la fin. Bref, pas ma came, je ne suis pas le cœur de cible. Mais cet album peut davantage plaire à un jeune lectorat je pense, d’où ma notation relativement généreuse (je serais presque proche du deux étoiles pour mon ressenti réel). Note réelle 2,5/5.
La Déconfiture
J'ai toujours le même ressenti avec les l'œuvres de Pascal Rabaté. J'ai souvent du mal à adhérer à sa vision des événements. Ici encore j'ai trouvé la lecture bien banale. Rabaté n'a évidemment pas vécu cette période historique et la bibliographie sur laquelle se base son récit va dans le sens unique de cette débandade qui ridiculise un peu facilement l'armée française. Les images proposées ont été mille fois vues dans des documentaires sur le sujet. Rien de très nouveau. De plus Rabaté introduit de nombreux combats nocturnes assez improbables compte tenu de la stratégie de combat des JU 87. La narration est fluide mais j'y ai retrouvé de nombreuses scènes déjà vues ou lues ailleurs comme le racisme des allemands vis à vis des coloniaux, les cochons anthropophages, la ferme isolée tenue par des femmes … Comme il n'y a pratiquement pas d'action une grande partie de la narration tient dans un texte qui fait la part belle à la désillusion avec des intonations modernes. Rabaté choisit un graphisme sur le mode minimaliste qui privilégie l'expression des visages ainsi que leur diversité. L'auteur maîtrise parfaitement ses cadrages, ses ombrages et sa mise en scène ce qui fournit une narration textuelle vive malgré le peu d'actions dynamiques. Enfin le final est assez énigmatique tombant comme un cheveu sur la soupe sans une connaissance plus fine de la psychologie et du vécu du personnage. Une lecture mi figue mi raisin encore une fois pour moi avec cet auteur.
Mémoire morte
Découvrir une nouvelle œuvre de Marc-Antoine Mathieu est toujours à double tranchant. Il y a l'aspect grisant d'entrer une nouvelle fois dans son univers si particulier, si fascinant. Et il y a la crainte d'aller plus du côté de ses essais ratés (Otto, l'homme réécrit) que de ses coups de maître (Julius Corentin Acquefacques, évidemment). Je dirais qu'ici, on est un peu entre les deux, même si on penche plus du côté de ses œuvres réussies. L'univers est très proche de Julius Corentin Acquefacques, voire est exactement le même (un "Akfak" est mentionné un moment). Le dessin est du Mathieu tout ce qu'il y a de plus classique, et l'univers graphique auquel il a recours est connu. On se retrouve assez bien dans cette sorte d'extrapolation poussée à l'absurde de notre société. Nous sommes dans un monde régi par une sorte d'entité mystérieuse, où tous les hommes qui se promènent dans la ville sont dépendants d'une sorte de petite boîte noire qui leur dicte leur conduite. Évidemment, le parallèle est transparent, ce qui rend la lecture plutôt agréable, car on comprend bien ou MAM veut nous emmener. Et en même temps, n'est-ce pas là la limite de l'œuvre ? Certains parallèles sont parfois géniaux (ces boîtes noires qui happent l'identité des gens, ce transfert de la mémoire vers des boîtes informatiques qui entraînent l'amnésie des humains), et prennent en plus une résonance particulière à l'heure du développement sauvage et massif de l'IA. Mais ce discours n'est-il pas un discours vraiment facile ? C'est toujours très convenu de dénoncer les murs que les hommes construisent entre eux, et Mémoire morte n'entre jamais en profondeur dans cet aspect du sujet. Ce qui donne un peu l'impression de ces discours creusards d'hommes politiques qui ne veulent fâcher personne et s'attaquent aux murs et frontières bâties entre les hommes sans jamais en analyser les causes et proposer de solutions concrètes... Sur l'aspect "dépendance vis-à-vis du numérique", le discours vu d'aujourd'hui est relativement convenu, mais pour le coup, pour une bande dessinée de 2000, il devait l'être beaucoup moins à l'époque. Et surtout, j'aime bien ce rapport que fait l'auteur entre la manière dont on confie notre mémoire à l'informatique, ce qui, finalement, nous fait perdre tout souvenir, jusqu'à en perdre le langage. Et à ce titre, la phrase qui clôt le récit est véritablement glaçante, tant elle est lourde de sens, et tant elle, au moins, n'a pris aucune ride...
La Cage aux cons
Dès les premières pages, on se sent embarqué. La narration en voix off est ultra-efficace, et tout le côté "film noir/comédie policière des années 50" est plutôt bien fait (jusqu'au logo Delcourt sur la 1re page qui parodie le logo Gaumont de 1948). Il y a de jolies punchlines, les personnages sont bien brossés, et les prémisses du récit extrêmement intrigantes. Sans compter que le nombre réduit de cases par planche fait de cette bande dessinée un tourne-pages digne de ce nom ! Bref, la magie opère indéniablement. On est pris et on n'a qu'une envie, arriver au fin mot de l'histoire, surtout que les avis qu'on trouve ici et là nous vendent tous un twist impossible à prévoir ! Et de fait, ils ont globalement raison. Seulement, c'est là que tout s'effondre... Sans être une catastrophe absolue, le twist est d'une facilité que n'égale que son manque total de vraisemblance (sans parler d'une assez forte chute dans le mauvais goût). Je n'arrive pas du tout à y croire. Alors certes, on serait dans une pure comédie parodique qui jouerait la carte de l'absurde, ça aurait pu très bien passer. Peut-être les plus cinéphiles se souviendraient-ils de l'hilarant Un Cadavre au dessert (avec rien de moins que Truman Capote, David Niven, Maggie Smith, Alec Guinness, Peter Sellers, Elsa Lanchester et James Cromwell !), qui s'amusait à abattre les cartes les plus délirantes pour finir par nous emmener dans un festival de grand n'importe quoi absolument réjouissant. Ici, le twist m'a vraiment fait penser à ce film, sauf que le ton n'y est pas assez absurde pour nous faire accepter n'importe quel twist. Ou alors il aurait fallu l'étoffer pour le rendre plus crédible... Cela ne signifie pas que La Cage aux cons soit une mauvaise bande dessinée. Mais je dois bien avouer qu'elle n'est pas du tout aussi marquante que je l'aurais souhaité. Reste le souvenir d'une lecture plaisante, très bien écrite et assez bien menée, mais dont, à la réflexion, j'aurais préféré ne pas lire la fin.
Zorro - D'entre les morts
J’aime bien Zorro, comme Sean Murphy qui avait su m’embarquer avec ses runs sur Batman. Bref je partais plutôt confiant. Je reconnais pleins de bonnes choses et idées à cet album mais j’avoue que ça ne m’a pas touché ou envoûté plus que ça. Je n’ai aucune envie de m’y replonger par exemple. Pourtant tout m’a semblé pro et maîtrisé, intrigue comme dessins (et couleurs). Cette version moderne possède bien des qualités mais contrairement à Josq, la magie n’a pas véritablement opéré sur moi. En fait, je n’ai pas éprouvé de grande empathie pour les personnages et j’ai l’idée que l’auteur a voulu un peu trop en mettre. Du coup, ça m’a paru un poil long. Je ne déconseillerai certainement pas, il y a de l’audace. Mais j’ai préféré la vision d’Alary avec Don Vega, plus conforme et finalement plus « fun ».
Fièvres
L’album regroupe une dizaine d’adaptations de nouvelles d’Octavie Delvaux, publiées chez le même éditeur à La Musardine. Delvaux se charge elle-même des scénarios, chaque dessinateur/dessinatrice l’accompagnant dans son style propre. L’album doit faire face à deux écueils. D’abord chaque histoire est courte, et ne peut donc donner lieur à de grands développement – d’où une certaine frustration parfois. Mais globalement les récits se tiennent, même si évidemment ça reste le plus souvent très basique. L’autre handicap à surmonter, en tout cas pour moi (affaire de goûts donc), c’est l’hétérogénéité importante des styles graphiques, je ne suis a priori pas fan de ce type de changement dans un album. Et ici, au niveau du dessin, c’est très inégal. Même si j’ai bien aimé la grande majorité des dessins. Il n’y a même que le dessin de Chloé Cavalier (un style crobar pas illisible, mais qui peine à s’associer à un récit érotique selon moi – et je dois aussi dire que l’histoire est celle à laquelle j’ai le moins accroché) et, à un degré moindre, celui d’Inès Allahverdian (plutôt bon, mais avec une colorisation au rendu trop froid) qui m’aient réellement laissé sur ma faim. Pour le reste, j’ai retrouvé avec plaisir plusieurs auteurs déjà rencontrés ailleurs (souvent chez le même éditeur), le trait agréable de Critone, celui très sensuel d’Urbinno, celui de Chéri (peut-être ici un chouia moins soigné que ce que j’avais déjà vu de lui, avec un trait presque hésitant), celui sexy et très glamour de Reviglio. J’ai aussi retrouvé des dessinateurs que j’aime beaucoup, qui ont produit certaines des meilleures et des plus originales séries érotiques des dernières années. Janevsky par exemple. Si son trait est un peu moins « propre » que sur les deux séries qu’il a déjà publiées, j’aime beaucoup son univers très fortement influencé par les Humanos de la grande époque, mais surtout par certaines publications Losfeld des années soixante/soixante-dix, avec une colorisation elle aussi très seventies. Le dessin du duo Raven est toujours aussi sensuel et excitant (même si j’avais préféré, dans un style finalement plus sobre et travaillé, avec une colorisation extrêmement sensuelle, leur travail sur Amabilia) : mais ça reste un excellent travail. La dernière histoire est en fait un poème. Si le texte ne m’a pas convaincu, j’ai trouvé très intéressant le travail d’Apollonia Saintclair, qui développe un rendu érotique à partir d’un Noir et Blanc proche de la gravure ou de la carte à gratter, un peu statique et plus proche de l’illustration que de la BD pure, mais que j’ai bien aimé. Graphiquement conquis donc, mais concernant les histoires proprement dites, c’est inégal et peu développé. La majorité sont toutefois suffisamment sensuelles pour que le lecteur – amateur averti bien sûr ! – les apprécie, car elles sont généralement bien accompagnées et mises en valeur par le dessin. A noter que les histoires ont toutes en commun de mettre en avant une héroïne féminine, ce sont les femmes qui ici dirigent et décident, sont maîtresses de leur plaisir – même si elles cherchent le plus souvent à le partager (avec un homme, une femme – ou un robot !). Note réelle 3,5/5.
Golem Nanny
La jeune Lytha doit rester seule avec sa nounou golem pendant un court voyage de ses deux mamans. Mais peu après leur départ, un drame survient : elles meurent dans un accident, laissant leur fille orpheline. Effondrée, Lytha se replie sur le programme quotidien que ses mères lui avaient préparé, jusqu'à ce que l'affection patiente et les soins de son golem viennent peu à peu ranimer en elle l'envie de vivre. Une nouvelle relation naît alors, entre maternité de substitution et amitié profonde. L'histoire se déroule dans un univers de fantasy douce, aux teintes colorées et au style graphique très influencé par le manga, qui évoque par moments l'univers de Dofus. La légèreté du dessin et la chaleur de la mise en couleurs apportent une douceur bienvenue face à la dureté du deuil, et accompagnent le cheminement émotionnel de l'héroïne vers la résilience. Le monde imaginé ici, notamment autour de cette argile magique que des artisans peuvent transformer en outils ou en golems sensibles, offre une touche d'originalité bienvenue. Après la mort des parents, l'intrigue se recentre presque entièrement sur le lien entre Lytha et sa nounou, dans une forme de huis clos intimiste, ponctué d'une brève parenthèse dans un village voisin et amical. Ce choix narratif met en lumière la dimension psychologique du récit : il s'agit avant tout d'une histoire d'amour filial et d'amitié qui permet de surmonter le deuil. Le ton sonne juste, l'ensemble est touchant et joliment raconté, même si l'on peut regretter une certaine prévisibilité qui limite un peu l'enthousiasme. Il n'en reste pas moins une belle lecture, sensible et apaisante.
Chocochat & moi
Dans un monde peuplé de chats anthropomorphes, un collégien adopte un jeune humain comme animal de compagnie… avant de l'accueillir comme son frère. Mais ce garçon, parfaitement humain, doit apprendre à s'adapter à cette société féline aux codes très particuliers. Il ira même jusqu'à fréquenter la même école que son frère adoptif, avec tout ce que cela implique : cantine aux têtes de poisson pourri et lasagnes à la souris, comportements félins incontrôlables, et bien sûr, une obsession pour les odeurs douteuses et la toilette à la langue. Cette série humoristique jeunesse s'amuse à transposer les habitudes typiques des chats dans un cadre scolaire et social qui rappelle fortement le nôtre. Le ton est délibérément loufoque, mais suffisamment cohérent pour que les situations comiques fassent mouche. Le dessin, vivant et coloré, renforce l'ambiance joyeuse de l'ensemble, et la mise en scène soignée sert bien l'efficacité des gags. L'ensemble reste frais, varié, et même si vous n'êtes pas particulièrement fan de chats, l'humour bien dosé et les situations souvent bien vues. Une lecture sympathique et pleine d'humour.