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Couverture de la série La Cuisine des ogres
La Cuisine des ogres

J'aime beaucoup les contes. Leurs formes, leurs péripéties, leurs personnages évoluent au gré du temps et des cultures, muant et se transformant souvent de manière surprenante pour adapter et illustrer les morales et coutumes d'époques et lieux varié-e-s, mais leur fonction de vecteur d'informations perdure. Ils sont toujours des bases culturelles communes servant à illustrer des leçons, imbriquant subtilement des codes et des mises-en-gardes (par la peur d'un croque-mitaine, la bonté et/ou la sagesse illustrée d'un être bon ou encore la mise en situation d'actes à reproduire ou ne pas reproduire). Cet album est sans nul doute un conte. Peut-être même l'auteur s'est il inspiré ou a adapté/transformé un conte ou une légende déjà existant-e. Qui sait ? En tout cas j'ai beaucoup ressenti cet effroi, cette déformation monstrueuse des peurs, cette singularité presque hors-norme de la protagoniste qui devient vectrice malgré elle d'une leçon à tirer. La forme de la morale est plus ou moins ouverte, laissant libre cours à l'imagination des lecteur-ice-s, mais cherchant indéniablement à parler et à transmettre quelque chose. L'album brille incontestablement par son dessin. Je ne connaissais pas Jean-Baptiste Andreae, mais c'est à coup sûr un nom que je retiendrais à partir de maintenant. Son dessin est beau, à mi-chemin entre l'adorable et le grandiose. Quoique cette impression de grandiose du dessin me vient peut-être du travail sur les tailles dans cet album précis. Tout comme Trois-fois-morte, on se sent écrasé-e-s par ces décors et ces personnages gigantesques et monstrueux. Ce gigantisme et cette transformation horrifique de décors et milieux connus et courants (des cuisines notamment) marque et m'a vraiment charmée. Ce gigantisme et cette horrification de la cuisine et de la faim m'a également rappelé le jeu vidéo Little Nightmares (premier du nom pour le coup, le second a quant à lui une ambiance horrifique toute autre). Je le recommande chaudement d'ailleurs, un petit coup de cœur esthétique personnel.

29/01/2025 (modifier)
Par Mashiro
Note: 4/5
Couverture de la série Moi, Fadi - Le Frère volé
Moi, Fadi - Le Frère volé

La série L’Arabe du futur avait réellement propulsé Riad Sattouf comme génie français de la BD jusqu’à recevoir le grand prix de la ville d’Angoulême en 2023, j’avais moi-même adoré cette série et j’étais donc naturellement heureux de savoir que Sattouf revenait sur le devant de la scène avec un spin-off de sa série emblématique. Dans Moi, Fadi, le père volé, on suit l’histoire cette fois-ci du point de vue de Fadi (le plus jeune frère) qui se fait enlever par son père et passe du jour au lendemain des environs de Rennes aux environs de Homs en Syrie. Avec un charme similaire à la série originale, j’ai beaucoup aimé redécouvrir cette Syrie des années 80 du point de vue d’un enfant (l’école, les autres enfants, la nourriture). L’histoire est évidemment tragique et fluctue entre les détails de la découverte de la vie en Syrie et du traumatisme de perdre sa mère et ses frères. J’ai bien aimé également le côté autobiographique mais réalisé par quelqu’un d’autre (par exemple, voir Riad non plus comme le personnage principal mais cette fois-ci secondaire). Quant aux dessins il est assez similaire à ce que l’auteur a proposé au cours des dernières années, des personnages simples et emblématiques, parfois mystiques avec les grand-mères aux visages fatigués et voilés des campagnes syriennes. J’ai hâte à la suite de l’histoire !

29/01/2025 (modifier)
Par Mashiro
Note: 4/5
Couverture de la série Notes pour une histoire de guerre
Notes pour une histoire de guerre

Génie de la BD italienne, cela faisait longtemps que je n’avais pas lu d’œuvres de Gipi ! Notes pour une histoire de guerre suit trois adolescents dans un contexte de guerre sans que l’on sache vraiment où ni quand, les trois héros semblent avoir fugué et finissent par rencontrer un groupe de mafieux qui leur confient des missions avant la grande mission finale qui les amènera vers la guerre… Cette œuvre est géniale pour plusieurs raisons, tout d’abord l’histoire tient vraiment en haleine du début à la fin et j’ai beaucoup aimé les différentes techniques de narration utilisées au fil de l’œuvre (le découpage des trois parties principales ainsi que l’alternance entre rêves et réalités ou bien angle filmé et angle non-filmé qui se traduit par une alternance du style dessin). Aussi le thème de la guerre est vraiment traité subtilement, la violence guerrière n’est jamais montré, les désastres de la guerre sont seulement évoqués comme quelque chose du passé, je n’ai pas toutes les clés de compréhension mais j’ai hâte de trouver une fiche de lecture qui analyserait tout cela; enfin et ce n’est pas des moindres, Gipi maitrise parfaitement son aquarelle et j’aime bien le côté faussement approximatif de son dessin. À lire !

29/01/2025 (modifier)
Par Mashiro
Note: 4/5
Couverture de la série Caricature
Caricature

Daniel Clowes est souvent considéré comme un des grands auteurs de la bd américaine alternative, avec une production incroyable de courtes histoires dans son magazine Eightball dans les années 90 puis ensuite des romans graphiques plus longs et tout autant adulés depuis les années 2000; Caricature est une compilation de neuf petites histoires de Eightball que j’ai dévoré et adoré (mes préférées sont Comme une brindille Joe, et Caricature); ce recueil couvre un bel ensemble des thématiques qui Clowes couvre souvent (la solitude, l’amour perturbé, une vision pessimiste du monde) et les personnages évoluent dans des histoires toujours plus absurdes (c’est du Lynch sur papier) et c’est vraiment bien écrit (voire traduit dans le cas présent); d’un point de vue graphique l’auteur est assez fidèle à son style, jouant beaucoup avec les contrastes et des personnages aux têtes charismatiques, j’ai un peu de mal avec sa coloration (couleurs trop kitschs, mal balancées, pas très plaisantes) mais son noir et blanc transmet parfaitement l’univers qu’il veut imposer; Caricature est soit une belle introduction pour découvrir Clowes ou un complément judicieux si vous en explorer plus sa bibliographie !

29/01/2025 (modifier)
Par Canarde
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Azur Asphalte
Azur Asphalte

Je suis sortie époustouflée de cet album. Et j'ai encore du mal à me l'expliquer ! C'est une histoire du quotidien : deux sœurs qui galèrent dans la vie de tous les jours... Deux personnages que l'on a déjà croisés, leurs conversations, leurs raisonnements sur la vie, leur humour... L'une mère solo et l'autre qui n'a pas encore trouvé sa place. Zigzagant entre parking de supermarché et plage, leur vie ensoleillée et engluée dans les difficultés économiques nous touche profondément. Deux raisons à cela : 1. Les dialogues : tout proche du documentaire, mais sans jamais un mot de trop : une gestion des silences qui a quelque chose de cinématographique, on est dedans, c'est un miroir de nos vies ! Le flot des paroles se prolonge dans le flux de leurs pensées. Et le fait que l'auteur se soit inspiré de ses propres sœurs joue surement un rôle dans cet effet de véracité , il reconstitue les justifications qu'elles donnent à leurs choix à partir de ses souvenirs. 2. L'image : une aquarelle de banlieue qui frappe par sa couleur très bien observée et un contraste inattendu entre le flou général et la précision hyper-emouvante des visages. Jamais vu ça ! Si vous avez vu Journal Intime de Nani Moretti, où on suit une Vespa dans les rues de Rome, vous avez une idée de l'impression : tout Rome qui défile sans qu'on puisse faire la mise au point et la nuque du personnage qui reste nette. En film , ça fait mal à la tête, en BD ça nous jette dans un mouvement fictif. Bref, je vous conseille vraiment cette expérience de lecture, tout-à-fait inédite pour ma part, qui ouvre le cœur et laisse une nostalgie étrange. Bordesoules...Je retiendrai ce nom.

29/01/2025 (modifier)
Par Clémence
Note: 4/5
Couverture de la série Lucy - L'Espoir
Lucy - L'Espoir

J ai acquis ce livre à petit prix dans une bourse aux livres de médiathèque municipale. Quelle bonne surprise ! Des dessins de merveilleuse qualité, un scénario qui nous tiens en haleine toute la lecture. J’avais de nombreux aprioris sur ce livre de part son format, sa couverture, le sujet abordé mais j’ai eu tord. Superbe récit plein d’espoir comme l’indique le titre de l’œuvre. Je ne peux que vous le conseillé.

29/01/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Erdogan - Le nouveau sultan
Erdogan - Le nouveau sultan

Faire des biographies en BD sur des figures modernes controversées semble être à la mode. Ici, on a donc droit à la biographie de Recep Tayyip Erdogan qui dirige la Turquie depuis plus de deux décennies. La biographie raconte sa vie jusqu'à son ascension au pouvoir. On ne voit donc pas son règne comme premier ministre puis président de la Turquie. Cela peut-être un peu décevant, mais au moins cela permet de mieux développer l'histoire de sa vie parce que les auteurs ont en long à dire sur plus de 300 pages très complet. J'espère juste qu'il va avoir une suite qui servirait de complément à ce très bon album. On suit donc Erdogan de sa jeunesse à son ascension au pouvoir ultime après avoir subit plusieurs revers politiques. J'ai trouvé que c'était intéressant parce qu'on voit que c'est un animal politique rusé qui sait comment rebondir chaque fois qu'il est au bord du gouffre et semble fini. À travers lui, on voit aussi la complexité de la société turque qui est pris entre la laïcité et un islam plus traditionnel et qui est aussi sujet à des coups d'états par les militaires. J'ai adoré découvrir la politique de ce pays. L'histoire d'Erdogan est malheureusement commun si on connait l'histoire de l'Islam politique: soutient du pouvoir et de l'occident qui préfère les traditionnelles à la gauche révolutionnaire, double jeu de la part d'Erdogan qui se prétend plus moderne et ouvert d'esprit en mettant en avant des femmes, il a des premiers bons résultats parce que l'opposition est divisé, lorsqu'on se rends contre que les extrémistes ont trop de pouvoir c'est un peu trop tard et dès qu'il a du pouvoir il montre son vrai visage. Le plus triste est qu'il le montre lorsqu'il a été maire d'Istanbul, mais il y avait encore des naïfs pour croire ses mensonges. Cela rappel certains politiciens d'extrême-droite occidentaux qui peuvent dire tout ce qu'ils veulent, il y aura toujours des gens pour les défendre ! Les auteurs sont deux ressortissants qui sont contre le régime d'Erdogan, mais ils essaient d'être le plus neutre possible et il y a donc des moments où Erdogan peut paraitre sympathique et comme une victime. Le dessin est vraiment plaisant à regarder, c'est le style réaliste que j'aime retrouver dans un documentaire.

28/01/2025 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5
Couverture de la série Minuit Passé
Minuit Passé

Comme pour son précédent opus, « Le Jardin- Paris », Gaëlle Geniller nous emmène une fois encore dans son univers si particulier, hors du temps, et cela est fort plaisant. Après le monde des cabarets aux velours froufroutants, elle nous invite dans un immense manoir victorien aux recoins sombres où des fantômes ont élu domicile. A la façon des spectres du récit, qu’il s’agisse des trois corneilles, des portraits ou de cette ombre un peu inquiétante, le lecteur va observer Guerlain déambuler dans les vastes pièces de la demeure, en cherchant le sommeil comme les réponses aux questions qui l’assaillent. Notamment cette amnésie sur son enfance dans les lieux, amnésie qui a fait du jeune dandy trentenaire une sorte de zombie fragile, marqué par la fatigue avant l’âge. Présence rassurante, son fils Nisse semble avoir ce don de converser avec les esprits du lieu et sera peut-être celui qui l’aidera à recomposer le puzzle d’une vie où les souvenirs se sont émiettés. Constamment en éveil, c’est le gamin qui va trouver par hasard dans un tiroir un herbier oublié par son père. Il s’avère que celui-ci l’avait fabriqué durant son enfance, en imaginant que chaque fleur correspondait à une émotion… Et pourtant, il ne manque pas d’amour, Guerlain. Choyé par son épouse depuis le premier coup de foudre il y a douze ans, qui doit le rejoindre dès qu’elle sera moins accaparée par son boulot, admiré par son fils dont l’affection est totalement réciproque, couvé par ses trois sœurs qui l’appellent sans relâche pour savoir s’il va bien, le jeune homme * ne trouve pas le temps d’aller mal, même si au fond de son âme, il ressent comme un manque, avec cette sensation d’être prisonnier d’un labyrinthe aux parois de verre. C’est alors une quête irréelle qui va s’engager pour lui permettre de remonter le fil de son enfance égarée… A l’instar du « Jardin – Paris », « Minuit passé » est un pur enchantement graphique, traversé par une poésie immersive aux senteurs florales, peut-être celles des pétales déposées délicatement sur le visage de Guerlain par les trois corneilles… On a vraiment l’impression d’y être dans cette demeure, où tout n’est que calme et volupté. Le trait tout en finesse est rehaussé d’une savante mise en couleur, qui rappelle le travail de Mayalen Goust avec son récent « D’or et d’oreillers », davantage dans le registre du conte noir. Ce qui distingue Gaëlle Geniller de sa consœur, c’est clairement l’influence manga pour la représentation des visages, mais néanmoins cette autrice creuse son propre sillon, loin des codes « industriels » de la BD nipponne. C’est avec générosité qu’elle nous offre ici un travail d’orfèvre pour ravir nos pupilles gourmettes. Avec « Minuit passé » ce n’est pas tant la narration qui marquera le lecteur que la sensation éthérée qui s’en dégage, car il faut l’avouer, les plus impatients risquent de ne point y trouver leur compte. Le livre se déguste à la façon d’un scone qu’on prendrait à l’heure du thé dans un salon anglais, et sans risque de trouver de l’arsenic dans sa tasse. Ainsi se décrit l’univers de Gaëlle Geniller, un univers aimable et chatoyant, sorte de cocon étranger à la violence du monde. Certains esprits chagrins le déploreront peut-être, mais il sera difficile pour toute âme amoureuse du beau de résister au charme de ce que l’on pourrait qualifier d'oasis graphique. On notera pour terminer le travail éditorial, assez rare faut-il le préciser, sur les tranches de l’ouvrage agrémentées de jolis motifs floraux aux tonalités vertes. Un raffinement jusqu’au bout de l’objet, et un argument de plus en faveur du livre imprimé…

28/01/2025 (modifier)
Par Clémence
Note: 4/5
Couverture de la série L'Echangeur
L'Echangeur

J'ai acheté ce livre dans une bourse aux livres de bibliothèque municipale et donc payé un tout petit prix. Je n’en attendais rien et la couverture ne m’a pas franchement attirée mais, je ne suis pas déçue de cet ouvrage, que je trouve très optimiste. Il se dévore rapidement et je regrette simplement l’absence de couleur de l’album (nuances de noir et blanc). Une bande dessinée qui nous éclaire sur le sens de nos vies et la perception que l’on peut avoir de la réussite. Je recommande !

28/01/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
Couverture de la série Wake - L'histoire cachée des femmes meneuses de révoltes d'esclaves
Wake - L'histoire cachée des femmes meneuses de révoltes d'esclaves

3.5 Un bon documentaire qui montre les efforts que l'historienne Rebecca Hall a faits pour retrouver des informations sur la révolte d'esclaves faite par des femmes noires. J'avais un peu peur au début parce que je n'aime pas trop le dessin qui est typé dans le style underground américain que je n'aime pas trop, mais j'ai fini par m'habituer parce que la quête de Hal est passionnante à lire. J'aime l'histoire et j'ai bien aimé voir comment est fait le travail de recherche d'une historienne. On voit notamment que c'est souvent difficile d'avoir accès à des archives, car certaines personnes haut placées n'ont pas trop envie qu'on rouvre le dossier sur l'esclavage transatlantique. Rebecca Hall met aussi les points sur les i sur certaines idées reçues sur l'esclavage. À travers les témoignages qu'elle réussit à retrouver, on sent la déshumanisation des noirs (les esclaves n'ont plus de noms ou de passés) et aussi le sexisme dans la société patriarcale. Un one-shot pour ceux qui s'intéressent à des questions sociales qui sont encore d'actualité, et qui le seront malheureusement pendant encore longtemps.

28/01/2025 (modifier)