Je ne suis pas un gros fan de la série Comanche que je trouve correcte sans plus, mais au vu des avis positifs j'avais quand même envie de lire l'album et je ne fus pas déçu parce que je ne m’attendais pas à trouver l'album extraordinaire.
On est donc dans un western de type crépusculaire même si cela se passe des décennies après le far west parce que c'est l'ambiance qui se dégage de l'album. Le rythme est lent et Red Dust est un vieux désabusé qui vit dans un monde qui n'a plus besoin de types comme lui ou de ses vieux amis (enfin ceux encore en vie). On retrouve à peu près tous les clichés de ce type de récit, mais c'est bien fait. Il y a des références aux albums les plus marquants de la série quoique le récit est assez indépendant pour qu'un lecteur lambda qui n'a jamais lu la série originale puisse se retrouver sans aucun problème.
Le dessin est correct quoique je ne sois pas très fan des décors qui souvent semblent être des photos qu'on a dessiné par-dessus. Je préfère le style de Hermann, mais je suis tout de même content que l'auteur ait gardé son style personnel au lieu d'essayer de singer Hermann parce que cela montre que cet album est particulier et différent de la série-mère.
Je me rends compte que je n'ai pas noté cette BD que j'avais emprunté à la bibliothèque quand mes enfants étaient encore au collège.
J'avais beaucoup aimé cette lecture/ parenthèse, je m'étais bien identifiée à cette expérience de pensée : et si je me retrouvais sur un banc en ville sans plus me rappeler qui je suis ni où j'habite.
Le dessin de Penelope Bagieux est ici réellement au service du scénario et aide à se représenter une vie citadine, impersonnelle, ni trop ceci, ni trop cela.
Mais il m'a semblé que l'exploration de ce fantasme commun avait plus de chance de toucher à 35 ans qu'à 50... il faudrait que je le relise...
Ce coup de cœur est plutôt un agréable souvenir, vieux de 15 ans, avant ma première participation à BDthèque...
Malgré un excellent moment de lecture je suis resté circonspect sur de nombreux épisodes du récit. Incontestablement P.H.Gomont possède l'art de rendre ses récits très dynamiques autour d'une tension dramatique hors norme. L'équilibre entre le texte et le graphisme qui joue sur une succession rapide d'effets humoristiques, dramatiques, émotionnels rend le/la lecteur-trice captif-ve dès les premières pages. La construction du récit est d'une grande habileté . En commençant par la mort de Gabriel, l'auteur fait de son récit une sorte de dernier hommage lors d'un deuil où la mort du personnage adoucit ses défauts. Cette mort initiale dans le récit humanise le personnage à tel point que cela pourrait le rendre touchant voire attachant pour certains. Ce n'est pas mon cas et je partage l'avis de Pol sur le personnage pour lequel je n'ai aucune empathie. Je pense même que certains défauts du personnage ont été sous-évalués. Ainsi sans mettre en doute la réalité du jugement JAF , je me demande comment cela a pu être possible. Je connais cette procédure qui est assez longue ( à peu près un an) , qui demande une équité d'accès aux pièces à charge avant le procès ( les lettres) alors que le père présente des paramètres forts ( alcool, passé trouble) de mise en danger des enfants. Ensuite je n'ai pas beaucoup plus d'empathie pour Mathilde et Simon qui trahissent leur mère et leur jeune frère pour un miroir aux alouettes. Seul Louk pourtant personnage secondaire m'a donné un rayon d'humanité dans ce triste tableau. "Gabriel est venu et s'est servi", loin des préoccupations du pays comme le furent les deux ados.
Pour conclure avec un récit pourtant très bien ficelé avec beaucoup de rythme, je me suis senti étranger à cet excès de sentimentalisme final à coup de "Mon petit papa". Cette vision appartient au vécu de l'auteur soit, mais ma propre expérience m'en éloigne tellement que je suis réellement sorti du récit à ce moment clé.
Le graphisme est quasi parfait avec des trouvailles ( certaines bulles) que l'on retrouve dans d'autres albums de l'auteur qui donnent beaucoup de corps et de densité au récit.
Une belle lecture à laquelle on peut difficilement rester neutre quand on est père de famille. J'apprécie ses nombreuses qualités mais je m'en suis détaché sur certains points très personnels.
Cet album à la pagination élevée (384) offre une plongée dans la vie de Sébastien, l'auteur. Un matin il se réveille avec une douleur atroce à la jambe, ce qui va sérieusement l'handicaper. Et ça va aller de mal en pis. Ce récit nous entraine alors dans une quête initiatique où l'esprit influence le corps. Au gré de ses rêves, séances de méditation, et autres expériences shamaniques, l'auteur va se laisser guider par ces médecines de l'esprit, car la médecine traditionnelle n'a pas pu lui venir en aide.
Heureusement on n'assiste pas à 380 pages de méditation transcendantale, ni à un long plaidoyer en faveur de ce type de soin. L'album prend le temps de présenter le personnage, son parcours et son quotidien entre France et Japon. Il nous relate aussi ses aventures amoureuses. Le rythme est lent et posé, l'histoire prend vraiment son temps. Du coup cette longue présentation est bien agréable à lire, on s'attache plus que volontiers au personnage et c'est avec curiosité qu'on suit ses histoires de coeurs et ses hésitations professionnelles.
Plus l'histoire avance et plus son problème de jambe devient prédominant. Le dernier tiers de l'album, sans doute la partie la plus importante pour l'auteur est elle vraiment focus sur la partie spiritualité et introspection. Pas inintéressant au début cette partie devient un peu répétitive au fil des pages et souffre de quelques longueurs.
Le dessin lui est plein de charme et de sensibilité, il sert parfaitement le propos de l'auteur.
Voilà une belle série que j'ai réellement apprécié dans son premier cycle, mais que le deuxième cycle, puis le cycle en cours commence à nuancer.
Pourtant le pari est beau et excitant, surtout que les grandes séries "a rallonge" avec une diversité de personnages et des enjeux politiques multiples peuvent vite être usantes.
Le premier cycle sur Angleon à de vrais ères de séries dans le style GOT, Baron Noir. Une guerre fratricides des plus excitantes qui tiens en haleine. C'est bien mené, il y a de vrais rebondissements, j'ai bouffé les 6 premiers tomes. C'était pour moi un quasi sans fautes dans le registre, avec qui plus es un dessin très réussi, fort expressif et détaillé, qui me plaît et rend la lecture agréable.
J'ai trouvé le deuxième cycle, bien qu'intéressant, beaucoup plus long et redondant. L'univers de Lys paraît certes encore plus cruel que Angléon, mais il est mal exploité à mon sens, trainant en longueur la vengeance inassouvie de Alissa et de son clan, tournant en rond et se fixant finalement à une intrigue qui n'aurait pas nécessité tant de tomes, qui aboutie de façon... j'ai trouvé cela peu convaincant. Et là est l'écueil, se retrouver avec un deuxième cycle moins intéressant, qui donne l'impression de trop de tomes pour répondre à une demande plus qu'à un vrai souci de cohérences..
Et pour l'instant, le troisième cycle, en cours, me laisse un sentiment mitigé. L'univers des Ours est similaire aux autres (héritiers déchus, refus du changement des traditions, barbarie), en clair, les scénarios se répètent et surtout, le tome 14, dernier sorti, est beaucoup trop bavard ! C'est dommage !
En clair je met 3/5, car j'apprécie l'idée, le dessin, la profondeur des personnages, la richesse de l'univers, et le premier cycle d'Angleon est une vrai régalade. J'espère que ça reprendra cette voix et surtout, surtout, qu'on ira au bout de la série : c'est le risque avec ce genre d'entreprise...
Le premier tome s’ouvre sur un événement violent, le massacre raciste de dizaines de travailleurs italiens à Aigues-Mortes à la fin du XIXème siècle (un sujet que j’avais découvert dans le très bon album De sel et de sang). Cela pour montrer les difficultés rencontrées par les immigrés, les clichés qui peuvent avoir la vie dure.
L’immigration, et la conservation de ses racines autant que tout ce qui peut constituer une bonne « intégration » (je n’aime pas trop ce terme) sont au cœur de cet album, qui donne à voir sur plusieurs générations des ritals, Baru en a aussi fait quelque chose d’autobiographique, sa famille – parfois au sans très large (voir les oncles par alliance) – fournissant la grande majorité des personnages.
On a donc là une petite et grande histoire de ritals donc, mêlant anecdotes familiales et faits historiques. Mais aussi, au travers des générations successives, une sorte de travail sociologique (Baru aime bien parler des « petites gens »).
Le récit mêle passages dialogués et commentaires de Baru en off, ainsi que recettes de cuisine, photos, documents divers. C’est un peu fourre-tout parfois. Et cet aspect hétéroclite est renforcé par la construction très décousue de l’ensemble. C’est vivant, mais c’est aussi un peu bordélique et, si on sent bien tout ce que Baru a pu mettre d’enthousiasme, de souvenirs familiaux dans ces trois albums, le lecteur extérieur est un peu perdu. Ça a été mon cas à plusieurs reprises, pour bien situer tous les personnages – car il y en a beaucoup ! J’avais lu il y a quelques temps -c’était sans doute un des premiers albums de Baru – La Communion de Mino, qui présentait déjà un pan de l’histoire familiale (un épisode très restreint).
Quant au dessin, c’est du Baru typique, on aime ou pas. Mais je le trouve très bien pour accompagner son récit. Sans fioriture, mais efficace et expressif.
D'aussi loin que je me souvienne, les Rois de naguère ne m'ont jamais parus être des gens biens.
Or cet ouvrage nous présente un Charles IX profondément humain et rongé par les remords de la barbarie sans nom qu'il a autorisé
Il s'écoulera une grosse année entre l'horreur de la Saint Barthélemy et la mort du souverain. Pourtant sa descente aux enfers ainsi que sa dégénérescence physique sont très frappantes
Et finalement on arrive à se prendre d'attachement pour cet homme, devenu roi "par hasard", qui n'était pas prédestiné ni préparer à régner et qui sous l'influence de sa mère fini par accepter l'inacceptable.
Le travail de Guérineau est très intéressant aussi bien dans la mise en scène que graphiquement.
Un bel ouvrage certes, mais dont l'achat n'est pas forcément indispensable car en dépit de ses qualités réelles, l'œuvre ne transporte pas non plus outre mesure. Il n'y a pas ce gout de reviens y
Reste un éclairage nouveau sur la fin de vie d'un monarque
Il ne faut peut-être pas toujours vouloir percer les mystères…
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Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre, qui ne nécessite pour la pleine compréhension, qu’une connaissance superficielle de Spirou & Fantasio, et des principales bandes dessinées franco-belge. Son édition originale date de 2022. Il a été réalisé par Jul (Julien Berjeaut) pour le scénario et Libon (Ivan Terlecki) pour les dessins, avec une mise en couleurs réalisées par Alex Doucet. Il comprend quarante-huit pages de bande dessinée.
La nuit, dans un joli pavillon de banlieue avec un beau terrain, couché dans son lit, Spirou est en train de lire une bande dessinée intitulée : 50 nuances de groom. À côté de lui, Spip est assis en train de lire un ouvrage intitulé Peanuts. Spirou repose d’un coup son ouvrage : il n’arrive pas à se concentrer sur cette BD. Il demande à Spip si ça ne l’inquiète pas que Fantasio n’ait pas donné de nouvelles depuis huit jours. L’écureuil lève les yeux au ciel. Spirou répond qu’il sait ce que Spip va lui dire, que lui, Spirou, n’est pas sa mère. Il insiste : Mais quand même, est-ce que Spip ne trouve pas ça bizarre ? Fantasio lui annonce qu’il part en Poitou-Charentes pour rencontrer un mystérieux correspondant. Qu’il va rentrer bientôt avec une surprise. Et puis plus rien. Est-ce qu’il serait en reportage pour son journal ? Qu’est-ce qu’il y a en Poitou-Charentes ? Il n’y a rien. Peut-être qu’il va leur rapporter un fromage de chèvre ? Spip bondit par terre et se met à côté du téléphone portable du groom. Ce dernier compose le numéro de son ami : il obtient le message du répondeur de Fantasio qui indique que si la personne est une jeune fan qui rêve de le rencontrer, il convient de parler après le biiiiip… Spirou décide d’aller enquêter par lui-même. Il prend donc le train, destination Angoulême. Pendant le voyage, il parle à Spip, : La rédaction du Moustique ne s’était pas aperçue de la disparition de Fantasio. Le chef de rubrique ne savait même pas sur quoi son reporter allait enquêter. Il conclut : on vit dans un monde de cinglés.
Une fois arrivé à Angoulême, Spirou décide de regarder dans le journal local pour voir s’ils peuvent trouver quelques indices. Dans le kiosque, un enfant fait une comédie parce qu’il veut la BD avec les dragons. Au comptoir, le vendeur fait allusion à une épidémie. Spirou s’assoit et lit l’article principal : Démence en Charentes – Madame Guillebaud, bien connue des amateurs de bridge de la ville d’Angoulême, a dû être admise en urgence à l’hôpital psychiatrique régional. On l’a retrouvée nue hier soir devant l’hôtel de ville, déclarant être la Castafiore venue interpréter L’air des Diamants, à la demande du maire. Le professeur Herquin-Frangé, qui dirige l’hôpital depuis de longues années, rapporte une recrudescence des crises de folie ces derniers jours. Comme en témoigne l’internement récent d’un journaliste de la capitale en visite dans notre ville. Spirou e demande s’il s’agit de Fantasio. Suivant la suggestion de Spip, il décide d’appeler l’asile pour en avoir le cœur net.
Jul (auteur de la série Silex and the City, scénariste de Lucky Luke, dessinateur de 50 nuances de Grecs) et Libon (dessinateur de la série Animal Lecteur avec Sergio Salma, auteur de la série Les cavaliers de l’Apocadispe) profitent des libertés données par l’éditeur Dupuis pour créer leur version d’une aventure de Spirou. Le lecteur retrouve quelques-unes des spécificités du personnage créé en 1938 par Jean Dupuis (1875-1952), Rob-vel (1909-1991, Robert Pierre Velter), avec Luc Lafnet (1899-1939) et Blanche Dumoulin (1895-1975) : la tenue de groom, l’animal familier Spip doté d’une certaine forme de conscience, Fantasio, et des références à quelques éléments de la série comme le nom de Zorglub (et même le juron Bulgroz). La coiffure de Spirou comporte bien la houppe au-dessus du front, sans calot, et il porte son uniforme tout du long de l’aventure. La tenue de Fantasio varie au fur et à mesure de l’aventure : d’abord une forme de pyjama, puis une robe de chambre par-dessus pour sortir dans le parc de l’asile, enfin le retour à son pantalon de costume, sa chemise unie, sa veste et son nœud papillon. Spip est égal à lui-même du début à la fin, sans phylactère ni bulle de pensée. Les deux personnages se retrouvent dans une aventure : Fantasio enfermé dans une asile pour une raison que doit découvrir Spirou, ce dernier partant à la recherche de son ami et bien déterminé à le tirer de ce danger (dans lequel il s’est fourré tout seul).
S’il ne connaît pas déjà le dessinateur, le lecteur peut avoir avec la couverture, une première impression de dessin relativement classique pour une bande dessinée jeunesse, avec des formes simplifiées, une belle allure pour le héros. Éventuellement, il relève le visage caricatural des deux infirmiers, mettant ça sur le compte de l’exagération comique, pareil pour le fait qu’ils ne touchent pas le sol, et le regard bizarre de Spip. Dans la première page, il constate que l’écureuil conserve ce regard avec de très grands yeux, comme s’il était ahuri, ou sous substance psychoactive, ou éventuellement tout le temps effaré par le comportement idiot des êtres humains. Le lecteur finit par s’y habituer sans plus y prêter attention ou lui attribuer une signification particulière. Par la suite, il retrouve la même forme d’yeux en billes de loto pour des personnages humains : un serveur en planche cinq, des victimes du syndrome de Jérusalem en planche douze, Fantasio en planche quinze, et quelques autres figurants par la suite. Le dessinateur s’amuse avec les déformations du visage humain : la bouche en forme de fer à cheval pour le marmot en train de brailler qu’il veut la BD avec les dragons, les dentitions bizarres avec les dents en avant qui mériteraient un abonnement chez l’orthodontiste avec une carte de fidélité, les jambes un peu trop courtes (pour le docteur par exemple), ou encore les doigts en forme de saucisse cocktail, et bien sûr les faces de bouledogue des infirmiers.
Le lecteur a tôt fait de s’habituer aux idiosyncrasies du dessin de Libon : la narration visuelle est limpide, les personnages sont sympathiques avec ces exagérations qui montrent bien que rien n’est à prendre au tragique, et avec une densité d’informations visuelles satisfaisante. Certes les couleurs fortes apportent une consistance supplémentaire dans chaque case, avec des teintes peut-être un tout petit peu trop foncées pour les scènes nocturnes, à la limite d’écraser les contours encrés. Le coloriste opte pour des aplats unis, relevés parfois d’une ombre portée, et des teintes un peu plus foncées que celles habituelles pour des ouvrages Jeunesse. Le dessinateur prend soin de situer l’environnement de chaque scène : la chambre à coucher de Spirou, le quai de la gare, les places en carré dans le train, le point de vente de journaux dans la gare, la cafétéria, le superbe jardin de l’asile, le bureau du professeur Herquin-Frangé, la salle de repas de l’asile, la chambre de Fantasio, le stockage à l’entresol des biens de Marcel Domecq, etc. L’exagération permet de marier aussi bien l’entretien de Spirou avec le docteur que l’usage libéral de bâtons de dynamite. L’artiste sait tout aussi bien évoquer l’apparence de célèbres personnages de bande dessinée, que le lecteur reconnaît au premier coup d’œil.
L’histoire se déroule à Angoulême, avec un lien thématique concernant le festival international de la bande dessinée (FIBD), à savoir les personnages de BD franco-belge. Le lecteur coutumier de ces lectures relève avec aisance les références. Celles nominatives comme Largo Winch, Titeuf, Lanfeust de Troy, la Palombie, Thorgal, Bécassine, Buck Danny, Corto Maltese, Blueberry, les Tuniques bleues, Superman & la kryptonite, Yakari & Petit Tonnerre. Et celles donnant lieu à une mise en scène comme Obélix et son menhir (très réussi), les Schtroumfs, Charly Brown, les frères Dalton, Gaston Lagaffe, Tryphon Tournesol, le Marsupilami, etc. Cette dimension ludique de l’album trouve sa raison d’exister dans une variation du syndrome de Jérusalem, lui-même une forme du syndrome du voyageur. Les ouvrages encyclopédiques le décrivent ainsi : Comme la réalité n'est pas à la hauteur de leurs fantasmes, les voyageurs deviennent frustrés et se réfugient dans le délire, il s'agit d'une décompensation psychotique de leur constat. Ainsi Fantasio se prend pour le capitaine Haddock, ne supportant plus de boire de l’eau (au lieu de whisky), ou évoquant sa relation avec un lama (les tintinologues apprécieront).
Le récit reste dans un registre humoristique et bon enfant, les individus atteints du syndrome d’Angoulême se conduisant comme des guignols, sans réelle conséquence. L’usage libéral de la dynamite vient renforcer la sensation d’ouvrage tout public. Les auteurs mettent en scène l’amitié indéfectible que Spirou porte à Fantasio, ce qui ne l’empêche pas de se montrer critique à son égard. Ils mettent en lumière la force de l’imagination, en particulier l’impact des personnages de fiction sur la psyché personnelle et collective : le lecteur identifie sans mal toutes les références, car chacun de ces héros a marqué son esprit, s’inscrivant durablement dans son inconscient. Ils utilisent ces références pour leur propre création, créant ainsi un méta-commentaire sur le médium de la bande dessinée, glissant d’autres références comme le nom du docteur Herquin-Frangé qui est composé de Hergé (Georges Rémi, 1907-1983) & Franquin (André, 1924-1997). Le lecteur peut y lire la propre implication des auteurs dans ces séries de bande dessinée. Ils mènent leur intrigue encore plus loin avec la nature de la quête de Fantasio qui s’interroge sur ses origines, disant sa souffrance ne de pas savoir qui furent ses parents, de ne pas les avoir connus, d’ignorer d’où il tient ses caractéristiques personnelles.
Une petite aventure bien agréable, pleine de référence au monde de la bande dessinée franco-belge. Une narration visuelle un peu particulière dont la personnalité a tôt fait de séduire le lecteur par sa dérision, sa clarté et son efficacité, ainsi que par sa déférence vis-à-vis des personnages classiques. Une intrigue rondement menée avec un dénouement un peu tonitruant, tout en restant dans le ton. Quelques réflexions adultes, à la fois sur ce que les auteurs doivent aux classiques franco-belges, et aussi sur l’impact de la fiction dans le réel, et dans une mise en abîme les interrogations des personnages de fiction. Sympathique.
Une BD au concept original : une jeune femme se retrouve sur un banc, sans aucun souvenir de qui elle est. Le mystère de son identité est bien amené et pousse à réfléchir sur ce qui fait de nous ce que nous sommes.
Le scénario se lit facilement, mais manque peut-être un peu de profondeur par moments. L’idée de départ est forte, mais j’ai trouvé que le développement restait un peu sage.
Le dessin de Pénélope Bagieu est agréable, fluide et expressif, ce qui rend la lecture plaisante. Cela dit, je n’ai pas été complètement embarqué par l’histoire.
Une lecture sympathique, mais pas inoubliable pour moi.
J'étais impatient de découvrir ce nouvel album de Krassinsky - j'aime beaucoup Le Crépuscule des Idiots que je relis régulièrement, mais je suis resté sur ma faim avec " De pierre et d'os ".
J'ai trouvé que c'était un album presque : presque intéressant, mais pas tant que cela (les apparitions récurrentes du pervers pépère, c'est un peu lassant ; pour Uqsuralik, ça l'est aussi vous me direz...), presque poétique, mais pas assez bien écrit pour que ce soit le cas, notamment les chants chamaniques - un brin hermétiques ou au contraires si transparents qu'ils en perdent toute saveur, chants qui ponctuent chaque péripétie de façon systématique. De la même manière, la voix off empesée du premier tiers m'a laissé sur le bord de la banquise (à la limite, cette première partie aurait pu être totalement muette, cela aurait peut-être été plus fort finalement) et la fin, trop attendue pour être véritablement émouvante, n'est pas forcément bien construite non plus.
Bref, un peu à cheval entre la fiction sentencieuse et le documentaire répétitif, je suis resté au milieu du gué.
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Revoir Comanche
Je ne suis pas un gros fan de la série Comanche que je trouve correcte sans plus, mais au vu des avis positifs j'avais quand même envie de lire l'album et je ne fus pas déçu parce que je ne m’attendais pas à trouver l'album extraordinaire. On est donc dans un western de type crépusculaire même si cela se passe des décennies après le far west parce que c'est l'ambiance qui se dégage de l'album. Le rythme est lent et Red Dust est un vieux désabusé qui vit dans un monde qui n'a plus besoin de types comme lui ou de ses vieux amis (enfin ceux encore en vie). On retrouve à peu près tous les clichés de ce type de récit, mais c'est bien fait. Il y a des références aux albums les plus marquants de la série quoique le récit est assez indépendant pour qu'un lecteur lambda qui n'a jamais lu la série originale puisse se retrouver sans aucun problème. Le dessin est correct quoique je ne sois pas très fan des décors qui souvent semblent être des photos qu'on a dessiné par-dessus. Je préfère le style de Hermann, mais je suis tout de même content que l'auteur ait gardé son style personnel au lieu d'essayer de singer Hermann parce que cela montre que cet album est particulier et différent de la série-mère.
La Page blanche
Je me rends compte que je n'ai pas noté cette BD que j'avais emprunté à la bibliothèque quand mes enfants étaient encore au collège. J'avais beaucoup aimé cette lecture/ parenthèse, je m'étais bien identifiée à cette expérience de pensée : et si je me retrouvais sur un banc en ville sans plus me rappeler qui je suis ni où j'habite. Le dessin de Penelope Bagieux est ici réellement au service du scénario et aide à se représenter une vie citadine, impersonnelle, ni trop ceci, ni trop cela. Mais il m'a semblé que l'exploration de ce fantasme commun avait plus de chance de toucher à 35 ans qu'à 50... il faudrait que je le relise... Ce coup de cœur est plutôt un agréable souvenir, vieux de 15 ans, avant ma première participation à BDthèque...
Malaterre
Malgré un excellent moment de lecture je suis resté circonspect sur de nombreux épisodes du récit. Incontestablement P.H.Gomont possède l'art de rendre ses récits très dynamiques autour d'une tension dramatique hors norme. L'équilibre entre le texte et le graphisme qui joue sur une succession rapide d'effets humoristiques, dramatiques, émotionnels rend le/la lecteur-trice captif-ve dès les premières pages. La construction du récit est d'une grande habileté . En commençant par la mort de Gabriel, l'auteur fait de son récit une sorte de dernier hommage lors d'un deuil où la mort du personnage adoucit ses défauts. Cette mort initiale dans le récit humanise le personnage à tel point que cela pourrait le rendre touchant voire attachant pour certains. Ce n'est pas mon cas et je partage l'avis de Pol sur le personnage pour lequel je n'ai aucune empathie. Je pense même que certains défauts du personnage ont été sous-évalués. Ainsi sans mettre en doute la réalité du jugement JAF , je me demande comment cela a pu être possible. Je connais cette procédure qui est assez longue ( à peu près un an) , qui demande une équité d'accès aux pièces à charge avant le procès ( les lettres) alors que le père présente des paramètres forts ( alcool, passé trouble) de mise en danger des enfants. Ensuite je n'ai pas beaucoup plus d'empathie pour Mathilde et Simon qui trahissent leur mère et leur jeune frère pour un miroir aux alouettes. Seul Louk pourtant personnage secondaire m'a donné un rayon d'humanité dans ce triste tableau. "Gabriel est venu et s'est servi", loin des préoccupations du pays comme le furent les deux ados. Pour conclure avec un récit pourtant très bien ficelé avec beaucoup de rythme, je me suis senti étranger à cet excès de sentimentalisme final à coup de "Mon petit papa". Cette vision appartient au vécu de l'auteur soit, mais ma propre expérience m'en éloigne tellement que je suis réellement sorti du récit à ce moment clé. Le graphisme est quasi parfait avec des trouvailles ( certaines bulles) que l'on retrouve dans d'autres albums de l'auteur qui donnent beaucoup de corps et de densité au récit. Une belle lecture à laquelle on peut difficilement rester neutre quand on est père de famille. J'apprécie ses nombreuses qualités mais je m'en suis détaché sur certains points très personnels.
Les Sanctuaires
Cet album à la pagination élevée (384) offre une plongée dans la vie de Sébastien, l'auteur. Un matin il se réveille avec une douleur atroce à la jambe, ce qui va sérieusement l'handicaper. Et ça va aller de mal en pis. Ce récit nous entraine alors dans une quête initiatique où l'esprit influence le corps. Au gré de ses rêves, séances de méditation, et autres expériences shamaniques, l'auteur va se laisser guider par ces médecines de l'esprit, car la médecine traditionnelle n'a pas pu lui venir en aide. Heureusement on n'assiste pas à 380 pages de méditation transcendantale, ni à un long plaidoyer en faveur de ce type de soin. L'album prend le temps de présenter le personnage, son parcours et son quotidien entre France et Japon. Il nous relate aussi ses aventures amoureuses. Le rythme est lent et posé, l'histoire prend vraiment son temps. Du coup cette longue présentation est bien agréable à lire, on s'attache plus que volontiers au personnage et c'est avec curiosité qu'on suit ses histoires de coeurs et ses hésitations professionnelles. Plus l'histoire avance et plus son problème de jambe devient prédominant. Le dernier tiers de l'album, sans doute la partie la plus importante pour l'auteur est elle vraiment focus sur la partie spiritualité et introspection. Pas inintéressant au début cette partie devient un peu répétitive au fil des pages et souffre de quelques longueurs. Le dessin lui est plein de charme et de sensibilité, il sert parfaitement le propos de l'auteur.
Les 5 Terres
Voilà une belle série que j'ai réellement apprécié dans son premier cycle, mais que le deuxième cycle, puis le cycle en cours commence à nuancer. Pourtant le pari est beau et excitant, surtout que les grandes séries "a rallonge" avec une diversité de personnages et des enjeux politiques multiples peuvent vite être usantes. Le premier cycle sur Angleon à de vrais ères de séries dans le style GOT, Baron Noir. Une guerre fratricides des plus excitantes qui tiens en haleine. C'est bien mené, il y a de vrais rebondissements, j'ai bouffé les 6 premiers tomes. C'était pour moi un quasi sans fautes dans le registre, avec qui plus es un dessin très réussi, fort expressif et détaillé, qui me plaît et rend la lecture agréable. J'ai trouvé le deuxième cycle, bien qu'intéressant, beaucoup plus long et redondant. L'univers de Lys paraît certes encore plus cruel que Angléon, mais il est mal exploité à mon sens, trainant en longueur la vengeance inassouvie de Alissa et de son clan, tournant en rond et se fixant finalement à une intrigue qui n'aurait pas nécessité tant de tomes, qui aboutie de façon... j'ai trouvé cela peu convaincant. Et là est l'écueil, se retrouver avec un deuxième cycle moins intéressant, qui donne l'impression de trop de tomes pour répondre à une demande plus qu'à un vrai souci de cohérences.. Et pour l'instant, le troisième cycle, en cours, me laisse un sentiment mitigé. L'univers des Ours est similaire aux autres (héritiers déchus, refus du changement des traditions, barbarie), en clair, les scénarios se répètent et surtout, le tome 14, dernier sorti, est beaucoup trop bavard ! C'est dommage ! En clair je met 3/5, car j'apprécie l'idée, le dessin, la profondeur des personnages, la richesse de l'univers, et le premier cycle d'Angleon est une vrai régalade. J'espère que ça reprendra cette voix et surtout, surtout, qu'on ira au bout de la série : c'est le risque avec ce genre d'entreprise...
Bella ciao
Le premier tome s’ouvre sur un événement violent, le massacre raciste de dizaines de travailleurs italiens à Aigues-Mortes à la fin du XIXème siècle (un sujet que j’avais découvert dans le très bon album De sel et de sang). Cela pour montrer les difficultés rencontrées par les immigrés, les clichés qui peuvent avoir la vie dure. L’immigration, et la conservation de ses racines autant que tout ce qui peut constituer une bonne « intégration » (je n’aime pas trop ce terme) sont au cœur de cet album, qui donne à voir sur plusieurs générations des ritals, Baru en a aussi fait quelque chose d’autobiographique, sa famille – parfois au sans très large (voir les oncles par alliance) – fournissant la grande majorité des personnages. On a donc là une petite et grande histoire de ritals donc, mêlant anecdotes familiales et faits historiques. Mais aussi, au travers des générations successives, une sorte de travail sociologique (Baru aime bien parler des « petites gens »). Le récit mêle passages dialogués et commentaires de Baru en off, ainsi que recettes de cuisine, photos, documents divers. C’est un peu fourre-tout parfois. Et cet aspect hétéroclite est renforcé par la construction très décousue de l’ensemble. C’est vivant, mais c’est aussi un peu bordélique et, si on sent bien tout ce que Baru a pu mettre d’enthousiasme, de souvenirs familiaux dans ces trois albums, le lecteur extérieur est un peu perdu. Ça a été mon cas à plusieurs reprises, pour bien situer tous les personnages – car il y en a beaucoup ! J’avais lu il y a quelques temps -c’était sans doute un des premiers albums de Baru – La Communion de Mino, qui présentait déjà un pan de l’histoire familiale (un épisode très restreint). Quant au dessin, c’est du Baru typique, on aime ou pas. Mais je le trouve très bien pour accompagner son récit. Sans fioriture, mais efficace et expressif.
Charly 9
D'aussi loin que je me souvienne, les Rois de naguère ne m'ont jamais parus être des gens biens. Or cet ouvrage nous présente un Charles IX profondément humain et rongé par les remords de la barbarie sans nom qu'il a autorisé Il s'écoulera une grosse année entre l'horreur de la Saint Barthélemy et la mort du souverain. Pourtant sa descente aux enfers ainsi que sa dégénérescence physique sont très frappantes Et finalement on arrive à se prendre d'attachement pour cet homme, devenu roi "par hasard", qui n'était pas prédestiné ni préparer à régner et qui sous l'influence de sa mère fini par accepter l'inacceptable. Le travail de Guérineau est très intéressant aussi bien dans la mise en scène que graphiquement. Un bel ouvrage certes, mais dont l'achat n'est pas forcément indispensable car en dépit de ses qualités réelles, l'œuvre ne transporte pas non plus outre mesure. Il n'y a pas ce gout de reviens y Reste un éclairage nouveau sur la fin de vie d'un monarque
Spirou chez les fous
Il ne faut peut-être pas toujours vouloir percer les mystères… - Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre, qui ne nécessite pour la pleine compréhension, qu’une connaissance superficielle de Spirou & Fantasio, et des principales bandes dessinées franco-belge. Son édition originale date de 2022. Il a été réalisé par Jul (Julien Berjeaut) pour le scénario et Libon (Ivan Terlecki) pour les dessins, avec une mise en couleurs réalisées par Alex Doucet. Il comprend quarante-huit pages de bande dessinée. La nuit, dans un joli pavillon de banlieue avec un beau terrain, couché dans son lit, Spirou est en train de lire une bande dessinée intitulée : 50 nuances de groom. À côté de lui, Spip est assis en train de lire un ouvrage intitulé Peanuts. Spirou repose d’un coup son ouvrage : il n’arrive pas à se concentrer sur cette BD. Il demande à Spip si ça ne l’inquiète pas que Fantasio n’ait pas donné de nouvelles depuis huit jours. L’écureuil lève les yeux au ciel. Spirou répond qu’il sait ce que Spip va lui dire, que lui, Spirou, n’est pas sa mère. Il insiste : Mais quand même, est-ce que Spip ne trouve pas ça bizarre ? Fantasio lui annonce qu’il part en Poitou-Charentes pour rencontrer un mystérieux correspondant. Qu’il va rentrer bientôt avec une surprise. Et puis plus rien. Est-ce qu’il serait en reportage pour son journal ? Qu’est-ce qu’il y a en Poitou-Charentes ? Il n’y a rien. Peut-être qu’il va leur rapporter un fromage de chèvre ? Spip bondit par terre et se met à côté du téléphone portable du groom. Ce dernier compose le numéro de son ami : il obtient le message du répondeur de Fantasio qui indique que si la personne est une jeune fan qui rêve de le rencontrer, il convient de parler après le biiiiip… Spirou décide d’aller enquêter par lui-même. Il prend donc le train, destination Angoulême. Pendant le voyage, il parle à Spip, : La rédaction du Moustique ne s’était pas aperçue de la disparition de Fantasio. Le chef de rubrique ne savait même pas sur quoi son reporter allait enquêter. Il conclut : on vit dans un monde de cinglés. Une fois arrivé à Angoulême, Spirou décide de regarder dans le journal local pour voir s’ils peuvent trouver quelques indices. Dans le kiosque, un enfant fait une comédie parce qu’il veut la BD avec les dragons. Au comptoir, le vendeur fait allusion à une épidémie. Spirou s’assoit et lit l’article principal : Démence en Charentes – Madame Guillebaud, bien connue des amateurs de bridge de la ville d’Angoulême, a dû être admise en urgence à l’hôpital psychiatrique régional. On l’a retrouvée nue hier soir devant l’hôtel de ville, déclarant être la Castafiore venue interpréter L’air des Diamants, à la demande du maire. Le professeur Herquin-Frangé, qui dirige l’hôpital depuis de longues années, rapporte une recrudescence des crises de folie ces derniers jours. Comme en témoigne l’internement récent d’un journaliste de la capitale en visite dans notre ville. Spirou e demande s’il s’agit de Fantasio. Suivant la suggestion de Spip, il décide d’appeler l’asile pour en avoir le cœur net. Jul (auteur de la série Silex and the City, scénariste de Lucky Luke, dessinateur de 50 nuances de Grecs) et Libon (dessinateur de la série Animal Lecteur avec Sergio Salma, auteur de la série Les cavaliers de l’Apocadispe) profitent des libertés données par l’éditeur Dupuis pour créer leur version d’une aventure de Spirou. Le lecteur retrouve quelques-unes des spécificités du personnage créé en 1938 par Jean Dupuis (1875-1952), Rob-vel (1909-1991, Robert Pierre Velter), avec Luc Lafnet (1899-1939) et Blanche Dumoulin (1895-1975) : la tenue de groom, l’animal familier Spip doté d’une certaine forme de conscience, Fantasio, et des références à quelques éléments de la série comme le nom de Zorglub (et même le juron Bulgroz). La coiffure de Spirou comporte bien la houppe au-dessus du front, sans calot, et il porte son uniforme tout du long de l’aventure. La tenue de Fantasio varie au fur et à mesure de l’aventure : d’abord une forme de pyjama, puis une robe de chambre par-dessus pour sortir dans le parc de l’asile, enfin le retour à son pantalon de costume, sa chemise unie, sa veste et son nœud papillon. Spip est égal à lui-même du début à la fin, sans phylactère ni bulle de pensée. Les deux personnages se retrouvent dans une aventure : Fantasio enfermé dans une asile pour une raison que doit découvrir Spirou, ce dernier partant à la recherche de son ami et bien déterminé à le tirer de ce danger (dans lequel il s’est fourré tout seul). S’il ne connaît pas déjà le dessinateur, le lecteur peut avoir avec la couverture, une première impression de dessin relativement classique pour une bande dessinée jeunesse, avec des formes simplifiées, une belle allure pour le héros. Éventuellement, il relève le visage caricatural des deux infirmiers, mettant ça sur le compte de l’exagération comique, pareil pour le fait qu’ils ne touchent pas le sol, et le regard bizarre de Spip. Dans la première page, il constate que l’écureuil conserve ce regard avec de très grands yeux, comme s’il était ahuri, ou sous substance psychoactive, ou éventuellement tout le temps effaré par le comportement idiot des êtres humains. Le lecteur finit par s’y habituer sans plus y prêter attention ou lui attribuer une signification particulière. Par la suite, il retrouve la même forme d’yeux en billes de loto pour des personnages humains : un serveur en planche cinq, des victimes du syndrome de Jérusalem en planche douze, Fantasio en planche quinze, et quelques autres figurants par la suite. Le dessinateur s’amuse avec les déformations du visage humain : la bouche en forme de fer à cheval pour le marmot en train de brailler qu’il veut la BD avec les dragons, les dentitions bizarres avec les dents en avant qui mériteraient un abonnement chez l’orthodontiste avec une carte de fidélité, les jambes un peu trop courtes (pour le docteur par exemple), ou encore les doigts en forme de saucisse cocktail, et bien sûr les faces de bouledogue des infirmiers. Le lecteur a tôt fait de s’habituer aux idiosyncrasies du dessin de Libon : la narration visuelle est limpide, les personnages sont sympathiques avec ces exagérations qui montrent bien que rien n’est à prendre au tragique, et avec une densité d’informations visuelles satisfaisante. Certes les couleurs fortes apportent une consistance supplémentaire dans chaque case, avec des teintes peut-être un tout petit peu trop foncées pour les scènes nocturnes, à la limite d’écraser les contours encrés. Le coloriste opte pour des aplats unis, relevés parfois d’une ombre portée, et des teintes un peu plus foncées que celles habituelles pour des ouvrages Jeunesse. Le dessinateur prend soin de situer l’environnement de chaque scène : la chambre à coucher de Spirou, le quai de la gare, les places en carré dans le train, le point de vente de journaux dans la gare, la cafétéria, le superbe jardin de l’asile, le bureau du professeur Herquin-Frangé, la salle de repas de l’asile, la chambre de Fantasio, le stockage à l’entresol des biens de Marcel Domecq, etc. L’exagération permet de marier aussi bien l’entretien de Spirou avec le docteur que l’usage libéral de bâtons de dynamite. L’artiste sait tout aussi bien évoquer l’apparence de célèbres personnages de bande dessinée, que le lecteur reconnaît au premier coup d’œil. L’histoire se déroule à Angoulême, avec un lien thématique concernant le festival international de la bande dessinée (FIBD), à savoir les personnages de BD franco-belge. Le lecteur coutumier de ces lectures relève avec aisance les références. Celles nominatives comme Largo Winch, Titeuf, Lanfeust de Troy, la Palombie, Thorgal, Bécassine, Buck Danny, Corto Maltese, Blueberry, les Tuniques bleues, Superman & la kryptonite, Yakari & Petit Tonnerre. Et celles donnant lieu à une mise en scène comme Obélix et son menhir (très réussi), les Schtroumfs, Charly Brown, les frères Dalton, Gaston Lagaffe, Tryphon Tournesol, le Marsupilami, etc. Cette dimension ludique de l’album trouve sa raison d’exister dans une variation du syndrome de Jérusalem, lui-même une forme du syndrome du voyageur. Les ouvrages encyclopédiques le décrivent ainsi : Comme la réalité n'est pas à la hauteur de leurs fantasmes, les voyageurs deviennent frustrés et se réfugient dans le délire, il s'agit d'une décompensation psychotique de leur constat. Ainsi Fantasio se prend pour le capitaine Haddock, ne supportant plus de boire de l’eau (au lieu de whisky), ou évoquant sa relation avec un lama (les tintinologues apprécieront). Le récit reste dans un registre humoristique et bon enfant, les individus atteints du syndrome d’Angoulême se conduisant comme des guignols, sans réelle conséquence. L’usage libéral de la dynamite vient renforcer la sensation d’ouvrage tout public. Les auteurs mettent en scène l’amitié indéfectible que Spirou porte à Fantasio, ce qui ne l’empêche pas de se montrer critique à son égard. Ils mettent en lumière la force de l’imagination, en particulier l’impact des personnages de fiction sur la psyché personnelle et collective : le lecteur identifie sans mal toutes les références, car chacun de ces héros a marqué son esprit, s’inscrivant durablement dans son inconscient. Ils utilisent ces références pour leur propre création, créant ainsi un méta-commentaire sur le médium de la bande dessinée, glissant d’autres références comme le nom du docteur Herquin-Frangé qui est composé de Hergé (Georges Rémi, 1907-1983) & Franquin (André, 1924-1997). Le lecteur peut y lire la propre implication des auteurs dans ces séries de bande dessinée. Ils mènent leur intrigue encore plus loin avec la nature de la quête de Fantasio qui s’interroge sur ses origines, disant sa souffrance ne de pas savoir qui furent ses parents, de ne pas les avoir connus, d’ignorer d’où il tient ses caractéristiques personnelles. Une petite aventure bien agréable, pleine de référence au monde de la bande dessinée franco-belge. Une narration visuelle un peu particulière dont la personnalité a tôt fait de séduire le lecteur par sa dérision, sa clarté et son efficacité, ainsi que par sa déférence vis-à-vis des personnages classiques. Une intrigue rondement menée avec un dénouement un peu tonitruant, tout en restant dans le ton. Quelques réflexions adultes, à la fois sur ce que les auteurs doivent aux classiques franco-belges, et aussi sur l’impact de la fiction dans le réel, et dans une mise en abîme les interrogations des personnages de fiction. Sympathique.
La Page blanche
Une BD au concept original : une jeune femme se retrouve sur un banc, sans aucun souvenir de qui elle est. Le mystère de son identité est bien amené et pousse à réfléchir sur ce qui fait de nous ce que nous sommes. Le scénario se lit facilement, mais manque peut-être un peu de profondeur par moments. L’idée de départ est forte, mais j’ai trouvé que le développement restait un peu sage. Le dessin de Pénélope Bagieu est agréable, fluide et expressif, ce qui rend la lecture plaisante. Cela dit, je n’ai pas été complètement embarqué par l’histoire. Une lecture sympathique, mais pas inoubliable pour moi.
De pierre et d'os
J'étais impatient de découvrir ce nouvel album de Krassinsky - j'aime beaucoup Le Crépuscule des Idiots que je relis régulièrement, mais je suis resté sur ma faim avec " De pierre et d'os ". J'ai trouvé que c'était un album presque : presque intéressant, mais pas tant que cela (les apparitions récurrentes du pervers pépère, c'est un peu lassant ; pour Uqsuralik, ça l'est aussi vous me direz...), presque poétique, mais pas assez bien écrit pour que ce soit le cas, notamment les chants chamaniques - un brin hermétiques ou au contraires si transparents qu'ils en perdent toute saveur, chants qui ponctuent chaque péripétie de façon systématique. De la même manière, la voix off empesée du premier tiers m'a laissé sur le bord de la banquise (à la limite, cette première partie aurait pu être totalement muette, cela aurait peut-être été plus fort finalement) et la fin, trop attendue pour être véritablement émouvante, n'est pas forcément bien construite non plus. Bref, un peu à cheval entre la fiction sentencieuse et le documentaire répétitif, je suis resté au milieu du gué.