Le Dieu-Fauve

Note: 4.14/5
(4.14/5 pour 7 avis)

Remontez jusqu'à l'ère lointaine du Déluge, celle qu'évoquent à demi-mots tous les textes anciens de l'humanité... En ces temps de famine, Sans-Voix, un jeune singe orphelin, cherche à prouver sa valeur à son clan d'adoption en chassant le « longue-gueule », un vieil alligator blessé et vicieux. Manger ou être mangé : le cycle immuable de la nature.


Auteurs espagnols Dargaud Fabien Vehlmann Les Singes One-shots, le best-of

Mais en osant s'aventurer au coeur des terres interdites, celles des humains, Sans-Voix sera confronté au plus cruel des destins : voir les siens massacrés sous ses yeux avant d'être capturé puis dressé dans les arènes de l'Empire afin de devenir un « Dieu-Fauve », un guerrier sacré façonné pour la violence et l'art du combat. Mais ces longues années de souffrance auront surtout fait grandir en lui une brûlante obsession : se venger de ses bourreaux, quel qu'en soit le prix. Récit de bruit et de fureur, empreint d'une poésie sauvage, Le Dieu-Fauve dresse le portrait d'une civilisation soudainement confrontée à la perspective de sa disparition. Mettant les nerfs à vif, cet album donne à voir et à ressentir la violence de la nature, la chaleur étouffante, le bourdonnement des insectes, les cris de rage et les larmes de désespoir des protagonistes, croquant avec force le ballet incessant qui fait s'entrelacer la vie et la mort, le règne animal et l'humanité. Car, au fond, qui est le réel héros de cette histoire ? L'homme ou... l'animal ? Une oeuvre à la construction magistrale, écrite par Fabien Vehlmann et portée par le dessin spectaculaire de Roger.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 05 Avril 2024
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Dieu-Fauve © Dargaud 2024
Les notes
Note: 4.14/5
(4.14/5 pour 7 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

L'avatar du posteur Tomdelapampa

Une indéniable réussite ce tome, j’ai attendu l’emprunt pour le découvrir mais il sera dans ma liste de cadeaux ;) C’est typique de l’album que je relirai et toujours avec autant de plaisir. Le duo d’auteurs régale le lecteur. J’ai trouvé leur partie respective au diapason pour cette fable brutale et sauvage. Malgré des couleurs un peu ternes et monotones, le graphisme est admirable. Le trait est soigné et la mise en page réussie, il y a une belle puissance qui s’en dégage. On retrouve également cette puissance dans le scénario, c’est parfaitement séquencé et bien pensé. Ce n’est pas le genre d’œuvre qu’il faut lire à la va-vite, ça demande un peu d’investissement au lecteur. On a vite fait d’être un peu perdu avec les nombreux personnages et le chapitrage. Cependant j’ai trouvé que ça valait franchement le coup, il y a du souffle et de la force, j’ai dégusté ma lecture. Finalement une histoire relativement sommaire et simple mais habile et magistralement racontée. La fin n’a pas la portée de « Les Cinq Conteurs de Bagdad » mais elle me plaît beaucoup. J’ai du mal à mettre la note culte quand je n’ai lu qu’une seule fois une bd. Mais dans le cas présent, il y a un petit truc. L’avenir nous le dira ;)

25/07/2024 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Légère déception pour ma part qui provient du fait que j'en attendais trop suite aux avis dithyrambiques ci-dessous. Il est probable que si j'avais lu cet album sans a priori aussi positif, mon regard aurait été moins critique. Car les qualités de cet album sont nombreuses. Pour commencer, il y a le dessin très maitrisé de Roger que j'avais déjà beaucoup apprécié dans Jazz Maynard. Je ne suis pas très fan des décors souvent désertiques et des couleurs ternes, mais pour que ce qui est des personnages et animaux, ils sont représentés avec une vraie excellence. De même, l'encrage, les ombrages et le sens de la mise en scène sont impeccables. Ensuite, il y a le sens de la mise en scène au niveau du déroulement de l'intrigue. L'album est en effet scindé en quatre grands chapitres pour lesquels le héros est différent à chaque fois, tandis que le relais est passé au suivant pour faire continuer l'intrigue. C'est une structure narrative que j'avais déjà observée en romans (dans Des Milliards de tapis de cheveux par exemple) mais je n'ai pas le souvenir de l'avoir déjà vue en BD. Cela donne une forme de côté épique au récit, comme une tragédie solennelle auquel le lecteur est convié à assister. Enfin il y a le contexte et les personnages qui ne manquent pas d'originalité. Comme par exemple l'idée de commencer avec un héros animal d'abord, avant de revenir à des humains qu'on pensait absents de ce monde. Ensuite le cadre géopolitique dont on a un aperçu sans rentrer trop dans les détails, les rôles et titres des protagonistes, leurs caractères, leurs motivations et le retournement de situation apporté par le quatrième personnage. Il y a une recherche d'originalité et de sortir des sentiers battus tant au sujet de la société imaginée que du déroulement de l'intrigue. Et pourtant celle-ci n'a pas su m'emporter. Les raisons de mon ressenti sont difficiles à exprimer mais disons que j'espérais davantage de développements et surtout dans une direction différente. Une simple vengeance animale n'est pas un thème qui me parle. Déjà parce qu'une telle thématique ne peut pas laisser la place à une réelle profondeur intellectuelle, mais aussi parce que par goût personnel je n'aime pas les histoires dont le héros est une bête sauvage réaliste. Même quand elle s'attache à brouiller une situation humaine plus complexe comme c'est le cas ici. J'aurais en effet pu davantage goûter cette partie du récit, mais elle non plus ne m'a pas séduit car je l'ai trouvée seulement esquissée, presque trop linéaire. Le fait de sauter d'un personnage au suivant l'empêche de prendre suffisamment corps et de m'impliquer dans ce qu'il se déroule. J'ai donc trouvé de vraies qualités objectives à cet album tant sur le plan graphique que narratif, mais j'ai été moins enthousiasmé par son histoire que je l'aurais espéré. Note : 3,5/5

26/06/2024 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Alix

Je me joins au concert de louanges accordé à ce superbe album du prolifique Fabien Vehlmann. « Le Dieu-Fauve » nous raconte une aventure passionnante, brutale et sauvage. L’histoire est découpée en chapitres présentant le point de vue de plusieurs personnages, divulguant progressivement les motivations de chacun. La narration est parfaitement maitrisée, j’ai pris beaucoup de plaisir à décortiquer les méandres de l’intrigue, et la fin m’a beaucoup plu. Il faut dire que la mise en image de Roger est sublime. Le découpage est réussi, les planches contiennent de belles grandes cases au dessin très détaillé, et j’ai beaucoup aimé les lignes et les perspectives sur les paysages. Les scènes d’action sont aussi très réussies, très dynamiques. Vraiment, une chouette histoire.

10/06/2024 (modifier)
Par doumé
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur doumé

Ce sont les avis précédents qui m'ont convaincu pour l'achat et effectivement je confirme que cet album mérite toutes ces critiques positives. Un album composé de quatre chapitres distincts centrés sur un personnage différent donne à l'ensemble un récit dynamique qui ne faiblira pas jusqu'à la dernière page. Dieu-fauve est une bd mêlant fantasy et aventure dans une ambiance apocalyptique avec comme référence le mythe du déluge. Sensé laver le monde du mal, ce déluge va au contraire raviver la soif du pouvoir des survivants et notre héros profite du désastre pour se venger. En résumé, une aventure sans pitié pour tous les protagonistes qui vivent dans un monde où le plus fort est celui qui dirige. Le dessin donne vie efficacement aux combats et aux scènes d'actions. L'utilisation de peu de couleurs par case détermine instantanément l'ambiance et procure du confort à la lecture. Un superbe moment de lecture

20/05/2024 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5
L'avatar du posteur Blue boy

Depuis sa sortie, les éloges faits à cette bande dessinée n’ont pas manqué. Et en effet, celle-ci semble réunir de nombreux ingrédients pour en faire un des ouvrages marquants de l’année. Conçue comme une aventure épique dans un monde imaginaire, avec une portée philosophique indéniable, elle est fort susceptible de rallier un public varié. « Le Dieu-Fauve » bénéficie du scénario maîtrisé de Fabien Vehlmann, un scénario haletant, tout en bruit et en fureur, dans un monde différent du nôtre mais où règnent les humains avec leur besoin irrépressible de domination. A travers « Sans-Voix », ce singe dressé pour tuer, dans le seul but de satisfaire les foules des arènes de combat, c’est non seulement la cruauté et la maltraitance exercée sur l’espèce animale qui est évoquée, mais aussi, telle une thématique parallèle, l’esclavage dans une société aux croyances polythéistes, avec ses castes et son aristocratie. Elle est gouvernée principalement par des femmes, notamment la consule Ea, l’amirale Ocre-Brune et la « Grande-Veneuse », une redoutable guerrière, celle qui a fait de « Sans-Voix » un monstre extrêmement dangereux, une « arme divine ». Mais ces femmes, qui n’ont rien à envier aux hommes en matière de brutalité, n’hésiteront pas, lorsque la grande catastrophe surviendra, à utiliser leurs guerriers pour massacrer tout un village afin de s’en accaparer les ressources. Miroir tendu au notre, cet univers s’avère une allégorie pour le moins effrayante de notre monde de brutes. « Le Dieu-Fauve » est traversé par une violence extrêmement dense, symbolisée par le singe Sans-Voix, qui, une fois libre de ses chaînes, va laisser exploser sa rage et sa colère envers les humains. Combattant hors-pair, il représente une menace permanente, invisible, harcelant le groupe de survivants qui tente de rejoindre la capitale. Globalement, il est difficile de ressentir de l’empathie pour ses victimes. Le seul personnage un tant soit peu attachant étant Awa. Repérée dès son plus jeune âge pour son intelligence et élevée par la consule, la jeune esclave a développé de l’empathie vis-à-vis de Sans-Voix, dont elle se considère l’âme-sœur, ainsi qu’un sentiment de révolte ayant ses origines dans l’asservissement de sa famille. Le dessin de Roger sert parfaitement l’histoire. Son trait semi-réaliste, tendu comme un arc et acéré comme un couteau, avec peu de place pour des scènes contemplatives, est assez spectaculaire et totalement en phase avec la puissance narrative. Cadrage et mouvement reflètent très bien la tension et la violence inhérentes au récit. De même, la menace impalpable représentée par ce « dieu-fauve » est hyper bien rendue, faisant que l’on visualise à peine les attaques du « monstre », tant elles sont fulgurantes, à la manière d’un « Alien » ou d’un « Predator ». On regrettera juste cette difficulté heureusement passagère à identifier immédiatement les différents protagonistes. Je recommande évidemment la lecture du « Dieu-Fauve », même si je serai un peu moins dithyrambique que d’autres concernant une narration, certes de qualité, mais obligeant à quelques retours en arrière en raison même de l’élaboration de l’univers propre au récit, peut-être un peu complexe pour un format finalement assez court. Du reste, le propos de fond est digne d’intérêt, invitant en filigrane chacun d’entre nous à nous révolter face aux dominations de toutes sortes, qui semblent encore avoir de beaux jours devant elle au regard de notre réalité terrestre…

15/05/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Smart Move

"Le Dieu Fauve" est paru en mars 2024 aux éditions Dargaud. Cet ouvrage marque la seconde sortie ce mois-ci du prolifique scénariste Fabien Vehlman (Seuls, Green Manor…), après son précédent album La Cuisine des ogres publié chez Rue de Sévres. Pour "Le Dieu Fauve", Vehlman s'associe au talentueux dessinateur espagnol Roger, connu pour son travail remarquable dans le domaine de la bande dessinée. Ensemble, ils nous offrent un récit captivant et visuellement époustouflant, ainsi qu’une plongée dans une narration très particulière, dont je reparlerai un peu plus bas ! Cette bd nous transporte à l’époque imaginaire du Déluge : une ère lointaine évoquée dans les textes anciens de l'humanité. On débute en suivant Sans-Voix, un jeune singe orphelin, déterminé à prouver sa valeur à son clan en chassant le redoutable 'longue-gueule', un vieil alligator vicieux. Mais alors que Sans-Voix parvient à trouver sa place au sein du clan, il assiste, complétement impuissant au massacre de sa famille par les guerriers d’un Empire déchu, qui le capturent et le dressent à devenir un redoutable guerrier sacré, un 'Dieu-Fauve'. Animé par une obsession brûlante de vengeance, Sans-Voix se prépare à affronter ses bourreaux, quel qu'en soit le prix. Ce qui est passionnant avec la narration de "Dieu Fauve" c’est que l’histoire est découpée en chapitre et est conçue comme un récit choral. Chaque chapitre se concentre sur un personnage différent. L'histoire débute en suivant le singe Sans-Voix, dont le chapitre se clôt tragiquement avec le massacre de son clan. À partir de là, on suit les protagonistes humains : Athanael, le poète, la Grande Veneuse, guerrière impitoyable, et Awa, ancienne esclave qui est moins innocente qu’il n’y parait. Ce qui rend cette narration passionnante, c'est sa construction non linéaire. Les personnages secondaires d'un chapitre deviennent les principaux d'un autre, offrant des perspectives différentes sur une même histoire. L'intelligence de cette narration réside dans sa capacité à révéler les éléments de l'histoire au compte-gouttes. Chaque chapitre apporte de nouveaux éclairages, faisant évoluer notre compréhension de l'intrigue et des personnages. C'est un véritable jeu de puzzle où les pièces s'emboîtent progressivement pour former un tableau complexe et captivant. Le dessin de "Le Dieu Fauve" ne m'a pas réellement plu, pour être honnête. Le style semi-réaliste de Roger puise son inspiration dans la rudesse du graphisme propre à certains comics américains. Les traits sont nets, les personnages (surtout Sans-Voix, dans le début du récit), sont représentés avec une expressivité saisissante, soulignant ainsi l'intensité des émotions qu'ils traversent.... mais malgré tout, bon... il semblerait que ce ne soit pas ma tasse de thé ! Les couleurs, ternes et sombres, renforcent l'atmosphère oppressante et tragique qui imprègne l'ensemble de l'œuvre. Ce choix chromatique crée un parallèle frappant avec la dureté des situations vécues par les protagonistes, renforçant ainsi l'impact émotionnel sur le lecteur. Le découpage, bien que parfois un peu difficile à suivre sur certains plans, est soigneusement conçu pour ne pas égarer le lectorat. L'histoire est structurée de manière à ce que le lecteur retrouve rapidement ses repères, notamment lors des passages d'un protagoniste à un autre. Cette alternance de narrations permet de maintenir un rythme dynamique tout en offrant une perspective variée sur l'intrigue Cette histoire trahit certaines obsessions qu’on retrouve dans d’autres œuvres de Fabien Vehlman comme Jolies Ténèbres, Green Manor ou Seuls, dans une moindre mesure : la dureté du monde et des rapports humains, l’insignifiance des rapports de force, le fait qu’un simple événement peut tout faire basculer en un instant. Un peu comme dans un Game of Thrones, où personne n’est jamais réellement à l’abris, ’est une histoire sévère qui questionne notre humanité, notre rapport à la cruauté, la « justesse » de nos actions… Mais malgré tout, Fabien Vehlman n’oublie jamais de faire germer des graines de poésie de ci, de là, qui nous aident à supporter la violence de certains passages. Au final, on est face, ici, à un récit furieux, empreint d'une poésie sauvage, qui explore les thèmes de la violence de la nature, de la lutte pour la survie et de la frontière floue entre l'homme et l'animal.

09/05/2024 (modifier)

Waouh, cette histoire sonne et résonne comme un uppercut. Je pense que Fabien Vehlmann (auteur que j'apprécie énormément par ailleurs) peut être particulièrement fier de cette BD (Sûrement une de ses meilleures oeuvres ici, c'est dire!) et des différents points de vus qu'il a pu amener à son scénario. Légèrement déconstruit, il a su trouver le bon ton et la bonne approche à chaque chapitre. Très malin et très fort. J'avais bien aimé La Cuisine des ogres sorti récemment de ce même scénariste, mais là je dois dire qu'on est largement un niveau au-dessus coté écriture. Le dessin est parfait et sert l'histoire à merveille. Plutôt fan du travail de Roger, je pense sincèrement que c'est de loin son meilleur rendu. Quasi mythologique, le duo récit/dessin est juste admirable, puissant, violent, bestial et sombre. On croirait lire le meilleur de Conan !! Que dire de plus si ce n'est que vous serez marqués et hantés par ce livre et par ce destin hors norme bien après l'ouvrage refermé . Génial. Un immanquable de 2024.

07/04/2024 (modifier)