Je vais aller à contre courant des avis précédents mais plusieurs éléments m'ont choqué à la lecture de la série de Lucas Vallerie. L'immigration est une thématique qui m'intéresse beaucoup ayant une compagne ancienne migrante sans papier et étant très proche de la (nombreuse) diaspora africaine de mon lieu de vie. Je suis donc assez partagé sur l'évaluation de ma lecture.
Je n'ai pas beaucoup de remarque sur la partie sauvetage en mer des volontaires MSF sauf à saluer avec vigueur leurs actions. Je suis un peu plus réservé sur la mise en scène très théâtrale de certaines scènes de préparations. Mais on peut le voir comme une dédramatisation par une pointe d'humour de la tension due à la situation. J'ai aussi aimé la description précise des affres subis en Lybie par les migrants noirs.
J'ai beaucoup moins aimé les exemples choisis par l'auteur. En effet les trois principaux exemples concernent des Camerounais dont les motifs pour migrer ne m'ont pas convaincu. Un enfant de douze ans, une femme enceinte et un homme qui fuit sa belle famille en fuyant Douala ( ce n'est quand même pas Alep) cela m'a interpelé. Je n'ai même pas compris qu'Omar aie pu déposer un dossier d'asile politique à la seule explication des raisons lues de sa sortie du Cameroun. J'ai moi même suivi des dossiers OFPRA de familles ayant fuit des zones de combats et j'ai trouvé cette proposition presqu'inconvenante. De plus cette accumulation de cas Camerounais m' a particulièrement choqué pour ce pays qui est loin d'une situation comme la Syrie , Gaza ou l'Ukraine. Pour conclure sur ce point j'ai du mal à ne rien dire sur la page 106 qui fait dire qu'en "40 ans rien n'a été fait au Cameroun, pas un hôpital pas une route " "pas de route , pas de développement" alors que par exemple l'autoroute Yaoundé Douala a été inauguré en 2022 et le grand hôpital de Yaoundé en 1987 ( avec des services modernes ajoutés depuis).
Pour conclure je peux comprendre les frustrations d'un auteur de BD qui découvre une situation difficile et injuste sans y être préparé par sa formation; mais si, une vraie politique d'accueil existe en France à travers le travail de milliers de travailleurs sociaux, d'agents de l'état et de bénévoles ou professionnels d'associations. Le simple exemple de l'AME ou de la scolarisation des enfants devrait le convaincre. Au delà de ce genre de discours facile il serait plus constructif de faire des propositions réalistes. ( Mais là on sort du sujet).
Enfin graphiquement j'ai trouvé que le style presque humoristique du trait de l'auteur cadrait assez mal avec le sujet.
Une lecture intéressante sur le côté intervention MSF mais qui m'a déçu sur le choix des témoignages.
La lecture du premier tome m’a rebuté, au point que c’est franchement très laborieusement que j’ai poursuivi avec les deux albums suivants, empruntés en même temps, et lus après une petite pause.
En effet, la présence très artificielle et lourdingue de femmes à forte poitrine exhibant leurs seins (tous sur le même modèle) quasiment toutes les pages – sans que cela apporte grand-chose à l’intrigue, et une vision farfelue de l’An II (et de Robespierre, personnage ici totalement grotesque et incompréhensible) m’ont d’emblée mis de côté de l’intrigue.
Intrigue qui en elle-même m’est apparue peu originale (une énième lutte de pouvoir jouant sur l’ésotérisme, entre une sorte de secte féminine et l’Église). Elle m’est aussi apparu difficile à comprendre, ça tournait un peu au charabia.
Donc j’ai lu les deux tomes suivants (en mettant mon avis je m’aperçois qu’il y en a eux d’autres, mais je vais clairement m’arrêter là !).
En fait chaque tome développe une histoire indépendante. Le fil rouge de la secte de Lilith est même carrément artificiel parfois (voir le tome trois par exemple). Ça part dans tous les sens et toutes les régions, et ça saute les périodes historiques sans ordre chronologique.
Dans les tomes 2 et 3 les personnages historiques sont moins présents, donc moins malmenés que Robespierre dans le premier (même si Soliman est ici falot). Mes ces périodes historiques ne sont pas non plus très exploitées (en particulier dans le tome 3, se déroulant à Sumer il y a 5000 ans).
Les histoires ne m’ont jamais captivé. Et, si je suis amateur d’érotisme, je n’ai pas vraiment accroché ici au cahier des charges qui semble consister à placer des femmes quasiment à poil toutes les deux cases (surtout dans le tome 2), ça ne se justifie pas par le scénario (ou alors il faut faire comme chez Tabou, du vrai érotisme – voir le très beau travail de Trif dans le genre historique).
Je n’aime pas non plus le changement de dessinateur (et de coloriste) au sein d’une même série (même si ici le terme série est presque inapproprié, tant cela ressemble à une suite de one-shots). Force m’est de constater qu’ils ont quand même du talent ici. Ils se lâchent donc sur les femmes (toutes des bombasses) : De Vincentiis et Acciarino (le second avec un trait plus gras) font un travail très plaisant à voir. C’est essentiellement cet aspect qui me fait mettre les deux étoiles, car je n’ai pas accroché aux histoires, ni à une certaine hypocrisie plaçant des nichons partout, dans un érotisme de pacotille.
Perso, je ne me sens pas trop légitime sur ce coup là. Je veux dire pour laisser un avis. La raison ? J'ai abandonné ma lecture à 20 ou 30 pages de la fin.
Mais finalement, je me dis que si une BD (ou un livre, un film, un disque...) n'emmène pas son lecteur (ou son spectateur, auditeur...) jusqu'à la conclusion, alors c'est qu'il y a un truc qui coince, et qu'à ce titre, on peut tout à fait en faire part.
Je suis venu à cette BD par le biais de son dessinateur, Vicenzo Bizzarri, dont j'avais beaucoup aimé le travail sur Lapérouse 64. On retrouve sa patte ici. Mais question scénar, Emiliano Pagani n'est pas Laurent Frédéric Bollée.
En effet, ce qui a usé mon intérêt au fil des pages, c'est le manque de direction, clairement, mais surtout le flou artistique complet autour du sens de ce qui y est raconté. L'avis de Cleck est sans appel : nauséabond. Je serai un peu moins catégorique. Si ça ne sent effectivement pas très bon, je pense qu'il faut y voir d'une part le fait que si nous ne trouvons pas collectivement un terrain d'entente collectif, c'est le fascisme qui nous pend au nez. Le mouvement a d'ailleurs commencé, partout sur la planète, cette &%@£$ de doctrine mortifère gagne du terrain : Milei, Orban, Meloni, Trump...
Et d'autre part le fait qu'il y a clairement un manque de cohérence narrative : les choses s'enchainent mal, on perd le fil, on ne comprend pas qui sont réellement les personnages, ce qu'ils cherchent.... Il faudrait certes que je la relise, mais là, franchement, j'ai d'autres chats à fouetter.
Donc oui, pas top, déception, ambiguïté et tout le toutim.
Je comprends aisément que cette série n'aie pas pu dépasser le second numéro. Pourtant la lecture de l'opus 1 est assez plaisante. L'idée de cette fleurettiste issue de la lignée de Jeanne d'Arc affublée d'un don héritée de son ancêtre est originale et traitée de façon amusante sans se prendre au sérieux. Yann ne tombe pas dans le travers d'une super héroïne stylée Marvel. Au contraire l'auteur prend le contre pied de ce monde pour nous faire évoluer dans un univers vieille France assez réussi. Si l'intrigue est assez superficielle et le final assez convenu le tome 1 se laisse lire avec plaisir d'autant plus que le graphisme assez classique est soigné et dynamique.
Malheureusement le tome 2 n'est pas du tout du même niveau. L'esprit fleuret moucheté disparaît totalement. Les dialogues assez piquants au 1 deviennent d'une grande banalité au 2. L'intrigue sur cette histoire d'héritage est assez superficielle avec un final presque ridicule tant la super méchante se montre faiblarde dans le money time. A cela s'ajoute un graphisme parfois très approximatif. On a l'impression que les auteurs voulaient conclure au plus vite une série qui n'avait pas eu le succès envisagé.
Cela m'a donné une impression de bâclé.
Une idée de deux auteurs que j’aime beaucoup, mais qui, pour le coup, m’ont perdu en chemin. On part sur un délire absurde mixé avec un univers un peu loufoque qui promettait sur le papier. Mais voilà, à la lecture, ça traîne. Ça fait des moulinets dans le vide, et on se retrouve à attendre un coup qui ne vient jamais.
L’humour est là, du moins par intermittence, mais ça manque de rythme. On sourit deux ou trois fois, mais rien de plus. Les gags tombent souvent à plat ou s’étirent beaucoup trop. Et c’est dommage, parce qu’il y avait de quoi faire avec ce concept complètement barré.
Tout semble étiré pour remplir des pages, et franchement, je me suis ennuyé ferme.
C’est frustrant parce qu’on sent que ça aurait pu être bon. Le potentiel est là, les idées aussi, mais ça reste bloqué dans un truc trop plat, trop long, qui manque de la folie et du punch qu’on attendait. Mega Krav Maga aurait dû être un uppercut, ça finit en petit coup d’épaule qu’on oublie aussitôt. Dommage.
Quelle déception, mais quelle déception ! On pourrait croire le contraire, mais malgré ses ratés, j'aime Christophe Bec. Il sait créer des univers fascinants, des atmosphères captivantes, des histoires accrocheuses... qu'il ne sait presque jamais finir correctement. Avec Labyrinthus, le phénomène touche à son paroxysme.
Le point de départ est très classique pour Bec, mais efficace. Des phénomènes surnaturels se manifestent sur Terre, le climat est complètement chamboulé, et l'humanité commence à périr. On a déjà vu ça, mais ça fonctionne grâce au talent toujours intact de Bec pour la narration. Le premier tome s'écoule, il se lit agréablement, et on a envie de lire le suivant assez vite. Le deuxième tome commence sur les chapeaux de roue ! Sa première moitié est clairement ce qui arrive de mieux dans ce diptyque, malgré des personnages interchangeables qu'on a parfois du mal à identifier. C'est haletant, bien construit, claustrophobe, c'est très prenant.
Et puis arrive la fin... Mais quelle catastrophe ! Soudain, Bec nous enfonce la tête dans un gloubi-boulga de bons sentiments politiquement correct, qui détonne clairement avec la relative subtilité du scénario jusque-là. Sans ce finale raté, j'aurais clairement mis 3 étoiles.
L'autre problème, c'est le dessin de Fabrice Neaud. Il n'est pas mauvais, mais je n'arrive pas trop à entrer dedans. Outre son aspect vraiment trop statique, je trouve qu'il ne parvient pas à diffuser l'ambiance de mystère que Bec essaye de mettre dans son scénario. Un dessin à la Christophe Bec (justement) aurait sans doute davantage donné au récit le souffle et l'ampleur dont il est parfois privé ici (pas tout le temps).
Bref, ce n'est pas une très mauvaise BD. Si vous aimez tout ce que fait Bec, alors lisez Labyrinthus sans trop hésiter. Mais pour moi, c'est raté. Très prometteur, bien construit, mais très mal achevé. Et souvent, quand une fin est mauvaise, elle porte atteinte à toutes les autres qualités de la série. C'est le cas ici.
Quel ennui cette histoire de chemisier. Une étudiante invisible, Séverine, qui passe sa vie à regarder les autres vivre, tombe sur un bout de soie qui change tout. D’un coup, elle devient désirable, magnétique. Les hommes la voient, la veulent, et ça la bouscule. C’est l’idée de départ, et sur le papier, ça pourrait être intéressant. Mais Vivès reste coincé dans un truc maladroit, presque gênant.
Le chemisier, c’est un prétexte pour explorer des fantasmes, pas vraiment pour raconter quelque chose de profond. Séverine ne devient jamais plus qu’un corps dans le regard des autres. Et puis franchement, toute cette fascination pour les décolletés et les bouts de chair, ça finit par sentir l’obsession mal assumée. Alors oui, c’est bien dessiné. Toujours ce trait précis, cette économie qui capte l’essentiel. Vivès sait y faire avec les silences, avec les gestes. Mais on a l’impression qu’il tourne en rond dans son propre univers.
Ce qui coince, c’est ce côté rétrograde planqué derrière une prétendue modernité. Le regard des hommes devient le moteur de tout, comme si la transformation de Séverine ne pouvait exister qu’à travers eux. Et les scènes un peu crades, mal cadrées entre le provoc et le malaise, finissent de plomber l'ensemble. On frôle le pathétique avec cette métamorphose qui n’a rien de libérateur.
C’est frustrant, parce qu’il y a des moments où on sent ce que ça aurait pu être une vraie réflexion sur l’apparence, le pouvoir qu’on donne aux vêtements, aux regards. Mais non, ça reste coincé dans un délire un peu lourd, un peu vain. Vivès est bon, mais ici, il n’a pas grand-chose à dire. Ou alors, ce qu’il dit ne fait que souligner ses propres obsessions. Bref, le chemisier brille un moment, mais il finit par gratter.
Une BD qui se veut plus sulfureuse que la réalité, dommage d'ailleurs ! Je ne connais pas le personnage de Betty Page mais sa vie a l'air assez intéressante (enfin, sa vie en tant que star plutôt que sa vie réelle). Ici, cependant, Rodolphe crée une histoire autour de cette femme qui fit fantasmer une Amérique, tout en cliché. Comme Ro, je trouve franchement étrange voir carrément mal venu la représentation des femmes dans la BD (je ne parle pas que de l'anatomie carrément exagérée). Il y a un vieux fond de sexisme dans leur représentation de jeunes femmes dociles, aimante et tout des bombes sexuelles. J'aurais bien dit qu'il s'agit d'un commentaire sur le sexisme des années 50, mais faut avouer que rien ne vient contrebalancer cette image dans la BD. Aucun type ne rattrape l'autre, semblant indiquer que l'auteur valide le propos. Pas cool !
D'autre part, même si je comprend la fascination pour cette star, il est étrange de l'avoir ainsi représentée en femme fatale qui disparait au sommet de sa gloire pour ensuite devenir une légende. Mais bon, passons, c'est la diégèse de la BD, pas la réalité. Non, le hic c'est que l'histoire est assez banale somme toute. Des types pas réglo qui font des salles choses à des filles qui acceptent de l'argent pour se dénuder. C'est assez classique dans le déroulé et l'ambiance, avec rien d'original. Du coup, j'avais une bonne idée de la façon dont tout se terminerait, et c'est effectivement le cas. L'histoire traine parce que personne ne cause, mais dès lors que les langues se libèrent on saute directement au final et à la conclusion étrange. Le scénario fait vivre ses personnages en dehors du récit, tout en voulant faire une fin de polar noir qui montre l'impunité des puissants. Pas très original, donc.
Et après tout ça, j'en ressors aussi avec l'impression que le dessin n'est pas très maitrisé. C'est sans doute dû à la colorisation, mais ça pique les yeux et les planches ne sont pas agréables à regarder. Il y a une impression générale de brouillon, alors que chaque case prise individuellement est ok. J'aurais tendance à dire que le décor est trop chargé tandis que la colorisation ne rend pas bien lorsqu'on contemple tout l'ensemble, mais quoi qu'il en soit, c'est franchement bof à voir.
Donc histoire classique, éloignée de la réalité (ne vous attendez pas à découvrir réellement Betty Page) servi par un dessin qui donne une impression très peu agréable dans l'ensemble. Ca finit par donner une BD que je ne conseille pas à la lecture.
Ça commence bien, j'étais enthousiaste, et puis ça finit sur une fin ouverte (largement trop) après un élément spectaculaire que j'ai du mal à voir rattaché au reste et l'ensemble me laisse franchement circonspect. C'est ... étrangement coincé entre la BD érotique purement fantasme et le récit intimiste d'une jeune femme qui se sent à l'étroit dans sa vie et voit un moyen de s'en échapper par ce chemisier.
Le problème est que le récit n'arrive jamais à me convaincre qu'on a basculé dans l'un ou l'autre des deux choix. On pourrait penser que c'est un ouvrage érotique, parce que c'est le gros du livre, mais il y a peu de scènes en ce sens et le propos de la BD est clairement centrée sur l'évolution de ce personnage, qui semble ne passer que par le sexe (et le fait de fumer ... on va pas en reparler mais ça m'énerve !). Donc érotique, à la limite (et même ce qualificatif est assez difficile à coller), mais excitant ... Bof. C'est du fantasme de base, quoi, la jeune femme qui se laisse aller et va à l'encontre des autres. J'ai eu plus chaud en lisant les livres de Emmanuelle Bernheim sur le même sujet.
Mais si le récit est censé être intimiste sur un personnage qui se révèle, pourquoi avoir fait une femme aussi plate ? (je parle pas du bonnet) Elle n'a quasiment pas de caractère, en développe beaucoup trop d'un coup, n'en développe pas plus à la fin. Pourquoi elle est attiré par des hommes plus murs ? Qu'est-ce qu'il y a comme message avec le flic qui dit que ça va péter ? Au mieux, c'est une préparation au climax, mais franchement, je vois pas l'intérêt de ce développement de personnage.
Et je pense que c'est un des gros écueils de la BD : si c'est juste un délire érotique, on ne va pas franchement loin et sur les 200 pages de la BD, il manque un peu de sérieux question sexualité. Ou alors c'est un récit qui utilise l'érotique pour parler de son personnage, mais dans ce cas il manque franchement un développement de personnalité. Séverine est un personnage sans caractère, sans rien pour elle. Ce qui me fait clairement pencher vers le récit érotique, où elle serait juste le véhicule d'un fantasme (jeune femme aux seins très développés qui couche avec plein de gens). Et je trouve que dans ce cas, ça manque de ... ben d'un peu tout ce qui rend un récit érotique intéressant. C'est pas que ça manque de cul pur (même si un peu), c'est que ça manque de sel. Des récits érotiques (Itinéraire d'une garce par exemple) peuvent amener à plus de sensualité sans pour autant faire seulement du graveleux. Ici, les situations s'enchainent sans réel lien logique, avec juste Séverine qui part un peu en vrille tout à coup. Et le final est brutal, pas vraiment connecté et sans grande conséquence. La fin est énigmatique, pourquoi finir sur cette image-là ? Que va penser la gamine, quel lien avec la scène préalable ? Je ne sais pas, et je suis pas sur que l'auteur avait une intention derrière tout ça.
Bref, trop cryptique alors que trop simple, étrangement le cul entre deux idées de BD, jamais clairement dans l'un des deux, "Le chemisier" est une BD assez oubliable de Vivès. Pas sur de comprendre l'idée qu'il avait.
Je connais très peu Kafka car mes lectures lycéennes ne m'en avaient pas laissé un souvenir impérissable. J'admets l'originalité de son ton à la fois absurde et psychologique, mais je suis rebuté par la morosité et le mal-être que j'en ressens. Toutefois j'étais ouvert à la découverte d'adaptations de certaines de ses nouvelles en BD, ne serait-ce que pour leur aspect instructif.
Peter Kuper a un style graphique très intéressant. Visiblement il s'agit d'un dessin à la carte à gratter même si j'ai cru un instant y voir des gravures tamponnées. Mais il ne s'agit visiblement pas que de cette technique puisque certaines portions du dessin ne sont manifestement pas de la carte à gratter, et il y a même au moins un élément collé sur une planche qui laisse penser à une finalisation informatique. Malgré la naïveté du style, le résultat est très classe, avec de beaux aplats de noir et un beau travail sur les contrastes. Les planches reflètent bien le sentiment de noirceur et d'oppression des récits qu'ils adaptent.
Ces récits sont parfois très courts, à peine une poignée de pages, parfois nettement plus longs comme l'adaptation de la nouvelle "Dans la colonie pénitentiaire". Elles mêlent toutes cette ambiance d'absurde et de mal-être de l'homme seul face au monde et à la société. Même si les histoires sont très différentes, tenant parfois de la fable, de l'anecdote ou même du récit animalier, elles dégagent presque toute un sentiment d'insécurité, celle d'un homme qui se sent en danger dans un monde qu'il ne comprend pas et qui l'oppresse. On veut lui prendre sa place, l'atteindre dans son foyer ou son intimité, l'empêcher d'atteindre la lumière ou la vérité de la Loi, ou alors on le met face à l'absurdité de la société et de ses composantes dérisoires par le biais de métaphores que chacun interprètera à sa façon.
Force est de constater que je suis toujours réfractaire à l'esprit de Kafka et à son univers. Les premiers récits de ce recueil sont trop courts : ils ne développent quasiment rien et se terminent avant d'avoir su capter mon intérêt. D'autres, un peu plus plus longs, sont relativement intéressants pour l'étude psychologique qu'ils permettent de faire de l'esprit de Kafka et de ses angoisses. Mais quand on ne les partage pas, elles laissent assez froid. Et enfin, les récits les plus longs sont trop rébarbatifs à mon goût, avec des textes qui manquent de naturel voire sont parfois un peu pompeux. Ils m'ennuient terriblement.
En bref, je ne suis pas sensible à Kafka et ce n'est pas l'originalité et l'élégance du graphisme qui me suffisent à prendre du plaisir à lire cet album.
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Traversées - La Route de l'aventure
Je vais aller à contre courant des avis précédents mais plusieurs éléments m'ont choqué à la lecture de la série de Lucas Vallerie. L'immigration est une thématique qui m'intéresse beaucoup ayant une compagne ancienne migrante sans papier et étant très proche de la (nombreuse) diaspora africaine de mon lieu de vie. Je suis donc assez partagé sur l'évaluation de ma lecture. Je n'ai pas beaucoup de remarque sur la partie sauvetage en mer des volontaires MSF sauf à saluer avec vigueur leurs actions. Je suis un peu plus réservé sur la mise en scène très théâtrale de certaines scènes de préparations. Mais on peut le voir comme une dédramatisation par une pointe d'humour de la tension due à la situation. J'ai aussi aimé la description précise des affres subis en Lybie par les migrants noirs. J'ai beaucoup moins aimé les exemples choisis par l'auteur. En effet les trois principaux exemples concernent des Camerounais dont les motifs pour migrer ne m'ont pas convaincu. Un enfant de douze ans, une femme enceinte et un homme qui fuit sa belle famille en fuyant Douala ( ce n'est quand même pas Alep) cela m'a interpelé. Je n'ai même pas compris qu'Omar aie pu déposer un dossier d'asile politique à la seule explication des raisons lues de sa sortie du Cameroun. J'ai moi même suivi des dossiers OFPRA de familles ayant fuit des zones de combats et j'ai trouvé cette proposition presqu'inconvenante. De plus cette accumulation de cas Camerounais m' a particulièrement choqué pour ce pays qui est loin d'une situation comme la Syrie , Gaza ou l'Ukraine. Pour conclure sur ce point j'ai du mal à ne rien dire sur la page 106 qui fait dire qu'en "40 ans rien n'a été fait au Cameroun, pas un hôpital pas une route " "pas de route , pas de développement" alors que par exemple l'autoroute Yaoundé Douala a été inauguré en 2022 et le grand hôpital de Yaoundé en 1987 ( avec des services modernes ajoutés depuis). Pour conclure je peux comprendre les frustrations d'un auteur de BD qui découvre une situation difficile et injuste sans y être préparé par sa formation; mais si, une vraie politique d'accueil existe en France à travers le travail de milliers de travailleurs sociaux, d'agents de l'état et de bénévoles ou professionnels d'associations. Le simple exemple de l'AME ou de la scolarisation des enfants devrait le convaincre. Au delà de ce genre de discours facile il serait plus constructif de faire des propositions réalistes. ( Mais là on sort du sujet). Enfin graphiquement j'ai trouvé que le style presque humoristique du trait de l'auteur cadrait assez mal avec le sujet. Une lecture intéressante sur le côté intervention MSF mais qui m'a déçu sur le choix des témoignages.
Succubes
La lecture du premier tome m’a rebuté, au point que c’est franchement très laborieusement que j’ai poursuivi avec les deux albums suivants, empruntés en même temps, et lus après une petite pause. En effet, la présence très artificielle et lourdingue de femmes à forte poitrine exhibant leurs seins (tous sur le même modèle) quasiment toutes les pages – sans que cela apporte grand-chose à l’intrigue, et une vision farfelue de l’An II (et de Robespierre, personnage ici totalement grotesque et incompréhensible) m’ont d’emblée mis de côté de l’intrigue. Intrigue qui en elle-même m’est apparue peu originale (une énième lutte de pouvoir jouant sur l’ésotérisme, entre une sorte de secte féminine et l’Église). Elle m’est aussi apparu difficile à comprendre, ça tournait un peu au charabia. Donc j’ai lu les deux tomes suivants (en mettant mon avis je m’aperçois qu’il y en a eux d’autres, mais je vais clairement m’arrêter là !). En fait chaque tome développe une histoire indépendante. Le fil rouge de la secte de Lilith est même carrément artificiel parfois (voir le tome trois par exemple). Ça part dans tous les sens et toutes les régions, et ça saute les périodes historiques sans ordre chronologique. Dans les tomes 2 et 3 les personnages historiques sont moins présents, donc moins malmenés que Robespierre dans le premier (même si Soliman est ici falot). Mes ces périodes historiques ne sont pas non plus très exploitées (en particulier dans le tome 3, se déroulant à Sumer il y a 5000 ans). Les histoires ne m’ont jamais captivé. Et, si je suis amateur d’érotisme, je n’ai pas vraiment accroché ici au cahier des charges qui semble consister à placer des femmes quasiment à poil toutes les deux cases (surtout dans le tome 2), ça ne se justifie pas par le scénario (ou alors il faut faire comme chez Tabou, du vrai érotisme – voir le très beau travail de Trif dans le genre historique). Je n’aime pas non plus le changement de dessinateur (et de coloriste) au sein d’une même série (même si ici le terme série est presque inapproprié, tant cela ressemble à une suite de one-shots). Force m’est de constater qu’ils ont quand même du talent ici. Ils se lâchent donc sur les femmes (toutes des bombasses) : De Vincentiis et Acciarino (le second avec un trait plus gras) font un travail très plaisant à voir. C’est essentiellement cet aspect qui me fait mettre les deux étoiles, car je n’ai pas accroché aux histoires, ni à une certaine hypocrisie plaçant des nichons partout, dans un érotisme de pacotille.
Les Ennemis du peuple
Perso, je ne me sens pas trop légitime sur ce coup là. Je veux dire pour laisser un avis. La raison ? J'ai abandonné ma lecture à 20 ou 30 pages de la fin. Mais finalement, je me dis que si une BD (ou un livre, un film, un disque...) n'emmène pas son lecteur (ou son spectateur, auditeur...) jusqu'à la conclusion, alors c'est qu'il y a un truc qui coince, et qu'à ce titre, on peut tout à fait en faire part. Je suis venu à cette BD par le biais de son dessinateur, Vicenzo Bizzarri, dont j'avais beaucoup aimé le travail sur Lapérouse 64. On retrouve sa patte ici. Mais question scénar, Emiliano Pagani n'est pas Laurent Frédéric Bollée. En effet, ce qui a usé mon intérêt au fil des pages, c'est le manque de direction, clairement, mais surtout le flou artistique complet autour du sens de ce qui y est raconté. L'avis de Cleck est sans appel : nauséabond. Je serai un peu moins catégorique. Si ça ne sent effectivement pas très bon, je pense qu'il faut y voir d'une part le fait que si nous ne trouvons pas collectivement un terrain d'entente collectif, c'est le fascisme qui nous pend au nez. Le mouvement a d'ailleurs commencé, partout sur la planète, cette &%@£$ de doctrine mortifère gagne du terrain : Milei, Orban, Meloni, Trump... Et d'autre part le fait qu'il y a clairement un manque de cohérence narrative : les choses s'enchainent mal, on perd le fil, on ne comprend pas qui sont réellement les personnages, ce qu'ils cherchent.... Il faudrait certes que je la relise, mais là, franchement, j'ai d'autres chats à fouetter. Donc oui, pas top, déception, ambiguïté et tout le toutim.
Tiffany
Je comprends aisément que cette série n'aie pas pu dépasser le second numéro. Pourtant la lecture de l'opus 1 est assez plaisante. L'idée de cette fleurettiste issue de la lignée de Jeanne d'Arc affublée d'un don héritée de son ancêtre est originale et traitée de façon amusante sans se prendre au sérieux. Yann ne tombe pas dans le travers d'une super héroïne stylée Marvel. Au contraire l'auteur prend le contre pied de ce monde pour nous faire évoluer dans un univers vieille France assez réussi. Si l'intrigue est assez superficielle et le final assez convenu le tome 1 se laisse lire avec plaisir d'autant plus que le graphisme assez classique est soigné et dynamique. Malheureusement le tome 2 n'est pas du tout du même niveau. L'esprit fleuret moucheté disparaît totalement. Les dialogues assez piquants au 1 deviennent d'une grande banalité au 2. L'intrigue sur cette histoire d'héritage est assez superficielle avec un final presque ridicule tant la super méchante se montre faiblarde dans le money time. A cela s'ajoute un graphisme parfois très approximatif. On a l'impression que les auteurs voulaient conclure au plus vite une série qui n'avait pas eu le succès envisagé. Cela m'a donné une impression de bâclé.
MKM - Mega-Krav-Maga
Une idée de deux auteurs que j’aime beaucoup, mais qui, pour le coup, m’ont perdu en chemin. On part sur un délire absurde mixé avec un univers un peu loufoque qui promettait sur le papier. Mais voilà, à la lecture, ça traîne. Ça fait des moulinets dans le vide, et on se retrouve à attendre un coup qui ne vient jamais. L’humour est là, du moins par intermittence, mais ça manque de rythme. On sourit deux ou trois fois, mais rien de plus. Les gags tombent souvent à plat ou s’étirent beaucoup trop. Et c’est dommage, parce qu’il y avait de quoi faire avec ce concept complètement barré. Tout semble étiré pour remplir des pages, et franchement, je me suis ennuyé ferme. C’est frustrant parce qu’on sent que ça aurait pu être bon. Le potentiel est là, les idées aussi, mais ça reste bloqué dans un truc trop plat, trop long, qui manque de la folie et du punch qu’on attendait. Mega Krav Maga aurait dû être un uppercut, ça finit en petit coup d’épaule qu’on oublie aussitôt. Dommage.
Labyrinthus
Quelle déception, mais quelle déception ! On pourrait croire le contraire, mais malgré ses ratés, j'aime Christophe Bec. Il sait créer des univers fascinants, des atmosphères captivantes, des histoires accrocheuses... qu'il ne sait presque jamais finir correctement. Avec Labyrinthus, le phénomène touche à son paroxysme. Le point de départ est très classique pour Bec, mais efficace. Des phénomènes surnaturels se manifestent sur Terre, le climat est complètement chamboulé, et l'humanité commence à périr. On a déjà vu ça, mais ça fonctionne grâce au talent toujours intact de Bec pour la narration. Le premier tome s'écoule, il se lit agréablement, et on a envie de lire le suivant assez vite. Le deuxième tome commence sur les chapeaux de roue ! Sa première moitié est clairement ce qui arrive de mieux dans ce diptyque, malgré des personnages interchangeables qu'on a parfois du mal à identifier. C'est haletant, bien construit, claustrophobe, c'est très prenant. Et puis arrive la fin... Mais quelle catastrophe ! Soudain, Bec nous enfonce la tête dans un gloubi-boulga de bons sentiments politiquement correct, qui détonne clairement avec la relative subtilité du scénario jusque-là. Sans ce finale raté, j'aurais clairement mis 3 étoiles. L'autre problème, c'est le dessin de Fabrice Neaud. Il n'est pas mauvais, mais je n'arrive pas trop à entrer dedans. Outre son aspect vraiment trop statique, je trouve qu'il ne parvient pas à diffuser l'ambiance de mystère que Bec essaye de mettre dans son scénario. Un dessin à la Christophe Bec (justement) aurait sans doute davantage donné au récit le souffle et l'ampleur dont il est parfois privé ici (pas tout le temps). Bref, ce n'est pas une très mauvaise BD. Si vous aimez tout ce que fait Bec, alors lisez Labyrinthus sans trop hésiter. Mais pour moi, c'est raté. Très prometteur, bien construit, mais très mal achevé. Et souvent, quand une fin est mauvaise, elle porte atteinte à toutes les autres qualités de la série. C'est le cas ici.
Le Chemisier
Quel ennui cette histoire de chemisier. Une étudiante invisible, Séverine, qui passe sa vie à regarder les autres vivre, tombe sur un bout de soie qui change tout. D’un coup, elle devient désirable, magnétique. Les hommes la voient, la veulent, et ça la bouscule. C’est l’idée de départ, et sur le papier, ça pourrait être intéressant. Mais Vivès reste coincé dans un truc maladroit, presque gênant. Le chemisier, c’est un prétexte pour explorer des fantasmes, pas vraiment pour raconter quelque chose de profond. Séverine ne devient jamais plus qu’un corps dans le regard des autres. Et puis franchement, toute cette fascination pour les décolletés et les bouts de chair, ça finit par sentir l’obsession mal assumée. Alors oui, c’est bien dessiné. Toujours ce trait précis, cette économie qui capte l’essentiel. Vivès sait y faire avec les silences, avec les gestes. Mais on a l’impression qu’il tourne en rond dans son propre univers. Ce qui coince, c’est ce côté rétrograde planqué derrière une prétendue modernité. Le regard des hommes devient le moteur de tout, comme si la transformation de Séverine ne pouvait exister qu’à travers eux. Et les scènes un peu crades, mal cadrées entre le provoc et le malaise, finissent de plomber l'ensemble. On frôle le pathétique avec cette métamorphose qui n’a rien de libérateur. C’est frustrant, parce qu’il y a des moments où on sent ce que ça aurait pu être une vraie réflexion sur l’apparence, le pouvoir qu’on donne aux vêtements, aux regards. Mais non, ça reste coincé dans un délire un peu lourd, un peu vain. Vivès est bon, mais ici, il n’a pas grand-chose à dire. Ou alors, ce qu’il dit ne fait que souligner ses propres obsessions. Bref, le chemisier brille un moment, mais il finit par gratter.
Les 4 morts de Betty Page
Une BD qui se veut plus sulfureuse que la réalité, dommage d'ailleurs ! Je ne connais pas le personnage de Betty Page mais sa vie a l'air assez intéressante (enfin, sa vie en tant que star plutôt que sa vie réelle). Ici, cependant, Rodolphe crée une histoire autour de cette femme qui fit fantasmer une Amérique, tout en cliché. Comme Ro, je trouve franchement étrange voir carrément mal venu la représentation des femmes dans la BD (je ne parle pas que de l'anatomie carrément exagérée). Il y a un vieux fond de sexisme dans leur représentation de jeunes femmes dociles, aimante et tout des bombes sexuelles. J'aurais bien dit qu'il s'agit d'un commentaire sur le sexisme des années 50, mais faut avouer que rien ne vient contrebalancer cette image dans la BD. Aucun type ne rattrape l'autre, semblant indiquer que l'auteur valide le propos. Pas cool ! D'autre part, même si je comprend la fascination pour cette star, il est étrange de l'avoir ainsi représentée en femme fatale qui disparait au sommet de sa gloire pour ensuite devenir une légende. Mais bon, passons, c'est la diégèse de la BD, pas la réalité. Non, le hic c'est que l'histoire est assez banale somme toute. Des types pas réglo qui font des salles choses à des filles qui acceptent de l'argent pour se dénuder. C'est assez classique dans le déroulé et l'ambiance, avec rien d'original. Du coup, j'avais une bonne idée de la façon dont tout se terminerait, et c'est effectivement le cas. L'histoire traine parce que personne ne cause, mais dès lors que les langues se libèrent on saute directement au final et à la conclusion étrange. Le scénario fait vivre ses personnages en dehors du récit, tout en voulant faire une fin de polar noir qui montre l'impunité des puissants. Pas très original, donc. Et après tout ça, j'en ressors aussi avec l'impression que le dessin n'est pas très maitrisé. C'est sans doute dû à la colorisation, mais ça pique les yeux et les planches ne sont pas agréables à regarder. Il y a une impression générale de brouillon, alors que chaque case prise individuellement est ok. J'aurais tendance à dire que le décor est trop chargé tandis que la colorisation ne rend pas bien lorsqu'on contemple tout l'ensemble, mais quoi qu'il en soit, c'est franchement bof à voir. Donc histoire classique, éloignée de la réalité (ne vous attendez pas à découvrir réellement Betty Page) servi par un dessin qui donne une impression très peu agréable dans l'ensemble. Ca finit par donner une BD que je ne conseille pas à la lecture.
Le Chemisier
Ça commence bien, j'étais enthousiaste, et puis ça finit sur une fin ouverte (largement trop) après un élément spectaculaire que j'ai du mal à voir rattaché au reste et l'ensemble me laisse franchement circonspect. C'est ... étrangement coincé entre la BD érotique purement fantasme et le récit intimiste d'une jeune femme qui se sent à l'étroit dans sa vie et voit un moyen de s'en échapper par ce chemisier. Le problème est que le récit n'arrive jamais à me convaincre qu'on a basculé dans l'un ou l'autre des deux choix. On pourrait penser que c'est un ouvrage érotique, parce que c'est le gros du livre, mais il y a peu de scènes en ce sens et le propos de la BD est clairement centrée sur l'évolution de ce personnage, qui semble ne passer que par le sexe (et le fait de fumer ... on va pas en reparler mais ça m'énerve !). Donc érotique, à la limite (et même ce qualificatif est assez difficile à coller), mais excitant ... Bof. C'est du fantasme de base, quoi, la jeune femme qui se laisse aller et va à l'encontre des autres. J'ai eu plus chaud en lisant les livres de Emmanuelle Bernheim sur le même sujet. Mais si le récit est censé être intimiste sur un personnage qui se révèle, pourquoi avoir fait une femme aussi plate ? (je parle pas du bonnet) Elle n'a quasiment pas de caractère, en développe beaucoup trop d'un coup, n'en développe pas plus à la fin. Pourquoi elle est attiré par des hommes plus murs ? Qu'est-ce qu'il y a comme message avec le flic qui dit que ça va péter ? Au mieux, c'est une préparation au climax, mais franchement, je vois pas l'intérêt de ce développement de personnage. Et je pense que c'est un des gros écueils de la BD : si c'est juste un délire érotique, on ne va pas franchement loin et sur les 200 pages de la BD, il manque un peu de sérieux question sexualité. Ou alors c'est un récit qui utilise l'érotique pour parler de son personnage, mais dans ce cas il manque franchement un développement de personnalité. Séverine est un personnage sans caractère, sans rien pour elle. Ce qui me fait clairement pencher vers le récit érotique, où elle serait juste le véhicule d'un fantasme (jeune femme aux seins très développés qui couche avec plein de gens). Et je trouve que dans ce cas, ça manque de ... ben d'un peu tout ce qui rend un récit érotique intéressant. C'est pas que ça manque de cul pur (même si un peu), c'est que ça manque de sel. Des récits érotiques (Itinéraire d'une garce par exemple) peuvent amener à plus de sensualité sans pour autant faire seulement du graveleux. Ici, les situations s'enchainent sans réel lien logique, avec juste Séverine qui part un peu en vrille tout à coup. Et le final est brutal, pas vraiment connecté et sans grande conséquence. La fin est énigmatique, pourquoi finir sur cette image-là ? Que va penser la gamine, quel lien avec la scène préalable ? Je ne sais pas, et je suis pas sur que l'auteur avait une intention derrière tout ça. Bref, trop cryptique alors que trop simple, étrangement le cul entre deux idées de BD, jamais clairement dans l'un des deux, "Le chemisier" est une BD assez oubliable de Vivès. Pas sur de comprendre l'idée qu'il avait.
Kafkaïen
Je connais très peu Kafka car mes lectures lycéennes ne m'en avaient pas laissé un souvenir impérissable. J'admets l'originalité de son ton à la fois absurde et psychologique, mais je suis rebuté par la morosité et le mal-être que j'en ressens. Toutefois j'étais ouvert à la découverte d'adaptations de certaines de ses nouvelles en BD, ne serait-ce que pour leur aspect instructif. Peter Kuper a un style graphique très intéressant. Visiblement il s'agit d'un dessin à la carte à gratter même si j'ai cru un instant y voir des gravures tamponnées. Mais il ne s'agit visiblement pas que de cette technique puisque certaines portions du dessin ne sont manifestement pas de la carte à gratter, et il y a même au moins un élément collé sur une planche qui laisse penser à une finalisation informatique. Malgré la naïveté du style, le résultat est très classe, avec de beaux aplats de noir et un beau travail sur les contrastes. Les planches reflètent bien le sentiment de noirceur et d'oppression des récits qu'ils adaptent. Ces récits sont parfois très courts, à peine une poignée de pages, parfois nettement plus longs comme l'adaptation de la nouvelle "Dans la colonie pénitentiaire". Elles mêlent toutes cette ambiance d'absurde et de mal-être de l'homme seul face au monde et à la société. Même si les histoires sont très différentes, tenant parfois de la fable, de l'anecdote ou même du récit animalier, elles dégagent presque toute un sentiment d'insécurité, celle d'un homme qui se sent en danger dans un monde qu'il ne comprend pas et qui l'oppresse. On veut lui prendre sa place, l'atteindre dans son foyer ou son intimité, l'empêcher d'atteindre la lumière ou la vérité de la Loi, ou alors on le met face à l'absurdité de la société et de ses composantes dérisoires par le biais de métaphores que chacun interprètera à sa façon. Force est de constater que je suis toujours réfractaire à l'esprit de Kafka et à son univers. Les premiers récits de ce recueil sont trop courts : ils ne développent quasiment rien et se terminent avant d'avoir su capter mon intérêt. D'autres, un peu plus plus longs, sont relativement intéressants pour l'étude psychologique qu'ils permettent de faire de l'esprit de Kafka et de ses angoisses. Mais quand on ne les partage pas, elles laissent assez froid. Et enfin, les récits les plus longs sont trop rébarbatifs à mon goût, avec des textes qui manquent de naturel voire sont parfois un peu pompeux. Ils m'ennuient terriblement. En bref, je ne suis pas sensible à Kafka et ce n'est pas l'originalité et l'élégance du graphisme qui me suffisent à prendre du plaisir à lire cet album.