Décidément, Benoît Collombat a le tour pour trouver des sujets d'enquêtes qui me passionne.
Ici, c'est une enquête sur le meurtre de la militante anti-apartheid Dulcie September qui n'a jamais été élucidé et qui cacherait de gros secrets d'états. Il faut dire qu'on en va pas juste avoir une biographie de Dulcie, un résumé de l'enquête qui n'a rien trouvé et des pistes sur qui sont les responsables et les complices de cet assassinat: on va aussi voir l'hypocrisie de la France qui continuait de faire du commerce avec l'Afrique du Sud malgré l'embargo, l'historiques des relations entre ses eux pays et bien plus encore !
C'est donc un documentaire un peu lourd qu'on ne peut pas lire d'une traite à moins d'avoir plusieurs heures libres. Je pense que certains lecteurs risquent de s'ennuyer, mais moi je trouve cela passionnant parce que cela parle d'affaire d'états, de relations internationales et des ravages du capitalisme avec toutes ses entreprises qui n'ont aucun problème pour faire des affaires avec les pires régimes. Il y a des passages qui vont choquer quoique je ne suis pas du tout surpris par ce que j'ai lu. C'est aussi un bon rappel historique que pendant plusieurs années Nelson Mandela était vu par plusieurs que comme un terroriste et des élus (et pas seulement ceux d'extrême-droite) pouvaient vanter le régime d'Apartheid.
J'ai trouvé cet album bien complet et captivant à lire malgré la quantité d'informations que le lecteur doit digérer.
Un documentaire intéressant, fruit d’une enquête au long cours, menée par une architecte qui se posait des questions sur l’utilisation à outrance du béton (le départ de son questionnement : voir que l’on fait venir de plusieurs centaines de kilomètres du sable pour un projet de construction au Sahara !?).
Cette enquête, prépubliée dans sur un site suisse du même type que Médiapart je pense, est intéressante et jamais rébarbative. D’abord parce que ça part à chaque fois de cas concret avant de nous donner des chiffres, et surtout parce que la narration est aérée et fluide.
En tout cas voilà un sujet qui passe sous les radars de l’actualité – et même souvent sous les radars de ceux que les enjeux écologiques mobilisent – et qui mérite d’être mis en lumière, étant donnés les conséquences économiques et surtout écologiques du suremploi du béton et du ciment – et donc du sable.
Évidemment au cœur de cette enquête apparaissent des multinationales du secteur (Lafarge en tête), mais aussi d’autres requins qui gagnent des sommes énormes en exploitant la crédulité ou la méconnaissance de ceux à qui ils achètent des terrains (voir les exemples édifiants en Suisse). On voit aussi apparaitre le scandale de certaines installations que je connais bien pour avoir vécu tout près, le long de la Seine, à Paris.
A noter que les auteurs ne se contentent pas de dénoncer une hérésie écologique, mais de nombreuses pistes sont présentées, qui sont de bonnes alternatives au tout béton.
Un sujet important mais méconnu – ou plutôt maltraité et mal traité – que cet album permet de mieux appréhender (une bonne bibliographie complète l’enquête en fin de volume).
Le dessin d’Homs est fluide et agréable, et sa colorisation est elle aussi réussie. Les décors du Prague des années 1930 sont bien reconstitués, et les alternances entre gros plans et plans larges, entre parties plus sombres (beau rendu de l’enfer) et plus lumineuses, lui permettent de nous montrer son talent. Une mise en images plaisante donc.
J’ai parlé du Prague des années 1930 (1938 plus précisément), mais je m’attendais à ce que l’intrigue utilise encore davantage le climat angoissant de l’Anschluss (et la menace ressentie par les Tchèques des Sudètes ou d’ailleurs par la suite) – même si Hitler apparait, et si l’on voit à plusieurs reprises des Juifs persécutés par des Nazis. Mais tout ceci ne sert finalement qu’à ajouter de la noirceur à l’ambiance générale.
Dans cette atmosphère où l’enfer semble vouloir déborder sur la vie réelle, nous suivons Coral, une jeune fille (juive – ce qui n’est pas anodin ici) et ses relations plus ou moins tendues avec le diable (au passage, le diable peine – y compris dans des joutes verbales – à dominer Coral). Le père de la fille est un rabbin exorciste, spécialiste des luttes contre le diable. Au passage certaines scènes font penser au film « L’Exorciste » (en particulier lorsqu’un gamin exorcisé vomit).
Un récit relativement original, qui use de thèmes ésotériques et fantastiques (enfer/diable, golem, exorcisme), tout en nous racontant aussi en parallèle une relation distante entre une gamine et son père.
Les auteurs se sont bien documentés à propos du tremblement de terre qui a frappé San Francisco en 1906, ainsi que ses conséquences. C’est visible dans l’intéressant dossier concluant chacun des deux albums, mais aussi dans l’intrigue elle-même. Car les personnages inventés et l’histoire originale s’imbriquent parfaitement dans la grande Histoire et intègre bien les personnages « historiques » (dirigeants politiques, militaires de la ville, le ténor Caruso).
Si j’avais un petit bémol à évoquer, ce serait l’intrigue, que j’ai trouvé un peu légère. Et notre femme de chambre embarquée malgré elle dans une guerre entre gangs chinois et mafieux manque d’originalité. Les péripéties qui l’entourent servent avant tout de prétexte pour nous balader dans la ville frappée par le séisme.
Mais le séisme et ses conséquences – y compris la politique radicale du chef militaire – permettent de compenser le fil rouge un peu léger, en dynamisant le récit.
Les parallèles avec l’histoire de Judith et Holopherne sont un peu obscurs parfois, mais finalement ça ajoute un petit plus – et permet de revoir de jolis tableaux de Klimt.
Le dessin est inégal, mais globalement je l’ai bien aimé, et certaines planches sont vraiment très belles.
Un diptyque intéressant, qui utilise bien un événement dramatique pour donner du coffre au récit de base.
Une société qui se lézarfe
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Ce tome comprend les épisodes 1 à 4 de la minisérie, initialement parue en 2003, formant une histoire complète, relativement indépendante (il faut connaître les caractéristiques principales du premier épisode des Fantastic Four pour l'apprécier). Le scénario est de James Sturm, les dessins et l'encrage de Guy Davis. Robert Sikoryak dessine et encre les cases consacrées au comics de Vapor Girl.
Le récit commence par deux pages de texte dans lesquelles James Sturm explique qu'il s'est rendu compte que Stan Lee et Jack Kirby avaient basé les personnages des Fantastic Four sur des membres de sa propre famille ayant réellement existé. Viennent ensuite une reproduction des pages 9 à 13 de l'épisode 1 de la série Fantastic Four, initialement paru en 1961.
L'histoire commence en 1958, alors que le professeur Reed Richard étudie le comportement de molécules étranges. Il reçoit la visite d'un groupe d'étudiant dont un certain Adrian Lampham assez critique et impertinent. Susan Sturm se conduit en épouse modèle, en veillant sur son petit frère depuis le décès de leurs parents, et en s'occupant des tâches domestiques dans le foyer de Reed Richards (même s'ils ne sont pas mariés). Johnny Sturm zone dans les rues, avec Rich Mannelman son meilleur ami. Ben Grimm est une célébrité locale dans son quartier, entraineur de boxe, apprécié de ces dames (en particulier Myrna, sa compagne du moment).
Quand le lecteur commence sa lecture, il perçoit nettement l'influence d'Alan Moore dans la forme du récit. James Sturm inscrit cette histoire dans une époque déterminée, il rédige des textes venant étoffer le concept de départ qui est que les Sturm, Richards et Grimm étaient des individus ayant vraiment existé, qui auraient servi de modèles à Jack Kirby et Stan Lee pour créer la dynamique familiale des Fantastic Four.
Le lecteur a le plaisir de (re)découvrir les dessins à l'élégance discrète de Guy Davis, dessinateur attitré de la série BPRD pendant plusieurs années, de 2003 à 2011. Ce dessinateur combine une apparence surannée (adaptée aux années 1950), avec un aspect évoquant des croquis rapides (pour une impression de spontanéité), et un degré de précision épatant. Il recrée les années 1950 avec une fidélité et une authenticité sans faille, qu'il s'agisse des vêtements, des constructions, des sous-vêtements (le soutien-gorge de Susan), des véhicules, etc.
Alors même que le lecteur éprouve l'impression donnée par des dessins vite-faits, il constate dans le même temps que le langage corporel est mesuré et expressif, que les individus ont des morphologies variées et réalistes. Guy Davis conçoit des mises en scène qui évitent les suites de têtes en train de parler, au profit de la gestuelle des individus, de leurs déplacements permettant d'avoir d'autres aperçus de leur environnement. Guy Davis est donc un metteur en scène très compétent, doublé d'un accessoiriste intelligent. La reconstitution s'avère passionnante sans être envahissante ou écrasante. La direction d'acteurs est aussi discrète que parlante, le lecteur s'attachant immédiatement à chacun des personnages.
Alors que le titre laisse présager un lien très fort avec les superhéros des Fantastic Four (les fameuses molécules instables dont sont faits leurs costumes), le lecteur constate rapidement que ce récit est plutôt l'occasion de dresser un portrait de la société des États-Unis en 1958, à l'amorce d'une évolution sociale significative.
James Sturm commence par montrer que Susan Sturm se trouve à l'étroit dans son rôle de femme au foyer. Ben Grimm ressent un malaise existentiel, en ressentant ses limites d'individu sans espoir d'évolution. Johnny Sturm ne trouve pas sa place dans l'establishment, pas plus que son ami Rich Mannelman. Reed Richards regrette déjà que Susan Sturm ne lui soit pas inféodée, comme une dépendance au service de sa propre carrière.
James Sturm évoque cette période de l'histoire des États-Unis avec habilité. Susan Sturm lit Peyton Place (1956) de Grace Metalious. Johnny rencontre Joey King qui mène une vie de beatnik et qui lit Sur la route (1957) de Jack Kerouac. Il ne s'agit pas d'une reconstitution de surface. Le scénariste met en scène des problèmes de société (style de vie alternatif, homosexualité, femme au foyer, délinquance juvénile, femme battue, main baladeuse) en montrant en quoi ces caractéristiques sont inacceptables, soit par l'establishment, soit par les victimes. Il montre comment le carcan castrateur de la société de l'époque commence à présenter des fissures, annonciatrices de bouleversements culturels majeurs. De ce point, cette reconstitution est très réussie, et parlante.
Du coup, le lecteur a du mal à comprendre pourquoi le scénariste accorde la même importance à inscrire son récit dans la mythologie Marvel. Il est donc fait référence au premier comics des Fantastic Four. Stan Lee et Jack Kirby font une apparition dans une soirée donnée par les Richards. Il est question de la place sociale des artistes de comics (et même du statut d'un lettreur). Plus pointu, Sturm intègre des références à l'histoire des comics Marvel, à l'époque où cette entreprise n'existait pas encore et portait un autre nom. C'est le cas par exemple de la référence à Patsy Walker, personnage de comics à destination d'un lectorat féminin (bien avant qu'elle ne soit intégrée à l'univers partagé Marvel, comme superhéroïne).
Le sous-texte de ces références à Marvel (Ben Grimm parle aussi de sa tante Petunia) semble insister sur le fait que les comics Marvel sont le produit de cette époque révolue. Plus pernicieux, le fait que Stan Lee ait fait des Fantastic Four une famille soudée contre vents et marées semblent signifier qu'il évoquait un âge d'or révolu, une époque bénie où la cellule familiale constituait une valeur sûre (enfin surtout pour les hommes intégrés à la société, avec des revenus suffisants).
Au final, le lecteur ressort séduit par cette reconstitution visuelle des États-Unis de la fin des années 1950, convaincu par le portrait des lézardes sociales, mais un peu décontenancé par le rattachement forcé aux personnages Marvel. Quatre étoiles si le lecteur est venu pour les Fantastic Four. Cinq étoiles si le lecteur accepte que les thèmes du récit sont assez forts pour faire oublier ce lien imposé de force entre les Sturm et les Storm.
Une nouvelle série qui met en scène l'univers -impitoyable- de l'industrie du manga au Japon. Avec cette fois-ci un argument fantastique, puisqu'un mangaka célèbre et un de ses "extras" échangent leurs corps à la suite d'une chute dans un escalier. On n'en saura pas plus sur les raisons de ce transfert à l'issue de ce premier tome, mais l'essentiel est ailleurs : la façon dont les deux hommes vont investir leurs nouveaux statuts, l'un pour "rester" au sommet, l'autre pour lui tailler des croupières en attendant mieux.
Et c'est plutôt prenant, même si on n'est que dans la tête du "dragon", le sensei obligé de faire des extras pour exister en attendant mieux. Le "caméléon", lui, qui n'a comme seul talent que d'imiter graphiquement à la perfection les autres, et en particulier le "dragon". Car celui-ci, en plus d'avoir les dents qui rayent le parquet, cache une zone d'ombre qui est juste effleurée vers la fin de ce premier tome, et cela rajoute une couche d'originalité et de frisson dans cette histoire d'échange de corps.
Il y a aussi la dimension de satire -toute relative- du monde de l'édition manga au Japon, avec un aperçu des relations entre auteurs et assistants, mais aussi entre auteurs et éditeurs. De plus les chapitres sont entrecoupés de petits bonus à ce sujet, narrés par différents personnages du manga. Intéressant.
Le dessin de Ryo Ishiyama est vraiment bon, sans être exceptionnel.
Attendons la suite pour en savoir plus, mais c'est vraiment sympa, en attendant.
Il y a plusieurs siècles, les géants de Thulé ont confié au peuple picte la mission de protéger l'humanité du retour des hirudinées, de sombres créatures venues d'ailleurs qui pourraient ravager la Terre. Bien des générations plus tard, les pictes, déjà affaiblis par les Gaëls, doivent faire face à une nouvelle menace : les légions romaines, menées par une sorcière carthaginoise décidée à briser le sceau protecteur pour libérer les monstres.
Les Ombres de Thulé s'inscrit pleinement dans la tradition de la Sword & Sorcery, dans la lignée d'un Conan le Cimmérien de Robert E. Howard, avec une touche moderne incluant des entités qui ne dépareraient pas dans l'univers de Lovecraft. On y retrouve tous les ingrédients du genre : guerriers farouches, sorciers et sorcières impitoyables, rituels anciens, peuples mythiques comme les Hyperboréens ou les Atlantes, le tout transposé à l'époque de l'invasion romaine du nord de la Grande-Bretagne. L'ajout d'éléments de mythologie celtique évoque également le Sláine de Pat Mills.
L'album offre un vrai plaisir de lecture, porté par une narration dynamique. La première partie, rapide et dense, installe les enjeux et développe jusqu'au bout les manipulations de la sorcière, tandis que la seconde se concentre sur une lutte acharnée pour empêcher la destruction du monde.
Graphiquement, c'est une réussite. Le dessin, très généreux, propose de vastes décors, des personnages expressifs et des créatures spectaculaires. On sent l'implication totale du dessinateur, qui livre un travail impressionnant. Dommage que la couverture trop basique dans sa mise en scène ne rende pas tellement hommage à la qualité visuelle du contenu.
Certes, l'intrigue reste simple, axée avant tout sur l'action et le suspense, mais cette simplicité est assumée et efficace. Les rebondissements fonctionnent, l'univers est riche, et l'ensemble parvient à captiver sans temps mort.
Même si certains ressorts sont trop classiques, j'ai envie de saluer cette BD au-delà de la moyenne, pour sa sincérité et son efficacité. Elle va droit au but, en respectant les codes des récits de Sword & Sorcery et de Dark Fantasy, tout en y injectant une dose d'horreur cosmique.
Mêler Jack l'éventreur et le genre du western, pourquoi pas ? Après tout, c'est vrai que le Far West aurait pu être un terrain fabuleux pour le trop célèbre psychopathe... Seulement, que font Damien Marie et Loïc Malnati de leur sujet ? Honnêtement, pas grand-chose...
Le scénario n'est pas foncièrement mauvais, mais j'ai trouvé que le dessin de Malnati, épais et parfois approximatif, atténuait beaucoup la portée du récit. Et que dire de la colorisation, qui ternit encore plus l'ensemble ? Tout est grisâtre, et on a du mal à ressentir le moindre attachement pour cet univers graphique assez peu attrayant, il faut le dire.
Le récit est donc parfois sympathique, souvent ennuyeux, et surtout assez racoleur avec les visions du personnages de très mauvais goût. Tout cela serait sans doute passé si les qualités graphiques de l'album avaient permis de rehausser le tout. En l'état, je me suis bien ennuyé pendant la lecture de cet album, et n'ai pas réussi à ressentir l'intérêt qu'avaient eu les auteurs à concevoir ce récit. Dommage, je pense que le potentiel était là.
Pioché un peu aléatoirement en bibliothèque, j'avoue n'avoir pas été très séduit par ce Poussière d'os. J'aime assez les univers post-apocalyptiques habituellement, mais d'une part, celui-ci a du mal à sortir du lot, et d'autre part, je trouve son écriture un peu légère. Il y a de bonnes idées (l'IA qui reprend contact avec une ancienne connaissance), mais souvent, je trouve que c'est assez banal, ça se lit assez vite et sans passion.
Pas de quoi dire que c'est vraiment mauvais, mais dans la profusion d'oeuvres qui sort chaque jour, ça ne surnage pas vraiment au-dessus du lot. Oui, il y a une tonalité gore assez marquée, mais aujourd'hui, ça devient relativement conventionnel (même si la bestiole qui vole les visages, c'est quand même pas mal dans le genre), oui, le dessin est assez élégant, mais je ne sais pas, il me manque quelque chose pour atteindre vraiment la moyenne.
Sans dire que je me suis ennuyé, à la fin, quand j'ai refermé le volume, je me suis demandé à moi-même : "Et donc ? Qu'est-ce que ça m'a apporté ?" Parfois, l'absence de réponses est aussi significative que la réponse elle-même...
Sur une Terre postapocalyptique où les humains sains vivent dans des cités fortifiées, la jeune Tom a été exilée, enceinte, de sa ville. Elle n'a pour tout bagage qu'un sac à dos contenant du matériel de survie et une carte indiquant la route vers une autre cité en bord de mer. Livrée à elle-même, mais accompagnée d'une étrange petite fille muette, elle va traverser les étendues sauvages d'un monde dévasté où rôdent les pourris, des humains que la maladie a déformés et rendus aussi idiots que dangereux. Par chance, elle croisera la route d'un homme sain comme elle, qui décidera de la protéger dans cet environnement hostile.
C'est une histoire assez classique dans son genre. Beaucoup de déjà-vu pour qui a lu d'autres récits postapo. Les seules vraies particularités sont, d'une part, que l'héroïne est enceinte, et d'autre part, le mystère qui entoure son exil et la nature de la fillette qui l'accompagne. Pour cette dernière, on devine assez vite sa nature, sans vraiment comprendre ses motivations ni ce qui a poussé l'autrice à l'intégrer au récit. Quant à l'exil, on n'en saura jamais la raison.
Le premier tome suit donc une pérégrination vers l'Est avec deux seuls personnages centraux. Le second tome, lui, se pose dans une communauté humaine dirigée, comme si souvent dans ce genre de récits, par un personnage autoritaire aux intentions discutables. Je n'en dis pas plus, mais il faut reconnaître que rien ne vient vraiment bousculer cette intrigue assez convenue. L'histoire se clôt au bout du second tome, avec une fin qui laisse quelques questions ouvertes, mais qui reste globalement satisfaisante.
Côté dessin, c'est léger, sans être remarquable, mais suffisamment bien fait pour assurer une narration fluide et agréable. Bref, ça se lit comme un bon divertissement au rythme prenant, mais ça ne marquera ni par son originalité ni par sa profondeur.
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Dulcie - Du Cap à Paris, enquête sur l'assassinat d'une militante anti-apartheid
Décidément, Benoît Collombat a le tour pour trouver des sujets d'enquêtes qui me passionne. Ici, c'est une enquête sur le meurtre de la militante anti-apartheid Dulcie September qui n'a jamais été élucidé et qui cacherait de gros secrets d'états. Il faut dire qu'on en va pas juste avoir une biographie de Dulcie, un résumé de l'enquête qui n'a rien trouvé et des pistes sur qui sont les responsables et les complices de cet assassinat: on va aussi voir l'hypocrisie de la France qui continuait de faire du commerce avec l'Afrique du Sud malgré l'embargo, l'historiques des relations entre ses eux pays et bien plus encore ! C'est donc un documentaire un peu lourd qu'on ne peut pas lire d'une traite à moins d'avoir plusieurs heures libres. Je pense que certains lecteurs risquent de s'ennuyer, mais moi je trouve cela passionnant parce que cela parle d'affaire d'états, de relations internationales et des ravages du capitalisme avec toutes ses entreprises qui n'ont aucun problème pour faire des affaires avec les pires régimes. Il y a des passages qui vont choquer quoique je ne suis pas du tout surpris par ce que j'ai lu. C'est aussi un bon rappel historique que pendant plusieurs années Nelson Mandela était vu par plusieurs que comme un terroriste et des élus (et pas seulement ceux d'extrême-droite) pouvaient vanter le régime d'Apartheid. J'ai trouvé cet album bien complet et captivant à lire malgré la quantité d'informations que le lecteur doit digérer.
Béton - Enquête en sables mouvants
Un documentaire intéressant, fruit d’une enquête au long cours, menée par une architecte qui se posait des questions sur l’utilisation à outrance du béton (le départ de son questionnement : voir que l’on fait venir de plusieurs centaines de kilomètres du sable pour un projet de construction au Sahara !?). Cette enquête, prépubliée dans sur un site suisse du même type que Médiapart je pense, est intéressante et jamais rébarbative. D’abord parce que ça part à chaque fois de cas concret avant de nous donner des chiffres, et surtout parce que la narration est aérée et fluide. En tout cas voilà un sujet qui passe sous les radars de l’actualité – et même souvent sous les radars de ceux que les enjeux écologiques mobilisent – et qui mérite d’être mis en lumière, étant donnés les conséquences économiques et surtout écologiques du suremploi du béton et du ciment – et donc du sable. Évidemment au cœur de cette enquête apparaissent des multinationales du secteur (Lafarge en tête), mais aussi d’autres requins qui gagnent des sommes énormes en exploitant la crédulité ou la méconnaissance de ceux à qui ils achètent des terrains (voir les exemples édifiants en Suisse). On voit aussi apparaitre le scandale de certaines installations que je connais bien pour avoir vécu tout près, le long de la Seine, à Paris. A noter que les auteurs ne se contentent pas de dénoncer une hérésie écologique, mais de nombreuses pistes sont présentées, qui sont de bonnes alternatives au tout béton. Un sujet important mais méconnu – ou plutôt maltraité et mal traité – que cet album permet de mieux appréhender (une bonne bibliographie complète l’enquête en fin de volume).
Le Diable et Coral
Le dessin d’Homs est fluide et agréable, et sa colorisation est elle aussi réussie. Les décors du Prague des années 1930 sont bien reconstitués, et les alternances entre gros plans et plans larges, entre parties plus sombres (beau rendu de l’enfer) et plus lumineuses, lui permettent de nous montrer son talent. Une mise en images plaisante donc. J’ai parlé du Prague des années 1930 (1938 plus précisément), mais je m’attendais à ce que l’intrigue utilise encore davantage le climat angoissant de l’Anschluss (et la menace ressentie par les Tchèques des Sudètes ou d’ailleurs par la suite) – même si Hitler apparait, et si l’on voit à plusieurs reprises des Juifs persécutés par des Nazis. Mais tout ceci ne sert finalement qu’à ajouter de la noirceur à l’ambiance générale. Dans cette atmosphère où l’enfer semble vouloir déborder sur la vie réelle, nous suivons Coral, une jeune fille (juive – ce qui n’est pas anodin ici) et ses relations plus ou moins tendues avec le diable (au passage, le diable peine – y compris dans des joutes verbales – à dominer Coral). Le père de la fille est un rabbin exorciste, spécialiste des luttes contre le diable. Au passage certaines scènes font penser au film « L’Exorciste » (en particulier lorsqu’un gamin exorcisé vomit). Un récit relativement original, qui use de thèmes ésotériques et fantastiques (enfer/diable, golem, exorcisme), tout en nous racontant aussi en parallèle une relation distante entre une gamine et son père.
San Francisco 1906
Les auteurs se sont bien documentés à propos du tremblement de terre qui a frappé San Francisco en 1906, ainsi que ses conséquences. C’est visible dans l’intéressant dossier concluant chacun des deux albums, mais aussi dans l’intrigue elle-même. Car les personnages inventés et l’histoire originale s’imbriquent parfaitement dans la grande Histoire et intègre bien les personnages « historiques » (dirigeants politiques, militaires de la ville, le ténor Caruso). Si j’avais un petit bémol à évoquer, ce serait l’intrigue, que j’ai trouvé un peu légère. Et notre femme de chambre embarquée malgré elle dans une guerre entre gangs chinois et mafieux manque d’originalité. Les péripéties qui l’entourent servent avant tout de prétexte pour nous balader dans la ville frappée par le séisme. Mais le séisme et ses conséquences – y compris la politique radicale du chef militaire – permettent de compenser le fil rouge un peu léger, en dynamisant le récit. Les parallèles avec l’histoire de Judith et Holopherne sont un peu obscurs parfois, mais finalement ça ajoute un petit plus – et permet de revoir de jolis tableaux de Klimt. Le dessin est inégal, mais globalement je l’ai bien aimé, et certaines planches sont vraiment très belles. Un diptyque intéressant, qui utilise bien un événement dramatique pour donner du coffre au récit de base.
Fantastic Four - Molécules instables
Une société qui se lézarfe - Ce tome comprend les épisodes 1 à 4 de la minisérie, initialement parue en 2003, formant une histoire complète, relativement indépendante (il faut connaître les caractéristiques principales du premier épisode des Fantastic Four pour l'apprécier). Le scénario est de James Sturm, les dessins et l'encrage de Guy Davis. Robert Sikoryak dessine et encre les cases consacrées au comics de Vapor Girl. Le récit commence par deux pages de texte dans lesquelles James Sturm explique qu'il s'est rendu compte que Stan Lee et Jack Kirby avaient basé les personnages des Fantastic Four sur des membres de sa propre famille ayant réellement existé. Viennent ensuite une reproduction des pages 9 à 13 de l'épisode 1 de la série Fantastic Four, initialement paru en 1961. L'histoire commence en 1958, alors que le professeur Reed Richard étudie le comportement de molécules étranges. Il reçoit la visite d'un groupe d'étudiant dont un certain Adrian Lampham assez critique et impertinent. Susan Sturm se conduit en épouse modèle, en veillant sur son petit frère depuis le décès de leurs parents, et en s'occupant des tâches domestiques dans le foyer de Reed Richards (même s'ils ne sont pas mariés). Johnny Sturm zone dans les rues, avec Rich Mannelman son meilleur ami. Ben Grimm est une célébrité locale dans son quartier, entraineur de boxe, apprécié de ces dames (en particulier Myrna, sa compagne du moment). Quand le lecteur commence sa lecture, il perçoit nettement l'influence d'Alan Moore dans la forme du récit. James Sturm inscrit cette histoire dans une époque déterminée, il rédige des textes venant étoffer le concept de départ qui est que les Sturm, Richards et Grimm étaient des individus ayant vraiment existé, qui auraient servi de modèles à Jack Kirby et Stan Lee pour créer la dynamique familiale des Fantastic Four. Le lecteur a le plaisir de (re)découvrir les dessins à l'élégance discrète de Guy Davis, dessinateur attitré de la série BPRD pendant plusieurs années, de 2003 à 2011. Ce dessinateur combine une apparence surannée (adaptée aux années 1950), avec un aspect évoquant des croquis rapides (pour une impression de spontanéité), et un degré de précision épatant. Il recrée les années 1950 avec une fidélité et une authenticité sans faille, qu'il s'agisse des vêtements, des constructions, des sous-vêtements (le soutien-gorge de Susan), des véhicules, etc. Alors même que le lecteur éprouve l'impression donnée par des dessins vite-faits, il constate dans le même temps que le langage corporel est mesuré et expressif, que les individus ont des morphologies variées et réalistes. Guy Davis conçoit des mises en scène qui évitent les suites de têtes en train de parler, au profit de la gestuelle des individus, de leurs déplacements permettant d'avoir d'autres aperçus de leur environnement. Guy Davis est donc un metteur en scène très compétent, doublé d'un accessoiriste intelligent. La reconstitution s'avère passionnante sans être envahissante ou écrasante. La direction d'acteurs est aussi discrète que parlante, le lecteur s'attachant immédiatement à chacun des personnages. Alors que le titre laisse présager un lien très fort avec les superhéros des Fantastic Four (les fameuses molécules instables dont sont faits leurs costumes), le lecteur constate rapidement que ce récit est plutôt l'occasion de dresser un portrait de la société des États-Unis en 1958, à l'amorce d'une évolution sociale significative. James Sturm commence par montrer que Susan Sturm se trouve à l'étroit dans son rôle de femme au foyer. Ben Grimm ressent un malaise existentiel, en ressentant ses limites d'individu sans espoir d'évolution. Johnny Sturm ne trouve pas sa place dans l'establishment, pas plus que son ami Rich Mannelman. Reed Richards regrette déjà que Susan Sturm ne lui soit pas inféodée, comme une dépendance au service de sa propre carrière. James Sturm évoque cette période de l'histoire des États-Unis avec habilité. Susan Sturm lit Peyton Place (1956) de Grace Metalious. Johnny rencontre Joey King qui mène une vie de beatnik et qui lit Sur la route (1957) de Jack Kerouac. Il ne s'agit pas d'une reconstitution de surface. Le scénariste met en scène des problèmes de société (style de vie alternatif, homosexualité, femme au foyer, délinquance juvénile, femme battue, main baladeuse) en montrant en quoi ces caractéristiques sont inacceptables, soit par l'establishment, soit par les victimes. Il montre comment le carcan castrateur de la société de l'époque commence à présenter des fissures, annonciatrices de bouleversements culturels majeurs. De ce point, cette reconstitution est très réussie, et parlante. Du coup, le lecteur a du mal à comprendre pourquoi le scénariste accorde la même importance à inscrire son récit dans la mythologie Marvel. Il est donc fait référence au premier comics des Fantastic Four. Stan Lee et Jack Kirby font une apparition dans une soirée donnée par les Richards. Il est question de la place sociale des artistes de comics (et même du statut d'un lettreur). Plus pointu, Sturm intègre des références à l'histoire des comics Marvel, à l'époque où cette entreprise n'existait pas encore et portait un autre nom. C'est le cas par exemple de la référence à Patsy Walker, personnage de comics à destination d'un lectorat féminin (bien avant qu'elle ne soit intégrée à l'univers partagé Marvel, comme superhéroïne). Le sous-texte de ces références à Marvel (Ben Grimm parle aussi de sa tante Petunia) semble insister sur le fait que les comics Marvel sont le produit de cette époque révolue. Plus pernicieux, le fait que Stan Lee ait fait des Fantastic Four une famille soudée contre vents et marées semblent signifier qu'il évoquait un âge d'or révolu, une époque bénie où la cellule familiale constituait une valeur sûre (enfin surtout pour les hommes intégrés à la société, avec des revenus suffisants). Au final, le lecteur ressort séduit par cette reconstitution visuelle des États-Unis de la fin des années 1950, convaincu par le portrait des lézardes sociales, mais un peu décontenancé par le rattachement forcé aux personnages Marvel. Quatre étoiles si le lecteur est venu pour les Fantastic Four. Cinq étoiles si le lecteur accepte que les thèmes du récit sont assez forts pour faire oublier ce lien imposé de force entre les Sturm et les Storm.
Dragon & Caméléon
Une nouvelle série qui met en scène l'univers -impitoyable- de l'industrie du manga au Japon. Avec cette fois-ci un argument fantastique, puisqu'un mangaka célèbre et un de ses "extras" échangent leurs corps à la suite d'une chute dans un escalier. On n'en saura pas plus sur les raisons de ce transfert à l'issue de ce premier tome, mais l'essentiel est ailleurs : la façon dont les deux hommes vont investir leurs nouveaux statuts, l'un pour "rester" au sommet, l'autre pour lui tailler des croupières en attendant mieux. Et c'est plutôt prenant, même si on n'est que dans la tête du "dragon", le sensei obligé de faire des extras pour exister en attendant mieux. Le "caméléon", lui, qui n'a comme seul talent que d'imiter graphiquement à la perfection les autres, et en particulier le "dragon". Car celui-ci, en plus d'avoir les dents qui rayent le parquet, cache une zone d'ombre qui est juste effleurée vers la fin de ce premier tome, et cela rajoute une couche d'originalité et de frisson dans cette histoire d'échange de corps. Il y a aussi la dimension de satire -toute relative- du monde de l'édition manga au Japon, avec un aperçu des relations entre auteurs et assistants, mais aussi entre auteurs et éditeurs. De plus les chapitres sont entrecoupés de petits bonus à ce sujet, narrés par différents personnages du manga. Intéressant. Le dessin de Ryo Ishiyama est vraiment bon, sans être exceptionnel. Attendons la suite pour en savoir plus, mais c'est vraiment sympa, en attendant.
Les Ombres de Thulé
Il y a plusieurs siècles, les géants de Thulé ont confié au peuple picte la mission de protéger l'humanité du retour des hirudinées, de sombres créatures venues d'ailleurs qui pourraient ravager la Terre. Bien des générations plus tard, les pictes, déjà affaiblis par les Gaëls, doivent faire face à une nouvelle menace : les légions romaines, menées par une sorcière carthaginoise décidée à briser le sceau protecteur pour libérer les monstres. Les Ombres de Thulé s'inscrit pleinement dans la tradition de la Sword & Sorcery, dans la lignée d'un Conan le Cimmérien de Robert E. Howard, avec une touche moderne incluant des entités qui ne dépareraient pas dans l'univers de Lovecraft. On y retrouve tous les ingrédients du genre : guerriers farouches, sorciers et sorcières impitoyables, rituels anciens, peuples mythiques comme les Hyperboréens ou les Atlantes, le tout transposé à l'époque de l'invasion romaine du nord de la Grande-Bretagne. L'ajout d'éléments de mythologie celtique évoque également le Sláine de Pat Mills. L'album offre un vrai plaisir de lecture, porté par une narration dynamique. La première partie, rapide et dense, installe les enjeux et développe jusqu'au bout les manipulations de la sorcière, tandis que la seconde se concentre sur une lutte acharnée pour empêcher la destruction du monde. Graphiquement, c'est une réussite. Le dessin, très généreux, propose de vastes décors, des personnages expressifs et des créatures spectaculaires. On sent l'implication totale du dessinateur, qui livre un travail impressionnant. Dommage que la couverture trop basique dans sa mise en scène ne rende pas tellement hommage à la qualité visuelle du contenu. Certes, l'intrigue reste simple, axée avant tout sur l'action et le suspense, mais cette simplicité est assumée et efficace. Les rebondissements fonctionnent, l'univers est riche, et l'ensemble parvient à captiver sans temps mort. Même si certains ressorts sont trop classiques, j'ai envie de saluer cette BD au-delà de la moyenne, pour sa sincérité et son efficacité. Elle va droit au but, en respectant les codes des récits de Sword & Sorcery et de Dark Fantasy, tout en y injectant une dose d'horreur cosmique.
Wounded
Mêler Jack l'éventreur et le genre du western, pourquoi pas ? Après tout, c'est vrai que le Far West aurait pu être un terrain fabuleux pour le trop célèbre psychopathe... Seulement, que font Damien Marie et Loïc Malnati de leur sujet ? Honnêtement, pas grand-chose... Le scénario n'est pas foncièrement mauvais, mais j'ai trouvé que le dessin de Malnati, épais et parfois approximatif, atténuait beaucoup la portée du récit. Et que dire de la colorisation, qui ternit encore plus l'ensemble ? Tout est grisâtre, et on a du mal à ressentir le moindre attachement pour cet univers graphique assez peu attrayant, il faut le dire. Le récit est donc parfois sympathique, souvent ennuyeux, et surtout assez racoleur avec les visions du personnages de très mauvais goût. Tout cela serait sans doute passé si les qualités graphiques de l'album avaient permis de rehausser le tout. En l'état, je me suis bien ennuyé pendant la lecture de cet album, et n'ai pas réussi à ressentir l'intérêt qu'avaient eu les auteurs à concevoir ce récit. Dommage, je pense que le potentiel était là.
Poussière d'os
Pioché un peu aléatoirement en bibliothèque, j'avoue n'avoir pas été très séduit par ce Poussière d'os. J'aime assez les univers post-apocalyptiques habituellement, mais d'une part, celui-ci a du mal à sortir du lot, et d'autre part, je trouve son écriture un peu légère. Il y a de bonnes idées (l'IA qui reprend contact avec une ancienne connaissance), mais souvent, je trouve que c'est assez banal, ça se lit assez vite et sans passion. Pas de quoi dire que c'est vraiment mauvais, mais dans la profusion d'oeuvres qui sort chaque jour, ça ne surnage pas vraiment au-dessus du lot. Oui, il y a une tonalité gore assez marquée, mais aujourd'hui, ça devient relativement conventionnel (même si la bestiole qui vole les visages, c'est quand même pas mal dans le genre), oui, le dessin est assez élégant, mais je ne sais pas, il me manque quelque chose pour atteindre vraiment la moyenne. Sans dire que je me suis ennuyé, à la fin, quand j'ai refermé le volume, je me suis demandé à moi-même : "Et donc ? Qu'est-ce que ça m'a apporté ?" Parfois, l'absence de réponses est aussi significative que la réponse elle-même...
Détour par Epsilon
Sur une Terre postapocalyptique où les humains sains vivent dans des cités fortifiées, la jeune Tom a été exilée, enceinte, de sa ville. Elle n'a pour tout bagage qu'un sac à dos contenant du matériel de survie et une carte indiquant la route vers une autre cité en bord de mer. Livrée à elle-même, mais accompagnée d'une étrange petite fille muette, elle va traverser les étendues sauvages d'un monde dévasté où rôdent les pourris, des humains que la maladie a déformés et rendus aussi idiots que dangereux. Par chance, elle croisera la route d'un homme sain comme elle, qui décidera de la protéger dans cet environnement hostile. C'est une histoire assez classique dans son genre. Beaucoup de déjà-vu pour qui a lu d'autres récits postapo. Les seules vraies particularités sont, d'une part, que l'héroïne est enceinte, et d'autre part, le mystère qui entoure son exil et la nature de la fillette qui l'accompagne. Pour cette dernière, on devine assez vite sa nature, sans vraiment comprendre ses motivations ni ce qui a poussé l'autrice à l'intégrer au récit. Quant à l'exil, on n'en saura jamais la raison. Le premier tome suit donc une pérégrination vers l'Est avec deux seuls personnages centraux. Le second tome, lui, se pose dans une communauté humaine dirigée, comme si souvent dans ce genre de récits, par un personnage autoritaire aux intentions discutables. Je n'en dis pas plus, mais il faut reconnaître que rien ne vient vraiment bousculer cette intrigue assez convenue. L'histoire se clôt au bout du second tome, avec une fin qui laisse quelques questions ouvertes, mais qui reste globalement satisfaisante. Côté dessin, c'est léger, sans être remarquable, mais suffisamment bien fait pour assurer une narration fluide et agréable. Bref, ça se lit comme un bon divertissement au rythme prenant, mais ça ne marquera ni par son originalité ni par sa profondeur.