Les derniers avis (113374 avis)

Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série Diana & Charlie
Diana & Charlie

Un one-shot qui parle des problèmes de jeunes actuels vu qu'un des protagonistes est une fille trans et l'autre serait semble-t-il non-binaire (en tout cas moi j'ai cru pendant un bon moment que c'était juste un gars, je ne suis pas très perspicace). Ce que j'ai aimé dans le scénario est que le ton est juste. Pour moi, l'adolescence est un stade où on se découvre, ce qui est le cas des deux personnages principaux qui se posent des questions sur ce qu'ils/elles/iels sont vraiment. L'adolescence est aussi une période où les émotions sont souvent extrêmes. Je me souviens ados que des types de mon école pouvait super-sympa une journée et lendemain être des gros cons et moi même j'ai vécu des journées où j'avais juste envie d'envoyer foutre le monde. On retrouve ça ici. Diana et Charlie sont très poches, mais parfois les choses vont mal et il y a des disputes. Les moments joyeux sont très joyeux et les moments tristes très tristes. Le ton est réaliste avec notamment les parents qui veulent le bien de leur enfants, mais qui ne savent pas trop comment s'y prendre. Malgré des qualités dans le scénario, j'avoue ne pas avoir trouvé cela captivant à lire. Je trouve qu'il y a des longueurs dans le récit et que ça tourne parfois un peu en rond, mais je ne pense pas faire parti du public-cible initial de l'album. J'ai bien aimé le dessin très expressif et dynamique, mais sur certaines cases je trouvais qu'il y avait un peu trop de détails et que cela nuisait à la fluidité de la narration.

17/12/2025 (modifier)
Par Titanick
Note: 3/5
Couverture de la série Golden West
Golden West

Une incursion dans le western, moi qui n’aime pas le genre. Il est vrai que celui ci est original en suivant la vie de ce jeune apache exclu de sa tribu. Qui plus est, l’histoire se situe au tournant de la colonisation et de ce changement de civilisation de l’Amérique du Nord. Les jeux sont quasiment pliés et le jeune Woan vivra ces changements tout en cherchant sa place parmi les siens et dans ce nouveau monde. Je reconnais que le dessin réussit à sublimer cette histoire en y apportant un souffle épique même dans les planches contemplatives. Les paysages nous happent littéralement. Certes également, les personnages secondaires sont bien présents et intéressants mais voilà. J’ai toujours eu du mal avec les histoires amérindiennes, je ne sais pourquoi. Peut-être cette double vision contradictoire assénée depuis longtemps dans les westerns. Celle des sauvages sanguinaires et scalpeurs de têtes des vieux films, ou celle des tribus pacifiques et proches de la nature idéalisées face à l’envahisseur. Celui-ci évite ce manichéisme, et bien que je n’aie rien de fondamental à lui reprocher, je cherche encore le western qui me fera changer d’avis sur les westerns !

17/12/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Golden Kamui
Golden Kamui

Même ce que j'aime le moins tels que l'aspect policier et les dingues est logique : la guerre comme l'or font que les gens transgressent les limites ! Mais j'aime surtout le héros de guerre "immortel" et la jeune Aïnou. Quel personnage complexe et attachant : aimant la chasse, la nourriture de son peuple à laquelle elle convertit Sugimoto, d'autres traditions, sa liberté, celle de son peuple, le paysage sublimissime et son ami loup. Le dessin est nettement meilleur que celui de trop de mangas qui schématisent les dessins au point de les dessécher. Là, les visages, corps, postures des personnages sont nettement différenciés, merci ! S'il y a parfois des gens nus, ce sont les hommes et ça change, dans des scènes plus ou moins humoristiques, que je n'apprécie pas plus que ça, mais qui détendent cependant l'atmosphère, et font partie d'une œuvre qui charrie tout, et notamment, j'y reviens, la nourriture, vitale, qu'on doit chasser, cueillir, cuisiner, tandis que la peau des animaux sert à fabriquer des vêtements ou vendre ce qui permettra de poursuivre l'aventure, pour nos héros, voulant délivrer le père d Ashirpa et trouver l'or, qui pour financer la lutte de libération des Aïnous, qui pour recaser les soldats perdus de l'Empire japonais, qui pour…. La nature et l'or dominent les humains qui s'agitent aiguillonnés par la faim et la soif de l'or. Mais quelle vitalité ! A signaler que l'anime est aussi excellent, et permet de voir une nature qui en vaut la peine en plus grand. A ce propos, j'aimerais qu'il y en ait une suite, sinon quoi ? Je rejoins des protestataires comme les fidèles de l'ancien shogunat, et en garde !

17/12/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Vasco
Vasco

Vasco, neveu d'un riche banquier de Sienne, est envoyé par ce dernier en mission à travers l'Europe et l'Asie du XIVe siècle. Il vit ainsi des aventures aux quatre coins du monde, dans un strict cadre historique. J'ai découvert cette série sur le tard et, comme beaucoup l'ont souligné avant moi, elle rappelle immanquablement Alix dans son ambition de proposer une série historique a l'ancienne, dont le graphisme se rapproche fortement de celui de Jacques Martin, mais aussi dans la mise en scène de manière générale. Même le lettrage change dès le deuxième tome pour devenir identique à celui d'Alix. Ce graphisme est le gros point fort de la série. Encore un peu hésitant sur les deux premiers tomes, le dessin de Gilles Chaillet trouve son apogée du tome 3 au tome 12 avant de décliner ensuite. Mais tout au long de la série, ses décors sont exceptionnels. Le style est certes très académique, mais ses architectures, paysages et costumes historiques sont superbes. C'est un remarquable travail de reconstitution qui flatte l'œil et donne envie de découvrir ces lieux anciens aujourd'hui disparus ou profondément transformés. A noter aussi quelques belles scènes de bataille, à pied comme à cheval. Dommage qu'en contrepartie, les anatomies soient nettement moins maitrisées. Outre des mains régulièrement disproportionnées, ce sont surtout les visages qui sont trop souvent ratés, un défaut qui s'accentue a partir du treizième tome. Quel dommage que cela vienne gâcher d'aussi beaux décors. Je précise que je n'ai fait que feuilleter les tomes au-delà du 21e, après que d'autres dessinateurs aient remplacé Gilles Chaillet, car le dessin du tome 22 m'a rebuté et je n'étais pas suffisamment attaché à la série pour avoir envie de poursuivre. Pourtant, il y a un aspect que j'ai vraiment apprécié : cette manière qu'a la série de nous faire découvrir de l'intérieur la grande Histoire du monde, a une époque relativement peu abordée dans d'autres œuvres : alors que la Renaissance italienne en est à ses prémices et que l'Europe subit encore les restes de la Peste Noire, après la période des Croisades mais avant la chute de Constantinople, après la Croisade des albigeois mais avant le plus dur de la Guerre de Cent ans... Et comme Vasco voyage beaucoup, cela permet d'apprendre ce qu'il se passait alors dans différentes régions du globe. Le concept de départ, mettant en avant l'implication des banquiers dans les affaires politiques, devient toutefois assez vite un simple prétexte a des aventures plus mouvementées ou plus personnelles pour le héros. Mais voilà, j'ai nettement préféré la grande Histoire a la petite, celle de Vasco lui-même. Le personnage ne m'a jamais paru attachant : je ne me suis jamais senti proche de lui ni réellement concerné par ce qui lui arrivait. Ce sont surtout les intrigues qui m'ont laissé de marbre, tant elles sont molles et convenues. Les protagonistes ont souvent des comportements peu naturels, comme s'ils jouaient un mauvais rôle dans une pièce de théâtre d'aventure. Complots, traquenards et manigances s'enchainent dans des péripéties cousues de fil blanc, ou les trahisons et secrets s'accumulent sans susciter beaucoup d'intérêt. On retrouve bien quelques fils rouges, comme les allers-retours de la belle Sophie, dont Vasco est épris d'un amour impossible, ou encore ce choix étrange d'utiliser le frère du héros comme antagoniste récurrent, a la fois fraternel et pourtant régulièrement au service du camp adverse, mais jamais rien qui m'emporte. J'ai aussi été irrité par la présence trop fréquente de fautes d'orthographe dans les dialogues et la narration, un manque de relecture qui déçoit. Vasco est donc une série historique très classique dans sa forme et son ton, qui vaut avant tout pour l'excellence de ses décors et pour l'intérêt de découvrir en images le monde du XIVe siècle. Mais le manque de charisme de son héros, des intrigues peu enthousiasmantes et certaines faiblesses dans le dessin des visages m'ont empêché de vraiment m'y attacher. Je retiens toutefois quelques albums réussis, notamment ceux se déroulant en Turquie (tomes 3 et 4), en pays cathare (tomes 7 et 8), ainsi que la beauté des décors et costumes des albums situés en Asie (tomes 9 a 12).

17/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Super Phacochère
Super Phacochère

Gilbert Shelton est un des principaux tenants de l’underground américain des années 1960-80 (même s’il a publié après cette période). Super-Phacochère a sans doute été l’une de ses premières publications, à l’origine dans un journal étudiant. Et on sent bien en lisant cet album que l’auteur en était à ses débuts, et qu’on était dans une publication proche du fanzinat. En effet, je pense que l’auteur naviguait à vue, improvisant pas mal les intrigues, c’est clairement foutraque. L’album est présenté comme un tome 1, il y a sans doute eu d’autres histoires publiées aux États-Unis, mais il est resté orphelin. En l’état, il ne m’a pas forcément convaincu. Certes, il y a le côté n’importe quoi jouissif de ce type d’underground. Il y a aussi des critiques de la société de consommation américaine. On a aussi une quasi parodie de Superman (comme lui Super Phacochère déambule sous une fausse identité, celle d’un journaliste, Philbert Desanex – qui a aussi donné lieu à un petit album, que j’avais trouvé sympathique – Le 100.000e Rêve de Philbert Desanex). Mais, globalement, ces aventures, qui mélangent une SF du pauvre, à un underground années 60/70, m’ont laissé sur ma faim. Shelton a fait mieux ensuite et ailleurs, et dans la même veine, d’autres auteurs (comme Rand Holmes par exemple) ont produit des choses qui passent mieux la barrière des années. Un album probablement à réserver aux amateurs de l’auteur, et à ceux que l’underground américain de cette époque intéresse.

17/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Lieutenant Bertillon
Lieutenant Bertillon

Je suis un peu circonspect après lecture des deux premiers tomes. Sur le simple premier tome j’aurais sans doute été un peu plus généreux, mais le deuxième m’a laissé de côté. Le premier tome est dynamique, très rythmé, et on suit avec plaisir l’enquête de Bertillon dans une communauté de forains. Les divers rebondissements permettent de rencontrer des personnalités en marge, et notre Bertillon, se fait ballotter, tout en gardant un certain contrôle sur les événements. Par contre la fin, avec un fantastique qui prend trop le pas sur l’intrigue ordinaire, m’a moins plu. Le deuxième album ne m’a pas vraiment intéressé. D’abord parce que l’intrigue est moins rythmée et prenante, avec des personnages moins attachants. Ensuite parce que j’ai trouvé le dessin plus brouillon, moins réussi que dans le tome précédent. Je pense que je vais m’arrêter là avec cette série. Note réelle 2,5/5.

17/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Plus près de toi
Plus près de toi

Entre quelques rares moments très violents (les massacres de soldats « coloniaux – Noirs donc – par des soldats allemands), le premier tome nous fait entrer de plain-pied dans une guerre et une occupation presque bon enfant, avec des soldats allemands éloignés des SS tortionnaires, des prisonniers de guerre presque en semi-liberté au milieu de la population bretonne (le « Stalag » est ici franchement peu contraignant !). D’autres facilités encore, certaines pointées par bamiléké. Si je comprends que cela puisse surprendre et/ou énerver, je pense qu’il ne s’agit pas ici de faire une série totalement réaliste et véridique. Je suis prêt à accepter certaines distances prises avec la réalité par Kris, pour développer son récit, avec un côté sans doute bien plus sucré et gentil que la réalité (et le dessin de Fournier, lui aussi tout en rondeurs, ne fait qu’accentuer cet état d’esprit), mais en tout cas l’histoire se laisse lire plaisamment. En effet, si certains aspects peuvent paraître édulcorés (la France pétainiste est quasi absente – seul le retour du fils haineux l’incarne, les soldats et officiers allemands sont loin d’être des salauds), l’histoire nous amène quand même à une certaine noirceur. D’abord parce que Kris évite le happy end que je voyais poindre un moment. Ensuite parce qu’il dénonce clairement le scandaleux et hypocrite traitement infligé par la France aux anciens combattants africains – jusqu’aux massacres de ceux qui réclamaient un égal traitement (financier autant que moral) avec les Français de souche. Un diptyque agréable à lire, et finalement plus noir qu’on pourrait le penser. Note réelle 3,5/5.

17/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Miss Davis - La vie et les combats de Angela Davis
Miss Davis - La vie et les combats de Angela Davis

Angela Davis fait partie des personnes qui méritent largement qu’on s’y intéresse, tant elle a incarné une certaine idée de la révolte. Mais aussi parce que son parcours éclaire bien pas mal de maux de la société américaine moderne : le sexisme, les inégalités sociales, et le racisme viscéral, tous ces travers qu’elle a combattu toute sa vie. Marxiste (influencée par Herbert Marcuse entre autres), elle illustre aussi l’hypocrisie d’une société prétendument permissive et démocratique, mais qui n’a jamais accepter les idées marxistes – ou toutes celles qui visaient à l’émancipation des minorités et/ou classes « laborieuses ». C’est l’anti Hoover par excellence. Un personnage intéressant donc, qui peut être « expliqué » avec plusieurs angles d’attaque. Mais, si j’ai été moins déçu de ma lecture que Ro, j’ai quand même trouvé que les auteurs avaient privilégié la forme par rapport au fond. La construction narrative est ainsi relativement originale, en mélangeant plusieurs styles graphiques et narratifs. Mais je n’ai pas trouvé le procédé heureux, cela gêne plutôt la lecture, et nous fait perdre le fil rouge (l’entame est ainsi bizarre, je me suis demandé assez longtemps qui était cette narratrice, et j’ai trouvé qu’elle nous éloignait d’Angela, même si elle sert à « planter le décor »). Reste que, même haché par une narration parfois chaotique, cet album permet quand même de faire découvrir une époque et une personne (elle épouse la plupart des luttes sociales et politiques des trente années d’après-guerre, l’arrivée au pouvoir de Reagan et de l’ultra libéralisme décomplexé achevant ce qui pouvait s’apparenter à une parenthèse politique que Davis aura marqué de son empreinte). Clairement pas idéale comme biographique, mais je suis plus indulgent que Ro, c’est une porte d’entrée vers le personnage qui n’est pas inintéressante (une petite biblio/filmographie complète l’album.). Note réelle 2,5/5.

17/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Sonora
Sonora

Assez décevant au final. Décevant car sur le papier j’apprécie les intervenants : Nicolas Siner je le suis depuis Horacio d’Alba et sur les illustrations il fait plus que le taf ; Scarlett Smulkowski toujours une valeur sûre sur les couleurs ; Benoît Dellac n’est pas aussi tranchant et impactant que sur ses dernières parutions mais l’essence de son dessin est bien présent, on peut trouver à y redire sur certains détails ou composition mais c’est néanmoins plaisant à regarder. Reste Jean-Pierre Pécau que je connais surtout de nom, malheureusement c’est le maillon faible dans cette histoire, pas de bol c’est pour le scénario, pas le boulot le moins important donc. Non mais l’idée de base est intéressante : un français s’exile dans l’ouest américain après l’échec de la révolution de 1848. Le far west vécu du point de vue d’un frenchy donc, j’ai trouvé l’idée cocasse. Problème : scénario pas intriguant, direct on nous révèle qu’il s’agit d’une « bête » histoire de vengeance, alors le premier tome se focalise sur cette intrigue, puis ensuite notre héros digresse dans ses aventures avant que cette histoire de dette de sang ne soit remise sur le tapis dans le dernier tome. Problème : le lecteur que je suis a essayé vaguement de s’intéresser aux sous intrigues qui jalonne la quête principale du héros, mais on s’en fout de ces histoires de « placers », de général français à la mord-moi-le-nœud et ses plans pourris qui capotent à chaque coup, à cette péripatéticienne qui n’apporte absolument rien au scénario, j’ai nommé Lola Montez, dont le tome 2 porte son nom on se demande encore pourquoi… D’ailleurs la donzelle est tellement intéressante qu’elle disparaît au tome 3, à part montrer son cul sous tous les angles elle n’avait rien à dire. Donc résumons : l’intrigue principale manque d’étoffe, bien que le contexte historique lui soit diablement intéressant (les noms de penseurs proto-communistes tels que Charles Fourier, Etienne Cabet, Saint-Simon ou Robert Owen, fondateurs de l’utopie socialiste, m’étaient totalement inconnus avant ce jour) ; les personnages sont nuls (mon Dieu je pense encore au gamin Mace, véritable tête à claque qui subitement passe de gros simplet idiot du village à shotgun principal porte-flingue de l’armée française) ; les dialogues peuvent se lire en diagonal, le découpage, la construction du récit a un problème de « fluidité » à mon sens : on n’est souvent paumé en terme de temps et de lieu. Bref, il y a de bonnes idées mais ça manque de solidité dans les bases, l’exécution et les finitions.

17/12/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 4/5
Couverture de la série Les Rois des Belges
Les Rois des Belges

La Flandre va proclamer unilatéralement son indépendance. - Cet ouvrage présente des fragments de vie de chacun des sept rois des Belges. Son édition originale date de 2025. Il a été réalisé par Jean-Philippe Thivet & Arnaud de la Croix pour le scénario, par Vicente Cifuentes pour les dessins, par Davide De La Cal pour les couleurs. Il compte cinquante-cinq pages de bande dessinée. Il se divise en sept chapitres, chacun consacré à un roi différent, par ordre chronologique, chacun s’ouvrant avec un portrait dessiné, et se terminant avec un texte de deux pages, illustré de photographies sur des points remarquables de chaque règne. Il se termine avec une page hybride, bande dessiné et texte, consacrée à Élisabeth de Saxe-Cobourg et Gotha. Léopold 1er, le mercato des princes – Cette histoire commence au moment où Napoléon abat ses dernières cartes. L’Empereur, qui a mis l’Europe à feu et à sang, a dressé contre lui une puissante coalition d’alliés britanniques, allemands, néerlandais et prussiens. Aux portes de Bruxelles, il va jouer son va-tout. À Paris en 1808, il a croisé Léopold de Saxe-Cobourg-Saalfeld, prince désargenté, né en 1790, qui servait dans les rangs du tsar de Russie. Napoléon dira que : S’il se souvient bien, c’est le plus beau jeune homme qu’il ait pu voir aux Tuileries. Juin 1815, tandis que Napoléon s’est lancé dans une ultime campagne, les envoyés des grandes puissances se sont réunis à Vienne. Klemens Wenzel von Metternich annonce que l’ogre n’en a plus pour longtemps : il a été écrasé à Waterloo, non loin de Bruxelles. Un autre officiel intervient pour dire qu’il s’agit d’une bonne nouvelle, et qu’il faut décider de l’après. Le premier orateur reprend la parole pour dire que la solution est toute trouvée : exiler l’empereur déchu au loin, et confier au roi des Pays-Bas dont le fils s’est battu à Waterloo, la gestion d’un état tampon entre la France et ses voisins. Il reste à choisir qui en sera le roi. Léopold II, le roi secret. Le 16 décembre 1865, le cortège funèbre qui conduit Léopold 1er à sa dernière demeure est suivi par une foule compacte. Les fils du roi suivent en carrosse. L’aîné Léopold a trente ans. Il mesure 1,90m. L’héritier du trône se souvient que son père l’appelait le sournois, il le surnommait le renard… et s’il avait raison ? Le lendemain Léopold II prête serment : il jure d’observer la constitution et les lois du peuple belge. Enfant, il passait les vacances d’été à Ostende. Une fois couronné, il y déambule sur la plage, considérant que le voilà roi d’un pays minuscule… mais après tout, un pays n’est jamais petit quand il est baigné par la mer. Il décide que sur le modèle de Nice ou de Biarritz, il fera de cette plage la reine des plages. Il tiendra parole… lorsqu’il se sera considérablement enrichi. À Bruxelles coule la Senne. Au moyen-âge, la cité est née de la rivière, qui alimente moulins et industries. Mais en 1866, c’est un égout à ciel ouvert. Une épidémie de choléra tue 3.647 Bruxellois ! Chirurgien du roi, Louis Deroubaix remet son rapport sur la situation : il est urgent d’assainir la ville. Dès l’année suivante, on entreprend de voûter la Senne. Le roi va encourager de nombreux autres chantiers dans la capitale. Pour un novice en la matière, il peut être intimidant de s’intéresser à l’histoire séculaire de la royauté dans un pays, au vu de la longue chronologie à affronter, des différentes branches qui s’entrecroisent, et s’entredéchirent au gré de complexes unions. Au début du XXIe siècle, il existe six monarchies en Europe : au Danemark, en Espagne, au Luxembourg, au Pays-Bas, en Suède et en Belgique. Pour cette dernière comme le montre la couverture, la lignée compte sept monarques, ce qui la rend très accessible aux néophytes. Le lecteur découvre donc un chapitre pour chacun des sept rois, de neuf pages pour les cinq premiers, et de cinq pages pour les deux derniers. Il s’agit donc d’un ouvrage de vulgarisation, à destination de novices en la matière. Par exemple un lecteur qui ne saurait pas identifier le monument figurant sur la couverture (réponse : il s’agit des Arcades du Cinquantenaire, érigé à l’initiative du roi Léopold II, à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’indépendance de la Belgique, sa construction a commencé en janvier pour s’achever en septembre 1905). Le lecteur peut également évaluer l’intérêt de cette lecture pour lui en consultant la page d’ouverture d’un roi dont il a déjà entendu parler, pour se faire une idée de la nature du développement, par exemple pour Léopold II : Roi bâtisseur pour les uns, Roi massacreur pour les autres, il va marquer durablement le pays et demeure un personnage controversé. Les auteurs ont confié la narration visuelle de chaque chapitre au même artiste, afin d’établir une continuité d’un roi au suivant. De fait, le dessinateur a fort à faire puisqu’il doit assurer une reconstitution visuelle historique depuis 1808 jusqu’à l’époque contemporaine. Le lecteur découvre des dessins propres sur eux : tracés de contour bien nets, dessins dans un registre descriptif et réaliste, nombre de cases variant de quatre à sept, cases majoritairement sagement disposées en bande, et bien sûr une attention particulière portée à la ressemblance des rois successifs. Le lecteur apprécie immédiatement l’équilibre de chaque page : la qualité de la reconstitution historique, le soin apporté aux détails. Cela commence avec la décoration intérieure de ce grand salon à Vienne au début du XIXème siècle et son ameublement, la tenue vestimentaire de chaque officiel présent, jusqu’à leur épée d’apparat, et les motifs de la tapisserie au mur. Le lecteur peut ainsi suivre l’évolution de la mode vestimentaire d’un chapitre à l’autre, et aussi celle des modes de déplacement, de l’urbanisme de Bruxelles, ou encore des moyens de communication, attestant du degré de rigueur du travail de recherches effectué. Le lecteur se rend compte que l’artiste sait doser la densité d’informations visuelles sur chaque page pour éviter de produire une sensation d’étouffement, en intercalant des cases de discussions, ou plus aérées. Il se trouve également vite impressionné par l’effet d’intégrer des variations de tableaux célèbres, d’images d’archive ou de photographies. C’est une évidence en ce qui concerne tous les bâtiments, et c’est ce qui est attendu : le château de Laeken, la place royale de Bruxelles, les galeries royales d’Ostende, la gare royale de Laeken, la plage de Knokke-le-Zoute, le grand magasin L’Innovation, l’université de Gand, le Berhof à Obersalzberg dans les Alpes bavaroises, et d’autres paysages naturels, en particulier pour une escalade sur les rochers de Marche-les-Dames, dans la vallée de la Meuse, près de Namur. Incidemment, le lecteur se rend également compte que le dessinateur varie les mises en page avec discrétion et efficacité : cases de la largeur de la page, disposition en drapeau avec une case de la hauteur de la page et les autres comme y étant accrochées les unes en dessous des autres, cases en insert comme des cartes postales posées sur un fond qui est une carte géographique, une illustration panoramique de paysage de montagne sur une double page avec des cases en inserts par-dessus, cases aux bords arrondis pour un écran de télévision, etc. De manière plus inattendue, les scénaristes jouent également avec la structure de plusieurs chapitres. Le premier respecte un ordre chronologique et une exposition explicative pour établir le début de l’existence du royaume de Belgique comme état indépendant, et les aléas menant au choix définitif de son premier souverain. Le second passe d’une grande réalisation à une autre pour établir comment Léopold II peut être à la fois un roi bâtisseur et un roi massacreur. Initialement, le troisième déroute car il se déroule dans l’ordre inverse à la chronologie, c’est-à-dire des titres de l’annonce du décès d’Albert Ier en remontant le temps jusqu’à sa première ascension. Le quatrième débute par la découverte en Égypte dans la vallée des Rois de la tombe intacte, d’un pharaon, et le suivant débute par un assassinat à bout portant. Le sixième débute par une (mémorable) fiction dans la fiction. Conscient des limites découlant de la pagination, les auteurs ont choisi de les tourner à leur avantage en se focalisant sur certains aspects de chaque règne, plutôt que de tout survoler, ou de provoquer une surcharge informative avec des pavés de texte indigestes, mangeant les images. Le lecteur apprécie de lire une vraie bande dessinée, plutôt qu’une suite d’articles encyclopédiques vaguement illustrés par des images redondantes. Restant un peu sur sa faim, il goûte d’autant mieux aux deux pages qui viennent compléter chaque chapitre, développant certains aspects de la royauté, des lieux, ou des personnages clé de chaque règne. Bien sûr, le lecteur peut se montrer critique des choix opérés par les auteurs, et en particulier de ce qu’ils ont laissé de côté : la conception de la Constitution de la Belgique, la réalité de l’exploitation du Congo belge et de sa population, Blanche Delacroix évoquée en une case, les accomplissements politiques d’Albert Ier, l’opposition entre les partisans du retour de Léopold III et les opposants, l’absence de chapitre consacré à la régence de Charles Théodore Antoine Meinrad (1903-1983), les quatre cases consacrés à un assassinat dont la victime n’est même pas nommée (Julien Lahaut, 1884-1950), etc. Dans le même temps, il découvre de nombreuses mentions d’événements s’étant inscrit dans la mémoire culturelle belge, comme l’incendie du grand magasin L’Innovation. Chaque chapitre atteint son but : initier la curiosité du lecteur qui le termine avec l’envie d’en apprendre plus. Un ouvrage d’initiation à la royauté belge en passant en revue les sept rois des Belges. Une vraie bande dessinée didactique, sans être encyclopédique, avec une narration visuelle impeccable et agréable. Une approche diversifiée, adaptée à la personnalité de chaque roi, avec des surprises dans la structure de certains chapitres. Une lecture très agréable, enrichissante, accessible, divertissante et instructive. Une grande réussite.

17/12/2025 (modifier)