Série brillante et clairement marquante. Le scénario impressionne par son niveau de recherche et sa maîtrise du rythme : c’est fluide, haletant, dense en rebondissements, sans jamais perdre le lecteur. Chaque tome s’inscrit naturellement dans une trajectoire globale très lisible, et l’évolution du contexte — avant, pendant et après-guerre — est passionnante à suivre. Les époques changent, les rapports de force aussi, mais certaines logiques humaines demeurent, et c’est précisément là que la série frappe juste.
Le traitement résolument anti-manichéen de la Seconde Guerre mondiale en France est l’un des grands points forts. Ici, pas de confort moral : ni héros idéalisés, ni figures purement démoniaques. Le récit montre des existences faites d’ambition, de survie, de compromissions et d’horreurs bien réelles. Cette approche donne une profondeur rare au propos et rend la lecture à la fois fascinante et dérangeante, sans jamais tomber dans la démonstration lourde.
Graphiquement, le travail est exemplaire. Le dessin, précis et légèrement caricatural, donne une véritable épaisseur aux personnages. Sans fioritures inutiles, il sert parfaitement un scénario très intense et renforce l’impact émotionnel des situations.
Si l’œuvre éclaire avec intelligence une période complexe, elle pourrait aussi, si mal interprétée, par son angle, troubler l’imaginaire collectif sur les Juifs — un point qui interroge sans pour autant remettre en cause la puissance globale de la série.
Œuvre déroutante et paradoxale. Le récit est prenant, parfois même très impliquant émotionnellement, tout en laissant une impression persistante de flou. Le contexte géopolitique, pourtant central, est volontairement évacué : la guerre est là, sans explication, sans cadre clair, avec des situations tantôt proches d’un conflit total, tantôt d’une guérilla diffuse. Cette indétermination crée des incohérences factuelles, notamment dans la gestion des adultes et de la survie des adolescents, qui peuvent désarçonner.
Les thématiques suivent la même logique éclatée : amour impossible, troubles alimentaires, résilience, cellule familiale, survie. Rien n’est réellement hiérarchisé ni approfondi de façon frontale. Ce manque de lisibilité peut frustrer, mais participe aussi à l’identité du récit : une expérience sensorielle et émotionnelle plus qu’un discours construit. Malgré plusieurs choix scénaristiques déstabilisants, l’ensemble fonctionne et laisse une impression globalement positive.
Graphiquement, le contraste est marqué : un dessin simple, coloré, presque naïf, proche de codes adolescents, qui tranche avec la dureté du fond. Ce décalage, loin d’affaiblir l’œuvre, renforce son étrangeté et son impact. Une oeuvre déroutante, peut-être imparfaite mais singulière, qui mérite d’être lue pour se forger un avis personnel.
Œuvre d’aventure nord-américaine maîtrisée, portée avant tout par une proposition graphique remarquable. Le dessin est d’une grande précision, les couleurs sont sublimes et l’atmosphère — nature hostile, immensité, solitude — est immédiatement saisissable. Chaque planche témoigne d’un travail graphique et documentaire approfondi, probablement nourri d’une solide recherche.
Le scénario reste volontairement linéaire et classique, mais assume pleinement cette simplicité. Il correspond exactement à ce que l’on attend d’un récit d’aventure de ce type : progression claire, immersion continue, efficacité narrative sans détours inutiles. Les thèmes de fond sont présents et correctement traités, sans jamais prendre le pas sur l’objectif principal : raconter une belle aventure.
Une bande dessinée de grande qualité, plus contemplative que démonstrative, qui privilégie l’expérience de lecture et l’immersion visuelle à la complexité narrative.
Fils du Soleil est une bonne BD d’aventure maritime, efficace et agréable à lire, même sans connaître l’œuvre originale. Le cadre du Pacifique, loin des schémas classiques de la piraterie caribéenne, apporte un vrai dépaysement. Cet ancrage géographique et culturel différent fonctionne bien et donne au récit une identité rafraîchissante pour les amateurs de récits marins.
Le scénario est solide, rythmé et lisible. La progression est fluide, les enjeux clairs, et les personnages se dévoilent naturellement au fil des pages. On sent une base littéraire robuste, bien exploitée. En revanche, l’ensemble reste assez resserré : il manque un peu d’épaisseur et de nuances pour que les personnages marquent durablement ou que certaines situations gagnent en intensité émotionnelle.
Graphiquement, c’est un vrai plaisir. Le dessin est précis, très maîtrisé, avec un style graphique affirmé qui évoque un certain aspect rétro tout en restant pleinement moderne. La mise en scène est claire, l’ambiance bien posée, et le travail visuel soutient parfaitement le récit sans jamais l’alourdir.
Au final, une BD d’aventure maritime bien construite et efficace, qui se lit avec plaisir. Elle remplit parfaitement son rôle, mais il lui manque une touche de magie, de profondeur ou d’audace pour réellement s’imposer comme une œuvre marquante.
On a là un recueil d’adaptations de quelques-uns des auteurs classiques des récits d’horreur/épouvante, ou de fantastique noir « à l’ancienne ». Si l’album vise un public large, je le proposerais davantage à un lectorat adolescent.
Car, plus que d’horreur hystérique ou sanguinolente, on a là essentiellement des récits qui misent sur l’atmosphère inquiétante, une angoisse sourde qui n’est jamais poussée à son paroxysme.
Le résultat est globalement intéressant, même si je n’en suis pas forcément fan. Disons que c’est une sympathique lecture d’emprunt.
Gros coup de cœur. La série réussit un équilibre rare entre légèreté, humour et propos de fond. Le récit est très rythmé, porté par une toile volontairement loufoque qui rend la lecture fluide et réjouissante. Pour un public jeunesse, mettre en avant l'esprit au dessus de toute autre forme de 'force' est brillant.
L’héroïne est particulièrement réussie : profondément humaine, faillible, mais brillante dans sa manière d’affronter le monde. Les personnages secondaires assument pleinement leur côté cliché, mais de façon intelligente : ils incarnent des archétypes clairs qui servent la lisibilité et l’équilibre du récit plutôt que de l’appauvrir. L’ensemble fonctionne avec une grande justesse.
Graphiquement, le style n’est pas, à titre personnel, celui que je préfère spontanément. Mais objectivement, il est parfaitement en adéquation avec le ton et le contenu. La narration visuelle est limpide, expressive, et l’on se laisse très vite happer malgré toute réticence initiale. Le fait d’oublier complètement ce frein personnel est, en soi, la meilleure preuve de la qualité de l’œuvre.
Je n’avais pas connaissance de l’œuvre originale, ce qui conditionne forcément une partie de mon ressenti. Sur le principe, l’idée d’un récit centré sur la relation intime et contradictoire d’une personne « ordinaire » avec Allah est forte, pertinente, et promettait un angle intéressant, à la fois spirituel et humain. Cette tension entre foi, révolte et incohérence personnelle est clairement le point d’entrée le plus séduisant de la BD.
Dans les faits, le récit m’a laissé une impression de dureté appuyée, parfois presque gratuite. La trajectoire narrative est assez attendue et l’on se retrouve davantage face à un enchaînement de situations violentes ou oppressantes qu’à une véritable exploration de cette relation à Allah, qui finit par passer au second plan. Le propos est frontal, sans réel contrepoint ni respiration, ce qui rend la lecture pesante plus que marquante.
Graphiquement, le dessin est maîtrisé et cohérent avec l’univers, mais son rendu très épuré, presque “webcomic”, m’a semblé en décalage avec la gravité du fond. Cela atténue à mes yeux l’impact émotionnel du récit, alors même que le sujet appelait peut-être une mise en scène plus incarnée ou plus rugueuse.
Une œuvre qui repose sur une intention intéressante mais dont l’exécution m’a paru trop dure et trop convenue pour réellement convaincre.
érie jeunesse efficace, Castlewitch propose une aventure d’adolescents classique mais bien maîtrisée. On y retrouve tous les codes attendus : héros légèrement rebelle, guerre invisible aux adultes, bande soudée, parcours initiatique et montée en puissance progressive du groupe comme des individus. Rien de réellement surprenant sur le fond, mais l’ensemble se lit avec plaisir et cohérence.
Le scénario reste volontairement accessible et linéaire. Certains thèmes sont traités avec une subtilité appréciable pour une BD ado, sans jamais alourdir le récit. La force de la série tient davantage dans l’aventure adolescente fluide et lisible que dans une ambition narrative marquante.
Graphiquement, c'est agréable : dessin précis, univers esthétique bien posé et surtout des “Imaginaires” visuellement recherchés, qui apportent une vraie personnalité à l’ensemble. Une proposition bien calibrée, agréable, sans éclat particulier mais honnête dans son exécution.
Série très aboutie, qui déploie son récit de manière progressive et maîtrisée. Le scénario fonctionne clairement en crescendo : il démarre comme une aventure jeunesse assez classique pour révéler, au fil des tomes, une densité narrative et thématique bien plus riche. La lecture offre plusieurs niveaux d’interprétation, ce qui en fait à la fois une excellente BD pour enfants et une œuvre particulièrement pertinente pour un lectorat adulte.
L’univers est solidement construit et cohérent, avec un monde qui se dévoile sans lourdeur explicative. Les personnages gagnent en épaisseur au fil de l’aventure et deviennent progressivement très attachants, grâce à une évolution naturelle et crédible. Le collectif prime sur l’individu, ce qui renforce l’identité du récit et son originalité.
Graphiquement, le dessin adopte un style volontairement naïf et enfantin, parfaitement en adéquation avec l’univers, tout en faisant preuve d’une vraie précision et d’une recherche visuelle soutenue. Les thèmes abordés sont traités avec une réelle subtilité, sans moralisme appuyé, laissant place à une sensibilité sincère et intelligente.
Voila une BD originale dans son histoire et dans son traitement. C'est une satire de la Chine de Mao, celle où les slogans ont pris le pas sur la réalité, tandis que l'asservissement se généralise et que le peuple subit. Mais aussi une BD sur l'adolescence, la jeunesse et l'amour.
Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre à l'ouverture de la BD, mais très vite j'ai été conquis. Le trait de Alex W. Inker marche très bien avec le ton de la BD, coloré et en même temps massif dans les corps. Les personnages sont très baraqué, avec des traits de visages très marqués, voir durs, qui laissent éclater les émotions lorsqu'elles arrivent. Un trait qui va de paire avec son propos dans toute la BD.
Et l'histoire est franchement amusante. Sous la caricature évidente, la BD est une histoire d'amour adolescente, de celle qui va marquer à vie. Et cet amour simple, léger, qui ne s’embarrasse plus du reste du monde, devient le contrepoint de cette société chinoise. Alors que l'entre-soi et le népotisme s'installe, que le clientélisme et l'endoctrinement prennent toute la place, il y a ce couple réuni pendant une petite période, qui finit par tout rejeter, comprenant que tout cela est vain pour le bonheur. Le récit prend du temps à se développer, mais a des scènes vraiment belle, notamment lorsqu'ils rivalisent pour tout détruire dans la maison. Une belle métaphore de cette fouge qui les anime alors.
Je dois dire que j'ai beaucoup aimé la BD. Elle n'est pas dénuée d'humour, sait se faire sérieuse, joue sur les sentiments et porte un message sympathique. Une histoire que je ne m'attendais pas à lire mais qui est recommandée !
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Il était une fois en France
Série brillante et clairement marquante. Le scénario impressionne par son niveau de recherche et sa maîtrise du rythme : c’est fluide, haletant, dense en rebondissements, sans jamais perdre le lecteur. Chaque tome s’inscrit naturellement dans une trajectoire globale très lisible, et l’évolution du contexte — avant, pendant et après-guerre — est passionnante à suivre. Les époques changent, les rapports de force aussi, mais certaines logiques humaines demeurent, et c’est précisément là que la série frappe juste. Le traitement résolument anti-manichéen de la Seconde Guerre mondiale en France est l’un des grands points forts. Ici, pas de confort moral : ni héros idéalisés, ni figures purement démoniaques. Le récit montre des existences faites d’ambition, de survie, de compromissions et d’horreurs bien réelles. Cette approche donne une profondeur rare au propos et rend la lecture à la fois fascinante et dérangeante, sans jamais tomber dans la démonstration lourde. Graphiquement, le travail est exemplaire. Le dessin, précis et légèrement caricatural, donne une véritable épaisseur aux personnages. Sans fioritures inutiles, il sert parfaitement un scénario très intense et renforce l’impact émotionnel des situations. Si l’œuvre éclaire avec intelligence une période complexe, elle pourrait aussi, si mal interprétée, par son angle, troubler l’imaginaire collectif sur les Juifs — un point qui interroge sans pour autant remettre en cause la puissance globale de la série.
How I live Now
Œuvre déroutante et paradoxale. Le récit est prenant, parfois même très impliquant émotionnellement, tout en laissant une impression persistante de flou. Le contexte géopolitique, pourtant central, est volontairement évacué : la guerre est là, sans explication, sans cadre clair, avec des situations tantôt proches d’un conflit total, tantôt d’une guérilla diffuse. Cette indétermination crée des incohérences factuelles, notamment dans la gestion des adultes et de la survie des adolescents, qui peuvent désarçonner. Les thématiques suivent la même logique éclatée : amour impossible, troubles alimentaires, résilience, cellule familiale, survie. Rien n’est réellement hiérarchisé ni approfondi de façon frontale. Ce manque de lisibilité peut frustrer, mais participe aussi à l’identité du récit : une expérience sensorielle et émotionnelle plus qu’un discours construit. Malgré plusieurs choix scénaristiques déstabilisants, l’ensemble fonctionne et laisse une impression globalement positive. Graphiquement, le contraste est marqué : un dessin simple, coloré, presque naïf, proche de codes adolescents, qui tranche avec la dureté du fond. Ce décalage, loin d’affaiblir l’œuvre, renforce son étrangeté et son impact. Une oeuvre déroutante, peut-être imparfaite mais singulière, qui mérite d’être lue pour se forger un avis personnel.
Frenchman
Œuvre d’aventure nord-américaine maîtrisée, portée avant tout par une proposition graphique remarquable. Le dessin est d’une grande précision, les couleurs sont sublimes et l’atmosphère — nature hostile, immensité, solitude — est immédiatement saisissable. Chaque planche témoigne d’un travail graphique et documentaire approfondi, probablement nourri d’une solide recherche. Le scénario reste volontairement linéaire et classique, mais assume pleinement cette simplicité. Il correspond exactement à ce que l’on attend d’un récit d’aventure de ce type : progression claire, immersion continue, efficacité narrative sans détours inutiles. Les thèmes de fond sont présents et correctement traités, sans jamais prendre le pas sur l’objectif principal : raconter une belle aventure. Une bande dessinée de grande qualité, plus contemplative que démonstrative, qui privilégie l’expérience de lecture et l’immersion visuelle à la complexité narrative.
Fils du Soleil
Fils du Soleil est une bonne BD d’aventure maritime, efficace et agréable à lire, même sans connaître l’œuvre originale. Le cadre du Pacifique, loin des schémas classiques de la piraterie caribéenne, apporte un vrai dépaysement. Cet ancrage géographique et culturel différent fonctionne bien et donne au récit une identité rafraîchissante pour les amateurs de récits marins. Le scénario est solide, rythmé et lisible. La progression est fluide, les enjeux clairs, et les personnages se dévoilent naturellement au fil des pages. On sent une base littéraire robuste, bien exploitée. En revanche, l’ensemble reste assez resserré : il manque un peu d’épaisseur et de nuances pour que les personnages marquent durablement ou que certaines situations gagnent en intensité émotionnelle. Graphiquement, c’est un vrai plaisir. Le dessin est précis, très maîtrisé, avec un style graphique affirmé qui évoque un certain aspect rétro tout en restant pleinement moderne. La mise en scène est claire, l’ambiance bien posée, et le travail visuel soutient parfaitement le récit sans jamais l’alourdir. Au final, une BD d’aventure maritime bien construite et efficace, qui se lit avec plaisir. Elle remplit parfaitement son rôle, mais il lui manque une touche de magie, de profondeur ou d’audace pour réellement s’imposer comme une œuvre marquante.
Histoire(s) à dormir debout (Macabre)
On a là un recueil d’adaptations de quelques-uns des auteurs classiques des récits d’horreur/épouvante, ou de fantastique noir « à l’ancienne ». Si l’album vise un public large, je le proposerais davantage à un lectorat adolescent. Car, plus que d’horreur hystérique ou sanguinolente, on a là essentiellement des récits qui misent sur l’atmosphère inquiétante, une angoisse sourde qui n’est jamais poussée à son paroxysme. Le résultat est globalement intéressant, même si je n’en suis pas forcément fan. Disons que c’est une sympathique lecture d’emprunt.
De Cape et de Mots
Gros coup de cœur. La série réussit un équilibre rare entre légèreté, humour et propos de fond. Le récit est très rythmé, porté par une toile volontairement loufoque qui rend la lecture fluide et réjouissante. Pour un public jeunesse, mettre en avant l'esprit au dessus de toute autre forme de 'force' est brillant. L’héroïne est particulièrement réussie : profondément humaine, faillible, mais brillante dans sa manière d’affronter le monde. Les personnages secondaires assument pleinement leur côté cliché, mais de façon intelligente : ils incarnent des archétypes clairs qui servent la lisibilité et l’équilibre du récit plutôt que de l’appauvrir. L’ensemble fonctionne avec une grande justesse. Graphiquement, le style n’est pas, à titre personnel, celui que je préfère spontanément. Mais objectivement, il est parfaitement en adéquation avec le ton et le contenu. La narration visuelle est limpide, expressive, et l’on se laisse très vite happer malgré toute réticence initiale. Le fait d’oublier complètement ce frein personnel est, en soi, la meilleure preuve de la qualité de l’œuvre.
Confidences à Allah
Je n’avais pas connaissance de l’œuvre originale, ce qui conditionne forcément une partie de mon ressenti. Sur le principe, l’idée d’un récit centré sur la relation intime et contradictoire d’une personne « ordinaire » avec Allah est forte, pertinente, et promettait un angle intéressant, à la fois spirituel et humain. Cette tension entre foi, révolte et incohérence personnelle est clairement le point d’entrée le plus séduisant de la BD. Dans les faits, le récit m’a laissé une impression de dureté appuyée, parfois presque gratuite. La trajectoire narrative est assez attendue et l’on se retrouve davantage face à un enchaînement de situations violentes ou oppressantes qu’à une véritable exploration de cette relation à Allah, qui finit par passer au second plan. Le propos est frontal, sans réel contrepoint ni respiration, ce qui rend la lecture pesante plus que marquante. Graphiquement, le dessin est maîtrisé et cohérent avec l’univers, mais son rendu très épuré, presque “webcomic”, m’a semblé en décalage avec la gravité du fond. Cela atténue à mes yeux l’impact émotionnel du récit, alors même que le sujet appelait peut-être une mise en scène plus incarnée ou plus rugueuse. Une œuvre qui repose sur une intention intéressante mais dont l’exécution m’a paru trop dure et trop convenue pour réellement convaincre.
Castlewitch
érie jeunesse efficace, Castlewitch propose une aventure d’adolescents classique mais bien maîtrisée. On y retrouve tous les codes attendus : héros légèrement rebelle, guerre invisible aux adultes, bande soudée, parcours initiatique et montée en puissance progressive du groupe comme des individus. Rien de réellement surprenant sur le fond, mais l’ensemble se lit avec plaisir et cohérence. Le scénario reste volontairement accessible et linéaire. Certains thèmes sont traités avec une subtilité appréciable pour une BD ado, sans jamais alourdir le récit. La force de la série tient davantage dans l’aventure adolescente fluide et lisible que dans une ambition narrative marquante. Graphiquement, c'est agréable : dessin précis, univers esthétique bien posé et surtout des “Imaginaires” visuellement recherchés, qui apportent une vraie personnalité à l’ensemble. Une proposition bien calibrée, agréable, sans éclat particulier mais honnête dans son exécution.
Bergères Guerrières
Série très aboutie, qui déploie son récit de manière progressive et maîtrisée. Le scénario fonctionne clairement en crescendo : il démarre comme une aventure jeunesse assez classique pour révéler, au fil des tomes, une densité narrative et thématique bien plus riche. La lecture offre plusieurs niveaux d’interprétation, ce qui en fait à la fois une excellente BD pour enfants et une œuvre particulièrement pertinente pour un lectorat adulte. L’univers est solidement construit et cohérent, avec un monde qui se dévoile sans lourdeur explicative. Les personnages gagnent en épaisseur au fil de l’aventure et deviennent progressivement très attachants, grâce à une évolution naturelle et crédible. Le collectif prime sur l’individu, ce qui renforce l’identité du récit et son originalité. Graphiquement, le dessin adopte un style volontairement naïf et enfantin, parfaitement en adéquation avec l’univers, tout en faisant preuve d’une vraie précision et d’une recherche visuelle soutenue. Les thèmes abordés sont traités avec une réelle subtilité, sans moralisme appuyé, laissant place à une sensibilité sincère et intelligente.
Servir le peuple
Voila une BD originale dans son histoire et dans son traitement. C'est une satire de la Chine de Mao, celle où les slogans ont pris le pas sur la réalité, tandis que l'asservissement se généralise et que le peuple subit. Mais aussi une BD sur l'adolescence, la jeunesse et l'amour. Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre à l'ouverture de la BD, mais très vite j'ai été conquis. Le trait de Alex W. Inker marche très bien avec le ton de la BD, coloré et en même temps massif dans les corps. Les personnages sont très baraqué, avec des traits de visages très marqués, voir durs, qui laissent éclater les émotions lorsqu'elles arrivent. Un trait qui va de paire avec son propos dans toute la BD. Et l'histoire est franchement amusante. Sous la caricature évidente, la BD est une histoire d'amour adolescente, de celle qui va marquer à vie. Et cet amour simple, léger, qui ne s’embarrasse plus du reste du monde, devient le contrepoint de cette société chinoise. Alors que l'entre-soi et le népotisme s'installe, que le clientélisme et l'endoctrinement prennent toute la place, il y a ce couple réuni pendant une petite période, qui finit par tout rejeter, comprenant que tout cela est vain pour le bonheur. Le récit prend du temps à se développer, mais a des scènes vraiment belle, notamment lorsqu'ils rivalisent pour tout détruire dans la maison. Une belle métaphore de cette fouge qui les anime alors. Je dois dire que j'ai beaucoup aimé la BD. Elle n'est pas dénuée d'humour, sait se faire sérieuse, joue sur les sentiments et porte un message sympathique. Une histoire que je ne m'attendais pas à lire mais qui est recommandée !