Les derniers avis (113427 avis)

Par Ro
Note: 2/5
Couverture de la série Udolfo
Udolfo

J'ai acheté cet album en connaissance de cause, ayant bien noté qu'il était peu apprécié dans les avis ci-dessous. Mais je suis un grand fan d'Andreas, autant pour ses scénarios que pour son dessin, et je voulais voir ce qu'il avait apporté à cette collaboration avec Eddy Paape sur cette BD. La contribution d'Andreas est en réalité difficilement perceptible. Le dessin adopte majoritairement le style de Paape, et ce n'est que dans la seconde histoire de l'album que j'ai reconnu la patte d'Andreas, notamment sur le personnage féminin et dans la mise en page d'une ou deux planches. Il semble que, pour le reste, il ait volontairement adapté son trait à celui de Paape. Ce n'est pas désagréable, mais c'est à mes yeux moins séduisant. On est sur un graphisme plus désuet, très ancré dans le moule des productions du journal Tintin des années 70. Ça a son charme, mais cela a clairement vieilli. En revanche, je comprends le peu d'enthousiasme des autres lecteurs concernant le scénario. L'album propose deux histoires courtes fouillis, accumulant des péripéties mal agencées. Dès la première page, on a l'impression d'entrer dans une série au long cours, avec un héros déjà bien installé et des ennemis récurrents, alors qu'on n'a jamais entendu parler de cet univers auparavant. Le personnage d'Udolfo, écrivain public qui se révèle être un super-enquêteur immensément riche, doté de multiples cachettes secrètes, paraît totalement artificiel. Son manque de crédibilité est tel qu'un épilogue tente de le justifier par une révélation de science-fiction aussi incongrue que proche du ridicule. Avant cette explication, le personnage apparaît surtout comme boursouflé d'ego, imbu de lui-même et excessivement favorisé par le scénario. Il m'a fait penser au Harry Dickson de Dupuis, dont certains épisodes récents présentent un héros presque détestable, sûr de lui, méprisant alliés et ennemis, persuadé d'être un surhomme tant intellectuellement que physiquement. Quant aux intrigues, difficile de parler d'histoires cousues de fil blanc tant elles sont surtout artificielles et bancales. Les méchants mettent en place des machinations pour solliciter le héros parce que lui seul peut les aider, celui-ci se sort brillamment de toutes les situations, et les enchaînements n'obéissent qu'à une logique interne souvent hasardeuse. Les révélations et péripéties s'enchaînent de manière brinquebalante, soit peu crédibles, soit inutilement alambiquées au point d'en devenir confuses. Bref, il s'agit d'une aventure à l'ancienne assez ratée, qui empile les clichés dans un ensemble maladroit, portée par un héros peu attachant et des intrigues artificielles.

21/12/2025 (MAJ le 21/12/2025) (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Pas de baiser pour maman
Pas de baiser pour maman

Cette BD est l'adaptation d'un livre pour enfants de Tomi Ungerer. Elle raconte l'histoire d'un petit garçon ronchon qui en a assez que sa mère le couve et le traite comme un bébé. Il se considère désormais comme grand et estime avoir le droit d'être désagréable avec elle pour qu'elle le laisse tranquille. Cette colère, il l'emmène aussi à l'ecole, où elle l'entraine dans une bagarre avec le caïd de sa classe, qui se moquait de lui sur ce sujet. C'est une histoire mignonne, à la morale juste. Les personnages sont des chats anthropomorphes, ce qui apporte une dose bienvenue de légèreté et d'humour, évitant le piège d'un conte moralisateur trop réaliste ou appuyé pour de jeunes lecteurs. On s'amuse notamment des pâtés de souris et autres spécialités très félines de cet univers. Pour le reste, il s'agit bien de la transposition d'un monde très humain. Le dessin de Mathieu Sapin évoque celui de certains livres illustrés pour la jeunesse, comme les ouvrages de Roald Dahl illustrés par Quentin Blake, et fonctionne bien avec le genre et le public visé. Le petit héros n'est pas très attachant au départ, tant sa colère et son mépris envers sa mère le rendent antipathique, mais c'est précisément le cœur du propos. L'intrigue apporte une réponse appropriée à ce comportement et se conclut de manière apaisante, ramenant le sourire. C'est donc un album plutôt réussi et bien adapté aux jeunes lecteurs, auquel il peut offrir une piste de réflexion sur un sujet qui peut les concerner : vouloir grandir sans pour autant faire de peine a son entourage.

21/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Les Trois Mousquetaires (Rochier/Erre)
Les Trois Mousquetaires (Rochier/Erre)

Au vu des couvertures et du casting, je m’imaginais bien – et je l’espérais très fort en fait ! – retrouver le plaisir ressenti à la lecture de Z comme don Diego. Et c’est vrai que le trait hyper caricatural de Fabrice Erre, avec ses personnages difformes, ses gros nez, se prête très bien au comique loufoque et caricatural. Et encore une fois, il fait bien le travail. Mais, hélas, Gilles Rochier ne parvient pas ici à concrétiser dans le premier album ce que Fabcaro avait réussi sur Z comme don Diego. En effet, l’humour est à la fois moins percutant et moins réussi. Ne reste qu’une certaine lourdeur, sans le gag final qui ferait passer la chose. C’est souvent poussif et peu drôle. Certes, il y a bien quelques idées amusantes de-ci de-là (citations de films connus, personnages hors contexte – comme Lagerfeld dans le premier tome –, faire intervenir Dumas en panne d’inspiration, en bisbille avec un éditeur ou en proie à divers tracas domestiques, dans une mise en abîme qui aurait pu être davantage ou mieux exploitée), mais globalement ça m’a quand même laissé sur ma faim. Reste que j’ai trouvé le deuxième album un peu meilleur que le premier, il y a plus de situations amusantes, et Rochier exploite un peu mieux les « à-côtés »: Dumas, la débilité des mousquetaires, et une Milady aux faux airs de Gargamel. Note réelle 2,5/5.

21/12/2025 (modifier)
Couverture de la série La Cour des Miracles
La Cour des Miracles

Une histoire qui se laisse lire agréablement, dans un Paris du XVIIème siècle dont on ne voit presque que les « bas-fonds ». La cour des miracles a ici certains points qui la rendent plus crasseuse et moins « ridicule » que celle véhiculée par les navets des films « Angélique ». Quelques facilités, une vérité historique distordue mais on l’accepte. C’est assez rythmé et donc c’est une lecture globalement plaisante. Le dessin est lui aussi plutôt sympathique – même si inégal et pas toujours très clair (dans les scènes de bagarre/bataille essentiellement). Mais à part ce dessin pas toujours suffisamment lisible, d’autres détails m’ont un peu chiffonné. Le troisième tome est clairement moins intéressant et réussi. Le camp retranché constitué par les gueux en plein Paris (et le fait qu’ils aient cru pouvoir le défendre face à l’armée de Louis XIV), c’est quand même trop improbable. Comme il est encore moins crédible de voir ces gueux s’emparer du château de Saint-Germain et de la squatter en le saccageant pendant toute une nuit, sans être arrêtés ou gênés par les gardes. Je n’y ai pas cru un instant. Une série d’aventures historiques qui se laisse lire, dans un Paris du Grand siècle fantasmé, avec pour une fois un Louis XIV – pourtant dans la grande période de sa vie – dépassé et ridiculisé par des gueux. Mais je pense que le scénario aurait dû veiller à ne pas trop s’écarter d’une réalité crédible – puisqu’après tout l’ancrage historique est quasi revendiqué.

21/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Mal se loger en cinq étapes
Mal se loger en cinq étapes

Je suis depuis que je les ai découvertes un gros amateur des publications des éditions Bandes Détournées. En effet, elles allient très bien un humour noir, absurde et corrosif à une critique sociale percutante. Et c’est avec plaisir que j’ai retrouvé Un Faux Graphiste dans cet album, réalisé avec l’aide de membres du Syndicat des immenses (que je ne connaissais pas, et qui semble être une sorte de D.A.L. belge, dont les propos et actions usent d’un humour noir pour faire avancer leur lutte pour un logement pour tous). Ici sont réutilisées et totalement détournées des photos issues de magazines ou de vieux romans photos – le plus souvent en Noir et Blanc, souvent avec itération iconique, les textes dans les bulles étant bien évidemment totalement loufoques par rapport au contexte de la photo. En tout cas ils sont toujours politiques. En bas de la plupart des pages, des infos – réelles celles-là – et quelques commentaires, qui orientent le lecteur en lui donnant une idée de l’hypocrisie de pas mal de décideurs politiques et/ou économiques – Macron en tête. Cet album est une réussite. D’abord parce que je l’ai trouvé très drôle, incisif. Ensuite parce qu’il fait passer pas mal de message et se révèle dans ce domaine aussi incisif. Cette lecture est fortement recommandée, en particulier aux journalistes avant de donner la parole à un politicien sur le droit au logement, une loi contre les squatteurs ou au moment des reportage « marronniers » sur la « trêve hivernale. Drôle et politiquement engagé, une belle réussite !

21/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Bienvenue chez Smitch
Bienvenue chez Smitch

Des séries se moquant, de façon plus ou moins caricaturale ou loufoque du monde de l’entreprise, il commence à y en avoir pas mal. Difficile donc de se démarquer. Erik Tartrais – dont c’est semble-t-il la première publication – tente donc l’aventure. Mais ça n’est pas vraiment concluant je trouve. Le point de départ, c’est le rachat d’une petite entreprise française par une boîte américaine, Smitch donc, ce qui va bouleverser le quotidien des « collaborateurs ». Même s’il y a des chutes toutes les pages ou les deux pages, c’est une sorte d’histoire complète qui nous est proposée. Mais, justement, ces chutes m’ont le plus souvent laissé de marbre. L’humour, qui joue sur un peu d’absurde et d’humour con (classique pour le genre), ne m’a fait sourire qu’une ou deux fois, et jamais rire. Et comme cela joue uniquement sur l’humour et fait l’impasse sur une éventuelle critique sociale ou économique, le résultat est donc clairement décevant.

21/12/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 4/5
Couverture de la série Les Compagnons du Crépuscule
Les Compagnons du Crépuscule

Je trouve que ça vaut bien Les passagers du vent : un peu moins long, un peu moins de politique, un peu plus de fantastique et le commencement de l'ère des horloges, du découpage précis du temps et bientôt des lieux. Notre monde, quoi ! Le chevalier plus ou moins désenchantée, la jeune paysanne plus ou moins libérée et le jeune paysan plus ou moins benêt forment un trio équilibré. Le naïf pas très gentil devient peu à peu plus courageux, la jeune fille maîtrise les pouvoirs qu'elle a reçus pour ne pas attirer le mal sur ceux qui pourtant lui en veulent car la soupçonnant de ceci ou de cela à cause de son allure libre. Pourquoi ? Elle a le pouvoir de maudire efficacement les foules lyncheuses… Quelle bonté de sa part de ne pas le faire ! Il y a aussi le chevalier, héros tragique qui me semble changer des héros de Bourgeon, même s'il n'est pas tout d'une pièce, coupable et en quête. Les personnages secondaires secondent bien l'histoire, les dessins ont du style et les couleurs de l'auteur sont comme d'habitude parmi les meilleures de la bande dessinées. On échappe à la récurrence des femmes nues des Passagers du Vent, et surtout de La source et la sonde dont je me rappelle trop peu pour la commenter mais qui m'a bien déçu pour du Bourgeon et pour de la sf, en un mot comme en cent, quel manque de souffle !

21/12/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 3/5
Couverture de la série Le Dragon et la Nonne
Le Dragon et la Nonne

Série qui a réussi à m'intéresser un peu au ménage ! Recycle les histoires de sacrifice à un monstre et les Mille et une nuit, le dragon n'attend pas d'histoire mais est curieux de voir en quoi son gourbi et celui d'autres créatures magiques va être transformé par la fée du logis. Meilleure série, je trouve, que celle du bandit se mettant à La voie du tablier. J'apprécie que les Japonais soient prêts à s'intéresser à tout, à condition et pour le faire parfaitement. Mais ici, on a en plus le dragon, et il est bien digne d'être un dragon : il a du caractère. D'ailleurs, la nonne aussi. Il me semble que les héros japonais soient souvent presque béni oui-oui au début, débordant d'enthousiasme, mais s'il y a quelque chose qu'ils ne supportent pas, gare à l'opposant ! Le dragon le découvre bien assez tôt, mais ne sévit pas : je le soupçonne de se rendre compte qu'il s'ennuyait ferme avant l'arrivée de la nonne.

21/12/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 4/5
Couverture de la série Mitterrand Requiem
Mitterrand Requiem

Les forces de l'esprit pour forcer un Président à sortir un peu de son ambiguïté, à se confronter aux questions faute peut-être d'y répondre. A sortir un peu de poses mystérieuses pour se confronter au vrai mystère : a-t-il été fidèle à ses idéaux, existe-t-il quelque chose après la mort ? Que de vastes problèmes… Avec son masque mortuaire avant l'heure, ce n'est pas sur sa face qu'on pourra discerner grand-chose d'autre que de la distance, en restant fidèle au modèle. En tout cas, il n'y a rien à redire aux dialogues, ni aux dessins d'ailleurs : rester au niveau de telles problématiques n'étant pas facile, on applaudira la performance. Avec la trilogie Nickopol, on voit qu'il est plus facile d'insuffler de l'étrangeté à un récit avec des dieux égyptiens que ceux d'autres panthéons... Certes, il y a aussi les morts, leur apparition est toujours ébranlante, bien sûr. Idée : si l'auteur veut creuser son sujet, il peut faire une suite où Mitterrand, mort, dialogue avec les morts, dans quelque arrière-monde égyptien.

21/12/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série La Trilogie Nikopol
La Trilogie Nikopol

Mélange parfait d'Egypte ancienne, d'antifascisme, d'amour et de… Baudelaire ! Qui n'embarquerait quand la sauce prend ? Et d'autant que Bilal, c'est Bilal, et qu'il se débrouillait alors très bien sans Christin ! Après le sommeil du monstre et compagnie… Question difficile, je me remercie de l'avoir posé. Bref, il n'y a que Bilal pour rendre la décadence des cités et les visages humains ravagés par le pouvoir autant que l'étrangeté divine ! Il y a certes du comique, et pas que dans le duo Nikopol-Horus : les dieux jouent au Monopoli, qui dit mieux ? L'humain est un vrai rebelle, le dieu à tête d'oiseau aussi, dans l'œuvre, mais je pense que l'auteur tord le mythe, comme c'est le droit de tout créateur : Seth me semble mieux convenir à cet office. Mais il est beaucoup moins sympa, moins beau, aussi, je comprends l'auteur. Bref, les fascistes aussi sont comiques, à force d'avoir évincés les femmes, ils ont des maquillages évoquant celui des femmes, un vrai retour du refoulé. Après qu'on ait fait tomber cette dictature, on bifurque sur une étrange et belle relation entre la femme piège, Nikopol et Horus - avec un dieu inconnu à l'arrière-plan… On a aussi droit à une ville d'Afrique gelée, quel pied, les atmosphère glaciales à la Bilal renouvelées par l'Afrique ! Et que d'inventions, telles un mélange de jeux d'échecs et de boxe, l'obsession de gravir l'échelle de l'excellence par quelques humains obsédés par leur note, satirisant un certain élitisme spectaculaire de notre époque. Le dessin et les couleurs ne cessent d'évoluer selon l'intrigue, et je trouve, de s'améliorer. Il me semble même que l'auteur parvient à capter le mouvement aussi bien que les atmosphères, ce qui n'est pas peu dire. Il rend les dieux de l'Egypte expressifs, ce qui n'était pas gagné, vu leur face animale, mais je pense qu'il a eu raison de zapper les panthéons à visage humain, parce que l'étrangeté divine aurait été plus difficile à rendre en humain. D'ailleurs on ne voit pas Isis et Osiris, dont la face est aussi belle qu'humaine. L'humour permet de dissimuler des choses : pourquoi les immortels voyageaient ils dans l'espace ? On peut leur imaginer toutes sortes d'aventures, comme ce sont des dieux bons, on n'hésitera pas à les créditer d'essayer de sauver le monde, les menaces ne manquent pas dans les mythes égyptiens. Cela, tant d'autres pistes… La trilogie Nikopol est d'une richesse infinie.

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