Série qui a réussi à m'intéresser un peu au ménage ! Recycle les histoires de sacrifice à un monstre et les Mille et une nuit, le dragon n'attend pas d'histoire mais est curieux de voir en quoi son gourbi et celui d'autres créatures magiques va être transformé par la fée du logis. Meilleure série, je trouve, que celle du bandit se mettant à La voie du tablier.
J'apprécie que les Japonais soient prêts à s'intéresser à tout, à condition et pour le faire parfaitement. Mais ici, on a en plus le dragon, et il est bien digne d'être un dragon : il a du caractère. D'ailleurs, la nonne aussi. Il me semble que les héros japonais soient souvent presque béni oui-oui au début, débordant d'enthousiasme, mais s'il y a quelque chose qu'ils ne supportent pas, gare à l'opposant ! Le dragon le découvre bien assez tôt, mais ne sévit pas : je le soupçonne de se rendre compte qu'il s'ennuyait ferme avant l'arrivée de la nonne.
Les forces de l'esprit pour forcer un Président à sortir un peu de son ambiguïté, à se confronter aux questions faute peut-être d'y répondre. A sortir un peu de poses mystérieuses pour se confronter au vrai mystère : a-t-il été fidèle à ses idéaux, existe-t-il quelque chose après la mort ? Que de vastes problèmes… Avec son masque mortuaire avant l'heure, ce n'est pas sur sa face qu'on pourra discerner grand-chose d'autre que de la distance, en restant fidèle au modèle.
En tout cas, il n'y a rien à redire aux dialogues, ni aux dessins d'ailleurs : rester au niveau de telles problématiques n'étant pas facile, on applaudira la performance. Avec la trilogie Nickopol, on voit qu'il est plus facile d'insuffler de l'étrangeté à un récit avec des dieux égyptiens que ceux d'autres panthéons... Certes, il y a aussi les morts, leur apparition est toujours ébranlante, bien sûr. Idée : si l'auteur veut creuser son sujet, il peut faire une suite où Mitterrand, mort, dialogue avec les morts, dans quelque arrière-monde égyptien.
Mélange parfait d'Egypte ancienne, d'antifascisme, d'amour et de… Baudelaire ! Qui n'embarquerait quand la sauce prend ? Et d'autant que Bilal, c'est Bilal, et qu'il se débrouillait alors très bien sans Christin ! Après le sommeil du monstre et compagnie… Question difficile, je me remercie de l'avoir posé. Bref, il n'y a que Bilal pour rendre la décadence des cités et les visages humains ravagés par le pouvoir autant que l'étrangeté divine ! Il y a certes du comique, et pas que dans le duo Nikopol-Horus : les dieux jouent au Monopoli, qui dit mieux ? L'humain est un vrai rebelle, le dieu à tête d'oiseau aussi, dans l'œuvre, mais je pense que l'auteur tord le mythe, comme c'est le droit de tout créateur : Seth me semble mieux convenir à cet office. Mais il est beaucoup moins sympa, moins beau, aussi, je comprends l'auteur.
Bref, les fascistes aussi sont comiques, à force d'avoir évincés les femmes, ils ont des maquillages évoquant celui des femmes, un vrai retour du refoulé. Après qu'on ait fait tomber cette dictature, on bifurque sur une étrange et belle relation entre la femme piège, Nikopol et Horus - avec un dieu inconnu à l'arrière-plan… On a aussi droit à une ville d'Afrique gelée, quel pied, les atmosphère glaciales à la Bilal renouvelées par l'Afrique ! Et que d'inventions, telles un mélange de jeux d'échecs et de boxe, l'obsession de gravir l'échelle de l'excellence par quelques humains obsédés par leur note, satirisant un certain élitisme spectaculaire de notre époque.
Le dessin et les couleurs ne cessent d'évoluer selon l'intrigue, et je trouve, de s'améliorer. Il me semble même que l'auteur parvient à capter le mouvement aussi bien que les atmosphères, ce qui n'est pas peu dire. Il rend les dieux de l'Egypte expressifs, ce qui n'était pas gagné, vu leur face animale, mais je pense qu'il a eu raison de zapper les panthéons à visage humain, parce que l'étrangeté divine aurait été plus difficile à rendre en humain. D'ailleurs on ne voit pas Isis et Osiris, dont la face est aussi belle qu'humaine.
L'humour permet de dissimuler des choses : pourquoi les immortels voyageaient ils dans l'espace ? On peut leur imaginer toutes sortes d'aventures, comme ce sont des dieux bons, on n'hésitera pas à les créditer d'essayer de sauver le monde, les menaces ne manquent pas dans les mythes égyptiens. Cela, tant d'autres pistes… La trilogie Nikopol est d'une richesse infinie.
Un thriller passionnant comme je l'aime !
Le sujet de départ est pourtant du déjà vu: le policier avec un passé trouble qui se retrouve transféré dans un village qui cache un sombre secret et il va découvrir petit à petit la vérité. Bref, rien de nouveau au début, mais le scénario est bien fait et surprenant. En effet, je ne savais jamais ce qui allait se passer ensuite, j'ai vraiment ressenti de la tension tout le long de la série.
Comme l'indique le titre, il va être question de cannibalisme. Un clan particulier du village est accusé de l'être et une des idées de génies de la série est de dissocier ce clan des autres villageois. Alors qu'on se met à penser qu'il y a seulement ce clan qui pose des problèmes, on va voir que les autres villageois qui se présentent comme des gentils sont aussi louches et du coup on se jamais si le héros peut faire confiance ou non aux autres personnages. Il y a une bonne ambiance paranoïa. Et ce clan qui au début semble être uniquement mauvais se révèle un peu plus complexe avec certains membres qui ont des motivations différentes. Il y a plusieurs sous-intrigues et tout ne tourne pas juste autour de 'est-ce que le policier va découvrir la vérité et battre les méchants'. Les mystères et les passées des personnages et du village sont bien distillés et il y a des éléments nouveaux à chaque tome.
Évidemment, il y a quelques défauts dans cette série et cela porte principalement sur le dessin. Il y a deux membres du clan de cannibale qui se ressemble un peu et cela rends certaines scènes un peu confuse et comme c'est trop souvent le cas avec les mangas, les scènes de combats ne sont pas toujours facile à suivre. En tout cas, pour moi c'est un must si on aime les mangas thrillers.
Bien avant la nomination d'Anouk Ricard au festival d'Angoulême et le prix décroché (n'en déplaise à ses détracteurs), l'éditeur d'Animan avait annoncé la publication de Fabienne, suite avérée ou chapitre à part s'attachant au personnage de la petite grenouille oisive, compagne du héros antropomorphe, croisé dans le premier bouquin.
Et c'est sans trop de chichis ni trop de tapage médiatique cette fois que sort enfin Fabienne, suite/rupture d'Animan jusqu'au format bien plus proche d'un roman cartonné que de la bande dessinée standard et à la couverture d'une grande sobriété comme vous pouvez le voir.
Prenant place directement après les aventures comique de notre héros chauve aux capacités surnaturelles, Anouk Ricard va s'attacher bien plus au personnage de cette grenouille parlante, dont la langue ne reste pas en poche, que ce soit pour gober des insectes ou sortir quelques répliques pas piquées des hannetons.
Et c'est là que la magie de l'autrice agit toutes en nuances et subtilités. On découvre ici un personnage proche de la dépression sans savoir quelles sont les raisons véritables de ce mal être. Si on rit et sourit encore et toujours (quelques rappels d'Animan sont quand même un avantage à la lecture), l'autrice nous fait un véritable tour de force en mélangeant les époques (on ne sait jamais à la premiere lecture si on est dans la continuité du récit ou un flaskback) nous embarquant dans une poésie rare et sobre.
Il s'agit donc d'un portrait tout en nuances d'un personnage féminin torturé et dont les dernières pages ne sont même plus des pages de bande dessinée mais d'un journal intime mixant quotidien et anecdotes savoureuses.
Le ton est légèrement plus sombre mais attention, qu'on ne s'y trompe pas : on est bien malgré tout dans un récit léger et comique mais avec une autre compréhension.
Tous les autres protagonistes d'Animan sont bien présents avec Objecto et le chien d'Animan. Il n'est pas exclu non plus de trouver cela émouvant.
Bien évidemment, les détracteurs pourront trouver cela très light, le dessin naïf mais ce serait bien évidemment bien trop facile. Quand on aime les bouquins d'Anouk Ricard, on sait parfaitement pourquoi on est ici et il n'est pas exclu d'envisager Fabienne comme peut-être le meilleur ouvrage de l'autrice (mais hélas pour elle, il y a l'incontournable Boule de Feu sur la plus haute marche du podium à mes yeux ^^ ).
La fin appelle à un troisième tome et gageons là aussi qu'il s'agira d'un autre format, d'un autre style mais toujours encore d'une petite pépite qu'il me tarde d'avoir entre les mains.
Il va être compliqué de faire mieux que l'avis de mon copain PAco sur cette grosse pépite de 200 pages sortie de nulle part mais dont la couverture et le format atypique ne laissent pas de marbre en librairie.
Il semble s'agir de la première œuvre d'Ismaël Legrand à qui je ne peux souhaiter qu'un parcours similaire à celui de Mathieu Bablet qui m'avait épaté dès son premier bouquin La Belle Mort et dont on connait depuis le parcours sans ombrages.
Les bd franco-belges de pure Dark Fantasy ne sont pas si courants et sur le coup là, on en prend plein les mirettes tant sur le dessin fourmillant de détails comme sur le scénario à priori alambiqué qui nous embarque dans un monde tout à la fois crédible et étoffé mais d'une grande noirceur.
Si le récit de ces destins parallèles (un guerrier taiseux et à priori invulnérable et une soldate en prise aux doutes et au passé trouble) s'avère finalement assez classique, c'est bien la façon de le mettre en scène qui reste plutôt exceptionnelle tant l'univers regorge de détails et d'une base solide. On y croise sorcières machiavéliques, des zombies, des chevaliers en armure et tout ce qui fait le sel du manga "Berzerk" et des jeux Dark Souls dans un univers glauque et violent. C'est à la fois désespéré (certaines scènes ne sont pas à mettre devant tous les regards), la plupart des personnages croisés sont pourris par l'orgueil et le pouvoir et petit à petit, tous les méandres du scénario s'assemblent et amènent même à une relecture immédiate pour mieux en comprendre les enjeux.
Deathbringer est unique, ambitieux et constitue probablement l'une de mes plus belles surprises récentes. Aucun doute sur l'envie de voir ce que le talent de l'auteur nous réserve, j'ai déjà réservé ma place et vais suivre avec grand intérêt ce monsieur avec lequel la bd des années 2020 va devoir dorénavant compter.
Il y a tellement eu d'adaptations sur tous les supports connus et inimaginables du classique de H.G. Wells qu'on peut se poser la question d'une nouvelle version. C'est pourtant original dans le sens qu'il s'agit d'un duo d'auteurs japonais qui s'y collent cette fois en essayant tout à la fois d'être respectueux du cadre occidental.
On reste pourtant assez éloigné du travail de Gou Tanabe : le trait s'apparent à un shônen ou plutôt un seinen classique avec un soin exemplaire apporté à la représentation de l'envahisseur martien et de ses drôles de machines.
Et il ne faut pas se fier au trait enfantin au premier abord car le récit se veut très violent, choquant et sanglant d'une certaine manière avec ces humains décimés par dizaines sur l'ensemble des pages des 3 tomes de ce récit.
Même si on s'éloigne sur pas mal de points des pages du roman, l'adaptation reste très fidèle dans ses grands pourtours et conserve une noirceur qui peut surprendre qui n'aurait jamais lu l'oeuvre matricielle d'origine. Le point de vue oscille entre un point de vue humain passif et réducteur (échelle réduite) au grand spectacle offert par les tripodes et leurs méfaits sur une terre devenue un bête terrain de jeu destructeur.
Je ne suis pas certain de vouloir m'y replonger car la conclusion arrive un poil trop rapidement et différents passages deviennent redondants comme si les auteurs souhaitaient étirer un récit inutilement par une répétition de péripéties similaires. Reste un sympathique moment de lecture sans avoir réellement avoir l'envie d'y revenir pour une relecture plus tard.
A noter que l'édition est superbe avec ces tomes noirs cartonnés bardés de bonus assez intéressants (interviews et croquis appuyant sur la sincérité des auteurs sur un projet atypique). Rien que pour cela, il est intéressant de retenir cette guerre des mondes bien moins académique que les autres adaptations que j'ai pu apercevoir sur ce site.
Tiens une œuvre s'inspirant du fameux duo Bud Spencer & Terence Hill qui ont fait les beaux jours des video-clubs VHS et des chaines du cable comme on les appelait dans les années 80, ces deux Italiens dont le succès d'un de leurs premiers films communs "On l'appelle Trinita" et dont le titre actuel fait directement référénce ont été multiplié pendant plusieurs décennies avec plus ou moins de succès mais présentent toujours la même recette : du rire, des bagarres bourre-pifs et une ambiance bon enfant.
Il aurait été donc facile de se plier à l'exercice et on se demande même pourquoi cela n'a jamais été fait plus tôt tellement ça parait évident mais les auteurs tordent ce qui n'aurait pu être qu'une simple parodie en un récit sans temps morts ni références appuyées toutes les deux répliques.
Déjà retranscrire un western à l'école franco-belge est plus que commun, il y a les repères sérieux comme Blueberry, le pendant comique de Lucky Luke sans compter que le thème est toujours bien présent plus récemment avec Bouncer et Gus dans la bd contemporaine, et j'en oublie volontairement car la liste serait interminable mais ce n'est pas le propos ici.
Le trait est déjà dynamique et fort mis en scène, il n'y a pas une page où l'on s'ennuierait, pas une page où la formule tournerait en rond et sans décrocher la machoire par le rire, les deux frères ennemis sont si atypiques et attachants qu'on regrette presque d'arriver à la dernière page. C'est effectivement prévisible avec ce kidnapping de jeunes orphelines pour les desseins d'un sombre politicard, il y a de grosses scènes de baston et des rencontres improbables : les militaires sont stupides, les demoiselles pourvus d'atouts généreux mais également d'un caractère bien trempé. On y ajoute des prouts et des bains de scheisse à répétition mais surtout : qu'est-ce qu'on s'y amuse tellement le contenu est généreux.
Il semblerait que Robin Recht veuille prolonger l'aventure de nos deux comparses si le succès est au rendez-vous. Pourquoi pas si on ne tourne pas autour d'une formule simple et connue pour ne pas en tarir l'intérêt mais dans cette attente, l'aventure vaut largement la lecture et certains passage ne manquent pas d'une certaine poésie (le passage en montgolfière entre autres), c'est un grand OUI par ma part.
Un western de qualité, porté par un récit d’aventure volontairement lent et apaisé. La quête de paternité se double d’une réflexion sur le sens et la fin de vie, traitée avec douceur et retenue. La narration reste linéaire, classique, mais cohérente avec le ton crépusculaire de l’ensemble.
Le dessin, expressif et atypique pour le genre western, détonne au premier abord mais s’impose progressivement. Il apporte une sensibilité particulière au récit et renforce sa dimension humaine plutôt que spectaculaire. Une lecture maîtrisée, plus introspective que épique.
Twist and Shoot fonctionne très bien, même pour un lecteur trop jeune pour avoir connu George Best en direct. Le récit parvient à restituer avec justesse la trajectoire d’un footballeur hors norme, sans tomber dans l'éloge pure. La dualité est au cœur de l’album : un joueur génial, incandescent sur le terrain, face à un homme profondément fragile, timide, mais projeté malgré lui au centre de l’attention médiatique.
Le scénario insiste moins sur l’exploit sportif que sur l’équilibre précaire entre talent, passion du jeu et autodestruction. Best apparaît constamment tiraillé entre discipline et tentations, porté par son génie mais jamais réellement protégé de lui-même. Cette approche donne au récit une portée universelle : au-delà du football, c’est le portrait d’un individu dépassé par ce que son talent provoque autour de lui.
Graphiquement, la mise en scène privilégie l’énergie, le mouvement et l’émotion plutôt que le réalisme strict. Le dessin accompagne efficacement le propos, tout comme le contexte social : une Angleterre encore très conservatrice, mais en pleine mutation culturelle. L’album raconte ainsi autant une vie qu’une époque, et aborde avec sobriété des thèmes sociaux qui dépassent largement le cadre sportif.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Le Dragon et la Nonne
Série qui a réussi à m'intéresser un peu au ménage ! Recycle les histoires de sacrifice à un monstre et les Mille et une nuit, le dragon n'attend pas d'histoire mais est curieux de voir en quoi son gourbi et celui d'autres créatures magiques va être transformé par la fée du logis. Meilleure série, je trouve, que celle du bandit se mettant à La voie du tablier. J'apprécie que les Japonais soient prêts à s'intéresser à tout, à condition et pour le faire parfaitement. Mais ici, on a en plus le dragon, et il est bien digne d'être un dragon : il a du caractère. D'ailleurs, la nonne aussi. Il me semble que les héros japonais soient souvent presque béni oui-oui au début, débordant d'enthousiasme, mais s'il y a quelque chose qu'ils ne supportent pas, gare à l'opposant ! Le dragon le découvre bien assez tôt, mais ne sévit pas : je le soupçonne de se rendre compte qu'il s'ennuyait ferme avant l'arrivée de la nonne.
Mitterrand Requiem
Les forces de l'esprit pour forcer un Président à sortir un peu de son ambiguïté, à se confronter aux questions faute peut-être d'y répondre. A sortir un peu de poses mystérieuses pour se confronter au vrai mystère : a-t-il été fidèle à ses idéaux, existe-t-il quelque chose après la mort ? Que de vastes problèmes… Avec son masque mortuaire avant l'heure, ce n'est pas sur sa face qu'on pourra discerner grand-chose d'autre que de la distance, en restant fidèle au modèle. En tout cas, il n'y a rien à redire aux dialogues, ni aux dessins d'ailleurs : rester au niveau de telles problématiques n'étant pas facile, on applaudira la performance. Avec la trilogie Nickopol, on voit qu'il est plus facile d'insuffler de l'étrangeté à un récit avec des dieux égyptiens que ceux d'autres panthéons... Certes, il y a aussi les morts, leur apparition est toujours ébranlante, bien sûr. Idée : si l'auteur veut creuser son sujet, il peut faire une suite où Mitterrand, mort, dialogue avec les morts, dans quelque arrière-monde égyptien.
La Trilogie Nikopol
Mélange parfait d'Egypte ancienne, d'antifascisme, d'amour et de… Baudelaire ! Qui n'embarquerait quand la sauce prend ? Et d'autant que Bilal, c'est Bilal, et qu'il se débrouillait alors très bien sans Christin ! Après le sommeil du monstre et compagnie… Question difficile, je me remercie de l'avoir posé. Bref, il n'y a que Bilal pour rendre la décadence des cités et les visages humains ravagés par le pouvoir autant que l'étrangeté divine ! Il y a certes du comique, et pas que dans le duo Nikopol-Horus : les dieux jouent au Monopoli, qui dit mieux ? L'humain est un vrai rebelle, le dieu à tête d'oiseau aussi, dans l'œuvre, mais je pense que l'auteur tord le mythe, comme c'est le droit de tout créateur : Seth me semble mieux convenir à cet office. Mais il est beaucoup moins sympa, moins beau, aussi, je comprends l'auteur. Bref, les fascistes aussi sont comiques, à force d'avoir évincés les femmes, ils ont des maquillages évoquant celui des femmes, un vrai retour du refoulé. Après qu'on ait fait tomber cette dictature, on bifurque sur une étrange et belle relation entre la femme piège, Nikopol et Horus - avec un dieu inconnu à l'arrière-plan… On a aussi droit à une ville d'Afrique gelée, quel pied, les atmosphère glaciales à la Bilal renouvelées par l'Afrique ! Et que d'inventions, telles un mélange de jeux d'échecs et de boxe, l'obsession de gravir l'échelle de l'excellence par quelques humains obsédés par leur note, satirisant un certain élitisme spectaculaire de notre époque. Le dessin et les couleurs ne cessent d'évoluer selon l'intrigue, et je trouve, de s'améliorer. Il me semble même que l'auteur parvient à capter le mouvement aussi bien que les atmosphères, ce qui n'est pas peu dire. Il rend les dieux de l'Egypte expressifs, ce qui n'était pas gagné, vu leur face animale, mais je pense qu'il a eu raison de zapper les panthéons à visage humain, parce que l'étrangeté divine aurait été plus difficile à rendre en humain. D'ailleurs on ne voit pas Isis et Osiris, dont la face est aussi belle qu'humaine. L'humour permet de dissimuler des choses : pourquoi les immortels voyageaient ils dans l'espace ? On peut leur imaginer toutes sortes d'aventures, comme ce sont des dieux bons, on n'hésitera pas à les créditer d'essayer de sauver le monde, les menaces ne manquent pas dans les mythes égyptiens. Cela, tant d'autres pistes… La trilogie Nikopol est d'une richesse infinie.
Gannibal
Un thriller passionnant comme je l'aime ! Le sujet de départ est pourtant du déjà vu: le policier avec un passé trouble qui se retrouve transféré dans un village qui cache un sombre secret et il va découvrir petit à petit la vérité. Bref, rien de nouveau au début, mais le scénario est bien fait et surprenant. En effet, je ne savais jamais ce qui allait se passer ensuite, j'ai vraiment ressenti de la tension tout le long de la série. Comme l'indique le titre, il va être question de cannibalisme. Un clan particulier du village est accusé de l'être et une des idées de génies de la série est de dissocier ce clan des autres villageois. Alors qu'on se met à penser qu'il y a seulement ce clan qui pose des problèmes, on va voir que les autres villageois qui se présentent comme des gentils sont aussi louches et du coup on se jamais si le héros peut faire confiance ou non aux autres personnages. Il y a une bonne ambiance paranoïa. Et ce clan qui au début semble être uniquement mauvais se révèle un peu plus complexe avec certains membres qui ont des motivations différentes. Il y a plusieurs sous-intrigues et tout ne tourne pas juste autour de 'est-ce que le policier va découvrir la vérité et battre les méchants'. Les mystères et les passées des personnages et du village sont bien distillés et il y a des éléments nouveaux à chaque tome. Évidemment, il y a quelques défauts dans cette série et cela porte principalement sur le dessin. Il y a deux membres du clan de cannibale qui se ressemble un peu et cela rends certaines scènes un peu confuse et comme c'est trop souvent le cas avec les mangas, les scènes de combats ne sont pas toujours facile à suivre. En tout cas, pour moi c'est un must si on aime les mangas thrillers.
Fabienne
Bien avant la nomination d'Anouk Ricard au festival d'Angoulême et le prix décroché (n'en déplaise à ses détracteurs), l'éditeur d'Animan avait annoncé la publication de Fabienne, suite avérée ou chapitre à part s'attachant au personnage de la petite grenouille oisive, compagne du héros antropomorphe, croisé dans le premier bouquin. Et c'est sans trop de chichis ni trop de tapage médiatique cette fois que sort enfin Fabienne, suite/rupture d'Animan jusqu'au format bien plus proche d'un roman cartonné que de la bande dessinée standard et à la couverture d'une grande sobriété comme vous pouvez le voir. Prenant place directement après les aventures comique de notre héros chauve aux capacités surnaturelles, Anouk Ricard va s'attacher bien plus au personnage de cette grenouille parlante, dont la langue ne reste pas en poche, que ce soit pour gober des insectes ou sortir quelques répliques pas piquées des hannetons. Et c'est là que la magie de l'autrice agit toutes en nuances et subtilités. On découvre ici un personnage proche de la dépression sans savoir quelles sont les raisons véritables de ce mal être. Si on rit et sourit encore et toujours (quelques rappels d'Animan sont quand même un avantage à la lecture), l'autrice nous fait un véritable tour de force en mélangeant les époques (on ne sait jamais à la premiere lecture si on est dans la continuité du récit ou un flaskback) nous embarquant dans une poésie rare et sobre. Il s'agit donc d'un portrait tout en nuances d'un personnage féminin torturé et dont les dernières pages ne sont même plus des pages de bande dessinée mais d'un journal intime mixant quotidien et anecdotes savoureuses. Le ton est légèrement plus sombre mais attention, qu'on ne s'y trompe pas : on est bien malgré tout dans un récit léger et comique mais avec une autre compréhension. Tous les autres protagonistes d'Animan sont bien présents avec Objecto et le chien d'Animan. Il n'est pas exclu non plus de trouver cela émouvant. Bien évidemment, les détracteurs pourront trouver cela très light, le dessin naïf mais ce serait bien évidemment bien trop facile. Quand on aime les bouquins d'Anouk Ricard, on sait parfaitement pourquoi on est ici et il n'est pas exclu d'envisager Fabienne comme peut-être le meilleur ouvrage de l'autrice (mais hélas pour elle, il y a l'incontournable Boule de Feu sur la plus haute marche du podium à mes yeux ^^ ). La fin appelle à un troisième tome et gageons là aussi qu'il s'agira d'un autre format, d'un autre style mais toujours encore d'une petite pépite qu'il me tarde d'avoir entre les mains.
Deathbringer
Il va être compliqué de faire mieux que l'avis de mon copain PAco sur cette grosse pépite de 200 pages sortie de nulle part mais dont la couverture et le format atypique ne laissent pas de marbre en librairie. Il semble s'agir de la première œuvre d'Ismaël Legrand à qui je ne peux souhaiter qu'un parcours similaire à celui de Mathieu Bablet qui m'avait épaté dès son premier bouquin La Belle Mort et dont on connait depuis le parcours sans ombrages. Les bd franco-belges de pure Dark Fantasy ne sont pas si courants et sur le coup là, on en prend plein les mirettes tant sur le dessin fourmillant de détails comme sur le scénario à priori alambiqué qui nous embarque dans un monde tout à la fois crédible et étoffé mais d'une grande noirceur. Si le récit de ces destins parallèles (un guerrier taiseux et à priori invulnérable et une soldate en prise aux doutes et au passé trouble) s'avère finalement assez classique, c'est bien la façon de le mettre en scène qui reste plutôt exceptionnelle tant l'univers regorge de détails et d'une base solide. On y croise sorcières machiavéliques, des zombies, des chevaliers en armure et tout ce qui fait le sel du manga "Berzerk" et des jeux Dark Souls dans un univers glauque et violent. C'est à la fois désespéré (certaines scènes ne sont pas à mettre devant tous les regards), la plupart des personnages croisés sont pourris par l'orgueil et le pouvoir et petit à petit, tous les méandres du scénario s'assemblent et amènent même à une relecture immédiate pour mieux en comprendre les enjeux. Deathbringer est unique, ambitieux et constitue probablement l'une de mes plus belles surprises récentes. Aucun doute sur l'envie de voir ce que le talent de l'auteur nous réserve, j'ai déjà réservé ma place et vais suivre avec grand intérêt ce monsieur avec lequel la bd des années 2020 va devoir dorénavant compter.
La Guerre des Mondes (Ihara)
Il y a tellement eu d'adaptations sur tous les supports connus et inimaginables du classique de H.G. Wells qu'on peut se poser la question d'une nouvelle version. C'est pourtant original dans le sens qu'il s'agit d'un duo d'auteurs japonais qui s'y collent cette fois en essayant tout à la fois d'être respectueux du cadre occidental. On reste pourtant assez éloigné du travail de Gou Tanabe : le trait s'apparent à un shônen ou plutôt un seinen classique avec un soin exemplaire apporté à la représentation de l'envahisseur martien et de ses drôles de machines. Et il ne faut pas se fier au trait enfantin au premier abord car le récit se veut très violent, choquant et sanglant d'une certaine manière avec ces humains décimés par dizaines sur l'ensemble des pages des 3 tomes de ce récit. Même si on s'éloigne sur pas mal de points des pages du roman, l'adaptation reste très fidèle dans ses grands pourtours et conserve une noirceur qui peut surprendre qui n'aurait jamais lu l'oeuvre matricielle d'origine. Le point de vue oscille entre un point de vue humain passif et réducteur (échelle réduite) au grand spectacle offert par les tripodes et leurs méfaits sur une terre devenue un bête terrain de jeu destructeur. Je ne suis pas certain de vouloir m'y replonger car la conclusion arrive un poil trop rapidement et différents passages deviennent redondants comme si les auteurs souhaitaient étirer un récit inutilement par une répétition de péripéties similaires. Reste un sympathique moment de lecture sans avoir réellement avoir l'envie d'y revenir pour une relecture plus tard. A noter que l'édition est superbe avec ces tomes noirs cartonnés bardés de bonus assez intéressants (interviews et croquis appuyant sur la sincérité des auteurs sur un projet atypique). Rien que pour cela, il est intéressant de retenir cette guerre des mondes bien moins académique que les autres adaptations que j'ai pu apercevoir sur ce site.
On les appelle Junior & Senior
Tiens une œuvre s'inspirant du fameux duo Bud Spencer & Terence Hill qui ont fait les beaux jours des video-clubs VHS et des chaines du cable comme on les appelait dans les années 80, ces deux Italiens dont le succès d'un de leurs premiers films communs "On l'appelle Trinita" et dont le titre actuel fait directement référénce ont été multiplié pendant plusieurs décennies avec plus ou moins de succès mais présentent toujours la même recette : du rire, des bagarres bourre-pifs et une ambiance bon enfant. Il aurait été donc facile de se plier à l'exercice et on se demande même pourquoi cela n'a jamais été fait plus tôt tellement ça parait évident mais les auteurs tordent ce qui n'aurait pu être qu'une simple parodie en un récit sans temps morts ni références appuyées toutes les deux répliques. Déjà retranscrire un western à l'école franco-belge est plus que commun, il y a les repères sérieux comme Blueberry, le pendant comique de Lucky Luke sans compter que le thème est toujours bien présent plus récemment avec Bouncer et Gus dans la bd contemporaine, et j'en oublie volontairement car la liste serait interminable mais ce n'est pas le propos ici. Le trait est déjà dynamique et fort mis en scène, il n'y a pas une page où l'on s'ennuierait, pas une page où la formule tournerait en rond et sans décrocher la machoire par le rire, les deux frères ennemis sont si atypiques et attachants qu'on regrette presque d'arriver à la dernière page. C'est effectivement prévisible avec ce kidnapping de jeunes orphelines pour les desseins d'un sombre politicard, il y a de grosses scènes de baston et des rencontres improbables : les militaires sont stupides, les demoiselles pourvus d'atouts généreux mais également d'un caractère bien trempé. On y ajoute des prouts et des bains de scheisse à répétition mais surtout : qu'est-ce qu'on s'y amuse tellement le contenu est généreux. Il semblerait que Robin Recht veuille prolonger l'aventure de nos deux comparses si le succès est au rendez-vous. Pourquoi pas si on ne tourne pas autour d'une formule simple et connue pour ne pas en tarir l'intérêt mais dans cette attente, l'aventure vaut largement la lecture et certains passage ne manquent pas d'une certaine poésie (le passage en montgolfière entre autres), c'est un grand OUI par ma part.
Ghost Kid
Un western de qualité, porté par un récit d’aventure volontairement lent et apaisé. La quête de paternité se double d’une réflexion sur le sens et la fin de vie, traitée avec douceur et retenue. La narration reste linéaire, classique, mais cohérente avec le ton crépusculaire de l’ensemble. Le dessin, expressif et atypique pour le genre western, détonne au premier abord mais s’impose progressivement. Il apporte une sensibilité particulière au récit et renforce sa dimension humaine plutôt que spectaculaire. Une lecture maîtrisée, plus introspective que épique.
George Best - Twist and Shoot
Twist and Shoot fonctionne très bien, même pour un lecteur trop jeune pour avoir connu George Best en direct. Le récit parvient à restituer avec justesse la trajectoire d’un footballeur hors norme, sans tomber dans l'éloge pure. La dualité est au cœur de l’album : un joueur génial, incandescent sur le terrain, face à un homme profondément fragile, timide, mais projeté malgré lui au centre de l’attention médiatique. Le scénario insiste moins sur l’exploit sportif que sur l’équilibre précaire entre talent, passion du jeu et autodestruction. Best apparaît constamment tiraillé entre discipline et tentations, porté par son génie mais jamais réellement protégé de lui-même. Cette approche donne au récit une portée universelle : au-delà du football, c’est le portrait d’un individu dépassé par ce que son talent provoque autour de lui. Graphiquement, la mise en scène privilégie l’énergie, le mouvement et l’émotion plutôt que le réalisme strict. Le dessin accompagne efficacement le propos, tout comme le contexte social : une Angleterre encore très conservatrice, mais en pleine mutation culturelle. L’album raconte ainsi autant une vie qu’une époque, et aborde avec sobriété des thèmes sociaux qui dépassent largement le cadre sportif.