Il y a au moins trois raisons pour lesquelles j’ai fait l’acquisition de cette BD. La première, qui est aussi la principale, c’est bien évidemment son dessin. La deuxième, c’est son thème qui me semblait tourner autour de la spiritualité, avec une petite patine à la sauce conte poétique. Le fait que les héros soient des vieux (une vieille en l’occurrence) ne m’a absolument pas gêné, ainsi que j’ai pu le lire ici ou là. La troisième raison, c’est l’éditeur, dont j’apprécie généralement le travail.
Pour ce qui est du dessin, splendide, ce dernier remplit complètement son rôle. Le trait est sûr, souligné par une colorisation du meilleur effet qui a l’avantage de mettre l'accent sur sa finesse sans le noyer sous des tonnes de nuances. Je ne connaissais pas Florent Desanthèmes, mais en voilà un qui va figurer en bonne position dans ma petite liste des auteurs à suivre.
Je n’ai rien à redire concernant l’édition. C’est une fois encore un travail soigné. Nul besoin de développer.
C’est le scénario qui peine à convaincre. Si le texte a le bon gout de ne pas se montrer omniprésent, laissant ainsi la part belle au dessin, il faut reconnaitre que la lecture manque de constance, et que le pauvre lecteur, lui, manque quand même de grain à moudre. Par exemple, on ne saisit pas forcément que la vieille Présentine tente de retrouver l’impact de la météorite. D’ailleurs, on ne comprend pas davantage que cette météorite a quelque chose à voir dans son escapade… Escapade qui ne dure pas suffisamment longtemps pour être crédible. En effet, elle se met soudain en route avec son frère (avec lequel elle semble un peu en froid mais qui déboule d’on ne sait trop où), occasion de montrer de belles pages certes, mais revient presque aussi sec sans qu’on sache trop ce qu’elle est partie faire (ou alors j’ai dormi). Très étrange !
J’aime beaucoup le contexte, l’univers… Mais l’ensemble me parait bien trop léger, si bien que je ne garde rien de ma lecture. J’ai eu le sentiment que le scénario n’était pas fini, en tout cas pas très clair ni pour le dessinateur, ni pour le scénariste lui-même qui n’a pas su trop quoi faire de ses personnages. Quant à trouver une fin qui se tienne…
Bref ! Avec une telle histoire, il y avait moyen de faire un truc chouette. Vues les thématiques abordées (la question de la transmission entre les générations, la croyance, les rituels, le poids familial mais également sociétal…), il y avait des chevaux sous le capot. Mais Charre a lancé les percherons…
Cadre original pour cette histoire qui suit un contingent fraîchement débarqué sur les côtes du Groenland à la fin du XVe siècle afin d'y installer un évêque, fonction vacante depuis près d'un siècle au sein d'une petite communauté de descendants de Vikings survivant tant bien que mal. Parmi les accompagnateurs se trouve un chevalier anglais : bossu et boiteux, c'est un combattant aguerri au passé trouble qui se loue désormais comme mercenaire. Déçu par cette terre désolée, il pense d'abord la quitter au plus vite avant de comprendre qu'il peut y assouvir ses ambitions de pouvoir. S'engagent alors des luttes d'influence entre les anciennes autorités locales, l'évêque et ce chevalier, qui se révèle aussi fourbe que manipulateur, se trompant autant lui-même que ceux qui l'entourent.
Je ne connais pas la pièce Richard III de Shakespeare, et ce n'est qu'à la fin, lorsque les dialogues deviennent de plus en plus lyriques et que la dramaturgie shakespearienne s'impose, que j'ai fait le rapprochement avec le style de l'auteur. Je ne savais donc pas à quoi m'attendre avec ce Richard, que j'ai trouvé intrigant du début à la fin. À la fois rusé et animé d'une folie insidieuse, parfois ouvertement manipulateur, parfois semblant sincère, il apparaît lui-même en proie à ses passions, tiraillé entre plusieurs élans, même si son destin reste inéluctable. Alors qu'on croit pouvoir s'y attacher, il se révèle souvent détestable. C'est un personnage solide et captivant, même si ses motivations pour s'emparer du pouvoir sur une communauté misérable dans une contrée aussi froide et sans avenir restent difficiles à partager. Le dessin le suggère d'ailleurs très tôt, et on s'étonne de l'éventail de ses réactions silencieuses face aux côtes du Groenland.
Le graphisme peut paraître morne par moments, comme les décors gris et arides de ces terres froides, mais il révèle fréquemment une vraie maîtrise, notamment dans les scènes de bataille entre chevaliers anglais. Il ne m'a pas transporté comme celui d'autres collaborateurs d'Alain Ayroles, mais il reste efficace, toujours au service de l'ambiance du récit, mélange de tragique et d'espoirs vite déçus.
Je n'ai pas été pleinement emporté, en partie à cause d'un personnage principal trop souvent antipathique et d'ambitions vouées à l'échec, mais j'ai suivi l'histoire avec intérêt et l'envie constante de découvrir où les auteurs allaient nous mener. Et même si je n'y ai pas été particulièrement sensible, j'ai apprécié l'ampleur dramatique et l'esprit shakespearien de l'ensemble.
Le résumé du scénario m'a attiré parce que j'aime bien les thrillers qui se passe dans le monde politique, surtout lorsque cela se passe lors d'une période historique intéressant comme c'est le cas ici avec la guerre d'Algérie.
Dés le début je savais pourtant que j'aurais quelques difficulté à apprécier cette série. En effet, je n'aime pas du tout le dessin qui fait partie des styles réalistes que je trouve moche et qui ne me donne pas une envie folle de lire une BD. Oui, c'est un peu méchant de traiter le travail du dessinateur comme ça, mais je n'aime juste pas son trait. Au moins, c'est lisible et j'ai déjà su apprécier des bandes dessinées dont je n'aimais pas trop le dessin. Sauf que c'est le scénario qui était parfois illisible.
Il y a beaucoup de personnages avec des motivations parfois complexes alors c'es un peu dur de s'y retrouver. Il y a aussi beaucoup de morts et dès la fin du premier tome je ne ressentais rien de voir quelqu'un mourir vu que c'était rendu banal. De toute façon aucun personnage n'est attachant, particulièrement le personnage principal qui est la caricature de l'agent qui semble capable de tout faire. Son intrigue romantique où il pourchasse se qui pourrait être sa femme idéal m'a semblé cliché. Bref, rien dans le scénario ne m'a intéressé.
Une série vraiment oubliable.
Deux accroches : l'idée que Jolly Jumper ne répond plus et l'avatar de gro gro ! Lire son analyse… Il a raison de dire que parvenir à faire un gag sur un morceau d'herbe est un exploit. Sinon, même si je n'aime pas tant le dessin que ça, je vais noter large parce que je trouve les gags excellents, par exemple celui où Lucky Luke a une ombre passant bien plus lentement la porte que lui, à l'impatience de son hôte ! Bref, à lire si on veut sourire ! A mon avis, cela vaut bien l'album sur la "guérison" des Dalton avec lequel l'aventure noue des correspondances. Et on retrouve des personnages emblématiques dans un rôle un peu différent. Bref, une bonne surprise.
Sous couvert d'une BD d'humour, c'est en réalité une BD très instructive que nous avons là. Elle dénonce et corrige des idées reçues dont je réalise que je croyais pas mal d'entre elles (sans qu'elles soient particulièrement importantes, toutefois). C'est amusant de découvrir qu'il existe tant de lieux communs auxquels on croit sans y réfléchir, alors qu'en fait ils sont totalement faux ou déformés.
Les auteurs les mettent en scène sous la forme d'une page par idée (sauf une qui en combine deux différentes), avec chaque fois une petite saynète durant laquelle l'un des protagonistes explique à l'autre son erreur et les origines de ces idées reçues. La mise en scène est légère et cherche surtout à faire sourire, sans viser le gag à tout prix (même si certaines cases m'ont fait rire). Le dessin, lui, est frais et dynamique, avec un trait enlevé qui rappelle un peu le style atome et les comic strips. Le rythme narratif est bon, condensant bien l'information sans assommer le lecteur. Il est possible que lire l'album d'une traite fatigue un peu car cela fait beaucoup à assimiler, mais ça ne m'a pas trop gêné et, au pire, c'est très bien à lire par petites doses.
J'ai beaucoup aimé apprendre ainsi de mes erreurs et ça donne envie d'informer ses proches sur ces idées reçues.
Un premier tome qui fait bien plus que planter le décor, le XIIe siècle au Proche-Orient, au temps des croisades.
La Chevalerie estoye :
- moult belles paroles
- un brin de bravousre
- et à la fin tu mourroye.
du Guesclin
Séraphine, une femme de caractère, est forgeronne, elle prend la direction de Jérusalem pour recruter des mercenaires afin de protéger son village des croisés. Elle va en recruter sept, évidemment la référence aux Sept Samouraï d'Akira Kurosawa saute aux yeux, ils sont de cultures et d'horizons différents et c'est cette diversité qui apporte du piment au récit. Ce casting aux petits oignons m'a plongé dans une aventure épique et comique tout en mettant un taquet aux religions (elles sont à l'origine de nombreuses atrocités), et particulièrement au catholicisme, extrait : "... le croisé est content de mourir. Que ce soit au combat ou en ayant la chtouille, il aura gagné sa place au paradis. Et tout lui sera pardonné. Absolument tout.".
L'intrigue suit le déroulé du film dont il s'inspire, pas de véritables surprises donc. Séraphine et nos sept mercenaires sont attachants et bien plus complexes qu'on pourrait le croire au premier abord. Un petit zoom sur Galcerand, une sorte de clone de Don Quichotte.
Un récit chevaleresque et captivant qui retranscrit cette période historique sur un ton décalé avec cette ambiance burlesque et sanglante. Le rythme est maîtrisé, équilibré et accompagné de dialogues qui font mouche.
Cet album est une ode à la fraternité et à la diversité.
Un plaisir de lecture qui est accentué par ce visuel stylisé hyper dynamique et rehaussé par un choix judicieux des aplats de couleurs. L'ambiance ainsi créée est en symbiose avec le ton décalé du récit. Une mention spéciale pour la variété des designs des personnages.
Et pour enfoncer le clou, la mise en page et les cadrages spectaculaires en mettent plein la vue.
Superbe !
Bravo monsieur Arthur De Pins.
Vivement le second et dernier tome.
Coup de cœur.
Comme cette BD se présentait comme une réponse premier degré à la série idiote qu'étaient Les Blondes, comme une sorte de revanche prise par l'une de ces blondes contre les blagues de cour de récré, et qu'elle était scénarisée par une célébrité du showbiz plutôt que par une véritable autrice de BD, je m'attendais au pire. Au final, c'est moins mauvais que prévu, mais je n'ai pas ri une seule fois.
Les gags mettent en scène un trio de blondes séduisantes : l'héroïne, avatar de l'autrice, accompagnée d'une amie gentiment naïve et d'une autre plus intello. Leur but, à chaque page, est de se venger de machos stupides ou de brunes méprisantes. Parfois l'origine de cette vengeance apparaît dans le gag, parfois c'est juste de l'acharnement sur des cibles désignées sans vraie justification.
Le dessin n'est pas mauvais. On est dans le style humoristique franco-belge de grande distribution, mais le trait est maîtrisé et la mise en scène correcte. En revanche, les décors minimalistes et trop géométriques trahissent un manque d'effort ou peut-être de motivation.
Le message de fond est louable, rappeler que les blondes ne se résument pas à des clichés et remettre en place des machos déplaisants. Mais l'humour ne fonctionne jamais : c'est forcé, mal rythmé, et les chutes ne provoquent aucun sourire. La répétition des mêmes mécanismes finit d'ailleurs par donner l'impression que ces blondes se livrent parfois à une vengeance gratuite, ce qui les rend moins attachantes que prévu.
Difficile d'aller au bout tant l'ensemble est plat et ennuyeux.
Oui, c'est pô môl.
C'est finalement vite lu malgré l'épaisseur du bidule, et oublié tout aussi rapidement. Graphiquement c'est assez chouette. Je me souviens qu'à l'époque (on ne parlait pas encore de "roman graphique", en tout cas pas aussi couramment), ça m'avait titillé l'iris. Mais que l'iris, rien d'autre
C'est une des rares BD que j'ai relu, en dehors des séries que je lisais étant gamin (Astérix, Tintin, Thorgal...), et à ma seconde lecture, j'ai trouvé ça un peu niais, sinon très adolescent. Et sans véritable contenu.
Ca reste une bonne adaptation, même si je m'attendais à plus horrifique de la part du maitre de l'horreur.
Je ne veux pas faire le gars qui crache dans la soupe, mais c'est vrai qu'en plus d'être un peu littéral, ça aurait pu être plus cauchemardesque aux vues de l'imaginaire de l'auteur. Dans d'autres titres que je n'ai fait que survoler, je suis tombé sur des images frappantes et immondes. Ce n'est pas le cas ici.
Sans bouder mon plaisir, j'avoue ne pas avoir été ni surpris, ni chatouillé par une image évocatrice qui aurait pu ranimé un truc enfoui dans mon inconscient...
Des magouilles et coups tordus de la seconde guerre mondiale ressurgissent quelques années après la libération, et certains secrets menacent la carrière d’un influent homme politique. Voilà dans les grandes lignes ce que j’ai saisi de cette histoire.
Car, il faut bien le dire, c’est d’un fouillis. Surtout le premier tome, qui m’a complètement perdu. Et les très nombreux flash-backs n’arrangent rien. Ces aller-retours incessants (et parfois brutaux) nuisent à l’intelligibilité, mais aussi à la fluidité de la lecture. Et, même avec un deuxième tome un chouia moins bordélique, beaucoup trop de choses restent en suspens. Et comme en plus le tome conclusif ne sortira jamais, voilà une série qui définitivement sera oubliée sans trop de regrets.
A vouloir multiplier les pistes et les personnages, tout en cherchant à ménager jusqu’au bout les différents suspens, Moënard m’a fait sortir de cette lecture avec le sentiment d’avoir cherché à compléter un puzzle auquel trop de pièces manquent.
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Le secret de Présentine Ramondore
Il y a au moins trois raisons pour lesquelles j’ai fait l’acquisition de cette BD. La première, qui est aussi la principale, c’est bien évidemment son dessin. La deuxième, c’est son thème qui me semblait tourner autour de la spiritualité, avec une petite patine à la sauce conte poétique. Le fait que les héros soient des vieux (une vieille en l’occurrence) ne m’a absolument pas gêné, ainsi que j’ai pu le lire ici ou là. La troisième raison, c’est l’éditeur, dont j’apprécie généralement le travail. Pour ce qui est du dessin, splendide, ce dernier remplit complètement son rôle. Le trait est sûr, souligné par une colorisation du meilleur effet qui a l’avantage de mettre l'accent sur sa finesse sans le noyer sous des tonnes de nuances. Je ne connaissais pas Florent Desanthèmes, mais en voilà un qui va figurer en bonne position dans ma petite liste des auteurs à suivre. Je n’ai rien à redire concernant l’édition. C’est une fois encore un travail soigné. Nul besoin de développer. C’est le scénario qui peine à convaincre. Si le texte a le bon gout de ne pas se montrer omniprésent, laissant ainsi la part belle au dessin, il faut reconnaitre que la lecture manque de constance, et que le pauvre lecteur, lui, manque quand même de grain à moudre. Par exemple, on ne saisit pas forcément que la vieille Présentine tente de retrouver l’impact de la météorite. D’ailleurs, on ne comprend pas davantage que cette météorite a quelque chose à voir dans son escapade… Escapade qui ne dure pas suffisamment longtemps pour être crédible. En effet, elle se met soudain en route avec son frère (avec lequel elle semble un peu en froid mais qui déboule d’on ne sait trop où), occasion de montrer de belles pages certes, mais revient presque aussi sec sans qu’on sache trop ce qu’elle est partie faire (ou alors j’ai dormi). Très étrange ! J’aime beaucoup le contexte, l’univers… Mais l’ensemble me parait bien trop léger, si bien que je ne garde rien de ma lecture. J’ai eu le sentiment que le scénario n’était pas fini, en tout cas pas très clair ni pour le dessinateur, ni pour le scénariste lui-même qui n’a pas su trop quoi faire de ses personnages. Quant à trouver une fin qui se tienne… Bref ! Avec une telle histoire, il y avait moyen de faire un truc chouette. Vues les thématiques abordées (la question de la transmission entre les générations, la croyance, les rituels, le poids familial mais également sociétal…), il y avait des chevaux sous le capot. Mais Charre a lancé les percherons…
La Terre verte
Cadre original pour cette histoire qui suit un contingent fraîchement débarqué sur les côtes du Groenland à la fin du XVe siècle afin d'y installer un évêque, fonction vacante depuis près d'un siècle au sein d'une petite communauté de descendants de Vikings survivant tant bien que mal. Parmi les accompagnateurs se trouve un chevalier anglais : bossu et boiteux, c'est un combattant aguerri au passé trouble qui se loue désormais comme mercenaire. Déçu par cette terre désolée, il pense d'abord la quitter au plus vite avant de comprendre qu'il peut y assouvir ses ambitions de pouvoir. S'engagent alors des luttes d'influence entre les anciennes autorités locales, l'évêque et ce chevalier, qui se révèle aussi fourbe que manipulateur, se trompant autant lui-même que ceux qui l'entourent. Je ne connais pas la pièce Richard III de Shakespeare, et ce n'est qu'à la fin, lorsque les dialogues deviennent de plus en plus lyriques et que la dramaturgie shakespearienne s'impose, que j'ai fait le rapprochement avec le style de l'auteur. Je ne savais donc pas à quoi m'attendre avec ce Richard, que j'ai trouvé intrigant du début à la fin. À la fois rusé et animé d'une folie insidieuse, parfois ouvertement manipulateur, parfois semblant sincère, il apparaît lui-même en proie à ses passions, tiraillé entre plusieurs élans, même si son destin reste inéluctable. Alors qu'on croit pouvoir s'y attacher, il se révèle souvent détestable. C'est un personnage solide et captivant, même si ses motivations pour s'emparer du pouvoir sur une communauté misérable dans une contrée aussi froide et sans avenir restent difficiles à partager. Le dessin le suggère d'ailleurs très tôt, et on s'étonne de l'éventail de ses réactions silencieuses face aux côtes du Groenland. Le graphisme peut paraître morne par moments, comme les décors gris et arides de ces terres froides, mais il révèle fréquemment une vraie maîtrise, notamment dans les scènes de bataille entre chevaliers anglais. Il ne m'a pas transporté comme celui d'autres collaborateurs d'Alain Ayroles, mais il reste efficace, toujours au service de l'ambiance du récit, mélange de tragique et d'espoirs vite déçus. Je n'ai pas été pleinement emporté, en partie à cause d'un personnage principal trop souvent antipathique et d'ambitions vouées à l'échec, mais j'ai suivi l'histoire avec intérêt et l'envie constante de découvrir où les auteurs allaient nous mener. Et même si je n'y ai pas été particulièrement sensible, j'ai apprécié l'ampleur dramatique et l'esprit shakespearien de l'ensemble.
Du côté de l'enfer
Le résumé du scénario m'a attiré parce que j'aime bien les thrillers qui se passe dans le monde politique, surtout lorsque cela se passe lors d'une période historique intéressant comme c'est le cas ici avec la guerre d'Algérie. Dés le début je savais pourtant que j'aurais quelques difficulté à apprécier cette série. En effet, je n'aime pas du tout le dessin qui fait partie des styles réalistes que je trouve moche et qui ne me donne pas une envie folle de lire une BD. Oui, c'est un peu méchant de traiter le travail du dessinateur comme ça, mais je n'aime juste pas son trait. Au moins, c'est lisible et j'ai déjà su apprécier des bandes dessinées dont je n'aimais pas trop le dessin. Sauf que c'est le scénario qui était parfois illisible. Il y a beaucoup de personnages avec des motivations parfois complexes alors c'es un peu dur de s'y retrouver. Il y a aussi beaucoup de morts et dès la fin du premier tome je ne ressentais rien de voir quelqu'un mourir vu que c'était rendu banal. De toute façon aucun personnage n'est attachant, particulièrement le personnage principal qui est la caricature de l'agent qui semble capable de tout faire. Son intrigue romantique où il pourchasse se qui pourrait être sa femme idéal m'a semblé cliché. Bref, rien dans le scénario ne m'a intéressé. Une série vraiment oubliable.
Lucky Luke - Jolly Jumper ne répond plus
Deux accroches : l'idée que Jolly Jumper ne répond plus et l'avatar de gro gro ! Lire son analyse… Il a raison de dire que parvenir à faire un gag sur un morceau d'herbe est un exploit. Sinon, même si je n'aime pas tant le dessin que ça, je vais noter large parce que je trouve les gags excellents, par exemple celui où Lucky Luke a une ombre passant bien plus lentement la porte que lui, à l'impatience de son hôte ! Bref, à lire si on veut sourire ! A mon avis, cela vaut bien l'album sur la "guérison" des Dalton avec lequel l'aventure noue des correspondances. Et on retrouve des personnages emblématiques dans un rôle un peu différent. Bref, une bonne surprise.
Idées reçues et corrigées !
Sous couvert d'une BD d'humour, c'est en réalité une BD très instructive que nous avons là. Elle dénonce et corrige des idées reçues dont je réalise que je croyais pas mal d'entre elles (sans qu'elles soient particulièrement importantes, toutefois). C'est amusant de découvrir qu'il existe tant de lieux communs auxquels on croit sans y réfléchir, alors qu'en fait ils sont totalement faux ou déformés. Les auteurs les mettent en scène sous la forme d'une page par idée (sauf une qui en combine deux différentes), avec chaque fois une petite saynète durant laquelle l'un des protagonistes explique à l'autre son erreur et les origines de ces idées reçues. La mise en scène est légère et cherche surtout à faire sourire, sans viser le gag à tout prix (même si certaines cases m'ont fait rire). Le dessin, lui, est frais et dynamique, avec un trait enlevé qui rappelle un peu le style atome et les comic strips. Le rythme narratif est bon, condensant bien l'information sans assommer le lecteur. Il est possible que lire l'album d'une traite fatigue un peu car cela fait beaucoup à assimiler, mais ça ne m'a pas trop gêné et, au pire, c'est très bien à lire par petites doses. J'ai beaucoup aimé apprendre ainsi de mes erreurs et ça donne envie d'informer ses proches sur ces idées reçues.
Knight club
Un premier tome qui fait bien plus que planter le décor, le XIIe siècle au Proche-Orient, au temps des croisades. La Chevalerie estoye : - moult belles paroles - un brin de bravousre - et à la fin tu mourroye. du Guesclin Séraphine, une femme de caractère, est forgeronne, elle prend la direction de Jérusalem pour recruter des mercenaires afin de protéger son village des croisés. Elle va en recruter sept, évidemment la référence aux Sept Samouraï d'Akira Kurosawa saute aux yeux, ils sont de cultures et d'horizons différents et c'est cette diversité qui apporte du piment au récit. Ce casting aux petits oignons m'a plongé dans une aventure épique et comique tout en mettant un taquet aux religions (elles sont à l'origine de nombreuses atrocités), et particulièrement au catholicisme, extrait : "... le croisé est content de mourir. Que ce soit au combat ou en ayant la chtouille, il aura gagné sa place au paradis. Et tout lui sera pardonné. Absolument tout.". L'intrigue suit le déroulé du film dont il s'inspire, pas de véritables surprises donc. Séraphine et nos sept mercenaires sont attachants et bien plus complexes qu'on pourrait le croire au premier abord. Un petit zoom sur Galcerand, une sorte de clone de Don Quichotte. Un récit chevaleresque et captivant qui retranscrit cette période historique sur un ton décalé avec cette ambiance burlesque et sanglante. Le rythme est maîtrisé, équilibré et accompagné de dialogues qui font mouche. Cet album est une ode à la fraternité et à la diversité. Un plaisir de lecture qui est accentué par ce visuel stylisé hyper dynamique et rehaussé par un choix judicieux des aplats de couleurs. L'ambiance ainsi créée est en symbiose avec le ton décalé du récit. Une mention spéciale pour la variété des designs des personnages. Et pour enfoncer le clou, la mise en page et les cadrages spectaculaires en mettent plein la vue. Superbe ! Bravo monsieur Arthur De Pins. Vivement le second et dernier tome. Coup de cœur.
La Revanche des blondes
Comme cette BD se présentait comme une réponse premier degré à la série idiote qu'étaient Les Blondes, comme une sorte de revanche prise par l'une de ces blondes contre les blagues de cour de récré, et qu'elle était scénarisée par une célébrité du showbiz plutôt que par une véritable autrice de BD, je m'attendais au pire. Au final, c'est moins mauvais que prévu, mais je n'ai pas ri une seule fois. Les gags mettent en scène un trio de blondes séduisantes : l'héroïne, avatar de l'autrice, accompagnée d'une amie gentiment naïve et d'une autre plus intello. Leur but, à chaque page, est de se venger de machos stupides ou de brunes méprisantes. Parfois l'origine de cette vengeance apparaît dans le gag, parfois c'est juste de l'acharnement sur des cibles désignées sans vraie justification. Le dessin n'est pas mauvais. On est dans le style humoristique franco-belge de grande distribution, mais le trait est maîtrisé et la mise en scène correcte. En revanche, les décors minimalistes et trop géométriques trahissent un manque d'effort ou peut-être de motivation. Le message de fond est louable, rappeler que les blondes ne se résument pas à des clichés et remettre en place des machos déplaisants. Mais l'humour ne fonctionne jamais : c'est forcé, mal rythmé, et les chutes ne provoquent aucun sourire. La répétition des mêmes mécanismes finit d'ailleurs par donner l'impression que ces blondes se livrent parfois à une vengeance gratuite, ce qui les rend moins attachantes que prévu. Difficile d'aller au bout tant l'ensemble est plat et ennuyeux.
Blankets - Manteau de neige
Oui, c'est pô môl. C'est finalement vite lu malgré l'épaisseur du bidule, et oublié tout aussi rapidement. Graphiquement c'est assez chouette. Je me souviens qu'à l'époque (on ne parlait pas encore de "roman graphique", en tout cas pas aussi couramment), ça m'avait titillé l'iris. Mais que l'iris, rien d'autre C'est une des rares BD que j'ai relu, en dehors des séries que je lisais étant gamin (Astérix, Tintin, Thorgal...), et à ma seconde lecture, j'ai trouvé ça un peu niais, sinon très adolescent. Et sans véritable contenu.
Frankenstein (Junji Ito)
Ca reste une bonne adaptation, même si je m'attendais à plus horrifique de la part du maitre de l'horreur. Je ne veux pas faire le gars qui crache dans la soupe, mais c'est vrai qu'en plus d'être un peu littéral, ça aurait pu être plus cauchemardesque aux vues de l'imaginaire de l'auteur. Dans d'autres titres que je n'ai fait que survoler, je suis tombé sur des images frappantes et immondes. Ce n'est pas le cas ici. Sans bouder mon plaisir, j'avoue ne pas avoir été ni surpris, ni chatouillé par une image évocatrice qui aurait pu ranimé un truc enfoui dans mon inconscient...
Bleu Blanc Sang
Des magouilles et coups tordus de la seconde guerre mondiale ressurgissent quelques années après la libération, et certains secrets menacent la carrière d’un influent homme politique. Voilà dans les grandes lignes ce que j’ai saisi de cette histoire. Car, il faut bien le dire, c’est d’un fouillis. Surtout le premier tome, qui m’a complètement perdu. Et les très nombreux flash-backs n’arrangent rien. Ces aller-retours incessants (et parfois brutaux) nuisent à l’intelligibilité, mais aussi à la fluidité de la lecture. Et, même avec un deuxième tome un chouia moins bordélique, beaucoup trop de choses restent en suspens. Et comme en plus le tome conclusif ne sortira jamais, voilà une série qui définitivement sera oubliée sans trop de regrets. A vouloir multiplier les pistes et les personnages, tout en cherchant à ménager jusqu’au bout les différents suspens, Moënard m’a fait sortir de cette lecture avec le sentiment d’avoir cherché à compléter un puzzle auquel trop de pièces manquent.