Quand je feuilletais les albums de Jim en supermarché il y a plus de vingt ans, je ne m'étais pas rendu compte à quel point il se livrait déjà sur son mode de vie et ses relations sociales, comme il le fera par la suite dans ses albums moins humoristiques. Il semble que la norme pour lui à cette époque était d'être un trentenaire urbain surtout pas casé, avec énormément d'amis plus ou moins proches pour faire la fête, s'entraider et rester jeune à tout jamais. Tous les gags et saynètes de cet album vont dans cette optique, avec des personnages récurrents et l'avatar de Jim ou de Fredman au milieu.
Je n'avais déjà pas d'affinités avec lui pour tout ce qui était vision des relations sentimentales, je n'en ai donc pas non plus concernant les relations amicales, moi dont les vrais amis se comptent sur les doigts de la main, casés, sages et parents depuis longtemps, et n'en ayant pas changé depuis plus de 25 ans. Autant dire que cette BD ne m'a pas parlé.
Le bon point reste le dessin de Fredman, toujours aussi souple et efficace. Mais à côté de ça, les gags manquent de relief, les personnages sont caricaturaux et assez pénibles, les situations tournent court, et l'ensemble rappelle davantage ces petites blagues qu'on oublie aussitôt qu'on les a entendues. Le thème de l'amitié aurait pu offrir bien plus de mordant, mais le livre reste prévisible et rarement drôle. Le dessin, correct sans être marquant, ne suffit pas à rattraper un humour poussif qui rend la lecture étonnamment longue.
Au final, un album dispensable, loin des quelques réussites du duo, et que je ne conseillerais pas à l'achat.
Les 7 mercenaires au temps des Croisades !
À la fin du XIIe siècle, une jeune forgeronne se rend à Jérusalem pour recruter des chevaliers capables de défendre son village contre des croisés sans scrupules. Sa seule monnaie d'échange : des armures d'une qualité exceptionnelle qu'elle est la seule à savoir forger. En chemin, elle réunit une équipe hétéroclite de combattants venus d'horizons très divers, qui acceptent de la suivre et de se battre à ses côtés.
Voilà une publication des plus réjouissantes. Certes, le schéma des 7 mercenaires a été exploité maintes fois, mais le transposer dans le royaume de Jérusalem, véritable carrefour où se côtoyaient Européens, Africains, Nizârites, Mongols ou Tatars, offre un terrain culturel riche et propice à un récit haut en couleurs. Et confié à Arthur de Pins, le concept fonctionne d'autant mieux.
Son graphisme fait toujours mouche. Il s'éloigne ici un peu de l'esthétique très numérique de Zombillénium : pas de dégradés, et la 3D n'apparaît que dans certains décors, tandis que les personnages et l'essentiel des planches adoptent un rendu en aplats, plus sobre visuellement mais tout aussi efficace. L'auteur s'autorise en prime plusieurs compositions d'une grande élégance, proches d'illustrations d'artistes conceptuels.
La narration, elle aussi, apporte une vraie fraîcheur. Malgré un cadre historique soigné et quasiment dépourvu d'anachronismes, les dialogues adoptent une vivacité très contemporaine, presque cinématographique. Le rythme est excellent, soutenu par une galerie de personnages réussie, par la personnalité forte de la forgeronne qui les rassemble et par un zeste d'humour bienvenu dans la mise en scène. L'intrigue principale reste simple et rappelle les exactions commises par certains croisés en Terre sainte, mais elle s'enrichit de sous-intrigues bien dosées qui maintiennent l'intérêt et donnent envie d'avancer.
C'est une BD très aboutie et particulièrement plaisante.
Après avoir parcouru la version couleur, j'ai tout de suite opté pour l'édition noir et blanc de l'album tant j'ai trouvé que les couleurs figeaient les personnages et ne collaient pas à ce western.
Et, je pense avoir bien fait. Dans cette version n&b, le dessin de Henriet (auteur que je découvre ici) est magnifique.
Mais j'avoue avoir acheté cet album sur le seul nom de Pierre Dubois, dont les deux autres western Sykes et Texas Jack, publiés aussi chez le Lombard (collection Signé) m'avaient enchanté. Il faut dire que Pierre Dubois, que je croisais régulièrement lorsque j'étais étudiant à Rennes, prend son temps pour installer son intrigue et ses personnages : 144 pages de poursuites, de fusillades, de trahisons aussi, bref du bon western.
Les personnages sont bien campés, et on retrouve ce qui fait le sel des bons westerns : du propriétaire terrien véreux, au jeune cow boy fougueux, au colporteur (Scurly, personnage attachant) en passant par la jeune fille ingénue ou beaucoup moins farouche. Même les indiens ne sont pas oubliés!
j'ai pris beaucoup de plaisir à lire cette bande dessinée, et les amateurs de western devraient se tourner vers cet album, qui mérite que l'on s'y attarde.
Une biographie pas mal sur une figure du black power à savoir Angela Davis.
On évite la biographie BD qui résume la vie d'un personnage historique en seulement 44 pages. Non seulement l'album est plus long que 44 pages, mais on se focalise surtout sur une partie de la vie de Davis qui a été importante pour elle: sa traque par les autorités et le procès qui s'en est suivit. Le récit est divisé en chapitres qui sont eux mêmes divisé en deux sujets: ce qui arrive à Angela Davis lorsqu'elle doit se cacher et des moments de sa vie qui montrent comment elle est devenue une militante des droits civiques.
Si on connait un peu l'histoire politique des États-Unis, on n'est pas surpris de voir des représentants de l'ordre établis comme Edgar Hoover tout faire pour mettre une femme noir communiste en prison, c'est plus facile que de régler les inégalités de la société. Le récit est agréable à lire et c'est un bon résumé de la vie d'une militante marquante du black power. L'album souffre un peu du fait que j'ai déjà lu des bandes dessinées qui traitaient plus en profondeur le mouvement des droits civiques et/ou du Black Panther donc j'ai pas eu l'impression d'apprendre grand chose, mais cela reste une bonne BD.
Un album qui m'a grandement déçu. Déjà, vu la collection dont elle est tirée ,je pense que cette BD était un polar et ce n'est pas le cas. C'est une bande dessinée d'aventure qui se passe durant la révolution mexicaine.
Ce n'est pas une idée mauvaise à la base et le dessin est pas mal, mais je n'ai pas été captivé par le scénario. Je le trouve trop linéaire et banale, c'est une suite de scènes qui montrent ce qui se passait durant cette guerre civile et après un moment cela finit par tourner un peu en ronds. Ajoutons que l'évolution des personnages est prévisibles pour n'importe qui ayant lu une œuvre de fiction qui se passe durant une révolutionne ou qui connait bien l'histoire en générale. Il y a quelques bonnes scènes, mais la plupart du temps je me suis ennuyé.
Une intéressante BD historique qui ouvre l'imagination pour tenter d'appréhender (à défaut de comprendre) la période Elizabethaine (la première). Une période charnière au 16è siècle, alors que l'anglicanisme s'installe comme religion d’État, l'affrontement avec la France et l'Espagne devient monnaie courante avec de grandes batailles et le monde change de visage. Une période complexe, donc, que l'auteur essaye de retranscrire avec ces deux femmes qui sont opposées en tout et connaitrons deux trajectoires de vie bien distinctes.
Les deux tomes sont construits sur les mêmes principes, avec l'idée de présenter les destins croisés de ces deux reines. Ce qui, effectivement, faisait peu pour une seule île. De façon amusante, le récit est raconté par divers protagonistes de l'affaire, au fur et à mesure que ceux-ci intègrent la vie des reines, tout en donnant son avis sur la situation. Très vite les deux reines sont très caractérisées : la vierge inflexible et la putain raillée. Les deux archétypes données au femme, trop souvent ...
Juncker développe un récit au contexte historique touffu et qui met bien en lumière la complexité du pouvoir de cette époque. Le rapport entre chacun, entre royaume, la force de chaque individu dans chaque royaume, mais aussi le poids des lois qui sont parfois bien plus lourdes qu'on imagine. Ce n'est pas parce que c'est une reine qu'elle a les pleins pouvoirs !
Cela dit, je suis très élogieux mais ma note n'est que de 3*, et ce pour deux raisons. Déjà le dessin parfois trop petit et détaillé, notamment dans les visages, donnant des cases étroites, parfois trop chargées, qui sont un peu dure à lire. Le format de la BD en lui-même, pas de grande taille, n'aide pas toujours à cette clarté de lecture. D'autre part, les nombreux protagonistes ne sont pas toujours très clair. Il faut parfois plusieurs cases pour comprendre qui parle et dans quel contexte, puis tenter de replacer la personne dans les jeux de pouvoir. Ce n'est pas le plus clair, et c'est dommage au vu de la richesse du diptyque.
J'ajouterai qu'il y a une étrange pagination, commençant par 100 pour finir à 0 avec Elizabeth, tandis que c'est le compte inverse pour Marie Stuart. Je n'ai pas spécialement compris cette volonté marquée, mais c'est sans doute parce que je n'étais pas spécialement attentif.
Une BD pas toujours facile à lire, mais qui met bien en lumière la complexité du pouvoir royal souvent caricaturé de nos jours. Il est intéressant de voir la façon dont ces deux reines se sont côtoyés tout au long de leurs règnes respectifs, qui permet de réfléchir à la façon dont se sont passés les siècles suivants. Une belle lecture historique !
Une histoire étrange, qui m’a laissé sur ma faim.
Un auteur de BD érotique cherche l’inspiration et sa muse. Et c’est une femme croisée dans une galerie qui va l’entrainer dans une sorte de road movie durant lequel un hypothétique scénario va s’écrire, alimenté par le personnage de Lola (ou Laura, l’auteur semble fusionner réalité et fiction).
J’imagine que Varenne a glissé quelque chose d’autobiographique dans ce personnage masculin ? Mais le récit tourne un peu en rond, avec un texte en bas de case (commentaires et réflexions du personnage de l’auteur) un peu trop présent, et qui donne une touche un peu artificielle et snob parfois au récit, qui est finalement un peu creux.
Reste le dessin de Varenne, très bon, même si le trait un peu gras aurait mérité d’être affiné. Les fantasmes de Varenne et de son avatar de papier sont multiples, les scènes de sexe abondent.
Loin d’être inoubliable.
Note réelle 2,5/5.
L’histoire est simple, presque linéaire, celle d’une traque. Une femme recherchée par ses deux ex-beaux-frères, après qu’elle ait tué son mari. Une traque qui nous fait traverser ce qui reste d’espaces sauvages aux États-Unis au tout début du XXème siècle. Une traque durant laquelle elle va faire des rencontres, nouer des relations fortes et éphémères.
C’est qu’elle aussi est à la recherche d’elle-même, et elle est dure à fixer cette femme, dure à amadouer, après s’être violemment émancipée d’un quotidien déprimant.
J’ai parlé d’une intrigue assez simple – mais pas simpliste – et en plus la fin est ouverte, laisse en suspens l’avenir. Mais c’est une histoire que j’ai pris plaisir à parcourir. Peu de textes, mais une défense et exaltation de la liberté qu’on conquiert, de la possibilité de renaître, la question du pardon aussi.
Le dessin lui aussi m’a plu. Un Noir et Blanc charbonneux, nerveux, avare de détails, mais aussi très évocateur. Là aussi une simplicité qui m’a touché.
Un western crépusculaire et taiseux plutôt sympa.
Note réelle 3,5/5.
Un album qui se situe dans une petite moyenne du genre.
Les histoires sont inégales, allant de l’insignifiant à la bonne idée amusante (la chute de l’histoire du sculpteur , « Rétrospective », est bien amenée par exemple).
C’est souvent émoustillant, mais sans plus, tant les intrigues sont minces.
Le dessin de Tarlazzi est bon, agréable. Les scènes de sexe – omniprésentes – sont bien rendues. Seule la colorisation n’est pas toujours heureuse.
Une petite lecture récréative, pour amateurs avertis.
Note réelle 2,5/5.
Comment faire un résumé clair qui ne dévoile pas tout quand tout le sel de l'album vient justement du fait que l'on suit deux histoires bien distinctes et ne se reposant que sur une mauvaise compréhension et une mauvaise communication entre deux peuples ?
(Je me permet de révéler ce point parce qu'on le comprend mine de rien assez vite, ne serait-ce que par habitude de ce genre de récit).
Tout est dans le titre : il s'agit ici de Fantasy. De science-fantasy, tout d'abord, car les humain-e-s fonctionnent en une sorte de système féodal avec armures techno-magiques et la société divine a des allures de retro-SF, mais également parce que le sujet principal de ces deux histoires, de l'album en lui-même en fait, c'est bien la fantaisie, les croyances en général pour être plus précise. Alma et Yourcenar veulent toutes deux croire au fait d'avoir un but, d'avoir une destinée, un devoir ou encore un amour qui les attend, chacune d'entre elle est enfermée dans les croyances de leurs peuples qui les poussera, l'une comme l'autre, à ce jour fatidique de leur rencontre - et sur lequel je ne vais pas trop m'étendre parce que c'est littéralement le cœur de l'album.
L'album se lit dans deux sens possibles, l'un pour Alma et l'autre pour Yourcenar, les deux histoires et leurs protagonistes respectives se croisant enfin au milieu. Il me parait préférable de commencer par Alma, le cœur de son récit reposant énormément sur des parts d'ombres qui nous seront révélées chez Yourcenar. Certes, Yourcenar aussi ne comprend pas nécessairement tout ce qu'il se passe du côté d'Alma mais je trouve vraiment que l'on y perd pas mal si l'on ne lis pas les deux histoires dans cet ordre.
Le dessin de Yoann Kavege est bon. Je ne suis pas nécessairement très friande du style "space-fantasy au relents de new-age" chez les divinités mais j'avoue que l'esthétique colle bien, contraste judicieusement avec le médieval-SF des humains. Les cases sont joliment découpées, certains décors sont tout bonnement magnifiques et propices à la contemplation qu'il s'agisse des paysages naturels comme des ruines), … Bref, l'album est beau et coloré. J'aime particulièrement le fait que beaucoup de cases se font écho, se répondent d'une certaine manière, d'un récit à l'autre.
J'aurais presque envie de citer l'introduction de "Slay the Princess" et vous dire que "ceci est une histoire d'amour", rien que pour rire.
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Quand je feuilletais les albums de Jim en supermarché il y a plus de vingt ans, je ne m'étais pas rendu compte à quel point il se livrait déjà sur son mode de vie et ses relations sociales, comme il le fera par la suite dans ses albums moins humoristiques. Il semble que la norme pour lui à cette époque était d'être un trentenaire urbain surtout pas casé, avec énormément d'amis plus ou moins proches pour faire la fête, s'entraider et rester jeune à tout jamais. Tous les gags et saynètes de cet album vont dans cette optique, avec des personnages récurrents et l'avatar de Jim ou de Fredman au milieu. Je n'avais déjà pas d'affinités avec lui pour tout ce qui était vision des relations sentimentales, je n'en ai donc pas non plus concernant les relations amicales, moi dont les vrais amis se comptent sur les doigts de la main, casés, sages et parents depuis longtemps, et n'en ayant pas changé depuis plus de 25 ans. Autant dire que cette BD ne m'a pas parlé. Le bon point reste le dessin de Fredman, toujours aussi souple et efficace. Mais à côté de ça, les gags manquent de relief, les personnages sont caricaturaux et assez pénibles, les situations tournent court, et l'ensemble rappelle davantage ces petites blagues qu'on oublie aussitôt qu'on les a entendues. Le thème de l'amitié aurait pu offrir bien plus de mordant, mais le livre reste prévisible et rarement drôle. Le dessin, correct sans être marquant, ne suffit pas à rattraper un humour poussif qui rend la lecture étonnamment longue. Au final, un album dispensable, loin des quelques réussites du duo, et que je ne conseillerais pas à l'achat.
Knight club
Les 7 mercenaires au temps des Croisades ! À la fin du XIIe siècle, une jeune forgeronne se rend à Jérusalem pour recruter des chevaliers capables de défendre son village contre des croisés sans scrupules. Sa seule monnaie d'échange : des armures d'une qualité exceptionnelle qu'elle est la seule à savoir forger. En chemin, elle réunit une équipe hétéroclite de combattants venus d'horizons très divers, qui acceptent de la suivre et de se battre à ses côtés. Voilà une publication des plus réjouissantes. Certes, le schéma des 7 mercenaires a été exploité maintes fois, mais le transposer dans le royaume de Jérusalem, véritable carrefour où se côtoyaient Européens, Africains, Nizârites, Mongols ou Tatars, offre un terrain culturel riche et propice à un récit haut en couleurs. Et confié à Arthur de Pins, le concept fonctionne d'autant mieux. Son graphisme fait toujours mouche. Il s'éloigne ici un peu de l'esthétique très numérique de Zombillénium : pas de dégradés, et la 3D n'apparaît que dans certains décors, tandis que les personnages et l'essentiel des planches adoptent un rendu en aplats, plus sobre visuellement mais tout aussi efficace. L'auteur s'autorise en prime plusieurs compositions d'une grande élégance, proches d'illustrations d'artistes conceptuels. La narration, elle aussi, apporte une vraie fraîcheur. Malgré un cadre historique soigné et quasiment dépourvu d'anachronismes, les dialogues adoptent une vivacité très contemporaine, presque cinématographique. Le rythme est excellent, soutenu par une galerie de personnages réussie, par la personnalité forte de la forgeronne qui les rassemble et par un zeste d'humour bienvenu dans la mise en scène. L'intrigue principale reste simple et rappelle les exactions commises par certains croisés en Terre sainte, mais elle s'enrichit de sous-intrigues bien dosées qui maintiennent l'intérêt et donnent envie d'avancer. C'est une BD très aboutie et particulièrement plaisante.
La Vallée des oubliées
Après avoir parcouru la version couleur, j'ai tout de suite opté pour l'édition noir et blanc de l'album tant j'ai trouvé que les couleurs figeaient les personnages et ne collaient pas à ce western. Et, je pense avoir bien fait. Dans cette version n&b, le dessin de Henriet (auteur que je découvre ici) est magnifique. Mais j'avoue avoir acheté cet album sur le seul nom de Pierre Dubois, dont les deux autres western Sykes et Texas Jack, publiés aussi chez le Lombard (collection Signé) m'avaient enchanté. Il faut dire que Pierre Dubois, que je croisais régulièrement lorsque j'étais étudiant à Rennes, prend son temps pour installer son intrigue et ses personnages : 144 pages de poursuites, de fusillades, de trahisons aussi, bref du bon western. Les personnages sont bien campés, et on retrouve ce qui fait le sel des bons westerns : du propriétaire terrien véreux, au jeune cow boy fougueux, au colporteur (Scurly, personnage attachant) en passant par la jeune fille ingénue ou beaucoup moins farouche. Même les indiens ne sont pas oubliés! j'ai pris beaucoup de plaisir à lire cette bande dessinée, et les amateurs de western devraient se tourner vers cet album, qui mérite que l'on s'y attarde.
Traquée - La Cavale d'Angela Davis
Une biographie pas mal sur une figure du black power à savoir Angela Davis. On évite la biographie BD qui résume la vie d'un personnage historique en seulement 44 pages. Non seulement l'album est plus long que 44 pages, mais on se focalise surtout sur une partie de la vie de Davis qui a été importante pour elle: sa traque par les autorités et le procès qui s'en est suivit. Le récit est divisé en chapitres qui sont eux mêmes divisé en deux sujets: ce qui arrive à Angela Davis lorsqu'elle doit se cacher et des moments de sa vie qui montrent comment elle est devenue une militante des droits civiques. Si on connait un peu l'histoire politique des États-Unis, on n'est pas surpris de voir des représentants de l'ordre établis comme Edgar Hoover tout faire pour mettre une femme noir communiste en prison, c'est plus facile que de régler les inégalités de la société. Le récit est agréable à lire et c'est un bon résumé de la vie d'une militante marquante du black power. L'album souffre un peu du fait que j'ai déjà lu des bandes dessinées qui traitaient plus en profondeur le mouvement des droits civiques et/ou du Black Panther donc j'ai pas eu l'impression d'apprendre grand chose, mais cela reste une bonne BD.
Les Amis de Pancho Villa
Un album qui m'a grandement déçu. Déjà, vu la collection dont elle est tirée ,je pense que cette BD était un polar et ce n'est pas le cas. C'est une bande dessinée d'aventure qui se passe durant la révolution mexicaine. Ce n'est pas une idée mauvaise à la base et le dessin est pas mal, mais je n'ai pas été captivé par le scénario. Je le trouve trop linéaire et banale, c'est une suite de scènes qui montrent ce qui se passait durant cette guerre civile et après un moment cela finit par tourner un peu en ronds. Ajoutons que l'évolution des personnages est prévisibles pour n'importe qui ayant lu une œuvre de fiction qui se passe durant une révolutionne ou qui connait bien l'histoire en générale. Il y a quelques bonnes scènes, mais la plupart du temps je me suis ennuyé.
La Vierge et la Putain
Une intéressante BD historique qui ouvre l'imagination pour tenter d'appréhender (à défaut de comprendre) la période Elizabethaine (la première). Une période charnière au 16è siècle, alors que l'anglicanisme s'installe comme religion d’État, l'affrontement avec la France et l'Espagne devient monnaie courante avec de grandes batailles et le monde change de visage. Une période complexe, donc, que l'auteur essaye de retranscrire avec ces deux femmes qui sont opposées en tout et connaitrons deux trajectoires de vie bien distinctes. Les deux tomes sont construits sur les mêmes principes, avec l'idée de présenter les destins croisés de ces deux reines. Ce qui, effectivement, faisait peu pour une seule île. De façon amusante, le récit est raconté par divers protagonistes de l'affaire, au fur et à mesure que ceux-ci intègrent la vie des reines, tout en donnant son avis sur la situation. Très vite les deux reines sont très caractérisées : la vierge inflexible et la putain raillée. Les deux archétypes données au femme, trop souvent ... Juncker développe un récit au contexte historique touffu et qui met bien en lumière la complexité du pouvoir de cette époque. Le rapport entre chacun, entre royaume, la force de chaque individu dans chaque royaume, mais aussi le poids des lois qui sont parfois bien plus lourdes qu'on imagine. Ce n'est pas parce que c'est une reine qu'elle a les pleins pouvoirs ! Cela dit, je suis très élogieux mais ma note n'est que de 3*, et ce pour deux raisons. Déjà le dessin parfois trop petit et détaillé, notamment dans les visages, donnant des cases étroites, parfois trop chargées, qui sont un peu dure à lire. Le format de la BD en lui-même, pas de grande taille, n'aide pas toujours à cette clarté de lecture. D'autre part, les nombreux protagonistes ne sont pas toujours très clair. Il faut parfois plusieurs cases pour comprendre qui parle et dans quel contexte, puis tenter de replacer la personne dans les jeux de pouvoir. Ce n'est pas le plus clair, et c'est dommage au vu de la richesse du diptyque. J'ajouterai qu'il y a une étrange pagination, commençant par 100 pour finir à 0 avec Elizabeth, tandis que c'est le compte inverse pour Marie Stuart. Je n'ai pas spécialement compris cette volonté marquée, mais c'est sans doute parce que je n'étais pas spécialement attentif. Une BD pas toujours facile à lire, mais qui met bien en lumière la complexité du pouvoir royal souvent caricaturé de nos jours. Il est intéressant de voir la façon dont ces deux reines se sont côtoyés tout au long de leurs règnes respectifs, qui permet de réfléchir à la façon dont se sont passés les siècles suivants. Une belle lecture historique !
Lola
Une histoire étrange, qui m’a laissé sur ma faim. Un auteur de BD érotique cherche l’inspiration et sa muse. Et c’est une femme croisée dans une galerie qui va l’entrainer dans une sorte de road movie durant lequel un hypothétique scénario va s’écrire, alimenté par le personnage de Lola (ou Laura, l’auteur semble fusionner réalité et fiction). J’imagine que Varenne a glissé quelque chose d’autobiographique dans ce personnage masculin ? Mais le récit tourne un peu en rond, avec un texte en bas de case (commentaires et réflexions du personnage de l’auteur) un peu trop présent, et qui donne une touche un peu artificielle et snob parfois au récit, qui est finalement un peu creux. Reste le dessin de Varenne, très bon, même si le trait un peu gras aurait mérité d’être affiné. Les fantasmes de Varenne et de son avatar de papier sont multiples, les scènes de sexe abondent. Loin d’être inoubliable. Note réelle 2,5/5.
La Veuve
L’histoire est simple, presque linéaire, celle d’une traque. Une femme recherchée par ses deux ex-beaux-frères, après qu’elle ait tué son mari. Une traque qui nous fait traverser ce qui reste d’espaces sauvages aux États-Unis au tout début du XXème siècle. Une traque durant laquelle elle va faire des rencontres, nouer des relations fortes et éphémères. C’est qu’elle aussi est à la recherche d’elle-même, et elle est dure à fixer cette femme, dure à amadouer, après s’être violemment émancipée d’un quotidien déprimant. J’ai parlé d’une intrigue assez simple – mais pas simpliste – et en plus la fin est ouverte, laisse en suspens l’avenir. Mais c’est une histoire que j’ai pris plaisir à parcourir. Peu de textes, mais une défense et exaltation de la liberté qu’on conquiert, de la possibilité de renaître, la question du pardon aussi. Le dessin lui aussi m’a plu. Un Noir et Blanc charbonneux, nerveux, avare de détails, mais aussi très évocateur. Là aussi une simplicité qui m’a touché. Un western crépusculaire et taiseux plutôt sympa. Note réelle 3,5/5.
Sévices compris
Un album qui se situe dans une petite moyenne du genre. Les histoires sont inégales, allant de l’insignifiant à la bonne idée amusante (la chute de l’histoire du sculpteur , « Rétrospective », est bien amenée par exemple). C’est souvent émoustillant, mais sans plus, tant les intrigues sont minces. Le dessin de Tarlazzi est bon, agréable. Les scènes de sexe – omniprésentes – sont bien rendues. Seule la colorisation n’est pas toujours heureuse. Une petite lecture récréative, pour amateurs avertis. Note réelle 2,5/5.
Fantasy - Yourcenar / Alma
Comment faire un résumé clair qui ne dévoile pas tout quand tout le sel de l'album vient justement du fait que l'on suit deux histoires bien distinctes et ne se reposant que sur une mauvaise compréhension et une mauvaise communication entre deux peuples ? (Je me permet de révéler ce point parce qu'on le comprend mine de rien assez vite, ne serait-ce que par habitude de ce genre de récit). Tout est dans le titre : il s'agit ici de Fantasy. De science-fantasy, tout d'abord, car les humain-e-s fonctionnent en une sorte de système féodal avec armures techno-magiques et la société divine a des allures de retro-SF, mais également parce que le sujet principal de ces deux histoires, de l'album en lui-même en fait, c'est bien la fantaisie, les croyances en général pour être plus précise. Alma et Yourcenar veulent toutes deux croire au fait d'avoir un but, d'avoir une destinée, un devoir ou encore un amour qui les attend, chacune d'entre elle est enfermée dans les croyances de leurs peuples qui les poussera, l'une comme l'autre, à ce jour fatidique de leur rencontre - et sur lequel je ne vais pas trop m'étendre parce que c'est littéralement le cœur de l'album. L'album se lit dans deux sens possibles, l'un pour Alma et l'autre pour Yourcenar, les deux histoires et leurs protagonistes respectives se croisant enfin au milieu. Il me parait préférable de commencer par Alma, le cœur de son récit reposant énormément sur des parts d'ombres qui nous seront révélées chez Yourcenar. Certes, Yourcenar aussi ne comprend pas nécessairement tout ce qu'il se passe du côté d'Alma mais je trouve vraiment que l'on y perd pas mal si l'on ne lis pas les deux histoires dans cet ordre. Le dessin de Yoann Kavege est bon. Je ne suis pas nécessairement très friande du style "space-fantasy au relents de new-age" chez les divinités mais j'avoue que l'esthétique colle bien, contraste judicieusement avec le médieval-SF des humains. Les cases sont joliment découpées, certains décors sont tout bonnement magnifiques et propices à la contemplation qu'il s'agisse des paysages naturels comme des ruines), … Bref, l'album est beau et coloré. J'aime particulièrement le fait que beaucoup de cases se font écho, se répondent d'une certaine manière, d'un récit à l'autre. J'aurais presque envie de citer l'introduction de "Slay the Princess" et vous dire que "ceci est une histoire d'amour", rien que pour rire.