A voir le dessin on a l'impression d'être dans ces pages de strips du début du XXème siècle à l'instar de Little Nemo. Un côté gravure fort joli, Léviathan le bébé de l'histoire est quant à lui souvent représenté sans visage ce qui est plus simple à dessiner. Il est accompagné d'un chat. Une histoire à hauteur de bébé, particulièrement avancé pour son âge, du moins dans sa tête et son imaginaire car dans la vraie vie ses parents n'entendent que quelques onomatopées.
Pourtant l'auteur Peter Blegvad, un nom qu'on croirait inventé, a réalisé cela dans les années 1990. Cela a bien été publié de manière hebdomadaire dans le journal britannique The Independent. Alors c'est parfois inégal, le but n'est pas forcément d'être drôle. Cela joue sur différentes situations de découvertes de l'enfant. C'est parfois sur plusieurs parties et pas un seul strip. Le tout est assez poétique. L'ouvrage est assez épais tout de même, à feuilleter de temps en temps en y piochant quelques pensées.
On ne sait pas sur le livre qui est au dessin et au scénario, BdFugue indique que Thomas Gosselin est au dessin et Henninger au scénario. Le dessin est plutôt fin et virevoltant. L'histoire partait bien, mettant en place des espions britanniques au charme suranné, une chasse à courre est organisée pour les réunir et démasquer une taupe. Mais tout le discours grandiloquent m'a lassé, noyé, et les scènes de sexe nombreuses des espions qui s'enfilent à tout bout de champ rendent ce récit certes absurde mais tellement chaotique qu'il en devient indigeste.
Couto est un auteur brésilien, dont c’est je crois la première œuvre que je lis. Mais il y a ici une inspiration plutôt argentine : la tour de Babel m’a fait penser à Borges, et surtout la trame générale, qui joue à plusieurs reprises sur les rêves – et sur l’ambiguïté « qui rêve de qui » ? – m’a fait penser à une jolie nouvelle de Cortazar.
Pour le reste, on est dans de le Science-Fiction pure, très marquée par son époque (années 1980), avec un récit assez noir, pessimiste. Quelque chose qui fait aussi penser à ce que pouvaient publier les Humanos (Caza en particulier).
J’ai eu du mal à lier le premier chapitre avec la suite et, plus généralement, l’album souffre de certaines ellipses, de raccourcis dommageables. Sans doute aurait-il fallu développer un peu l’intrigue, pour la densifier, et la rendre plus intelligible. De la même façon, la psychologie – et l’histoire des personnages auraient gagné à être étoffées.
Le dessin est réaliste et globalement bon, avec un Noir et Blanc que j’ai bien aimé.
Un album – et un auteur – pas courants. A l’occasion je jetterai un œil sur ce qu’il a pu faire ailleurs.
Note réelle 2,5/5.
Comme me l'a écrit Corbeyran en séance de dédicace, "Mauvaise nouvelle Spooky... les Stryges reviennent !"
Ce n'est pas forcément une mauvaise nouvelle, puisque je suis, à l'instar de Ryle, un fan de la première heure, et que malgré l'essoufflement de la série-mère sur ses derniers albums, ce retour m'intrigue, au minimum. Visiblement Corbeyran, comme il me l'a confié, n'en avait pas encore fini avec cet univers, et voulait encore raconter des choses. Ce premier volet d'un nouveau diptyque offre donc son lot de mystère, de révélations aussi, de complots et de personnages intrigants. On retrouve le sempiternel Sandor G. Weltman, tirant les ficelles dans l'ombre, mais on découvre surtout plusieurs "nouveaux" acteurs, telle Maria, à son service, mais qui se transit d'amour pour celui qui ne semble l'utiliser que comme une exécutrice des basses œuvres. L'archéologue qui découvre ces drôles de momies géantes en Egypte a peut-être également un rôle à jouer dans cette nouvelle histoire qui se présente comme un spin-off.
J'avoue que le fait que celui-ci se termine en deux tomes me rassure, on n'aura pas à attendre 20 ans, a priori, pour que l'intrigue soit résolue, mais d'un autre côté, cela me semble un peu court. Cependant je fais confiance au scénariste et à son savoir-faire pour mitonner une histoire aux petits oignons.
Même si Guérineau n'est plus là (enfin si, un peu, vu qu'il a réalisé la couverture), son ombre graphique plane sur le travail de Nicolas Bègue, qui s'en approche tout en, a priori, gardant une identité propre. Son travail sur les décors et les personnages est remarquable, il marche sur les pas de son aîné.
Curieux de lire la suite et fin.
Rahan n'est pas vraisemblable, et alors ? Il s'agit clairement d'un héros comme Tarzan dont il se démarque car errant, quand Tarzan reste en principe chez lui, préhistorique et non en relation avec le monde moderne, blond et non brun. Oui, quand on crée un nouveau personnage, un nouvel univers, il faut se différencier.
Rahan invente tout ? Invraisemblable, mais qui a pu le croire bien longtemps ? C'est en somme une convention…. Par contre, on peut essayer de s'inspirer de son ingéniosité, et cela allait bien avec le gadget du Pif éponyme.
Tous les préhistoriques n'étaient pas idiot, mais un autre problème est que les sorciers sont souvent félons, cela fait religion complot de prêtres : délicieusement désuet, comme idée. A part quelques sorciers, il y a quelques groupes pas idiots, mais il est vrai que c'est toujours le héros qui règle les problèmes, on est loin d'une aventure de Corto où il n'a fait que regarder des combats aériens ! Le dessin n'est pas parfait mais dynamique, si on le critique, que dire, par exemple, de ceux des superhéros ? J'aime bien l'idée que Rahan cherche le soleil, et qu'il fasse tournoyer son coutelas pour se diriger vers de nouvelles aventures.
Comme theThe Promised Neverland en moins intellectuel, une bien bonne série pour les jeunes !
Celles et ceux qui se sont toujours émerveillé.e.s en admirant les ciels d’été étoilés et qui ne sont pas pour autant des cadors en sciences et plus précisément en astronomie (c’est mon cas) vont certainement adorer cette bande dessinée. Celui-ci coche toutes les cases de l’ouvrage de vulgarisation idéal, lequel parvient à être synthétique sur cette discipline extrêmement vaste — on ne saurait mieux dire — qu’est l’astrophysique.
« Voyage dans l’infiniment grand » a été conçu par Théo Drieu, co-créateur de la chaîne Youtube, « Balade mentale », qui compte plus d’un million d’abonnés. Pour un média de vulgarisation scientifique, c’est un vrai succès.
Si l’on est toujours un peu plus familier avec les planètes et corps célestes peuplant notre système solaire, on a toujours moins d’assurance dès que l’on quitte la ceinture de Kuiper, sans parler du nuage d’Oort ! C’est ainsi que le livre va nous embarquer dans un grand voyage vers l’infini, un voyage bien plus rapide que la vitesse de la lumière, et tout ça grâce au fabuleux pouvoir de l’imagination, la nôtre ! Plus on avance, et plus les distances entre les corps augmentent de façon exponentielle, dans des proportions tout bonnement… « intersidérantes » !
L’ensemble se lit relativement bien et reste globalement compréhensible pour le commun des mortels, même si parfois il faut tout de même solliciter davantage de neurones pour appréhender des concepts un peu plus élaborés. En particulier vers les vingt dernières pages, où est expliqué la fameuse théorie de l’expansion de l’univers, avec le décalage entre ce que nous voyons et la réalité, compte tenu de la vitesse de la lumière. C’est tout à fait passionnant mais on aurait bien vu l’ouvrage se terminer sur l’avant Big Bang, histoire de stimuler un peu plus notre imagination. Certes, plus on s’en rapproche et plus les données scientifiques sont aléatoires et incertaines, et on ne saura probablement jamais ce qu’il y avait avant l’ « instant initial ». Mais certains scientifiques, peut-être les plus poètes, ont déjà émis des hypothèses sur l’existence de multivers.
Les illustrations de Giulia Mammone restent tout à fait adaptées à ce type d’ouvrage. D’un côté, elle nous offre des vues d’artiste très plaisantes, parfois splendides, de l’univers avec ses soleils, ses galaxies et ses « pouponnières ». De l’autre, elle y intercale des scènes purement terrestres avec des objets du quotidien ou des personnages, dont celui probablement de Théo Drieu, le plus souvent pour métaphoriser des concepts plus abstraits ou présenter des intermèdes historiques dans le domaine scientifique. Assez quelconque sur ce plan, le trait reste très schématique et pas vraiment abouti, mais cela n’atténue guère l’enthousiasme que l’on pourra globalement ressentir avec cette lecture.
Pour peu que votre imagination soit suffisamment puissante, « Voyage dans l’infiniment grand » aura au moins ce mérite, pendant 160 pages, de vous faire prendre de la hauteur et d’admirer la voûte céleste, loin de notre monde terrestre parfois étriqué, et ce n’est déjà pas si mal. Comme le conclut l’auteur lui-même, « ces étendues démesurées peuvent être une expérience d’humilité, elles nous attendrissent en abimant un peu nos égos… » A bon entendeur !
C'est en voyant un post de la dessinatrice Anlor (dont j'apprécie beaucoup le travail) que j'ai appris l'existence et la sortie de cet album collectif. Je ne sais pas quelle est l'occasion de celui-ci, le héros emblématique de Charlier et Giraud ayant fait son apparition en 1963, mais après tout pourquoi pas ?
L'album propose donc des histoires courtes, mettant en scène le fameux Mike S. Donovan, alias Blueberry, parfois accompagné de ses complices Jim McClure, Red Neck ou encore Chihuahua Pearl. Ces histoires se déroulent pendant son enfance (chapeau bas à Olivier Bocquet pour avoir trouvé la justification à ce fameux surnom de Blueberry), jusqu'à sa vieillesse (le récit le plus émouvant, signé Corentin Rouge). Certaines histoires sont assez classiques, entre gunfights, rencontres avec des Indiens ou aux prises avec des racailles de l'Ouest, et d'autres plus originales, comme celle de sa retraite déjà évoquée, ou cette idée si particulière de déplacer une ourse et ses petits afin qu'ils arrêtent de terroriser une petite ville. Mais l'Ouest est cruel... Graphiquement certains font du Gir, comme Coutelis, Toulhoat ou Xavier, d'autres conservent leur trait particulier, comme Anlor, Bertail ou Olivier Taduc.
En prime, chacune et chacun a pu donner un témoignage rapide de son rapport à Blueberry.
L'ensemble est de bonne qualité, les histoires plairont sans doute aux aficionados du personnage (dont je suis). Outre la douzaine d'histoires courtes, l'album propose des illustrations d'autres auteurs, tels que Goossens, Manara ou Ralph Meyer. Et on se prend à rêver que ce dernier, tout comme Mathieu Lauffray qui signe la belle couverture, en viennent un jour à faire un album complet mettant en scène le Cavalier bleu...
Rahan est une série que je lisais régulièrement quand je fus un lecteur assidu de Pif Gadget. Ce n'était pas ma série préférée mais je la lisais sans déplaisir. je suis tombé par hasard sur trois numéros de 1980 ce qui ne m'a pas rajeuni. Ce qui marque immédiatement quand on reprend la série est le graphisme de Cheret. Le trait est réaliste trop pour moi à l'époque plus habitué à une ligne claire plus souple.
Toutefois je trouve la présentation moderne et dynamique dans les cadrages et la construction bien que le trait et surtout la mise en couleur soient aujourd'hui très datés. Même si l'omniprésence de Rahan dans les cases est lassante les dessins sont soignés et détaillés. Cela convient bien au schéma d'histoires courtes lues une fois par semaine où l'espace dans le temps pouvait justifier les différents déplacements du jeune chasseur blond.
A la relecture plus adulte un paradoxe m'interroge. Le graphisme de Cheret joue à fond sur la dynamique de l'aventure assez violente. Les scènes de combats entre Rahan et les animaux voire d'autres chasseurs s'enchainent à un fort rythme. A l'inverse le texte de Lecureux prône des valeurs presque catéchistiques " Tous les chasseurs sont frères…" "Tu n'es qu'un homme ,un frère de tous les hommes!" "Craô a appris à Rahan à ne jamais voler!" pour ne citer que quelques uns des sages enseignements de Craô.
Un autre point intéressant est le côté éducatif que veut insuffler les scénarii de Lecureux au détriment de la réalité historique. Les auteurs multiplient les anachronismes en introduisant des dinosaures ou en faisant de Rahan un génial inventeur. Cela permettait de compléter la bande dessinée par des reportages sur des points du scénario sur les animaux ou les tribus.
On pourrait approfondir longtemps, en bien et en mal, certains aspects de cette série qui a marqué pendant deux décennies de nombreux jeunes ados ( la représentation de l'homme blanc, la sexualité, le rapport à la nature) .
Ainsi je trouve cette série bien difficile à noter comme le prouve la dispersion des avis. Personnellement je reste sur une note mitigée car je n'ai pas de nostalgie forte sur cette série.
Je n'ai pas accroché à cette biographie de Reza Sahibdad. Le récit de son parcours entre l'Afghanistan et Paris via l'Iran n'a jamais su éveillé beaucoup d'intérêt dans ma lecture. En effet je suis resté hermétique à une narration peu fluide et multipliant les anecdotes peu signifiantes sur son parcours d'exil. Entre la mise en avant d'une scolarité chaotique ou des petits trafics de VHS j'ai souvent perdu le fil de mon attention ce qui a induit une lecture très fractionnée qui m'a vite lassé. Comme le récit biographique s'inscrit dans une histoire de l'Afghanistan et de l'Iran avec des marqueurs temporels et évènementiels pas toujours évidents je suis sorti de ma lecture très frustré sur une thématique qui me touche de près.
Le graphisme est original et apporte une forte ambiance de conte oriental dans certaines représentations très travaillées. Malheureusement j'ai moins adhéré au représentations trop minimalistes des personnages.
Un rendez vous manqué.
Miaou ! J'aime le chat et les autres personnages, mais quel dessin ! J'en ai vraiment assez d'artistes qui ne font pas mieux que moi, et qui en plus, se lancent dans toutes sortes de détail au lieu de simplifier comme il se doit quand on a du mal avec tout ! Pardon pour les vaches, pardon, les chats sacrés, mais la note s'en ressentira !
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Le Livre de Léviathan
A voir le dessin on a l'impression d'être dans ces pages de strips du début du XXème siècle à l'instar de Little Nemo. Un côté gravure fort joli, Léviathan le bébé de l'histoire est quant à lui souvent représenté sans visage ce qui est plus simple à dessiner. Il est accompagné d'un chat. Une histoire à hauteur de bébé, particulièrement avancé pour son âge, du moins dans sa tête et son imaginaire car dans la vraie vie ses parents n'entendent que quelques onomatopées. Pourtant l'auteur Peter Blegvad, un nom qu'on croirait inventé, a réalisé cela dans les années 1990. Cela a bien été publié de manière hebdomadaire dans le journal britannique The Independent. Alors c'est parfois inégal, le but n'est pas forcément d'être drôle. Cela joue sur différentes situations de découvertes de l'enfant. C'est parfois sur plusieurs parties et pas un seul strip. Le tout est assez poétique. L'ouvrage est assez épais tout de même, à feuilleter de temps en temps en y piochant quelques pensées.
Lutte des corps et chute des classes
On ne sait pas sur le livre qui est au dessin et au scénario, BdFugue indique que Thomas Gosselin est au dessin et Henninger au scénario. Le dessin est plutôt fin et virevoltant. L'histoire partait bien, mettant en place des espions britanniques au charme suranné, une chasse à courre est organisée pour les réunir et démasquer une taupe. Mais tout le discours grandiloquent m'a lassé, noyé, et les scènes de sexe nombreuses des espions qui s'enfilent à tout bout de champ rendent ce récit certes absurde mais tellement chaotique qu'il en devient indigeste.
L'Aigle et le Serpent
Couto est un auteur brésilien, dont c’est je crois la première œuvre que je lis. Mais il y a ici une inspiration plutôt argentine : la tour de Babel m’a fait penser à Borges, et surtout la trame générale, qui joue à plusieurs reprises sur les rêves – et sur l’ambiguïté « qui rêve de qui » ? – m’a fait penser à une jolie nouvelle de Cortazar. Pour le reste, on est dans de le Science-Fiction pure, très marquée par son époque (années 1980), avec un récit assez noir, pessimiste. Quelque chose qui fait aussi penser à ce que pouvaient publier les Humanos (Caza en particulier). J’ai eu du mal à lier le premier chapitre avec la suite et, plus généralement, l’album souffre de certaines ellipses, de raccourcis dommageables. Sans doute aurait-il fallu développer un peu l’intrigue, pour la densifier, et la rendre plus intelligible. De la même façon, la psychologie – et l’histoire des personnages auraient gagné à être étoffées. Le dessin est réaliste et globalement bon, avec un Noir et Blanc que j’ai bien aimé. Un album – et un auteur – pas courants. A l’occasion je jetterai un œil sur ce qu’il a pu faire ailleurs. Note réelle 2,5/5.
La Légende des Stryges
Comme me l'a écrit Corbeyran en séance de dédicace, "Mauvaise nouvelle Spooky... les Stryges reviennent !" Ce n'est pas forcément une mauvaise nouvelle, puisque je suis, à l'instar de Ryle, un fan de la première heure, et que malgré l'essoufflement de la série-mère sur ses derniers albums, ce retour m'intrigue, au minimum. Visiblement Corbeyran, comme il me l'a confié, n'en avait pas encore fini avec cet univers, et voulait encore raconter des choses. Ce premier volet d'un nouveau diptyque offre donc son lot de mystère, de révélations aussi, de complots et de personnages intrigants. On retrouve le sempiternel Sandor G. Weltman, tirant les ficelles dans l'ombre, mais on découvre surtout plusieurs "nouveaux" acteurs, telle Maria, à son service, mais qui se transit d'amour pour celui qui ne semble l'utiliser que comme une exécutrice des basses œuvres. L'archéologue qui découvre ces drôles de momies géantes en Egypte a peut-être également un rôle à jouer dans cette nouvelle histoire qui se présente comme un spin-off. J'avoue que le fait que celui-ci se termine en deux tomes me rassure, on n'aura pas à attendre 20 ans, a priori, pour que l'intrigue soit résolue, mais d'un autre côté, cela me semble un peu court. Cependant je fais confiance au scénariste et à son savoir-faire pour mitonner une histoire aux petits oignons. Même si Guérineau n'est plus là (enfin si, un peu, vu qu'il a réalisé la couverture), son ombre graphique plane sur le travail de Nicolas Bègue, qui s'en approche tout en, a priori, gardant une identité propre. Son travail sur les décors et les personnages est remarquable, il marche sur les pas de son aîné. Curieux de lire la suite et fin.
Rahan
Rahan n'est pas vraisemblable, et alors ? Il s'agit clairement d'un héros comme Tarzan dont il se démarque car errant, quand Tarzan reste en principe chez lui, préhistorique et non en relation avec le monde moderne, blond et non brun. Oui, quand on crée un nouveau personnage, un nouvel univers, il faut se différencier. Rahan invente tout ? Invraisemblable, mais qui a pu le croire bien longtemps ? C'est en somme une convention…. Par contre, on peut essayer de s'inspirer de son ingéniosité, et cela allait bien avec le gadget du Pif éponyme. Tous les préhistoriques n'étaient pas idiot, mais un autre problème est que les sorciers sont souvent félons, cela fait religion complot de prêtres : délicieusement désuet, comme idée. A part quelques sorciers, il y a quelques groupes pas idiots, mais il est vrai que c'est toujours le héros qui règle les problèmes, on est loin d'une aventure de Corto où il n'a fait que regarder des combats aériens ! Le dessin n'est pas parfait mais dynamique, si on le critique, que dire, par exemple, de ceux des superhéros ? J'aime bien l'idée que Rahan cherche le soleil, et qu'il fasse tournoyer son coutelas pour se diriger vers de nouvelles aventures. Comme theThe Promised Neverland en moins intellectuel, une bien bonne série pour les jeunes !
Balade mentale - Voyage dans l'infiniment grand
Celles et ceux qui se sont toujours émerveillé.e.s en admirant les ciels d’été étoilés et qui ne sont pas pour autant des cadors en sciences et plus précisément en astronomie (c’est mon cas) vont certainement adorer cette bande dessinée. Celui-ci coche toutes les cases de l’ouvrage de vulgarisation idéal, lequel parvient à être synthétique sur cette discipline extrêmement vaste — on ne saurait mieux dire — qu’est l’astrophysique. « Voyage dans l’infiniment grand » a été conçu par Théo Drieu, co-créateur de la chaîne Youtube, « Balade mentale », qui compte plus d’un million d’abonnés. Pour un média de vulgarisation scientifique, c’est un vrai succès. Si l’on est toujours un peu plus familier avec les planètes et corps célestes peuplant notre système solaire, on a toujours moins d’assurance dès que l’on quitte la ceinture de Kuiper, sans parler du nuage d’Oort ! C’est ainsi que le livre va nous embarquer dans un grand voyage vers l’infini, un voyage bien plus rapide que la vitesse de la lumière, et tout ça grâce au fabuleux pouvoir de l’imagination, la nôtre ! Plus on avance, et plus les distances entre les corps augmentent de façon exponentielle, dans des proportions tout bonnement… « intersidérantes » ! L’ensemble se lit relativement bien et reste globalement compréhensible pour le commun des mortels, même si parfois il faut tout de même solliciter davantage de neurones pour appréhender des concepts un peu plus élaborés. En particulier vers les vingt dernières pages, où est expliqué la fameuse théorie de l’expansion de l’univers, avec le décalage entre ce que nous voyons et la réalité, compte tenu de la vitesse de la lumière. C’est tout à fait passionnant mais on aurait bien vu l’ouvrage se terminer sur l’avant Big Bang, histoire de stimuler un peu plus notre imagination. Certes, plus on s’en rapproche et plus les données scientifiques sont aléatoires et incertaines, et on ne saura probablement jamais ce qu’il y avait avant l’ « instant initial ». Mais certains scientifiques, peut-être les plus poètes, ont déjà émis des hypothèses sur l’existence de multivers. Les illustrations de Giulia Mammone restent tout à fait adaptées à ce type d’ouvrage. D’un côté, elle nous offre des vues d’artiste très plaisantes, parfois splendides, de l’univers avec ses soleils, ses galaxies et ses « pouponnières ». De l’autre, elle y intercale des scènes purement terrestres avec des objets du quotidien ou des personnages, dont celui probablement de Théo Drieu, le plus souvent pour métaphoriser des concepts plus abstraits ou présenter des intermèdes historiques dans le domaine scientifique. Assez quelconque sur ce plan, le trait reste très schématique et pas vraiment abouti, mais cela n’atténue guère l’enthousiasme que l’on pourra globalement ressentir avec cette lecture. Pour peu que votre imagination soit suffisamment puissante, « Voyage dans l’infiniment grand » aura au moins ce mérite, pendant 160 pages, de vous faire prendre de la hauteur et d’admirer la voûte céleste, loin de notre monde terrestre parfois étriqué, et ce n’est déjà pas si mal. Comme le conclut l’auteur lui-même, « ces étendues démesurées peuvent être une expérience d’humilité, elles nous attendrissent en abimant un peu nos égos… » A bon entendeur !
Sur la piste de Blueberry
C'est en voyant un post de la dessinatrice Anlor (dont j'apprécie beaucoup le travail) que j'ai appris l'existence et la sortie de cet album collectif. Je ne sais pas quelle est l'occasion de celui-ci, le héros emblématique de Charlier et Giraud ayant fait son apparition en 1963, mais après tout pourquoi pas ? L'album propose donc des histoires courtes, mettant en scène le fameux Mike S. Donovan, alias Blueberry, parfois accompagné de ses complices Jim McClure, Red Neck ou encore Chihuahua Pearl. Ces histoires se déroulent pendant son enfance (chapeau bas à Olivier Bocquet pour avoir trouvé la justification à ce fameux surnom de Blueberry), jusqu'à sa vieillesse (le récit le plus émouvant, signé Corentin Rouge). Certaines histoires sont assez classiques, entre gunfights, rencontres avec des Indiens ou aux prises avec des racailles de l'Ouest, et d'autres plus originales, comme celle de sa retraite déjà évoquée, ou cette idée si particulière de déplacer une ourse et ses petits afin qu'ils arrêtent de terroriser une petite ville. Mais l'Ouest est cruel... Graphiquement certains font du Gir, comme Coutelis, Toulhoat ou Xavier, d'autres conservent leur trait particulier, comme Anlor, Bertail ou Olivier Taduc. En prime, chacune et chacun a pu donner un témoignage rapide de son rapport à Blueberry. L'ensemble est de bonne qualité, les histoires plairont sans doute aux aficionados du personnage (dont je suis). Outre la douzaine d'histoires courtes, l'album propose des illustrations d'autres auteurs, tels que Goossens, Manara ou Ralph Meyer. Et on se prend à rêver que ce dernier, tout comme Mathieu Lauffray qui signe la belle couverture, en viennent un jour à faire un album complet mettant en scène le Cavalier bleu...
Rahan
Rahan est une série que je lisais régulièrement quand je fus un lecteur assidu de Pif Gadget. Ce n'était pas ma série préférée mais je la lisais sans déplaisir. je suis tombé par hasard sur trois numéros de 1980 ce qui ne m'a pas rajeuni. Ce qui marque immédiatement quand on reprend la série est le graphisme de Cheret. Le trait est réaliste trop pour moi à l'époque plus habitué à une ligne claire plus souple. Toutefois je trouve la présentation moderne et dynamique dans les cadrages et la construction bien que le trait et surtout la mise en couleur soient aujourd'hui très datés. Même si l'omniprésence de Rahan dans les cases est lassante les dessins sont soignés et détaillés. Cela convient bien au schéma d'histoires courtes lues une fois par semaine où l'espace dans le temps pouvait justifier les différents déplacements du jeune chasseur blond. A la relecture plus adulte un paradoxe m'interroge. Le graphisme de Cheret joue à fond sur la dynamique de l'aventure assez violente. Les scènes de combats entre Rahan et les animaux voire d'autres chasseurs s'enchainent à un fort rythme. A l'inverse le texte de Lecureux prône des valeurs presque catéchistiques " Tous les chasseurs sont frères…" "Tu n'es qu'un homme ,un frère de tous les hommes!" "Craô a appris à Rahan à ne jamais voler!" pour ne citer que quelques uns des sages enseignements de Craô. Un autre point intéressant est le côté éducatif que veut insuffler les scénarii de Lecureux au détriment de la réalité historique. Les auteurs multiplient les anachronismes en introduisant des dinosaures ou en faisant de Rahan un génial inventeur. Cela permettait de compléter la bande dessinée par des reportages sur des points du scénario sur les animaux ou les tribus. On pourrait approfondir longtemps, en bien et en mal, certains aspects de cette série qui a marqué pendant deux décennies de nombreux jeunes ados ( la représentation de l'homme blanc, la sexualité, le rapport à la nature) . Ainsi je trouve cette série bien difficile à noter comme le prouve la dispersion des avis. Personnellement je reste sur une note mitigée car je n'ai pas de nostalgie forte sur cette série.
Hazara Blues
Je n'ai pas accroché à cette biographie de Reza Sahibdad. Le récit de son parcours entre l'Afghanistan et Paris via l'Iran n'a jamais su éveillé beaucoup d'intérêt dans ma lecture. En effet je suis resté hermétique à une narration peu fluide et multipliant les anecdotes peu signifiantes sur son parcours d'exil. Entre la mise en avant d'une scolarité chaotique ou des petits trafics de VHS j'ai souvent perdu le fil de mon attention ce qui a induit une lecture très fractionnée qui m'a vite lassé. Comme le récit biographique s'inscrit dans une histoire de l'Afghanistan et de l'Iran avec des marqueurs temporels et évènementiels pas toujours évidents je suis sorti de ma lecture très frustré sur une thématique qui me touche de près. Le graphisme est original et apporte une forte ambiance de conte oriental dans certaines représentations très travaillées. Malheureusement j'ai moins adhéré au représentations trop minimalistes des personnages. Un rendez vous manqué.
Le Chat du Rabbin
Miaou ! J'aime le chat et les autres personnages, mais quel dessin ! J'en ai vraiment assez d'artistes qui ne font pas mieux que moi, et qui en plus, se lancent dans toutes sortes de détail au lieu de simplifier comme il se doit quand on a du mal avec tout ! Pardon pour les vaches, pardon, les chats sacrés, mais la note s'en ressentira !