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Couverture de la série Nimona
Nimona

Ayant beaucoup aimé le film d'animation adapté de cet album et ayant toujours voulu essayer une BD de ND Stevenson j'ai décidé d'enfin lire Nimona. J'y ai retrouvé plus ou moins la même histoire que dans le film, à savoir les aventures d'un chevalier cherchant à dénoncer les abus du pouvoir en place et aidé (relativement contre son gré, surtout au début) par sa jeune acolyte aux tendances destructrices, l'éponyme Nimona. Sauf que sous cette trame similaire, j'ai tout de même bien l'impression que l'adaptation animée, sortie bien plus tard, est également la version la plus aboutie de l'œuvre. On retrouve tout de même dans l'album le sujet de l'oppression, de la peur de la différence et du rejet de ce que l'on ne comprend pas, mais là où le film avait un message clair (en parlant très clairement de la situation queer mondiale actuelle par exemple) ici tout est un peu plus flou. La fin, notamment, est laissé bien trop ouverte. L'état oppressif a disparu, Nimona aussi, on ne donne pas vraiment de conclusion, de mot final sur la métaphore de la peur des autres et de son utilisation pour contrôler des populations, on ne sait pas vraiment quoi en penser. L'histoire reste bonne, la lecture est vraiment très agréable, mais le tout manque de consistance, de fignolage, d'une véritable conclusion. Il y aussi un petit côté étrange dans le scénario de cette BD, cette fois-ci complètement absent de l'adaptation animée susnommée : au début de l'histoire, le statut de méchant de Ballister semble être "légalisé", il semble obéir à la même équipe de direction qui s'occupe des héros. En effet, initialement, Nimona lui fait croire que c'est l'institut qui l'a envoyée aider Ballister, la même institut qui protège la ville DE Ballister. Il semblerait qu'au début du projet, ND Stevenson souhaitait créer un cadre parodique où les nobles héros et les perfides méchants obéiraient tous-tes à des règles strictes établies et suivraient les directives d'une même institution, on le voit notamment dans les premiers échanges entre Ballister et Goldenloin, sa Némésis (et plus si affinité). Cela aurait fait une bonne base pour un récit comique, et l'album ici présent reste en partie comique (surtout en contrastant ce conflit héroïsme/vilénie si ordonné avec la personnalité extrêmement chaotique et incontrôlable de Nimona), mais pourtant tout ceci est rapidement oublié, glissé sous le tapis sans jamais être réabordé. Sans doute dû au fait que cette histoire était à l'origine écrite et postée en ligne, que ND Stevenson a dû vouloir changer de direction à un moment, à peut-être tout simplement oublié ce point de détail en avançant, … Il n'empêche, c'est dommage. L'œuvre reste bien, j'insiste, la lecture est intéressante et le dessin de Stevenson, bien que simple, me parait très charmant. Il n'empêche que je recommanderai davantage l'adaptation animée que l'album d'origine si jamais le postulat de base vous a plu.

12/04/2025 (modifier)
Par gruizzli
Note: 3/5
Couverture de la série Le Clown
Le Clown

J'avais trouvé cette BD il y a des années, lu et peu apprécié son histoire, puis remisé celle-ci dans un coin de ma bibliothèque. Cette année, alors que je m'occupe de la ranger, l'éclaircir et la réarranger je retombe dessus. Je repousse la lecture pendant quelques temps puis je m'y attelle, et je suis bien moins décidé au sortir de ma lecture. Le temps faisant son ouvrage, je suis moins embêté par le dessin qui est présenté ici. Inspiré du manga mais pas seulement, la BD oscille entre plusieurs styles visuels dans un noir et blanc qui joue avec son absence de couleur pour créer l'ambiance, les volumes et souligner son sujet. Ainsi deux femmes centrales au récit s'opposent par leur chevelure noire ou blanche. Et l'opposition est le centre de cette histoire : une opposition entre les classes populaires et les privilégiés, entre ceux qui peuvent s'occuper de leur famille et ceux qui laissent leurs vieux mourir dans la rue. C'est aussi une histoire de la violence des plus démunis, violence qu'ils subissent quotidiennement. C'est la misère des rues, des prostituées, des vieux. Un récit autour d'un saltimbanque qui, répondant à l'image consacrée, est un clown triste dont le drame est central au récit. Lorsque je l'avais lu la première fois, le récit m'avait indifféré. Sans doute porté par le personnage central dont je n'arrivais pas à comprendre les choix. Aujourd'hui je suis plus instruit sur certaines choses, notamment la question de la misère, des classes sociales et de la violence oppressive qu'une société fait exister en son sein. Et je trouve que cette BD répond à ces problématiques là. De fait, je la trouve aujourd'hui plus intéressante. Pas indispensable, mais suffisamment bien pour que j'estime que je la garderais. C'est un drame sur la pauvreté, la misère des plus démunis qui ne s'est jamais vraiment arrêtée.

12/10/2017 (MAJ le 11/04/2025) (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Lolo et Sucette
Lolo et Sucette

Alors qu'il s'agissait d'une BD plus ou moins subversive au moment de sa sortie, j'ai une certaine tendresse pour Lolo et Sucette même s'il ne s'agit pas de la meilleure oeuvre de ces deux auteurs. Yann et Marc Hardy avaient en effet déjà collaboré auparavant sur l'encore plus corrosif mais jouissif La Patrouille des Libellules. Mais avec Lolo et Sucette, je retiens surtout l'exploit d'avoir su faire publier chez Dupuis une série sur la prostitution qui n'y va pas par quatre chemins et ose des blagues bien salaces voire un peu glauques, tout en restant dans un esprit suffisamment léger pour s'adapter un peu à l'esprit Dupuis. Le pari de faire rire avec des prostituées en héroïnes était audacieux, surtout dans le cadre d'un tel éditeur grand public. Il faut reconnaître que l'idée est originale et que certains gags font mouche, surtout quand l'humour se teinte d'ironie ou de noirceur. J'ai apprécié la galerie de clients, souvent caricaturaux mais bien croqués. Mais c'est surtout le dessin de Hardy que j'aime, nerveux et expressif. Il donne une vraie sensualité à ses personnages féminins, un vrai humour à ses situations et en même temps ce trait un brin brouillon qui ajoute à l'ambiance subversive de l'œuvre. On notera qu'entre le premier et le dernier tome de la série, ce trait évolue, allant vers plus de maîtrise et plus d'épure. Je le trouve un peu moins charmant sur la fin, mais quand même toujours bon. Cela dit, l'humour ne fonctionne pas toujours. Certains gags tombent à plat ou virent au glauque, et j'ai parfois eu l'impression que les auteurs voulaient choquer plus que faire rire. Il y a un vrai décalage entre le ton volontairement léger et les situations parfois un peu sordides. On s'attache tout de même à ces deux héroïnes, Lolo la grande gueule et Sucette la douce ingénue, mais l'ensemble manque un peu de finesse et de régularité.

11/04/2025 (modifier)
Par Spooky
Note: 3/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Toxique
Toxique

Matthias Bourdelier, ancien libraire, est aussi un ancien élève du Cesan, établissement spécialisé dans la BD. Son premier album connu est ce recueil de saynètes où il propose de vivre différentes relations toxiques. le plus souvent il s'agit de conversations entre amis ou amants sur une terrasse, au cours d'une soirée, sur l'oreiller. Les dialogues sont assez fins, même si pas toujours crédibles, mais on est bien sûr dans le registre de la caricature, avec de l'exagération et du raccourci pour appuyer les effets. Et cela fait mouche la plupart du temps, on voit bien les red flags apparaître au fil des conversations, les silences coupables, les situations d'emprise, le côté passif-agressif de certain(e)s. Les situations sont assez diversifiées pour qu'on ait un éventail assez large. Graphiquement et en termes de mise en scène il y a une parenté avec ce que fait Fabcaro dans ses BD absurdes, un style relativement réaliste avec des poses répétées tout le long du sketch, (mais avec des variations (un bras qui se lève, par exemple). Ce qui permet de se concentrer sur l'essentiel, les dialogues. Seul petit regret, que les relations toxiques au boulot soient finalement peu ou pas traitées.

11/04/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série Multiversity présente Terre-38
Multiversity présente Terre-38

John Byrne, un gros nom des comics de superhéros s'amuse avec un concept simple: et si dans un univers parallèle on voyait Batman et Superman vieillir au lieu de rester éternellement jeune ? En grand connaisseur de comics, Byrne en profite aussi pour rendre hommage à DC Comics. Chaque chapitre se passant dans une décennie différente, il va essayer de copier le style de comics de l'époque et aussi de respecter la continuité DC. Par exemple, un personnage qui a été créé dans les années 70 va seulement apparaitre à partir du chapitre traitant de cette décennie. Comme il faut des connaissances en comics pour bien apprécier les références et savoir qui est qui, c'est clairement le genre de récit pour les fans. Le lecteur qui veut juste lire un récit de deux super-héros qu'il a uniquement vu à la télé ou au cinéma risque de s'ennuyer. C'est donc le comics parfait pour moi et j'avoue que je ne sais pas trop quelle note donné. En effet, l'album contient trois mini-séries. J'ai bien aimé les deux premières et la troisième (qui fait quand même la moitié de l'album) m'a un peu ennuyé. La première mini-série est pas mal et exploite bien l'idée que Batman et Superman vieillissent, se marient, ont des enfants....Comme c'est une histoire qui ne compte pas dans la continuité normale de DC, Byrne peut faire ce qu'il veut en en profite. La seconde mini-série peut paraitre un peu inutile, mais je l'ai bien aimé. Ici, Byrne ajoute d'autres super-héros DC et cela permet de varier les situations. J'aurais tout de même aimé voir plusieurs méchants de Batman, on ne voit que Joker et un autre méchant de la chauve-souris et s'est tout. Puis vient la troisième mini-série qui est vraiment le genre de récit de superhéros que je n'aime pas trop. Il y a une gros méchant qui est une menace pour l'univers (Darkseid joue se rôle pour la millième fois), il y a donc pleins de superhéros qui vont le combattre et en prime il y a pleins de saut dans le temps et moi les voyages temporels avec des paradoxes ça me donne mal à la tête. C'est décousu et ça sert à rien hormis pour Byrne d'utiliser encore plus de personnages DC que dans les précédentes mini-séries. Je peux comprendre qu'il a envie de rendre hommage aux créations de Kirby, mais c'est ce qu'il fait c'est du déjà vu. En plus, son dessin se détériore un peu ou alors ce sont juste les couleurs fait à l'informatique qui ne vont pas avec son dessin comme ça été le cas avec d'autres dessinateurs ayant débuté dans les années 70-80. En gros, je dirais que si on est fan de l'univers de DC Comics, c'est un album à emprunter et il faut lire uniquement la première moitié de l'album.

10/04/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série La Citadelle Aveugle
La Citadelle Aveugle

Lu dans la foulée de La Déviation, cet album illustre à nouveau le côté pénible des Humanoïdes Associés avec leurs multiples rééditions des histoires courtes de Moebius dont ils mélangent à chaque fois le contenu ce qui amène à en contenir des inédites avec des déjà lues. Ici notamment, l'histoire Absoluten Calfeutrail se retrouve dans ces 2 albums, et Cauchemar blanc a eu aussi un album dédié, avec comme seules différences d'avoir été colorisées ou non. C'est un ouvrage destiné avant tout aux connaisseurs, voire aux inconditionnels de l'auteur. On y trouve une série de récits très courts, souvent trop courts d'ailleurs pour qu'ils puissent vraiment prendre corps. Certains m'ont paru abscons, d'autres m'ont laissé totalement indifférent, même si Cauchemar blanc se démarque par sa clarté et son cadre contemporain quasi réaliste. J'ai par exemple souri à Ktulu, où Moebius rend un hommage direct et humoristique à HP Lovecraft mais là encore le format très bref ne permet pas de lui rendre justice. Et les deux histoires de début d'album, La Citadelle aveugle et Ballade sont de très beau périples (un peu trop bavard pour le second) dans l'univers imaginaire de Moebius, inspiré de médiéval, de science-fiction et de fantasy, avec toujours cette touche d'humour un peu absurde et noir qui le caractérise. Graphiquement, le trait de Moebius reste fascinant, même si tout n'est pas également inspiré selon les histoires. On sent l'évolution du style au fil des années, et quelques planches sont vraiment magnifiques. L'histoire Absoluten Calfeutrail est une très belle réalisation muette mettant en scène une très longue chute qui rappellera beaucoup celle du John Difool de L'Incal tout en mêlant d'autres éléments visuels de l'univers de Moebius. Mais sur le fond, j'ai trouvé l'ensemble trop disparate, parfois daté, et souvent frustrant. Il y a de bonnes idées, des clins d'œil, des intentions satiriques. Je ne regrette pas ma lecture, car on y devine des bribes de l'univers si particulier de Moebius, mais je conseillerais plutôt cet album à ceux qui connaissent déjà son œuvre. Pour découvrir l'auteur, mieux vaut commencer ailleurs. Note : 2,5/5

10/04/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série La Déviation
La Déviation

Les éditions des Humanoïdes Associés sont assez pénibles avec leurs multiples rééditions des histoires courtes de Moebius dont ils mélangent à chaque fois le contenu tant et si bien que quand on ouvre un de leurs albums, on ne sait jamais quel part de celui-ci on a déjà lu. Celui-ci, relativement ancien, n'est pas un indispensable mais il contient quelques histoires qui feront plaisir aux afficionados de l'univers graphique de Moebius. Trois histoires sortent du lot dans cet album : La Déviation, Escale sur Pharagonescia et Absoluten Calfeutrail. La première est une perle de surréalisme poétique, pleine d'humour absurde, mettant en scène Moebius et sa femme dans un voyage en voiture qui tourne au délire dans le plus pur esprit du magazine Métal Hurlant de l'époque. C'est joliment dessiné, souvent amusant, mais un peu trop verbeux pour que l'humour fonctionne vraiment bien. Escale sur Pharagonescia est une histoire relativement longue qui a déjà eu un album à son propre nom. Elle est presque trop longue car je ne l'ai pas trouvée toujours drôle, mais sa fin est bien sympa et surtout elle contient tout l'univers graphique de science-fiction délirante du Moebius post-Blueberry. Quant à Absoluten Calfeutrail, bien que muette, elle en dit long avec son dessin fin et méticuleux. C'est l'histoire d'une très longue chute qui rappellera beaucoup celle du John Difool de L'Incal tout en mêlant d'autres éléments visuels de l'univers de Moebius. Belle réalisation ! Pour ce qui est des autres histoires, c'est plus inégal. Certaines m'ont paru bâclées, presque à l'état d'ébauche, tandis que d'autres dégagent un charme étrange, mélange d'anticipation loufoque et de réflexion existentielle. Ce qui frappe, c'est la cohabitation des deux styles de Giraud/Moebius : le trait précis et dense d'un côté, plus relâché et expérimental de l'autre. On sent bien que ces histoires viennent de périodes différente. L'ensemble manque un peu de cohérence, mais ça reste un voyage visuel intéressant dans les débuts d'un géant de la BD. Pour les fans de Moebius, c'est un passage obligé. Pour les autres, ça peut être déroutant… mais ça vaut le détour.

10/04/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Metropolia
Metropolia

Quand le cyberpunk rencontre l'anticipation écologique et le polar. Fin du 21e siècle, la crise énergétique a rendu hors de prix les transports et les humains se sont regroupés dans des mégalopoles de plus en plus grandes dont il faut une fortune pour s'échapper et voyager. Sasha Jäger y est détective au service de la méga corporation Metropolia qui lui assigne des missions d'investigation et d'infiltration qu'il est l'un des rares à pouvoir accomplir puisque bénéficiant d'une immunité aux effets secondaires d'un liquide créé pour permettre d'acquérir temporairement des connaissances idéales pour se faire passer pour qui l'on n'est pas. En échange, il espère pouvoir récolter assez d'argent pour un jour traverser l'Atlantique et retrouver sa bien aimée qui vit de l'autre côté. Le décor a de fortes ressemblances avec les villes cyberpunk, l'écologie en plus. Les disparités sociales y sont grandes, avec de rares privilégiés qui bénéficient de tous les avantages tandis que la population de base est contrainte de ne pas pouvoir voyager et de gagner la nouvelle monnaie locale, le mile, en comptant le nombre de pas qu'elle fait par jour. IA, robots et images holographiques y côtoient un quotidien fait de piétons et de restrictions d'énergie. Et au milieu de cela, le héros est un détective qui mène des enquêtes aux allures de polar noir mêlé de technologies futuristes. Le dessin d'Ingo Römling est d'excellente qualité. Légèrement froid et informatisé, il se révèle très généreux sur les décors et les personnages. Sa représentation d'un Berlin futuriste est plutôt crédible, mêlant les gris bâtiments rectangulaires du Berlin contemporain, les ajouts avant-gardistes de science-fiction et les aménagements plus écologiques et piétonniers. Les personnages sont plein de vie et de dynamisme, avec notamment un héros souriant et visuellement attachant. L'intrigue tient la route mais pêche par un manque d'exposition et une certaine complexité de son enquête. On a un peu de mal à comprendre ce monde théoriquement en crise énergétique dès qu'il s'agit de transports longue distance mais dépensant sans trop compter pour ce qui est des transports urbains et surtout des robots et autres intelligences artificielles. S'il y a suffisamment d'électricité pour cela, pourquoi les transports électriques ne permettent-ils pas de voyager davantage ? Sans parler évidemment d'un simple voilier pour traverser l'Atlantique sans se ruiner à vie. Comme beaucoup de polars noirs, l'enquête et les mystères dévoilés par le héros se révèlent parfois un peu ardus à suivre, notamment en ce qui concerne les motivations et actions de l'antagoniste. Là encore, il y a comme un manque d'exposition qui empêche de comprendre ce qu'il peut et ne peut pas faire, pourquoi il le fait et pourquoi il se fait aider avec autant de dévouement par sa dangereuse partenaire. Autant j'ai été captivé par ce futur proche et l'évolution du héros en son sein, autant son enquête m'a davantage embrouillé et moins convaincu. Je suis toutefois curieux de lire d'autres aventures dans cet univers et avec cet enquêteur.

10/04/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Remington 1885
Remington 1885

Frederic Remington était un illustrateur américain célèbre au 19e siècle, connu pour avoir dessiné la vie des pionniers dans l'Ouest américain avant que le Far West ne disparaisse pour de bon. Il a notamment réalisé des illustrations des guerres apaches. Et s'il n'a jamais véritablement rencontré le fameux Geronimo à l'époque, ça n'empêche pas les auteurs de mettre en scène cette rencontre, imaginant que la bande de Go Khla Yeh le kidnappe car celui-ci est autant fasciné par l'idée de se faire dessiner par Remington que ce dernier l'est de pouvoir le faire. C'est un récit western réaliste, entre historique et grands espaces aventureux. Il nous plonge dans une époque de fin de colonisation, quand les blancs ont quasiment définitivement pris le dessus sur les amérindiens et qu'ils les parquent dans des réserves miteuses où la majorité se résignent à un statut misérable. Geronimo et sa poignée de guerriers mène encore une guérilla désespérée contre l'armée US pour tenter de retarder l'inévitable. Le jeune Remington, encore inconnu du grand public à l'époque, débarque de l'Est en Arizona pour constater la situation et accompagner pendant un temps le fameux régiment noir des Buffalo Soldiers, affecté avec de nombreux autres aux guerres apaches. Le graphisme de Sagar est beau et évocateur. Il retranscrit aussi bien les décors grandioses des espaces américains que les visages expressifs tant des soldats américains que des indiens résignés ou des guerriers résolus de Geronimo. Hormis cette rencontre fictive entre deux personnalités, l'histoire suit la trame historique et se révèle instructive et bien rythmée. On se demande longtemps ce qui va résulter de cette tentative de Remington d'atteindre une représentation vraie de l'esprit du chef indien. Et c'est là que la conclusion du récit peut se révéler frustrante puisqu'au final tout s'arrête avant qu'on n'en sache vraiment davantage. Cela laisse le lecteur sur le sentiment d'avoir passé un moment intéressant et dépaysant mais sans plus soulever d'émotion.

10/04/2025 (modifier)
Couverture de la série De Gaulle
De Gaulle

C'est avec surprise que je me suis aperçu qu'il manquait cette série sur le site. Pourtant le "Grand Charles" aurait pu être ou a été à la table de nombreux autres personnages de la collection. C'est dire si sa présence est incontournable dans l'histoire du siècle dernier pour la France et au delà de nos frontières. Je voudrais féliciter Mathieu Gabella et l'historienne Frédérique Néau-Dufour pour le gros travail effectué pour rendre la narration accessible. En effet il y a tellement de matériaux (noms, dates, événements intimes ou historiques) qu'il ,a fallu un gros travail de sélection et de présentation pour que le lecteur puisse suivre. C'est d'autant plus vrai que certains événements peuvent être encore sujet à polémique. Le tome 1 est le plus simple et fluide. Ce tome prend le temps de replacer Charles dans une jeunesse qui fonde sa vision historique de la France. C'est l'époque du Charles de Gaulle militaire qui croise la route de Pétain jusqu'à la défaite de 1940. Le tome 2 se concentre sur la période 40-45 depuis l'appel du 18 Juin jusqu'à la victoire. C'est le Charles de Gaulle de la résistance à Vichy mais en mal de légitimité populaire vis à vis des américains. Une grande partie se passe en Afrique et en Orient avec la difficile confrontation de troupe fidèle à Vichy parfois soutenues par Roosevelt. Un tome intéressant qui montre la position difficile de De Gaulle vis à vis de territoires qu'il considère comme la France mais qui aspirent déjà à l'indépendance. Le tome 3 est plus politique puisque c'est la période de la Vème République, la guerre d'Algérie, la réconciliation, la guerre froide, le nucléaire, mai 68. Des thèmes qui nous impactent encore aujourd'hui. Les auteurs ont souhaité ne pas proposer un récit hagiographique ou à charge. Ils ont voulu laisser la place à différents points de vue. Cela reste une lecture exigeante plus accessible à des personnes de ma génération qui reconnaitront les intervenants. Je n'ai pas été vraiment séduit par le graphisme des visages très réalistes mais chargés. Comme souvent dans ce type de série historique; les extérieurs sont soignés et la mise en couleur classique. Cela reste un peu statique à cause de la figure rigide de Charles de Gaulle qui est omniprésente dans la série. Un opus qui a évidemment toute sa place dans la collection pour une lecture documentée et sérieuse.

10/04/2025 (modifier)