Ce nouveau spin off des Stryges ne déçoit pas. On y retrouve le sel qui fait l'ADN de la série mère : des investigations qui amènent une part importante de mystères, sur fond de fantastique évidement.
Autre époque, autres protagonistes, même créatures ailées, même recette et ça marche toujours autant. Retour au 19e siècle, l'intrigue démarre avec des fouilles archéologiques en Egypte. La découverte d'un tombeau, des sarcophages géants, un étrange liquide noir, de curieuses momies ... il ne faut pas plus de quelques pages pour poser de solides bases à l'intrigue et lancer le récit.
C'est efficace, l'ambiance est là, le mystère aussi. Cette découverte attire la convoitise de personnages louches et la curiosité du lecteur. Ce premier tome donne déjà lieu à des révélations, qui font le lien avec la série principale. Corbeyran a intelligemment lié les Stryges à l'Egypte antique... c'est malin tout plein. On a maintenant envie de se plonger dans la suite pour connaitre le fin mot de tout ça. Parfois les spins off s'étirent avec peu de choses à raconter. Ici c'est tout l'inverse, la série est annoncée en 2 tomes alors qu'il semble qu'il y a encore du potentiel à développer et pleins de choses à découvrir.
Coté dessin, le trait de Nicolas Begue ne jure pas avec l'esprit de la série, au contraire. Son style dynamique, appuyé par des décors soignés, s'inscrit là aussi tout à fait dans l'esprit de cet univers. Un diptyque qui a tout pour ravir les fans de la série.
Après lecture de ce triptyque, je suis un peu surpris d'autant de louanges sur cette série qui figure dans les immanquables de BDThèque...
En effet, tout comme Bamiléké, j'ai trouvé la narration assez confuse entre passé et présent et avec des ficelles assez faciles pour introduire l'histoire. De plus, il ne se passe quand même pas grand chose dans le tome 1, qui se contente de planter le décor, ainsi que dans le tome 2 consacré au voyage de Siegfried avant l'affrontement final. Le tome 3 est un peu plus fouillé mais cela était malheureusement trop tard pour moi, n'ayant pas été sensible ni à la poésie qui devait se dégager de la série, ni aux personnages très lisses et classiques dans le genre.
J'ai également été un peu gêné par le trait très "Disneyien" d'Alex Alice avec son héros au physique parfait, ses jolis loups gambadant dans la forêt et le personnages de Mime au visage plus enfantin, dont l'objectif est uniquement de faire sourire le lecteur avec ses running gag relatifs à son enclume.
Il est vrai que je ne connais que très peu le mythe de l'anneau de Nibelung pour apprécier l'adaptation qu'en à faite Alex Alice et que j'ai peut-être trop lu de BD de ce type par le passé pour être surpris par cette série. J'ai ainsi préféré La Quête de l'Oiseau du Temps de Loisel dans le même genre.
L'ensemble reste tout de même honnête pour ne pas descendre en dessous de 3/5.
SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 5/10
GRAPHISME (Dessin, colorisation, mise en page) : 7/10
NOTE GLOBALE : 12/20
Julia & Roem se situe au milieu de la trilogie Coup de sang, entre Animal'z et La Couleur de l'air, et paradoxalement je ne l'ai lu que bien après les deux autres. Il transpose Roméo et Juliette dans l'univers post-apocalyptique étrangement écologique de cette trilogie un peu fantasque. L'idée de revisiter Shakespeare dans ce décor désolé aurait pu être intéressante, mais le résultat me laisse partagé.
Graphiquement, Bilal reste fidèle à lui-même : des planches sombres, dominées par les gris, bleus et bruns, un style immédiatement reconnaissable, parfois superbe, parfois redondant. J'avoue que je finis par me lasser de ces visages interchangeables, toujours les mêmes corps élancés, les mêmes regards figés. C'est beau, oui, mais pas surprenant, et la surprise me manque de plus en plus chez lui.
Côté scénario, la reprise de Shakespeare fonctionne à moitié. L'intrigue reprend trop directement les dialogues et situations de la pièce originale, ce qui produit parfois un effet artificiel, voire risible. On sent la volonté d'hommage ou de télescopage littéraire, mais la greffe ne prend pas toujours. Là où certains pourraient y voir une forme de poésie onirique, je trouve cela creux et répétitif.
Il est difficile de critiquer la qualité graphique de cet album et la patte immédiatement identifiable de son auteur, mais le récit, lui, manque d'intérêt et tourne en rond. Au mieux, c'est un Bilal mineur qui se lit vite et s'oublie vite ; au pire, une démonstration de style sans véritable souffle narratif.
BD importante s'il en est. Retour sur le procès Pelicot et sur les dramatiques questions sociétales que cette sordide affaire de viols par soumission chimique nous crache à la figure.
Cette œuvre collective se propose via de multiples récits essentiellement documentaires, réalisés par des auteurs généralement différents, de rendre compte de l'importantissime procès des viols de Mazan. Après cette affaire, il n'est plus tenable de réfuter la réalité de la culture du viol dans nos sociétés patriarcales. Oui, cela choque, heurte bien des hommes, mais c'est une réalité idéologique et surtout sociologique. Cela n'équivaut pas à prétendre que tous les hommes sont des "crocodiles" violeurs en puissance, mais déclare simplement et tristement que de multiples pans de notre culture, que les lois de nos sociétés, etc. instaurent une norme comportementale empreinte de sexisme et de misogynie ayant de multiples conséquences, toutes minimisées et excusées, dont les plus dramatiques sont les féminicides et viols.
Loin d'être indigeste, ce volumineux pavé se lit d'une traite le souffle coupé : cette affaire happe l'attention tant elle bouscule notre croyance en l'homme. Egalement parce que la BD, certes souvent dans la paraphrase ou "l'anecdotique", parvient à recréer le sentiment alors dominant chez les féministes s'étant emparées du sujet, que cette fois, la situation bougerait, que la honte changerait de camp !
Non, il ne s'agissait généralement pas de monstres : les coupables n'étaient que des hommes, de simples routiers, pompiers, ouvriers..., parfois de bons pères de famille, des conjoints aimant, de bons employés appréciés de leurs collègues et patrons, des hommes pour nombre d'entre soutenus durant le procès par leurs proches et notamment leur conjointe.
Cette BD malheureusement met peu en perspective les choses, la faute aussi au projet initial, à ce souhait de construire une œuvre collective offrant modérément la possibilité de développer un point de vue, de synthétiser une pensée. Les brefs propos sur l'inceste et la culture du viol font entrevoir ce qu'aurait pu être cette BD, mais le projet ne souhaitait visiblement pas l'ampleur, plutôt dégager le sentiment d'une prise de conscience collective pouvant laisser espérer des jours meilleurs. Sur ce point, c'est réussi.
Comme disait ma mamie : en voilà une série qu'elle est quand-même vachement bonne !
Je me suis lancée dans cette série pour deux raisons : la première c'est qu'elle ne sortait jamais à ma bibliothèque et la seconde c'est que le postulat me faisait miroiter de savoureuses petites histoires pleines de fantaisie et de créatures loufoques. Aussi car mon père m'en avait dit du bien, je l'avoue.
Bon, premièrement je regrette sincèrement que la série ne soit pas plus empruntée car, bien que n'étant pas du goût de tout le monde, elle reste suffisamment travaillée et atypique pour valoir un sincère coup d'œil et quelques louanges. En effet, pour tout-e amateur-ice de récits alambiqués où les rêves et les illusions se confrontent (et se confondent aussi) à la réalité, un peu à la Don Quijote, ce récit offre une lecture on ne peut plus agréable.
Le chasseur (car c'est son nom) rêve de chasse et de gloire. Ou, pour être plus précise, il chasse les rêves et la gloire. C'est un chasseur d'aventure, un désireux de grandiose, quelqu'un qui se refuse à l'ennui d'un quotidien banal. Pour lui, tout évènement insignifiant, que cela soit la lecture d'un roman, la vision de nuages aux formes atypiques dans le ciel ou encore le fait de tomber malade, est une nouvelle occasion de partir en chasse, de chercher une forme de grandeur et d'épique.
Comme Don Quijote, avec qui la comparaison est évidente, notre chasseur est affublé d'un Sancho, d'un assistant, un faire-valoir en apparence qui se révèle en réalité bien plus terre-à-terre que son maître et cherchant toujours à le connecter au réel. Il cherche à le protéger, à s'assurer que ses chasses et ses rêves n'aient pas de conséquences désastreuses, pour lui comme pour les espèces qu'ils croisent.
A noter cependant que les rêves du chasseurs sont bien plus concrets que les géants de l'hidalgo, les incartades du réel, les chassés-croisés entre le monde bien tangible et l'imaginaire semblent bel et bien être intradiégétiques. Bien que le chasseur se berce parfois d'illusions, préfère croire qu'une taupe géante se soit transformée en rocher que de reconnaître qu'il se soit trompé de cible, il semble pourtant que le monde dans lequel il vit ne soit pas aussi "normal" que ce que l'on pourrait croire. Comme dans une œuvre du réalisme magique, la fantaisie et le surnaturel ne sont qu'à un jeu de mot ou une métaphore de venir chambouler la narration. Un rien peu devenir concret et tout est possible. Chasser ses idées noires ? Chasser la baleine blanche ? A cœur rêveur rien d'impossible, surtout pour quiconque ne se laisse pas enfermé dans ses idées préconçues.
Est-ce qu'il faut voir la quête du chasseur comme un appel à rêver, une ode au fantasque et à la poésie ? Ou bien faut-il rapprocher le personnage à son modèle et considérer ses aventures comme les récits tragicomiques d'une personne préférant vivre des illusions que d'affronter la réalité ? Je ne sais pas. Mais même si je ne peut trancher sur la question je reconnais avoir été transportée, avoir voyagé avec ce chasseur et son Sancho, avoir apprécié les jeux sur les mots et les mondes traversés. L'œuvre est bonne, le texte inventif et le dessin coloré et expressif comme il faut (même si le style graphique n'est pas mon préféré).
Oui, après lecture, je regrette sincèrement que la série ne soit pas si souvent empruntée que ça.
Un sujet difficile traité avec panache tant par l’illustration que le texte. L’auteur reste volontairement dans les tons sépia ce qui accentue l’atmosphère lourde presque insupportable. Le personnage principal, inventeur d’une arme chimique horrible passe dans sa propre histoire comme quelqu’un de presque banal. Il en résulte un dégoût non seulement du personnage principal mais de toute la clique politique et militaire qui se sert de ses trouvailles meurtrières. Effet réussi. Des livres durs, difficiles mais solides. Prendre le temps de les lire attentivement.
J’ai acheté cet album de James Tynion IV (The Department of Truth, Something is Killing the Children) pour lire un soir d’Halloween (en 2022, en VO), aguiché par la superbe couverture aux tons horrifiques, et à ce titre je ressors déçu de ma lecture.
On comprend en effet assez rapidement que les cauchemars de Jamie sont des manifestations de problèmes finalement assez terre-à-terre, à savoir les engueulades de ses parents. L’album propose certes une réflexion intéressante et pertinente sur les effets néfastes de nos comportements, nous parents, sur nos progénitures. Mais disons qu’il faut aussi s’enfiler des pages d’élucubrations d’un protagoniste un peu mou et pas toujours très attachant.
La mise en image de Gavin Fullerton (inconnu au bataillon) est en tout cas réussie.
Une lecture sympathique dans le genre roman graphique relationnel, mais passez votre chemin si vous êtes à la recherche d’une histoire horrifique. Je note que Urban fait aussi coïncider la sortie de l’album avec le mois d’Halloween… oui, je suis cynique.
Les trois albums se laissent lire, l’histoire est suffisamment intrigante pour mener le lecteur jusqu’au bout, même si, forcément, on se demande comment Rodolphe va finir par retomber sur ses pattes pour conclure, comment Joe Horton va retomber sur « sa vraie vie ».
Et du coup, la fin est frustrante, tellement elle semble facile et expédiée. Et du coup, faute de ce petit piment relevant le plat, revient quand même une certaine fadeur de l’ensemble. En effet, si l’histoire peut avoir des aspects captivants, Rodolphe abuse quand même de pas mal de facilités, puisqu’il suffit au héros d’atteindre cette pièce cachée (au passage déjà une grosse couleuvre à avaler !) et d’emprunter n’importe quelle porte pour incarner une des « possibilités » de sa vie, Horton incarnant ainsi des personnages des plus divers, passant de l’un à l’autre sans trop de transition, et sans que bien souvent ne soit réellement développée une véritable histoire au-delà de ces changements de biographie.
C’est donc souvent un peu vain, facile, et frustrant. Même si ça se laisse lire. Mon ressenti serait 2,5, mais j’arrondis à l’inférieur, car en sus le dessin ne m’a pas convenu. Comme l’intrigue il est globalement lisible. Mais je ne l’ai pas trouvé beau, les visages sont parfois changeant (Horton déjà), cela manque de précision et de détail, le rendu ne me convient pas.
En tant que fan de longue date des jeux vidéo The Walking Dead de Telltale, c’est un vrai plaisir de retrouver Clementine dans cette trilogie signée Tillie Walden. Le personnage m’a profondément marqué dans le jeu, et je dois avouer que j’étais à la fois curieux et un peu inquiet de la retrouver dans une œuvre d’un autre format. Dès les premières pages, on sent la patte graphique de Walden : un trait sobre, des décors souvent froids et hostiles, qui collent bien à l’univers post-apocalyptique tout en apportant une atmosphère plus contemplative et intime que dans le jeu.
Ce qui m’a surpris, c’est le choix narratif de départ : Clementine part seule à l’aventure et laisse AJ derrière elle. Pour moi qui avais suivi leur relation fusionnelle dans les jeux, ce détachement est déstabilisant. On comprend vite que l’autrice veut explorer une autre facette de Clementine, plus solitaire, plus introspective, mais ça reste un virage narratif qui peut diviser les fans.
Au fil des trois tomes, j’ai apprécié la galerie de nouveaux personnages, notamment Amos, ainsi que les différentes communautés rencontrées. Tillie Walden met davantage l’accent sur les liens humains, la reconstruction et les questionnements intérieurs que sur l’action pure. Cela donne un rythme particulier : parfois plus lent, parfois très fort émotionnellement, mais toujours empreint d’une vraie sensibilité.
On retrouve bien la dureté de l’univers de The Walking Dead, avec les rôdeurs et la menace constante, mais ce qui m’a le plus marqué, ce sont les moments de doute, d’espoir et de choix difficiles auxquels Clementine est confrontée. Elle n’est plus seulement la survivante que l’on guidait dans le jeu, elle devient une adolescente en quête de sens et de stabilité, avec tout ce que cela implique de contradictions.
En conclusion, cette trilogie n’est pas une suite fidèle aux jeux Telltale : il faut l’aborder comme une réinterprétation du personnage par une autrice qui propose sa propre vision. Si on accepte cela, on découvre un récit original, touchant, qui développe Clementine différemment et qui, malgré quelques choix discutables, reste une expérience riche et émouvante pour tout fan de l’univers.
Cette série est étrange, et je ne dis pas ça seulement parce que c'est une série fantastique. C'est surtout qu'elle oscille en permanence entre diverses histoires principales qui se croisent, dans une histoire de fantômes.
Difficile de décrire la série dans son ensemble, mais tout est articulé autour du personnage de Rose, jeune femme dont le père vient de mourir et qui peut sortir de son corps et parler aux fantômes. C'est assez lent dans le récit bien que les trois tomes embrassent une histoire assez touffue au final. Il y a des questions de famille, d'entreprises pharmaceutique méchante (référence à peine dissimulée du scandale du médiator), de sorcière, de lieux hantés... Mine de rien la densité des sujets est importante, même si je dois dire qu'au sortir du tome 2 je m'attendais à ce que toutes les résolutions ne soient pas satisfaisantes. Ce qui a effectivement été le cas, puisque l'enquête principale n'est pas le point final du récit, étrangement, avec une façon un peu molle de conclure cet arc narratif.
Dans l'ensemble c'est une série qui exploite l'idée des fantômes d'une manière originale, en effet, mais pas forcément extraordinaire non plus. A mon goût, ça manque de développement au vu de tout ce qui est présent et des nombreuses thématiques non entièrement développées. Une bonne série mais étrange, vraiment étrange. Elle a une atmosphère unique et se tient, même si je ne la trouve pas formidablement bien.
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La Légende des Stryges
Ce nouveau spin off des Stryges ne déçoit pas. On y retrouve le sel qui fait l'ADN de la série mère : des investigations qui amènent une part importante de mystères, sur fond de fantastique évidement. Autre époque, autres protagonistes, même créatures ailées, même recette et ça marche toujours autant. Retour au 19e siècle, l'intrigue démarre avec des fouilles archéologiques en Egypte. La découverte d'un tombeau, des sarcophages géants, un étrange liquide noir, de curieuses momies ... il ne faut pas plus de quelques pages pour poser de solides bases à l'intrigue et lancer le récit. C'est efficace, l'ambiance est là, le mystère aussi. Cette découverte attire la convoitise de personnages louches et la curiosité du lecteur. Ce premier tome donne déjà lieu à des révélations, qui font le lien avec la série principale. Corbeyran a intelligemment lié les Stryges à l'Egypte antique... c'est malin tout plein. On a maintenant envie de se plonger dans la suite pour connaitre le fin mot de tout ça. Parfois les spins off s'étirent avec peu de choses à raconter. Ici c'est tout l'inverse, la série est annoncée en 2 tomes alors qu'il semble qu'il y a encore du potentiel à développer et pleins de choses à découvrir. Coté dessin, le trait de Nicolas Begue ne jure pas avec l'esprit de la série, au contraire. Son style dynamique, appuyé par des décors soignés, s'inscrit là aussi tout à fait dans l'esprit de cet univers. Un diptyque qui a tout pour ravir les fans de la série.
Siegfried
Après lecture de ce triptyque, je suis un peu surpris d'autant de louanges sur cette série qui figure dans les immanquables de BDThèque... En effet, tout comme Bamiléké, j'ai trouvé la narration assez confuse entre passé et présent et avec des ficelles assez faciles pour introduire l'histoire. De plus, il ne se passe quand même pas grand chose dans le tome 1, qui se contente de planter le décor, ainsi que dans le tome 2 consacré au voyage de Siegfried avant l'affrontement final. Le tome 3 est un peu plus fouillé mais cela était malheureusement trop tard pour moi, n'ayant pas été sensible ni à la poésie qui devait se dégager de la série, ni aux personnages très lisses et classiques dans le genre. J'ai également été un peu gêné par le trait très "Disneyien" d'Alex Alice avec son héros au physique parfait, ses jolis loups gambadant dans la forêt et le personnages de Mime au visage plus enfantin, dont l'objectif est uniquement de faire sourire le lecteur avec ses running gag relatifs à son enclume. Il est vrai que je ne connais que très peu le mythe de l'anneau de Nibelung pour apprécier l'adaptation qu'en à faite Alex Alice et que j'ai peut-être trop lu de BD de ce type par le passé pour être surpris par cette série. J'ai ainsi préféré La Quête de l'Oiseau du Temps de Loisel dans le même genre. L'ensemble reste tout de même honnête pour ne pas descendre en dessous de 3/5. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 5/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation, mise en page) : 7/10 NOTE GLOBALE : 12/20
Julia & Roem (Coup de sang)
Julia & Roem se situe au milieu de la trilogie Coup de sang, entre Animal'z et La Couleur de l'air, et paradoxalement je ne l'ai lu que bien après les deux autres. Il transpose Roméo et Juliette dans l'univers post-apocalyptique étrangement écologique de cette trilogie un peu fantasque. L'idée de revisiter Shakespeare dans ce décor désolé aurait pu être intéressante, mais le résultat me laisse partagé. Graphiquement, Bilal reste fidèle à lui-même : des planches sombres, dominées par les gris, bleus et bruns, un style immédiatement reconnaissable, parfois superbe, parfois redondant. J'avoue que je finis par me lasser de ces visages interchangeables, toujours les mêmes corps élancés, les mêmes regards figés. C'est beau, oui, mais pas surprenant, et la surprise me manque de plus en plus chez lui. Côté scénario, la reprise de Shakespeare fonctionne à moitié. L'intrigue reprend trop directement les dialogues et situations de la pièce originale, ce qui produit parfois un effet artificiel, voire risible. On sent la volonté d'hommage ou de télescopage littéraire, mais la greffe ne prend pas toujours. Là où certains pourraient y voir une forme de poésie onirique, je trouve cela creux et répétitif. Il est difficile de critiquer la qualité graphique de cet album et la patte immédiatement identifiable de son auteur, mais le récit, lui, manque d'intérêt et tourne en rond. Au mieux, c'est un Bilal mineur qui se lit vite et s'oublie vite ; au pire, une démonstration de style sans véritable souffle narratif.
Notre affaire - Une BD de combat et d'espoir
BD importante s'il en est. Retour sur le procès Pelicot et sur les dramatiques questions sociétales que cette sordide affaire de viols par soumission chimique nous crache à la figure. Cette œuvre collective se propose via de multiples récits essentiellement documentaires, réalisés par des auteurs généralement différents, de rendre compte de l'importantissime procès des viols de Mazan. Après cette affaire, il n'est plus tenable de réfuter la réalité de la culture du viol dans nos sociétés patriarcales. Oui, cela choque, heurte bien des hommes, mais c'est une réalité idéologique et surtout sociologique. Cela n'équivaut pas à prétendre que tous les hommes sont des "crocodiles" violeurs en puissance, mais déclare simplement et tristement que de multiples pans de notre culture, que les lois de nos sociétés, etc. instaurent une norme comportementale empreinte de sexisme et de misogynie ayant de multiples conséquences, toutes minimisées et excusées, dont les plus dramatiques sont les féminicides et viols. Loin d'être indigeste, ce volumineux pavé se lit d'une traite le souffle coupé : cette affaire happe l'attention tant elle bouscule notre croyance en l'homme. Egalement parce que la BD, certes souvent dans la paraphrase ou "l'anecdotique", parvient à recréer le sentiment alors dominant chez les féministes s'étant emparées du sujet, que cette fois, la situation bougerait, que la honte changerait de camp ! Non, il ne s'agissait généralement pas de monstres : les coupables n'étaient que des hommes, de simples routiers, pompiers, ouvriers..., parfois de bons pères de famille, des conjoints aimant, de bons employés appréciés de leurs collègues et patrons, des hommes pour nombre d'entre soutenus durant le procès par leurs proches et notamment leur conjointe. Cette BD malheureusement met peu en perspective les choses, la faute aussi au projet initial, à ce souhait de construire une œuvre collective offrant modérément la possibilité de développer un point de vue, de synthétiser une pensée. Les brefs propos sur l'inceste et la culture du viol font entrevoir ce qu'aurait pu être cette BD, mais le projet ne souhaitait visiblement pas l'ampleur, plutôt dégager le sentiment d'une prise de conscience collective pouvant laisser espérer des jours meilleurs. Sur ce point, c'est réussi.
Le Chasseur de Rêves
Comme disait ma mamie : en voilà une série qu'elle est quand-même vachement bonne ! Je me suis lancée dans cette série pour deux raisons : la première c'est qu'elle ne sortait jamais à ma bibliothèque et la seconde c'est que le postulat me faisait miroiter de savoureuses petites histoires pleines de fantaisie et de créatures loufoques. Aussi car mon père m'en avait dit du bien, je l'avoue. Bon, premièrement je regrette sincèrement que la série ne soit pas plus empruntée car, bien que n'étant pas du goût de tout le monde, elle reste suffisamment travaillée et atypique pour valoir un sincère coup d'œil et quelques louanges. En effet, pour tout-e amateur-ice de récits alambiqués où les rêves et les illusions se confrontent (et se confondent aussi) à la réalité, un peu à la Don Quijote, ce récit offre une lecture on ne peut plus agréable. Le chasseur (car c'est son nom) rêve de chasse et de gloire. Ou, pour être plus précise, il chasse les rêves et la gloire. C'est un chasseur d'aventure, un désireux de grandiose, quelqu'un qui se refuse à l'ennui d'un quotidien banal. Pour lui, tout évènement insignifiant, que cela soit la lecture d'un roman, la vision de nuages aux formes atypiques dans le ciel ou encore le fait de tomber malade, est une nouvelle occasion de partir en chasse, de chercher une forme de grandeur et d'épique. Comme Don Quijote, avec qui la comparaison est évidente, notre chasseur est affublé d'un Sancho, d'un assistant, un faire-valoir en apparence qui se révèle en réalité bien plus terre-à-terre que son maître et cherchant toujours à le connecter au réel. Il cherche à le protéger, à s'assurer que ses chasses et ses rêves n'aient pas de conséquences désastreuses, pour lui comme pour les espèces qu'ils croisent. A noter cependant que les rêves du chasseurs sont bien plus concrets que les géants de l'hidalgo, les incartades du réel, les chassés-croisés entre le monde bien tangible et l'imaginaire semblent bel et bien être intradiégétiques. Bien que le chasseur se berce parfois d'illusions, préfère croire qu'une taupe géante se soit transformée en rocher que de reconnaître qu'il se soit trompé de cible, il semble pourtant que le monde dans lequel il vit ne soit pas aussi "normal" que ce que l'on pourrait croire. Comme dans une œuvre du réalisme magique, la fantaisie et le surnaturel ne sont qu'à un jeu de mot ou une métaphore de venir chambouler la narration. Un rien peu devenir concret et tout est possible. Chasser ses idées noires ? Chasser la baleine blanche ? A cœur rêveur rien d'impossible, surtout pour quiconque ne se laisse pas enfermé dans ses idées préconçues. Est-ce qu'il faut voir la quête du chasseur comme un appel à rêver, une ode au fantasque et à la poésie ? Ou bien faut-il rapprocher le personnage à son modèle et considérer ses aventures comme les récits tragicomiques d'une personne préférant vivre des illusions que d'affronter la réalité ? Je ne sais pas. Mais même si je ne peut trancher sur la question je reconnais avoir été transportée, avoir voyagé avec ce chasseur et son Sancho, avoir apprécié les jeux sur les mots et les mondes traversés. L'œuvre est bonne, le texte inventif et le dessin coloré et expressif comme il faut (même si le style graphique n'est pas mon préféré). Oui, après lecture, je regrette sincèrement que la série ne soit pas si souvent empruntée que ça.
Fritz Haber
Un sujet difficile traité avec panache tant par l’illustration que le texte. L’auteur reste volontairement dans les tons sépia ce qui accentue l’atmosphère lourde presque insupportable. Le personnage principal, inventeur d’une arme chimique horrible passe dans sa propre histoire comme quelqu’un de presque banal. Il en résulte un dégoût non seulement du personnage principal mais de toute la clique politique et militaire qui se sert de ses trouvailles meurtrières. Effet réussi. Des livres durs, difficiles mais solides. Prendre le temps de les lire attentivement.
Derrière la porte
J’ai acheté cet album de James Tynion IV (The Department of Truth, Something is Killing the Children) pour lire un soir d’Halloween (en 2022, en VO), aguiché par la superbe couverture aux tons horrifiques, et à ce titre je ressors déçu de ma lecture. On comprend en effet assez rapidement que les cauchemars de Jamie sont des manifestations de problèmes finalement assez terre-à-terre, à savoir les engueulades de ses parents. L’album propose certes une réflexion intéressante et pertinente sur les effets néfastes de nos comportements, nous parents, sur nos progénitures. Mais disons qu’il faut aussi s’enfiler des pages d’élucubrations d’un protagoniste un peu mou et pas toujours très attachant. La mise en image de Gavin Fullerton (inconnu au bataillon) est en tout cas réussie. Une lecture sympathique dans le genre roman graphique relationnel, mais passez votre chemin si vous êtes à la recherche d’une histoire horrifique. Je note que Urban fait aussi coïncider la sortie de l’album avec le mois d’Halloween… oui, je suis cynique.
Si seulement
Les trois albums se laissent lire, l’histoire est suffisamment intrigante pour mener le lecteur jusqu’au bout, même si, forcément, on se demande comment Rodolphe va finir par retomber sur ses pattes pour conclure, comment Joe Horton va retomber sur « sa vraie vie ». Et du coup, la fin est frustrante, tellement elle semble facile et expédiée. Et du coup, faute de ce petit piment relevant le plat, revient quand même une certaine fadeur de l’ensemble. En effet, si l’histoire peut avoir des aspects captivants, Rodolphe abuse quand même de pas mal de facilités, puisqu’il suffit au héros d’atteindre cette pièce cachée (au passage déjà une grosse couleuvre à avaler !) et d’emprunter n’importe quelle porte pour incarner une des « possibilités » de sa vie, Horton incarnant ainsi des personnages des plus divers, passant de l’un à l’autre sans trop de transition, et sans que bien souvent ne soit réellement développée une véritable histoire au-delà de ces changements de biographie. C’est donc souvent un peu vain, facile, et frustrant. Même si ça se laisse lire. Mon ressenti serait 2,5, mais j’arrondis à l’inférieur, car en sus le dessin ne m’a pas convenu. Comme l’intrigue il est globalement lisible. Mais je ne l’ai pas trouvé beau, les visages sont parfois changeant (Horton déjà), cela manque de précision et de détail, le rendu ne me convient pas.
Walking Dead - Clementine
En tant que fan de longue date des jeux vidéo The Walking Dead de Telltale, c’est un vrai plaisir de retrouver Clementine dans cette trilogie signée Tillie Walden. Le personnage m’a profondément marqué dans le jeu, et je dois avouer que j’étais à la fois curieux et un peu inquiet de la retrouver dans une œuvre d’un autre format. Dès les premières pages, on sent la patte graphique de Walden : un trait sobre, des décors souvent froids et hostiles, qui collent bien à l’univers post-apocalyptique tout en apportant une atmosphère plus contemplative et intime que dans le jeu. Ce qui m’a surpris, c’est le choix narratif de départ : Clementine part seule à l’aventure et laisse AJ derrière elle. Pour moi qui avais suivi leur relation fusionnelle dans les jeux, ce détachement est déstabilisant. On comprend vite que l’autrice veut explorer une autre facette de Clementine, plus solitaire, plus introspective, mais ça reste un virage narratif qui peut diviser les fans. Au fil des trois tomes, j’ai apprécié la galerie de nouveaux personnages, notamment Amos, ainsi que les différentes communautés rencontrées. Tillie Walden met davantage l’accent sur les liens humains, la reconstruction et les questionnements intérieurs que sur l’action pure. Cela donne un rythme particulier : parfois plus lent, parfois très fort émotionnellement, mais toujours empreint d’une vraie sensibilité. On retrouve bien la dureté de l’univers de The Walking Dead, avec les rôdeurs et la menace constante, mais ce qui m’a le plus marqué, ce sont les moments de doute, d’espoir et de choix difficiles auxquels Clementine est confrontée. Elle n’est plus seulement la survivante que l’on guidait dans le jeu, elle devient une adolescente en quête de sens et de stabilité, avec tout ce que cela implique de contradictions. En conclusion, cette trilogie n’est pas une suite fidèle aux jeux Telltale : il faut l’aborder comme une réinterprétation du personnage par une autrice qui propose sa propre vision. Si on accepte cela, on découvre un récit original, touchant, qui développe Clementine différemment et qui, malgré quelques choix discutables, reste une expérience riche et émouvante pour tout fan de l’univers.
Rose
Cette série est étrange, et je ne dis pas ça seulement parce que c'est une série fantastique. C'est surtout qu'elle oscille en permanence entre diverses histoires principales qui se croisent, dans une histoire de fantômes. Difficile de décrire la série dans son ensemble, mais tout est articulé autour du personnage de Rose, jeune femme dont le père vient de mourir et qui peut sortir de son corps et parler aux fantômes. C'est assez lent dans le récit bien que les trois tomes embrassent une histoire assez touffue au final. Il y a des questions de famille, d'entreprises pharmaceutique méchante (référence à peine dissimulée du scandale du médiator), de sorcière, de lieux hantés... Mine de rien la densité des sujets est importante, même si je dois dire qu'au sortir du tome 2 je m'attendais à ce que toutes les résolutions ne soient pas satisfaisantes. Ce qui a effectivement été le cas, puisque l'enquête principale n'est pas le point final du récit, étrangement, avec une façon un peu molle de conclure cet arc narratif. Dans l'ensemble c'est une série qui exploite l'idée des fantômes d'une manière originale, en effet, mais pas forcément extraordinaire non plus. A mon goût, ça manque de développement au vu de tout ce qui est présent et des nombreuses thématiques non entièrement développées. Une bonne série mais étrange, vraiment étrange. Elle a une atmosphère unique et se tient, même si je ne la trouve pas formidablement bien.