Les derniers avis (305 avis)

Par Solo
Note: 5/5
Couverture de la série A bord de l'Etoile Matutine
A bord de l'Etoile Matutine

Une claque pour le récit, une deuxième pour le dessin. Quelle poignante surprise, quel voyage. Avec Riff Reb's, vogue la galère! Il faut que je lise à tout prix les autres créations/adaptations de cet auteur. Il y a des BD où on comprend tout, où on saisit ce que veut transmettre l'auteur. Du moins on trouve un sens qui nous est propre. Et cette BD, ça m'parle. Tous ces individus qui naissent dans la misère ou qui tombent dedans si violemment qu'ils ne réussiront jamais à remonter la pente. Tous ceux-là, qui ne trouveront jamais leur place dans la société, elle qui les laisse se perdre en mer, dans la brume de leurs pipes et la cécité de leur ivresse. A cette époque, ceux-là pouvaient devenir de viles canailles, dont seul le code des pirates pouvait encore leur permettre de garder une espèce ce dignité. La piraterie, c'est le dernier voyage avant le trépas. Si tu t'éloignes trop longtemps de la mer, la vie ne vaut pas un sou. Et si tu n'es plus pirate, tu n'existes plus. Ils sont cruels oui, mais ils sont aussi humains. Cette mort, ils la rejettent tous aussi longtemps qu'ils leur restent un souffle de vie et un espoir pour retourner à bord de leur navire. On ne trouve plus de beauté chez ces hommes. Elle existe, mais elle est enfouie. Pourtant parfois, elle veut se présenter lorsqu'on l'appelle : un discours de 5 ou 6 lignes sur une mer étoilée (sublime), ce chant si mélodieux qu'il peut briser le plus fort cœur de pirate, ou encore le portrait d'un doux et innocent visage qui leur est tombé entre les mains... Mais non, leur secrète beauté restera bien cachée, ils n'y croient pas et préfèrent se débarrasser de tout ça, soi-disant sans état d'âme. Ils choisissent d'aller jusqu'au bout de leur aventure de misère qui n'indique pas le nord, et courir après leur dernier rêve qui se résumera être en réalité une course à la survie à chaque quinzaine, si ce n'est moins. Le dessin est tellement profond avec ces ombres et ces courbes, ces marins à la trogne pas possible, cette mer qui nous emporte avec eux... Et puis l'écriture, ahhh mais cette écriture ! Je ne sais pas si beaucoup des textes sont tirés du roman. Si oui, c'est la sélection la plus intelligente au monde, si non alors l'auteur possède un talent d'une richesse sans nom. Culte pour moi, et qu'on vienne pas me l'enlever ! C'est mon trésor ! :)

31/03/2021 (modifier)
Couverture de la série Batman - White Knight
Batman - White Knight

La claque ! Non vraiment la claque ! Graphiquement, j'ai adoré. Ça fait plaisir d'avoir le coloriste apparaissant au même titre que le dessinateur-scénariste sur la couverture. C'est justice. Il y a un travail du coloriste remarquable. Alors certes, rapidement, on voit où nous emmène le scénario. Je me suis dit que c'était un énième lessivage des thèmes liés à l'univers de Batman. Et pourtant, comme graphiquement j'étais tellement dedans, je me suis aussi laissé embarquer par l'histoire qui, dans le fond, propose du super neuf avec du super vieux et c'est terriblement efficace. La reprise graphique des méchants, des batmobiles et de l'ensemble de l'univers est géniale. Je lis assez peu de comics, par méconnaissance principalement. S'il y a un tome 2, j'irai l'acheter sans sourciller. Mille fois recommandé.

17/03/2021 (modifier)
Par fuuhuu
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série L'Enfant ébranlé
L'Enfant ébranlé

Voici une bande dessinée chinoise, dessinée et écrite par Tang Xiao diplômé de la Beijing Film Academy en 2011 et qui a sorti son premier livre Summer Vacation en 2014 à Hong Kong avant de remporter le Golden Award de la 12e Japan International Manga Award en 2019. Dans une petite ville de la Chine des années 90, le jeune Yang Hao partage son temps entre l'école où il adore rédiger des rédactions, ses amis avec qui il joue aux jeux vidéos et sa famille, surtout composée de sa mère puisque son père est le grand absent. Mais cela change le jour où il se fait remarquer pour un de ses textes, qu'il se fait menacer par un autre écolier et que son père rentre. Tout alors se met en branle pour lui prouver que la vie n'est pas immuable mais au contraire qu'elle est très changeante. C'est donc un récit "tranche de vie" assez bien mené. On suit la vie d'un petit écolier de ans, Yang Hao. Le récit est simple, réaliste. Aucun artifice ou grand rebondissement, juste des petits moments de vie. Et malgré cela, on est captivé par le récit. En effet, le petit Yang Hao est adorable, très attachant. Il vit dans une famille qui d'un premier abord est assez banale, mais qui au final sera l'un des éléments majeurs de l'histoire. Son père est souvent absent parce qu'il doit partir loin pour pouvoir trouver du travail. Sa mère est femme au foyer et s'occupe donc de lui avec sa propre mère. Tout se passe bien sauf que quand son père revient, celui-ci est inéluctablement attiré par l'univers des parties de mah-jong de ses amis et ne peut s'empêcher d'y passer ses soirées. Cela crée des tensions dans le couple, ce que ressent et entend très bien le petit garçon. C'est déchirant de le voir assister à tout ça et on en vient vite à détester ce père qui ne saisit pas bien son rôle aussi bien de parent que d'époux. On a de la peine pour sa femme et son fils, qui va devoir apprendre à vivre dans cette famille loin du modèle parfait qu'il aimerait avoir. Le récit est extrêmement riche. Il aborde aussi bien la vie d'un écolier chinois, son rapport aux jeux (vidéos et autres), ses relations avec ses aînés, la composition de la famille traditionnelle chinoise avec la place des anciens, les ravages de l'absence de travail à la campagne, les tensions dans les couples qui se répercutent sur les enfants, les répercussions d'un divorce, etc. La culture chinoise est également un élément majeur ici. On parle de la vie à la campagne. On nous dépeint les transports rudimentaires à vélo, la place des aînés, les hommes qui doivent aller travailler au loin. On évoque aussi ces jeux traditionnels que sont le mah-jong et le xiangqi. Le décor est vraiment superbement retranscrit et cela rend le récit d'autant plus immersif. Le dessin est également superbe. Il est rempli de poésie, de mélancolie. J'ai souvent eu le cœur au bord des lèvres en lisant ce texte. Un excellent récit de vie, puissant, poétique et mélancolique. 4 étoiles MAUPERTUIS, OSE ET RIT !

13/03/2021 (modifier)
Couverture de la série Zaroff
Zaroff

Je crois n'avoir jamais mis de 5 étoiles à une Bd récente, mais voila c'est fait, je n'ai pu résister à cet album qui m'a en plus replongé dans des souvenirs de jeunesse exaltants ; j'ai en effet vu très jeune, alors que j'étais ado ou pré-ado le film de Shoedsack et Pichel au ciné-club de la 2 que présentait Claude-Jean Philippe à la fin d'Apostrophes chez Pivot, c'est vous dire si ça remonte. Mais le souvenir est tellement vivace, ce film m'a tellement marqué, c'est un chef-d'oeuvre du cinéma fantastique, et je me souviens que dans la semaine qui suivit je voyais aussi le Frankenstein de James Whale et le King Kong de 1933 car le ciné-club consacrait un cycle au ciné fantastique des années 30. D'un coup, je faisais mon éducation ciné avec 3 énormes classiques. Les Chasses du comte Zaroff (the Most dangerous game) a été tourné en 1932 par la même équipe que King Kong ; on y retrouvait Shoedsack à la réalisation avec Merian C. Cooper, puis la même actrice Fay Wray, et la musique était signée aussi par le légendaire Max Steiner ; les décors utilisaient le même plateau, avec des décors de jungle issus de Skull Island, les scènes de King Kong étaient tournées le jour par Cooper, et la nuit Shoedsack prenait le relais et tournait celles du Comte Zaroff qui visiblement était une petite production de la RKO devant servir de test au prestigieux projet mené par Shoedsack et Cooper : King Kong. Mais ce soi-disant petit film possédait d'indéniables qualités artistiques et techniques où la traque, la forteresse vaguement gothique, les marécages brumeux, la forêt dense constituaient une atmosphère hostile et angoissante, et qui faisait de Zaroff un aristocrate raffiné et cruel tout à fait fascinant. D'où le fait que ce film a fait date et qu'il a inspiré plusieurs remakes ; j'en citerai 2 qui présentent des qualités intéressantes : la Chasse sanglante en 1974 qui revisitait le mythe de façon plus bestiale et beaucoup plus violente, et la même année, la Comtesse perverse, un film espagnol de Jess Franco, le maître de l'érotisme et de l'horrifique bis, où sa comtesse chassait nue des vierges sur son île, un film qui je me souviens, avait émoustillé ma libido de très jeune adulte au début des années 80. On peut y ajouter Chasse à l'homme, remake moderne et premier film américain de John Woo qui lançait le cogneur belge Jean-Claude Van Damme chassé par d'horribles riches oisifs en Louisiane. Après ce cours d'histoire cinématographique, parlons de la Bd de Runberg et Miville-Deschênes, un album qui m'a entièrement ravi et où j'ai retrouvé plein de sensations. En fait, c'est une extrapolation d'un film mythique, lui-même adapté fidèlement d'une nouvelle, puisque Runberg imagine ce qui se passe après le film, c'est donc un prolongement librement interprété ; les auteurs résument le film dans les premières pages en une sorte de noir & blanc, qui permettent de comprendre la chronologie des événements précédents. Ce qui fait la force de ce scénario, c'est bien évidemment le dessin de Miville-Deschênes que j'avais déjà tellement admiré sur Reconquêtes, précedente Bd d'antic-fantasy du duo Runberg-MD. Ce dessin est toujours aussi somptueux et saisissant, MD crée un background hyper consistant qui donne une force incroyable à ce récit, à tel point que ça en devient presque immersif. Le décor de cette île maléfique constitué d'une jungle luxuriante, d'affrontements, et d'animaux sauvages (déjà MD se régalait avec ses bêtes monstrueuses dans Reconquêtes), tout ceci forme un univers extraordinaire et fantasmé. Certaines images renvoient à l'imaginaire des romans d'aventure du XIXème siècle, c'est proprement fabuleux. Au final, ce récit qui revisite le film avec 2 groupes de chasseurs qui se chassent mutuellement, et tout aussi psychopathes l'un que l'autre, est non seulement haletant, mais surtout parfaitement construit et bien conduit, quelle idée formidable de réinventer cette trame et de n'avoir pas cherché simplement à faire une banale adaptation du film, l'ambiance est parfaitement recréée, ça sera sans doute moins probant pour ceux qui n'ont pas vu le film évidemment, je pense qu'ils perdent beaucoup, mais je peux vous assurer que pour un gars comme moi qui a baigné dans cette atmosphère très jeune qui plus est, je suis tombé à la renverse devant tant d'excellence. Un album sensationnel à lire absolument !

04/03/2021 (modifier)
Couverture de la série Aldobrando
Aldobrando

Aldobrando est un conte se déroulant dans une période médiévale imaginaire, sur le thème de la quête initiatique. Aldobrando est naïf, et il va se confronter au monde, ce qui ne se fera pas sans frictions. Ce qui m'a frappé immédiatement, c'est le dessin. Magnifique et complètement maîtrisé, il donne une vraie patte à cet album. La mise en couleur, encore plus, lui confère une identité absolument remarquable ! Les chapitres ont en effet chacun leur palette de couleurs propres, les identifiant très fortement. La galerie vous en convaincra : scène de pluie, le bleu et le gris créent l'ambiance; scène d'intérieur au coin du feu, les oranges et marron créent un univers douillet. Tout l'album est ainsi découpé, et le résultat est d'une lisibilité exemplaire. Les dialogues ont un rythme qui peut sembler étrange. Là encore, lisez la première scène, qui est déjà un petit bijou. Les personnages, souvent interrogatifs, font de l'anadiplose une habitude. Un peu déroutant, cela participe à créer le rythme un peu lent de l'histoire. De fait, elle se savoure en prenant son temps. N'attendez pas de grande bataille, ni de quête haletante, ce n'est pas le propos de cette histoire. Les personnages sont très archétypaux, mais cela ne pose aucun problème -- au contraire, cela participe à l'histoire -- et on prend plaisir à les retrouver au fil des chapitres. Il y a peut-être tout de même quelques longueurs dans cet album, et le scénario mène à une fin qui ne sera guère surprenante. Néanmoins ce superbe album parvient à créer un univers cohérent qui nous emmène avec lui le temps de sa lecture. Il fut un véritable régal à lire, et je m'y replongerai avec grand plaisir.

22/02/2021 (modifier)
Couverture de la série Incroyable !
Incroyable !

Sans la critique postée par Josq au moment de la sortie de cet album, je serais sans doute passée complètement à côté. Mais sa chronique avait fortement retenu mon attention, et je m’étais empressée de ranger cette BD dans ma liste de séries à lire. Le temps ayant passé depuis, je me suis lancée dans ma lecture sans avoir de souvenir précis de la critique en question. Je me suis donc plongée dans la lecture de cet album sans savoir ce qui m’attendait… et le moins que l’on puisse dire, c’est que de la première à la dernière page de cet album, on a bien du mal à savoir sur quel chemin vont nous amener les auteurs. On suit Jean-Loup, un curieux petit garçon dans les années 80 : curieux car il s’intéresse à de multiples sujets sur lesquels il se renseigne et dont il compile les informations dans d’innombrables fiches, mais aussi curieux dans le sens étrange. Jean-Loup est solitaire, plein de tocs, et vit dans sa bulle dans laquelle il côtoie d’encombrants ancêtres, mais surtout son ami imaginaire qui n’est autre que Baudoin, le roi des Belges de l’époque. Le récit mêle habilement la loufoquerie, la poésie, mais aussi la mélancolie, le tout saupoudré d’anecdotes scientifiques tirées des fiches de Jean-Loup. J’ai suivi avec grand plaisir ce petit garçon attachant durant toute la première partie du récit, ne comprenant pas bien où tout ça aller me mener… et au moment précis où je commençais à craindre de me désintéresser du sort de Jean-Loup, l’histoire a pris un tournant auquel je ne m’attendais pas du tout. C’est très fort de la part des auteurs d’avoir placé ce rebondissement à ce moment précis, j’ai été très surprise et l’émotion ressentie sur la dernière partie de l’album n’en a été que plus forte. Cerise sur le gâteau, j’ai trouvé le dessin d’Hippolyte parfaitement en adéquation avec l’histoire. Son côté enfantin nous place à la hauteur de Jean-Loup, et contribue à le rendre touchant. Le traitement des décors est aussi particulièrement réussi, avec un trait qui s’adapte à l’ambiance de chaque scène : épuré dans les scènes légères, chargé de crayon noir dans les scènes plus sombres. « Incroyable ! » est un petit bijou à découvrir. Sous ses airs de récit mélancolique, cette histoire d’un petit garçon tour à tour lunaire et solaire se révèle être un formidable hymne à la vie.

19/02/2021 (modifier)
Par Solo
Note: 5/5
Couverture de la série Le Voyage du Commodore Anson
Le Voyage du Commodore Anson

Edit Juin 2021 : une relecture qui a intensifié ma satisfaction de découverte et de curiosité assouvie. On gagne un regard précis sur une partie de l'Histoire et ça, ça n'a pas de prix. Les dessins, bien que discutables par petits moments, collent vraiment parfaitement avec ce récit. En résumé : 4,5/5. Sur les conseils de mon libraire (après lui avoir dit ô combien j'étais dégoûté de la fin de Barracuda), j'ai acheté cette BD sans connaître les auteurs, ni apprécier le dessin au premier coup d'œil. Et finalement, l'authenticité se trouve partout dans cette aventure et les dessins s'adaptent bien au récit. C'est la meilleure BD historique que j'ai pu lire jusqu'à présent, celle qui ne cherche pas plus d'artifices que l'Histoire elle-même. Sur la forme, c'est impeccable. Les chapitres sont salvateurs en apportant une structure claire au récit de 260 pages. Chaque page de chapitre donne un résumé et des citations de Voltaire et Rousseau pour paraphraser l'aventure… Et tout au long de l'histoire, l'auteur cherche à prouver la cohérence historique: la narration est en partie tirée du véritable carnet de bord du lieutenant Saumarez et plusieurs tableaux réalisés par l'officier Brett sont admirablement représentés... Et pour finir, à la fin de la BD on trouve un planisphère traçant le périple de l'escadre et quelques pages pour savoir ce que sont devenus les survivants après leur retour en Angleterre. On peut dire que le sujet est traité à part entière ! Pour les dessins, je me suis fais violence et j'ai fini par accepter facilement ce rendu esquissé et ces personnages parfois difformes. A quelques endroits, je me suis quand même dit que le dessinateur n'avait pas "fini son boulot". Par contre, je trouve les plans larges vraiment superbes. Aussi, j'ai tout de suite apprécié l'écriture cursive qui participe à rendre l'ensemble homogène. C'est une affaire de goût mais je conseille vraiment aux plus rebutés de repousser leurs limites pour, au moins, ne pas louper cette page historique criante d'authenticité! Au niveau du récit donc : pas de sentimentalisme (faut partir du principe que tout le monde peut crever), pas de femme (à 5/6 cases près). Ici, on se base sur des faits! Et le résultat est bluffant : j'ai eu le sentiment incroyable de m'être introduit dans le quotidien d'une escadre de la Royal Navy du XVIIIème siècle. J'trouve ça dingue!!! On apprend et on comprend tout : étapes de navigation, stratégies du Commodore, le jeu hiérarchique, la gestion des hommes, la nourriture, les maladies, le pillage et les parts du butin... C'est un énorme travail de mise en situation historique! En choisissant le réalisme, les auteurs veulent cibler notre regard sur le travail titanesque, la misère et la mort des marins au quotidien. Finalement, c'est une grande histoire populaire que les auteurs parviennent à nous offrir. A l'inverse, on est désabusé des butins pillés, destinés à remplir les caisses de l'empire britannique. L'histoire telle que racontée appuie sur le fait qu'à cette époque, la guerre n'était rien d'autre que des actes de pure piraterie. Coup de cœur !

12/02/2021 (modifier)
Par Benjie
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Emma G. Wildford
Emma G. Wildford

L’album est présenté dans une très jolie boite. A peine ouvert, on se retrouve dans un jardin anglais, dans les années 1920, dans une ambiance aux couleurs chaudes et douces, un rien suranné. Emma G. Wilford est mélancolique, elle attend. Elle espère. Elle espère avoir bientôt des nouvelles de son fiancé parti en exploration dans le grand nord, en quête d’une mystérieuse déesse nordique. Malheureusement, il n’a donné aucune nouvelle depuis plus d’un an. Est-il seulement en vie ? Emma G. Wilford est une poétesse. Tout au long de l’album, elle écrit des vers. Emma est aussi une femme libre, pleine d’énergie, aux répliques directes et bien envoyées. N’y tenant plus, elle décide de partir à la recherche de son amour perdu en Laponie. La clef de l’énigme se trouve-t-elle dans l’enveloppe qu’il a laissée à son attention avant de partir ? Cette lettre est glissée à l’intérieur de l’album, de même qu'une carte d’embarquement et une photo du disparu. Cet album est une pépite. Du jardin anglais écrasé par la chaleur étouffante de l’été aux paysages glacés du grand Nord, Emma va en apprendre plus sur les êtres humains, sur la vie et sur elle-même. Du très beau dessin se dégage un romantisme extraordinaire.

06/02/2021 (modifier)
Par Yann135
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Che - Une vie révolutionnaire
Che - Une vie révolutionnaire

Roulement de tambour s’il vous plaît. Oyé Oyé voici le commandant Ernesto « Ché » Guevara ! Faites de la place à cet album admirable dans votre bibliothèque. Je suis encore sous le choc de la lecture de cette BD fantastique. Un pavé de plus de 400 pages. Que vous soyez un fan ou pas de la révolution cubaine, que vous soyez un communiste endurci ou un impérialiste convaincu, vous serez subjugués par la vie de ce révolutionnaire argentin auréolé d’un prestige sans égal dans le monde entier. Jon Lee Anderson – journaliste au New Yorker, correspondant de guerre et spécialiste de l’Amérique latine - tire un portrait sans concession de ce mythe porté aux nues et sans nul doute plus connu qu’Elvis, que de Ronaldo ou encore que de Madonna. Cette adoration hors norme a son côté obscur et c’est le prisme de ce récit sans concession. Intéressant de livrer une vérité sur ce parangon d’une jeunesse rebelle. Vous ne porterez peut-être plus votre teeshirt avec l’effigie du Ché ! C’est le seul risque que vous prenez à la lecture de cette biographie. Alors vous faites quoi ? Vous avez raison, il faut plonger dans ce portrait sans mansuétude, mais ô combien captivant. Vous allez vous régaler. A vous ce personnage que vous allez côtoyer de 1952 quand il quitte Buenos Aires pour parcourir l’Amérique Latine à sa mort le 9 octobre 1967 à La Huguera en Bolivie. 15 ans de sa vie sous les feux des projecteurs avec une kyrielle de personnages haut en couleurs …. Fidel Castro, Nixon, Kennedy, Nasser, Kabila ou en encore Kroutchev. Elle a de la gueule cette galerie. Voilà un cours d’histoire comme vous n’en n’aurez jamais. Le style narratif est excellent en s’appuyant sur des articles de presse d’époque et sur la correspondance entretenue par le Ché avec sa famille et avec Fidel. Nous sommes dans ses pensées. Dans son intimité. Nous appréhendons ses doutes et ses certitudes. Nous percevons sa personnalité bien complexe. Aucune empathie pour ses parents ou pour les femmes qui ont partagé sa vie et qu’il a délaissé pour vivre égoïstement ses révolutions à Cuba, au Congo ou encore en Bolivie. Tout ceci est magnifié par la patte du mexicain José Hernández. Que c’est beau ! Le dessin est d’un réalisme époustouflant. Il accompagne les mots d'Anderson. Le côté sombre exalte le plaisir des yeux. Dingue le boulot qu’il a fallu pour réaliser ces 429 planches. Je suis encore abasourdi par ce graphisme. Impressionnant. Les traits de Fidel ou d’Ernesto sont ultra méga stupéfiants. Des photographies. Nous sommes tout simplement dans une sorte de reportage photo. Renversant. Et vous savez, avec cet album c’est à vous de juger Ernesto Guevara. Doit-il rester une référence iconique pour des adolescents révoltés ou n’est-il en fin de compte qu’un vulgaire révolutionnaire sanguinaire ? Jon Lee Anderson ne fait que restituer des faits en s’interdisant de juger les actions du commandant. Ça va vous bouger, ça va vous perturber, ça va vous déranger mais au bout du bout ça va vous questionner. Quand je vous dis que la lecture de cet album est exquise. Cela fait bien longtemps que mon petit coeur n’avait pas palpité autant à la lecture d'une BD. Aussi cette biographie documentée enrichissante, je vous la recommande sans réserve.

26/01/2021 (modifier)
Par Titanick
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Géante - Histoire de celle qui parcourut le monde à la recherche de la liberté
Géante - Histoire de celle qui parcourut le monde à la recherche de la liberté

Je lis (en douce) et j'avise cet album juste avant de l'offrir à une jeune fille de 15 ans. Le dessin faussement naïf laisse penser que ce conte est enfantin. Alors, pas tout à fait. D'abord près de 200 pages, ce n'est pas rien, et ensuite l'histoire est dense et riche. Nous suivons l'évolution d'une ''petite'' fille vers son statut de femme et surtout de femme libre. Le parcours de l'héroïne est particulièrement intéressant. Au fur et à mesure de ses apprentissages et de ses expériences, elle s'affirme à la fois par sa forte personnalité mais aussi grâce à des rencontres avec des guides et des initiateurs (-trices) bienveillants. C'est que le monde est difficile pour tous, mais plus encore pour les filles. Oui, le propos est féministe, mais pas dans l'affrontement, juste dans le respect des autres. Dans chaque chapitre elle a à affronter les intolérances diverses, la place de la femme dans l'éducation, dans la vie familiale et la sexualité, les communautés religieuses... Elle remet tout le monde à sa place de façon magistrale. J'ai bien aimé justement son statut de géante qui lui permet de s'imposer sans qu'on lui en conte, à chacun(e) de devenir symboliquement géant(e) à son tour en suivant son exemple d'indépendance d'esprit. J'espère que la jeune fille à qui je le destine comprendra bien le message. J'ai beaucoup apprécié le dessin, même les yeux si stylisés, il sert bien le conte. Et l'édition est superbe avec une couverture des plus réussies. Pour chipoter, deux petits bémols peut-être : une fin un poil trop ''utopique'' mais c'est la suite logique de l'histoire et, ce qui me gêne un peu plus, même si la dénonciation des dogmes religieux est bien présente, il y a (à mon goût) un petit reste de religiosité avec ce ''Haut-puissant'' qui ne semble pas être remis en question.

20/01/2021 (modifier)