Les derniers avis (237 avis)

Couverture de la série Aaron
Aaron

Aaron est la bande dessinée qui m’a le plus marqué depuis le début de cette année. Non qu’elle soit parfaite mais son thème central, son personnage principal ainsi que l’intelligence dont fait montre son auteur, Ben Gijsemans -qui parvient à créer une mise en abyme originale, nous mettant au sens propre du terme à la place de son personnage dans de nombreux passages du livre- ont fait en sorte que je ne risque pas d’oublier ce récit. Il s’agit d’un pur roman graphique qui traite d’un sujet encore extrêmement tabou dans notre société. Et pour en apprécier pleinement le traitement offert par l’auteur, il vaut mieux, je pense, ne pas chercher à savoir de quoi cet album parle avant de le lire. Ce récit propose une plongée très progressive (lente diront beaucoup, chiante diront d’autres, passionnante à mes yeux) dans le tourment d’Aaron et l’impact de la lecture vient aussi du fait que nous, lecteur, comprenons progressivement ce qui tourmente ce personnage. J’ai aimé : - L’audace de l’auteur qui parvient à traiter d’un sujet extrêmement sensible avec tact et pudeur mais sans rien occulter ; - Les mises en abymes créées par les passages fantaisistes qui nous proposent de lire des récits de superhéros… récits qui semblent tomber comme autant de cheveux dans la soupe mais qui ont eu un double intérêt pour moi ; - Le rythme très lent du récit et son découpage qui permettent de donner beaucoup de matière à l’introspection du personnage. Franchement bien à mes yeux. Très marquant et soulevant certains questionnements troublants.

30/08/2021 (modifier)
Par Yann135
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Bernard Prince
Bernard Prince

Le beau Bernard Prince est un ancien agent d’interpol qui parcourt le monde sur son navire – le cormoran – avec son pote Barnay Jordan, un marin ronchon, querelleur et alcoolique ainsi qu’avec le jeune Djinn. Avec cette série vous allez vivre des aventures enthousiasmantes qui fascineront les petits comme les grands. Les rebondissements sont nombreux. Le suspens est au rendez-vous dans chaque album. Vous ne pourrez que vous attacher à ces personnages nés sous la houlette d’un duo hors norme, Hermann et Greg. Voilà donc une série qui défie le temps et les styles. Les aventures tumultueuses de Bernard Prince sont remplies d’humanité et d’émotions positives. Si vous rajoutez des décors exotiques – souvent des pays imaginaires mais inspirés de pays existants - et un graphisme incroyablement beau, vous tomberez indéniablement sous le charme de ce héros. Je suis fan absolu de la série. Vous avez là l’occasion unique de plonger dans un bestseller de la BD ! A (re)découvrir de toute urgence.

25/08/2021 (modifier)
Par Blue boy
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Les Amants d'Hérouville - Une histoire vraie
Les Amants d'Hérouville - Une histoire vraie

L’histoire des studios d’Hérouville, intimement liée au destin de l’artiste Michel Magne, peu de gens la connaissent. Et pourtant, à la lecture de ce formidable one-shot, on a envie de remercier ses auteurs pour nous l’avoir mise en lumière d’aussi belle façon. Michel Magne était surtout connu pour ses musiques de films (Les Tontons Flingueurs, …), bien que sa notoriété n’ait jamais égalé celle d’un Vladimir Cosma ou d’un Maurice Jarre. Pourtant, ce dernier avait bien d’autres cordes à son arc, notamment à travers la peinture. Véritable touche-à-tout à l’appétit insatiable en matière de création artistique, il se situait à l’avant-garde dans une approche pour le moins facétieuse, qui pouvait rappeler celle des Dadaïstes. Magne a fréquenté l’élite artistique et noué de nombreuses amitiés (François Sagan, Boris Vian, Jean-Paul Sartre, Aragon, Jacques Prévert, Jean Cocteau, la liste est longue…). Il faut dire que l’homme avait une personnalité hors-du-commun, notamment par l’énergie qu’il était capable de déployer pour faire avancer ses projets, même si, las, le succès ne fut pas toujours au rendez-vous. La création des studios d’Hérouville au début des seventies inaugura une période de foisonnement artistique hors du commun. La partie du château où vivait et travaillait Michel Magne depuis 1962 venait d’être détruite par un incendie, provoquant la perte irrémédiable des documents et enregistrements de l’artiste. C’est sur ce drame que s’ouvre Les Amants d’Hérouville, montrant comment Magne trouva le moyen de rebondir en restaurant l’aile endommagée et en convertissant le château en studio, équipé des dernières technologies de pointe, avec la participation de Dominique Blanc-Francard. Dès lors, le lieu va attirer le gratin de la chanson française et du rock international, profitant d’un contexte jamais vu de libération des mœurs et d’hédonisme psychédélique (on n’oubliera pas de sitôt le passage relatant le concert des Grateful Dead donné aux habitants du village). Dépensant sans compter, Magne continuait à organiser des fêtes excentriques autour de la piscine construite sur sa propriété, aux petits soins avec ses invités (y compris les pique-assiettes…), avec le concours d’un chef cuisinier amateur de poésie… il y aura la même année la rencontre avec sa baby-sitter, Marie-Claude, qui devint rapidement la femme de sa vie et avec qui il vécut un amour passionné. Jusqu’au jour où, après quelques années fastes, le déclin et les coups durs pointèrent de nouveau le bout de leur nez… Cette biographie romancée n’est rien de moins qu’un conte de fées moderne, et la couverture ne dit pas autre chose en montrant les deux amants sur le toit du château, Magne en train de jouer une ritournelle à la guitare à l’adresse de sa bien-aimée au look hippie médiéval. Pendant ce temps, la fête bat son plein à l’intérieur comme à l’extérieur des murs, et l’on peut apercevoir Bowie en train d’enregistrer des vocaux. La narration de Yann Le Quellec est très bien construite, toute en fluidité, avec une trame principale entrecoupée de passages documentaires agrémentés de photos et d’articles de journaux sur la vie et l’œuvre de Magne. Pour accentuer l’authenticité des faits, des clichés ont été insérés sur certaines cases, répandant des arômes nostalgiques très puissants. Ce kaléidoscope chamarré et dynamique traduit parfaitement l’atmosphère de l’époque et du lieu, tel un tourbillon de folie douce et créativité libératrice sur fond d’amour pur et de substances psychotropes. Romain Ronzeau possède un trait léger et vif, jouant plus sur l’expressivité que sur la technique, avec un sens aigu du mouvement et une mise en page très variée. Son Michel Magne est dépeint comme un personnage bondissant et exubérant, haut en couleurs, mégalomane (voire mythomane) mais profondément généreux et désintéressé, d’abord amoureux de toutes les formes d’art et de leurs promoteurs. Hélas, l’aura bienveillante et hors-normes de Magne trouvera assez rapidement ses limites, suscitant la rapacité (et la jalousie peut-être) de ses partenaires, qui lui feront payer chèrement ses frasques et son style de vie dispendieux. La frénésie festive et créatrice mis en œuvre pour le projet hérouvillois se transformera alors en chaos destructeur et lugubre. Un dur retour à la réalité pour le démiurge exalté qui finira expulsé de son propre paradis, une aberration cruelle dont il ne se remettra pas. Son côté sombre sera parfaitement représenté, contrastant singulièrement avec le personnage solaire du début, dès lors que le « prince charmant » — et accessoirement prince de la nuit (toujours vêtu de noir) comme on le voit dans une scène au début du livre lorsqu’il pénètre dans la chambre de Marie-Claude — se transformera en ogre démoniaque et violent, fragile aussi, taraudé par la ruine ricanante, comme aspiré de l’intérieur par ses propres gouffres. Ou quand la bête n’est jamais loin de l’ange… En résumé, Les Amants d’Hérouville, en dehors de la touchante « love story », est le portrait tragique d’un homme dont la vie était entièrement dédiée à l’art et n’aura finalement fait que vivre dans l’ombre du gratin artistique qu’il côtoyait et aidait. Une vie dont les moments d’extase absolue précédaient immanquablement les zones de turbulence brutale où tout partait en cacahuète. Ce splendide roman graphique, chef d’œuvre de pop-culture, en constitue un excellent hommage, contribuant un peu plus à faire entrer le château dans la légende. Et si aujourd’hui les mythiques studios d’Hérouville fonctionnent encore, après plusieurs périodes de fermeture, c’est peut-être parce ses fantômes ne parviennent pas à se résoudre à la fin de cet incroyable âge d’or.

20/08/2021 (modifier)
Par grogro
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Marathon
Marathon

Le scénario de cette BD tient sur un confetti : il raconte le marathon des Jeux Olympiques de 1928, soit un peu plus de deux heures et demi de course. Arrivés à ce stade de la compétition (gag), les passionnés de sport tels que je ne le suis pas commencent logiquement à transpirer. 115 pages... Et bien c'est absolument captivant, du début à la fin ! Sortie opportunément l'été des JO de Tokyo, on aurait cependant tort d'y voir une démarche marketing. Servi par un dessin cinématographique, tout au crayon gras noir et bénéficiant d'une bichromie très classe, le récit avance sur plusieurs niveaux narratifs. A la fois récit historique, il se fait tour à tour militant, psychologique, et profondément poétique, au point de vous titiller les glandes lacrymales. La simple mise en relation de certains textes, sobres, ramassés, choisis avec un soin d'orfèvre, avec certaines images à la force évocatrice indéniable provoque des effets oniriques bienvenus avec un sens de l'à-propos parfois étonnant. On ressort de cette lecture avec l'impression d'avoir visionné un film d'époque, mais surtout d'avoir fait un véritable voyage spatiotemporel, autant documentaire qu'introspectif. Le récit commence en effet par une vibrante citation de Pierre de Coubertin (peut-être dans son discours fondateur des JO modernes, mais c'est à vérifier) vantant les valeurs de l'olympisme et s'achève par une partie documentaire qui vient confronter la théorie à la réalité. Cruel ! Et militant, donc ! Façon All Lives Matter... Nicolas Debon semble avoir trouvé la foulée qui lui convient. Après Le Tour des géants et L'Essai, déjà très chouettes (et L'Invention du Vide que je ne connais pas encore mais que je vais m'empresser de découvrir), il livre une épopée quasi homérique où un petit Ulysse moderne fait face aux a priori et à la bêtise, se confronte à ses propres limites physiques, affronte les monstres de son époque dont les finlandais Laaksonen et Marttelin ou le japonais Yamada... El Ouafi Boughéra rêve-t-il de sa terre natale quand point la fatigue ou le désespoir au cours des 42 kilomètres qui constituent son odyssée ? Un album de grande grande classe !

13/08/2021 (modifier)
Par fuuhuu
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Le Combat ordinaire
Le Combat ordinaire

Suite aux nombreuses éloges que j'ai pu lire sur ce site ou entendre sur cette série, enfin je me suis décidé à acheter les 4 tomes d'un coup. Rarement, j'ai été aussi émotionné durant la lecture de bd. L'auteur nous raconte une histoire ordinaire: la vie banale d'un photographe qui a peur de s'engager et de grandir. Le pitch est peut-être ordinaire, mais la qualité de cette série ne l'est pas. Elle est extraordinaire. En effet, Marco, le personnage principal est vraiment attachant. Tout de suite, on s'identifie à lui et on partage rapidement avec lui, ses états d'âmes et ses doutes. Cette BD est extraordinaire, de part les nombreux sujets du quotidien qu'elle aborde: la peur de s'engager, la volonté de faire un métier qui nous plait réellement, la drogue, le suicide, la maladie, la famille, la politique et j'en passe. Mais elle ne fait pas qu'aborder ces sujets, elle les traite avec une certaine profondeur. Chacun des tomes m'ont fait réfléchir et m'ont même parfois, bouleversé. Je terminerais par dire qu'il s'agit d'une des rares séries de BD qui m'a à la fois fait verser une petite larme, mais qui m'a également fait énormément rire. On est très loin de l'humour caca-prout ou de l'humour facile. Ici, l'humour est vrai, sincère et touchant, et donc hilarant. 5 étoiles MAUPERTUIS, OSE ET RIT !

05/08/2021 (modifier)
Couverture de la série Corto Maltese
Corto Maltese

Je viens de finir de regarder "Hugo Pratt trait pour trait" et cette expression m'est restée en tête : le plaisir de se perdre. C'est effectivement comme ça que je résumerais Corto Maltese, ou comme une BD qui incarne parfaitement l'aventure de la lecture. Car pour moi son étiquette de BD d'aventure va bien au-delà des péripéties, faites de piraterie, de mythes, ou de guerres : c'est même inhérent au traitement qu'en fait Pratt (d'ailleurs, les Corto plus éloignés des clichés exotiques conservent cette qualité). C'est-à-dire qu'on ouvre un Corto comme on ouvrirait les yeux sur le monde, partant à l'aventure : avec curiosité, sans trop anticiper ni chercher le contrôle sur l'histoire, en acceptant de ne pas la maîtriser de bout en bout, en acceptant ce qui peut nous échapper, des références ésotériques obscures jusqu'aux motivations parfois floues du marin. Ce qui favorise cet égarement, ce sont toutes les zones d'ombre à investir : les silences sur deux cases, où les regards en disent long ; Corto qui songe, libre à nous de deviner à quoi ; une réplique intrigante, au sens profond ; ou simplement le trait de Pratt, contrasté, aérien, qui parfois confine à l'abstraction. Ce sont tous ces espaces, ainsi que les petites bizarreries qui à mon sens font le sel de cette BD : Bouche dorée vieille de plusieurs siècles, des années plus longues à Venise, deux lunes dans le ciel de Buenos Aires... Alors, à mesure qu'on lit, on ne s'interroge plus seulement sur les mécaniques de l'intrigue (aussi intéressante soit-elle), mais on s'attache à des symboles, à des thèmes récurrents, on lie les histoires les unes aux autres, et on dégage un maximum de sens sur ce que tout ça nous dit du monde, de la vision qu'en a Pratt. Et c'est une vision que je trouve plutôt séduisante, dominée par la curiosité, où le trajet vaut toujours plus que la destination. Corto nous le montre bien, lui qui si souvent ne trouve pas de trésor voire le détruit, mais sourit, car le jeu lui a plu. Le plaisir de se perdre, pour lui comme pour nous. Jamais inutilement toutefois, car en chemin, telle cause ou telle amie auront été aidées, d'autres auront trouvé la résolution qui manque à Corto (ou qu'il ne cherche pas). Son implication partielle dans l'Histoire, de même que le juste dosage de Pratt entre fiction pure et réalité historique, empêchent cette BD de n'être qu'une échappatoire. Ici, la fiction ne prévaut pas sur le réel mais a vocation à le rendre plus intense. Après avoir fini un Corto, je n'ai pas juste envie de le relire ou d'en relire d'autres, mais aussi d'élargir ma culture géopolitique, d'explorer le monde, et, pourquoi pas, de marcher sur les traces du marin. Donc, se perdre, oui, mais activement.

30/07/2021 (modifier)
Par Benjie
Note: 4/5
Couverture de la série L'Assassin qu'elle mérite
L'Assassin qu'elle mérite

En ce début de XXe siècle, porteur de belles promesses et de progrès techniques, la société européenne se transforme et l’écart entre les classes sociales, entre ceux qui vivent dans l’opulence et ceux qui se débattent dans la misère, éclate au grand jour. Cette fracture sociale et ses conséquences personnelles et politiques sont à la base de cette courte série. L’ambiance de l’époque est vraiment bien restituée avec soin et détails. Les rues, les bâtiments, les vêtements des personnages, tout y est. Le scénario est intelligemment mené. Il ne s’égare pas et retombe parfaitement sur ses pieds à la fin. Malheureusement pour l’un des héros de ce récit, l’argent ne peut tout acheter et surtout pas l’amour. Alors comment faire quand on est très riche et malheureux ? Peut-on aller jusqu’à se servir d’un innocent pour assouvir sa passion et sa vengeance ? Si le personnage principal est manipulé par ce dandy sans scrupules, le lecteur qui suit l’affaire avec intérêt ne s’aperçoit pas que lui aussi est manipulé par l’auteur. Lupano a plus d’un tour dans son sac ! C’est original, plein de questionnements sur les comportements humains et les jugements hâtifs. Le dessin est très soigné et de qualité. A lire et relire avec beaucoup de plaisir.

23/07/2021 (modifier)
Par olma
Note: 5/5
Couverture de la série L'Arabe du futur
L'Arabe du futur

j'avais entendu parler de cette bande dessinée il y a longtemps, et je l'ai enfin découverte et lue à l'occasion de la sortie du quatrième tome. Elle mérite tout à fait son excellente réputation. Riad Sattouf a un talent étonnant, celui de nous faire vivre un véritable voyage dans le temps et dans l'âge, car tout son récit se passe à hauteur d'enfant, sans la moindre niaiserie, et commence au crépuscule des espoirs qu'avaient pu faire naître les "despotes éclairés" dont on avait pu penser qu'ils allaient moderniser leur pays et faire accéder leurs concitoyens à une meilleure qualité de vie. On oublie que Kaddhafi ou même Hafez El Assad (dont la violente répression de la rébellion d'Homs n'était pas connue à l'époque) étaient considérés non pas comme des potentats corrompus et sanguinaires, mais comme des dirigeants rationnels, modernes, ouverts. Puis les années passent, les guerres d'Irak, l'influence de l'Arabie Saoudite, la dureté des conditions de vie et les inégalités en Lybie et en Syrie passent en toile de fond - avec le contraste des pages se déroulant en France où tout n'est pas simple surtout pour un garçon s'appelant Sattouf, mais où notamment l'influence bienfaisante ou malicieuse des grands-parents vient éclairer les souvenirs, mais ce n'est pas un lourd cours de géopolitique qui passe, mais des éléments plus ou moins bien compris par le jeune Riad, et qui éclairent l'évolution de son père, très probablement déçu dans ses espérances initiales de jeune homme, qu'il a ensuite rejetées avec amertume comme une occidentalisation dont il ne voulait plus. Progressivement par la force des choses la mère de Riad devient plus présente et apporte une autre tonalité au récit. Il y a beaucoup de passages très drôles, d'autres plus mélancoliques, certains pourraient être très durs s'ils étaient présentés de façon directe, mais là encore la magie de Riad Sattouf est de nous les faire éprouver tels que lui les a vécues enfants, avec une dose d'innocence et d'incompréhension qui a parfois des effets très comiques. En sus de son talent de conteur et scénariste, Riad Sattouf illustre son histoire avec un trait très juste et très vivant, expressif et drôle. Pour l'anecdote, c'est amusant de découvrir que Riad s'est inspiré des univers de Lovecraft, Moebius et Conan dans ses premières oeuvres d'enfant / ado dessinateur.

14/07/2021 (modifier)
Par damienL
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Sara Lone
Sara Lone

Je me suis réellement régalé à la lecture de cette bd. La lecture est fluide et les scénarios s'entremêlent très bien. On se plonge facilement dans l'action et il serait facile d'en dériver une adaptation cinématographique. L'écriture et le dessin sont très justes. Certaines scènes auraient pu être évitées mais n'enlèvent rien et ne prêtent pas à confusion. Peut-être un léger bémol sur la présence de petites expressions anglaises de-ci de-là, certainement justifiables par le contexte américain (les années 60), mais qui n'étaient peut-être pas indispensables en français. J'aurais mis 4.5*, mais j'ai vraiment passé un bon moment, alors ... :)

05/07/2021 (modifier)
Par Josq
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Olivier Rameau
Olivier Rameau

Là où beaucoup, sans doute, choisiraient Achille Talon, si je devais, pour ma part, choisir une seule saga pour incarner l'œuvre de Greg, j'opterais sans trop d'hésitations pour Olivier Rameau. Même si, dans la liste de mes séries préférées de Greg, elle se dispute la première place avec Comanche, je trouve qu'il s'agit de celle qui illustre le mieux l'esprit de l'auteur. Alors qu'Achille Talon est davantage tourné vers l'humour pur, Comanche plonge tout entier dans le domaine de l'aventure, mais Olivier Rameau incarne le juste milieu entre ces deux catégories. Ce qui fait, à mon sens, la supériorité de cette saga, c'est parce que, précisément, tout y est possible. Greg peut y faire absolument tout ce dont il a envie, et pourtant, contrairement à certains tomes d'Achille Talon ou Les As, il ne fait pas n'importe quoi pour autant (même si ça en a parfois certaines apparences). Ainsi, le mécanisme de ses récits est souvent le même d'un tome à l'autre : tout va bien au pays de Rêverose, quand soudain la tranquillité est menacée par un élément extérieur qui pousse Olivier à monter une équipe pour voyager à l'autre bout du pays et découvrir de nouvelles contrées. Jusque-là, rien que de très classique, mais Greg nous montre qu'il maîtrise en tous points l'écriture d'une histoire en veillant à lui garder une cohérence interne extrême, où tous les éléments utiles à l'intrigue sont présentés avant dans le récit, y compris ce qui servira de deus ex machina. Bref, c'est très rigoureux et en cela, ça suit parfaitement le credo d'un Lewis Carroll, tant on peut évidemment rapprocher Olivier Rameau de sa lointaine cousine Alice au pays des merveilles. Un credo d'ailleurs parfaitement résumé par un autre (très) grand auteur britannique, l'immense G.K. Chesterton, qui expliquait : "Le fou, c'est celui qui a tout perdu sauf la raison." Ici, tout est fou : rien n'a de raison d'être, tout ce qui nous fait vivre dans le monde réel (le "monde-où-l'on-s'ennuie") a disparu du pays de Rêverose, mais tout est logique. Une logique apparemment absurde, mais toujours cohérente, et finalement imparable qui nous plonge au sein d'une très jolie folie. Cette folie, nous la connaissons finalement déjà, et les auteurs ne se privent pas de nous le rappeler régulièrement, car nous l'avons déjà visité : la nuit, au sein de nos rêves. Et de fait, Olivier Rameau, c'est cela : un rêve qui prend vie sous nos yeux, conscients et éveillés. Il se dégage alors de la saga un onirisme tout particulier, qui lui donne son sel savoureux et bannit tout ce qui aurait pu être mièvre à l'excès chez un auteur moins onirique. Ainsi, Greg crée un univers unique, fascinant par sa capacité à nous faire vraiment rêver, tout en en profitant pour écrire des récits trop faciles ou affranchis de toute règle. Au contraire, c'est en faisant particulièrement attention aux règles qu'il réussit à porter Olivier Rameau au rang de chef-d'œuvre. C'est aussi grâce au renfort de Dany, dont le trait n'a jamais été aussi bien utilisé qu'ici. En effet, il dessine avec un style très proche du Greg habituel et du style franco-belge classique, mais il y ajoute une touche de réalisme et même de sensualité qui apporte quelque chose en plus à la saga. En plus de dessiner avec un immense talent des paysages fascinants et très variés, ses personnages sont aussi des merveilles de dessin, d'une immense rigueur, soit caricaturaux (M. Pertinent), soit plutôt réaliste et bien proportionnés (Olivier Rameau et Colombe). Le dessinateur crée ainsi un univers graphique à la hauteur de celui inventé par Greg, et c'est bien l'alchimie entre les deux qui permet de faire d'Olivier Rameau une si grande saga, à lire et relire sans modération, qu'on soit enfant, adolescent ou adulte. Car quel que soit notre âge, il y aura toujours une part de nous disponible à la rêverie.

02/07/2021 (modifier)