Les derniers avis (48052 avis)

Couverture de la série Dessiner encore
Dessiner encore

Tous les rescapés des attentats contre Charlie Hebdo ont eu besoin de se reconstruire. Et, comme Coco avec cet album, c’est souvent passé par la publication d’un ou de plusieurs récits cathartiques. Outre l’ample couverture médiatique du déroulement de l’attentat et de ses suites, qui fait « l’extérieur » du traumatisme est connu de tous, j’ai aussi dû lire la quasi-totalité des témoignages et autres récits « d’après » des membres de Charlie Hebdo ayant échappé à la tuerie. Cela joue sans doute sur mon ressenti en enlevant une bonne part d’originalité à ce récit. L'album est très épais, mais il se lit très vite, car il y a peu de texte. Je ne suis pas forcément fan du dessin de Coco, mais sur ce genre de récit et plus généralement en dessin de presse, ça passe très bien. Le récit justement, est très décousu, alternant passages « d’avant » et « d’après ». Certains détails sont intéressants, sur le fonctionnement de la rédaction. Surtout sur les dissensions se développant au moment de la reprise du journal, lorsque visiblement certains ont voulu se mettre en avant ou « solder des comptes » : l’unanimisme idéalisé en prend un coup, mais Coco a sans doute raison de rappeler que le journal était fait par des êtres humains, avec leurs qualités et leurs défauts. Ça n’était pas le propos, mais j’aurais aimé un peu plus de recul sur la vague « Je suis Charlie » (voir la bobine de Netanyahou en première ligne de la manifestation, lorsqu’on voit ce qu’il fait de la liberté de la presse en Israël (et lorsqu’on voit son respect de la vie humaine en Palestine !) passe mal. D’autres opportunistes (Sarkozy témoignant dans un procès avant les attentats de 2015, on se demande s’il aurait dit la même chose pour défendre un journal éreintant l’Église catholique). Mais bon, le travail de Coco lui a sans doute fait du bien, une sorte de thérapie obligatoire, et on sent en lisant cet album la douleur quasi indicible qui la torture (c’est elle qui, menacée par les terroristes, leur a ouvert la porte de la rédaction…). Elle parvient à faire passer beaucoup d’émotion (dans la douleur, mais aussi lorsqu’elle dit son admiration et son amour pour Cabu et son travail), sans surjouer un pathos inutile.

27/06/2025 (modifier)
Couverture de la série Fantasy - Yourcenar / Alma
Fantasy - Yourcenar / Alma

J’ai commencé ma lecture par la face Alma (et je pense que c’est plus intéressant que de le faire par la face Yourcenar). Alma joue plus sur une mission mystique et guerrière, avec de plus en plus de combats, il y a beaucoup de cases muettes, alors que Yourcenar est beaucoup plus verbeux (parfois trop je trouve), jouant plus sur des réflexions éthiques et philosophiques – avec des choses tournant autour de l’amour, du destin, du « devoir » (mais ce dernier thème apparait aussi dans Alma). Le dessin et la colorisation ne manquent pas de charmes. Mais, affaire de goût, je n’en suis pas fan. Il passe bien, mais le trait un peu manga des personnages, et les contours flous des décors m’ont parfois décontenancé. Si le titre est assez pauvre, le récit bicéphale est lui plus riche donc. Je suis moins enthousiaste que mes prédécesseurs : le dessin bien sûr, mais aussi un récit avec quelques longueurs, m’empêchent de les rejoindre. Mais ça reste quand même une lecture intéressante.

27/06/2025 (modifier)
Couverture de la série Deux ans de vacances (manga)
Deux ans de vacances (manga)

Deux ans de vacances n'est pas le roman le plus connu de Jules Verne même si il a eu une belle postérité en animés, film ou série BD. En effet Jules Verne s'est emparé du genre Robinsonnade pour un roman destiné à la jeunesse. C'est un roman géographique et d'aventure comme était coutumier le grand écrivain. Jiro Otani laisse de côté la partie géographique pour se concentrer sur l'aventure de ces jeunes garçons. La gageure est de faire tenir toutes les aventures en un seul tome d'une grosse centaine de pages au format manga classique. Cela donne une narration très (trop ?) rapide où les événement se succèdent à grande vitesse. C'est évidemment très naïf car le récit donne l'impression que les difficultés glissent sur les beaux costumes de collégiens de nos jeunes naufragés. Contrairement à un roman comme Sa Majesté des Mouches qui prend le même postulat d'origine, Otachi ( et Jules Verne ?) n'approfondissent pas trop les tensions au sein du groupe. La vision est très optimiste, faite de solidarité, de partage du pouvoir et de cohésion face aux dangers. Cela procure une lecture bon enfant qui convient à un jeune lectorat. J'ai une petite réserve sur les choix graphiques de l'auteur qui rend les enfants trop lisses physiquement. Quoiqu'il en soit ce titre a sa place dans cette collection et procure une lecture agréable bien qu'un peu naïve.

26/06/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série La Maison des Horreurs
La Maison des Horreurs

2.5 Un recueil qui m’intéressait parce que je n'avais jamais rien vu de cette autrice et qu'en matière de manga d'horreur j'avais surtout lu des auteurs masculins. J'avais envie de voir un point de vue féminin sur le genre, surtout que les histoires d'horreur ont souvent comme audience au Japon les filles, aussi étrange que cela puisse paraitre pour un lecteur occidental. Ce sont des histoires courtes de qualité variable, avec des histoires qui marchent et d'autres non. Il y a aussi parfois une touche humoristique macabre. La plupart des histoires mettent en scènes des adolescentes et il y a souvent une dénonciation de la cruauté de la société japonaise et de l'adolescence, notamment le culte de la beauté et des apparences ainsi que le harcèlement scolaire. La plupart des histoires ne sont pas mauvaises, mais au mieux cela ne va pas plus loin que le correct sans plus. Je pense qu'il n'y a que deux histoires qui m'ont un peu marqué et c'est tout. Le dessin est vraiment rétro et si je me fie à mes recherches sur internet, ce recueil date des années 90, alors que le dessin semble venir des années 70. En tout cas, j'aime bien ce côté vieillot, mais les lecteurs habitués aux styles modernes risquent de trouver cela moche.

26/06/2025 (modifier)
Couverture de la série Voleuse
Voleuse

C'est une histoire d'amour de jeunesse assez classique, centrée sur des personnages se découvrant et s'affirmant, le tout dans une ambiance mi-sérieuse mi-loufoque, si ce n'est qu'ici il est question de vol. De vol ? Oui, de vol, car Ella a volé sous l'emprise de l'alcool les affaires de la fille qu'elle aime... affaires que cette-même fille avait justement volées à plein d'autres personnes ! Là où des jeunes couples classiques choisiraient les sorties cinés et les balades au parc comme premiers rendez-vous, Ella et Madeleine ont plutôt opté pour des missions d'infiltration dans les fêtes lycéennes afin de restituer discrètement tous les objets précédemment volés. Ça sonne amusant, hein ? En vrai, ça l'est, mais c'est malheureusement très convenu. Les personnages et leur évolution sont simples mais pas dénués d'intérêt, pourtant l'exécution m'a paru trop sage, trop attendue. Le dessin est convenable (j'ai plus apprécié le travail de colorisation et quelque fois de mise en page), le propos de l'histoire simple mais touchant, les personnages sont un peu trop "foufous" dans leurs expressions à mon goût mais le trait est tout de même vif, l'histoire se laisse lire sans déplaisir, ... C'est du bon, j'aurais juste pu m'attendre à quelque chose de "plus" avec cette prémisse. Je suivrai tout de même les prochaines créations de l'autrice, il y a un très bon potentiel là-dedans.

26/06/2025 (modifier)
Couverture de la série Frankenstein de Mary Shelley
Frankenstein de Mary Shelley

On a là une adaptation très fidèle au texte d’origine de Mary Shelley, Marion Mousse ne s’est pas écarté d’une histoire très connue. Pas de surprise donc, mais un travail honnête. Elle a pris le temps avec trois tomes, d’installer le malaise, et le malheur de Victor Frankenstein, avec une narration classique et globalement fluide. Son dessin au trait gras, avec une colorisation très sombre, n’est pas forcément ma tasse de thé (ça manque pas mal de détails quand même), mais ça passe très bien, et la lecture est agréable. Par contre, ayant lu récemment la version de Georges Bess, celle de Marion Mousse souffre quand même de la comparaison. Si les deux suivent la trame d’origine sans s’en écarter, le dessin de Bess ajoute une réelle plus-value, tandis que celui de Mousse montre moins de force. Une adaptation honnête sans plus.

26/06/2025 (modifier)
Couverture de la série Neandertal
Neandertal

C’est une série qui est un peu dans le même esprit que le roman « La guerre du feu » de Rosny aîné, avec une reconstitution relativement crédible d’un univers préhistorique, et une longue quête menée par le héros (ici ça n’est pas le secret du feu, mais celui d’un matériau solide pour les lames de lance qui est l’objet de cette quête). La narration alterne passages muets et quasi méditatifs, ouvrant de lointains horizons et des savanes ou des sous-bois remplis d’une faune abondante, et d’autres beaucoup plus verbeux. Ce sont ces derniers passages qui m’ont un peu gêné. Non pas par leur abondance en tant que telle. Mais c’est surtout que je m’imaginais les échanges entre Néandertaliens plus économes de mots, je ne suis pas sûr que le langage se soit déjà suffisamment développé pour qu’il puisse donner lieu à de tels échanges – en termes de densité et en termes de niveau de langage. Je ne suis pas non plus sûr que toutes les tribus parlent forcément le même langage. Mais bon, ce sont des remarques mineures, qui n’empêchent pas d’apprécier ce récit. Le dessin est agréable, et fait la part belle aux étendues immenses sur lesquelles quelques rares groupes se battent pour survivre. Là aussi la reconstitution semble réaliste, même si j’ai moins été convaincu par la tribu des Hommes-Flammes et leur peau rougeâtre, comme recouverte de terre cuite ou de glaise, de façon beaucoup trop uniforme. Mais le trait gras, pas forcément très léché de Roudier convient très bien aux personnages. Le lecteur doit accepter quelques facilités scénaristiques (et des happy-end sur la fin avec constitution express de couples un peu guimauve), mais globalement ces aventures préhistoriques se laissent lire agréablement.

26/06/2025 (modifier)
Par Creamy
Note: 3/5
Couverture de la série 20th Century Boys
20th Century Boys

J'ai fini par lâcher l'affaire. Cette bafouille concerne les 7 tomes de la Perfect Edition que j'ai lus. L'histoire : D'anciens camarades de classe découvrent que La secte d'Ami planifie des actions terroristes d'après un "cahier de prédictions" qu'ils avaient imaginé quand ils étaient enfants. Ils se lancent dans une croisade contre cette étrange organisation. On devine assez vite qu'Urasawa ne retombera pas sur ses pieds avec un postulat aussi improbable. Mais j'espérais quand même plus de cohérence. Dans un premier temps, cette bande de potes attachante m'a aidé à passer outre la narration très morcelée - on change sans arrêt d'époque et de protagoniste. Sans être époustouflant, le dessin réserve régulièrement de jolies surprises. Les personnages sont assez différenciés physiquement et en terme de caractère. J'ai une préférence pour Kenji, Yukiji et Kyoko. Il y a des passages touchants au sein du groupe. D'autres liés à la secte génèrent un certain malaise. Mais tout est assez diffus. Pendant un moment, je me suis satisfait d'être payé en monnaie de singe (pour reprendre l'expression de Fanfan). Mais sur le long terme, la frustration s'est installée. Il y a tellement d'arcs narratifs en suspens qu'on pourrait en ouvrir un stand de tir. Et du remplissage...

25/06/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série Le Lait paternel
Le Lait paternel

2.5 Je suis plutôt mitigé face à cette série allemande. Basé sur des faits autobiographiques, l'auteur raconte l'histoire d'un homme qui redécouvre la vie de son père qui vient de mourir et qui l'avait abandonné 30 ans avant. On voit donc la vie de ce père loser alcoolique et homme à femmes et il semblerait bien que son fils soit en train de suivre la même voie autodestructrice. Le premier tome est pas mal et pose bien les bases du récit, c'est surtout le second tome qui m'a donné une mauvaise impression. La vie de déchéance du père commence au bout d'un moment à tourner en rond et il y a des longueurs. Dans le dernier tiers, il se passe enfin des événements qui ont retenu un peu mon attention et on fait en sorte que je ne me suis pas totalement ennuyé, mais il y a quand même une bonne partie de l'album qui m'a semblé avoir peu d'intérêt. En tout cas, je ne suis pas pressé de lire la suite. Le dessin est correct.

25/06/2025 (modifier)
Couverture de la série Les Brigades du Temps
Les Brigades du Temps

La série ayant été abandonnée, je n’ai lu que le premier diptyque. Qui propose une lecture sympathique. Il y a peu j’ai lu les premiers tomes de la série Moon (Anspach), qui se développe sur un canevas très proche : une organisation envoie dans le passé des agents pour lutter contre ceux qui pourraient être à l’origine d’uchronies dévastatrices pour le présent. C’est exactement le cas avec ces « Brigades du temps » (et c’est mieux fait et plus intéressant que dans « Moon »). Plusieurs bonnes idées pour dynamiser la série. D’abord, suite du point de départ, la possibilité de voyager dans le temps, et de visiter le passé – ici la rencontre entre Européens et Amérindiens – Aztèques en l’occurrence (les auteurs nous présentent plusieurs aspects de leur culture, du jeu de balle – sans en respecter les règles d’ailleurs – aux sacrifices, en passant par la guerre fleurie). Ensuite la personnalité des deux agents envoyés pour « rectifier » l’uchronie (Colomb ayant été tué dès son premier voyage, il faut à tout prix que les Espagnols « découvrent » l’Amérique pour ne pas trop changer le futur/présent). Eh bien on a ici l’inévitable mais plutôt réussi duo mal assorti cher à Francis Veber : Montcalm un bizuth, premier de la classe malingre tout juste sorti du centre de formation (et qui porte plutôt bien son nom) et un vieux balèze bourru et rétif au respect des règles (qui répond au nom évocateur de Kallaghan). Cet assortiment hétéroclite amène immanquablement quelques saillies drolatiques, des dialogues amusants. L’humour est d’ailleurs assez présent : jamais hilarant ni très noir, mais efficace (jeux de mots, allusions à des pubs ou d’autres BD) pour faire passer ces aventures improbables, et un texte parfois très abondant. Ils ont donc du boulot, puisque ce sont les Aztèques qui projettent d’envahir l’Europe (comme Mangin l’avait en partie imaginé dans Luxley, ou comme Laurent Binet dans son intéressant roman « Civilizations »). Tout commence à se décaler dans le futur, des personnes disparaissent (leur « destin » ayant été modifié). Le côté aventure historique est globalement bien fichu (l’aspect SF s’y mêle plutôt bien), et les dialogues souvent amusants dynamisent le récit. Une série presque tout public qui procure une lecture détente agréable. Note réelle 3,5/5.

25/06/2025 (modifier)