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Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série La Vie extraordinaire de Jack Kirby
La Vie extraordinaire de Jack Kirby

La version moins médiatique de l'histoire - Ce tome contient une biographie complète de Jacob Kurtzberg (1917-1994) qui a changé légalement son nom en Jack Kirby et qui a réalisé des comics de 1936 à sa mort. Elle a été entièrement réalisée par Tom Scioli (scénario, dessins, couleurs). Elle comprend 191 pages de bandes dessinées, une courte note de l'auteur en introduction, 4 pages de notes explicitant la source de certains propos de Kirby, 1 page de bibliographie et un index de 4 pages. L'auteur explique qu'il s'agit d'une biographie de Jack Kirby, mais présentée comme si Kirby lui-même racontait sa vie. Les parents de Kirby venaient de Galicie, une région de l'empire austro-hongrois. Sa mère Rose Bernstein a quitté cette région encore enfant et est venue aux États-Unis avec ses sœurs. Son père Benjamin Kurtzberg venait d'une riche famille mais avait offensé un noble qui l'avait défié à duel au pistolet ou à l'épée. Son propre père lui avait conseillé de fuir le pays, en lui remettant une somme d'argent. Ses parents se sont rencontrés grâce à un intermédiaire de la communauté installée à New York. Ils se sont mariés rapidement et se sont installés dans l'East Side. Son père travaillait dans la confection. Jacob Kurtzberg est né 28 août 1917. Son petit frère David est né quatre ans plus tard, mais lui avait été confié quelques jours aux voisins. C'est là qu'il a découvert les illustrés des journaux comme Krazy Kat de George Herriman, et Little Orphan Annie de Harold Gray. Il s'est alors mis à lire les comic-strips en couleurs du dimanche tels que Tarzan, Prince Valiant, Flash Gordon. Une année, il a attrapé une pneumonie, et ses parents sont allés chercher des rabbins pour qu'ils effectuent un exorcisme, ce qui a fortement marqué le jeune garçon. Rapidement, il s'est mis à dessiner, en particulier sur les murs du couloir de leur immeuble. À l'époque, les enfants jouaient au baseball dans la rue, et ils y avaient des guerres gangs dans son quartier. Après une échauffourée un peu violente, ses camarades l'avaient déposé inanimés devant la porte de l'appartement de ses parents. Sa mère lui racontait souvent des histoires du pays, et il a appris à son tour à les raconter à ses camarades de classe. Les années continuent de passer, et le jeune Jacob découvre les magazines Pulp, les avions qui passent dans le ciel, une école d'art, la récession économique et l'obligation de prendre un boulot de distributeur de journaux. Il intègre un club de jeunes garçons, en distribue la feuille de chou et y réalise des illustrations. Il découvre les films de Charlie Chaplin, de Buster Keaton, des Marx Brothers, de Douglas Fairbanks, etc. Il devient un boxeur amateur. Il travaille pour les studios de Max Fleischer, d'abord pour nettoyer les planches des animateurs, puis comme intervalliste. Il devient l'assistant de Horace T. Elmo sur ses comic-strips Teddy, Soko, et lui propose de réaliser un comic-strip original de science-fiction. Il produit également des affiches sur des conseils de santé, ainsi que des dessins politiques. Étant ainsi parvenu à se constituer un portfolio, il réussit à se faire embaucher dans les studios de Will Eisner & Jerry Iger. Là, il travaille en compagnie de Mort Meskin, Bob Kane, Lou Fine, et d'autres. Par la force des choses, le lecteur de comics Marvel connaît bien la version de Stan Lee sur la création des superhéros de cette maison d'édition, sur son rôle de grand créateur et de coordinateur, avec son apparence qu'il a développée comme une image de marque, jusqu'à en devenir quasiment la mascotte. Il sait peut-être qu'au fil du temps Stan Lee a accordé un peu plus d'importance à Steve Ditko et à Jack Kirby dans la création de ces superhéros devenus des licences générant des centaines de millions de dollars avec leur adaptation cinématographique. Pour peu qu'il soit curieux, cette bande dessinée présente la possibilité de découvrir la version de Jack Kirby. Tom Scioli s'est fait connaître en illustrant la série Godland (205-2013) avec Joe Casey, et en réalisant Fantastic Four: Grand Design (2019). En feuilletant juste ce tome, le lecteur peut avoir un instant de recul. Il comprend vite que l'auteur a choisi sciemment de jaunir un peu le papier pour lui donner la patine du temps. Il en déduit que le lettrage en apparence un peu irrégulier mais très aéré a également été choisi pour apporter une saveur vintage à l'ensemble. Il voit des dessins un peu simplifiés, avec une sensation de naïveté tout aussi assumée. Enfin, le visage de Jack Kirby devient de plus en plus enfantin au fur et à mesure des pages, évoquant un personnage de dessin animé pour jeune public. Il peut être un peu rebuté a priori par les cellules de texte qui peuvent manger un quart à deux tiers de la case. Sous réserve qu'il surmonte ses réticences vis-à-vis des idiosyncrasies graphiques, le lecteur se retrouve vite agréablement surpris par la fluidité de sa lecture, et par le bon niveau d'informations visuelles. Finalement le lettrage vieillot s'avère très facile à lire, donnant un rythme de lecture rapide, à l'opposé de l'impression lors du feuilletage. Si l'apparence des dessins paraît parfois un peu grossière ou malhabile, la lecture montre que l'artiste accomplit un incroyable travail de reconstitution historique, jamais pesant, toujours pertinent. La représentation un peu enfantine de Jack Kirby permet à l'auteur de plus facilement faire apparaître ses émotions et ses états d'esprit, et elle finit par transcrire l'inventivité de ce créateur, ayant conservé toute la fougue de sa jeunesse, ainsi que le sens du merveilleux des enfants. En cours de récit, il apparaît une autre qualité extraordinaire dans la narration visuelle : Tom Scioli sait reproduire les planches de Kirby et d'autres artistes de chaque époque concernée, en les intégrant dans les cases, sans solution de continuité. Cela apporte le témoignage nécessaire sur les œuvres de l'artiste en les illustrant avec ses créations, sans encourir le risque des droits d'auteurs… à l'américaine, c'est-à-dire surtout les droits à verser aux éditeurs. Une fois rassuré sur la qualité de la narration visuelle, le lecteur se laisse porter par le flux de pensée de Jack Kirby. Il garde bien à l'esprit que ce n'est pas une autobiographie même s'il s'agit souvent de propos qu'il a tenus dans des entretiens. Il constate que la vie de ce créateur est indissolublement liée à celle du siècle au cours duquel il a vécu, presque de son début à la presque la fin. Il prend très vite conscience qu'il ne s'agit pas d'une hagiographie comme celle de Stan Lee Amazing Fantastic Incredible (2015) réalisée par Peter David & Colleen Doran. le propos de Tom Scioli est beaucoup plus dense, dépourvu d'enjolivements et de boniments. Pour autant, le scénariste a un point de vue bien affirmé sur la place de Kirby dans la création de l'empire Marvel. Quand paraît le numéro 1 de la série Fantastic Four, Jack Kirby a 44 ans et plus de 20 ans de carrière professionnelle comme auteur de comics. le lecteur commence donc par découvrir la jeunesse de Jacob dans un quartier new-yorkais, les débuts de sa carrière, l'association avec Joe Simon (1913-2011), la création de Captain America en 1940 (20 ans avant les Fantastic Four), etc. le lecteur suit en parallèle la vie professionnelle de Jack Kirby et sa vie privée. Bien sûr, il se demande à quoi il peut ajouter foi dans ce qu'il lit. S'il a déjà lu le Rêveur (1985) de Will Eisner, il retrouve une description du milieu professionnel des comics très cohérente, vraisemblablement avec un bon niveau d'exactitude historique. Il saisit bien que le duo Simon & Kirby a participé de manière significative au développement de la jeune industrie des comics. S'il est un peu connaisseur, le lecteur va consulter la liste de références bibliographiques et y relèvent trois sources qui font autorité : l'ouvrage Kirby: King of Comics (2008) de Mark Evanier, l'interview de Jack Kirby par Gary Groth parue dans le numéro 134 de la revue Comics Journal en février 1990, ainsi que la revue The Jack Kirby Collector, publiée par l'éditeur Two Morrows, sans compter de nombreuses autres interviews. Il corrèle également ce qu'il lit avec ce qu'il connait déjà de la carrière de Jack Kirby et les comics qu'il en a lus. Il constate une parfaite cohérence entre ce qui est raconté, et ce qu'il peut savoir. Il comprend pourquoi l'auteur a choisi cette forme un peu étrange de raconter la vie d'une personne ayant réellement existé à la première personne : son ressenti est capital pour comprendre ses décisions, pour donner sens à ce qui ne serait autrement que des revirements bizarres, et pour faire partager la passion de ce créateur pour son art. Bien sûr, le lecteur sait qu'il s'agit d'une reconstitution, et pas uniquement d'un reportage sur le vif, et que les déclarations de Kirby en interview peuvent également être sujettes à caution. Il voit bien que l'auteur développe un point de vue personnel en arrière-plan. Pour autant, la cohérence du propos est telle que les certitudes du lecteur le plus critique s'en trouvent ébranlées. Après avoir lu cet ouvrage, le lecteur a une vision bien différente de l'industrie des comics, de la manière dont les éditeurs traitent la main d’œuvre créatrice dans ce processus industriel, et du drame de la vie de Jack Kirby, contrecarré dans ses élans créatifs les uns après les autres. Indubitablement cette biographie de la vie de Jack Kirby est indispensable, et formidablement bien réalisée, en dépit du ressenti a priori sur l'apparence de la narration visuelle. Tom Scioli a effectué un travail remarquable de recherches pour proposer une vision de la vie de Jack Kirby très facile à lire, très instructive, poignante. le lecteur en ressort encore plus admiratif du génie créatif de Kirby, avec un goût amer provenant des revers successifs qu'il a essuyés, de la manière dont il a été traité par ses employeurs, de l'impossibilité de mener à son terme sa vision et son ambition d'auteur. Il en ressort également avec la certitude que Kirby mérite pleinement le qualificatif d'auteur, en plus d'être une véritable machine à créer.

06/05/2024 (modifier)
Par gruizzli
Note: 3/5
Couverture de la série Elle ne pleure pas, elle chante
Elle ne pleure pas, elle chante

Je n'avais aucun souvenirs de ma première lecture et c'est en novice que j'ai relu cette BD. Et je pense que la relecture m'a fait comprendre pourquoi je n'en avais aucun souvenirs : c'est bien fait, mais pas inoubliable. La faute en incombe non pas au sujet, plutôt bien traité et ne faisant pas dans le misérabilisme ou le sensationnaliste, ni au ton, volontairement intérieur pour mieux faire ressortir comment l'autrice a pu passer à autre chose, mais à une adaptation BD que je ne trouve pas particulièrement réussi. En dehors de quelques moments qui m'ont paru bien trouvés, je n'ai pas souvent vu l'intérêt de l'adaptation en BD. Il y a ce dessin au traits épais et grands aplats de couleurs qui m'a paru assez sobre, trop peut-être, accompagné d'un texte prépondérant que je suppose issu du livre. Sauf que le visuel n'étant pas souvent impactant, j'étais plus investi dans le texte que dans la BD. D'où la question : pourquoi ne pas simplement lire le livre ? En fait, je pense que c'est une BD qui a un intérêt par l'angle d'approche du sujet de l'inceste, assez personnel et peu courant, mais aussi plus introspectif que marquant. La mise en scène sobre ne dépasse jamais ce postulat de base, et je trouve que si la BD m'a investit dans la lecture, elle ne marque pas au sortir. Agréable à lire, mais pas particulièrement impactant.

06/05/2024 (modifier)
Par Présence
Note: 4/5
Couverture de la série Ceux qui restent
Ceux qui restent

Tu as dans al tête, l'envie de repartir, c'est ça ? - Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre. La première édition date de 2018. le scénario a été réalisé par Josep Busquet, les dessins et la mise en couleurs par Alex Xöul. Il comprend 126 planches de bande dessinée Par une nuit tranquille et dégagée avec la Lune brillant dans une mer d'étoiles, une créature fantastique (un Wumple du pays Auxfanthas) pénètre dans la chambre du petit Ben Hawkins (8 ans) et lui indique que seul lui peut sauver son royaume qui est en danger. L'enfant l'accompagne pour vivre des aventures merveilleuses. le lendemain matin, les époux Hawkins (Susan & Edward) se réveillent tout étonnés de ne pas avoir été dérangés par leur fils. Susan va s'enquérir de lui, mais ne le trouve pas dans sa chambre, ni nulle part ailleurs dans la maison. le couple fait appel à la police et reçoit un inspecteur (Phil) et son ajointe Laura Bradford. Ces derniers sont persuadés qu'il s'agit d'une fugue, du fait qu'il n'y a aucune trace d'effraction. le couple Hawkins est sans histoire et sans reproche, et la communauté du quartier les soutient dans leur épreuve. Ils passent dans une émission de télévision locale pour lancer un appel à Ben s'il les entend, et à toute personne susceptible de disposer d'informations. Les jours passent, puis les semaines, et la police commence à suggérer que les parents doivent peut-être se résoudre à envisager le pire. Les parents continuent à poser des questions dans le voisinage et dans les environs, et à apposer des avis de recherche. Susan et Edward Hawkins repassent dans une émission de télévision, cette fois-ci avec une animatrice moins compatissante, et ne manquant pas d'insinuer que l'absence d'effraction et de toute piste tangible peut laisser supposer que cette disparition ait été organisée par des individus très proches de l'enfant. Alors que le couple commence à abandonner tout espoir et que les insinuations leur sape le moral, ils entendent du bruit à l'étage un soir. Ils se ruent dans la chambre de Ben et le découvrent affalé sur son lit avec tout un tas d'objet à ses côtés, comme une couronne, une besace, une épée dans son fourreau, etc. La famille est à nouveau réunie. L'enfant est en bonne santé et d'une humeur enjouée, racontant des aventures extraordinaires dans un pays magique. Il y a aussi la question du temps écoulé, visiblement beaucoup plus court pour Ben que pour ses parents. Les proches viennent voir l'enfant retrouvé. Les médias se font écho de la bonne nouvelle. Il n'y a qu'un seul journaliste, Alan Lesstone, pour trouver que la police n'a rien résolu dans cette histoire. Enfin, Susan et Edward Hawkins reçoivent la visite de l'inspecteur Phil et de Laura qui leur indiquent qu'il reste une formalité à effectuer : un entretien avec une pédopsychiatre pour Ben. Josep Busquet a eu une idée très intrigante : qu'arrive-t-il aux parents quand leurs enfants s'en vont sauver des royaumes imaginaires ? Avec ce point de départ épatant, il indique que son récit repose sur le principe d'un conte pour enfants, mais qu'il s'adresse aux parents. le lecteur fait donc la connaissance d'un père et d'une mère, bien sous tout rapport : en bonne santé physique, avec une certaine aisance financière (assez pour se payer une maison dans un quartier agréable), selon toute vraisemblance seul le père travaille, mais il n'en est jamais question. L'enquête de voisinage menée par la police permet d'établir qu'il s'agit d'un couple irréprochable, au-dessus de tout soupçon selon l'expression consacrée. le lecteur peut facilement compatir à leur détresse : la disparition d'un enfant, sans explication rationnelle, sans faute ou imprudence de leur part. Il compatit tout autant lorsqu'une membre de l'Association des Parents d'Enfants Aventuriers fait fort justement observer qu'ils auraient fait pareil à son âge si l'occasion leur en avait été donnée. Il s'agit d'une remarque aussi cruelle que pertinente. le scénariste déroule alors de manière très linéaire la vie des parents : signalement à la police, recherche dans le quartier, communication aux médias. le retour de Ben permet à la famille de se reconstituer comme avant. Il plane bien sûr le risque que Ben puisse repartir. Fort heureusement, les membres de l'Association les ont préparés à cette éventualité. Rapidement, le lecteur se rend compte que le scénariste a opté pour une narration très factuelle et pragmatique. Il ne s'attache qu'aux faits ayant trait directement à l'affaire, ce qui explique qu'il ne soit jamais question du travail d'Edward Hawkins. Il prépare de quoi relancer son intrigue quelques pages à l'avance, comme par exemple l'existence fort opportune du journaliste Alan Lesstone. Ensuite, il a choisi de raconter un récit sur la longueur, à la fois en termes de pagination, mais aussi en termes de durée. Afin de pouvoir couvrir le nombre d'années qu'il s'est fixé, il a recours à plusieurs reprises à un récitatif dans des cartouches de texte. Cela lui permet de décrire une situation en évoquant plusieurs points de vue dans un nombre restreint de cases. Cela crée également une distanciation vis-à-vis des personnages. Lors de ces phases sans dialogue, le lecteur perd sa connexion affective avec eux et les observe de loin. Or Ben brille surtout par son absence, plus rarement par son entrain pour ses aventures. du coup, le lecteur ne peut pas se projeter dans ce personnage tout juste esquissé. L'inspecteur Phil est un professionnel effectuant son travail avec rigueur, de manière dépassionnée, et le lecteur n'apprend rien de sa vie personnelle. Son adjointe Laura Bradford fait preuve de plus d'émotion dans l'exercice de ses fonctions, mais là aussi la narration maintient une distance avec le personnage n'indiquant rien de sa vie personnelle, ne permettant pas au lecteur d'éprouver de l'empathie pour elle, tout au plus un peu de sympathie. de la même manière, Estella et Arthur sont sympathiques, comme des connaissances prêtes à aider, et ça s'arrête là. Ce choix narratif est très cohérent dans son ensemble : l'enjeu du récit réside dans l'incidence de la disparation de Ben sur la vie de ses parents, pas dans le développement des personnages secondaires. Cette distanciation se retrouve également dans les dessins, mais d'une manière différente. Axel Xöul réalise des cases dans un registre descriptif et réaliste. Tout du long de l'album, le lecteur est impressionné par l'implication de l'artiste. En effet la composante descriptive est présente dans toutes les cases, y compris dans les scènes de dialogue de plusieurs pages, comme la première participation à une réunion de l'Association pour les Parents d'Enfants Aventuriers. Elle se tient de la page 47 à 52, et pas une seule case n'est dépourvue d'arrière-plan. le lecteur commence par accompagner les parents Hawkins qui montent l'escalier pour accéder à la porte d'entrée. Puis il pénètre avec eux dans un vaste vestibule, passe dans la pièce principale où se tient la réunion. Il peut tourner la tête pour regarder l'ameublement, le papier peint, la disposition des fauteuils, le lustre, la bibliothèque, les rideaux, etc. Lorsque l'artiste resserre sa prise de vue entre plan taille et plan poitrine sur un personnage, il prend soin de représenter la portion de mur qui se trouve derrière lui. Ainsi le lecteur se familiarise avec l'agencement de la chambre de Ben, avec le salon des Hawkins, avec leur cuisine, avec un plateau de télévision, avec le cabinet de la première pédopsychiatre, avec le bureau de l'inspecteur Phil et celui de Laura Bradford, avec la rue des Hawkins, avec le bureau et le plateau de télévision d'Alan Lesstone. Toutefois, le lecteur peut ne pas prendre la dimension de la qualité descriptive du fait de couleurs un peu fades et dans des tons assez proches, donnant une apparence presque sépia, à la fois comme s'il s'agissait d'une histoire passée, à la fois comme s'il n'y avait aucune joie dans le récit. Sous réserve qu'il y prête également attention, le lecteur se rend compte que les personnages disposent également d'une vraie personnalité graphique, que ce soit par leur morphologie différenciée, sans être exagérée, par leurs tenues vestimentaires, par leur chevelure et leur implantation capillaire. Il peut même voir certains prendre l'âge avec une silhouette qui s'empâte un peu ou des traits qui se creusent. Là encore l'approche naturaliste a pour effet d'atténuer les émotions, la mise en couleurs augmentant cet effet. Il faut que le lecteur fournisse un véritable effort pour percevoir les nuances d'expression sur les visages, alors qu'elles sont bien là, avec une direction d'acteur juste et délicate. L'artiste s'avère également être un metteur en scène doué, concevant des plans de prise de vue travaillés pour les dialogues comme pour les séquences enfilant une image unique par événement. de fait, la narration visuelle est variée et entraînante, sans être syncopée ou sensationnaliste. Paradoxalement, ces qualités accentuent encore l'effet de reportage distancié, sans réelle implication émotionnelle. le lecteur se retrouve également confronté à un autre parti pris très déstabilisant. S'il observe les toits des habitations, il a l'impression qu'il s'agit de toits de Paris. S'il observe le quartier, il lui trouve quelques éléments de petite ville anglaise. Sur la portière de la voiture de police (page 37), il a la surprise d'y voir figurer une étoile, ce qui évoque plus la fonction de shérif aux États-Unis. Il n'arrive pas non plus à comprendre le choix des modèles de voiture qui circulent dans les rues, plutôt années 1930, alors que le récit donne l'impression de se dérouler dans les années 1950 ou 1960. C'est comme si Alex Xöul décrit un monde de conte dans lequel évoluent des adultes, un monde composite pas vraiment réel. Le lecteur en déduit qu'il lit plutôt un conte à destination d'adultes, sur les parents dont l'enfant vit des aventures dans un monde fantastique de conte. L'effet est très déstabilisant, car il s'attendait plutôt à une approche naturaliste, peut-être photoréaliste pour montrer les tourments des parents. D'un autre côté, ce choix graphique évite que le lecteur ne se focalise sur l'inexistence de mondes fantastiques où peuvent se rendre les enfants. Il referme ce livre avec un sentiment frustrant d'absence d'implication et en même temps de déprime. Il lui faut un peu de recul pour prendre la mesure de ce qu'il vient de lire : l'histoire d'un enfant qui vit sa vie sans ses parents (mais sans grandir), et de parents qui en supportent de plein fouet les conséquences, sans aucune maîtrise, aucune possibilité d'infléchir la situation. Au fils des séquences, Josep Busquet utilise également à bon escient des mécanismes sociaux terribles : les commérages pleins de sous-entendus pernicieux du voisinage (alors qu'il est indiqué que le couple Hawkins est irréprochable), la presse amplifiant les rumeurs sans fondements, le journaliste (Alan Lesstone) qui part en croisade sans preuve (l'intime conviction l'emporte sur la raison), le diagnostic de séquelle à retardement pour l'enfant, la vie qui continue comme si la disparition d'un enfant n'avait pas de conséquence, l'opposition entre la conviction que les histoires d'enfant se terminent bien et la situation des parents de Ben, etc. Tout cela dépeint une situation et un monde sans espoir, malgré la bienveillance de quelques personnes et leur expérience de la situation. Cette histoire repose sur un point de départ piquant et plein de promesses. Il se trouve que le scénariste déjoue toutes les possibilités d'escalade de l'intrigue, en adoptant le ton dépassionné d'un reportage factuel, et que le dessinateur fait tout pour ne pas mettre en avant les qualités de sa narration visuelle. le récit suit un déroulement très logique, évitant l'émotion exacerbée du sensationnalisme, limitant de fait l'implication émotionnelle du lecteur. Il termine sa lecture avec une impression déprimante, générée par le caractère inéluctable et foncièrement indifférent des réactions de la société, broyant les individus dont l'histoire personnelle ne se conforme pas à une forme de normalité.

06/05/2024 (modifier)
Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Bluebells wood
Bluebells wood

Il faudrait peut-être te laisser faire par l'inattendu. - Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre. La première édition date de 2018. le récit a été entièrement réalisé par Guillaume Sorel, scénario, couleur directe. Il comprend une introduction de 2 pages rédigée par Pierre Dubois, citant Paul Claudel, et le poème Annabel Lee d'Edgar Allan Poe. Il se termine par une postface d'une page rédigée par Sorel, évoquant sa pause d'un an en bande dessinée pour se consacrer à l'illustration et à la peinture, ainsi qu'à une longue promenade effectuée sur l'île de Guernesey, à la recherche d'un endroit dénommé Bluebells Wood, et la découverte, à la place, d'un lieu plus sauvage et d'une crique où est bâtie une unique maison. S'en suivent 19 pages de recherches graphiques pour la BD, et de peintures sur le thème des sirènes. À l'automne, sur la lande proche de la mer, un chevreuil est en train de brouter, et il relève soudain la tête. Un chien, la bave aux lèvres, se lance vers lui, menaçant et agressif. Il s'enfuit jusqu'au bois proche et disparaît dans la brume de la forêt aux hyacinthes (Bluebells Wood). Il chute de plusieurs mètres de haut, tombant dans une clairière verdoyante, parsemée de hyacinthes. William John, peintre, a entendu le bruit de la chute, depuis son atelier. Il sort de sa maison sur la plage et pénètre dans le bois. Il y trouve le cadavre du chevreuil. Il ne comprend pas comment il a pu tomber du ciel, à travers les arbres qui sont plus haut que les tours du château d'Édimbourg. Il traîne le chevreuil jusqu'à la petite plage de sable blanc, et il va chercher un couteau pour le dépecer sur une grande roche plate baignant dans l'océan. Il récupère les morceaux, et balance les abats dans l'eau pour que les crabes et les mouettes se régalent. Les mouettes arrivent mais s'éloignent aussitôt sans toucher aux restes. William rentre chez lui avec sa brouette chargée de viande, ne comprenant pas pourquoi les mouettes n'ont pas voulu de la viande. le soir, il sert le chevreuil en daube à son ami Victor qui est venu lui rendre visite. Il évoque le souvenir d'Héléna, la vie de reclus de William, et son avancée dans ses peintures. Sur la plage, du bruit se fait entendre à côtés des os du chevreuil. le lendemain, les écureuils et le renard de la forêt sont effrayés par quelque chose. William est en train de préparer sa peinture noire. On frappe à la porte ; c'est Rosalie, la femme qui lui sert de modèle. Elle se déshabille et s'installe sur le canapé pour prendre la pose, William ne lui adressant quasiment pas la parole. Distrait par le bruit d'un écureuil glissant affolé sur le toit, il congédie son modèle. Il se rend sur la plage, et met sa barque à l'eau, avec son matériel de peinture. Il a pêché quelques poissons. Une longue ombre passe sous sa barque dans l'eau claire. Il est attaqué par 2 longues sirènes qui s'en prennent à lui et tentent de faire chavirer son esquif. Le lecteur se réjouit par avance de pouvoir découvrir de nouvelles planches de Guillaume Sorel, qui l'emmèneront dans un endroit chargé de légendes. Il est aux anges dès la séquence d'ouverture composées de 4 planches et une demie, dépourvues de texte, lui offrant de suivre le parcours d'un chevreuil. Il découvre un paysage magnifique, une lande ondulée, avec une herbe déjà brunie par l'approche de l'automne, des feuilles virevoltant au vent, un arbre à la forme torturée suite à l'action de l'anémomorphose, des roches affleurantes, partiellement recouvertes de mousse, et tout ça rien que dans la première case. La quatrième page de bande dessinée lui permet de fouler le sol de la forêt de Bluebells, avec une herbe vive et verte parsemée des tâches bleues des hyacinthes, des troncs vigoureux, un feuillage aux couleurs irisées très haut dans le ciel. Par la suite, le lecteur éprouve l'impression d'entendre le sable de la petite plage, crisser sous ses pas. Il hume l'humidité de l'air marin, en regardant les rochers battus par les flots. Lorsque William est en mer, il se retourne pour admire la côte, à la fois la plage, mais aussi les petites falaises dont la forêt arrive jusqu'en bordure. Il apprécie d'avoir une vue globale de l'anse, depuis la mer quelques pages plus loin (page 54). de la même manière, Guillaume Sorel montre la plage sous plusieurs angles au fil des séquences, à des moments différents de la journée, avec un éclairage variable. L'ambiance n'y est pas du tout la même en plein soleil, qu'à la nuit tombante. À chaque fois que William retourne dans la clairière aux hyacinthes, le lecteur ressent une forme de sérénité qui se dégage de ce paysage paisible et accueillant, de cette herbe souple et épaisse, de la protection offerte par les hautes frondaisons. La représentation de la maison sur la plage offre tout autant d'intérêt, à la fois sa forme extérieure, sa terrasse s'appuyant sur un mur de pierre, à la fois l'aménagement intérieur, qu'il s'agisse de la salle de bains avec sa baignoire métallique, de la pièce de travail de William avec sa bibliothèque, son chevalet, ses toiles, ses pots à pinceau, ses chiffons, tout le matériel d'un peintre. S'il en éprouve le goût, le lecteur peut laisser son regard s'attarder sur les accessoires de chacune des pièces, l'artiste y ayant inséré de nombreux détails, des cadres souvenirs de William, à un verre d'eau posé négligemment au pied du canapé pour que Rosalie puisse se désaltérer à sa guise, sans avoir à se déplacer. Il y a bien sûr un autre environnement qui occupe une place majeure dans le récit : l'océan. Au fil des séquences, le lecteur peut voir l'eau calme, agitée par de petites vaguelettes avec la nuée de mouettes et de goélands, la magnifique eau bleue plus profonde quand William s'éloigne un peu en barque, une belle eau transparente quand l'ombre d'une sirène passe sous la barque, l'eau ruisselante le long de la barque ou des rochers, les étranges clapotis ponctuels quand la renarde nage, la masse sombre, insondable et agitée quand les vents se lèvent. La lecture de cette bande dessinée ne procure pas qu'un plaisir esthétique devant la beauté plastique des images. Guillaume Sorel est aussi un vrai conteur, capable de créer des images mémorables, et des séquences impressionnantes. Après avoir refermé cette BD, le lecteur conserve des visions saisissantes à l'esprit, outre la beauté des sites. Il s'agit parfois d'un détail : les poils du pinceau de William trempés dans la peinture, un écureuil dérapant sur une ardoise du toit, les poissons fraîchement péchés s'agitant dans un seau d'eau, le homard encore vivant désorienté sur la table de la cuisine. Il peut aussi s'agit d'un spectacle plus impressionnant comme une nuée de mouettes et de goélands, l'assaut des sirènes sur la barque, le brouillard se levant sur la mer. Il peut encore s'agir d'une séquence muette racontant un moment où l'émotion s'intensifie, car il y a 17 pages muettes sur 70, et encore à peu près autant ne comprenant qu'un seul phylactère ou une seule cellule de texte. Guillaume Sorel a l'art et la manière d'installer une ambiance ou une sensation au sein d'une scène, avec ou sans mots. Comme le lecteur peut s'y attendre, ce récit comporte une histoire d'amour un peu compliquée. Alors qu'il vit dans une demeure isolée, William John bénéficie de l'intérêt d'une femme et il y a plusieurs séquences de nu. L'artiste met en valeur le corps féminin, sans recourir à des poses lascives ou obscènes, avec des femmes dont la morphologie n'est pas celle d'un mannequin longiligne. Il sait souligner la sensualité de l'une ou de l'autre, en cohérence avec sa personnalité, celle de Rosalie étant très différente de celle des sirènes. Lors des étreintes amoureuses, il reste du côté d'un érotisme doux, faisant ressortir la complicité des amants par des caresses sensuelles. le récit comprend également une dimension angoissante liée aux 2 sœurs de la sirène qui ne partagent pas son intérêt romantique pour un être humain. Sorel s'appuie peu sur des agressions physiques pour faire monter la tension et installer un malaise. Dans son introduction, Pierre Dubois attire l'attention du lecteur sur la savante habileté avec laquelle l'auteur fait sourdre le malaise et l'installe durablement. Au grand étonnement du lecteur, le premier sens sollicité est celui de l'ouïe. de manière chronique, il se produit des bruits étranges et inattendus. le lecteur peut voir sur le visage de William John que ces bruits, ces craquements ne sont pas normaux. Les animaux y réagissent aussi en adoptant une posture inquiète. Outre le comportement des humains, et les remarques que se fait William (soit en parlant à haute voix comme une personne seule, soit dans de brèves phrases de son flux de pensées), il y aussi le comportement des animaux qui devient parfois contre nature, comme s'il se produisait des événements qui relèvent du surnaturel. La citation en quatrième de couverture indique qu'il s'agit d'un récit avec une dose d'horreur. Il s'agit plus en fait pour l'auteur de faire naître l'effroi, par une accumulation progressive de petits phénomènes inhabituels. Il y a bien sûr l'existence de créatures comme des sirènes, mais le lecteur constate aussi que le comportement de William John ne s'explique pas entièrement de manière rationnelle. Ses soupçons se confirment de manière confuse avec la visite d'Héléna, sans qu'il ne sache exactement à quoi s'en tenir. En cela la référence à Edgar Allan Poe dans l'introduction de Pierre Dubois met la puce à l'oreille du lecteur, et s'avère très pertinente. S'il y est sensible, il retrouve effectivement cette façon de susciter l'inquiétude propre à Poe ou aux autres auteurs que cite Dubois, comme William Hope Hodgson. William John est dans une phase de transition où il doit faire le deuil de sa relation avec Héléna et accepter l'irruption de l'inattendu dans sa vie. Il est en proie à une inquiétude lancinante face à la vie, à l'inattendu que lui réserve l'avenir. En découvrant une nouvelle bande dessinée de Guillaume Sorel, le lecteur est conquis d'avance par la promesse de planches magnifiques, d'images impressionnantes, transcrivant la beauté et la séduction de la nature, ainsi que les tourments de l'âme humaine, son intranquillité. Ce récit comble ses horizons d'attente, avec l'irruption du surnaturel, une progression déstabilisant aussi bien le personnage principal que le lecteur, la mise en scène d'un merveilleux aussi bien fascinant qu'inquiétant. À la fin le lecteur se rend compte que William John est autant le jouet des circonstances (l'apparition d'une sirène) que de ses traits de caractère qui sont comme une puissance qui modèle sa vie, sans échappatoire possible. En prime, il s'avère que l'intrigue se révèle plus riche que prévue, ne se limitant pas à cette passion entre un homme et une sirène.

06/05/2024 (modifier)
Couverture de la série Harley Quinn Rebirth
Harley Quinn Rebirth

J’ai lu les 4ers tomes et même si la suite est dispo à ma médiathèque, je vais m’arrêter là. C’est pas nul mais je ne suis pas dedans. J’aime bien l’héroïne mais à Gotham. Son nouvel environnement Coney Island, bien qu’il convienne plutôt bien à son caractère, m’a semblé trop sucré, et surtout les nouveaux personnages ajoutés pour l’occasion ne m’emballent pas (sauf Red Tool). Les albums lus regroupent des courts récits à l’intérêt disparate, ça va du sympa au « j’ai pas envie de te lire toi, zut j’aurais du m’écouter ». A noter une utilisation du Joker qui ne casse pas la baraque, en fait le ton, à l’image de notre héroïne, se veut toujours foutraque et décalé, un peu usant sur la longueur (comme la disparité graphique). Un autre point qui penche dans la balance, c’est qu’avant de découvrir cette série j’avais lu Old Lady Harley, qui est en fait son extension future et où la formule n’imp’, en plus d’être courte et concise, fonctionne bien mieux.

06/05/2024 (modifier)
Couverture de la série The Rising of the Shield Hero
The Rising of the Shield Hero

Purée des fois je m’impressionne et pas spécialement en bien !! Un peu comme Ro, j’ai lu la série parce que j’avais les 16ers tomes sous le coude, et je dois dire que la plupart je les ai bien lu en diagonale. Honnêtement ça se laisse lire, du isekai pure souche et convenablement bien dessiné mais j’avoue qu’il y a bien mieux dans le genre. L’idée de base me plaisait bien avec notre héros qui hérite d’une arme défensive (le bouclier pour ceux qui suivent) pendant que d’autres comparses semblaient toucher le graal avec l’épée, l’arc ou la lance. Le début est pas trop mal avec toutes les mésaventures de notre héros, malheureusement le souffle retombe vite. Une fois son équipe constituée, ça ronronne grave, je dirais même que c’est un peu chiant. On a compris que les 3 autres héros sacrés sont des abrutis finis, et que dire des personnages du roi et sa fille … tout ça pour ça ?! Je me demande encore comment j’ai tenu ? Sans doute grâce à la relative bonne humeur des personnages féminins (même si ça commence à me taper sur le système à force) et aussi que je voulais voir ce fameux affrontement entre tortue géante et poussin en char d’assaut …no comment ;) 15 tomes mal équilibrés pour en arriver là, on ressent que l’auteur n’avait pas de gros plans en tête. Son univers (comme ses personnages) est sympa mais pas fou, l’humour est assez moyen, en fait ça manque clairement de magie pour accrocher, j’ai trouvé ça bien trop lisse et creux. Par contre et bizarrement, le tome 16 m’a beaucoup plu et bien plus accroché que tous les précédents, notre héros quitte enfin cet environnement et je l’ai trouvé réussi dans son déroulé (il était temps !!). Je lirais peut être la suite si ma bibli se met à jour mais en l’état je ne conseille pas la série.

06/05/2024 (modifier)
Par Zega
Note: 2/5
Couverture de la série BRZRKR
BRZRKR

C'est beau mais l'histoire est pas super intéressante, et je trouve que 16€ pour 1 BD qui se lit en 1h ? C'est pas ouf. Je le garde parce que la couverture est belle mais je conseille à personne. Les personnes qui ont travaillé dessus ont pensé à tout sauf l'histoire.

06/05/2024 (modifier)
Couverture de la série Lautremer
Lautremer

J'ai subi une lecture vraiment ennuyeuse tellement j'ai trouvé cette série médiocre. On se demande pourquoi le pauvre Socrate vient prêter son nom puisqu'il s'agit d'un mystérieux empereur/navigateur romain. Je ne suis pas spécialement fan des scénarii avec des codes ou des objets qui renvoient à une puissance ésotérique et totale. C'est la porte ouverte à toutes les imprécisions scénaristiques pleines de raccourcis et d'anachronismes. Déjà j'ai tiqué sur la situation initiale d'une gamine de 20 ans (non majeure à l'époque) qui abandonne sa mère adoptive seule pour rechercher un hypothétique père disparu. Cela ne m'a pas rendu cette Marcia très sympathique. La suite reste une succession de clichés où l'on retrouve des méchants allemands, une société pseudo secrète via les sous-sols d'une cathédrale et un beau gosse prédestiné à sauver la belle Marcia. J'ai trouvé le graphisme de la même imprécision. Le pavillon de la marine allemande en 1913 n'était pas celui de la RFA. D'ailleurs cette marine ne s'appelait pas la Kriegsmarine mais la Kaiserliche Marine, les costumes sont stéréotypés (le méchant possède un look très contemporain) et sans beaucoup de recherches. Une lecture brouillonne où je n'ai trouvé aucun plaisir.

06/05/2024 (modifier)
Couverture de la série Erwann
Erwann

Cette série en quatre épisodes est vraiment sympathique. Cédric Mayen nous fait partager son amour du skateboard. La thématique d'un jeune champion qui grandit sur les pentes et obstacles du skate-park conduit vers un public ado ou préado. Pourtant j'ai bien accroché à cette série pleine de rebondissements. En effet le récit de Cedric Mayen n'est pas du tout linéaire même si l'auteur nous fait passer par certains passages obligés. Mayen installe son récit dans la tension dès le tome 1 avec la mort du frère. Cette tension sera présente tout au long de la série avec les dangers d'un tel sport et les contraintes du haut niveau. Erwann est un surdoué qui gravit les échelons (quartier, régional, national et pour finir international) malgré de nombreuses difficultés physiques ou psychologiques. Même l'histoire d'amour entre Erwann et Meg, une championne canadienne est compliquée. Pourtant Erwann progresse et Mayen en profite pour nous initier à des figures de plus en plus spectaculaires. C'est un vrai plaisir. Toutefois l'auteur n'oublie pas qu'au delà du sport le skate et la glisse est un vrai mode de vie à la recherche de liberté. C'est peut-être un peu cliché mais correspond à l'état d'esprit des skateurs ou snowboarders que je connais. Le tome 4 ajoute une dimension forte aux personnages de la série. C'est un tome inattendu et original qui éloigne encore plus la série d'un esprit guimauve. Ma seule remarque au niveau de cet excellent scénario est que Mayen éclipse la gestion du scolaire qui a pourtant son importance dans le tome 4. Toutefois Erwann ne vit pas dans une bulle, Mayen le place au milieu de nombreux faits de société, le deuil, l'homosexualité, le Covid, le brexit, l'amour. Cela donne un personnage construit et très attachant. J'ai trouvé le graphisme de Yann Cozic un peu en dessous du scénario. Visiblement la série part sur un public d'une douzaine d'année (comme Erwann) et le trait de Cozic tout rond correspond bien. Malheureusement j'ai trouvé que Cozic avait du mal à faire vieillir ce héros de 18 ans au final. C'est aussi vrai pour sa copine Megan qui reste graphiquement assez bébé à mes yeux. Pat contre Cozic donne beaucoup de vie aux scènes de skate avec des dessins techniquement accomplis et d'un grand dynamisme. L'ensemble donne un visuel un peu enfantin mais très agréable. Une très bonne série pour ados mais pas que. J'y ai trouvé beaucoup de richesses.

06/05/2024 (modifier)
Par Zablard
Note: 5/5
Couverture de la série Fidji
Fidji

Superbe BD qui se laisse lire très très facilement, trop peut être, car quand on arrive subitement à la fin, on a passé un si bon moment qu'on est presque triste que l'histoire soit terminée! Les planches de Goux sont très belles, et l'histoire est franchement bien ficelée. Comme dit dans le commentaire précédent, l'ensemble résonnera différemment pour chacun selon son histoire personnelle, mais dans tous les cas sera vibrant car à travers un thème qui semble plutôt simple, c'est en fait toute une complexité de la vie qui ressort, et on passe un excellent moment!! Note réelle 4,5

06/05/2024 (modifier)