Mouais. Pas vraiment convaincu, ni réellement intéressé, par cette série.
Le dessin déjà n’est pas ma tasse de thé. Il manque de finesse (et la colorisation accentue ce manque de détails), il y a quelques défauts de perspective. Et le tic de représenter les femmes jambes croisées est bizarre.
Mais l’intrigue est franchement décevante. C’est rythmé, et ça peut se laisser lire, mais je n’y ai pas trouvé mon compte. C’est à la fois léger et fouillis, usant de pas mal de facilités scénaristiques (déjà l’explication furtive du « retour » de Carabosse avec une faille qui s’entrouvre dans Londres, juste pile poil là où notre savant rondouillard travaille…). Et tout ce qui concerne les passages en Bulgarie m’ont perdu, comme tout ce qui concerne le « Souffle » m’a laissé de côté. Du fantastique/polar qui ressemble un peu à du n’importe quoi dans les grandes lignes, avec des dialogues et des détails pas folichon (notre Carabosse qui se coupe les cheveux – mieux qu’un coiffeur – avec un couteau, à plusieurs reprises, etc.).
Clairement pas ma came.
L’Arabe du futur, de Riad Sattouf, est bien plus qu’une simple autobiographie dessinée : c’est un véritable voyage à travers l’enfance, la mémoire et les contradictions du monde contemporain. En racontant sa jeunesse entre la France, la Libye et la Syrie, Sattouf livre un témoignage à la fois intime et universel, où se mêlent les notions d’identité, d’éducation, de culture et de liberté.
Le regard d’enfant, parfois candide, parfois d’une lucidité désarmante, donne au récit une force émotionnelle rare. À travers ses yeux, on découvre la vie quotidienne dans des régimes autoritaires, les différences culturelles parfois incompréhensibles, mais aussi la tendresse et la complexité des relations familiales. Son père, personnage central et paradoxal, incarne à lui seul le tiraillement entre idéalisme et autoritarisme, modernité et tradition.
Le dessin de Sattouf, d’apparence simple, est d’une efficacité remarquable : les visages expressifs, la mise en couleur monochrome propre à chaque tome, et la composition fluide rendent la lecture aussi claire qu’immersive. Le ton oscille constamment entre humour et gravité, ce qui rend l’ensemble profondément humain.
L’Arabe du futur réussit à captiver aussi bien les amateurs de récits autobiographiques que ceux qui s’intéressent aux questions de société, d’histoire ou de culture. C’est une œuvre marquante, sincère et intelligente, qui pousse à réfléchir sur la notion d’identité et sur la manière dont nos origines façonnent notre regard sur le monde.
Voilà une sympathique nouvelle série à destination des préadolescent(e)s qui se cherchent et qui parfois font telle ou telle activité pour plaire à leurs parents. Pour Colette cela se double d'un traumatisme familial, la perte de la sœur jumelle préférée, celle qui attirait la lumière.
La BD est centrée sur le problème relationnel entre la mère et la fille, le reste de la famille est un peu effacé dans cette histoire, ce qui est un peu dommage. Le reste de l'histoire est assez classique, ça ressemble un peu au film Billy Elliott dans un renversement des sports et des sexes, la dimension sociale en moins. C'est assez crédible dans l'ensemble, je suis curieux de voir ce que va donner la suite de l'histoire. J'aime bien le trait de Carole Maurel, ce style semi-réaliste très expressif, plein de vie et de mouvement.
Sympa, à suivre.
Le dessin – et la colorisation – sont pleins de qualités, mais je ne les trouvais pas à mon goût, et ma lecture a été au départ un peu réticente. Mais je suis passé outre, comme j’ai accepté d’attendre que se mettent en place toutes les pièces d’un joli puzzle, l’intrigue prenant peu à peu de la densité et de l’intérêt – comme les personnages et leur histoire personnelle et intime, tout cela étant vraiment bien construit par Marcel Shorjian.
Jusqu’à la dernière page, les révélations sur le passé des quelques personnages que nous suivons apportent de la profondeur et de la dureté à leur vie. Avec des questionnements évidents : quels sont les moments charnières ? Peut-on revenir en arrière ? Ou recommencer, non pas à zéro, mais sur un chemin parallèle, la route qu’on aurait pu et dû faire ensemble ?
Le début est assez classique : Marcia revient dans le village de son enfance à l’occasion d’un enterrement, retrouve sa mère (qui l’avait mise à la porte) et surtout Florence, son amour d’adolescence, avec laquelle elle avait voulu partir.
Sur ce canevas déjà vu, l’intrigue se développe de façon plaisante, avec au cœur une thématique rappelée à plusieurs moments et à plusieurs niveaux : le rejet de l’autre, les préjugés néfastes.
Le lourd secret de la mère de Marcia en est un exemple, mais surtout l’homosexualité de Marcia, rejetée par sa mère et le village (brutalement sur la fin !), alors qu’à la radio en bruit de fond passent des débats diffusés au moment de la discussion de la loi sur « le mariage pour tous ».
Il ne faut pas vivre avec ses regrets semblent nous dire Marcia et Florence, et l’histoire de Shorjian en général.
La narration est pleine de subtilité, agréable, et si la bêtise humaine est dénoncée (les femmes tondues à la libération, les propos homophobes de la Manif pour tous et/ou des villageois), c’est avant tout le positif qui est mis en avant, un positif incarné par le personnage de Marcia.
Une chouette histoire en tout cas.
Je veux bien admettre que l’album s’adresse en priorité – voire exclusivement à un jeune lectorat, adolescent à tout casser. Mais ce n’est pas uniquement mon regard d’adulte qui le juge aussi mal.
En effet, même si la lecture est très rapide, elle a été franchement laborieuse, ma principale motivation pour la finir étant de pouvoir entrer la série sur le site. Ça fait léger quand même !
Déjà le dessin n’est pas du tout mon truc. Très avare de détails (les décors sont quasi absents), c’est un trait gras, voire grossier parfois, avec une colorisation sans doute informatique qui manque singulièrement de nuance. Bref, c’est pourtant très lisible, mais c'est froid et peu agréable à l’œil (affaire de goût, mais pas que je pense).
Quant à l’histoire, elle est linéaire et manque d’intérêt dans ses grandes lignes, mais aussi dans ses détails. Je n’ai vraiment pas compris la pseudo allégorie – revendiquée dans le texte de présentation – entre les noms des personnages et les corps et signes célestes ? Pour couronner le tout, la fin est brutale, cette conclusion étant à l’image d’une intrigue qui m’a clairement laissé de côté.
Gros gros bof donc.
Après avoir fait de Shiro Kuroi un de ses auteurs coups de coeur (Leviathan, Dragon Hunt Tribe), la maison Ki-oon nous propose un recueil de ses histoires de jeunesse, jusque-là inédites en "vraie" publication. Leur point commun est l'évocation d'une maison située dans les Limbes, au sein de laquelle les morts peuvent prendre un peu de repos avant de traverser la rivière qui les sépare de la mort. L'occasion pour eux de s'y arrêter, de réfléchir (à revenir, qui sait ?) ou de faire des rencontres parfois inattendues.
Comme l'indique l'auteur en postface, c'étaient des récits de jeunesse, sans véritable ambition, et d'une qualité peut-être un peu basse. On a un peu l'impression que certains sont inachevés, inaboutis, qu'ils manquent un peu d'écriture parfois. Mais il s'en dégage néanmoins une atmosphère un peu particulière, pas du tout éthérée, mais tout de même suspendue, hors du temps, comme on peut s'imaginer que sont les Limbes, quand on y croit ou qu'on les évoque. Cette atmosphère est renforcée par le traitement en couleurs, avec des tons doux, qui imprègnent fortement les histoires.
Graphiquement Kuroi avait déjà un sacré niveau, un style assez réaliste et pas du tout figé. Par la suite il s'est éloigné de ce style natif, mais je pense que s'il y revenait dans de futurs projets, ce serait vraiment beau.
Bref, un bon moment de lecture, assez émouvant au final.
Après Beastars, Paru Itagaki propose un nouveau manga un brin déjanté, cette fois-ci sur un format court, puisque Ki-oon l'a publié en un seul volume.
Le concept est simple : Mako est une jeune femme qui souffre d'une misophobie un peu particulière : son nez se met à saigner abondamment lorsqu'elle touche quelque chose de sale, et ce depuis son enfance. Un problème qui l'empêche d'embrasser un homme ou de coucher avec, à son grand désespoir. Le récit nous la fait suivre dans sa quête de l'homme idéal, tel que l'a défini sa mère et à condition que son nez le supporte...
C'est un peu tordu, Itagaki est spécialiste de ce genre d'idées, mais elle nous livre une histoire relativement sobre, finalement, avec des situations certes un peu cocasses, mais pas si spectaculaires, si on excepte celle où l'on voit Mako entièrement nue, couverte de sang et portant par exemple un homme évanoui. Pas de créature fantastique, pas de déviance sexuelle particulière, tout juste voit-on Mako rencontrer un homme incapable d'aimer. Une autre affection qui existe réellement (je ne sais pas si celle dont souffre la jeune femme existe, par contre). Ce n'est pas palpitant, mais relativement sympathique. Itagaki a un style de dessin un peu particulier, le visage de Mako est très rond, avec d'énormes yeux un peu déstabilisants. Il y a un peu de folie dans la composition, certains regards, mais rien de bien méchant.
Ah oui, le titre ! Botabota ou potapota est, en japonais, l'onomatopée correspondant au bruit du clapotis de l'eau. Ici c'est le sang qui coule, donc l'association est vite faite.
A noter que le volume se clôt sur une histoire courte, plus ancienne, mettant en scène une prostituée et le Père Noël. Pas bien folichonne, ma foi.
Le secourisme n'est pas une notion récente, et même si les entreprises et les écoles encouragent les formations aux gestes qui sauvent depuis quelques années, cette BD de 1978 témoigne qu'une sensibilisation au grand public date déjà de cinq décennies.
Si elle apparaît datée au niveau des dessins, elle l'est encore plus au niveau des gestes proposés ici, même si les bases sont bonnes, et les quelques notions d'anatomie qui sont données sont exactes. Le premier tome est une suite de saynètes montrant différentes situations nécessitant l'intervention d'un sauveteur : perte de conscience, étouffement, saignement... C'est assez clair, même si on se rend vite compte que les Dr Debras et Duprat, médecins instructeurs à la Croix-Rouge française, maîtrisent assez mal le media bande dessinée. Ils peuvent cependant compter sur le savoir-faire et le dynamisme de Patrice Serres, dessinateur en vogue à l'époque, qui ajoute beaucoup d'énergie aux textes un peu rébarbatifs.
C'est à présent plus une curiosité qu'un véritable guide des premiers gestes, mais il est intéressant de voir que les bases du secourisme sont peu ou prou les mêmes.
Bon, j'ai lancé cette lecture par un hasard absolu. Je marchais dans ma bibliothèque de quartier, j'ai vu de la couleur, j'ai lu un titre qui m'a fait miroiter une aventure loufoque autour du genre (et sans doute quelques clichés mais après tout ils ne sont pas un mal en soi, si bien utilisés), ... Bref, je me suis dit que je pouvais toujours lire ce diptyque et voir de quoi il retournait.
Si j'insiste pour vous raconter le caractère "hasardeux" de ma lecture c'est pour vous affirmer qu'il ne s'agit pas là d'une série traitant du sujet queer d'une quelconque manière et qui m'aurait déçue dans sa représentation. Non : je ne m'attendais sincèrement pas à ce qu'il soit question d'homosexualité dans cette histoire, et ai été tout de même frappée au visage de bon vieux stéréotypes nocifs.
Le postulat, sans être révolutionnaire, était bon et aurait dû au moins rendre ma lecture agréable.
Une jeune idole qui ne décolle pas, fille d'une magical girl à la retraite, qui se voit offrir de devenir magical girl à son tour par une fée aux allures de yakuza et qui se révèle devenir un grand gaillard baraqué aux muscles virils lorsqu'elle se transforme, ça sonne débile mais intriguant. Une parodie des codes de la magical girl, des combats absurdement violents (sans être graphiques, on nous suggère la violence plus qu'autre chose), un scénario volontairement mauvais, ... Pas nécessairement la meilleure recette mais des œuvres parviennent parfois à créer de l'or avec des postulats plus bancals.
Ici, ça ne marche pas. Le scénario mal écrit, les enjeux qui n'ont jamais vraiment de poids, les apartés comiques qui devraient rajouter du rythme mais qui finissent par devenir brouhaha. Pas mauvais, j'aurais pu mettre un 2 s'il ne s'agissait que de ça. Une œuvre imparfaite mais tout de même divertissante.
Mais. MAIS ! Il ne s'agit pas que de ça. Au delà de quelques remarques déplacées sur le côté "travelo" de cette magical girl (je cite), parce qu'après tout cela a au moins le mérite de ne pas être présent tout du long (maigre consolation mais on prend ce qu'on a), le récit nous propose l'un de mes clichés préférés : la lesbienne harceleuse. Notre magical girl sera rapidement suivie dans ses aventures par sa meilleure amie qui nourrissait pour elle jusque là un amour secret. Mais le secret désormais révélé, on ne la retient plus : ses instincts bestiaux reprennent le dessus et elle essaiera à chaque instant d'embrasser sa belle, d'observer sa culotte ou encore de lui montrer sa collection de photos d'elle prises à son insu. Comme quoi, lorsque la protagoniste crie à sa meilleure amie qu'elle ne souhaite pas être violée après que celle-ci lui ait déclaré sa flamme, comment lui donner tort ? Les actions de l'intéressée parlent d'elles-mêmes et donnent raison au discours.
Bref, autant vous dire que cela m'a fait rapidement sortir du délire.
Peut-être que sans ce propos désastreux j'aurais pu un peu plus rentrer dans le délire. Peut-être. Mais nous vivons dans un monde où l'œuvre existe telle quelle, alors "prout".
Tout le sujet est dans le titre : l'album est une succession de génèses, de récits des origines du monde et de l'humanité, qui se termineront systématiquement de manière tragique ou déprimante (ou au mieux mystérieuse dans le cas du récit sur le secret de la mort).
Chaque génèse présentée se centre sur un nouveau sujet : la quête de l'héroïsme, les questionnements métaphysiques, les constructions sociales, ... Mais tous ces récits sont unis par cette même narration pessimiste teintée de comique, par ce même dessin minimaliste ne servant qu'à illustrer les paraboles qui nous sont racontées.
Intéressant, mais finalement assez oubliable. Je ne sais pas, je n'ai pas été transcendée par ma lecture. Mis à part le récit sur la mort et le philosophe et quelques jolies tournures de phrases par moment j'ai trouvé la lecture assez quelconque. Pas de grande prise de risque dans ces génèses, pas de discours novateurs non plus. J'ai vraiment eu l'impression d'avoir déjà/vu lu ce genre d'idées, ce genre de propos. Nul doute que Trondheim a placé ici ses pensées noires et pessimistes sur la nature humaine, et que les propos qu'il présente ici lui sont chers, mais je dois avouer qu'ils me paraissent également bien communs. Pas un mal en soi, mais si le but était de présenter une pensée originale, tenir un discours qui s'entend malgré tout très souvent n'est pas la meilleure manière.
L'album reste bon, hein, mais pas transcendant pour autant.
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Carabosse
Mouais. Pas vraiment convaincu, ni réellement intéressé, par cette série. Le dessin déjà n’est pas ma tasse de thé. Il manque de finesse (et la colorisation accentue ce manque de détails), il y a quelques défauts de perspective. Et le tic de représenter les femmes jambes croisées est bizarre. Mais l’intrigue est franchement décevante. C’est rythmé, et ça peut se laisser lire, mais je n’y ai pas trouvé mon compte. C’est à la fois léger et fouillis, usant de pas mal de facilités scénaristiques (déjà l’explication furtive du « retour » de Carabosse avec une faille qui s’entrouvre dans Londres, juste pile poil là où notre savant rondouillard travaille…). Et tout ce qui concerne les passages en Bulgarie m’ont perdu, comme tout ce qui concerne le « Souffle » m’a laissé de côté. Du fantastique/polar qui ressemble un peu à du n’importe quoi dans les grandes lignes, avec des dialogues et des détails pas folichon (notre Carabosse qui se coupe les cheveux – mieux qu’un coiffeur – avec un couteau, à plusieurs reprises, etc.). Clairement pas ma came.
L'Arabe du futur
L’Arabe du futur, de Riad Sattouf, est bien plus qu’une simple autobiographie dessinée : c’est un véritable voyage à travers l’enfance, la mémoire et les contradictions du monde contemporain. En racontant sa jeunesse entre la France, la Libye et la Syrie, Sattouf livre un témoignage à la fois intime et universel, où se mêlent les notions d’identité, d’éducation, de culture et de liberté. Le regard d’enfant, parfois candide, parfois d’une lucidité désarmante, donne au récit une force émotionnelle rare. À travers ses yeux, on découvre la vie quotidienne dans des régimes autoritaires, les différences culturelles parfois incompréhensibles, mais aussi la tendresse et la complexité des relations familiales. Son père, personnage central et paradoxal, incarne à lui seul le tiraillement entre idéalisme et autoritarisme, modernité et tradition. Le dessin de Sattouf, d’apparence simple, est d’une efficacité remarquable : les visages expressifs, la mise en couleur monochrome propre à chaque tome, et la composition fluide rendent la lecture aussi claire qu’immersive. Le ton oscille constamment entre humour et gravité, ce qui rend l’ensemble profondément humain. L’Arabe du futur réussit à captiver aussi bien les amateurs de récits autobiographiques que ceux qui s’intéressent aux questions de société, d’histoire ou de culture. C’est une œuvre marquante, sincère et intelligente, qui pousse à réfléchir sur la notion d’identité et sur la manière dont nos origines façonnent notre regard sur le monde.
Mi-Mouche
Voilà une sympathique nouvelle série à destination des préadolescent(e)s qui se cherchent et qui parfois font telle ou telle activité pour plaire à leurs parents. Pour Colette cela se double d'un traumatisme familial, la perte de la sœur jumelle préférée, celle qui attirait la lumière. La BD est centrée sur le problème relationnel entre la mère et la fille, le reste de la famille est un peu effacé dans cette histoire, ce qui est un peu dommage. Le reste de l'histoire est assez classique, ça ressemble un peu au film Billy Elliott dans un renversement des sports et des sexes, la dimension sociale en moins. C'est assez crédible dans l'ensemble, je suis curieux de voir ce que va donner la suite de l'histoire. J'aime bien le trait de Carole Maurel, ce style semi-réaliste très expressif, plein de vie et de mouvement. Sympa, à suivre.
La Montagne entre nous
Le dessin – et la colorisation – sont pleins de qualités, mais je ne les trouvais pas à mon goût, et ma lecture a été au départ un peu réticente. Mais je suis passé outre, comme j’ai accepté d’attendre que se mettent en place toutes les pièces d’un joli puzzle, l’intrigue prenant peu à peu de la densité et de l’intérêt – comme les personnages et leur histoire personnelle et intime, tout cela étant vraiment bien construit par Marcel Shorjian. Jusqu’à la dernière page, les révélations sur le passé des quelques personnages que nous suivons apportent de la profondeur et de la dureté à leur vie. Avec des questionnements évidents : quels sont les moments charnières ? Peut-on revenir en arrière ? Ou recommencer, non pas à zéro, mais sur un chemin parallèle, la route qu’on aurait pu et dû faire ensemble ? Le début est assez classique : Marcia revient dans le village de son enfance à l’occasion d’un enterrement, retrouve sa mère (qui l’avait mise à la porte) et surtout Florence, son amour d’adolescence, avec laquelle elle avait voulu partir. Sur ce canevas déjà vu, l’intrigue se développe de façon plaisante, avec au cœur une thématique rappelée à plusieurs moments et à plusieurs niveaux : le rejet de l’autre, les préjugés néfastes. Le lourd secret de la mère de Marcia en est un exemple, mais surtout l’homosexualité de Marcia, rejetée par sa mère et le village (brutalement sur la fin !), alors qu’à la radio en bruit de fond passent des débats diffusés au moment de la discussion de la loi sur « le mariage pour tous ». Il ne faut pas vivre avec ses regrets semblent nous dire Marcia et Florence, et l’histoire de Shorjian en général. La narration est pleine de subtilité, agréable, et si la bêtise humaine est dénoncée (les femmes tondues à la libération, les propos homophobes de la Manif pour tous et/ou des villageois), c’est avant tout le positif qui est mis en avant, un positif incarné par le personnage de Marcia. Une chouette histoire en tout cas.
Les Archers célestes
Je veux bien admettre que l’album s’adresse en priorité – voire exclusivement à un jeune lectorat, adolescent à tout casser. Mais ce n’est pas uniquement mon regard d’adulte qui le juge aussi mal. En effet, même si la lecture est très rapide, elle a été franchement laborieuse, ma principale motivation pour la finir étant de pouvoir entrer la série sur le site. Ça fait léger quand même ! Déjà le dessin n’est pas du tout mon truc. Très avare de détails (les décors sont quasi absents), c’est un trait gras, voire grossier parfois, avec une colorisation sans doute informatique qui manque singulièrement de nuance. Bref, c’est pourtant très lisible, mais c'est froid et peu agréable à l’œil (affaire de goût, mais pas que je pense). Quant à l’histoire, elle est linéaire et manque d’intérêt dans ses grandes lignes, mais aussi dans ses détails. Je n’ai vraiment pas compris la pseudo allégorie – revendiquée dans le texte de présentation – entre les noms des personnages et les corps et signes célestes ? Pour couronner le tout, la fin est brutale, cette conclusion étant à l’image d’une intrigue qui m’a clairement laissé de côté. Gros gros bof donc.
L'Hôtel de l'autre monde
Après avoir fait de Shiro Kuroi un de ses auteurs coups de coeur (Leviathan, Dragon Hunt Tribe), la maison Ki-oon nous propose un recueil de ses histoires de jeunesse, jusque-là inédites en "vraie" publication. Leur point commun est l'évocation d'une maison située dans les Limbes, au sein de laquelle les morts peuvent prendre un peu de repos avant de traverser la rivière qui les sépare de la mort. L'occasion pour eux de s'y arrêter, de réfléchir (à revenir, qui sait ?) ou de faire des rencontres parfois inattendues. Comme l'indique l'auteur en postface, c'étaient des récits de jeunesse, sans véritable ambition, et d'une qualité peut-être un peu basse. On a un peu l'impression que certains sont inachevés, inaboutis, qu'ils manquent un peu d'écriture parfois. Mais il s'en dégage néanmoins une atmosphère un peu particulière, pas du tout éthérée, mais tout de même suspendue, hors du temps, comme on peut s'imaginer que sont les Limbes, quand on y croit ou qu'on les évoque. Cette atmosphère est renforcée par le traitement en couleurs, avec des tons doux, qui imprègnent fortement les histoires. Graphiquement Kuroi avait déjà un sacré niveau, un style assez réaliste et pas du tout figé. Par la suite il s'est éloigné de ce style natif, mais je pense que s'il y revenait dans de futurs projets, ce serait vraiment beau. Bref, un bon moment de lecture, assez émouvant au final.
Bota Bota
Après Beastars, Paru Itagaki propose un nouveau manga un brin déjanté, cette fois-ci sur un format court, puisque Ki-oon l'a publié en un seul volume. Le concept est simple : Mako est une jeune femme qui souffre d'une misophobie un peu particulière : son nez se met à saigner abondamment lorsqu'elle touche quelque chose de sale, et ce depuis son enfance. Un problème qui l'empêche d'embrasser un homme ou de coucher avec, à son grand désespoir. Le récit nous la fait suivre dans sa quête de l'homme idéal, tel que l'a défini sa mère et à condition que son nez le supporte... C'est un peu tordu, Itagaki est spécialiste de ce genre d'idées, mais elle nous livre une histoire relativement sobre, finalement, avec des situations certes un peu cocasses, mais pas si spectaculaires, si on excepte celle où l'on voit Mako entièrement nue, couverte de sang et portant par exemple un homme évanoui. Pas de créature fantastique, pas de déviance sexuelle particulière, tout juste voit-on Mako rencontrer un homme incapable d'aimer. Une autre affection qui existe réellement (je ne sais pas si celle dont souffre la jeune femme existe, par contre). Ce n'est pas palpitant, mais relativement sympathique. Itagaki a un style de dessin un peu particulier, le visage de Mako est très rond, avec d'énormes yeux un peu déstabilisants. Il y a un peu de folie dans la composition, certains regards, mais rien de bien méchant. Ah oui, le titre ! Botabota ou potapota est, en japonais, l'onomatopée correspondant au bruit du clapotis de l'eau. Ici c'est le sang qui coule, donc l'association est vite faite. A noter que le volume se clôt sur une histoire courte, plus ancienne, mettant en scène une prostituée et le Père Noël. Pas bien folichonne, ma foi.
Secourir
Le secourisme n'est pas une notion récente, et même si les entreprises et les écoles encouragent les formations aux gestes qui sauvent depuis quelques années, cette BD de 1978 témoigne qu'une sensibilisation au grand public date déjà de cinq décennies. Si elle apparaît datée au niveau des dessins, elle l'est encore plus au niveau des gestes proposés ici, même si les bases sont bonnes, et les quelques notions d'anatomie qui sont données sont exactes. Le premier tome est une suite de saynètes montrant différentes situations nécessitant l'intervention d'un sauveteur : perte de conscience, étouffement, saignement... C'est assez clair, même si on se rend vite compte que les Dr Debras et Duprat, médecins instructeurs à la Croix-Rouge française, maîtrisent assez mal le media bande dessinée. Ils peuvent cependant compter sur le savoir-faire et le dynamisme de Patrice Serres, dessinateur en vogue à l'époque, qui ajoute beaucoup d'énergie aux textes un peu rébarbatifs. C'est à présent plus une curiosité qu'un véritable guide des premiers gestes, mais il est intéressant de voir que les bases du secourisme sont peu ou prou les mêmes.
Magical Girl Boy
Bon, j'ai lancé cette lecture par un hasard absolu. Je marchais dans ma bibliothèque de quartier, j'ai vu de la couleur, j'ai lu un titre qui m'a fait miroiter une aventure loufoque autour du genre (et sans doute quelques clichés mais après tout ils ne sont pas un mal en soi, si bien utilisés), ... Bref, je me suis dit que je pouvais toujours lire ce diptyque et voir de quoi il retournait. Si j'insiste pour vous raconter le caractère "hasardeux" de ma lecture c'est pour vous affirmer qu'il ne s'agit pas là d'une série traitant du sujet queer d'une quelconque manière et qui m'aurait déçue dans sa représentation. Non : je ne m'attendais sincèrement pas à ce qu'il soit question d'homosexualité dans cette histoire, et ai été tout de même frappée au visage de bon vieux stéréotypes nocifs. Le postulat, sans être révolutionnaire, était bon et aurait dû au moins rendre ma lecture agréable. Une jeune idole qui ne décolle pas, fille d'une magical girl à la retraite, qui se voit offrir de devenir magical girl à son tour par une fée aux allures de yakuza et qui se révèle devenir un grand gaillard baraqué aux muscles virils lorsqu'elle se transforme, ça sonne débile mais intriguant. Une parodie des codes de la magical girl, des combats absurdement violents (sans être graphiques, on nous suggère la violence plus qu'autre chose), un scénario volontairement mauvais, ... Pas nécessairement la meilleure recette mais des œuvres parviennent parfois à créer de l'or avec des postulats plus bancals. Ici, ça ne marche pas. Le scénario mal écrit, les enjeux qui n'ont jamais vraiment de poids, les apartés comiques qui devraient rajouter du rythme mais qui finissent par devenir brouhaha. Pas mauvais, j'aurais pu mettre un 2 s'il ne s'agissait que de ça. Une œuvre imparfaite mais tout de même divertissante. Mais. MAIS ! Il ne s'agit pas que de ça. Au delà de quelques remarques déplacées sur le côté "travelo" de cette magical girl (je cite), parce qu'après tout cela a au moins le mérite de ne pas être présent tout du long (maigre consolation mais on prend ce qu'on a), le récit nous propose l'un de mes clichés préférés : la lesbienne harceleuse. Notre magical girl sera rapidement suivie dans ses aventures par sa meilleure amie qui nourrissait pour elle jusque là un amour secret. Mais le secret désormais révélé, on ne la retient plus : ses instincts bestiaux reprennent le dessus et elle essaiera à chaque instant d'embrasser sa belle, d'observer sa culotte ou encore de lui montrer sa collection de photos d'elle prises à son insu. Comme quoi, lorsque la protagoniste crie à sa meilleure amie qu'elle ne souhaite pas être violée après que celle-ci lui ait déclaré sa flamme, comment lui donner tort ? Les actions de l'intéressée parlent d'elles-mêmes et donnent raison au discours. Bref, autant vous dire que cela m'a fait rapidement sortir du délire. Peut-être que sans ce propos désastreux j'aurais pu un peu plus rentrer dans le délire. Peut-être. Mais nous vivons dans un monde où l'œuvre existe telle quelle, alors "prout".
Genèses Apocalyptiques
Tout le sujet est dans le titre : l'album est une succession de génèses, de récits des origines du monde et de l'humanité, qui se termineront systématiquement de manière tragique ou déprimante (ou au mieux mystérieuse dans le cas du récit sur le secret de la mort). Chaque génèse présentée se centre sur un nouveau sujet : la quête de l'héroïsme, les questionnements métaphysiques, les constructions sociales, ... Mais tous ces récits sont unis par cette même narration pessimiste teintée de comique, par ce même dessin minimaliste ne servant qu'à illustrer les paraboles qui nous sont racontées. Intéressant, mais finalement assez oubliable. Je ne sais pas, je n'ai pas été transcendée par ma lecture. Mis à part le récit sur la mort et le philosophe et quelques jolies tournures de phrases par moment j'ai trouvé la lecture assez quelconque. Pas de grande prise de risque dans ces génèses, pas de discours novateurs non plus. J'ai vraiment eu l'impression d'avoir déjà/vu lu ce genre d'idées, ce genre de propos. Nul doute que Trondheim a placé ici ses pensées noires et pessimistes sur la nature humaine, et que les propos qu'il présente ici lui sont chers, mais je dois avouer qu'ils me paraissent également bien communs. Pas un mal en soi, mais si le but était de présenter une pensée originale, tenir un discours qui s'entend malgré tout très souvent n'est pas la meilleure manière. L'album reste bon, hein, mais pas transcendant pour autant.