20th Century Boys est un monument du 9ème Art. C'est incontestable. Naoki Urasawa est un maître ès suspense et le polar qu'il nous livre ici ne déroge pas à la règle. Tout au long des 22 tomes de la série (et des deux de la série conclusive 21st Century Boys), l'auteur nous balade entre différentes époques à travers le regard de ces gamins, devenus adultes, qui essaient tant bien que mal de sauver le monde.
Si tout n'est pas d'une cohérence absolue et si certains codes du manga sont encore une fois agaçants à mes yeux (je l'écris à chaque fois, ça m'avait clairement gâché la lecture d'Akira par exemple), il faut, en toute honnêteté intellectuelle, bien avouer que ce thriller est foutrement bien foutu.
A partir d'un jeu d'enfants et de petites méchancetés innocentes, Naoki Urasawa prend la décision de nous dévoiler ce qu'il peut se passer dans la tête d'enfants, isolés, humiliés ou tout simplement différents.
C'est en tout cas la lecture que je fais de cette œuvre.
Vous vous souvenez quand un camarade vous faisait du mal à l'école, physiquement mais surtout psychologiquement ? On avait envie de tout casser et notre cerveau se mettait à rêver de vengeances, toutes plus cruelles les unes que les autres. La plupart d'entre nous ne passait heureusement jamais à l'acte. Ici, dans ce manga, c'est l'inverse. Et nous voilà partis dans une enquête qui s'étale sur une longue période et où, évidemment, les actes passés ont une conséquence inimaginable dans le présent.
C'est bien réalisé. Ami, l'antagoniste, reste mystérieux tout au long de l’œuvre et nous cherchons à comprendre pourquoi il agit ainsi et comment il souhaite que tout cela finisse. L'aveuglement des masses est crédible, notre passé, notre présent aussi, nous le prouve aisément.
Le héros, Kenji, est attachant, même si finalement c'est bien Kanna la véritable héroïne. Je n'en dis pas plus, cela gâcherait la lecture de ceux qui n'ont pas encore posé leurs yeux sur ce manga.
Néanmoins, et je le disais plus avant, certaines incohérences m'ont tout de même un peu turlupiné et j'avoue avoir perdu un peu d'intérêt vers la fin. C'est moins rythmé, Kenji devient quelque peu caricatural, tout comme Kanna d'ailleurs, et les personnages que j'appréciais le plus disparaissent petit à petit (Yoshitsune ?).
Ces réserves ne me font en tout cas pas changé la note et le ressenti général que j'ai pu avoir pour ce monument. Il faut le lire je pense, quand on se réclame amateurs de ce canal bien singulier qu'est la bande dessinée.
Cela faisait très longtemps que je voulais découvrir l’œuvre d’Atak, un auteur « underground » allemand, et en particulier cet album, que je recherchais en vain, jusqu’à ce que je tombe dessus dans l’excellente librairie parisienne Aaapoum Bapoum.
Et je n’ai pas été déçu par cet album, qui s’est révélé déroutant, mais très riche. Disons-le tout de suite, il rebutera fortement les amateurs exclusifs de franco-belge classique, et ceux qui sont trop cartésiens ou réfractaires à une poésie noire.
Car on a ici une œuvre pleinement surréaliste, que ce soit pour le fond ou pour la forme. En effet, je suppose qu’Atak a en partie improvisé, au gré d’une écriture quasi automatique, pour plusieurs passages. De fait, la narration est décousue.
Quant au dessin, il est à la fois simple (un bon côté underground), mais aussi minutieux au niveau du remplissage des décors, ce qui m’a souvent fait penser à certains dessins médiumniques chers à André Breton.
Cette version d’Alice prend place dans une série de publications des éditions Frémok qui à l’époque formaient « L’expérience Alice » (un encart indépendant et assez complexe de 6 pages est normalement inclus dans l’album, et présente le cheminement historique et intellectuel de Fremok et d’Atak autour d’Alice). Mais on est loin, très loin ici de l’œuvre de Carroll, qu’Atak s’est appropriée pour en faire quelque chose de personnel et très noir. En effet, il donne une vision noire, trash, érotique (certaines scènes violentes ou sexuelles m’ont poussé à conseiller cette lecture à des adultes) d’un Berlin qu’on croirait sorti des désastres de la guerre (le Berlin de 1945 – les ruines en moins – ou celui des expressionnistes de l’immédiat après première guerre mondiale).
Tout ici est bestial, le désir est primaire et sans filtre, que ce soit Eros ou Thanatos qui l’aiguillonnent. Les scènes, les images s’enchaînent, et la traversée de l’album laisse le lecteur les yeux rougis par un monde où la folie balaye l’innocence, où les repères habituels (la morale, l'innocence de l'enfance, le distingo entre être animés et objets) s’estompent.
Une œuvre impossible à résumer bien sûr, difficile à appréhender, et qui questionne. Une œuvre qui m’a touché en tout cas.
Un coup de cœur visuel, poétique et surréaliste. A feuilleter avant d’acheter, car c’est très particulier (remarque toute virtuelle, étant donné la rareté de la rencontre de cette album).
Note réelle 3,5/5.
Un truc génIAAAL comme c'est pas permis !
Quelques activistes écologistes se retrouvent au premier rang pour assister à la fin du monde. À coups de flash-back pas du tout handicapants pour le déroulé de l'histoire proprement dite, tant ils sont riches d'informations captivantes ET sur les personnages ET sur la réalité du monde où nous vivons (rappel plein de sens étant donné le sujet abordé), les auteurs nous offrent une course-poursuite maritime pleine de péripéties très excitantes tout en nous confrontant à beaucoup de vérités primordiales extrêmement bien introduites par le récit.
Les personnages sont profonds et sensibles, même les plus secondaires ; et leurs interactions et affrontements sont tous sauf gratuits. Les dialogues sont particulièrement bien troussés : pas une bulle de perdue !
Une épopée dont le jusqu'au-boutisme finit par sonner presque biblique dans sa démesure, pourtant assez réaliste ; et le scénariste se permet même un écart (que je trouve assez couillu, tant le contexte est "sérieux" ; mais que d'autres, j'en suis sûrs, qualifieront de racoleur/facile/idiot...) qui touche tout à la fois au fantastique et au mythologique... La série n'en avait nul besoin pour être d'avantage passionnante ; mais cela ne fait que lui faire "embrasser" -et éclater, par la même occasion- un cadre plus large que le contexte originel ne le laissait supposer. Et pourquoi pas, après tout, puisque tout le reste y passe ?!
Le dessin est plus qu'honnête (même si pas trop jojo !) quasi tout le long des TRENTE Comics (... Pour l'édition originale, en tous cas ; il ne semble y avoir que trois tomes disponibles traduits par Panini, si j'ai bien compris ?!), n'accusant quelques faiblesses que lors du passage d'encreurs moins doués que les dessinateurs eux-mêmes. Le rythme de parution force néanmoins quelques planches moins léchées que les autres -surtout vers la fin- mais le "look" général est très figuratif et les personnages comme les décors sont parfaitement "équilibrés". La colorisation n'est pas en reste, pleine de parti-pris. Beaucoup d'atmosphère dans ces planches parfaitement composées : une leçon d'efficacité "simple" propre au Comic-Book, et dont pas mal de monde peut s'inspirer.
... Très sympa à lire ! J'aurais mis cinq étoiles mais "culte" ne voudrait rien dire, dans ce cas-précis : c'est juste une BD trop chouette :)
Énorme surprise , j’ai pris ce livre un peu par hasard à la bibli dans les nouveautés.
On suit un homme qui travaille pour aider des personnages âgées dans une résidence.
Le dessin est dans un style caricatural et on suit ce personnage très humain et touchant dans lequel je me reconnais totalement. Il sait que pour les humains ce qui compte ce n’est pas d’être en vie mais de vivre (il refuse des règles qu’il trouve idiotes pour passer plus de temps à parler aux gens, enlève son masque, tutoie, bref il est humain).
C’est forcément triste car on parle de gens seuls, malades, solitaires forcés, mais c’est aussi touchant et on voit que c’est fait avec bienveillance et amour.
On s’attache aussi au narrateur qui fait un boulot extrêmement fatiguant.
Le seul « problème » de cette bd et que vu le sujet ce n’est pas évident de la prêter pour la faire découvrir car j’aurais peur de faire de la peine et certaines personnes qui penseraient à la fin de fin de vie de leur famille ou à leur fin de vie et que ça pourrait déprimer.
Mais je me raccroche à ce personnage courageux et gentil et je vous en recommande la lecture.
Une série que j’ai découvert sur le tard, et c’est dommage, car je crois que je l’aurais probablement davantage appréciée étant plus jeune – même si certains jeux de mots de Greg, et la sensualité latente développée par Dany visent plutôt des lecteurs plus adultes.
La série est un peu fourre-tout, joue beaucoup sur du loufoque, un humour bon enfant, en développant une ambiance extrêmement positive, à la limite de la naïveté parfois, mais sans jamais tomber dans la mièvrerie. Greg a su créer un univers enchanté, qui doit sans doute beaucoup à Lewis Carroll, avec moins de noirceur.
Dans le pays des rêves de Rêverose, tout est possible, les objets parlent et agissent, et tout le monde collabore pour entretenir la bonne entente et la bonne humeur. Au cœur de cet univers, Olivier Rameau et son amoureuse, la jolie Colombe, sont entourés de beaucoup de personnages secondaires qui sont pour beaucoup dans la réussite des histoires : le faux sérieux Monsieur Pertinent, les trois Ziroboudons et bien d’autres participent de cette étrange folie.
Enfin, le succès de cette série doit aussi beaucoup au dessin de Greg, qui mélange avec bonheur dessin semi caricatural (pour beaucoup de personnages et d’objets) et un trait un peu plus réaliste pour Rameau et Colombe. Colombe justement, apporte une touche sexy (elle se balade toujours en mini mini jupe et décolleté plongeant !) san que jamais cela ne tourne aux grivoiseries qu’il publiera dans d’autres séries plus ou moins coquines. Plusieurs autres personnages féminins – moins récurrents – ont aussi des tenues ou postures sexy.
Quelques bémols toutefois. Sur les derniers albums, j’ai trouvé que c’était globalement moins réussi (Greg laisse parfois la main à Dany pour les scénarios – comme dans le tome 10). Et dans la plupart des albums, j’ai trouvé les dialogues trop abondants.
J’ai lu les 6 premiers et les tomes 10 et 11, et je conseillerais surtout les premiers.
C’est en tout cas une série rafraichissante qui, malgré mes remarques liminaires, s’adresse avant tout à un jeune lectorat, voire à de jeunes adolescents.
Note réelle 3,5/5.
J’ai beaucoup aimé ce récit. Je sais par expérience que je suis facilement séduit par un scénario si l’idée à l’origine de celui-ci est à la fois novatrice et évidente. Le genre d’idée dont on se dit « mais pourquoi personne n’y avait songé avant ? » Et de ce point de vue, ce n’est pas la première fois que Joe Hill me laisse pantois.
Ici, l’idée à la base du récit se matérialise par des pluies meurtrières. Ni acides, ni tornades, mais des pluies soudaines et violentes d’aiguilles de fulgurite. Ce concept permet à l’auteur de nous plonger dans un univers apocalyptique en lien direct avec nos inquiétudes actuelles concernant les changements climatiques.
Au cœur de cette apocalypse, l’héroïne va se lancer dans une quête un peu vaine, marquée par sa totale désorientation. Quête durant laquelle elle va découvrir le meilleur et le pire chez l’homme, des alliés fidèles, des lâches immondes… et enfin des êtres brisés qui présentent en eux-mêmes ces deux facettes. Le scénario est prenant même si très classique dans le genre apocalyptique. La fin fonctionne plutôt bien même si la révélation finale m’a laissé un peu dubitatif (je ne la trouve pas pleinement cohérente avec certains comportements situés au début du récit). Surtout, je me suis beaucoup attaché au personnage principal, archétype même de l’être fragile en apparence mais capable de puiser une force énorme dans les douloureuses épreuves traversées sans rien perdre de son humanité.
L’adaptation de David Booher me semble de qualité du simple fait que l’on ne ressent pas spécialement de coupures. Le déroulement de l’histoire est fluide et les personnages sont bien développés.
Le dessin de Zoé Thorogood, un peu à la manière d’un Jeff Lemire, laisse transparaître la fragilité des personnages. Ceux-ci sont un peu raides, un peu ‘de travers’ et c’est de ces petits défauts que nait le charme du dessin. La mise en page est soignée même si peu novatrice. Le découpage est bon. les couleurs sont étranges mais collent bien à l’univers.
Franchement, j’ai bien aimé !
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20th Century Boys
20th Century Boys est un monument du 9ème Art. C'est incontestable. Naoki Urasawa est un maître ès suspense et le polar qu'il nous livre ici ne déroge pas à la règle. Tout au long des 22 tomes de la série (et des deux de la série conclusive 21st Century Boys), l'auteur nous balade entre différentes époques à travers le regard de ces gamins, devenus adultes, qui essaient tant bien que mal de sauver le monde. Si tout n'est pas d'une cohérence absolue et si certains codes du manga sont encore une fois agaçants à mes yeux (je l'écris à chaque fois, ça m'avait clairement gâché la lecture d'Akira par exemple), il faut, en toute honnêteté intellectuelle, bien avouer que ce thriller est foutrement bien foutu. A partir d'un jeu d'enfants et de petites méchancetés innocentes, Naoki Urasawa prend la décision de nous dévoiler ce qu'il peut se passer dans la tête d'enfants, isolés, humiliés ou tout simplement différents. C'est en tout cas la lecture que je fais de cette œuvre. Vous vous souvenez quand un camarade vous faisait du mal à l'école, physiquement mais surtout psychologiquement ? On avait envie de tout casser et notre cerveau se mettait à rêver de vengeances, toutes plus cruelles les unes que les autres. La plupart d'entre nous ne passait heureusement jamais à l'acte. Ici, dans ce manga, c'est l'inverse. Et nous voilà partis dans une enquête qui s'étale sur une longue période et où, évidemment, les actes passés ont une conséquence inimaginable dans le présent. C'est bien réalisé. Ami, l'antagoniste, reste mystérieux tout au long de l’œuvre et nous cherchons à comprendre pourquoi il agit ainsi et comment il souhaite que tout cela finisse. L'aveuglement des masses est crédible, notre passé, notre présent aussi, nous le prouve aisément. Le héros, Kenji, est attachant, même si finalement c'est bien Kanna la véritable héroïne. Je n'en dis pas plus, cela gâcherait la lecture de ceux qui n'ont pas encore posé leurs yeux sur ce manga. Néanmoins, et je le disais plus avant, certaines incohérences m'ont tout de même un peu turlupiné et j'avoue avoir perdu un peu d'intérêt vers la fin. C'est moins rythmé, Kenji devient quelque peu caricatural, tout comme Kanna d'ailleurs, et les personnages que j'appréciais le plus disparaissent petit à petit (Yoshitsune ?). Ces réserves ne me font en tout cas pas changé la note et le ressenti général que j'ai pu avoir pour ce monument. Il faut le lire je pense, quand on se réclame amateurs de ce canal bien singulier qu'est la bande dessinée.
Alice embrasse la lune avant qu'elle ne s'endorme
Cela faisait très longtemps que je voulais découvrir l’œuvre d’Atak, un auteur « underground » allemand, et en particulier cet album, que je recherchais en vain, jusqu’à ce que je tombe dessus dans l’excellente librairie parisienne Aaapoum Bapoum. Et je n’ai pas été déçu par cet album, qui s’est révélé déroutant, mais très riche. Disons-le tout de suite, il rebutera fortement les amateurs exclusifs de franco-belge classique, et ceux qui sont trop cartésiens ou réfractaires à une poésie noire. Car on a ici une œuvre pleinement surréaliste, que ce soit pour le fond ou pour la forme. En effet, je suppose qu’Atak a en partie improvisé, au gré d’une écriture quasi automatique, pour plusieurs passages. De fait, la narration est décousue. Quant au dessin, il est à la fois simple (un bon côté underground), mais aussi minutieux au niveau du remplissage des décors, ce qui m’a souvent fait penser à certains dessins médiumniques chers à André Breton. Cette version d’Alice prend place dans une série de publications des éditions Frémok qui à l’époque formaient « L’expérience Alice » (un encart indépendant et assez complexe de 6 pages est normalement inclus dans l’album, et présente le cheminement historique et intellectuel de Fremok et d’Atak autour d’Alice). Mais on est loin, très loin ici de l’œuvre de Carroll, qu’Atak s’est appropriée pour en faire quelque chose de personnel et très noir. En effet, il donne une vision noire, trash, érotique (certaines scènes violentes ou sexuelles m’ont poussé à conseiller cette lecture à des adultes) d’un Berlin qu’on croirait sorti des désastres de la guerre (le Berlin de 1945 – les ruines en moins – ou celui des expressionnistes de l’immédiat après première guerre mondiale). Tout ici est bestial, le désir est primaire et sans filtre, que ce soit Eros ou Thanatos qui l’aiguillonnent. Les scènes, les images s’enchaînent, et la traversée de l’album laisse le lecteur les yeux rougis par un monde où la folie balaye l’innocence, où les repères habituels (la morale, l'innocence de l'enfance, le distingo entre être animés et objets) s’estompent. Une œuvre impossible à résumer bien sûr, difficile à appréhender, et qui questionne. Une œuvre qui m’a touché en tout cas. Un coup de cœur visuel, poétique et surréaliste. A feuilleter avant d’acheter, car c’est très particulier (remarque toute virtuelle, étant donné la rareté de la rencontre de cette album). Note réelle 3,5/5.
The Massive
Un truc génIAAAL comme c'est pas permis ! Quelques activistes écologistes se retrouvent au premier rang pour assister à la fin du monde. À coups de flash-back pas du tout handicapants pour le déroulé de l'histoire proprement dite, tant ils sont riches d'informations captivantes ET sur les personnages ET sur la réalité du monde où nous vivons (rappel plein de sens étant donné le sujet abordé), les auteurs nous offrent une course-poursuite maritime pleine de péripéties très excitantes tout en nous confrontant à beaucoup de vérités primordiales extrêmement bien introduites par le récit. Les personnages sont profonds et sensibles, même les plus secondaires ; et leurs interactions et affrontements sont tous sauf gratuits. Les dialogues sont particulièrement bien troussés : pas une bulle de perdue ! Une épopée dont le jusqu'au-boutisme finit par sonner presque biblique dans sa démesure, pourtant assez réaliste ; et le scénariste se permet même un écart (que je trouve assez couillu, tant le contexte est "sérieux" ; mais que d'autres, j'en suis sûrs, qualifieront de racoleur/facile/idiot...) qui touche tout à la fois au fantastique et au mythologique... La série n'en avait nul besoin pour être d'avantage passionnante ; mais cela ne fait que lui faire "embrasser" -et éclater, par la même occasion- un cadre plus large que le contexte originel ne le laissait supposer. Et pourquoi pas, après tout, puisque tout le reste y passe ?! Le dessin est plus qu'honnête (même si pas trop jojo !) quasi tout le long des TRENTE Comics (... Pour l'édition originale, en tous cas ; il ne semble y avoir que trois tomes disponibles traduits par Panini, si j'ai bien compris ?!), n'accusant quelques faiblesses que lors du passage d'encreurs moins doués que les dessinateurs eux-mêmes. Le rythme de parution force néanmoins quelques planches moins léchées que les autres -surtout vers la fin- mais le "look" général est très figuratif et les personnages comme les décors sont parfaitement "équilibrés". La colorisation n'est pas en reste, pleine de parti-pris. Beaucoup d'atmosphère dans ces planches parfaitement composées : une leçon d'efficacité "simple" propre au Comic-Book, et dont pas mal de monde peut s'inspirer. ... Très sympa à lire ! J'aurais mis cinq étoiles mais "culte" ne voudrait rien dire, dans ce cas-précis : c'est juste une BD trop chouette :)
Résidence Autonomie
Énorme surprise , j’ai pris ce livre un peu par hasard à la bibli dans les nouveautés. On suit un homme qui travaille pour aider des personnages âgées dans une résidence. Le dessin est dans un style caricatural et on suit ce personnage très humain et touchant dans lequel je me reconnais totalement. Il sait que pour les humains ce qui compte ce n’est pas d’être en vie mais de vivre (il refuse des règles qu’il trouve idiotes pour passer plus de temps à parler aux gens, enlève son masque, tutoie, bref il est humain). C’est forcément triste car on parle de gens seuls, malades, solitaires forcés, mais c’est aussi touchant et on voit que c’est fait avec bienveillance et amour. On s’attache aussi au narrateur qui fait un boulot extrêmement fatiguant. Le seul « problème » de cette bd et que vu le sujet ce n’est pas évident de la prêter pour la faire découvrir car j’aurais peur de faire de la peine et certaines personnes qui penseraient à la fin de fin de vie de leur famille ou à leur fin de vie et que ça pourrait déprimer. Mais je me raccroche à ce personnage courageux et gentil et je vous en recommande la lecture.
Olivier Rameau
Une série que j’ai découvert sur le tard, et c’est dommage, car je crois que je l’aurais probablement davantage appréciée étant plus jeune – même si certains jeux de mots de Greg, et la sensualité latente développée par Dany visent plutôt des lecteurs plus adultes. La série est un peu fourre-tout, joue beaucoup sur du loufoque, un humour bon enfant, en développant une ambiance extrêmement positive, à la limite de la naïveté parfois, mais sans jamais tomber dans la mièvrerie. Greg a su créer un univers enchanté, qui doit sans doute beaucoup à Lewis Carroll, avec moins de noirceur. Dans le pays des rêves de Rêverose, tout est possible, les objets parlent et agissent, et tout le monde collabore pour entretenir la bonne entente et la bonne humeur. Au cœur de cet univers, Olivier Rameau et son amoureuse, la jolie Colombe, sont entourés de beaucoup de personnages secondaires qui sont pour beaucoup dans la réussite des histoires : le faux sérieux Monsieur Pertinent, les trois Ziroboudons et bien d’autres participent de cette étrange folie. Enfin, le succès de cette série doit aussi beaucoup au dessin de Greg, qui mélange avec bonheur dessin semi caricatural (pour beaucoup de personnages et d’objets) et un trait un peu plus réaliste pour Rameau et Colombe. Colombe justement, apporte une touche sexy (elle se balade toujours en mini mini jupe et décolleté plongeant !) san que jamais cela ne tourne aux grivoiseries qu’il publiera dans d’autres séries plus ou moins coquines. Plusieurs autres personnages féminins – moins récurrents – ont aussi des tenues ou postures sexy. Quelques bémols toutefois. Sur les derniers albums, j’ai trouvé que c’était globalement moins réussi (Greg laisse parfois la main à Dany pour les scénarios – comme dans le tome 10). Et dans la plupart des albums, j’ai trouvé les dialogues trop abondants. J’ai lu les 6 premiers et les tomes 10 et 11, et je conseillerais surtout les premiers. C’est en tout cas une série rafraichissante qui, malgré mes remarques liminaires, s’adresse avant tout à un jeune lectorat, voire à de jeunes adolescents. Note réelle 3,5/5.
Rain
J’ai beaucoup aimé ce récit. Je sais par expérience que je suis facilement séduit par un scénario si l’idée à l’origine de celui-ci est à la fois novatrice et évidente. Le genre d’idée dont on se dit « mais pourquoi personne n’y avait songé avant ? » Et de ce point de vue, ce n’est pas la première fois que Joe Hill me laisse pantois. Ici, l’idée à la base du récit se matérialise par des pluies meurtrières. Ni acides, ni tornades, mais des pluies soudaines et violentes d’aiguilles de fulgurite. Ce concept permet à l’auteur de nous plonger dans un univers apocalyptique en lien direct avec nos inquiétudes actuelles concernant les changements climatiques. Au cœur de cette apocalypse, l’héroïne va se lancer dans une quête un peu vaine, marquée par sa totale désorientation. Quête durant laquelle elle va découvrir le meilleur et le pire chez l’homme, des alliés fidèles, des lâches immondes… et enfin des êtres brisés qui présentent en eux-mêmes ces deux facettes. Le scénario est prenant même si très classique dans le genre apocalyptique. La fin fonctionne plutôt bien même si la révélation finale m’a laissé un peu dubitatif (je ne la trouve pas pleinement cohérente avec certains comportements situés au début du récit). Surtout, je me suis beaucoup attaché au personnage principal, archétype même de l’être fragile en apparence mais capable de puiser une force énorme dans les douloureuses épreuves traversées sans rien perdre de son humanité. L’adaptation de David Booher me semble de qualité du simple fait que l’on ne ressent pas spécialement de coupures. Le déroulement de l’histoire est fluide et les personnages sont bien développés. Le dessin de Zoé Thorogood, un peu à la manière d’un Jeff Lemire, laisse transparaître la fragilité des personnages. Ceux-ci sont un peu raides, un peu ‘de travers’ et c’est de ces petits défauts que nait le charme du dessin. La mise en page est soignée même si peu novatrice. Le découpage est bon. les couleurs sont étranges mais collent bien à l’univers. Franchement, j’ai bien aimé !