Une BD sur René Descartes qui n'a rien de cartésienne, un comble !
René Descartes meurt en 1650 à Stockholm où il sera enterré. On va suivre le périple de son squelette à partir de 1666 jusqu'à 1937 à la galerie d'anatomie comparée au musée national d'histoire naturelle. Un périple qui sera raconté par le crâne de Descartes à ses voisins, des animaux tout en os, avec pour question centrale : est-ce bien le véritable crâne de Descartes ?
Je connaissais les grandes lignes de cette incroyable aventure post mortem.
Daria Schmitt a réalisé un formidable travail de documentation sur ce parcours incroyable et sur l'homme, l'un des fondateurs de la philosophie moderne et le père de la Méthode. Il n'est pas forcément des plus attachant, mais après il a des circonstances atténuantes, puisqu'il sera enterré/déterré plusieurs fois et va perdre au fil des déplacements ses os pour ne rester qu'une tête incomplète (il manque la mâchoire inférieure).
Un récit qui demande de la concentration, c'est dense, érudit mais avec une touche d'humour, sa théorie de l'animal-machine ne plaît pas à son auditoire animal. J'ai un petit faible pour cette baleine bleue échouée à Ostende en 1827. Des échanges qui vont faire vaciller notre philosophe.
C'est aussi un récit historique, il permet de traverser les rebondissements de l'Histoire sur 300 ans.
Une lecture instructive, mystérieuse et onirique.
J'ai été conquis par la patte graphique de Daria Schmitt avec son trait hachuré. La plus grande partie de l'album est dans un superbe noir et blanc détaillé, expressif et immersif avec des touches de bleu mer, en particulier pour le halo autour du crâne de Descartes, n'est-il pas une source de lumière ? Quelques planches magnifiquement colorées pour les passages fantasmagoriques.
Je tiens à souligner le travail sur la représentation des personnages historiques qui jalonnent ce récit, elles sont réalisées à partir de portraits d'époque.
Un gros dossier en fin d'album avec de nombreuses annexes pour y voir plus clair. Très instructif.
Je conseille des petites recherches sur le philosophe avant d'entamer ta lecture, pour mieux l'apprécier (ce que j'ai fait).
Repéré depuis un moment sur mon site favori, j'avoue avoir un peu hésité en librairie devant le prix de l'objet (une trentaine d'euros). Et bien m'en a pris de me laisser tenter, car ce fut un vrai bon moment que la lecture des aventures de ce Jean-Doux et de sa disquette molle. Une lecture qui appellera inévitablement une relecture dans quelques temps.
Cet album offre un petit voyage dans l'entreprise des années 90, celles des costumes cravates, des coupes mulets, des premiers open space, de windows 95, des fax et des broyeuses à papier. Tout un programme ! Et à vrai dire, ce cadre est juste idéal pour cette histoire. C'est décalé, voire faussement con-con par moment, l'auteur appuie fort sur le cliché et la caricature.... mais ça fonctionne tellement bien ! C'est original, c'est loufoque, on rigole joyeusement que ce soit avec les situations saugrenues ou les dialogues incisifs.
Mais ce qui est plus fort encore, c'est d'avoir réussi à mettre ce petit délire au service d'une vraie histoire. Ça marche vraiment bien, on se prend au jeu. On a envie de savoir quel mystère cache cette fameuse disquette retrouvée cachée au fond du débarras du 7e étage. Et sans dire qu'on va de surprises en surprises, les rebondissements sont au rendez-vous.
Le récit est équilibré entre cette intrigue assez prenante, et la bonne dose d'humour qui l'accompagne. Le dessin n'est pas en reste, ce style cartoon est un petit régal pour mettre tout ça en images et renforcer le côté délirant de l'ensemble. Et surtout : ça tient la longueur, ce qui n'est pas une mince affaire vu la pagination importante de l'ouvrage.
Un vrai plaisir de lecture, j'en redemande.
Je note la version intégrale collector. Un livre magnifique avec les pages dorées qui cependant peut vite s'abîmer, étrangement....
L'histoire en elle même est originale et vaut le détour même si à la fin on a l'impression d'être allé un peu vite. Il aurait été préférable de développer davantage le scénario sur un tome 4 ?
Car tout cela est dense. Et les dessins nous le démontrent bien. Olivier Ledroit est un grand artiste et chaque page est un réel délice pour les yeux. Les dessins sont vraiment somptueux, même s'ils ne sont pas du goût de tout le monde, car il faut s'habituer à lire sa manière de peindre.
Un livre à lire et à relire :)
Je note 4/5 car parfois un peu trop de décors "steampunk" viennent surcharger inutilement. Scénario à approfondir, il y a des choses qui ne sont pas claires.
Une belle surprise et une jolie réussite d'une première BD pour un auteur italien n'appartenant pas à la filière traditionnelle des beaux arts. Je ne suis pas architecte mais j'ai lu cette série avec beaucoup de plaisir. C'est un peu sur le modèle de l'excellent Vie de Carabin à savoir une vue de l'intérieur des défauts ,agglomérés dans l'espace et le temps, d'une structure professionnelle très hiérarchisée. C'est le monde de l'architecture qui est ainsi passé à la loupe grossissante . On y retrouve le patron archistar entouré de sa cour de "yesman", le second imbuvable et prédateur sexuel, le stagiaire lèche-bottes mais aussi l'esprit d'équipe, la fierté de participer à une œuvre culturelle et civilisationnelle de premier ordre, du défi personnel qui engage jusqu'au sacrifice. L'auteur est architecte et sait de quoi il parle techniquement et humainement. Je suis impressionné par l'intelligence de la construction de son récit qui donne une narration très fluide avec une tension dramatique très bien équilibrée. Je me suis très vite attaché au personnage d'Enzo. Paradoxalement il ne crache jamais dans la soupe et au contraire je suis sorti de ma lecture en pensant que l'Architecture était au dessus de ces mesquineries de bureaux.
Graphiquement on sent la patte du professionnel: les extérieurs parisiens sont sublimes. C'est d'une grande précision dans les détails avec même un bonus d'une visite de musée commentée façon architecture. De plus Danicollaterale s'en sort très bien avec les personnages. Cela donne un récit très vivant, dynamique et expressif.
Une très belle lecture et une agréable surprise d'un néophyte.
C'est toujours une gageure d'adapter un poème ou une chanson en BD. Une simple retranscription des paroles donne un rendu souvent aussi sec qu'une analyse de texte d'un-e lycéen-ne. Comme le souligne Charlotte Bousquet cocréatrice du concept de Poéstrip il s'agit ici de faire vivre la substance invisible du poème, son âme et la vibration que cela a produit sur une artiste du graphisme. Cela a aussi l'avantage de faire découvrir le très beau poème de Rilke, La Panthère, dont les textes en allemand et une traduction en français ferment le récit. Le poème est court, 12 vers, mais suffisamment puissant pour que Bérangère Delaporte le traduise dans un récit moderne de 65 pages sans temps morts. La narration est très fluide et accessible à un large public. La double lecture montre très bien comment deux situations éloignées dans le temps, l'espace et l'anatomie peuvent se rejoindre dans des thématiques universelles telles que la liberté, la soumission et la perte progressive de sa vitalité/créativité innée.
Le graphisme souple s'apparente à un style journalistique qui va à l'essentiel pour mettre en valeur les expressions et le mouvement. C'est parfaitement en harmonie avec cette thématique du poème. Une construction très moderne et dynamique donne du rythme à une belle et agréable lecture.
Je pousse un peu ma note à cause de l'originalité et la difficulté de l'exercice. 3.5
Oh.
Wouaw. Bigre, même !
Je suis charmé par cette BD, mais carrément charmé. Et je dois dire que je reviens de loin après lecture. Il faut dire que je ne connais rien du tout à Wonder Woman et son univers, dont je n'ai lu aucun des albums. Mais cette préquelle à la série est tellement bonne que je lirais volontiers des suites si jamais elles se présentaient à la bibliothèque du coin.
L'album est très complet, l'histoire étant précédée d'une interview des auteurs très intéressante pour comprendre les enjeux du récit ainsi que la vision des auteurs que je trouve extrêmement intéressante notamment sur la question de la considération des femmes. Quelques phrases frappées au coin du bon sens parsèment cette interview dont je recommande la lecture.
D'autre part l'album est complété a la fin par des pages de travail et de recherches graphiques qui mettent en lumière le travail réalisé dans les planches et notamment lorsque l'auteur s'amuse à caler des dieux dans les décors en les rendant un peu invisible. C'est une superbe idée (et une très bonne incarnation de ce qu'elles représentent) et il faut dire que sans ces pages, je n'aurais pas remarqué l'attention graphique qui fut portée aux planches.
Mais parlons-en, du graphisme, puisqu'il envoie du pâté dès les premières pages avec sa représentation des Dieux qui peut piquer des yeux, mais qui a cet avantage de donner une patte graphique unique et détachée de la suite du récit, créant visuellement le choc entre les deux mondes. D'autre part, il y a une volonté de rendre les dieux protéiformes en changeant souvent de vêtements, d'attitudes, de poses, mais en restant dans quelque chose de très stylisés. Les dieux sont des symboles, visuels et métaphoriques, qui doivent assurer leur prestance avec des poses parfois improbables mais conférant directement l'idée au lecteur de ce qu'ils incarnent. On peut ne pas aimer le style très chargé (voir surchargé) mais il rend clairement compte d'un monde défiant la logique et la compréhension humaine, presque Lovecraftienne dans sa dimension mythologique. Ces dieux voient l'avenir et le modèlent, créent à partir de rien et décident de notre sort, cette toute puissance est visuellement incarnée. Et je trouve l'idée très réussie d'autant que le contraste avec les autres parties rend l'intention d'autant plus claire.
Par contre, ce qui m'a le plus marqué est bien sur le scénario, qui a su me surprendre et m'accrocher. Je n'attendais pas autant de violences et de noirceur d'un récit sur Wonder Woman, mais je pense que son statut de super-héroïne culte permet ce genre d'approches. Dans un monde saturé par leur présence (adaptation en film, invasion de comics books et séries, omniprésence dans nos écrans ...) la question des super-héros change d'approche, incarnant un air du temps. Aujourd'hui The Boys triomphe à la télé, Kick-Ass fut un énorme succès et le genre connait un renouveau plus sombre, plus Dark, retournant les codes et les genres. Cette BD s'inscrit dans cette tendance actuelle en empoignant ici le sujet des femmes. Ainsi la représentation de Zeus, homme tout puissant dictant ce qui est la justice qu'il incarne (et qui paradoxalement peut être injuste ...), mais aussi les femmes prenant leur destin en main, la violence du monde envers elle, l'enfermement final ... Il y aurait beaucoup à en dire et rien qu'en discutant avec ma copine des dizaines de sujets nous semblent abordées sous un angle ingénieux, ne cherchant surtout pas à être historique ni réaliste, réinterprétant les mythes (notamment Héraklès) et donnant une image parfois nouvelle ou différentes de la mythologie. Rien que Héra, qui est ici une figure à la fois tragique et grandiose, un personnage de tragédie à l'ancienne ! (qui donne d'ailleurs envie de le voir réutilisé ensuite)
Je m'épanche beaucoup mais je suis vraiment touché par cette BD. Une relecture féministe d'un univers de super-héros que je ne connais pas mais qui fait clairement référence à l'air du temps. Pas de femmes mises en avant juste parce qu'elles doivent être forte, mais une vraie réflexion de ses personnages et une écriture certes rapide mais soignée. Le genre de lecture qui me donne réellement envie de découvrir plus avant cet univers, pour autant qu'il contienne des pépites ainsi. Le genre de lecture qui donne envie d'en discuter pendant des heures ensuite, et peut-être que cela s'est ressenti dans mon avis, mais croyez-moi, j'ai écourté au maximum !
L’Héritage fossile est une BD originale qui mêle récit intime et réflexion écologique. Le dessin réaliste soutient un propos engagé sur notre rapport aux énergies et à la mémoire du passé. Un album enrichissant, parfois un peu dense, mais marquant.
Cette série pacifiste est à lire en complément du documentaire vidéo " L'Âme en sang. Retour d'Irak". Contrairement au film où Olivier Morel n'intervient jamais et reste invisible et inaudible. La série le met en scène de façon importante. Cela montre très bien comment son action n'est pas neutre sur le réveil des traumatismes que connaissent beaucoup de vétérans depuis le conflit irakien. L'auteur n'insiste pas spécialement sur les exactions conduites en Irak à Ramadi, Abou Ghraib ou ailleurs. Seules quelques situations signifiantes rappellent l'horreur. Ce qui est plus marquant est la démonstration qu'une même scène peut être vécue de façon très différente d'un soldat à l'autre. Morel s'attache ,lui, aux traumatisés qui ont été acteurs ou témoins de scènes indicibles. Ce sont de jeunes hommes ou femmes , tout juste sorti-e-s de l'adolescence et confronté-e-s à une réalité qui les dépasse. Le livre n'est pas un pamphlet de plus contre une guerre atroce car toutes les guerres sont atroces. Morel s'attache plus à montrer comment des êtres, éduqués et sincères peuvent revenir vivre avec ce trauma de bourreau tabou pour la société qui l'entoure.
Le dessin de Maël restitue bien cette ambiance oppressante et dramatique. Les images de la guerre sont rares (inexistantes dans la vidéo). Pour éviter une suite d'entretiens possiblement lassante, les auteurs intègrent les témoignages des vétérans ou de leur famille dans le contexte d'une Amérique à plusieurs vitesse ou dans le parcours de Morel à son accession à la nationalité américaine.
Une lecture émouvante qui reste d'une malheureuse actualité.
Ambiance années 20 pour cette aventure aérienne de Bix et Tillie, les Bonnie and Clyde des airs. Le dessin glamour de Tula Lotay, très original, vaut à lui seul le baptême de l'air.
Le barnstorming c'était le cirque volant que pratiquaient dans les années 20, les pilotes US démobilisés de la première guerre mondiale, les fous volants : cascades et prouesses étaient exécutées en plein ciel pour épater les fermiers du monde rampant (et récolter quelques subsides grâce aux baptêmes de l'air qui étaient proposés).
L'américain Scott Snyder (venu des comics US) signe un scénario qui nous emmène survoler les champs de sorgho et de soja US que viennent rehausser les superbes dessins de Tula Lotay alias Lisa Wood (une dame, c'est peu fréquent et il faut le souligner).
Leur collaboration date des années 2010 avec la série American Vampire et en 2023, ils ont produit "Barnstormers", une série en ligne [Comixology désormais Amazon] dont est tiré l'album papier d'aujourd'hui, adapté des premiers épisodes.
La superbe colorisation est signée par l'irlandais Dee Cunniffe.
Lui, c'est l'as des pilotes, Hawk E. Baron (ou Bix Huckett c'est selon). Glorieux héros, beau gosse et bon pilote de sa Jenny (le surnom du Curtiss JN4), du moins jusqu'à que son avion s'écrase au beau milieu d'une réception de noces.
Elle, c'est la mariée, Tillie (ou Petra Zolatskyi, c'est selon), une brune fatale qui, du haut des talons de ses santiags, renvoie toutes les blondes au vestiaire.
« [lui] - Je ne suis pas ... un mec bien.
[elle] - Tu me le jures ? »
Et hop, c'est parti pour un « périple qui va terroriser certaines des plus riches familles du pays, et qui laissera cent onze cadavres », excusez du peu.
Mais les années 20 c'est aussi le temps de l'agence Pinkerton et un de leurs agents se retrouve bientôt aux trousses de Bix et Tillie, les Bonnie and Clyde des airs.
Alors on espère très fort que ça finira peut-être pas si mal que ça, et on voudrait bien croire « qu'ils sont trop hauts pour être atteints, trop rapides pour être pris. »
On est vraiment emballé par le dessin de Tula Lotay aux influences multiples : comics, roman photo, affiches de spectacles ou de cinéma, ...
Et le côté glamour qui sied à cette histoire tragique mais terriblement romantique, est rehaussé par une colorisation qui rappelle les effets obtenus à l'aérographe.
À tel point que le scénario, plutôt classique, de Scott Snyder ne semble là que pour permettre à la dessinatrice de déployer tout son talent. Mais sur fond de lutte des classes, un vent de liberté souffle suffisamment fort pour bousculer les conventions et l'intrigue se révèle d'une finesse inattendue, dépassant largement le simple hommage nostalgique à l'ambiance désuète des films d'antan.
Faut pas se mentir, en finissant la BD j'avais une petite larme à l’œil. Il faut dire que Laurent Astier se livre totalement dans cette BD, présentant une amitié profonde et sincère, terminée hélas. Une amitié qu'il va décortiquer petit à petit, refaisant au fil des souvenirs les évènements clés de celle-ci.
Et honnêtement, c'est arrivé vers la moitié d'album que je me suis rendu compte que le récit était autobiographique, tant le début me faisait penser à une histoire "banale" d'amitié qui se finit par la mort et dont on doit gérer le deuil. Mais progressivement, l'émotion s'installe et je dois dire que sa sincérité se comprend mieux. Pas de pathos, ni de moment larmoyant, juste la brutale vérité d'une saloperie de maladie qui emporte quelqu'un après un long combat acharné. Rien de plus, mais en a-t-on besoin ?
Je dois avouer que Laurent Astier réussit très bien son coup, la BD étant épaisse et longue, sans être pour autant trop bavarde et installant petit à petit les éléments importants de cette relation. Le début est plus long, les premières rencontres, les premiers échanges, la découverte de l'autre... Puis le temps passe, l'amitié reste et les liens se tissent plus profond. C'est émouvant, notamment dans les détails qui sonnent vrai et parfois si bête en même temps (comme pour la moto jamais réparée). On sent réellement l'amour de Astier pour son ami, et c'est un travail d'autant plus réussi qu'il ne donne pas l'impression d'être une simple histoire personnelle, un deuil qu'il règle dans cette BD (enfin, si, mais le lecteur y trouve aussi son compte).
L'auteur n'est pas novice de la BD, et ça se sent dans plusieurs détails comme l'utilisation de la couleur lorsqu'il y a des changements de réalité, mais aussi dans les représentations avec l'utilisation de super-héros comme avatar. La narration est subtile dans les graphismes et je trouve ça parfaitement adapté de parler autant visuellement lorsque c'est l'émotion qui gagne.
Une BD qu'on pourrait dire déjà vue, mille fois même, du drame intime et personnel, de la lutte contre un vilain crabe et du deuil, mais très bien faite, chargée en émotion et très bien rendue. Non, vraiment, une belle réussite !
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La Tête de mort venue de Suède
Une BD sur René Descartes qui n'a rien de cartésienne, un comble ! René Descartes meurt en 1650 à Stockholm où il sera enterré. On va suivre le périple de son squelette à partir de 1666 jusqu'à 1937 à la galerie d'anatomie comparée au musée national d'histoire naturelle. Un périple qui sera raconté par le crâne de Descartes à ses voisins, des animaux tout en os, avec pour question centrale : est-ce bien le véritable crâne de Descartes ? Je connaissais les grandes lignes de cette incroyable aventure post mortem. Daria Schmitt a réalisé un formidable travail de documentation sur ce parcours incroyable et sur l'homme, l'un des fondateurs de la philosophie moderne et le père de la Méthode. Il n'est pas forcément des plus attachant, mais après il a des circonstances atténuantes, puisqu'il sera enterré/déterré plusieurs fois et va perdre au fil des déplacements ses os pour ne rester qu'une tête incomplète (il manque la mâchoire inférieure). Un récit qui demande de la concentration, c'est dense, érudit mais avec une touche d'humour, sa théorie de l'animal-machine ne plaît pas à son auditoire animal. J'ai un petit faible pour cette baleine bleue échouée à Ostende en 1827. Des échanges qui vont faire vaciller notre philosophe. C'est aussi un récit historique, il permet de traverser les rebondissements de l'Histoire sur 300 ans. Une lecture instructive, mystérieuse et onirique. J'ai été conquis par la patte graphique de Daria Schmitt avec son trait hachuré. La plus grande partie de l'album est dans un superbe noir et blanc détaillé, expressif et immersif avec des touches de bleu mer, en particulier pour le halo autour du crâne de Descartes, n'est-il pas une source de lumière ? Quelques planches magnifiquement colorées pour les passages fantasmagoriques. Je tiens à souligner le travail sur la représentation des personnages historiques qui jalonnent ce récit, elles sont réalisées à partir de portraits d'époque. Un gros dossier en fin d'album avec de nombreuses annexes pour y voir plus clair. Très instructif. Je conseille des petites recherches sur le philosophe avant d'entamer ta lecture, pour mieux l'apprécier (ce que j'ai fait).
Jean Doux et le Mystère de la Disquette Molle
Repéré depuis un moment sur mon site favori, j'avoue avoir un peu hésité en librairie devant le prix de l'objet (une trentaine d'euros). Et bien m'en a pris de me laisser tenter, car ce fut un vrai bon moment que la lecture des aventures de ce Jean-Doux et de sa disquette molle. Une lecture qui appellera inévitablement une relecture dans quelques temps. Cet album offre un petit voyage dans l'entreprise des années 90, celles des costumes cravates, des coupes mulets, des premiers open space, de windows 95, des fax et des broyeuses à papier. Tout un programme ! Et à vrai dire, ce cadre est juste idéal pour cette histoire. C'est décalé, voire faussement con-con par moment, l'auteur appuie fort sur le cliché et la caricature.... mais ça fonctionne tellement bien ! C'est original, c'est loufoque, on rigole joyeusement que ce soit avec les situations saugrenues ou les dialogues incisifs. Mais ce qui est plus fort encore, c'est d'avoir réussi à mettre ce petit délire au service d'une vraie histoire. Ça marche vraiment bien, on se prend au jeu. On a envie de savoir quel mystère cache cette fameuse disquette retrouvée cachée au fond du débarras du 7e étage. Et sans dire qu'on va de surprises en surprises, les rebondissements sont au rendez-vous. Le récit est équilibré entre cette intrigue assez prenante, et la bonne dose d'humour qui l'accompagne. Le dessin n'est pas en reste, ce style cartoon est un petit régal pour mettre tout ça en images et renforcer le côté délirant de l'ensemble. Et surtout : ça tient la longueur, ce qui n'est pas une mince affaire vu la pagination importante de l'ouvrage. Un vrai plaisir de lecture, j'en redemande.
Wika
Je note la version intégrale collector. Un livre magnifique avec les pages dorées qui cependant peut vite s'abîmer, étrangement.... L'histoire en elle même est originale et vaut le détour même si à la fin on a l'impression d'être allé un peu vite. Il aurait été préférable de développer davantage le scénario sur un tome 4 ? Car tout cela est dense. Et les dessins nous le démontrent bien. Olivier Ledroit est un grand artiste et chaque page est un réel délice pour les yeux. Les dessins sont vraiment somptueux, même s'ils ne sont pas du goût de tout le monde, car il faut s'habituer à lire sa manière de peindre. Un livre à lire et à relire :) Je note 4/5 car parfois un peu trop de décors "steampunk" viennent surcharger inutilement. Scénario à approfondir, il y a des choses qui ne sont pas claires.
Je suis charrette - Vie d'architecte
Une belle surprise et une jolie réussite d'une première BD pour un auteur italien n'appartenant pas à la filière traditionnelle des beaux arts. Je ne suis pas architecte mais j'ai lu cette série avec beaucoup de plaisir. C'est un peu sur le modèle de l'excellent Vie de Carabin à savoir une vue de l'intérieur des défauts ,agglomérés dans l'espace et le temps, d'une structure professionnelle très hiérarchisée. C'est le monde de l'architecture qui est ainsi passé à la loupe grossissante . On y retrouve le patron archistar entouré de sa cour de "yesman", le second imbuvable et prédateur sexuel, le stagiaire lèche-bottes mais aussi l'esprit d'équipe, la fierté de participer à une œuvre culturelle et civilisationnelle de premier ordre, du défi personnel qui engage jusqu'au sacrifice. L'auteur est architecte et sait de quoi il parle techniquement et humainement. Je suis impressionné par l'intelligence de la construction de son récit qui donne une narration très fluide avec une tension dramatique très bien équilibrée. Je me suis très vite attaché au personnage d'Enzo. Paradoxalement il ne crache jamais dans la soupe et au contraire je suis sorti de ma lecture en pensant que l'Architecture était au dessus de ces mesquineries de bureaux. Graphiquement on sent la patte du professionnel: les extérieurs parisiens sont sublimes. C'est d'une grande précision dans les détails avec même un bonus d'une visite de musée commentée façon architecture. De plus Danicollaterale s'en sort très bien avec les personnages. Cela donne un récit très vivant, dynamique et expressif. Une très belle lecture et une agréable surprise d'un néophyte.
Grande échappée
C'est toujours une gageure d'adapter un poème ou une chanson en BD. Une simple retranscription des paroles donne un rendu souvent aussi sec qu'une analyse de texte d'un-e lycéen-ne. Comme le souligne Charlotte Bousquet cocréatrice du concept de Poéstrip il s'agit ici de faire vivre la substance invisible du poème, son âme et la vibration que cela a produit sur une artiste du graphisme. Cela a aussi l'avantage de faire découvrir le très beau poème de Rilke, La Panthère, dont les textes en allemand et une traduction en français ferment le récit. Le poème est court, 12 vers, mais suffisamment puissant pour que Bérangère Delaporte le traduise dans un récit moderne de 65 pages sans temps morts. La narration est très fluide et accessible à un large public. La double lecture montre très bien comment deux situations éloignées dans le temps, l'espace et l'anatomie peuvent se rejoindre dans des thématiques universelles telles que la liberté, la soumission et la perte progressive de sa vitalité/créativité innée. Le graphisme souple s'apparente à un style journalistique qui va à l'essentiel pour mettre en valeur les expressions et le mouvement. C'est parfaitement en harmonie avec cette thématique du poème. Une construction très moderne et dynamique donne du rythme à une belle et agréable lecture. Je pousse un peu ma note à cause de l'originalité et la difficulté de l'exercice. 3.5
Wonder Woman Historia
Oh. Wouaw. Bigre, même ! Je suis charmé par cette BD, mais carrément charmé. Et je dois dire que je reviens de loin après lecture. Il faut dire que je ne connais rien du tout à Wonder Woman et son univers, dont je n'ai lu aucun des albums. Mais cette préquelle à la série est tellement bonne que je lirais volontiers des suites si jamais elles se présentaient à la bibliothèque du coin. L'album est très complet, l'histoire étant précédée d'une interview des auteurs très intéressante pour comprendre les enjeux du récit ainsi que la vision des auteurs que je trouve extrêmement intéressante notamment sur la question de la considération des femmes. Quelques phrases frappées au coin du bon sens parsèment cette interview dont je recommande la lecture. D'autre part l'album est complété a la fin par des pages de travail et de recherches graphiques qui mettent en lumière le travail réalisé dans les planches et notamment lorsque l'auteur s'amuse à caler des dieux dans les décors en les rendant un peu invisible. C'est une superbe idée (et une très bonne incarnation de ce qu'elles représentent) et il faut dire que sans ces pages, je n'aurais pas remarqué l'attention graphique qui fut portée aux planches. Mais parlons-en, du graphisme, puisqu'il envoie du pâté dès les premières pages avec sa représentation des Dieux qui peut piquer des yeux, mais qui a cet avantage de donner une patte graphique unique et détachée de la suite du récit, créant visuellement le choc entre les deux mondes. D'autre part, il y a une volonté de rendre les dieux protéiformes en changeant souvent de vêtements, d'attitudes, de poses, mais en restant dans quelque chose de très stylisés. Les dieux sont des symboles, visuels et métaphoriques, qui doivent assurer leur prestance avec des poses parfois improbables mais conférant directement l'idée au lecteur de ce qu'ils incarnent. On peut ne pas aimer le style très chargé (voir surchargé) mais il rend clairement compte d'un monde défiant la logique et la compréhension humaine, presque Lovecraftienne dans sa dimension mythologique. Ces dieux voient l'avenir et le modèlent, créent à partir de rien et décident de notre sort, cette toute puissance est visuellement incarnée. Et je trouve l'idée très réussie d'autant que le contraste avec les autres parties rend l'intention d'autant plus claire. Par contre, ce qui m'a le plus marqué est bien sur le scénario, qui a su me surprendre et m'accrocher. Je n'attendais pas autant de violences et de noirceur d'un récit sur Wonder Woman, mais je pense que son statut de super-héroïne culte permet ce genre d'approches. Dans un monde saturé par leur présence (adaptation en film, invasion de comics books et séries, omniprésence dans nos écrans ...) la question des super-héros change d'approche, incarnant un air du temps. Aujourd'hui The Boys triomphe à la télé, Kick-Ass fut un énorme succès et le genre connait un renouveau plus sombre, plus Dark, retournant les codes et les genres. Cette BD s'inscrit dans cette tendance actuelle en empoignant ici le sujet des femmes. Ainsi la représentation de Zeus, homme tout puissant dictant ce qui est la justice qu'il incarne (et qui paradoxalement peut être injuste ...), mais aussi les femmes prenant leur destin en main, la violence du monde envers elle, l'enfermement final ... Il y aurait beaucoup à en dire et rien qu'en discutant avec ma copine des dizaines de sujets nous semblent abordées sous un angle ingénieux, ne cherchant surtout pas à être historique ni réaliste, réinterprétant les mythes (notamment Héraklès) et donnant une image parfois nouvelle ou différentes de la mythologie. Rien que Héra, qui est ici une figure à la fois tragique et grandiose, un personnage de tragédie à l'ancienne ! (qui donne d'ailleurs envie de le voir réutilisé ensuite) Je m'épanche beaucoup mais je suis vraiment touché par cette BD. Une relecture féministe d'un univers de super-héros que je ne connais pas mais qui fait clairement référence à l'air du temps. Pas de femmes mises en avant juste parce qu'elles doivent être forte, mais une vraie réflexion de ses personnages et une écriture certes rapide mais soignée. Le genre de lecture qui me donne réellement envie de découvrir plus avant cet univers, pour autant qu'il contienne des pépites ainsi. Le genre de lecture qui donne envie d'en discuter pendant des heures ensuite, et peut-être que cela s'est ressenti dans mon avis, mais croyez-moi, j'ai écourté au maximum !
L'Héritage fossile
L’Héritage fossile est une BD originale qui mêle récit intime et réflexion écologique. Le dessin réaliste soutient un propos engagé sur notre rapport aux énergies et à la mémoire du passé. Un album enrichissant, parfois un peu dense, mais marquant.
Revenants
Cette série pacifiste est à lire en complément du documentaire vidéo " L'Âme en sang. Retour d'Irak". Contrairement au film où Olivier Morel n'intervient jamais et reste invisible et inaudible. La série le met en scène de façon importante. Cela montre très bien comment son action n'est pas neutre sur le réveil des traumatismes que connaissent beaucoup de vétérans depuis le conflit irakien. L'auteur n'insiste pas spécialement sur les exactions conduites en Irak à Ramadi, Abou Ghraib ou ailleurs. Seules quelques situations signifiantes rappellent l'horreur. Ce qui est plus marquant est la démonstration qu'une même scène peut être vécue de façon très différente d'un soldat à l'autre. Morel s'attache ,lui, aux traumatisés qui ont été acteurs ou témoins de scènes indicibles. Ce sont de jeunes hommes ou femmes , tout juste sorti-e-s de l'adolescence et confronté-e-s à une réalité qui les dépasse. Le livre n'est pas un pamphlet de plus contre une guerre atroce car toutes les guerres sont atroces. Morel s'attache plus à montrer comment des êtres, éduqués et sincères peuvent revenir vivre avec ce trauma de bourreau tabou pour la société qui l'entoure. Le dessin de Maël restitue bien cette ambiance oppressante et dramatique. Les images de la guerre sont rares (inexistantes dans la vidéo). Pour éviter une suite d'entretiens possiblement lassante, les auteurs intègrent les témoignages des vétérans ou de leur famille dans le contexte d'une Amérique à plusieurs vitesse ou dans le parcours de Morel à son accession à la nationalité américaine. Une lecture émouvante qui reste d'une malheureuse actualité.
Barnstormers
Ambiance années 20 pour cette aventure aérienne de Bix et Tillie, les Bonnie and Clyde des airs. Le dessin glamour de Tula Lotay, très original, vaut à lui seul le baptême de l'air. Le barnstorming c'était le cirque volant que pratiquaient dans les années 20, les pilotes US démobilisés de la première guerre mondiale, les fous volants : cascades et prouesses étaient exécutées en plein ciel pour épater les fermiers du monde rampant (et récolter quelques subsides grâce aux baptêmes de l'air qui étaient proposés). L'américain Scott Snyder (venu des comics US) signe un scénario qui nous emmène survoler les champs de sorgho et de soja US que viennent rehausser les superbes dessins de Tula Lotay alias Lisa Wood (une dame, c'est peu fréquent et il faut le souligner). Leur collaboration date des années 2010 avec la série American Vampire et en 2023, ils ont produit "Barnstormers", une série en ligne [Comixology désormais Amazon] dont est tiré l'album papier d'aujourd'hui, adapté des premiers épisodes. La superbe colorisation est signée par l'irlandais Dee Cunniffe. Lui, c'est l'as des pilotes, Hawk E. Baron (ou Bix Huckett c'est selon). Glorieux héros, beau gosse et bon pilote de sa Jenny (le surnom du Curtiss JN4), du moins jusqu'à que son avion s'écrase au beau milieu d'une réception de noces. Elle, c'est la mariée, Tillie (ou Petra Zolatskyi, c'est selon), une brune fatale qui, du haut des talons de ses santiags, renvoie toutes les blondes au vestiaire. « [lui] - Je ne suis pas ... un mec bien. [elle] - Tu me le jures ? » Et hop, c'est parti pour un « périple qui va terroriser certaines des plus riches familles du pays, et qui laissera cent onze cadavres », excusez du peu. Mais les années 20 c'est aussi le temps de l'agence Pinkerton et un de leurs agents se retrouve bientôt aux trousses de Bix et Tillie, les Bonnie and Clyde des airs. Alors on espère très fort que ça finira peut-être pas si mal que ça, et on voudrait bien croire « qu'ils sont trop hauts pour être atteints, trop rapides pour être pris. » On est vraiment emballé par le dessin de Tula Lotay aux influences multiples : comics, roman photo, affiches de spectacles ou de cinéma, ... Et le côté glamour qui sied à cette histoire tragique mais terriblement romantique, est rehaussé par une colorisation qui rappelle les effets obtenus à l'aérographe. À tel point que le scénario, plutôt classique, de Scott Snyder ne semble là que pour permettre à la dessinatrice de déployer tout son talent. Mais sur fond de lutte des classes, un vent de liberté souffle suffisamment fort pour bousculer les conventions et l'intrigue se révèle d'une finesse inattendue, dépassant largement le simple hommage nostalgique à l'ambiance désuète des films d'antan.
La Force de vivre
Faut pas se mentir, en finissant la BD j'avais une petite larme à l’œil. Il faut dire que Laurent Astier se livre totalement dans cette BD, présentant une amitié profonde et sincère, terminée hélas. Une amitié qu'il va décortiquer petit à petit, refaisant au fil des souvenirs les évènements clés de celle-ci. Et honnêtement, c'est arrivé vers la moitié d'album que je me suis rendu compte que le récit était autobiographique, tant le début me faisait penser à une histoire "banale" d'amitié qui se finit par la mort et dont on doit gérer le deuil. Mais progressivement, l'émotion s'installe et je dois dire que sa sincérité se comprend mieux. Pas de pathos, ni de moment larmoyant, juste la brutale vérité d'une saloperie de maladie qui emporte quelqu'un après un long combat acharné. Rien de plus, mais en a-t-on besoin ? Je dois avouer que Laurent Astier réussit très bien son coup, la BD étant épaisse et longue, sans être pour autant trop bavarde et installant petit à petit les éléments importants de cette relation. Le début est plus long, les premières rencontres, les premiers échanges, la découverte de l'autre... Puis le temps passe, l'amitié reste et les liens se tissent plus profond. C'est émouvant, notamment dans les détails qui sonnent vrai et parfois si bête en même temps (comme pour la moto jamais réparée). On sent réellement l'amour de Astier pour son ami, et c'est un travail d'autant plus réussi qu'il ne donne pas l'impression d'être une simple histoire personnelle, un deuil qu'il règle dans cette BD (enfin, si, mais le lecteur y trouve aussi son compte). L'auteur n'est pas novice de la BD, et ça se sent dans plusieurs détails comme l'utilisation de la couleur lorsqu'il y a des changements de réalité, mais aussi dans les représentations avec l'utilisation de super-héros comme avatar. La narration est subtile dans les graphismes et je trouve ça parfaitement adapté de parler autant visuellement lorsque c'est l'émotion qui gagne. Une BD qu'on pourrait dire déjà vue, mille fois même, du drame intime et personnel, de la lutte contre un vilain crabe et du deuil, mais très bien faite, chargée en émotion et très bien rendue. Non, vraiment, une belle réussite !