Les gens se plaignent de trop d'explications, mais quand on les laisse cogiter, dériver dans les songes, il n'y a plus personne ! Des êtres capables d'en rêver d'autres, les arbres, se rebellent contre les humains. Lesquels ne sont pas diabolisés, leur charge pèse trop sur les arbres, c'est tout, ils nous rejettent. Réaction vitale de la vie, bien évidemment de l'ordre du mythe ! Les arbres rêvant ne sont pas plus sympas que le commun des humains dont on peut penser qu'il vaut mieux qu'ils se purgent de leur agressivité dans la chasse qu'entre eux, et c'est bien vu, la vie n'est pas gentille, souffrance et mort existant bien avant l'espèce humaine et trouvant des développements inédits avec elle.
Ce sont souvent les innocents qui paient pour les autres, ça aussi, c'est bien vu. Il y a une fin ouverte terrifiante : et si tout ce qui vient des arbres nous rejetait ? Les amateurs de BD savent qu'ils serait difficile de s'en passer, ne fut-ce que parce que les BD et autres livres se lisent surtout sur du papier tiré de leur coupe.. La petite fille, personnage principal, est la plus intelligente, sorte d'Alice au pays des merveilles d'un monde à peine esquissé opportunément recouvert de brume. Les animaux de rêve sont marrants, exemple l'enfant a peur de dormir à cause du monstre qu'elle craint qu'il y ait sous le lit ? L'animal dit qu'il y en a toujours un sur un ton normal, et comme si rien de mal ne pouvait en advenir. Pour une fois, Comes fait quelques références sur la BD, et en plus, elles ne tombent pas comme un cheveu sur la soupe. Chapeau l'artiste !
Comes est vraiment très inégal, et par là, je vise surtout ses albums en couleur, dispensables que je noterais à 2 si je m'en donnais la peine. Son talent pour le noir et blanc égale les créateurs de Mort Cinder et Corto Maltese, ce n'est pas rien. Mais ses visages sont peu variés, oscillant souvent entre dégénérés de la campagne et visages à la Giacometti de partout. Encore que la vieille très ridée au visage de masque de La maison où rêvent les arbres, et l'ingénuité de sa petite fille amorcent une diversification passée incroyablement inaperçue !
J'aime l'exploration d'une ruralité non idéalisée mais défendue contre le mépris de trop d'urbains. Il y a des éclats de magie, offrant une évasion à certains mal intégrés par la société en raison d'un psychisme particulier comme le héros éponyme Silence, ou bien parce que femmes insoumises. L'appétence vers l'esthétique nazie me met mal à l'aise, me semblant présentée comme morbide, certes, mais aussi le privilège de certains êtres raffinés. Cependant, tout cela me semble non une complaisance idéologique, mais des résurgences historiques dans le psychisme des personnages et la prolongation perverse du romantisme allemand. Pour alléger un peu l'atmosphère, un humour bienvenue apparaît parfois.
Mais à son meilleur comme ici, Comes mérite toutes nos étoiles.
Un graphisme emballant et des couleurs parfaites qui m’emmènent à l’intérieur. Des personnages un tout petit peu en dessous des canons dans les dialogues, dans la mesure de leur ego. Il manque quelques planches pour mieux comprendre les passages de déduction de l’un et l’autre. MAIS je retrouve mes deux héros préférés avec un grand bonheur. Et une pointe d’acidité digne de La Ligue des Gentlemen Extraordinaires. Une très très bonne bd découverte par hasard sur un rayon.
Pas grand chose à ajouter à mes prédécesseurs, je fais partie des très satisfaits avec cette série.
Depuis le début, la partie graphique est d’une solidité à toute épreuve. Ralph Meyer régale tout simplement, on savait qu’il avait du talent mais dans ce genre ça explose. Franchement rien à redire.
Niveau histoire, on aura ses préférences en fonction des diptyques (4 à ce jour) mais ça ne faiblit pas (peut-être même l’inverse), c’est d’une belle constance. J’aime toujours autant le cynisme du héros, Jonas Crow est encore loin de m’avoir saoulé. Je suis même bien plus impatient (qu’avec les précédents tomes) de connaître la suite de ses aventures.
Du très bon western avec juste ce qu’il faut de classique et différent. Une série qui monte tout doucement les marches des véritables poids lourds dans la catégorie.
Tehem es un auteur que j'apprécie, surtout quand il nous parle de son île d'adoption, La Réunion. La série propose un très sympathique récit choral autour de la boutique du "Chinois" amateur de photographie. En ce 22 septembre 1976, Titi, Gérard, Céline, Angelo, Turpin et ses fantômes vont être entrainer dans une folle sarabande où se mêlent zamal, rhum trafiqué, alcool à brûler, #dénoncemonporc et punition divine. La construction en quatre chapitres qui se recoupent parfaitement pour fournir de multiples rebondissements dans une progression qui ne dévoile rien du final. C'est aussi un prétexte pour nous décrire le ressenti d'un petit "Zoreille" qui vit au milieu de ce quartier cosmopolite dans un langage mi français mi créole très chantant et facile à lire. L'auteur utilise un univers animalier qui rend bien le cosmopolitisme de la situation dans un graphisme précis et dynamique. Ma seule réserve tient au choix d'un N&B qui nous prive des couleurs de l'île.
Une belle découverte.
J'ai dégusté avec délectation ce premier essai de la jeune anglaise de vingt ans ( à l'époque), Zoé Thorogood. Comme quoi le talent... . J'ai immédiatement été séduit par son talent graphique qui peint à merveille cette ambiance un peu poisseuse des rues désertes et plus ou moins mal famées de Middlesborough ou de Londres. C'est à la fois dynamique et moderne avec un formidable sentiment de vitalité qui rend son héroïne Billie si attachante dans cette lutte entre fragilité et volonté. La mise en couleur est parfaite avec ce N&B dominateur dans un environnement peuplé de laissés pour compte mais où percent les couleurs du printemps final comme des perce-neiges obstinément optimistes à combattre l'obscurité hivernale. Combattre l'obscurité c'est bien ce que doit faire Billie dans un scénario compte à rebours digne d'un très bon thriller. L'idée initiale est originale et l'auteure en extrait un récit fluide, tonique et d'une grande humanité. Les rencontres et les lieux que Zoé/Billie explore ont fortement résonné avec mon vécu associatif. Je suis même impressionné comment une artiste aussi jeune arrive à mettre autant de profondeur et de justesse dans la personnalité de ses personnages. Toutefois le récit reste résolument optimiste sans jamais tomber dans la mièvrerie sentimentale.
J'ai eu l'impression que Zoé jetait tout ce qu'elle avait dans cette œuvre comme si ensuite la lumière pouvait s'éteindre. Cela dégage une envie de création très forte.
Je me suis retenu pour ne pas mettre la note max mais cette œuvre m'a beaucoup parlé par sa thématique et son exécution. Un vrai coup de cœur.
Une série bien poétique ! Le trait, beau, n'est pas son seul attrait. Assez d'action pour chasser l'ennui, assez de contemplation pour être plongé dans une atmosphère étrange autant qu'esthétique. Et les deux ne me semblent faire qu'un, de même que l'auteur parlant de sa vie ne parvient pas à casser le rythme. Je l'attribue au fait que la dame est talentueuse, mais pas que. Il n'y a pas opposition entre la nature, et la culture, le réel et l'imaginaire, mais des glissements très subtils, au Japon.
Sinon, j'aime que le héros protège les humains des yokais agressifs, mais aussi qu'il délivre "ses" yokais et protège aussi les créatures magiques quand c'est possible. Commenter me donne envie de le relire, ce qui va influencer ma note.
Vraiment très bon ... Je lis et relis cette aventure,tous les 4,ou 5 ans depuis sa sortie complète. Depuis 1998 je suis un admirateur du travail de Damour, Pécau, mais aussi de l'équipe d'origine des 1ers albums ... Scénario, encrage, dialogues, mise en pages et dessins ... Tout est beau, et très bien ficelé... J'adore, ainsi que la 15aine de personnes à qui j'ai passé la série.. 17/20, (les 3 derniers un peu moins 14/20).
J'avais découvert l'extraordinaire parcours d'Helen Keller dans un roman pour la jeunesse que m'avait conseillé ma fille. J'avais été vraiment touché par ce récit qui développait une émotion bien plus forte que dans le série de Joseph Lambert. Je pense que l'œuvre de Lambert s'adresse avant tout à un public US qui connait déjà bien l'histoire d'Helen. Cela explique probablement pourquoi le centre de gravité du récit est déplacé vers Annie Sullivan et sa personnalité très complexe. C'est bien la personnalité de la jeune immigrée irlandaise qui est mise en avant par l'auteur d'une façon très travaillée. Les séquences alternent empathie ( les flashback dans le terrible asile de Tewksbury à Boston) et antipathie avec une méthode éducative violente et une absence de compromis. Cette complexité du caractère de Sullivan est bien mise en avant par son rapport à l'autorité qu''elle ne supporte pas pour elle-même mais qu'elle impose avec brutalité à la jeune Helen. En outre j'ai apprécié que Lambert développe deux autres points. Le premier point va de soi en montrant la formidable richesse du cerveau humain à travers les apprentissages d'Helen. Le second point est moins évident pour un public non américain. L'auteur souligne souvent l'appartenance sociale et culturelle opposées d'Helen et d'Annie. Vingt ans à peine après la guerre de Sécession les Keller sont Sudistes, le papa fut capitaine des Gris et reprend souvent Annie sur l'inconvenance de ses actes dans la culture locale. Annnie est Nordiste, immigrée et orpheline. La rencontre improbable de ces deux êtres exceptionnels a eu un avenir d'une richesse insoupçonnée . C'est comme si l'auteur voulait montrer que l'union de ces deux parties pouvait conduire au dépassement de soi comme une sorte de "miracle".
On peut faire la fine bouche sur un graphisme minimaliste , parfois assez repoussant et qui ne met pas en valeur les personnages. J'ai lu cet excès de froideur comme une volonté de laisser l'émotion naturelle du récit seulement en arrière plan d'une lecture plus réflective.
Je comprends que certains lecteurs ou lectrices aient pu être déroutés voire rebutés mais perso j'y ai trouvé une réelle richesse humaine.
Dessins très inégaux, amenant une frustration assez semblable à la série Sandman pour les mêmes raisons. En revanche, les couleurs sont toujours intéressantes, très propres à faire sentir l'atmosphère… L'histoire est marquante et originale, mais délicate, comment le donner à entendre sans trop en dire voyons, voyons ? La vie et la mort, la guerre, la nature, la place du collectif, le rôle de la femme et le partage de nourriture sont à l'opposé du monde chrétien et romain dans la fiction, et sans doute dans une certaine mesure dans la réalité. Les apparitions de divinités et autres êtres féériques et monstrueux évitent le ridicule, les dialogues aussi, soit deux écueils des séries héroïques. Le nain sert à désenchanter, il est comique mais dégonfle quelque peu le discours tout en l'attestant puisqu'il écrit, ce qui est bien trouvé. Il est aussi l'autre, non humain, et à la logique non celte, plus romaine, chrétienne ou moderne ? Je dirais calculatrice. Tous les personnages sont intéressants, hommes et femmes, héros et non héros, humains et non humains. Le druide est assez complexe. La déesse qui fait du héros son champion bien plus encore.
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La Maison où rêvent les arbres
Les gens se plaignent de trop d'explications, mais quand on les laisse cogiter, dériver dans les songes, il n'y a plus personne ! Des êtres capables d'en rêver d'autres, les arbres, se rebellent contre les humains. Lesquels ne sont pas diabolisés, leur charge pèse trop sur les arbres, c'est tout, ils nous rejettent. Réaction vitale de la vie, bien évidemment de l'ordre du mythe ! Les arbres rêvant ne sont pas plus sympas que le commun des humains dont on peut penser qu'il vaut mieux qu'ils se purgent de leur agressivité dans la chasse qu'entre eux, et c'est bien vu, la vie n'est pas gentille, souffrance et mort existant bien avant l'espèce humaine et trouvant des développements inédits avec elle. Ce sont souvent les innocents qui paient pour les autres, ça aussi, c'est bien vu. Il y a une fin ouverte terrifiante : et si tout ce qui vient des arbres nous rejetait ? Les amateurs de BD savent qu'ils serait difficile de s'en passer, ne fut-ce que parce que les BD et autres livres se lisent surtout sur du papier tiré de leur coupe.. La petite fille, personnage principal, est la plus intelligente, sorte d'Alice au pays des merveilles d'un monde à peine esquissé opportunément recouvert de brume. Les animaux de rêve sont marrants, exemple l'enfant a peur de dormir à cause du monstre qu'elle craint qu'il y ait sous le lit ? L'animal dit qu'il y en a toujours un sur un ton normal, et comme si rien de mal ne pouvait en advenir. Pour une fois, Comes fait quelques références sur la BD, et en plus, elles ne tombent pas comme un cheveu sur la soupe. Chapeau l'artiste !
Silence
Comes est vraiment très inégal, et par là, je vise surtout ses albums en couleur, dispensables que je noterais à 2 si je m'en donnais la peine. Son talent pour le noir et blanc égale les créateurs de Mort Cinder et Corto Maltese, ce n'est pas rien. Mais ses visages sont peu variés, oscillant souvent entre dégénérés de la campagne et visages à la Giacometti de partout. Encore que la vieille très ridée au visage de masque de La maison où rêvent les arbres, et l'ingénuité de sa petite fille amorcent une diversification passée incroyablement inaperçue ! J'aime l'exploration d'une ruralité non idéalisée mais défendue contre le mépris de trop d'urbains. Il y a des éclats de magie, offrant une évasion à certains mal intégrés par la société en raison d'un psychisme particulier comme le héros éponyme Silence, ou bien parce que femmes insoumises. L'appétence vers l'esthétique nazie me met mal à l'aise, me semblant présentée comme morbide, certes, mais aussi le privilège de certains êtres raffinés. Cependant, tout cela me semble non une complaisance idéologique, mais des résurgences historiques dans le psychisme des personnages et la prolongation perverse du romantisme allemand. Pour alléger un peu l'atmosphère, un humour bienvenue apparaît parfois. Mais à son meilleur comme ici, Comes mérite toutes nos étoiles.
Sherlock Holmes contre Arsène Lupin
Un graphisme emballant et des couleurs parfaites qui m’emmènent à l’intérieur. Des personnages un tout petit peu en dessous des canons dans les dialogues, dans la mesure de leur ego. Il manque quelques planches pour mieux comprendre les passages de déduction de l’un et l’autre. MAIS je retrouve mes deux héros préférés avec un grand bonheur. Et une pointe d’acidité digne de La Ligue des Gentlemen Extraordinaires. Une très très bonne bd découverte par hasard sur un rayon.
Undertaker
Pas grand chose à ajouter à mes prédécesseurs, je fais partie des très satisfaits avec cette série. Depuis le début, la partie graphique est d’une solidité à toute épreuve. Ralph Meyer régale tout simplement, on savait qu’il avait du talent mais dans ce genre ça explose. Franchement rien à redire. Niveau histoire, on aura ses préférences en fonction des diptyques (4 à ce jour) mais ça ne faiblit pas (peut-être même l’inverse), c’est d’une belle constance. J’aime toujours autant le cynisme du héros, Jonas Crow est encore loin de m’avoir saoulé. Je suis même bien plus impatient (qu’avec les précédents tomes) de connaître la suite de ses aventures. Du très bon western avec juste ce qu’il faut de classique et différent. Une série qui monte tout doucement les marches des véritables poids lourds dans la catégorie.
Quartier Western
Tehem es un auteur que j'apprécie, surtout quand il nous parle de son île d'adoption, La Réunion. La série propose un très sympathique récit choral autour de la boutique du "Chinois" amateur de photographie. En ce 22 septembre 1976, Titi, Gérard, Céline, Angelo, Turpin et ses fantômes vont être entrainer dans une folle sarabande où se mêlent zamal, rhum trafiqué, alcool à brûler, #dénoncemonporc et punition divine. La construction en quatre chapitres qui se recoupent parfaitement pour fournir de multiples rebondissements dans une progression qui ne dévoile rien du final. C'est aussi un prétexte pour nous décrire le ressenti d'un petit "Zoreille" qui vit au milieu de ce quartier cosmopolite dans un langage mi français mi créole très chantant et facile à lire. L'auteur utilise un univers animalier qui rend bien le cosmopolitisme de la situation dans un graphisme précis et dynamique. Ma seule réserve tient au choix d'un N&B qui nous prive des couleurs de l'île. Une belle découverte.
Dans les yeux de Billie Scott
J'ai dégusté avec délectation ce premier essai de la jeune anglaise de vingt ans ( à l'époque), Zoé Thorogood. Comme quoi le talent... . J'ai immédiatement été séduit par son talent graphique qui peint à merveille cette ambiance un peu poisseuse des rues désertes et plus ou moins mal famées de Middlesborough ou de Londres. C'est à la fois dynamique et moderne avec un formidable sentiment de vitalité qui rend son héroïne Billie si attachante dans cette lutte entre fragilité et volonté. La mise en couleur est parfaite avec ce N&B dominateur dans un environnement peuplé de laissés pour compte mais où percent les couleurs du printemps final comme des perce-neiges obstinément optimistes à combattre l'obscurité hivernale. Combattre l'obscurité c'est bien ce que doit faire Billie dans un scénario compte à rebours digne d'un très bon thriller. L'idée initiale est originale et l'auteure en extrait un récit fluide, tonique et d'une grande humanité. Les rencontres et les lieux que Zoé/Billie explore ont fortement résonné avec mon vécu associatif. Je suis même impressionné comment une artiste aussi jeune arrive à mettre autant de profondeur et de justesse dans la personnalité de ses personnages. Toutefois le récit reste résolument optimiste sans jamais tomber dans la mièvrerie sentimentale. J'ai eu l'impression que Zoé jetait tout ce qu'elle avait dans cette œuvre comme si ensuite la lumière pouvait s'éteindre. Cela dégage une envie de création très forte. Je me suis retenu pour ne pas mettre la note max mais cette œuvre m'a beaucoup parlé par sa thématique et son exécution. Un vrai coup de cœur.
Le Pacte des Yôkai
Une série bien poétique ! Le trait, beau, n'est pas son seul attrait. Assez d'action pour chasser l'ennui, assez de contemplation pour être plongé dans une atmosphère étrange autant qu'esthétique. Et les deux ne me semblent faire qu'un, de même que l'auteur parlant de sa vie ne parvient pas à casser le rythme. Je l'attribue au fait que la dame est talentueuse, mais pas que. Il n'y a pas opposition entre la nature, et la culture, le réel et l'imaginaire, mais des glissements très subtils, au Japon. Sinon, j'aime que le héros protège les humains des yokais agressifs, mais aussi qu'il délivre "ses" yokais et protège aussi les créatures magiques quand c'est possible. Commenter me donne envie de le relire, ce qui va influencer ma note.
Nash
Vraiment très bon ... Je lis et relis cette aventure,tous les 4,ou 5 ans depuis sa sortie complète. Depuis 1998 je suis un admirateur du travail de Damour, Pécau, mais aussi de l'équipe d'origine des 1ers albums ... Scénario, encrage, dialogues, mise en pages et dessins ... Tout est beau, et très bien ficelé... J'adore, ainsi que la 15aine de personnes à qui j'ai passé la série.. 17/20, (les 3 derniers un peu moins 14/20).
Annie Sullivan & Helen Keller
J'avais découvert l'extraordinaire parcours d'Helen Keller dans un roman pour la jeunesse que m'avait conseillé ma fille. J'avais été vraiment touché par ce récit qui développait une émotion bien plus forte que dans le série de Joseph Lambert. Je pense que l'œuvre de Lambert s'adresse avant tout à un public US qui connait déjà bien l'histoire d'Helen. Cela explique probablement pourquoi le centre de gravité du récit est déplacé vers Annie Sullivan et sa personnalité très complexe. C'est bien la personnalité de la jeune immigrée irlandaise qui est mise en avant par l'auteur d'une façon très travaillée. Les séquences alternent empathie ( les flashback dans le terrible asile de Tewksbury à Boston) et antipathie avec une méthode éducative violente et une absence de compromis. Cette complexité du caractère de Sullivan est bien mise en avant par son rapport à l'autorité qu''elle ne supporte pas pour elle-même mais qu'elle impose avec brutalité à la jeune Helen. En outre j'ai apprécié que Lambert développe deux autres points. Le premier point va de soi en montrant la formidable richesse du cerveau humain à travers les apprentissages d'Helen. Le second point est moins évident pour un public non américain. L'auteur souligne souvent l'appartenance sociale et culturelle opposées d'Helen et d'Annie. Vingt ans à peine après la guerre de Sécession les Keller sont Sudistes, le papa fut capitaine des Gris et reprend souvent Annie sur l'inconvenance de ses actes dans la culture locale. Annnie est Nordiste, immigrée et orpheline. La rencontre improbable de ces deux êtres exceptionnels a eu un avenir d'une richesse insoupçonnée . C'est comme si l'auteur voulait montrer que l'union de ces deux parties pouvait conduire au dépassement de soi comme une sorte de "miracle". On peut faire la fine bouche sur un graphisme minimaliste , parfois assez repoussant et qui ne met pas en valeur les personnages. J'ai lu cet excès de froideur comme une volonté de laisser l'émotion naturelle du récit seulement en arrière plan d'une lecture plus réflective. Je comprends que certains lecteurs ou lectrices aient pu être déroutés voire rebutés mais perso j'y ai trouvé une réelle richesse humaine.
Sláine
Dessins très inégaux, amenant une frustration assez semblable à la série Sandman pour les mêmes raisons. En revanche, les couleurs sont toujours intéressantes, très propres à faire sentir l'atmosphère… L'histoire est marquante et originale, mais délicate, comment le donner à entendre sans trop en dire voyons, voyons ? La vie et la mort, la guerre, la nature, la place du collectif, le rôle de la femme et le partage de nourriture sont à l'opposé du monde chrétien et romain dans la fiction, et sans doute dans une certaine mesure dans la réalité. Les apparitions de divinités et autres êtres féériques et monstrueux évitent le ridicule, les dialogues aussi, soit deux écueils des séries héroïques. Le nain sert à désenchanter, il est comique mais dégonfle quelque peu le discours tout en l'attestant puisqu'il écrit, ce qui est bien trouvé. Il est aussi l'autre, non humain, et à la logique non celte, plus romaine, chrétienne ou moderne ? Je dirais calculatrice. Tous les personnages sont intéressants, hommes et femmes, héros et non héros, humains et non humains. Le druide est assez complexe. La déesse qui fait du héros son champion bien plus encore.