Personne n’est inemployable, ce n’est pas le travail qui manque, ni l’argent.
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Ce tome contient un reportage complet, qui ne nécessite pas de connaissance préalable. Son édition originale date de 2025. Il a été réalisé par Mathieu Siam pour le scénario, les dessins et les couleurs. Il comprend cent-quarante-sept pages de bande dessinées. Il se termine avec deux pages comprenant six photographies au total des locaux de l’association Papiole ainsi que quelques-unes de ses activités, un texte de deux pages de Laurent Grandguillaume (président de TZCLD), et une page de chronologie sur le droit à l’emploi, commençant avec les années 1830 (Louis Blanc, utopiste, propose de créer des ateliers sociaux pour les personnes sans travail et pour un travail qui permette de vivre dignement) à l’année 2024 (dix-sept structures nationales engagées pour l’emploi et la solidarité lance une Concertation nationale pour une loi du droit à l’emploi pour toutes et tous.). L’ouvrage s’achève avec une page de remerciements.
D’aussi loin qu’il se souvienne, Mathieu revoit les visages fermés des journalistes annonçant les chiffres du chômage. Les chiffres viennent de tomber. Les chiffres tombent. La classe politique chargée de résoudre ce fléau peine à trouver les mots. Certains dans le déni : Je traverse la rue et je vous trouve un travail. D’autres dans la résignation : Sur le chômage on a tout essayé. Le fléau continue de remplir les écrans avec des usines qui ferment et des familles qui se brisent. Et avec eux, une population qui craint le déclassement. Je fais comment pour trouver du boulot ? Y a rien dans la région. J’ai déjà été au chômage. Le chômage, c’est passer de la vie à la survie. Puis la télé se tait. Et après ? Que se passe-t-il loin des caméras ? Que deviennent ces femmes ? Que deviennent ces hommes ? Ceux qui ne retrouvent pas d’emploi durant des mois ? Ceux qui ont un corps trop usé ? Ou une valise trop lourde à porter ? Avons-nous définitivement accepté l’obscurité ? Non loin de chez Mathieu, des habitants ont décidé de ne pas se résigner. Ils ont rallumé une étincelle d’espoir. Il se sent attiré vers cette lueur naissante, comme un papillon dans la nuit. Il veut s’enivrer et témoigner de cette chaleur sociale. Si rare, si précieuse. Cette étincelle vient d’une expérimentation de lutte contre le chômage durable. Elle va naître aujourd’hui sous la forme d’un territoire. Il a acheté un carnet. Couverture moleskine. Format 18x25cm, 220g, 150 feuilles. 150 feuilles pour tourner une page.
L’expérimentation se nomme Territoires Zéro Chômeur Longue Durée dont l’acronyme est TZCLD. TZCLD, Mathieu aime bien. On dirait le nom d’un vaisseau spatial. En route vers un nouveau monde dans une BD de science-fiction. Pourtant, le lieu n’a rien de surnaturel. Il se situe entre la campagne et la ville, juste à côté d’une zone commerciale. Un territoire comme il en existe partout en France. D’ailleurs il a rendez-vous place de France. Une femme traverse la place avec un caddie. Un homme promène son meilleur ami, son chien. Il est neuf heures et demie. L’auteur pénètre dans les locaux de l’association TZCLD et il est accueilli par Gwen, président de l’entreprise Papiole, qui lui explique la nature du projet et sa genèse.
Le sous-titre explicite la nature de cette bande dessinée : Carnet en territoire zéro chômeur longue durée. Dans la première séquence, l’auteur évoque son rapport au chômage : les annonces perçues comme catastrophiques par un enfant regardant les journaux télévisés à l’époque, assimilant plus leur tonalité que leur réalité : entre une fatalité inéluctable et une condamnation. Le temps est venu pour lui de découvrir ce qui peut se passer après que cette terrible sentence se soit abattue sur un individu. Il effectue cette démarche de manière positive : aller à la découverte d’un dispositif de réinsertion dans le monde du travail, entre le retour à une vie normale et le miracle d’une grâce ou d’un pardon. L’ouvrage est divisé en quatre chapitres : la signature (du contrat des employés de l’entreprise Papiole), les clés (de fonctionnement de l’entreprise Papiole), les super-héros (assimilés aux Quatre Fantastiques /Fantastic Four), les activités (c’est-à-dire la production professionnelle de l’entreprise Papiole), Le vent. À chaque fois, Mathieu rencontre les personnes directement concernées, et il retranscrit leur parole. Pour les novices, le premier présente l’entreprise Papiole, ses débuts et ses premiers recrutements. Dans le troisième chapitre, Catherine (responsable du centre de ressources et de développement) présente les différentes institutions parties prenantes.
Le lecteur habitué à la bande dessinée de reportage se prépare à découvrir soit des dessins très minutieux et descriptifs dans une veine réaliste, soit des dessins dans une veine plus épurée avec une touche d’exagération comique pour les avatars des individus. Il découvre une approche plus originale : des dessins avec des traits de contour fins et un peu irréguliers, comme réalisés sur le vif, sans phase de repassage pour les peaufiner, de nature réaliste, avec un niveau de détails assez épuré, et une mise en couleurs légère, comme réalisée à l’aquarelle, jouant beaucoup sur des formes de bichromie. Ces choix graphiques apportent une identité visuelle très personnelle à l’ouvrage, mariant à la fois le concret et la banalité des personnes rencontrées, des lieux très ordinaires, et une sensibilité exprimant un grand respect, une volonté de se montrer fidèle aux propos tenus, sans s’imposer, sans être intrusif. Le lecteur absorbe inconsciemment des particularités diverses : la grande place laissée au blanc comme si l’artiste ne souhaitait pas encombrer ces moments, le passage de noir& blanc (avec des nuances de gris) de la télévision quand il était jeune, à un monde avec des touches de couleurs, pas forcément gaies, mais bien présentes, comme si le travail rendait de la consistance, ramenait des couleurs dans la vie de ces êtres humains. Il note de ci de là quelques silhouettes uniquement à l’aquarelle sans trait de contour. Il ralentit sa lecture pour apprécier le portrait de plusieurs travailleurs sociaux (pages quatre-vingt-dix et quatre-vingt-onze), à l’encre. Puis le recours à une famille de Playmobil le temps d’une case dans le contexte de la ressourcerie de jouets. Ou encore la représentation de branches d’arbres, pour un effet métaphorique, digne d’Edmond Baudoin lui-même.
La narration visuelle s’émancipe donc d’une illustration la plus réaliste possible d’un reportage, ou de la mise en scène de l’auteur sous un format humoristique, pour transcrire le respect et la délicatesse de l’auteur vis-à-vis de ses différents interlocuteurs. Ce n’est pas tant qu’il se montre précautionneux comme si ces futurs ex-chômeurs pouvaient être fragiles ou susceptibles ; il les aborde avec prévenance et même timidité conscient d’être dans une position plus privilégiée que la leur. D’un côté, le lecteur voit bien que certaines mises en page sont aérées jusqu’à l’économie, ou que la mise en scène consiste d’un plan taille et d’une personne parlant pour exposer son rôle ou son histoire, ou expliquer un dispositif. Dans le même temps, ces prises de vue correspondent parfaitement au moment, à la démarche de l’auteur, à l’objet de la rencontre et des questions posées. En outre, la narration visuelle s’avère diversifiée et variée, sans lassitude du lecteur du fait d’une narration qui serait trop aride ou trop minimaliste. Une fois l’ouvrage terminé, il conserve de nombreux visuels en tête : la sensation accablante des chiffres du chômage énoncés par les présentateurs télé, la magnifique fleur en origami, les branches d’arbre dénudées, le drapeau planté au sommet d’un pic de montagne, le ciel étoilé, la combinaison de ski de très grande taille, la cartographie des différentes entreprises publiques et privées participant à la réinsertion, le groupe de punk dont a fait partie Mathieu, les champs cultivés. Et surtout les différentes personnes rencontrées.
Le lecteur suit littéralement l’auteur allant à la découverte de l’entreprise Papiole, rencontrant ses responsables, ses bénévoles, et ses ex-chômeurs de longue durée ayant signé un contrat. Gwen lui explique le principe de l’entreprise créée dans le cadre de l'expérimentation nationale Territoire Zéro Chômage Longue Durée (TZCLD). Elle vise à lutter contre le chômage de longue durée en créant des emplois durables dans les secteurs utiles au territoire. Il fait le tour des locaux, rencontre un encadrant, assiste à la signature des premiers contrats, voit l’émotion de ces nouveaux employés réintégrant une forme considérée comme normale de citoyenneté. Impossible de résister à l’émotion organique et sincère de voir des personnes qui peuvent se remettre à un envisager un avenir. La compréhension de cette initiative se trouve augmentée par la présentation de l’écosystème des autres dispositifs tels que les ACI (Ateliers et Chantiers d’Insertion), les ESAT (Établissements et Service d’Accompagnement par le Travail), ou les ETTI (Entreprises de Travail Temporaire et d’Insertion). Et après, l’île d’EBE. L’île d’Entreprises à But d’Emploi. Par la suite, Mathieu retrace sa discussion avec Claudy, bénévole de l’épicerie sociale Pom Cassis, qui dit si bien la fragilité économique des personnes venant acheter des fruits et légumes, et aussi la fragilité économique de l’épicerie elle-même, et celle tout aussi terrible des employés de Papiole qui y travaillent. Le lecteur se trouve intimement touché par les différents témoignages : la terrible possibilité que l’État se désengage de ce dispositif, les espoirs régénérés par la signature d’un contrat, le souvenir de ceux qui ont succombé aux conséquences de la désocialisation, encore plus qu’à celles de l’absence de salaire ou de revenus financiers, l’importance à la fois démesurée et insoupçonnée, aussi bien financière que sociale, d’avoir un emploi. Il fait l’expérience indicible de la solidarité dans ce qu’elle a de plus pragmatique.
Le texte de la quatrième de couverture annonce : Face aux réalités de la vie économique et à l'augmentation du chômage, Mathieu Siam s'intéresse à la naissance d'une expérience territoriale près de chez lui : Territoires zéro chômeur longue durée (TZCLD). Un programme pas forcément enthousiasmant. Au contraire, le lecteur découvre une narration visuelle personnelle, aussi respectueuse que curieuse, timide et constructive. L’auteur présente avec une clarté simple et limpide ce qu’il découvre, à la fois l’expérience des encadrants, des employés, des bénévoles de Papiole, à la fois l’écosystème dans lequel cette entreprise évolue. Son empathie irradie littéralement le portrait qu’il dresse des individus qu’il rencontre, une chaleur humaine peu commune. Essentiel.
Saint Rose, c'est un peu la rencontre entre Jean-Pierre Mocky et Jules Verne...
Moi qui ne suis pourtant pas toujours un adepte de l'humour absurde (dans mon souvenir, j'avais moyennement aimé Les Miettes de Peeters par exemple), j'ai lu avec délectation ce récit d'aventures décalé, mais enlevé, bourré d'énergie et franchement drôle. Il y a du James Bond dans cette histoire, un peu d'Indiana Jones, des personnages hauts en couleur (dont un papou téméraire et un aventurier élégant et généreux, le dénommé Saint Rose, et Micol qui se met en scène avec beaucoup d'autodérision), des gangsters rappelant de célèbres philosophes et même Scarlett Johansson !
La somme de ces éléments pourrait paraître bien baroque, mais l'auteur parvient pourtant à garder le cap jusqu'au bout et à nous offrir un récit d'aventures palpitant.
J'ai également beaucoup apprécié la partie graphique, on navigue entre le trait d'Oubrerie je trouve (mais là, " Renée Stone " est bien dépoussiéré !) et celui de Sfar.
Pas complètement convaincu par " Mimesia " dont j'attendais beaucoup, je vais maintenant découvrir : Le Chien dans la Vallée de Chambara qui semble plus classique.
Je pense qu'Emka a exprimé avec brio l'essentiel de ce que je voulais dire sur cet ouvrage dans son avis précédent !
J'ai moi-même beaucoup apprécié ce roman graphique, basé sur l’œuvre originale de Jack London. Je n'ai, pour ma part, pas encore lu les deux autres ouvrages composant la trilogie de la mer de Riff Reb's donc je ne pourrai malheureusement pas les comparer.
Le découpage de l'histoire en chapitres courts, denses, rend l'histoire très dynamique et rythmée. Le graphisme de Riff Reb's au trait bien appuyé et dynamique confère aux marins de vraies gueules cassées, tranchant avec le raffinement des naufragés accueillis sur le bateau. L'idée de traiter chaque chapitre en monochromie avec des tons allant du bleu au rouge selon l’enchainement des événements est également très astucieuse et renforce l'immersion du lecteur.
La confrontation des personnages de Loup Larsen (en français dans le texte), capitaine brutal faisant régner la terreur sur son bateau mais qui témoigne tout de même d'une certaine intelligence, et d'Humphrey Van Weyden, critique littéraire peu habitué aux travaux manuels et qui ignore tout de la rudesse de la vie en mer, est particulièrement intense et donne lieu à des échanges et débats philosophiques très intéressants (vie après la mort, culture, sens de la vie, etc). J'ai ainsi beaucoup apprécié la profondeur de ces deux personnages qui ne tombent pas dans la caricature de la brute écervelée contre le faible mais intelligent critique littéraire.
Le final, beaucoup plus sombre que l’œuvre initiale de J. London, clôt de manière très juste ce huis-clos se déroulant dans l'immensité d'une mer souvent déchainée et avalant goulument les marins.
Un roman graphique qui mérite sans nul doute de figurer dans les immanquables de BDthèque.
SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 8/10
GRAPHISME (Dessin, colorisation, mise en page) : 8/10
NOTE GLOBALE : 16/20
Tout m'attirait dans cette BD, et je n’ai pas su y résister.
Le décor fascinant du New York des années 50, dessiné avec élégance et minutie, ce cadre historique évoquant l'apogée des États-Unis en pleine Guerre froide, une trame de départ mêlant voyage temporel, possible histoire de fantômes et quelques références à la culture pop, comme cette Tabatha au minois d'Audrey Hepburn qui joue le rôle d'une jolie sorcière qu'on imagine facilement bien aimée… Tout semblait réuni pour me plaire. Sans oublier Trondheim au scénario, gage d’une intrigue dense, intelligente et souvent drôle. Même si je suis d'ordinaire peu friand des récits d’espionnage, tout le reste m'a conquis.
Graphiquement, j'ai été séduit dès les premières pages, puis franchement impressionné en découvrant le dossier graphique en fin d'album. J'aimais déjà la finesse du trait, le sens du détail, la mise en scène claire et soignée. Les couleurs, sobres et volontairement classiques, jouent sur des aplats sans dégradés, avec parfois des teintes inattendues (notamment ces violets qui rappellent par instants l'ambiance d'un Watchmen). Mais apprendre que chaque planche avait été pensée pour pouvoir être découpée en strips indépendants, avec une grande vignette d'ouverture et une chute à la fin, m'a encore plus bluffé : cette contrainte, pourtant lourde, ne se ressent jamais à la lecture puisque je ne m'en étais même pas rendu compte. La fluidité narrative reste totale.
L'album se révèle en fait un hommage aux comics hebdomadaires américains des années 50. Ce format feuilletonesque donne à l'ensemble un charme rétro et une énergie singulière. L'histoire, à la fois légère et mystérieuse, combine des thématiques très diverses, enquête, fantastique et espionnage dans une harmonie étonnante. Entre le secret du voyage temporel, la présence du fantôme et la menace d'un possible attentat nucléaire, les fils narratifs s'entrecroisent habilement sans jamais se perdre. Le tout est porté par une héroïne vive et moderne, dont le féminisme avant l'heure vient heurter une Amérique encore très patriarcale. Son esprit, son humour et son aplomb en font un personnage immédiatement attachant.
J'ai passé un excellent moment avec cet album dense, intelligent et visuellement superbe. À la fois hommage et réinvention, il réussit le rare équilibre entre divertissement et profondeur. C'est une œuvre complète, maîtrisée dans ses moindres détails, et dont la lecture laisse un vrai sentiment de satisfaction, comme si l'on avait retrouvé un classique oublié.
Le monde d'Arcana est un univers de Fantasy régi par la magie du Tarot. Les 4 îles principales qui le composent, Bâtons, Coupes, Epées et Deniers, sont protégées par 22 Arcanes Majeures, humains dotés de pouvoirs magiques très puissants relatifs aux symboles de leur arcane, et par 56 Arcanes mineures, 14 par île, qui sont autant de dignitaires là encore destinés à un rôle bien particulier. Tous les ans, une sélection magique est réalisée parmi les adolescents de quinze ans de chaque île pour déterminer qui seront appelés à devenir apprentis de l'une des brigades de chaque Arcane Majeure et iront étudier sur l'île centrale d'Arcana. Fauna et Flora font toutes deux parties des élus de cette année là et ce n'est qu'en arrivant sur l'île qu'elles vont se rencontrer pour la première fois et découvrir qu'elles sont soeurs jumelles. Une prophétie se fait alors entendre, liée à de fameuses soeurs de sang qui apporteront mort et destruction. S'agit-il de Flora et Fauna ? Est-ce une véritable prophétie ? Et qui rôde dans l'ombre et semble vouloir s'en prendre à elles ?
Arcana était initialement prévue en 4 tomes mais finalement achevée avec un très gros 3e tome. Et je suis tombé sous le charme de son premier.
Pour commencer, ces albums sont physiquement beaux. Au format moyen, épais à très épais, ils sont recouverts d'une belle couverture en surbrillance aux allures de carte de Tarot. L'intérieur est de la même qualité matérielle, avec un papier lisse et solide.
Le graphisme est plein de personnalité. Le trait lui-même est relativement simple dans la forme, mais soigné dans les détails, décors et costumes. Il empreinte régulièrement à l'atmosphère visuelle du tarot et de l'ésotérisme pour sa mise en page et ses symboles. Il n'est pas parfait techniquement, notamment le dessin des yeux qui est parfois étrange et peu symétrique. Mais il se démarque surtout par ses couleurs intenses. Je ne saurais dire quelle technique est employée ici, informatique ou autre, mais le résultat rappelle certains dessins au feutre par la force et le contraste de ses couleurs. Le résultat est plein de charme et objectivement joli.
L'histoire, pour sa part, ne marque pas tellement pour la complexité ou l'originalité de son intrigue de base, mais davantage par celle de son univers très inspiré d'ésotérisme et de pratiques divinatoires. Le Tarot est au cœur du sujet évidemment, mais aussi l'astrologie, les runes, les objets chamaniques et autres cristaux de lithothérapie. On se croirait parfois dans le guide d'achat d'une boutique ésotérique, même si heureusement le tout est ici adapté à l'univers de fantasy de cette histoire et les pages explicatives sur le sujet s'intègrent bien à la narration. Je ne suis absolument pas versé dans ce type d'ésotérisme superstitieux mais j'aime bien l'atmosphère visuelle et évocatrice de ces sujets, de même que toute la symbolique derrière le Tarot et ses Arcanes.
L'autrice appuie assez fortement sur ce qu'on pourrait appeler la dimension woke de son univers. Langage inclusif, diversité des orientations sexuelles, présence de personnages non genrés : tout cela traduit une volonté affirmée d'assumer un monde plus ouvert, quitte à froisser les lecteurs les plus conservateurs. Pour ma part, cela ne me gêne pas vraiment, car cet aspect s'intègre plutôt bien à l'ambiance singulière de cette fantasy. En revanche, la façon dont c'est amené manque parfois de naturel, sans doute parce que j'avoue avoir du mal avec l'écriture inclusive.
Au-delà de cela, les personnages sont plutôt bons et attachants, avec quelques personnalités intéressantes et crédibles. On a envie de les suivre et de voir où l'histoire va nous mener et ce qu'elle va révéler.
J'ai pris plaisir à lire cette série, doté d'un beau visuel et portée par une intrigue bien construite, suffisamment mystérieuse pour maintenir l'intérêt du lecteur tout en offrant un univers coloré aux influences ésotériques multiples. Le récit global tient la route et se distingue par une réelle originalité. La conclusion, un peu moralisatrice, reste cohérente et satisfaisante.
Cette série pourrait très bien avoir sa place dans une bibliothèque dévolue à l'histoire de Rome. En effet les auteurs proposent un récit historique très détaillé et référencé comme le prouve les nombreuses pages de notes en fin d'ouvrage. De nombreux passages sont basés sur les écrit de Suétone ou de Plutarque mais aussi sur les recherches de nombreux spécialistes de la période et bien sûr avec les écrits de César pendant la Guerre des Gaules. Contrairement à une série comme Murena fiction historique qui fait place à beaucoup d'émotionnel, ici il s'agit bien d'un récit historique complet et détaillé où quelques situations fictives donnent de la souplesse et de la fluidité à la narration. La lecture est soutenue mais accessible. Le personnage peu, sympathique de César mérite cette attention tellement il a marqué la destinée européenne comme modèle politique ou militaire. La vie familiale du dictateur n'est pas oublié tant qu'elle sert la destinée politique de l'homme. Les auteurs évitent le voyeurisme intime même si le fameux "le mari de toutes les femmes et la femme de tous les maris" est évoqué brièvement. Les auteurs donnent une bonne visibilité à un récit qui aurait pu être très confus tellement il y a de personnages, d'alliances et de trahisons pendant ces plus de vingt ans de pouvoir.
J'ai beaucoup aimé la partie jeunesse de César très bien mis en perspective par les auteurs. A travers la guerre civile des Optimates contre les Plébéiens ce passage fonde une grande partie des actions postérieures du maitre de Rome. Le portrait est implacable tout en évitant un jugement de valeur d'une vision contemporaine. César était sans état d'âme un horrible génocidaire, esclavagiste et impérialiste. Pourtant il est resté un modèle historique qui a même eu sa place de façon humoristique dans nos albums préférés. Je trouve que cela à de quoi faire réfléchir.
Le graphisme est précis . On pourrait lui reprocher son côté scolaire mais cela correspond à l'esprit d'enquête historique sérieuse que propose la série. La violence est très présente mais contenue sans volonté malsaine de voyeurisme. Ainsi le dessin équilibre bien un texte recherché qui essaye du mieux possible de rendre la pensée politique de César.
Une bonne lecture pour les amateurs d'Histoire et plus.
Je crois que l'essentiel a été dit sur cet album. En effet on passe un très bon moment et cela malgré les petits points négatifs relevés par les uns et les autres. A commencer par les clichés qui entourent le jeune héros, Ulysse. Héritier d'un riche industriel, sa voie est toute tracée : reprendre l'affaire familiale. Son père est un dur, sa mère est effacée et lui ne veut pas de cette destinée, il rêve d'une autre vie. En l'occurence sa rencontre avec Cyrano sera le révélateur : c'est la cuisine qui le fait vibrer. Ce qui amène peut être l'autre bémol : les énumérations de plats qui s'enchainent donnent l'impression de regarder une énieme saison de top chef.
Mais malgré ces détails, c'est très plaisant à suivre. Car si c'est très classique, c'est surtout bien dessiné et très bien raconté. Ulysse est attachant, on est assez curieux de voir où son apprentissage progressif de la cuisine, en parallèle de ses révisions du bac, va le mener. Son binôme avec Cyrano, le cuistot bourru qui devient son mentor, fonctionne bien. Les péripéties sont un peu convenues, on sait déjà qu'ils vont se disputer puis se réconcilier... mais c'est pas grave, on ne s'ennuie jamais avec ces deux là.
C'est vraiment une BD feel good qui donne le sourire, à défaut de surprendre.
Riad Sattouf réussit encore une fois à toucher en plein cœur avec Moi, Fadi, le frère volé. Cette BD raconte l’enfance de Fadi, entre la Bretagne et la Syrie, avec des moments bouleversants mais toujours racontés avec justesse et un brin d’humour. On ressent toute la complexité de la famille et le poids de certaines décisions, mais aussi les instants de tendresse et de complicité qui subsistent malgré tout.
Le dessin simple de Sattouf rend le récit vivant et authentique. Ce qui m’a le plus marqué, c’est de voir le monde à travers les yeux de Fadi, longtemps resté dans l’ombre, et de comprendre enfin son histoire.
Et maintenant, je n’ai qu’une envie : lire la suite ! On attend de voir comment Fadi va grandir et affronter la suite de son histoire.
Les éditions Ego comme x ont publié pas mal d’œuvres autobiographiques, dont certaines très fortes (je pense par exemple au Journal de Fabrice Neaud). Cette « Sainte famille », par son caractère d’introspection, par sa volonté de ne rien cacher des sentiments et réflexions de l’auteur, voire de ses travers, se situe dans la lignée du Journal, ou de Douce confusion d’Olivier Josso, chez le même éditeur.
L’essentiel de la narration suit les commentaires de l’auteur lui-même, sous forme d’un long monologue (rares sont les dialogues dans des phylactères), mais ça n’alourdit pas le récit, très autobiographique, mais pas uniquement autocentré. En effet, les figures du père et de la mère – et les conséquences de leur séparation – occupent pas mal de place.
La mise à nu à laquelle se contraint Xavier Mussat (mise à nu poursuivie dans le très intéressant Carnation) intéresse au-delà du simple aspect voyeurisme, il y a dans son récit beaucoup de pudeur – qui n’empêche pas la violence de s’inviter. Il y a aussi une sensibilité et un talent qui donne à cet album qui transcende l’aspect psychanalytique dans lequel le lecteur se trouve embarqué ici, à écouter – lire plutôt – le « patient » Mussat, qui nous expose son mal-être, les étapes de sa construction personnelle.
Un album sincère, fort, que le dessin faussement maladroit et une belle utilisation du Noir et Blanc accompagnent très bien.
Après les Elfes, les Nains, les Ocs, l'ouverture vers un semblant de continent africain avec les Terres d'Ogon, un nouvel horizon s'ouvre dans le Monde d'Aquilon : Les Terres d'Ynuma, qui revisite façon fantasy la mythologie japonaise.
Si j'ai commencé par me dire "Allez... Encore une nouvelle extension de l'univers déjà mastard du monde d'Aquilon !", j'avoue avoir un faible pour la mythologie japonaise, et j'ai donc plongé empli de curiosité dans ce nouveau cycle. On retrouve Nicolas Jarry au scénario, déjà bien investi dans l'univers, et Vax au dessin, que j'avais découvert avec Guerres & Dragons et le cycle Terres d'Ogon. Son trait est agréable et je l'ai trouvé très inspiré dans ce nouvel univers asiatique. Ses personnages sont bons, ses décors très réussis et immergeants, et les créatures fantastiques du folklore japonais magnifiquement réalisées. Si le coup du duo improbable ne brille pas par son originalité, il fonctionne pour autant très bien. Le titre de cet album tient au légendaire Samouraï rouge qui accompagne la prêtresses Mei-Jen dans ses exorcismes. Et nos deux compères ne chaument pas ! Chaque petite aventure s'ouvre sur un haïku formant au fil des pages un récit au long cours.
Voici donc un nouveau pan de cet univers qui s'ouvre de façon très plaisante ; on est vite happé quand, comme moi, le folklore japonais et la fantasy vous titillent. Espérons juste que nous ne soyons pas partis pour une trop longue série de tomes qui finissent par noyer le lecteur (5 tomes sont pour l'instant annoncé).
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L'Effet papillon - Carnet en territoire zéro chômeur longue durée
Personne n’est inemployable, ce n’est pas le travail qui manque, ni l’argent. - Ce tome contient un reportage complet, qui ne nécessite pas de connaissance préalable. Son édition originale date de 2025. Il a été réalisé par Mathieu Siam pour le scénario, les dessins et les couleurs. Il comprend cent-quarante-sept pages de bande dessinées. Il se termine avec deux pages comprenant six photographies au total des locaux de l’association Papiole ainsi que quelques-unes de ses activités, un texte de deux pages de Laurent Grandguillaume (président de TZCLD), et une page de chronologie sur le droit à l’emploi, commençant avec les années 1830 (Louis Blanc, utopiste, propose de créer des ateliers sociaux pour les personnes sans travail et pour un travail qui permette de vivre dignement) à l’année 2024 (dix-sept structures nationales engagées pour l’emploi et la solidarité lance une Concertation nationale pour une loi du droit à l’emploi pour toutes et tous.). L’ouvrage s’achève avec une page de remerciements. D’aussi loin qu’il se souvienne, Mathieu revoit les visages fermés des journalistes annonçant les chiffres du chômage. Les chiffres viennent de tomber. Les chiffres tombent. La classe politique chargée de résoudre ce fléau peine à trouver les mots. Certains dans le déni : Je traverse la rue et je vous trouve un travail. D’autres dans la résignation : Sur le chômage on a tout essayé. Le fléau continue de remplir les écrans avec des usines qui ferment et des familles qui se brisent. Et avec eux, une population qui craint le déclassement. Je fais comment pour trouver du boulot ? Y a rien dans la région. J’ai déjà été au chômage. Le chômage, c’est passer de la vie à la survie. Puis la télé se tait. Et après ? Que se passe-t-il loin des caméras ? Que deviennent ces femmes ? Que deviennent ces hommes ? Ceux qui ne retrouvent pas d’emploi durant des mois ? Ceux qui ont un corps trop usé ? Ou une valise trop lourde à porter ? Avons-nous définitivement accepté l’obscurité ? Non loin de chez Mathieu, des habitants ont décidé de ne pas se résigner. Ils ont rallumé une étincelle d’espoir. Il se sent attiré vers cette lueur naissante, comme un papillon dans la nuit. Il veut s’enivrer et témoigner de cette chaleur sociale. Si rare, si précieuse. Cette étincelle vient d’une expérimentation de lutte contre le chômage durable. Elle va naître aujourd’hui sous la forme d’un territoire. Il a acheté un carnet. Couverture moleskine. Format 18x25cm, 220g, 150 feuilles. 150 feuilles pour tourner une page. L’expérimentation se nomme Territoires Zéro Chômeur Longue Durée dont l’acronyme est TZCLD. TZCLD, Mathieu aime bien. On dirait le nom d’un vaisseau spatial. En route vers un nouveau monde dans une BD de science-fiction. Pourtant, le lieu n’a rien de surnaturel. Il se situe entre la campagne et la ville, juste à côté d’une zone commerciale. Un territoire comme il en existe partout en France. D’ailleurs il a rendez-vous place de France. Une femme traverse la place avec un caddie. Un homme promène son meilleur ami, son chien. Il est neuf heures et demie. L’auteur pénètre dans les locaux de l’association TZCLD et il est accueilli par Gwen, président de l’entreprise Papiole, qui lui explique la nature du projet et sa genèse. Le sous-titre explicite la nature de cette bande dessinée : Carnet en territoire zéro chômeur longue durée. Dans la première séquence, l’auteur évoque son rapport au chômage : les annonces perçues comme catastrophiques par un enfant regardant les journaux télévisés à l’époque, assimilant plus leur tonalité que leur réalité : entre une fatalité inéluctable et une condamnation. Le temps est venu pour lui de découvrir ce qui peut se passer après que cette terrible sentence se soit abattue sur un individu. Il effectue cette démarche de manière positive : aller à la découverte d’un dispositif de réinsertion dans le monde du travail, entre le retour à une vie normale et le miracle d’une grâce ou d’un pardon. L’ouvrage est divisé en quatre chapitres : la signature (du contrat des employés de l’entreprise Papiole), les clés (de fonctionnement de l’entreprise Papiole), les super-héros (assimilés aux Quatre Fantastiques /Fantastic Four), les activités (c’est-à-dire la production professionnelle de l’entreprise Papiole), Le vent. À chaque fois, Mathieu rencontre les personnes directement concernées, et il retranscrit leur parole. Pour les novices, le premier présente l’entreprise Papiole, ses débuts et ses premiers recrutements. Dans le troisième chapitre, Catherine (responsable du centre de ressources et de développement) présente les différentes institutions parties prenantes. Le lecteur habitué à la bande dessinée de reportage se prépare à découvrir soit des dessins très minutieux et descriptifs dans une veine réaliste, soit des dessins dans une veine plus épurée avec une touche d’exagération comique pour les avatars des individus. Il découvre une approche plus originale : des dessins avec des traits de contour fins et un peu irréguliers, comme réalisés sur le vif, sans phase de repassage pour les peaufiner, de nature réaliste, avec un niveau de détails assez épuré, et une mise en couleurs légère, comme réalisée à l’aquarelle, jouant beaucoup sur des formes de bichromie. Ces choix graphiques apportent une identité visuelle très personnelle à l’ouvrage, mariant à la fois le concret et la banalité des personnes rencontrées, des lieux très ordinaires, et une sensibilité exprimant un grand respect, une volonté de se montrer fidèle aux propos tenus, sans s’imposer, sans être intrusif. Le lecteur absorbe inconsciemment des particularités diverses : la grande place laissée au blanc comme si l’artiste ne souhaitait pas encombrer ces moments, le passage de noir& blanc (avec des nuances de gris) de la télévision quand il était jeune, à un monde avec des touches de couleurs, pas forcément gaies, mais bien présentes, comme si le travail rendait de la consistance, ramenait des couleurs dans la vie de ces êtres humains. Il note de ci de là quelques silhouettes uniquement à l’aquarelle sans trait de contour. Il ralentit sa lecture pour apprécier le portrait de plusieurs travailleurs sociaux (pages quatre-vingt-dix et quatre-vingt-onze), à l’encre. Puis le recours à une famille de Playmobil le temps d’une case dans le contexte de la ressourcerie de jouets. Ou encore la représentation de branches d’arbres, pour un effet métaphorique, digne d’Edmond Baudoin lui-même. La narration visuelle s’émancipe donc d’une illustration la plus réaliste possible d’un reportage, ou de la mise en scène de l’auteur sous un format humoristique, pour transcrire le respect et la délicatesse de l’auteur vis-à-vis de ses différents interlocuteurs. Ce n’est pas tant qu’il se montre précautionneux comme si ces futurs ex-chômeurs pouvaient être fragiles ou susceptibles ; il les aborde avec prévenance et même timidité conscient d’être dans une position plus privilégiée que la leur. D’un côté, le lecteur voit bien que certaines mises en page sont aérées jusqu’à l’économie, ou que la mise en scène consiste d’un plan taille et d’une personne parlant pour exposer son rôle ou son histoire, ou expliquer un dispositif. Dans le même temps, ces prises de vue correspondent parfaitement au moment, à la démarche de l’auteur, à l’objet de la rencontre et des questions posées. En outre, la narration visuelle s’avère diversifiée et variée, sans lassitude du lecteur du fait d’une narration qui serait trop aride ou trop minimaliste. Une fois l’ouvrage terminé, il conserve de nombreux visuels en tête : la sensation accablante des chiffres du chômage énoncés par les présentateurs télé, la magnifique fleur en origami, les branches d’arbre dénudées, le drapeau planté au sommet d’un pic de montagne, le ciel étoilé, la combinaison de ski de très grande taille, la cartographie des différentes entreprises publiques et privées participant à la réinsertion, le groupe de punk dont a fait partie Mathieu, les champs cultivés. Et surtout les différentes personnes rencontrées. Le lecteur suit littéralement l’auteur allant à la découverte de l’entreprise Papiole, rencontrant ses responsables, ses bénévoles, et ses ex-chômeurs de longue durée ayant signé un contrat. Gwen lui explique le principe de l’entreprise créée dans le cadre de l'expérimentation nationale Territoire Zéro Chômage Longue Durée (TZCLD). Elle vise à lutter contre le chômage de longue durée en créant des emplois durables dans les secteurs utiles au territoire. Il fait le tour des locaux, rencontre un encadrant, assiste à la signature des premiers contrats, voit l’émotion de ces nouveaux employés réintégrant une forme considérée comme normale de citoyenneté. Impossible de résister à l’émotion organique et sincère de voir des personnes qui peuvent se remettre à un envisager un avenir. La compréhension de cette initiative se trouve augmentée par la présentation de l’écosystème des autres dispositifs tels que les ACI (Ateliers et Chantiers d’Insertion), les ESAT (Établissements et Service d’Accompagnement par le Travail), ou les ETTI (Entreprises de Travail Temporaire et d’Insertion). Et après, l’île d’EBE. L’île d’Entreprises à But d’Emploi. Par la suite, Mathieu retrace sa discussion avec Claudy, bénévole de l’épicerie sociale Pom Cassis, qui dit si bien la fragilité économique des personnes venant acheter des fruits et légumes, et aussi la fragilité économique de l’épicerie elle-même, et celle tout aussi terrible des employés de Papiole qui y travaillent. Le lecteur se trouve intimement touché par les différents témoignages : la terrible possibilité que l’État se désengage de ce dispositif, les espoirs régénérés par la signature d’un contrat, le souvenir de ceux qui ont succombé aux conséquences de la désocialisation, encore plus qu’à celles de l’absence de salaire ou de revenus financiers, l’importance à la fois démesurée et insoupçonnée, aussi bien financière que sociale, d’avoir un emploi. Il fait l’expérience indicible de la solidarité dans ce qu’elle a de plus pragmatique. Le texte de la quatrième de couverture annonce : Face aux réalités de la vie économique et à l'augmentation du chômage, Mathieu Siam s'intéresse à la naissance d'une expérience territoriale près de chez lui : Territoires zéro chômeur longue durée (TZCLD). Un programme pas forcément enthousiasmant. Au contraire, le lecteur découvre une narration visuelle personnelle, aussi respectueuse que curieuse, timide et constructive. L’auteur présente avec une clarté simple et limpide ce qu’il découvre, à la fois l’expérience des encadrants, des employés, des bénévoles de Papiole, à la fois l’écosystème dans lequel cette entreprise évolue. Son empathie irradie littéralement le portrait qu’il dresse des individus qu’il rencontre, une chaleur humaine peu commune. Essentiel.
Saint Rose - À la recherche du dessin ultime
Saint Rose, c'est un peu la rencontre entre Jean-Pierre Mocky et Jules Verne... Moi qui ne suis pourtant pas toujours un adepte de l'humour absurde (dans mon souvenir, j'avais moyennement aimé Les Miettes de Peeters par exemple), j'ai lu avec délectation ce récit d'aventures décalé, mais enlevé, bourré d'énergie et franchement drôle. Il y a du James Bond dans cette histoire, un peu d'Indiana Jones, des personnages hauts en couleur (dont un papou téméraire et un aventurier élégant et généreux, le dénommé Saint Rose, et Micol qui se met en scène avec beaucoup d'autodérision), des gangsters rappelant de célèbres philosophes et même Scarlett Johansson ! La somme de ces éléments pourrait paraître bien baroque, mais l'auteur parvient pourtant à garder le cap jusqu'au bout et à nous offrir un récit d'aventures palpitant. J'ai également beaucoup apprécié la partie graphique, on navigue entre le trait d'Oubrerie je trouve (mais là, " Renée Stone " est bien dépoussiéré !) et celui de Sfar. Pas complètement convaincu par " Mimesia " dont j'attendais beaucoup, je vais maintenant découvrir : Le Chien dans la Vallée de Chambara qui semble plus classique.
Le Loup des Mers
Je pense qu'Emka a exprimé avec brio l'essentiel de ce que je voulais dire sur cet ouvrage dans son avis précédent ! J'ai moi-même beaucoup apprécié ce roman graphique, basé sur l’œuvre originale de Jack London. Je n'ai, pour ma part, pas encore lu les deux autres ouvrages composant la trilogie de la mer de Riff Reb's donc je ne pourrai malheureusement pas les comparer. Le découpage de l'histoire en chapitres courts, denses, rend l'histoire très dynamique et rythmée. Le graphisme de Riff Reb's au trait bien appuyé et dynamique confère aux marins de vraies gueules cassées, tranchant avec le raffinement des naufragés accueillis sur le bateau. L'idée de traiter chaque chapitre en monochromie avec des tons allant du bleu au rouge selon l’enchainement des événements est également très astucieuse et renforce l'immersion du lecteur. La confrontation des personnages de Loup Larsen (en français dans le texte), capitaine brutal faisant régner la terreur sur son bateau mais qui témoigne tout de même d'une certaine intelligence, et d'Humphrey Van Weyden, critique littéraire peu habitué aux travaux manuels et qui ignore tout de la rudesse de la vie en mer, est particulièrement intense et donne lieu à des échanges et débats philosophiques très intéressants (vie après la mort, culture, sens de la vie, etc). J'ai ainsi beaucoup apprécié la profondeur de ces deux personnages qui ne tombent pas dans la caricature de la brute écervelée contre le faible mais intelligent critique littéraire. Le final, beaucoup plus sombre que l’œuvre initiale de J. London, clôt de manière très juste ce huis-clos se déroulant dans l'immensité d'une mer souvent déchainée et avalant goulument les marins. Un roman graphique qui mérite sans nul doute de figurer dans les immanquables de BDthèque. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 8/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation, mise en page) : 8/10 NOTE GLOBALE : 16/20
Green Witch Village
Tout m'attirait dans cette BD, et je n’ai pas su y résister. Le décor fascinant du New York des années 50, dessiné avec élégance et minutie, ce cadre historique évoquant l'apogée des États-Unis en pleine Guerre froide, une trame de départ mêlant voyage temporel, possible histoire de fantômes et quelques références à la culture pop, comme cette Tabatha au minois d'Audrey Hepburn qui joue le rôle d'une jolie sorcière qu'on imagine facilement bien aimée… Tout semblait réuni pour me plaire. Sans oublier Trondheim au scénario, gage d’une intrigue dense, intelligente et souvent drôle. Même si je suis d'ordinaire peu friand des récits d’espionnage, tout le reste m'a conquis. Graphiquement, j'ai été séduit dès les premières pages, puis franchement impressionné en découvrant le dossier graphique en fin d'album. J'aimais déjà la finesse du trait, le sens du détail, la mise en scène claire et soignée. Les couleurs, sobres et volontairement classiques, jouent sur des aplats sans dégradés, avec parfois des teintes inattendues (notamment ces violets qui rappellent par instants l'ambiance d'un Watchmen). Mais apprendre que chaque planche avait été pensée pour pouvoir être découpée en strips indépendants, avec une grande vignette d'ouverture et une chute à la fin, m'a encore plus bluffé : cette contrainte, pourtant lourde, ne se ressent jamais à la lecture puisque je ne m'en étais même pas rendu compte. La fluidité narrative reste totale. L'album se révèle en fait un hommage aux comics hebdomadaires américains des années 50. Ce format feuilletonesque donne à l'ensemble un charme rétro et une énergie singulière. L'histoire, à la fois légère et mystérieuse, combine des thématiques très diverses, enquête, fantastique et espionnage dans une harmonie étonnante. Entre le secret du voyage temporel, la présence du fantôme et la menace d'un possible attentat nucléaire, les fils narratifs s'entrecroisent habilement sans jamais se perdre. Le tout est porté par une héroïne vive et moderne, dont le féminisme avant l'heure vient heurter une Amérique encore très patriarcale. Son esprit, son humour et son aplomb en font un personnage immédiatement attachant. J'ai passé un excellent moment avec cet album dense, intelligent et visuellement superbe. À la fois hommage et réinvention, il réussit le rare équilibre entre divertissement et profondeur. C'est une œuvre complète, maîtrisée dans ses moindres détails, et dont la lecture laisse un vrai sentiment de satisfaction, comme si l'on avait retrouvé un classique oublié.
Arcana
Le monde d'Arcana est un univers de Fantasy régi par la magie du Tarot. Les 4 îles principales qui le composent, Bâtons, Coupes, Epées et Deniers, sont protégées par 22 Arcanes Majeures, humains dotés de pouvoirs magiques très puissants relatifs aux symboles de leur arcane, et par 56 Arcanes mineures, 14 par île, qui sont autant de dignitaires là encore destinés à un rôle bien particulier. Tous les ans, une sélection magique est réalisée parmi les adolescents de quinze ans de chaque île pour déterminer qui seront appelés à devenir apprentis de l'une des brigades de chaque Arcane Majeure et iront étudier sur l'île centrale d'Arcana. Fauna et Flora font toutes deux parties des élus de cette année là et ce n'est qu'en arrivant sur l'île qu'elles vont se rencontrer pour la première fois et découvrir qu'elles sont soeurs jumelles. Une prophétie se fait alors entendre, liée à de fameuses soeurs de sang qui apporteront mort et destruction. S'agit-il de Flora et Fauna ? Est-ce une véritable prophétie ? Et qui rôde dans l'ombre et semble vouloir s'en prendre à elles ? Arcana était initialement prévue en 4 tomes mais finalement achevée avec un très gros 3e tome. Et je suis tombé sous le charme de son premier. Pour commencer, ces albums sont physiquement beaux. Au format moyen, épais à très épais, ils sont recouverts d'une belle couverture en surbrillance aux allures de carte de Tarot. L'intérieur est de la même qualité matérielle, avec un papier lisse et solide. Le graphisme est plein de personnalité. Le trait lui-même est relativement simple dans la forme, mais soigné dans les détails, décors et costumes. Il empreinte régulièrement à l'atmosphère visuelle du tarot et de l'ésotérisme pour sa mise en page et ses symboles. Il n'est pas parfait techniquement, notamment le dessin des yeux qui est parfois étrange et peu symétrique. Mais il se démarque surtout par ses couleurs intenses. Je ne saurais dire quelle technique est employée ici, informatique ou autre, mais le résultat rappelle certains dessins au feutre par la force et le contraste de ses couleurs. Le résultat est plein de charme et objectivement joli. L'histoire, pour sa part, ne marque pas tellement pour la complexité ou l'originalité de son intrigue de base, mais davantage par celle de son univers très inspiré d'ésotérisme et de pratiques divinatoires. Le Tarot est au cœur du sujet évidemment, mais aussi l'astrologie, les runes, les objets chamaniques et autres cristaux de lithothérapie. On se croirait parfois dans le guide d'achat d'une boutique ésotérique, même si heureusement le tout est ici adapté à l'univers de fantasy de cette histoire et les pages explicatives sur le sujet s'intègrent bien à la narration. Je ne suis absolument pas versé dans ce type d'ésotérisme superstitieux mais j'aime bien l'atmosphère visuelle et évocatrice de ces sujets, de même que toute la symbolique derrière le Tarot et ses Arcanes. L'autrice appuie assez fortement sur ce qu'on pourrait appeler la dimension woke de son univers. Langage inclusif, diversité des orientations sexuelles, présence de personnages non genrés : tout cela traduit une volonté affirmée d'assumer un monde plus ouvert, quitte à froisser les lecteurs les plus conservateurs. Pour ma part, cela ne me gêne pas vraiment, car cet aspect s'intègre plutôt bien à l'ambiance singulière de cette fantasy. En revanche, la façon dont c'est amené manque parfois de naturel, sans doute parce que j'avoue avoir du mal avec l'écriture inclusive. Au-delà de cela, les personnages sont plutôt bons et attachants, avec quelques personnalités intéressantes et crédibles. On a envie de les suivre et de voir où l'histoire va nous mener et ce qu'elle va révéler. J'ai pris plaisir à lire cette série, doté d'un beau visuel et portée par une intrigue bien construite, suffisamment mystérieuse pour maintenir l'intérêt du lecteur tout en offrant un univers coloré aux influences ésotériques multiples. Le récit global tient la route et se distingue par une réelle originalité. La conclusion, un peu moralisatrice, reste cohérente et satisfaisante.
Moi, Jules César
Cette série pourrait très bien avoir sa place dans une bibliothèque dévolue à l'histoire de Rome. En effet les auteurs proposent un récit historique très détaillé et référencé comme le prouve les nombreuses pages de notes en fin d'ouvrage. De nombreux passages sont basés sur les écrit de Suétone ou de Plutarque mais aussi sur les recherches de nombreux spécialistes de la période et bien sûr avec les écrits de César pendant la Guerre des Gaules. Contrairement à une série comme Murena fiction historique qui fait place à beaucoup d'émotionnel, ici il s'agit bien d'un récit historique complet et détaillé où quelques situations fictives donnent de la souplesse et de la fluidité à la narration. La lecture est soutenue mais accessible. Le personnage peu, sympathique de César mérite cette attention tellement il a marqué la destinée européenne comme modèle politique ou militaire. La vie familiale du dictateur n'est pas oublié tant qu'elle sert la destinée politique de l'homme. Les auteurs évitent le voyeurisme intime même si le fameux "le mari de toutes les femmes et la femme de tous les maris" est évoqué brièvement. Les auteurs donnent une bonne visibilité à un récit qui aurait pu être très confus tellement il y a de personnages, d'alliances et de trahisons pendant ces plus de vingt ans de pouvoir. J'ai beaucoup aimé la partie jeunesse de César très bien mis en perspective par les auteurs. A travers la guerre civile des Optimates contre les Plébéiens ce passage fonde une grande partie des actions postérieures du maitre de Rome. Le portrait est implacable tout en évitant un jugement de valeur d'une vision contemporaine. César était sans état d'âme un horrible génocidaire, esclavagiste et impérialiste. Pourtant il est resté un modèle historique qui a même eu sa place de façon humoristique dans nos albums préférés. Je trouve que cela à de quoi faire réfléchir. Le graphisme est précis . On pourrait lui reprocher son côté scolaire mais cela correspond à l'esprit d'enquête historique sérieuse que propose la série. La violence est très présente mais contenue sans volonté malsaine de voyeurisme. Ainsi le dessin équilibre bien un texte recherché qui essaye du mieux possible de rendre la pensée politique de César. Une bonne lecture pour les amateurs d'Histoire et plus.
Ulysse & Cyrano
Je crois que l'essentiel a été dit sur cet album. En effet on passe un très bon moment et cela malgré les petits points négatifs relevés par les uns et les autres. A commencer par les clichés qui entourent le jeune héros, Ulysse. Héritier d'un riche industriel, sa voie est toute tracée : reprendre l'affaire familiale. Son père est un dur, sa mère est effacée et lui ne veut pas de cette destinée, il rêve d'une autre vie. En l'occurence sa rencontre avec Cyrano sera le révélateur : c'est la cuisine qui le fait vibrer. Ce qui amène peut être l'autre bémol : les énumérations de plats qui s'enchainent donnent l'impression de regarder une énieme saison de top chef. Mais malgré ces détails, c'est très plaisant à suivre. Car si c'est très classique, c'est surtout bien dessiné et très bien raconté. Ulysse est attachant, on est assez curieux de voir où son apprentissage progressif de la cuisine, en parallèle de ses révisions du bac, va le mener. Son binôme avec Cyrano, le cuistot bourru qui devient son mentor, fonctionne bien. Les péripéties sont un peu convenues, on sait déjà qu'ils vont se disputer puis se réconcilier... mais c'est pas grave, on ne s'ennuie jamais avec ces deux là. C'est vraiment une BD feel good qui donne le sourire, à défaut de surprendre.
Moi, Fadi - Le Frère volé
Riad Sattouf réussit encore une fois à toucher en plein cœur avec Moi, Fadi, le frère volé. Cette BD raconte l’enfance de Fadi, entre la Bretagne et la Syrie, avec des moments bouleversants mais toujours racontés avec justesse et un brin d’humour. On ressent toute la complexité de la famille et le poids de certaines décisions, mais aussi les instants de tendresse et de complicité qui subsistent malgré tout. Le dessin simple de Sattouf rend le récit vivant et authentique. Ce qui m’a le plus marqué, c’est de voir le monde à travers les yeux de Fadi, longtemps resté dans l’ombre, et de comprendre enfin son histoire. Et maintenant, je n’ai qu’une envie : lire la suite ! On attend de voir comment Fadi va grandir et affronter la suite de son histoire.
Sainte Famille
Les éditions Ego comme x ont publié pas mal d’œuvres autobiographiques, dont certaines très fortes (je pense par exemple au Journal de Fabrice Neaud). Cette « Sainte famille », par son caractère d’introspection, par sa volonté de ne rien cacher des sentiments et réflexions de l’auteur, voire de ses travers, se situe dans la lignée du Journal, ou de Douce confusion d’Olivier Josso, chez le même éditeur. L’essentiel de la narration suit les commentaires de l’auteur lui-même, sous forme d’un long monologue (rares sont les dialogues dans des phylactères), mais ça n’alourdit pas le récit, très autobiographique, mais pas uniquement autocentré. En effet, les figures du père et de la mère – et les conséquences de leur séparation – occupent pas mal de place. La mise à nu à laquelle se contraint Xavier Mussat (mise à nu poursuivie dans le très intéressant Carnation) intéresse au-delà du simple aspect voyeurisme, il y a dans son récit beaucoup de pudeur – qui n’empêche pas la violence de s’inviter. Il y a aussi une sensibilité et un talent qui donne à cet album qui transcende l’aspect psychanalytique dans lequel le lecteur se trouve embarqué ici, à écouter – lire plutôt – le « patient » Mussat, qui nous expose son mal-être, les étapes de sa construction personnelle. Un album sincère, fort, que le dessin faussement maladroit et une belle utilisation du Noir et Blanc accompagnent très bien.
Terres d'Ynuma
Après les Elfes, les Nains, les Ocs, l'ouverture vers un semblant de continent africain avec les Terres d'Ogon, un nouvel horizon s'ouvre dans le Monde d'Aquilon : Les Terres d'Ynuma, qui revisite façon fantasy la mythologie japonaise. Si j'ai commencé par me dire "Allez... Encore une nouvelle extension de l'univers déjà mastard du monde d'Aquilon !", j'avoue avoir un faible pour la mythologie japonaise, et j'ai donc plongé empli de curiosité dans ce nouveau cycle. On retrouve Nicolas Jarry au scénario, déjà bien investi dans l'univers, et Vax au dessin, que j'avais découvert avec Guerres & Dragons et le cycle Terres d'Ogon. Son trait est agréable et je l'ai trouvé très inspiré dans ce nouvel univers asiatique. Ses personnages sont bons, ses décors très réussis et immergeants, et les créatures fantastiques du folklore japonais magnifiquement réalisées. Si le coup du duo improbable ne brille pas par son originalité, il fonctionne pour autant très bien. Le titre de cet album tient au légendaire Samouraï rouge qui accompagne la prêtresses Mei-Jen dans ses exorcismes. Et nos deux compères ne chaument pas ! Chaque petite aventure s'ouvre sur un haïku formant au fil des pages un récit au long cours. Voici donc un nouveau pan de cet univers qui s'ouvre de façon très plaisante ; on est vite happé quand, comme moi, le folklore japonais et la fantasy vous titillent. Espérons juste que nous ne soyons pas partis pour une trop longue série de tomes qui finissent par noyer le lecteur (5 tomes sont pour l'instant annoncé).