Les derniers avis (34 avis)

Couverture de la série Macbeth (Brizzi)
Macbeth (Brizzi)

Bon, je ne connaissais pas ce duo d'artistes, je n'ai jamais lu aucune de leurs oeuvres, et pourtant les astres se sont alignés, très récemment, pour que je m'y penche. Quai des Bulles 2025, mon père me mentionne en passant entre deux marées humaines qu'il aurait aperçu Brizzi en train de faire des dédicaces quelques stands plus loin. Le nom ne me dit rien, j'ai déjà fait la queue pour quelques dédicaces m'intéressant et mon porte-monnaie me fait la gueule suite à tous mes achats, je n'y prête donc pas vraiment attention. Pourtant, miracle, coup du sort, je tombe sur cette couverture. Une Lady Macbeth au visage fantômatique, dans un dessin crayonné des plus magnifiques, se tient devant moi. Le dessin est saisissant, l'expression de son visage est magnifique et terrifiant en même temps, je me revois immédiatement relire Macbeth lors de ma fin d'adolescence et me rappelle avec plaisir toute la puissance de cette histoire. Ni une, ni deux, j'ai acheté l'album (au diable mes économies). Si j'ai craqué, c'est avant tout pour l'oeuvre d'origine. Macbeth est une pièce mythique, non seulement parce que réputée immontable (de par sa complexité) mais également car son récit est à la fois simple et finement construit. Comme souvent chez Shakespeare, il est question de pouvoir, de mort, de mort pour le pouvoir et surtout d'une bonne couche d'ironie tragique. Les époux Macbeth, dans leur soif de pouvoir, font couler le sang à ne plus savoir s'arrêter, à ne plus pouvoir cesser de voir ce maudit liquide écarlate partout où iels passent. C'est une histoire sur l'ambition dévorante, les consciences maudites suite à des actes ignobles et surtout sur une lente descente en enfer. Mais surtout, c'est une histoire de sorcières. Si la pièce m'avait tant marquée depuis ma lecture, au delà de sa dimension tragique, c'est le rôle on ne peut plus marquant de ce groupe de sorcières qui, par leurs mots toujours si minutieusement choisis, manipulent les fils du destin et poussent chacun des personnages vers un destin funeste qu'elles leur ont choisi. À chacune de leurs rencontres (oui, dans l'album il n'y en a que deux mais je crois vaguement me souvenir d'une troisième) elles prononcent le moindre de leurs mots avec une maîtrise glaçante de la situation. Dépendant de qui est présent ou non, de ce qu'ont déjà fait les personnages ou non, elles ne révèleront pas les mêmes choses. Elles poussent par leurs prophéties macabres les époux Macbeth à commettre l'irréparable. Et pourtant rien ne les forçaient vraiment à tuer le roi ou à déclarer la guerre, rien ne les empêchait d'ignorer cette prophétie. Si les sorcières sont les metteuses en scène de ce récit macabre, les Macbeth sont les acteur-ice-s, celleux qui font l'action, celleux qui choisissent, et malheureusement iels ne parviennent pas à sortir de la trame dans laquelle iels se sont engouffrés. Mais trêve de louanges pour l'oeuvre d'origine, il est question ici d'adaptation. Le théâtre étant un art corporel, vivant, la plus grande prouesse à mes yeux de cet album c'est à quel point les deux auteurs sont parvenus à retransmettre cette vie par le dessin. Qu'il s'agisse des visages, de ces expressions saisissantes qui m'ont frappée dès la couverture, qu'il s'agisse de ces décors pleins de détails, de ce travail magnifique des ombrages et cette retranscription très jolie des paysages écossais, chacune des illustrations m'a paru valoir que je m'arrête quelques minutes pour l'étudier. Vraiment, le travail graphique des deux auteurs est une pépite. Je ne les connaissais pas avant mais je vais dès à présent garder leur nom en tête. J'ai particulièrement aimé les moments de visions. Qu'il s'agisse des hallucinations des époux lorsque ceux-ci sombrent dans la folie ou bien des invocations fantômatiques des sorcières, ces brèves apparitions de variations de rouge et d'orange, rappelant le sang, rappelant la colère des morts, créent à chaque fois des moments saisissants. Un défaut cependant (oui, toute dithyrambique que je suis je n'en reste pas moins une conne aigrie) : le tour m'a semblé un tantinet trop rapide. Oui, avec une telle qualité graphique je sonne sans doute comme une enfant pourrie gâtée si je dit qu'ils "auraient quand-même pu en faire un peu plus", mais je n'aurais pas dit non à ce que l'on s'arrête davantage sur certains passages, que l'on n'iconise pas plus que ça certains moments pourtant légendaires (le monologue final de Lady Macbeth pour ne citer que le plus connu). Certains événements s'enchaînent un peu vite et je ne sais pas si des lecteur-ice-s ne connaissant pas antérieurement la pièce comprendront certaines subtilités du texte (comme le fait que la descendance de Banquo deviendra la nouvelle lignée royale alors que son fils ne termine pas couronné). Un petit défaut, une infime complainte aux yeux de certain-e-s, mais j'avoue qu'avec une forme si magnifique cette petite craquelure sur le fond me parait bien dommage. Mais ce défaut mis à part, l'oeuvre reste finement travaillée. Pas loin de valoir la note maximale dans mon cœur, même. Non, vraiment, je ne regrette pas mon achat.

27/10/2025 (modifier)
Par Cidtheo
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série La Philosophe, le Chien et le Mariage
La Philosophe, le Chien et le Mariage

Le dessin très épuré, quasi comique de la couverture a tout de suite attiré mon regard. Le sujet, puis le feuillage ensuite, m'ont convaincu d'acquérir cet ouvrage et je ne le regrette pas. C'est frais, c'est clair, c'est édifiant (dans le sens premier du terme). On en apprend beaucoup sur cette jeune Hipparchia, issue d'une famille de riches marchands de Maroneia, qui est promise au mariage. Sur sa vie, ses questions, ses combats, ses désirs. On sent, et elle l'explique très bien en fin de volume, que les 5 ans de recherche de l'autrice n'ont pas été menées en vain. J'ai dévoré cette bd en moins d'une heure et je compte bien y revenir dans quelques jours pour en savourer la sagesse. Cela m'a replongé dans mes lectures adolescentes -tardives- (Sénèque, Platon, Épictète, Aristote et consorts). Mais cela serait minimiser la portée de cette bd que de la résumer à un traité de philosophie ou à un recueil de pensées. Sous nos yeux se déroule la vie d'Hipparchia avec ses échos modernes, ses interrogations et ses réflexions intemporelles (n'est-ce pas la force de la philosophie antique ?). Un véritable coup de coeur pour un sujet encore trop peu répandu : "les femmes remarquables" (bon, j'exagère, ça avance mais beaucoup d'entre elles mériteraient une plus grande visibilité).

27/10/2025 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5
Couverture de la série Dr. Brain
Dr. Brain

Voilà un des derniers nés de la collection KBooks de chez Delcourt, et ma foi, c'est une très bonne surprise ! Je ne m'attendais en effet pas du tout à ça ! Mais la surprise va dans le bon sens. En effet, on a ici un thriller qui oscille entre fantastique et science-fiction pour un public plus adulte qu'ado. J'ai même pensé en recevant l'album qu'il s'agissait d'un comics ; d'une part par son format (172 x 224) et sa pagination (487 pages !) mais également par son graphisme, complètement inattendu pour une oeuvre coréenne (tout du moins ce que j'en connais). Ce "petit pavé" réalisé par Jacga Hong tant pour le dessin que pour le scénario, nous raconte le récit du jeune Sewon. Élevé par sa mère, le jeune garçon développe des troubles qui conduisent sa mère à l'emmener faire des examens ; c'est en sortant de ces derniers que la mère meurt et que le destin de Sewon bascule... Il va alors tout faire pour devenir neurochirurgien. Et c'est 20 ans plus tard que son diplôme en poche, il mène ses recherches pour réussir à lire les souvenirs des morts grâce à une de ses inventions. Le récit commence vraiment et nous plonge dans un thriller haletant où se mêlent et se perdent rêve et réalité. Découpé en 31 chapitres, les presque 500 pages de cet album se lisent sans aucun mal ; on est vite captivé par l'histoire et les mystères qui jalonnent ce thriller. Le dessin très contrasté et minimaliste de Jacga Hong surprend au début mais colle parfaitement à la personnalité assez rigide de notre personnage principal. Les planches sont juste rehaussées de couleurs franches que l'auteur travaille en dégradés. Chaque planche se retrouve ainsi épurée et donne à l'ensemble une narration fluide et addictive. Une très bonne surprise que cet album, qui me confirme qu'on trouve toujours quelques belles pépites pas forcément attendues dans certaines collections ! *** Tome 2 *** Après la très bonne surprise du premier tome, j'étais curieux de voir comment allait repartir cette série. Et j'avoue que notre auteur, Jacga Hong est loin de manquer de ressources ! Avec cette "saison 2", nous voilà embarqué dans une scénario un brin alambiqué mais pour le coup original. Comme nos protagonistes, on se fait balader de chapitre en chapitre pour identifier le "chef" de cette mystérieuse organisation criminelle. On retrouve Sewon au centre de cette enquête complexe et dangereuse ; personnellement impliqué, il ne va pas s'en sortir indemne, son entourage non plus. C'est rude, les personnages sont intéressants et bien campés, tissant ce scénario qui nous mène par le bout du nez de bout en bout : une saison 2 qui décoiffe.

06/12/2023 (MAJ le 27/10/2025) (modifier)
Par Lodi
Note: 4/5
Couverture de la série La Cantine de Minuit
La Cantine de Minuit

Le dessin n'est pas beau sans être laid, mais on s'y fait, comme on s'habitue à des gens dont le physique n'a rien de transcendant mais qu'on apprécie. Parce qu'à l'inverse du Gourmet solitaire, on est dans le partage, la communion ! Cependant, mieux vaut un trait basique mais qui permet de bien différencier tout le monde que le contraire ! Plus que les recettes et la vie des gens qui se retrouvent ici, c'est à mon avis leur rencontre l'essentiel de cette œuvre. A la fin d'Astérix, j'adorais le banquet final ! Ici, sans aventure mais sans un barde ligoté*, on se retrouve entre gens devenant peu à peu des amis. La découverte de nouveaux plats correspondant aux attentes des clients ou à l'inventivité du patron sont l'aventure, et l'écho assourdi de ce qui se arrive dehors. Le fait que tout se passe la nuit offre un léger et poétique décalage. * Humour des artistes, l'artiste est catastrophique et se retrouve maltraité !

27/10/2025 (modifier)