Les derniers avis (23 avis)

Par grogro
Note: 2/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Enfermé - Mathurin Reto, pupille à Belle-Ile
Enfermé - Mathurin Reto, pupille à Belle-Ile

Je vais être dur avec celle-là car elle avait tout pour me plaire. Mais avant de tirer à boulet rouge sur cette BD, détaillons ce qui va bien et même plutôt très très bien, outre le fait que le sujet même me branchait bien. Il y a de prime abord cette couverture magnifique. J’aime tout : le dessin, la pose du personnage, les couleurs, le cadrage… Et un coup d’œil rapide sur les pages intérieures ne fait que confirmer cette première impression. Le traitement colorimétrique est franchement superbe et enveloppe l’ensemble d’une unité chromatique frappante. Les fonds granuleux donnent une patine indéniable, et le dessin s’anime avec force. Plusieurs cases ne comportent que des fonds blancs, ce qui peut surprendre, mais ce choix s’avère judicieux, permettant à la fois de se concentrer sur les personnages tout en évitant peut-être de noyer complètement le dessin. Le dessin est efficace, rappelant le Gipi des premières heures, et Renan Coquin sait très bien « poser sa caméra » : j’adore ses cadrages. Ma seule réserve concernera les visages, trop anguleux pour moi, taillés à la serpe ; ça j’aime moins. Mais franchement, c’est un travail d’illustration magnifique qu’a réalisé Renan. En ce qui me concerne, c’est même assez rare pour être signalé. Alors quoi ? Alors ben c’est le scénar, ou plus exactement son découpage, qui pose problème. Si Enfermé eut été un film, on aurait pu parler d’un montage hasardeux et bancal. En effet, j’ai été extrêmement frustré de ça. J’ai eu beaucoup de mal à comprendre les liens qui unissaient réellement les personnages, ainsi que l’ordre et l’intérêt de certaines scènes. Par exemple, les passages où le flic raconte, si elles sont bien entendu susceptibles d'offrir un autre point de vue, ne me semblent pas du tout pertinentes. Pire, j’ai parfois eu le sentiment que certaines séquences étaient montées aléatoirement, si bien qu’à de multiples reprises, je me suis retrouvé contraint de revenir en arrière. Alors oui, cette note illustre ma déception, et cette impression d’un immense gâchis. D'où cet étrange 2/5 assorti d'un coup de cœur !

03/09/2025 (modifier)
Par Josq
Note: 3/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Spirou et Fantasio Classique - Le Trésor de San Inferno
Spirou et Fantasio Classique - Le Trésor de San Inferno

Fabrice Tarrin et Lewis Trondheim ont déjà touché à l'univers de Spirou, mais c'est la première fois qu'ils se réunissent. Je dois bien avouer que je n'avais pas trop aimé leurs premières incursions dans cet univers, même si Tarrin au dessin m'a toujours satisfait. Ici, le résultat est à mon avis bien plus plaisant ! Nouveau tome de la série Spirou et Fantasio Classique, ce Trésor de San Inferno en est à mon avis clairement le meilleur tome (en considérant Spirou chez les Soviets comme un Classique, ce que Dupuis n'a plus l'air de faire... Ils sont durs à suivre, parfois !). Le dessin de Tarrin s'affine peu à peu et, plus épuré que dans Spirou chez les Soviets, il est ici d'une impressionnante efficacité. Il hisse en tous cas Tarrin au rang des meilleurs repreneurs de la saga, sur le plan graphique, sans aucun doute. Côté scénaristique, je suis un peu plus partagé. L'introduction du récit est proprement géniale. En quelques pages, Trondheim renoue avec le génie de Franquin en posant efficacement le décor, et en introduisant les personnages avec un art consommé. Les joutes oratoires habituelles entre les personnages sont très drôles, et l'arrivée de Seccotine dans l'histoire est parfaite en tous points. A la lecture de cette introduction, j'ai vraiment cru que je lisais le meilleur Spirou depuis Franquin. Mais la suite du scénario est un peu plus discutable. Je ne saurais que trop conseiller à ceux qui me lisent de ne surtout pas se fier au synopsis officiel. Il est certes fidèle au premier tiers de l'album, mais ensuite, le récit part dans une toute autre direction. D'un côté, j'aime cet aspect inattendu, que les aficionados de Trondheim connaissent bien. D'un autre côté, la direction choisie ramène le récit dans quelque chose de beaucoup plus anecdotique que les promesses initiales du synopsis, notamment par rapport aux antagonistes. Je n'en dirais pas plus, mais j'ai eu un moment l'impression que l'intrigue tournait un peu en rond. Je reconnais malgré tout qu'arrivé à la conclusion du récit, j'étais tout de même très satisfait de cette lecture, qui renoue avec la simplicité et l'art épuré de l'âge d'or de la bande dessinée, dans les années 60. Et tout anecdotique que soit l'histoire, je ne peux qu'en être content ! Bref, j'aimerais bien que ce duo Trondheim/Tarrin reste sur la saga, et nous propose de nouveaux albums, mais peut-être en musclant un peu plus leur jeu d'ici là ! Mais vu comme il semble avoir été compliqué de convaincre Tarrin de revenir sur la saga, pas sûr que ce soit de si tôt... (même s'il a annoncé qu'il ferait les crayonnés du prochain tome de Spirou chez les soviets, alors tout est possible !)

01/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Saint-Exupéry - Le dernier vol
Saint-Exupéry - Le dernier vol

Pour moi, cette lecture est devenue une évidence. Hugo Pratt se devait de rencontrer Antoine de St Exupéry tellement il y a de parallèles entre les deux hommes. A y bien réfléchir c'est même à se demander si l'aviateur romancier (ou le contraire) n'a pas servi de modèle sur de nombreux points au marin aventurier maltais. En tout cas cet amour des espaces lointains, cette attirance pour des peuples indomptés, cette vie de trompe-la-mort, cette relation complexe avec les femmes, cette fidélité dans leurs valeurs humanistes et bien sûr cette poésie qui sourde de leurs propos et engagements sont partagés par les deux personnages. Au cours de ces 60 pages qui laissent aux biographes le soin des faits et des dates précises, Pratt plonge à la compréhension la plus intime de l'auteur du "Petit Prince". C'est plus facile d'accès si on connait un peu la vie de l'aviateur et la complexité du personnage. J'ai lu il y a peu Le Prince des oiseaux de haut vol de Philippe Girard. Je trouve que les deux lectures se complètent bien pour aborder les différentes facettes de St Ex. Enfin, j'ai découvert que cet album fut le dernier ou presque de Pratt comme si l'artiste voulait insister sur une possible fraternité qui unissait les deux hommes. Le graphisme épuré m'a toujours autant séduit. Il vise l'essentiel que l'on garde en mémoire quand il reste dix minutes à vivre. Une très belle surprise à redécouvrir.

01/09/2025 (modifier)