La Bibliomule de Cordoue

Note: 4.41/5
(4.41/5 pour 17 avis)

Cette fable historique savoureuse écrite par Wilfrid Lupano (Les Vieux Fourneaux, Blanc autour, ...) et servie par le trait joyeux de Léonard Chemineau (Le Travailleur de la nuit, Edmond, ...), fait écho aux conflits, toujours d'actualité, entre la soif de pouvoir et la liberté qu'incarne le savoir.


476 - 986 : Moyen-Âge, Francs, Mérovingiens, Carolingiens... BD à offrir BDs philosophiques Best-of des 20 ans du site Dargaud Espagne Les prix lecteurs BDTheque 2021 Livres, librairies et bibliothèques One-shots, le best-of

Califat d'Al Andalus, Espagne. Année 976 Voilà près de soixante ans que le califat est placé sous le signe de la paix, de la culture et de la science. Le calife Abd el-Rahman III et son fils al-Hakam II ont fait de Cordoue la capitale occidentale du savoir. Mais al-Hakam II meurt jeune, et son fils n'a que dix ans. L'un de ses vizirs, Amir, saisit l'occasion qui lui est donnée de prendre le pouvoir. Il n'a aucune légitimité, mais il a des alliés. Parmi eux, les religieux radicaux, humiliés par le règne de deux califes épris de culture grecque, indienne, ou perse, de philosophie et de mathématiques. Le prix de leur soutien est élevé : ils veulent voir brûler les 400 000 livres de la bibliothèque de Cordoue. La soif de pouvoir d'Amir n'ayant pas de limites, il y consent. La veille du plus grand autodafé du monde, Tarid, eunuque grassouillet en charge de la bibliothèque, réunit dans l'urgence autant de livres qu'il le peut, les charge sur le dos d'une mule qui passait par là et s'enfuit par les collines au nord de Cordoue, dans l'espoir de sauver ce qui peut l'être du savoir universel. Rejoint par Lubna, une jeune copiste noire, et par Marwan, son ancien apprenti devenu voleur, il entreprend la plus folle des aventures : traverser presque toute l'Espagne avec une « bibliomule » surchargée, poursuivi par des mercenaires berbères.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 26 Novembre 2021
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série La Bibliomule de Cordoue © Dargaud 2021
Les notes
Note: 4.41/5
(4.41/5 pour 17 avis)
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22/11/2021 | Mac Arthur
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Par olma
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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Un vrai bonheur de lecture que cette BD, qui est splendide à de multiples points de vue ! Le scénario est d’une grande richesse, au fil du parcours épique d’un trio que rien ne prédispose a priori à l’aventure : Tarid le débonnaire et rondelet eunuque bibliothécaire, Lubna l’esclave copiste qui travaille avec Tarid, et Marwan l’ancien élève de Tarid devenu petit voleur de rues bien peu doué. Trio et même quatuor car s’y adjoint la mémorable mule du titre, qui joue un rôle essentiel (et inattendu) dans l’histoire, et contribue à la force comique du récit, Ce quatuor se retrouve constitué un peu par hasard, suite un terrible évènement d’ouverture qui va les jeter sur les routes : l’incendie de la bibliothèque décidé par un vizir, moins fanatique religieux que politique soucieux de s’attirer l’appui des religieux, essentiel à son ambition politique. En les accompagnant dans leur fuite désespérée destinée à sauver un poignée des trésors de la bibliothèque, nous allons vivre avec eux une bien riche et passionnante aventure. Les auteurs ont fait un travail de recherche et de documentation d’une très grande précision, mis en images dans une très belle illustration des villes et paysages, qui nous transporte littéralement dans cet Espagne de Al Andalus, au temps de l’apogée politique de l’émirat de Cordoue. La postface très intéressante montre à quel point le livre est fidèle dans ce que nous connaissons de cette époque où cohabitaient (de façon plus ou moins pacifique selon les moments) en Espagne royaumes musulmans et chrétiens, et dans Al Andalus musulmans, chrétiens et juifs. Et dans le fil du récit on découvre d’étonnantes anecdotes authentiques, jusque dans le détail des péripéties inattendues d’un roi trop gros pour monter à cheval, ou sur les contrefaçons d’épées vikings circulant au 10ème siècle et que seul un œil averti pouvait identifier. L’aventure est riche de rebondissements, d’humour et d’émotions multiples. L’histoire contient beaucoup de mystères relatifs aux personnages principaux dont on découvre progressivement l’histoire passée, y compris à travers des rêves quasiment fantastiques dont on découvre le sens ensuite. Dans la description de cette époque dure qui n’est pas présentée de façon idéalisée, nos antihéros se trouvent confrontés à des difficultés nombreuses, pourchassés de tous côtés, où beaucoup de leurs contemporains sont plus prédateurs que protecteurs et où pour nombre d’entre eux, les livres ne signifient rien, ou n’ont de valeur que marchande. Tous les acteurs de cette fresque sont dessinés avec beaucoup de talent, qu’il s’agisse des personnages importants du récit, mais aussi de tous les nombreux personnages secondaires qui existent tous avec réalisme et une belle expressivité qui rend perceptible leur personnalité : intelligence, mesquinerie, générosité, douceur, ruse, brutalité… Mais au-delà du récit épique, il y a un autre récit imbriqué, qui nous parle de l’amour des livres, de la richesse de la connaissance qu’ils permettent de partager et de ce qu’ils apportent à l’humanité. Il est fascinant de redécouvrir avec Tarid des intuitions anciennes et souvent méconnues aujourd’hui sur l’évolution des espèces ou sur les prémices de l’aviation ! Tout au fil des livres évoqués dans la BD, l’histoire réalise un bel hommage à la richesse de la littérature des savants d’Al Andalus et un rappel de leur rôle essentiel de passeurs qui nous ont permis de sauver les textes de nombreux grands auteurs antiques. Cet autre récit est aussi un rappel de la grande fragilité des livres, en butte à l’hostilité des obscurantismes religieux et des totalitarismes politiques car toujours susceptible de contenir des pensées qui les remettent en cause. Et dans un glissement progressif qui traverse les siècles jusqu’à notre époque, la très forte dernière double page devrait interpeller non seulement tous les lecteurs, mais tous les amoureux de la liberté de pensée et de l’accès à la connaissance dont les livres ont souvent été les vecteurs. Enfin, et c’est logique pour une BD qui évoque si fortement l’amour des livres et des bibliothèques, « La bibliomule de Cordoue » est un beau livre : un bel objet qu’on aime tenir en main et parcourir. La réussite des auteurs est totale.

25/02/2023 (modifier)
Par Benjie
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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Tarid, Lubna et Marwan nous emmènent dans un magnifique « mule-trip » à la fois émouvant et captivant. Et pourtant, sur leur mule, ils ne transportent que des livres. Comment ça « que des livres ! » ? Ces livres, c’est l’histoire de l’humanité, les premiers philosophes, les premiers mathématiciens, les premiers biologistes… le berceau de nos cultures. Mais le savoir est en danger. Comme le démontrent les auteurs à la fin de l’album, les livres sont trop facilement détruits par ceux qui prêchent la pensée unique et refusent la science qui remet en question ce qui s’expliquait par les actions divines ou les hommes providentiels. Et cela, de l’Antiquité à nos jours. Ancré dans un contexte historique solide, bien implanté géographiquement dans la ville de Cordoue dont on reconnaît encore quelques quartiers et la grande mosquée, La Bibliomule de Cordoue est un hymne à l’intelligence, à la science, à l’ouverture d’esprit, au respect de l’autre et à l’éducation. L’album, en lui-même, est un très bel objet rappelant les livres précieux et uniques dont il est question dans le récit. C’est écrit simplement, le dessin est vraiment très beau et les couleurs chaudes. Un bel écrin graphique pour une très belle histoire. Je venais de relire « Le Singe de Hartlepool » et Lupano me confronte à nouveau à l’intolérance, l’inculture et la haine aveugle. C’est superbe et je recommande chaudement la lecture de ce beau conte andalou.

26/07/2022 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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J’ai moi aussi passé un excellent moment de lecture en compagnie de Tarid, Lubna et Marwan. Le contexte historique est passionnant (et approfondi dans une postface un peu lourde mais essentielle), et les thèmes abordés sont universels et intemporels : les méandres de la coexistence entre le pouvoir religieux et la connaissance scientifiques. Mais surtout, l’histoire reste divertissante malgré le sérieux historique. La narration est fluide et légère, le dessin est aéré, les dialogues se font discrets et sont emplis d’humour, et les personnages sont drôles et attachants au possible. J’ai avalé les 250 pages sans effort, sans me rendre compte que l’histoire m’instruisait tout en me divertissant. Un grand bravo aux auteurs, quelle maîtrise ! Mon seul reproche sera pour la toute dernière page, qui, je trouve, fait un peu un amalgame alarmiste entre les faits historiques et une vague suggestion qu’Internet est le prochain ennemi de l’accès à la connaissance. Je suis peut-être naïf, mais j’aurais tendance à dire que c’est plutôt le contraire qui se produit. Voilà, un album essentiel en ce qui me concerne.

07/03/2022 (modifier)
Par Yannis
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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Quelle incroyable livre que voilà. Tout d'abord l'objet en lui-même est beau. Une magnifique couverture qui invite aux voyages dans le temps et dans l'espace. Une tranche rouge qui détonne avec le bleu de la couverture et le bleu des pages qui apporte une continuité entre la première et la quatrième. En bref une très belle édition qui veut rappeler les beaux manuscrits du Moyen-âge. L'histoire s'inscrit à la fin de l'an mille alors que le Califat de Cordoue connaît de grandes mutations politiques notamment. Lupano reprend un évènement historique et le romance, l'adapte avec le brio qui est le sien. Les trois héros sont sympathiques et leurs péripéties burlesques et tragiques. On s'attache rapidement à eux et la résonance finale de l'histoire amène une certaine "morale" comme un conte des mille et une nuits. Le dessin et la couleur s'accorde très bien à l'histoire, on y retrouve les couleurs chaudes de l'Espagne et celles vives de l'Orient. Un album réussi, l'un des grands succès, à juste titre, de cette fin d'année.

05/01/2022 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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La sortie d’un album signé de Wilfrid Lupano est toujours un événement, et celui-ci ne déroge pas à la règle. Et au fil de sa production, on comprend pourquoi. Cet habile et prolifique scénariste sait parfaitement allier la forme et le fond pour rendre accessible à chacun une certaine réflexion sur le monde qui nous entoure, souvent avec humour. De Alim le tanneur (la série qui l’a révélé) au plus récent Blanc autour, en passant par Le Singe de Hartlepool, « L’Homme qui n’aimait pas les armes à feu », « Les Vieux Fourneaux » ou encore Traquemage, ces ouvrages, tout populaires soient-ils, n’omettent pas d’être intelligents. Léonard Chemineau, que l’on connaît moins, a publié sa première bande dessinée il y a dix ans (Les Amis de Pancho Villa), en tant que scénariste et dessinateur. Cela étant, il manie davantage le pinceau que la plume. Avec « La Bibliomule de Cordoue », bande dessinée à l’étrange titre, les auteurs nous emmènent sur les terres d’Espagne mille ans en arrière, à l’époque où les Musulmans occupaient une large partie de la péninsule ibérique, avec pour capitale Cordoue. Si le thème abordé (la défense du savoir face à l’obscurantisme et la barbarie, qui traverse l’œuvre de Lupano) est connu, il est basé ici sur une interversion pertinente des perspectives. Le théâtre de l’action se situant dans le contexte d’Al-Andalus (la zone géographique du Sud de l’Europe qui fut sous domination musulmane du VIIIe au XVe siècle), le lecteur est donc invité à s’identifier aux principaux protagonistes du récit, qui ne sont pas chrétiens mais musulmans. Tout en étant parias (un eunuque, une esclave et un voleur), ils sont issus d’une civilisation qui à l’époque était à son apogée culturel, scientifique et philosophique, tandis qu’outre-Pyrénées, les royaumes chrétiens étaient davantage préoccupés par leurs guerres intestines que par les bienfaits du savoir. Nous allons donc suivre la fuite rocambolesque de ces trois personnages, Tarid l’eunuque bibliothécaire, Lubna, l’esclave copiste et Marwan, l’ancien élève de Tarid reconverti en voleur. Leur but : sauver le maximum de livres qu’ils chargeront sur une pauvre vieille mule, alors que les nouveaux maîtres du califat ont décidé de brûler la quasi-totalité des ouvrages de la bibliothèque de Cordoue. Avec travers cette fiction que l’on pourrait qualifier d’épopée donquichottesque, Lupano fait revivre une période de l’Histoire européenne passionnante, assez méconnue, quoi qu’on en dise, par le pékin lambda (Oui, Al-Andalus englobait aussi certaines régions du Sud de la France, notamment la baie de Saint-Tropez ! Oui l’Islam aussi a été « occidental » et a contribué au rayonnement des sciences et de la philosophie en terre d’Europe !). Renforcée par un remarquable souci de la vérité historique, la narration est enlevée comme Wilfrid Lupano sait le faire, en mettant en scène des personnages déclassés, héros modestes et attachants capables de réaliser de grandes choses avec leurs petits moyens. De la même façon, le dessin de Léonard Chemineau rend très bien hommage à l’architecture de cette époque et aux paysages arides de l’Andalousie, très joliment évoqués dans les séquences contemplatives. C’est comme si on y était ! Les personnages sont quant à eux représentés de façon moins réaliste, souvent dans des attitudes énergiques, afin de mieux coller au côté burlesque du récit, Par une alchimie savamment dosée, les auteurs ont ainsi su allier les scènes cocasses (la vision de cette mule croulant sous le fardeau d’une montagne de livres restera l’image forte de l’histoire) et les scènes plus graves, sans jamais s’appesantir par l’usage d’un pathos inutile. Au-delà de la fiction franco-belge, nous avons affaire ici à un véritable ouvrage historique qui impressionne par le respect de la chronologie des événements et l’exactitude des anecdotes. Si « La Bibliomule de Cordoue », qui évoque Le Sourire des Marionnettes de Jean Dytar, ou encore le volet n°4 des « Ogres-Dieux », « Première Née », de Hubert et Gatignol, est d’abord une célébration du savoir, des sciences et de la culture, elle nous rappelle que rien n’est jamais acquis par un récapitulatif en fin d’ouvrage. En effet, l’Histoire à travers les siècles est jalonnée d’attaques contre la connaissance, véritable menace pour les gouvernements autoritaires (et souvent réactionnaires) qui ne manquent jamais de s’en prendre aux bibliothèques dès lors qu’ils prennent le pouvoir, le dernier exemple en date étant à chercher du côté de l’Afghanistan. Cette BD s’avère également un fabuleux hommage à la civilisation islamique qui rayonna pendant des siècles à travers tout le bassin méditerranéen. N’en déplaise aux adorateurs de Charles Martel, du plus contemporain Eric Z. et autres adeptes de la théorie du « grand remplacement », l’Histoire n’est faite que d’échanges entre les peuples et les cultures, échanges qui ne provoquent jamais de pertes mais toujours des gains. « La Bibliomule de Cordoue » s’impose donc comme un des coups de cœur de l’année 2021, non seulement parce que cet album touche à des thèmes d’actualité, mais aussi parce qu’en alliant avec brio divertissement et réflexion, il souligne l’importance de la transmission, qui en est « in fine » le thème central.

31/12/2021 (modifier)
Par Cacal69
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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Le père Noël ne s'est pas trompé en déposant cette bd au pied du sapin. Ce récit se déroule sous le califat de Cordoue à la fin du X° siècle. Le calife Al-Hakam meurt, son fils de 11 ans sera sous l'emprise du grand vizir Muhammad Amir, celui-ci va être à l'origine d'un autodafé, l'intégrisme sur fond de pouvoir. Trois héros improbables, Taribe l'eunuque, Lubna la copiste et Marwan le voleur sans oublier ce magnifique animal au caractère bien trempé, la mule. Mule qui sera chargée à ras la gueule des livres sauvés des flammes. Notre brave mule qui fera des misères à Tarib à vouloir dévorer l'abrégé de calcul de Al-Khuwarizmi à chaque occasion. Pourquoi ? Le mystère sera résolu. Commence alors un long pèlerinage qui les mènera vers une fin improbable. Quel plaisir de lire cette tranche d'aventure où la culture, l'histoire et l'humour se mélangent avec tant de finesse. Un conte à mettre dans toutes les mains pour ne pas oublier le pouvoir des livres sur l'obscurantisme. Le dessin de Léonard Chemineau ne pouvait que me plaire étant cheminot. Sérieusement, il est lisible, clair et expressif. De superbes couleurs et une mise en page dynamique. Une volupté. Pas encore culte, mais cinq étoiles méritées.

30/12/2021 (modifier)
Par Canarde
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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Je suis toute émue après la lecture de cet album. Tous les aspects de l'histoire m'ont plu. Les dialogues, le décor, le déroulement de l'histoire comme les personnages. Ce livre n'est pas un conte pour enfant. En tout cas pas seulement. Le dessin (fort empâtement, couleurs vives et silhouettes un peu caricaturales) et le titre qui semblent s'adresser plutôt aux enfants, le volume lui-même (compact avec sa tranche bleue) nous dirigent sur une fausse piste. Il raconte une belle histoire avec des personnages touchants, mais parle aussi d'aujourd'hui et d'hier. Le scénario est plutôt simple, mais enrichi de petites branches malicieuses et culturelles : Il faut sauver quelques livres de l'autodafé prévu par le Vizir Al Mansour. Ce qui est réussi, c'est que les motivations de chacun, y compris du méchant, sont abordées, et on peut les comprendre voire les partager. C'est l'apanage des livres historiques d'aujourd'hui, on peut se mettre à la place de l'autre, tout en restant attaché aux héros. Le décor, la ville de Cordoue en 976, sa mosquée, son palais, ses jardins. Les personnages : La mule qui rappelle l'Anatole de Philémon, par son rôle espiègle mais muet. Le voleur, toujours utile dans une histoire drôle, beau gosse roublard et néanmoins looser. Le vieil érudit, rond, chauve et perché mais qui a une longue histoire derrière lui... La belle Lubna, esclave copiste, bien à l'abri dans la bibliothèque de Cordoue, jusqu'à ce que cette histoire commence Et le Vizir Al Mansour, et sa malfaisante ambition. A mettre entre toutes les mains !

05/12/2021 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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C'est amusant, en lisant cet album sans voir les auteurs, j'étais persuadé que le dessinateur était Thierry Martin (Le Roman de Renart) dont j'aime beaucoup le style. C'est n'est pourtant pas lui mais bien Léonard Chemineau qui est ici au dessin, dans un style plus doux et mignon que celui que je lui connaissais dans Le Travailleur de la nuit ou Julio Popper. C'est en tout cas un style de dessin que j'apprécie vraiment. Il est à la fois esthétique, épuré et en même très lisible. Les décors sont beaux, lumineux, et les personnages sont très réussis. J'aime surtout la bouille de la mule dont les expressions me font rire presque à chaque fois. L'histoire n'est pas en reste. Son cadre historique est excellent et tellement rare en BD. Quel incroyable contraste entre la finesse de ce califat Andalou du Xe siècle et la barbarie violente du monde Franc et Viking de la même époque. Et quelle plongée intéressante dans cet univers. Quelle surprise d'y voir des gardes musulmans armés, vêtus et coiffés comme des soldats francs, loin des clichés de l'arabe en turban et au sabre courbe. Quelle surprise d'y voir justement quelques vikings aborder les rivages espagnols. Et quel véritable intérêt de découvrir les relations entre les peuples de l'époque, les machinations politiques et leur impact sur la science et la littérature qui ont fait la gloire du monde arabe d'alors. Cela, nous le découvrons par le biais d'une véritable histoire à l'échelle humaine avec quatre protagonistes principaux, dont une mule, lancés dans une aventure pour sauver des livres précieux. C'est un récit qui mêle aventure et humour, avec de bons personnages, des dialogues ciselés, et surtout une très bonne tenue de route tant dans le rythme que dans l'attachement à son intrigue, sa crédibilité et son intelligence. Un vrai plaisir de lecture qui apporte en outre son lot d'informations historiques particulièrement instructives.

25/11/2021 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Ode au livre comme vecteur de culture, comme ouverture au monde, comme arme fragile mais pourtant létale face à l’ignorance, à la bêtise et à la guerre. Ode à la paix comme condition sine qua non à l’émergence de l’art et de la culture. Ode à l’amitié. Voilà un récit tout public qui parlera à chacun, quel que soit son âge. Un récit qui se lit comme une grande aventure mais qui distille régulièrement des réflexions philosophiques aussi pertinentes qu’accessibles à tous. A titre personnel, j’ai adoré, même si le ton est parfois un peu insistant (mais je pardonne car « c’est pour la bonne cause »). La mise en page aérée qui garantit un rythme de lecture soutenu, les dialogues vivants, les multiples pistes de réflexions disséminées çà et là, les petites anecdotes amusantes (je ne regarderai plus la galle du chêne de la même manière, maintenant), les personnages attachants, l’histoire d’amitié entre un voleur et une mule, la base historique sur laquelle se pose ce récit, le dessin expressif, clair et lisible… … Bon, en fait, j’ai tout aimé ! Culte, donc !!!

22/11/2021 (modifier)