Auteurs et autrices / Interview de Sébastien Viozat
Sébastien Viozat est un féru de fantastique et d’horreur, et cela se sent dans ses différents scenarii. Rencontre avec un passionné.
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Bonjour Sébastien, peux-tu nous parler de tes débuts dans la BD, qui coïncident (si je ne m’abuse) avec l’album Paul Neutron, sorti chez Théloma il y a quasiment 15 ans ?
Bonjour à vous ! Mon 1er album se nomme bel et bien « Paul Neutron, responsable du bien-être », une BD très « Tontons flingueurs » parfaitement assumée, avec Guillaume Tavernier au dessin. L’envie d’écrire m’est venu en 2001, et il m’aura fallu quelques années avant d’aboutir à ce 1er contrat dans une toute petite maison d’édition… années pendant lesquelles j’ai appris en autodidacte l’écriture de scénarios, en y passant la quasi-intégralité de mes dimanches. 😊
Entre le tome 2 de Siorn et la sortie de Sweet home, plus de cinq ans s’écoulent… Qu’as-tu fait pendant cet intervalle ?
Après les lourds échecs commerciaux de l’Ours-Lune et Siorn, je perds le goût à l’écriture. Les ventes sont faibles, j'ai l'impression d'avoir gâché ma chance de produire des BD qui cartonnent un peu. Ajoute à ça un bon gros syndrome de l’imposteur, et tu obtiens 5 ans de traversée du désert. Il aura fallu le soutien et le bottage de cul régulier d’auteurices ami.e.s pour me sortir la tête de l’eau… et écrire Sweet Home !
Sweet home marque donc ton retour en cette nouvelle décennie, dans la collection Grindhouse chez Glénat. S’agissait-il d’une œuvre de commande ?
Pas du tout, à part Brume, je n’ai rien publié sur commande (bien que ça ne me dérangerait pas). L’écriture de Sweet Home est une reprise d’une histoire courte initialement prévue pour Doggybags au label 619 chez Ankama. Vu que ça n’a pas marché, je la développe en récit plus long avec l'aide super précieuse de Yannick Lejeune pour Delcourt. Mais là encore ça foire. Et puis au hasard d’un festival d’Angoulême, je retrouve Olivier Jalabert, transfuge d’Ankama vers Glénat. Il me parle de Grindhouse, je lui parle de Sweet Home, on tombe amoureux. 😊 On débauche l’affreux Kieran et c’est parti !
Et tu débarques chez Jungle avec Jungle urbaine, ce récit postapocalyptique mettant en scène deux adolescentes animées par des quêtes différentes, mais convergentes. C’est Kmixe qui a commencé l’album, avant de passer la main au studio Yellowhale. Pourquoi ce changement en cours de route ?
Hélas, Kmixe a subi de gros problèmes de santé, et a dû passer la maison à Yellowhale, tout en gardant la direction artistique. Nous avons eu beaucoup de chance de tomber sur une éditrice merveilleuse qui a tout fait pour sauver le bouquin, en faisant appel in extremis à un studio.
L’histoire se termine à la fin de cet album, alors que j’aurais bien vu une série courte avec ces mêmes adolescentes. Je suis frustré…
Il faut savoir que le background écrit pour Jungle urbaine est immense. Il y a des fous cannibales qui occupent les Champs Elysées, des adorateurs du Grand Végétal qui officient à Notre Dame, des amoureux d’Art armés et retranchés au Louvre… De quoi écrire un nombre incalculable d’histoires. 😊
Alors Go go go, non ?
Ce n’est pas à moi qu’il faut poser la question, mais à l’éditeur. 😉
Et te voilà avec ton projet le plus ambitieux à ce jour, la série Le Cercle de Providence, qui revisite les écrits d’Howard Phillips Lovecraft dans un cadre contemporain. Quelle est la genèse de cette histoire ?
Cela remonte à très longtemps. J’ai d’abord écrit une 1ère version pour adulte d’une adaptation moderne de l’Appel de Cthulhu avec une approche polar, sur demande des Humanoïdes associés. Ça aurait pu être ma première publication de commande… mais au bout de 6 mois de travail, mes écrits n’étaient pas satisfaisants. C’est en discutant avec Anne-Charlotte Velge, directrice de la collection jeunesse Frisson chez Jungle que j’ai eu l’idée de retravailler cette histoire, avec des jeunes en personnages principaux. Il faut dire qu’on baignait dans la sauce Stranger Things à ce moment-là. J’ai ainsi recasté les personnages de l’Appel de Cthulhu en teenagers de Providence, et réécrit l’histoire à ma sauce, ne gardant au final que quelques références.
Comment as-tu rencontré Anne-Catherine Ott, qui apporte sa précision et la grande expressivité de ses personnages à ton univers ?
Je connais Anne-Catherine depuis la série Havre qu’elle a réalisée avec Isabelle Bauthian pour Ankama. J’ai toujours adoré son travail, et notamment l’expression de ses personnages. On avait déjà tenté de présenter un projet lovecraftien tous les deux, nommé "Smallpox"… sans succès. En lâchant l’affaire, on s’est dit qu’on travaillerait forcément un jour ensemble. En fait, "Smallpox" a attiré l’attention des Humano… qui m’ont demandé de bosser sur l’adaptation de l’Appel de Cthulhu… qui a servi de base au scénario du Cercle de Providence… avec Anne-Catherine au dessin ! La boucle est bouclée 😊
Avec ce deuxième opus, Le Roi en jaune, tu vas en quelque sorte aux origines de certaines des inspirations de Lovecraft, en lorgnant du côté de Robert W. Chambers. Vas-tu continuer dans cette optique ou revenir à des adaptations plus classiques ?
Ce n’est hélas pas gagné qu’il y ait une suite. Ça va dépendre des envies de l’éditeur et des disponibilités d’Anne-Catherine. Il va falloir un peu de chance à nouveau. 😉 S’il y a de nouveaux tomes, il y a de fortes chances que je reste dans l’optique du tome 2, en proposant des histoires inspirées du Mythe de Cthulhu, mais de mon cru. A moins qu’on me propose une adaptation de l’Affaire Charles Dexter Ward, mon Lovecraft préféré…
La petite bande autour de Francis va-t-elle s’agrandir ?
Pas sûr, ils sont déjà trois. Ça me permet de bien développer les personnages et leurs relations. S’ils sont trop nombreux, je redoute une forme de dilution. En revanche, des intervenants ponctuels – comme John Legrasse dans le tome 1 – empruntés aux récits du maître, pourquoi pas. 😊
Il ne s’agit pas à proprement parler d’adaptations, mais plutôt de relectures de l’œuvre du Reclus de Providence. Combien d’albums comptes-tu réaliser dans ce cadre ?
Tant que l’éditeur et ma co-autrice voudront, je produirai. Je ne me lasserai jamais de l’univers de Lovecraft. Il a probablement structuré tout mon amour pour le fantastique. J’ai une chance folle de pouvoir jouer avec. 😊
Quels sont tes projets, tes sorties BD (ou autres) à venir ?
Je suis sur plusieurs projets naissants, allant du steampunk à la science-fiction en passant par du polar façon Agatha Christie, mais c’est beaucoup trop tôt pour en parler. La patience est une sacrée vertu, surtout dans ce métier. 😉
Sébastien, merci !
Mais de rien, merci à vous pour ce coup d’œil dans le rétro. 😊
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