Les Funérailles de Luce

Note: 3.44/5
(3.44/5 pour 18 avis)

Luce est une gamine tout à fait normale… mais Luce voit des choses que personne d’autre ne semble voir.


École européenne supérieure de l'image Enfance(s) La Mort Les prix lecteurs BDTheque 2008

Luce a six ans. C'est une petite fille tendre et débrouillarde qui passe de paisibles vacances à la campagne chez son Papi, garagiste à la retraite. Luce est une gamine tout à fait normale… mais Luce voit des choses que personne d’autre ne semble voir : elle croise, presque partout, une petite fille drapée dans un crêpe noir, accompagnée d’un homme nu. Tout autour d’elle, de son Papi, des amis de celui-ci, Luce voit rôder la Mort. Tout d’abord, elle ne s’en effraie pas, elle se contente de regarder passer l’étrange couple sans rien dire. Mais le vieux Simon décide de mettre fin à ses jours. Dès lors, Luce commence à s’interroger sur la mort… la sienne et celle des siens.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 10 Janvier 2008
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Les Funérailles de Luce © Vents d'Ouest 2008
Les notes
Note: 3.44/5
(3.44/5 pour 18 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

07/01/2008 | Alix
Modifier


Par canarde
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur canarde

Un peu trop court mais très précis et juste et beau... Le dessin noir et blanc un peu trash, sans demi-mesure de gris, ni traits fins, se confronte à un scénario très nuancé : par moment quotidien, par moment symbolique. La mort, la vieillesse, l'enfance y sont convoquées dans un univers villageois un peu suranné. Comme dit Hervé c'est un album qui laisse des traces profondes, comme une sorte de non-dit qui restera à l'intérieur de nous quelles que soient les couches de vie qui recouvreront le moment de notre lecture... Le titre n'est peut-être pas le bon, ce ne sont pas les funérailles DE Luce, mais celles qu'elle a vu. Et que les autres ne voient pas. Le grand-père, son voisin, le fils du voisin, et la voisine (personne n'a parlé de cette voisine, je pense que c'est une des choses qui est aussi marquante dans cet album : des vieux qui font l'amour, et la mort qui vient, juste après). Et puis le couple improbable qui représente la mort : étrange, mais pas malveillant, simplement muet. Bonne lecture, ça vaut le coup !

07/05/2017 (modifier)
Par maelle
Note: 4/5 Coups de coeur expiré

J'ai eu un coup de coeur pour cette BD toute simple. L'histoire de cette petite fille et de son grand père est très attachante, comme le sont les différents personnages. Le dessin en noir et blanc est agréable, sans fioriture, et la "représentation" de la mort bien trouvée. Le ton de l'histoire est juste, on est triste sans tomber dans le mélodrame. Un BD très sympa, à lire au coin du feu avec une tasse de thé !

15/03/2010 (modifier)
Par Tetsuo
Note: 4/5 Coups de coeur expiré

Véritable coup de coeur, cet album est un petit bijou d'intelligence et de justesse. On suit la petite vie tranquille d'une jeune fille chez son papi et les scènes quotidiennes d'un petit village. Au fil de la lecture, on ne sait trop où l'auteur veut nous emmener, on sent l'atmosphère s'alourdir. Jusqu'au moment où apparaît une étrange silhouette accompagnée d'un enfant capuchonné, qui se baladent dans le village. Mais personne à part Luce ne semble les remarquer. Ce qui se joue véritablement ici, c'est l'incompréhension de l'héroïne face à la mort. Son jeune âge ne lui permet pas de comprendre ce qu'est véritablement cette notion. Mais après tout, pour nous aussi c'est un mystère. Que sait-on réellement de cette ultime étape ? Et de ce point de vue, on se met facilement à la place de Luce et on a aussi envie de crier après cette mort qui nous arrache ceux qu'on aime. C'est loin d'être larmoyant, c'est juste d'une vérité profonde et traité sur un ton humaniste. Au fil de l'album, la parole se fait plus rare et davantage percutante. Les images suffisent à nous faire ressentir ce que l'auteur cherche à exprimer et d'ailleurs se suffisent à elles-mêmes : puissantes, poignantes et justes. Et puis graphiquement, on atteint des sommets. Là encore, c'est ultra simple, mais les expressions, les attitudes, les décors sont fouillés et travaillés à la perfection. La bouille de Luce, par exemple, est croquée de manière très réelle, à tel point qu'on a l'impression de côtoyer cette gamine ou de penser qu'elle existe réellement. Je terminerais par cette petite citation (elle est de Coluche je crois, mais pas sûr) : "Un seul tueur en série ne sera jamais arrêté : la mort".

20/02/2008 (modifier)
Par Sejy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Sejy

Ouverture. Une ambiance de calme et de soleil irrigue les premières cases muettes. En compagnie de la petite Luce, gamine de six ans en vacances chez son papi, on entreprend la visite guidée d’un petit village champêtre, passage en revue obligé de lieux bucoliques et autres clichés pittoresques. Le potager du grand-père, le marché braillard, le café du coin avec ses petits vieux chamailleurs et radoteurs, une ballade qui laisse entrevoir les prémisses d’une douce peinture pastorale façon Pagnol. À un détail près : les apparitions morbides et inexpliquées d’une fillette drapée de noir et d’un homme nu décharné que Luce semble être la seule à apercevoir. La fable va vite tourner au pessimisme douloureux… En jouant sur le contraste de l’âge, l’auteur amène à hauteur de petite fille des questionnements et des préoccupations trop adultes. Une opposition de regards entre une vision innocente remplie de candeur, de révolte très enfantine et le fatalisme voire la névrose de vieillards qui semblent avoir passé leur vie à préparer la mort, à l’oublier dans un cache-cache épuisant. Une inéluctable partie d’échecs contre une grande faucheuse qui finit tôt ou tard par les mettre mat. Et l’on redoute d’entrevoir notre reflet dans ce miroir dérangeant. Car la force de l’œuvre, c’est l’empathie profonde et intense qui transpire. La narration prend son temps, étire les instants dérisoires, embrassant d’une poésie morose tous les petits riens du quotidien pour mieux nous faire éprouver la solitude et le sentiment d’abandon. En s’attardant sur les petits détails, elle évoque en nous tous ces souvenirs de campagne où chacun retrouvera sa madeleine proustienne (la bouteille de Pschitt, le pain de deux, le détour que l’on fait dans le jardin pour éviter le canard barjot, cette vieille télé noir et blanc qui débite invariablement la voix des animateurs de jeux à l’heure des repas…). Et puis il y a ce grand format avec ses cadrages et ses gros plans démesurés qui nous rapprochent tellement des personnages et nous font littéralement pénétrer dans les cases. Un degré d’intimisme tel que, dans certaines scènes, l’on se sent voyeur, si gêné d’être là. La compassion est d’autant plus violente que l’auteur contourne une sensiblerie et une pleurnicherie trop faciles en laissant parler son dessin. Une ligne très belle, magnétique, dont la justesse, la précision et l’expressivité font exploser en non-dits toute la brutalité et la puissance des émotions. Mais c’est également une grande fraîcheur que l’on ressent, quand, complices, on accompagne ces quelques protagonistes se raccrochant aux rares et insignifiants moments de bonheur que l’existence voudra encore leur accorder. Une œuvre magnifique, déchirante et méditative. Luce c’était nous. Ces vieux le sont-ils déjà aussi ?

10/02/2008 (modifier)

« Les funérailles de Luce » raconte l'histoire d'une petite fille qui passe quelques unes de ses journées avec son Papi, à la campagne. Elle y rencontre les ami(e)s de son grand-père, les joies d'aller vendre avec lui ses légumes au marché du village, mais aussi un homme nu grand et maigre qui tient par la main une petite fille dont le corps est recouvert d'un linceul et qui porte une petite boîte. Ce couple incongru, c'est la mort, qui va là où les âmes sont à prendre. Et Luce les voit tous deux, et va y être confrontée indirectement. C'est une histoire simple, comme il s'en passe tous les jours, avec ses joies, ses peines. L'histoire d'une petite fille de 5 ou 6 ans et qui découvre ce que mourir veut dire. Le dessin en noir et blanc paraît brouillon au feuilletage, mais se révèle particulièrement maîtrisé, et au final très beau. L'expressivité des protagonistes est de plus, exemplaire. Un ouvrage de 80 pages absolument magnifique, comme il en sort très très peu chaque année. Un album que j'aimerais voir couvert d'une foultitude de récompenses. Note : 4,5/5 + coup de coeur.

30/01/2008 (MAJ le 30/01/2008) (modifier)
Par iannick
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur iannick

Dans plusieurs de ses bds, Joann Sfar cite ce commentaire de son rabbin : « La mort, c’est une honte ! Je m’en plains tous les jours à Dieu ! », je le plussois et c’est un peu la même chose qui me revient à l’esprit après avoir lu « Les funérailles de Luce » ! Je le dis dès maintenant : ce one-shot est une petite merveille ! Ok, il faudra tout de même aimer le dessin de Springer mais la bd regorge tellement de petits moments de tendresse et de finesse qu’il me semble difficile de ressortir indifférent de cette lecture. A travers les regards de Luce, une petite fille mignonne toute pleine et curieuse, et de son grand-père, le lecteur est invité de suivre le quotidien d’un petit village provincial dont les habitants cohabitent au rythme de la vie et de la… mort. Tiens, au fait, puisque le thème de la mort est le principal sujet des « Funérailles de Luce », sachiez que les discussions qui en découlent entre la jeune héroïne et son entourage ne versent jamais dans le tragique. De plus, les dialogues me sont apparus d’une justesse et d’une simplicité étonnantes ! Dans cette bd, j’ai également et hautement apprécié les séquences sans commentaire où le dessin expressif de Springer suffit à me procurer quelques frissons. J’ai eu également l’impression d’y découvrir des instants que j’ai réellement vécus surtout à la vue des planches se déroulant sur un marché. J’adore le dessin de Springer pour cet album (cet auteur réalise également Volunteer chez les éditions Delcourt d’un style complètement différent aux « Funérailles de Luce » !). J’aime fortement son trait épais (ou gras) et d’un aspect charbonneux qui me rappelle une autre bd dessinée par Rémi Mabesoone que j’ai appréciée : Achevé d'imprimer. « Les funérailles de Luce » m’est apparu comme un album émouvant qui ne me laissera pas un vague souvenir de sa lecture. En effet, le difficile thème de la mort y est abordé d’une façon tellement légère et juste qu’il me semble difficile de finir cette histoire sans méditer. Les personnages que ce soit la fille, le grand-père, l’autre vieux, etc… sont tous attachants. Au final, cet album est à découvrir absolument surtout si vous appréciez en plus le dessin de Springer !

24/01/2008 (MAJ le 25/01/2008) (modifier)
Par herve
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur herve

Après le fantastique, Trois ombres de Cyril Pedrosa (Delcourt) et le très réussi Les Petits Ruisseaux de Rabaté (Futuropolis) l'année dernière, Benoît Springer se saisit à son tour de la camarde avec "les funérailles de Luce". Cette fois Springer est seul aux commandes, pour ce livre qui parait chez Vents d'Ouest. Même si son dessin est assez éloigné de Volunteer, série faite en collaboration avec Sevestre, nous avions déjà pu constater les différents styles graphiques dont il est capable dans ce bouquin tout en noir et blanc intitulé 3 ardoises (Carabas). Springer aborde ici la mort, à travers les yeux d'une petite fille. Un thème certes peu porteur mais traité avec tact et intelligence. Mais il ne se limite pas à cela puisque l'amour, la vieillesse, la maladie ne sont pas absents de cet album. J'ai été assez bouleversé par l'histoire de ces personnages, Roger, Simon et tout ce petit monde rural. Il est des livres dont on oublie l'intrigue au bout de quelques jours, et d'autres, comme celui-ci, qui resteront dans votre mémoire. Un sujet difficile voire douloureux mais servi magistralement par un dessin de Benoît Springer au mieux de sa forme. A lire… et à méditer surtout car ces personnages nous les connaissons tous, nous les côtoyons tous (du fils pressé, au petit vieux seul, en passant par le grand-père attachant et la petite fille curieuse).

22/01/2008 (modifier)