Jacques Le Gall

Note: 3.25/5
(3.25/5 pour 8 avis)

Jacques a le talent pour se fourrer dans des situations incroyables... et aussi pour s'en sortir in extremis.


Charlier Journal Spirou Les BDs à papa Les Roux ! Pilote

L'Oeil de Kali : Rentrant des vacances, Jacques recoit une lettre de son vieil oncle. Il le retrouve mourrant et apprend, à son chevet, que ce dernier est sur la piste d'une énorme pierre précieuse. Le problème, c'est que cette dernière est convoitée par une secte d'hindou assassins, pour qui la retrouver serait le signal de meutres inombrables. Police, secte, gangsters, Jacques se retrouve en Inde avec beaucoup de monde sur le dos. Les Naufrageurs : Jacques décide de passer des vacances sur une île deserte. Mais voilà qu'un cargo choisit de couler juste en face. Et que des hommes tentent de tuer le jeune garçon, unique témoin de ce drame. bon, voilà, vous avez une idée du type d'aventure que peut affronter ce jeune boy scout, plein de ressources et de bonne volonté.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Janvier 1980
Statut histoire Une histoire par tome (ou pour deux tomes) 3 tomes parus

Couverture de la série Jacques Le Gall © Dupuis 1980
Les notes
Note: 3.25/5
(3.25/5 pour 8 avis)
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27/07/2002 | Thorn
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L'avatar du posteur eric2vzoul

Charlier et Mitacq ont d'abord et surtout commis, à partir de 1955, La Patrouille des Castors pour le magasine Spirou, une bande dessinée scoute pour enfants sages, qui fleure bon les années 1950… Puis les deux auteurs ont voulu produire des aventures un peu plus sombres, et surtout plus adolescentes, ce que ne permettaient pas les gentils scouts, même s'ils vieillissaient en devenant des pionniers (à partir du tome 15). Les deux auteurs ont donc profité de la naissance de Pilote (en 1959) pour créer, en parallèle, le personnage de Jacques Le Gall, sorte de grand pionnier rouquin et solitaire, jeune adulte adepte des longues randonnées pédestres en short, pataugas et sac à dos, toujours prêt à rendre service à son prochain, et à se plonger dans les ennuis par amour de la vérité et de la justice. Entre 1959 et 1966, il ne vivra que 6 aventures, mais elles dépassent en exotisme et en intensité celles des jeunes gens de la patrouille des Castors. Les deux auteurs sont alors au sommet de leur art. Mitacq, qui maîtrise à la perfection le style réaliste qu'il a développé dans La Patrouille des Castors, se livre dans les aventures de Jacques le Gall à un grand numéro, en particulier dans les trois albums qui sont réalisés au lavis, parce que la rédaction de Pilote estime que cette série “mineure” – par rapport à Astérix, Tanguy et Laverdure et Barbe-Rouge, excusez du peu… – ne vaut pas sa mise en couleurs ; du coup, le dessin est magnifique et chacune des planches est un petit chef d'œuvre. Mais si le style graphique de la série est si délié, c'est parce que, débordé par la nécessité de mener de front deux séries paraissant en épisodes à un rythme soutenu, son dessinateur officiel fait régulièrement appel à son ami René Follet, génial et discret illustrateur qui n'a alors que quelques épisodes des Belles Histoire de l'Oncle Paul à son actif, afin d'en réaliser les crayonnés. Jacques Le Gall y gagne un dynamisme et une élégance auxquels le trait un peu rigide de Mitacq n'aurait jamais pu prétendre. La griffe de Follet se reconnaît particulièrement dans les deux derniers épisodes, Le Secret des Templiers et Les naufrageurs qui portent très nettement la marque de ce grand monsieur. À cette époque, Jean-Michel Charlier est au mieux de sa forme. Il anime une bonne dizaine de séries en parallèle tout en coprésidant la naissance de Pilote. Pour Jacques le Gall, il fournit quelques uns des meilleurs scénarii de sa longue et prolifique carrière. Malheureusement, surchargé de travail et accaparé par ses nombreuses obligations, il ne parvient pas à suivre le rythme stakhanoviste de ses dessinateurs et les aventures de Jacques Le Gall cessent au bout de six albums. Il faut aussi admettre que ces histoires ne sont pas toutes du même niveau. La publication en album des aventures de Jacques Le Gall a été très tardive. Ils ont d'abord été repris en épisodes dans Le journal de Spirou à la fin des années 1970, puis publiés en album dans deux collections différentes et dans le désordre au début des années 1980, avant d'être présentés dans les volumes n°13 et 14 de la collection tout Mitacq à la fin des années 1990. L'habitude semble prise de séparer les trois épisodes en couleur des trois épisodes au lavis, sans respect pour la chronologie de parution initiale. Pour clarifier, je rétablis cet ordre chronologique. 1959Jacques Le Gall contre l’ombre 4 étoiles C'est l'album qui voit apparaître le personnage, d'apparence encore très juvénile. Jacques le Gall, perdu dans une sombre forêt par une nuit d'orage, découvre par hasard les activités crapuleuses d'un gang de trafiquants qui utilisent les ruines d'un château médiéval pour cacher leurs méfaits. L'histoire est classique et très datée, mais les ambiances de forêts pluvieuse, de ruines gothiques et de souterrains humides sont magnifiées par le lavis. 1961Le Lac de l’épouvante 5 étoiles Alors qu'il randonne dans les Alpes autrichiennes, Jacques Le Gall entre par hasard en possession d'une carte qui indique l'emplacement d'un trésor nazi. En pleine Guerre froide, agents secrets et anciens SS se mettent à ses trousses. Encore une histoire au lavis, avec des ambiances angoissantes, tant dans la nature grandiose et sauvage que dans Berlin à l'époque à le Mur est érigé. Magistral ! 1962-63L'œil de Kali suivi de La déesse noire 3 étoiles Héritier d'un fabuleux joyau, Jacques Le Gall se lance à la recherche du temple perdu de la déesse Kali. C'est déjà un défi, mais l'odyssée devient franchement périlleuse lorsqu'il s'agit de parcourir les Indes avec à ses trousses les forces de police, les étrangleurs thugs et des truands avides. Ce sont deux albums en couleur, bien réalisés, mais qui accumulent les clichés sur les Indes (cobras, éléphants, tigres, fakirs et autres maharadjas…) et constituent un récit très classique de “course-poursuite au trésor” (voir Tiger Joe, écrit aussi par Charlier, pour la version africaine, avec l'ivoire comme MacGuffin à la place des émeraudes). 1965Le Secret des Templiers 5 étoiles Le meilleur album de la série. À mon sens, c'est même l'un des meilleurs albums de la BD franço-belge classique. Alors qu'il est perdu la nuit sous la pluie (d'accord, Charlier ne se foule pas en matière d'entrée en matière… mais quand on aime la rando…), Jacques Le Gall sauve la vie d'un homme qui recherche le trésor disparu des templiers. Il décide de l'aider dans sa quête, mais les templiers, qui n'ont pas tous disparu sous Philippe le Bel, ne sont pas d'accord du tout… Dernier retour au lavis, le résultat est somptueux. On est à l'apogée de la bande dessinée classique, avant mai 68, quand on avait le droit de prendre au sérieux les récits d'aventure sans relativisme ni ironie. Et bon sang que c'est bon ! 1966 • Les Naufrageurs 3 étoiles Alors qu'il séjourne sur une île déserte de Méditerranée, Jacques Le Gall est témoin d'une baraterie. Il se lance aux trousses des truands, aidé par un jeune Africain dont le père a disparu. Un album en couleurs, dont les rebondissements, un peu trop rocambolesques ne convainquent guère malgré un rythme narratif soutenu. Mais c'est aussi l'album dans lequel le trait de René Follet est le plus évident. En résumé, les meilleurs albums sont ceux qui se déroulent dans une atmosphère glauque et grisâtre, sous la pluie et en en Europe continentale. Je conseille particulièrement la vieille édition en grand format, intitulée Premières aventures. Les vrais amateurs de bande dessinée classique devraient être comblés ! Personnellement, je ne vois pas pourquoi la nostalgie devrait être une maladie honteuse. Si vous préférez les œuvres plus modernes, fuyez… mais vous ne savez pas ce que vous perdez…

15/05/2016 (modifier)