Conquistador (Van Linthout)

Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 6 avis)

Les derniers moments d'une star du blues.


Blues Musique [USA] - Dixie, le Sud-Est des USA

Un grand bluesman américain, Bud Leroy, va monter sur scène pour la dernière fois et donner son concert d'adieu, à Paris. Miné par la maladie, il a décidé de rentrer ensuite dans le pays de son enfance, ce Sud qu'il n'a plus revu depuis soixante ans, pour y vivre les jours qui lui restent. Assis dans un gros fauteuil, sa guitare Gibson Flying V appuyée près de lui, il se remémore sa vie passée… Et voilà qu'affluent soudain mille images, petites anecdotes sans conséquence et grands moments d'anthologie intimement mêlés, qui composent à la fois le portrait d'un homme, d'une époque et bien sûr d'une musique. Sous la forme de flash-back successifs, c'est toute l'histoire et la légende du blues qui se déroulent au fil des pages, du mythique guitariste Robert Johnson à nos jours en passant par Duane Allman, les années soixante et le secret de l'accordage dit "du Conquistador" - cette signature sonore si particulière des guitares noires dans le Delta du Mississipi… Le tandem expérimenté qui signe cet album, Georges Van Linthout (dessin) et Yves Leclercq (scénario) - déjà auteurs par ailleurs de la série Twins chez Casterman -, a lui aussi trouvé la bonne tonalité pour retranscrire avec émotion et pertinence les racines de la musique noire américaine. La présentation originale et soignée de Conquistador (planches travaillées au lavis, papier crème) vient par ailleurs accentuer avec beaucoup d'à-propos le côté vintage de l'album.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 06 Janvier 2005
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Conquistador (Van Linthout) © Casterman 2005
Les notes
Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 6 avis)
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06/03/2006 | Gillix
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L'avatar du posteur Noirdésir

L’histoire en elle-même manque sans doute de densité, de rythme – ou de rupture de rythme. Mais l’album se laisse lire plutôt agréablement. En effet, la narration est assez raccord avec le sujet, c’est un blues lent et noir. Une déclaration d’amour à une musique. Mais aussi une volonté de bien retranscrire l’univers dans lequel elle est née, s’est développée, à savoir le sud des États-Unis, le bayou, le racisme et la pauvreté des Noirs, plus esclaves, mais pas encore libres. Le dessin de Van Linthout est agréable, et surtout parfaitement adapté au thème de l’intrigue. Il use d’un Noir et Blanc jouant sur le gris, avec un travail au lavis, des crayonnés qui parfois surnagent : j’ai bien aimé le rendu, triste et très bluesy..

04/12/2023 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Georges Van Linthout est un grand amateur de blues, et son « Mojo » réalisé en compagnie de Rodolphe m’avait laissé sur le cul. Par conséquent, je ne pouvais passer à côté de cet album, construit sur la même thématique mais laissant plus de place à l’onirisme et surtout réalisé bien avant le « Mojo » susnommé. La lecture fut plaisante mais pas pleinement satisfaisante. En fait, tout m’est apparu trop vite expédié. Le dessin est agréable, le personnage principal est attachant, les anecdotes qui parsèment l’album sont bien dans l’esprit « blues » du Delta… mais le format est trop bref pour que les auteurs puissent vraiment s’attarder en route. Or, le blues, c’est avant tout une question de rythme, d’alternance -voire même de symbiose dans les meilleurs des cas- entre la désinvolture et l’urgence. Chose que je n’ai pas vraiment retrouvée ici. Le final est sans surprise mais cadre parfaitement avec l’esprit du récit. Voilà, c’est plaisant mais comme l’auteur a (à mes yeux, du moins) fait mieux depuis, je n’ai pas été subjugué. Et même son trait au lavis me semble aujourd’hui mieux maîtrisé qu’à l’époque. Conquistador est donc une bonne entrée en matière pour qui veut découvrir l’auteur dans sa version « blues » mais si vous ne devez acheter qu’une seule œuvre, optez plutôt pour « Mojo » qui est plus abouti à tous points de vue. De là à déconseiller l’achat, il y a une marge… Achat non déconseillé donc, mais pas prioritaire.

25/03/2013 (modifier)
Par Ems
Note: 3/5

Tout est relatif : cela s'applique aussi à la BD. J'ai lu il y a quelques mois Le Rêve de Meteor Slim, et je trouve que "Conquistador" ne tient pas la comparaison. L'ambiance est correcte mais sans plus. J'ai trouvé un manque de rythme au récit. Le dessin est original, on dirait qu'il est fait au crayon gris. Il est joli mais fait non fini. Je n'ai pas passé un moment inoubliable avec cette BD. L'ensemble est moyen selon mes goûts mais il plaira aux fans de blues.

09/06/2009 (modifier)
Par Cédiblue
Note: 4/5 Coups de coeur expiré

Si vous aimez le Blues et la BD alors celle-ci est à posséder de toute urgence. Les auteurs Belges nous plongent ici dans le « deep south » du début des années 20 à travers les souvenirs de « Bud Leroy », bluesman à l’apogée de sa gloire et tout proche de sa fin, racontant l’origine de son fameux accordage « Ebeebe » à un jeune guitariste blanc avide de connaissance. Tous les ingrédients du Delta Blues sont réunis ce qui montre que les auteurs connaissent bien leur sujet : mère fille, prison, prostitution, superstition, juke joint, alcool, ouragan, amour et sexe, talent scoot. On revit à travers ce récit, que les auteurs ont voulu décousu, toute l’histoire de cette musique du diable de ses débuts au British Blues Revival. Le héros est délibérément un patchwork des plus grandes figures qui la compose : Buddy Guy, Leroy Carr, BB King, Bo Diddley et même Jimmie Vaughan. On y croise également Muddy Waters et John Lee Hooker, sans oublier un long passage sur Robert Johnson et son mythe du Croosroad. Les auteurs n’oublient pas les origines hispaniques du Blues, et démontre à travers le fantôme du conquistador, que celui-ci n’est pas l’unique héritage des musiques africaines mais puise bien sa source dans la ségrégation comme le fait le Fado, et auquel on pourrait également citer le Tango ou le Jazz-Manouche. Certes, on pourra regretter un manque flagrant d’originalité dans la trame et un contenu historique emprunt de caricature, mais le trait crayonné de Van Linthout est à la fois précis et a ce qu’il faut de gras, pour nous faire plonger dans l’atmosphère moite et poisseux du Blues, comme un bon vieux riff de guitare… quelque soit l’accordage !

29/05/2009 (modifier)
Par Pierig
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Pierig

A travers le personnage de Bud Leroy, cette bd fait découvrir l’univers des bluesmen, ces afro-américains du sud pour qui la musique est plus qu’une échappatoire. Une vie pour la musique, pour témoigner des rudes conditions de vie de cette population longtemps dénigrée par les whitemen. Esclavage puis chômage, exclusion et alcoolisme suintent de ces quelques notes d’accords inspirées du boogie du Conquistador qui hante le bayou. Les crayonnés de Van Linthout dilués au lavis accentuent le côté brut et nostalgique du récit constitué par des flash back d’un homme en fin de vie. Bref, une lecture qui ne laisse pas indifférent et qui donne envie d’en savoir plus sur le blues, ses origines, ses influences, ses artistes. A découvrir !

06/11/2006 (modifier)
Par Gillix
Note: 5/5 Coups de coeur expiré

Voilà un album qui tranche dans les dernières sorties de son auteur... (mais oui, vous savez... Caméra café...) qualitativement! Tout au crayon, Van Linthout nous livre un travail graphique splendide. Allez, j'ose : et même à se taper le cul par terre tellement c'est bon... Mais de quoi cela parle-t-il, me demanderez-vous avec raison ? De la conquête du Mexique par les Espagnols ? De la chute de l'empire inca ? De la colonisation portugaise du Brésil ? Eh bien non ! Cela parle de musique... et de musique afro-américaine encore... En fait, cela nous parle du blues. Vous savez, cette musique des chanteurs blacks à la voix rauque, grattant sur des guitares pour exprimer leur mélancolie, leur vague à l'âme. Cet album nous parle de cette musique à la fois triste et puissante. Il nous parle d'un aspect de l'âme d'un peuple qui refuse de se laisser abattre. Il nous raconte par petites touches une partie infime de la grande histoire de cette musique. Enfin, il nous raconte la vie telle qu'elle a pu être dans les bayous du "deep south". Cette partie du monde où la vie d'un homme peut, selon la couleur de sa peau, valoir tout ou, plus souvent, ne rien valoir du tout. Alors je vous invite à vous choisir un album de cette musique, peut importe l'interprète, le compositeur, le chanteur, faites le tourner, et en écoutant cette musique si particulière, savourez ce livre ! Bien sûr que cela reste à vous de voir, mais quand même, ne passez pas à côté !

06/03/2006 (modifier)