Un Pacte avec Dieu (Un bail avec Dieu / Le Contrat) (Contract With God)

Note: 3.37/5
(3.37/5 pour 19 avis)

Deuxième partie de la trilogie du Bronx qui comprend également Dropsie Avenue. et Jacob le Cafard. Un homme trahi par Dieu décide de briser le pacte qu'il a passé avec lui.


Communauté juive Dans mon immeuble... Les coups de coeur des internautes New York Noir et blanc Will Eisner (1917-2005)

Frimme hersch rentre chez lui sous une pluie battante. Il vient d'enterrer sa fille adoptive, Rachèle. Cela n'aurait pas dû arriver. Car Frimme Hersch a signé un contrat avec Dieu. Il l'a signé tout gamin, alors qu'il fuyait la Russie en proie aux pogroms. Pensant avoir été réglo avec lui, il décide de briser ce pacte, et de devenir riche en reniant les valeurs qu'il a toujours respectées. Ainsi, il rachète son immeuble avec des actions qui lui avaient été confiées par la synagogue. Puis il rachète peu à peu d'autres immeubles, et devient très riche. Arrivé au sommet, il décide de redevenir vertueux. Mais c'est là que dieu le châtie, et Frimme meurt d'une crise cardiaque.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Avril 1982
Statut histoire One shot (Regroupé dans l'intégrale La Trilogie du Bronx) 1 tome paru

Couverture de la série Un Pacte avec Dieu (Un bail avec Dieu / Le Contrat) © Delcourt 1982
Les notes
Note: 3.37/5
(3.37/5 pour 19 avis)
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13/09/2004 | Spooky
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Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
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Désillusions - Ce tome comprend 4 histoires complètes et indépendantes, monochromes. La première édition est parue en 1978, sans prépublication. Il est écrit, dessiné et encré par Will Eisner (1917-2005), et est considéré comme le premier roman graphique aux États-Unis. The contract with God (60 pages) - Une pluie s'abat sans pitié sur le Bronx. Les égouts sont pleins et l'eau commence à montrer dans les virages. L'immeuble sis au 55 avenue Dropsie semble prêt à larguer les amarres et flotter dans le courant comme l'Arche de Noé. C'est l'impression qu'en a Frimme Hersh qui revient de l'enterrement de sa fille Rachele. Il est trempé jusqu'aux os et rentre chez lui au 55 Dropsie Avenue. Il se souvient de son enfance en Russie dans un petit village appelé Psike, près de Tiflis, et dans quelles circonstances il avait écrit les termes d'un contrat qu'il passait avec Dieu, sur une pierre un peu plus grande que sa main, qu'il avait toujours conservée avec lui. L'usage veut que ce récit (avec les 3 autres) constitue le premier roman graphique paru aux États-Unis, que Will Eisner ait inventé le terme ou plutôt qu'il ait popularisé cette expression apparue pour la première fois dans un article écrit par Richard Kyle en 1964. Toujours est-il que l'ambition de Will Eisner est bien présente dans son intention : réaliser des histoires en comics pour les adultes, à la fois dans la forme et dans le fond. Le lecteur découvre donc la vie de Frimme Hersh, juif russe, émigré aux États-Unis au début du vingtième siècle et intégré dans la communauté hassidique de New York. Il le voit se confronter à son deuil dont l'objet le conduit à remettre en cause sa foi. La pierre écrite sert de symbole de la foi de cet homme, et l'immeuble du 55 Dropsie Avenue devient un autre symbole. De fait, ce récit parle de foi, de doute, de mode de vie, de douleur, de deuil, sans affrontement physique, sans costume bariolé, sans aventure extraordinaire. Il s'agit de l'œuvre d'un auteur disposant déjà d'une expérience de vie de plusieurs décennies (Eisner a 61 ans quand il paraît), capable de prendre du recul, disposant d'un humour sophistiqué et piquant, et ayant une longue pratique de la bande dessinée. Dans un premier temps, le lecteur est frappé par la forme : 5 pages avec une unique illustration et un récitatif concis de quelques phrases. Ce n'est qu'à a sixième page qu'apparaît une bordure de case traditionnelle, et à la huitième page qu'il y a plusieurs cases. Sur 60 pages, près de la moitié (27) sont construites sur la base d'un dessin unique avec un texte concis. Au cours des autres pages, le lecteur peut observer l'usage de phylactère pour des dialogues ou des monologues, des suites de cases décrivant un mouvement, une action, des cases sans décors avec des hachures en arrière-plan ou un fond marron, des cases un peu penchées. S'il prend lui aussi du recul, il se rend compte que la narration visuelle présente une diversité significative, et est captivante du début jusqu'à la fin. L'auteur appuie régulièrement la dramatisation, tout en donnant l'impression de rester dans le naturalisme. Dans la deuxième page, le lecteur est frappé par la manière dont l'eau détrempe tout, alourdissant les vêtements de Frimme Hersh, s'accumulant sur la chaussée, ruisselant sur le mobilier urbain : effectivement il s'agit d'un véritable déluge, et ça s'empire encore dans les 2 pages suivantes. Ce niveau de pluie n'est pas impossible, mais reste improbable. Arrivé à la vingt-et-unième planche, le lecteur voit Frimme Hersh lever les bras au ciel dans un geste très théâtral pour prendre Dieu à parti. De temps à autre, un personnage peut se lancer dans un court monologue à voix haute, relevant également d'un dispositif théâtral. Eisner s'en sert comme outil pour mieux faire apparaître l'état d'esprit de son protagoniste, et le lecteur éprouve alors une forte sensation d'empathie, l'impliquant totalement dans ces émotions. Avec ce premier récit, Will Eisner fait un effort conscient de briser les formes habituelles des comics, pour avoir l'assurance que sa bande dessinée se démarque desdits comics, ne puisse pas être confondue avec la production industrielle de masse. Il brosse le portrait d'un individu attachant, malgré ses actes manquant d'humanité. Il fait preuve d'un humour pince-sans-rire et même cruel vis-à-vis de Frimme Hersh, et pas seulement dans la chute du récit. En creux, le lecteur peut percevoir également un jeu sur la manière dont les juifs pouvaient être caricaturés. S'il a déjà lu des œuvres ultérieures de cet auteur, le lecteur peut voir en quoi sa narration n'est pas encore aboutie. Si c'est son premier contact avec les romans graphiques de Will Eisner, il peut déjà découvrir toute la personnalité de sa narration visuelle, et l'équivalent d'une nouvelle pour adulte, d'une bonne pagination. - The Street Singer (28 pages) - Au début des années 1930, la majeure partie des citoyens se débattent dans la Grande Dépression. Dans ce quartier de Brooklyn, Eddie, chômeur sans le sou, chante en bas des immeubles en espérant qu'un locataire lui jette une pièce ou deux. Un jour, une femme laisse tomber un petit mot qui tombe dans son chapeau. Elle l'invite à monter chez elle. Une fois Eddie installé à table, elle lui sert un repas et se présente sous le nom de la diva Marta Maria. Elle lui dit qu'il a une voix d'or et qu'elleval'aider à faire carrière sous le nom de Ronald Barry. Dans cette histoire d'une pagination moitié moindre, le lecteur découvre 2 autres habitants du quartier autour de Dropsie Avenue. Il est à nouveau saisi par l'humanité vraie et faillible des 2 principaux personnages : Eddie résigné à gagner misérablement sa vie, Sylvia Speegel (la diva Marta Maria) regrettant ses belles années passées et voyant en Eddie l'espoir de retrouver les chemins de la gloire. Ils ne sont ni ridicules, ni pitoyables, mais très imparfaits. En particulier, le lecteur peut voir Eddie dans sa famille et s'il comprend sa violence, il ne peut pas la cautionner. La narration visuelle est à nouveau épatante, d'une incroyable finesse, avec un jeu d'acteur donnant l'impression du naturalisme, tout en faisant régulièrement usage des conventions du théâtre. Will Eisner fait montre d'une cruauté exquise avec ses personnages, englués dans leurs habitudes comportementales, vaguement conscients de leurs limites, assez pour vouloir s'extirper de leur condition, pas assez pour comprendre qu'ils reproduisent les mêmes schémas. Il s'agit bien d'une nouvelle, une courte comédie dramatique, irrésistible, avec un auteur portant un regard pénétrant et acéré sur ces 2 individus. - The Super (28 pages) - Monsieur Scuggs est le concierge du 55 Dropsie Avenue. Il est d'origine allemande, animé par un sentiment antisémite, célibataire avec un chien. Il a le crâne rasé, une mine renfrognée et une solide carrure. Il se montre peu commode avec les locataires, et vit seul dans un petit logement à l'entresol à côté de la chaudière. Dès la deuxième page, le lecteur est frappé par la sensation de vie et de familiarité qui se dégage du dessin de plain-pied de Scuggs et de son chien Hugo. Il a l'impression d'avoir déjà croisé cet individu, ou de pouvoir le croiser sur un trottoir. Will Eisner en fait un être humain à part entière, avec son langage corporel propre, ses expressions de visage, sa manière de marcher, ses choix vestimentaires. Il est antipathique au premier regard et dans façon de se servir de sa stature pour intimider les locataires, et dans le même temps très sympathique du fait de son métier qui l'oblige à servir des individus qui ne voient en lui que le représentant méprisable du propriétaire inaccessible, contraint de leur donner satisfaction avec les maigres moyens mis à sa disposition et horriblement seul. Le récit le nécessitant plus, l'artiste représente plus les décors. Il donne une consistance incroyable aux parties communes de l'immeuble, au minuscule appartement de Scuggs, à la chaudière, à la fois par leur texture et leur véracité. Il s'agit à nouveau d'un drame poignant et immoral, faisant la démonstration de l'humanisme de l'auteur, de sa capacité à faire s'exprimer le caractère profond de chaque être, et de s'élever loin au-dessus de tout manichéisme, sans aucune trace d'angélisme. - Cookalein (56 pages) - L'été arrive dans Dropsie Avenue, et plusieurs locataires vont partir en vacances dans les proches montagnes. Fannie va emmener ses 2 enfants pendant que son mari Sam reste à travailler. La standardiste Goldie s'y rend aussi pour essayer de mettre le grappin sur un riche célibataire. Benny, jeune vendeur, s'y rend dans une décapotable qu'il a loué, dans l'espoir de mettre le grappin sur une jeune femme d'une riche famille pour entrer dans les affaires de son père. Avec un tel début, le lecteur se doute que le récit sera plutôt à la comédie qu'au drame, même si la tragédie finit par pointer le bout de son nez. Le lecteur se projette tout de suite dans le quartier, avec les cordes à linge entre les immeubles, les 2 ménagères en train de se parler d'une fenêtre à l'autre, les meubles basiques des petits intérieurs. Il se rend ensuite à la gare avec la famille de Fannie, et s'installe sur les larges banquettes du wagon. Il prend ensuite les voitures collectives pour rallier la pension. Puis il découvre la salle commune de repas, les chambres spartiates, la cuisine commune, la grange. La reconstitution est aussi plausible qu'évocatrice. Les personnages sont toujours aussi vivants, familiers et différenciés, avec une expressivité extraordinaire, sans qu'ils ne deviennent des caricatures. Le lecteur observe le ballet des interactions, le jeu des relations sociales, l'aspiration des uns et des autres, la réalité qu'ils découvrent, les pulsions sexuelles, les petits arrangements avec les faits. Le résultat est une extraordinaire comédie vivante et drôle, ainsi qu'une peinture élégante et pénétrante de la comédie humaine dans ce microcosme savoureux et réaliste.

09/04/2024 (modifier)
L'avatar du posteur bamiléké

L'Art comme forme de catharsis. Après un long silence du à ses activités militaires, Eisner revient bouleverser le monde du Comics assis sur ses lauriers jaunissants . Bouleversant! Ce formidable dessin de Frimme Hersh gravissant péniblement l'escalier sous une pluie diluvienne, c'est Will Eisner qui pleure toutes les larmes de son corps la mort de sa fille Alice. Peut il y avoir d'oeuvre plus intime que ce "Pacte avec Dieu" ? " les plus desespérés sont les chants les plus beaux" avais-je déjà emprunté. Ce récit en est l'illustration la plus visible. Le scénario est bâti sur la révolte et le combat intime d'un homme touché dans ce qu'il a de plus précieux à la fois en extérieur à lui, son enfant, et à l'intérieur de lui-même, sa croyance. Eisner n'a peut-être pas inventé le terme de roman graphique mais cette oeuvre me renvoie tellement aux romanciers français de la fin du XIXeme siècle que pour la première fois je le comprends pleinement. Il y a du Balzac,du Maupassant et surtout du Zola chez Eisner. Cette comédie humaine est d'un cynisme et d'une cruauté que l'on rencontre quand il s'agit de survie. Le chanteur de rue pourrait sortir de "L'Assomoir" et Maralyn de Madame Bovary. Que dire du dessin? Eisner est un maître qui peint la rue et ses habitants comme nul autre. Quelle universalité! Car ces ambiances à la"Clochemerle" ont toujours existées et existent toujours dans ces immeubles-villages où un secret n'est jamais longtemps un secret. Dans cette oeuvre Eisner allie le graphisme très haut de gamme à l'observation lucide et chirurgicale de son environnement y ajoutant une émotion interne extraordinaire. Du grand art.

16/02/2022 (modifier)
Par Benjie
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Benjie

Cet album nous transporte dans le Bronx des années 1920-1930, à une époque où le quartier se transforme sous les yeux de ses habitants pour accueillir toujours plus de familles. Et la vie de tous les jours se déroule sous nos yeux… Will Eisner, qui est un de mes auteurs préférés, sait traduire tout en sensibilité et subtilité l’ambiance de son quartier dans lequel on sent que le fragile équilibre social. Chaque histoire est humaine et semble, au premier abord, d’une grande simplicité : juste un petit morceau de vie, juste l’histoire d’une famille comme les autres, juste un petit incident. Mais à bien y regarder, on perçoit qu’en réalité Eisner aborde des questionnements humains profonds et éternels. Avec un rien de cynisme, il dépeint des destins d’hommes et de femmes, leurs rapports à la chance et à la malchance, leurs liens avec la religion, les effets de la réussite sociale sur un individu et de la déchéance, chez un autre. Les albums de Will Eisner me font penser aux films de Woody Allen dans leur traitement de sujets éternels sur fond de vie quotidienne. C’est profondément humain, intelligent et empreint d’humour, le tout servi par un dessin magnifique et précis.

13/09/2021 (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

Après Le Spirit que je connaissais depuis longtemps, puis New York trilogie (Big City), Fagin le Juif et L'Appel de l'Espace, je me décide à boucler la cinquième Bd de Will Eisner pour obtenir enfin ce trophée Eisner. J'avoue m'être forcé un peu, n'ayant jamais été fan de cet auteur et n'ayant jamais trop accroché à ses oeuvres. La seule Bd qui à la rigueur m'a plu, c'est Le Spirit que j'avais découvert en couleurs dans le journal Tintin à la fin des années 70, et dont j'ai ensuite lu les intégrales en noir & blanc, mais honnêtement, je ne cours pas après... Il parait que ce Pacte avec Dieu est le premier roman graphique paru aux USA en 1978, popularisant ce terme apparu pour la première fois sous la plume d'un journaliste en 1964. Bon, moi je veux bien le croire, et il est vrai que Eisner brise la forme habituelle du comics à petites cases par la forme de ses cadrages, sa mise en page et l'usage qu'il fait des bulles ; j'avais déjà remarqué ça dans Le Spirit avec des bulles décoratives et très inhabituelles. C'est un récit assez édifiant qui semble vécu et observé, on sent que Eisner y injecte des souvenirs personnels en restituant l'ambiance d'une époque qui est celle des années 30 dans les quartiers pauvres de New York, ça parle de la vie quotidienne dans ces quartiers, de joie, de douleur, de foi, de colère et de misère, bref des historiettes relatant des tranches de vie agrémentées d'un humour spécifique. L'ennui, c'est que je n'ai pas été sensible à ces récits, ils ne m'ont pas du tout passionné (à part la construction des buildings , c'est trop peu), les personnages ne m'ont pas interpellé, rien ne m'a attiré dans ces histoires qui en plus sont une forme un peu hybride de bande dessinée. En effet, ça s'apparente plus à une suite de dessins illustratifs et de récitatifs ; sur une soixantaine de pages, près de la moitié sont agencées avec un dessin en forme de panel et un texte concis. Ce n'est donc pas le style de BD auquel je m'attendais. Le dessin en lui-même est bon, rien à dire, mais la teneur des récits m'a laissé indifférent, décidément avec Eisner, j'ai pas de chance, je termine mon complément d'exploration de son oeuvre par un album qui ne m'a pas intéressé, et je ne pense pas lire ou relire un de ses ouvrages à l'avenir.

21/10/2020 (modifier)
Par gruizzli
Note: 3/5
L'avatar du posteur gruizzli

Je crois que je rangerais cette BD dans la même veine que ce que j'ai découvert avec New-York trilogie, c'est-à-dire un auteur pionnier du genre Roman graphique, qui a su attirer un nouveau public américain vers une forme de bande-dessinée hors-norme pour l'époque. Mais aussi un auteur qui me semble moins pertinent vu depuis notre terre d'outre-Atlantique, où ce genre de forme est plus courant et que je me retrouve donc "seulement" face à une Bd qui a des bons atouts mais qui ne sort pas particulièrement du lot. C'est un peu le souci que j'ai avec les différentes BD de Will Eisner que je lis en ce moment : je les trouve biens, très biens même, avec ce dessin qui est toujours fluide, très souple dans les postures et les attitudes, avec des planches aux compositions originales et des recherches graphiques parfois bien trouvées. Mais également un auteur dont les histoires me semblent souvent sympathiques sans grand plus, et efficaces plutôt que marquantes. Elle ne sont pas niaises ni trop courtes, mais pour la réputation de l'auteur je me retrouve face à quelque chose de moins impactant que je ne l'aurais cru. Et ce qui me dérange, c'est que j'ai au final l'impression de critiquer un travail que j'ai apprécié. Mais c'est surtout dû à l'aura que Will Eisner continue de dégager dans le monde de la BD (surtout Américaine) et que je n'arrive pas à trouver si fantastique que ça. C'est un auteur de talent, un auteur qui a des belles trouvailles, surtout visuelles, mais cette BD ne me laisse pas un souvenir impérissable. Je continuerai cependant de lire sa bibliographique qui m'a l'air toujours aussi attrayante.

13/11/2019 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

A noter que j’ai lu la version éditée en petit format par Glénat, sous le titre « Le Contrat ». Je ne sais donc pas ce qui a pu être modifié dans les éditions ultérieures (mis à part le titre). En quatre chapitres (les passages BD alternent avec des présentations relevant davantage du texte illustré), Eisner nous brosse le portrait d’un quartier de New-York, de certains de ses habitants, de ses immeubles. On sent le vécu, et l’auteur s’inspire visiblement de son expérience. Mais voilà, si le dessin est bon et dynamique, dans un Noir et Blanc classique, les histoires sont, elles, moins captivantes. J’ai parfois eu l’impression qu’il survolait les personnages, se contentant de pointer quelques passages de leur vie, sans leur donner de la profondeur (par exemple avec le personnage de la première histoire, réfugié des pogroms russes, et passant trop facilement de la victime au magnat, puis au donateur, sans crédibilité ni nuance). Ces petits instantanés d’Eisner, fruits de son vécu ou de ses observations, se laissent lire facilement, mais oublier tout aussi rapidement hélas. Je reste clairement sur ma faim, et n’ai pas encore trouvé l’album d’Eisner qui justifie qu’on le porte aux nues. Son style de roman graphique n’est sans doute pas fait pour moi…

04/02/2019 (modifier)
Par sloane
Note: 3/5
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Le roman graphique qui marque le retour de Will Eisner. Pour ce faire il se replonge dans ses souvenirs d'enfance dans le Bronx et nous livre quatre histoires qui tournent autour d'un immeuble de ce quartier. Le dessin est égal à lui même, fluide, aéré, il semble simple mais arrive à décrire de manière parfaite les ambiances et possède une grande expressivité. Voilà un auteur qui fait aimer le noir et blanc, pas besoin d'autres artifices pour que ça fonctionne. En ce qui concerne les histoires, elles sont simples et avec des gens ordinaires racontent des tranches de vie ordinaires. Il faut les prendre comme des instantanés sur une époque révolue. C'est parfois un peu vieillot, emprunt de nostalgie, heureusement qu'il y a un peu d'humour pour faire passer l'ensemble, car il est vrai que les situations et les personnages sont à des lieux de se que nous connaissons. Pas le plus grandiose d'Eisner mais une bonne observation des moeurs du temps.

15/02/2015 (modifier)
Par Blue Boy
Note: 3/5
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On retrouve dans ce recueil de quatre histoires courtes le thème de prédilection de Will Eisner : la vie quotidienne des petites gens dans le New York de sa jeunesse. Eisner, inventeur du « roman graphique », a l’art de se poser en observateur des mœurs de ses concitoyens en les retranscrivant à la manière d’un fabuliste, et on peut dire que ce n’est pas toujours joli joli... L’auteur nous propose une vision pessimiste de l’âme humaine, en pointant un projecteur sur ses ressorts les moins glorieux : arrivisme, cupidité, duplicité, luxure, jalousie et leur cohorte de mesquineries et de coups bas (même les enfants ne sont pas absous)… Ces quatre petits contes modernes ont les défauts de leurs qualités. Fluides et schématiques, ils ont un côté caricatural jusqu’à en être parfois un brin agaçants. Cette production, qui marquait le retour de Will Eisner à la bande dessinée dans les années 70, après une longue parenthèse, n’est sans doute pas ce qu’il a fait de mieux. On ne pourra toutefois pas contester son coup de crayon enlevé qui souligne à merveille les travers des personnages, faisant en quelque sorte de cet auteur le descendant américain d’Honoré Daumier.

07/12/2013 (modifier)
Par Pasukare
Note: 2/5
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Je rejoins complètement l'avis de Ro sur cette BD. C'est la première de Will Eisner que je lis et je ne suis pas vraiment emballée. Je m'attendais à nettement mieux vu tout le bien que j'avais entendu de cet auteur. Je ne reproche rien au dessin qui est très bon, tout en noir et blanc, à la limite de la caricature parfois, clair, précis et détaillé. La narration est fluide, ça se lit très bien, on apprend des choses intéressantes sur les premiers immeubles construits dans les années 30 dans le Bronx et je suis contente d'avoir au moins retenu ça de ma lecture. En revanche les histoires en elles-mêmes ne m'ont pas captivée du tout, j'ai trouvé ça assez inintéressant et ennuyeux, très décousu pour la dernière. Il y a un peu d'humour de temps en temps qui est le bienvenu mais ça ne suffit pas. N'étant pas adepte du roman graphique d'une manière générale, ceci explique peut-être cela... Je ne pense pas que je tenterai ma chance avec une autre production de ce "monument" de la BD.

13/11/2011 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5
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Première BD de Will Eisner que je lis, et j'avoue que c'est une très bonne surprise. J'appréhendais un peu ma "rencontre" avec le "père du roman graphique". Car il est des monuments qui malgré leur aura vous plongent dans de cruelles déceptions. Et là ma foi, c'est même le contraire qui s'est produit. Le feuilletage de cet album ne m'avait pas motivé plus que ça. C'est vraiment à sa lecture que le talent d'Eisner s'est révélé petit à petit. C'est avant tout son coup de crayon et la composition de ses planches qui forcent le respect. Son trait fluide est d'une précision et d'une expressivité impressionnantes, malgré une nonchalance et une fausse simplicité. C'est d'une justesse rare, et les personnages qu'il décline sont du coup emprunts d'une grande humanité. Car c'est aussi ce qui a forgé la réputation de Will Eisner, cette capacité à la "mise en scène de la vie quotidienne " (pour reprendre le titre de l'ouvrage du sociologue américain Erving Goffman). C'est en partant du quartier du Bronx qu'il a bien connu, qu'Eisner nous compose une véritable comédie humaine à travers de courtes histoires vraiment réussies. On est pris par le quotidien et les péripéties de ces personnages, que ce soit leurs peines ou leurs petits bonheurs. Eisner : une réputation qui n'est pas usurpée et qui mérite plus qu'une lecture ! N'hésitez vraiment pas si cet album vous passe entre les mains !

04/03/2011 (modifier)