Dropsie Avenue

Note: 3.86/5
(3.86/5 pour 7 avis)

Dropsie Avenue clôt la trilogie du Bronx entamée avec Un pacte avec Dieu et Jacob le Cafard. Avec beaucoup d’humour, Eisner dresse le portrait d’une rue imaginaire mais ô combien représentative de la réalité américaine


Kitchen Sink Press Les meilleurs comics New York One-shots, le best-of Will Eisner (1917-2005)

Dans ce dernier volet de la trilogie du Bronx, Will Eisner retrace avec humour et sensibilité le paysage social de Dropsie Avenue, une rue imaginée et nourrie des souvenirs de l’auteur. À travers quatre siècles d’immigration, durant lesquels Hollandais, Anglais, Irlandais, Juifs, Afro-Américains et Portoricains ont construit l’identité américaine, ce maître du 9e art lègue aux générations futures une œuvre incontournable. Texte : Delcourt.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Août 1995
Statut histoire One shot (Regroupé dans l'intégrale La Trilogie du Bronx) 1 tome paru

Couverture de la série Dropsie Avenue © Delcourt 1995
Les notes
Note: 3.86/5
(3.86/5 pour 7 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

24/07/2007 | Erik
Modifier


L'avatar du posteur bamiléké

Will Eisner nous plonge dans l'histoire intime d'un bloc d'immeubles qui lui tient particulièrement à coeur, Dropsie Avenue dans le Bronx. Cent années de hauts et de bas, de drames et de petits miracles, d'ombres et de lumières de la société américaine analysée au ras de bitume. Ces "héros" ont des destins qui se croisent avec la fluidité de narration propre à Eisner. Certains personnages (Abie, Izzy) assurent le lien entre les périodes et donnent de la cohérence au récit. Un récit digne de "Forrest Gump" où la grande histoire des USA influence en bien ou en mal les petites histoires du quotidien. Malgré les côtés sombres (drames domestiques, corruption, dealers, racisme) Will Eisner met en valeur les meilleurs côtés de la volonté énergique américaine, métissage (Juif-Catho, Blanc-Noir...), résilience et vitalité devant l'adversité, ascenseur social grâce au mérite. Le message est clair, même dans l'adversité même quand tout s'écroule il y aura toujours un moment où tout peut renaître et repartir. Comme toujours la forme est du plus haut niveau. Dessins, découpages, éclairages, fluidité nous sommes partout au sommet. Une lecture très réconfortante et agréable.

06/05/2022 (modifier)
Par Benjie
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Benjie

Cette histoire a pour décor une rue imaginaire du Bronx - Dropsie avenue – dont les habitants ont peuplé l’enfance et la jeunesse de Will Eisner. Le postulat de départ est, pour moi, d’emblée intéressant. Je ne me lasse pas des tranches de vie racontées et dessinées par Will Eisner dont le talent ne se dément pas au fil des albums. J’aime ses récits, ses personnages au caractère haut en couleur, évoluant dans la simplicité de leur quotidien. Un peu comme dans un film passant en accéléré, on assiste à une succession de vagues migratoires qui s’installent, s’approprient les lieux au grand dam de la précédente génération, puis voient arriver d’un mauvais œil la vague suivante qui, après un temps de cohabitation plus ou moins facile, finit par les remplacer. Ceux qui s’en sortent par le haut quittent le Bronx pour un autre quartier de New York où devrait les attendre une vie meilleure. C’est l’histoire du peuplement de New York qui défile sous nos yeux. Le quartier, lui aussi, évolue au fil des générations : les vieilles bâtisses disparaissent, des immeubles les remplacent. L’album est plus attaché au quartier qu’aux personnages auxquels on a à peine le temps de s’attacher. Les guerres mondiales, la crise économique des années 30, l’évolution technologique et industrielle, la politique, les syndicats marquent la vie et changent le visage de la rue. J’ai vraiment beaucoup aimé cette « une biographie d’une rue de Bronx ». Will Eisner est un très grand auteur, sa vision truculente de la société est un régal. Et ses dessins aussi. D’une grande élégance et d’une grande finesse, ils gagnent en liberté et en énergie en s’affranchissant du cadre. Une très belle histoire de voisinage.

18/12/2021 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5
L'avatar du posteur PAco

Originale idée de prendre pour personnage principal une rue New Yorkaise... Car ici, Will Eisner se sert de ce point de vue pour nous brosser le portrait des Etats Unis et de son évolution sociale depuis 1870. Les familles défilent, le quartier évolue, l'immigration est constante et les problèmes qu'elle pose récurrents, même si chaque fois les origines des personnes stigmatisées est la seule donnée qui change. A partir de cette rue, tout ce qui fait la richesse et la déchéance d'une vie et d'une ville se met petit à petit en place. On découvre de nouveaux personnages, de nouvelles magouilles, de nouveaux bonheurs et d'autres déceptions. Brique après brique il construit son édifice de façon très intelligente. Rien n'échappe à son regard ; pauvreté, ascension sociale, politique et trafics, violence conjugale ou des gangs, racisme, amour, folie... la palette sociale et sociétale qu'il utilise balaye large mais en profondeur. Et c'est de la plus belle des manières qu'il nous dessine tout cela. Son trait si reconnaissable est d'une grande fluidité et expressivité. J'aime également sa façon de composer en s'affranchissant des cases lui laissant un champ immense pour construire ses planches. Il sait manier le noir et blanc comme peu en sont capables pour renforcer les émotions qu'il plante dans ses décors à coup de personnages vivants et de fortes tranches de vie . Car c'est vraiment ça qui ressors de cette BD : la vie avec tout ce qu'elle comporte de menus plaisirs mais aussi de désagréments ou de douleur.

23/11/2012 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
L'avatar du posteur Gaston

Dans la trilogie du Bronx d'Eisner, 'Dropsie Avenue' est mon préféré. Cela vient du fait que non seulement on rencontre des personnages très humains, mais en plus on voit l'histoire et l'évolution de ce quartier. Je trouve que c'est un bon concept et j'ai adoré voir les différents habitants qui sont la plupart du temps des immigrants qui sont parfois confrontés au racisme comme, par exemple, une famille allemande pendant la seconde guerre mondiale. Il y a tout de même une chose que je reproche à cet album : on ne s'attache pas aux personnages ! Ils disparaissent souvent quand je commence à les aimer et c'est un peu frustrant.

18/06/2008 (modifier)
Par Alix
Note: 2/5
L'avatar du posteur Alix

Ca alors, je suis étonné en lisant les avis ci-dessous. Autant j’avais trouvé Un Pacte avec Dieu « pas mal ». Autant j’avais trouvé Jacob le Cafard « franchement bien ». Autant là je me suis profondément ennuyé à la lecture de ce pavé. J’ai trouvé ça trop austère, trop didactique. Il s’agit presque d’une livre d’histoire sur l’évolution sociale et politique des USA. Ca parle élus locaux, immobilier, taxes, magouilles, etc… Il est impossible de s’attacher aux personnages, faute à la nature même de la narration : l’histoire couvre 4 siècles, et avance donc très très rapidement… des personnages apparaissent, prospèrent ou souffrent pendant quelques pages, puis hop, on passe à la génération suivante, à de nouveaux personnages. En fait j’ai l’impression que plus Will Eisner avançait dans son travail, plus il s’éloignait des aspects humains pour se focaliser sur le côté historique. J’avais trouvé le 1er titre de cette trilogie, Un Pacte avec Dieu, justement trop léger, trop terre à terre. Puis le 2ème, Jacob le Cafard avait introduit de nombreux faits historiques intéressants, tout en restant très humain. Mais voila, ce 3ème volume rompt selon moi cet équilibre parfait, et se concentre trop sur les faits historiques. Bon, c’est bien documenté, et intéressera sûrement beaucoup de gens. Mais ma lecture a été un vrai calvaire. :(

30/05/2008 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
L'avatar du posteur Erik

Dropsie Avenue, c'est une rue imaginaire nourrie des souvenirs d'enfance de Will Eisner à travers 4 siècles d'immigration durant lesquels Hollandais, Anglais, Irlandais, Juifs, Afro-Américains et Portugais ont construit l'identité américaine. Nous suivons ici l'évolution d'un quartier en mutation permanente. L'auteur retrace la trajectoire sociale de la mythique avenue depuis 1870 alors qu'elle n'était qu'un vaste carrefour du Bronx délimité par quelques fermes. Ce n'est pas une Amérique glorifiante que Will Eisner décrit mais celle qui souffre dans les rues miséreuses. Une vérité historique saisissante que cette survie en milieu urbain. C'est un véritable regard humaniste que pose l'auteur avec une sensibilité qui le caractérise. Le scénario semble s'effacer car ce qui compte c'est de découvrir l'évolution de ce quartier et ce qui forge son identité. L'auteur s'affranchit du format des cases: c'est d'une véritable audace graphique! Cet album est le dernier d'une trilogie commencée en 1978 par Un Pacte avec Dieu. Suivra plus tard le combat existentiel d'un Jacob le Cafard. J'ai pris du plaisir à découvrir cette trilogie dressant le portrait d'une Amérique multiculturelle de la fin du XIXème siècle à nos jours. Vous également, vous le serez! :) Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 4/5 - Note Globale: 4/5

24/07/2007 (MAJ le 23/04/2008) (modifier)
Par Ems
Note: 5/5 Coups de coeur expiré

Un énorme coup de coeur pour cette BD. Quel talent : en contant la vie d'une avenue, c'est l'histoire des Etats Unis que l'on revisite. Cette bd se lit sans que l'on se rende compte du perpétuel changement des personnages au fil des époques. Bien sur, il y a des liens parents, sociaux, ethniques entre eux. Le scénario ne se veut pas moraliste mais réaliste sur les comportements humains au fil des ages. On dirait un échantillon de labo qui serait en observation, dans le but de comprendre ce qu'il se passe à plus grande échelle. C'est tellement dense que ça ne se raconte pas. Il y a de l'humour, des personnages détestables, de la romance, etc.... Il doit y avoir de tout dans ces pages !!! Le dessin N&B est un modèle du genre, le découpage parfois original mais toujours efficace. Une vraie merveille qui finira par trouver son public.

17/01/2008 (modifier)