Jacob le Cafard (55 Dropsie avenue, le Bronx) (A life force)

Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 9 avis)

Première partie de la trilogie du Bronx comprenant également Un pacte avec Dieu et Dropsie Avenue. Initialement publié sous le titre "55 Dropsie avenue, le Bronx", tome 2 de la série Big City. Les aventures de Jacob Shtarkah, un juif new-yorkais qui compare son existence à celle d'un cafard.


1930 - 1938 : De la Grande Dépression aux prémisces de la Seconde Guerre Mondiale Dans mon immeuble... Kitchen Sink Press New York Will Eisner (1917-2005)

Jacob Starkah est le personnage central de cette oeuvre, chronique poignante de la survie des différentes classes sociales dans le quartier du Bronx au moment de la grande dépression de 1929 aux USA. Will Eisner est au summum de son art, dans ce qui constitue son premier véritable récit complet. Découvrez son histoire, et celle d'autres locataires du 55 avenue Dropsie.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Octobre 1987
Statut histoire One shot (Egalement regroupé dans les intégrales Big City et La Trilogie du Bronx) 1 tome paru

Couverture de la série Jacob le Cafard (55 Dropsie avenue, le Bronx) © Delcourt 1987
Les notes
Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 9 avis)
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28/10/2006 | Spooky
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Par Présence
Note: 4/5
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Vivre quoi qu'il en soit - Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre. Dans la bibliographie de son auteur, il est paru entre L'immeuble (1987) et Au cœur de la tempête (1991). La première édition date de 1988. Il a entièrement été réalisé par Will Eisner (1917-2005) : scénario et dessins, avec des nuances de gris. Cette histoire comporte 140 pages de bande dessinée. Pourquoi est-ce que toutes les créatures sur Terre se démènent tellement pour vivre ? Certainement pour satisfaire une mystérieuse force de vie. En 1929, une crise économique sans précédent a plongé les habitants du monde occidental dans une lutte pour la survie, alors qu'avant ils avaient la certitude de pouvoir améliorer leurs conditions de vie matérielle. Au milieu des années 1930, trois événements mineurs survinrent. Le premier : Jacob Shtarkah a achevé la construction d'une pièce d'études dans une école juive, après 5 ans de travail. Le rabbin lui indique que le travail est fini et que cette pièce portera le nom de Yetta & Morris Goldfarb. Jacob Shtarkah s'en va et dans la rue il se rend compte qu'il n'a plus rien à faire, plus de raison pour vivre, qu'il ne vaut pas mieux qu'un cafard. Ruminant ces pensées, il tombe par terre victime d'une attaque. Le deuxième : Rifka Shtarkah prépare l'appartement pour le shabbat et (le troisième) elle fait tomber un cafard par la fenêtre, qui aboutit juste à côté de Jacob, 2 étages en dessous. Jacob le considère alors que le cafard est sur le dos et qu'il agite ses pattes dans tous les sens, animé par cette force de vie. Toujours incapable de se relever, Jacob Shtarkah regarde le cafard s'agiter et se rend compte qu'il est habité par la même force de vie. Après s'être interrogé pour savoir si Dieu a créé l'homme ou l'homme a créé Dieu, il entend la voix de sa femme qui l'appelle. Il se lève et monte les marches jusqu'à l'appartement ; le cafard parvient à se remettre sur ses pattes par ses propres moyens. Depuis une clinique de Manhattan, Daniel Shtarkah appelle sa mère Rifka. Il présente ses excuses de ne pas pouvoir venir pour le shabbat, évoque sa fiancée Theresa. Sa mère insiste pour qu'il vienne, sans Theresa, et elle fait mine d'avoir un malaise, tout en continuant à cuisiner, afin de culpabiliser son fils qui finit par céder, trop inquiet. Le lendemain le rabbin Bensohn demande à Jacob Shtarkah de lui aménager une pièce pour sa femme impotente. Jacob est aux anges car il a à nouveau du travail. Les 2 pages suivantes présentent de courts extraits de journaux évoquant la crise de 1929, le chômage, les émeutes de la faim, une invasion de mites à Manhattan. Dans le même immeuble de Dropsie Avenue, Rifka (la mère de Rebecca) demande à leur voisin Elton Shaftsbury, un goy, de venir allumer les lumières et mettre le four en marche le jour de shabbat. Cette histoire fait partie de la trilogie du Contrat avec Dieu : Le contrat avec Dieu (1978), Jacob le cafard (1988), Dropsie Avenue (1995). Lors de la première scène le lecteur comprend cette place, avec Jacob s'interrogeant sur la nature de la relation entre Dieu et les humains. Il comprend également le titre français qui rapproche le personnage d'un cafard puisqu'ils sont mus par la même force de vie. Le récit se déroule majoritairement en 1934, avec quelques séquences évoquant le passé. Il met en scène des habitants d'un immeuble de la rue fictive Dropsie Avenue, majoritairement juifs, Will Eisner mettant ainsi à profit ses propres souvenirs d'enfance. Il est donc question des préparatifs pour shabbat et le lecteur remarque l'utilisation de quelques mots de yiddish. Pour exposer le contexte économique de l'époque, l'auteur recourt à des facsimilés d'articles de journaux, de courts extraits d'un ou deux paragraphes, ainsi qu'une page de chronologie sur les aléas de la météo à New York en 1934 (des périodes très froides, entrecoupées de journées anormalement chaudes). D'un côté, le lecteur de bande dessinée a tendance à se crisper quand il se retrouve à lire des pages de texte ; de l'autre côté les aléas de la vie des personnages sont indissociables du contexte économique de l'époque. Will Einser trouve le juste milieu entre une reconstitution visible dans les tenues vestimentaires, les décors et les objets du quotidien, et des événements avec une touche romanesque. S'il a le titre français en tête, le lecteur présuppose qu'il va suivre la vie de Jacob Shtarkah pendant une période indéterminée. Il fait effectivement connaissance avec son épouse Rifka, son fils Daniel et sa fille Rebecca, le voisin Elton Shaftsbury, un autre couple de l'immeuble Angelo & Marie, un mafieux Moustache Pete, et quelques autres. L'artiste a toujours ce don extraordinaire pour donner vie à chaque personnage, quel que soit le nombre de pages où il apparaît (le temps d'une séquence ou pendant tout le récit), par sa tenue vestimentaire, son physique, les traits de son visage et sa coupe de cheveux, son langage corporel expressif et conçu sur mesure pour chacun d'entre eux. Par rapport au Contrat avec Dieu, Wil Eisner a choisi des mises en scène reposant moins sur une forme théâtrale avec 2 personnages en train de parler sur un fond vide, et de donner plus d'importance aux décors, très détaillés ou simplement évoqués. Le lecteur se projette avec facilité dans cette époque à New York, dans les rues des différents quartiers (quartier d'habitation populaire, quartiers des affaires) et les différents intérieurs : la pièce consacrée à l'étude à la synagogue, le modeste appartement des Shtarkah, une vue aérienne de Manhattan, une patinoire, un bureau de courtiers, une entreprise de scierie. Les traits de contour de Will Eisner sont toujours aussi magiques : une précision accompagnée par un délié donnant la sensation de spontanéité et de vie incroyable. La narration visuelle est une évidence de chaque case, avec des êtres humains uniques, chaleureux, sympathiques même dans leur moment de détresse. Progressivement, le lecteur comprend qu'il s'agit d'un récit choral, les personnages étant introduit au fur et à mesure, avec un lien direct ou indirect avec Jacob Shtarkah. Rapidement, le lecteur oublie le concept de force de vie pour se plonger dans ce roman et côtoyer des individus étonnants. Il sourit bien sûr en découvrant Rifka Shtarkah se livrer à une comédie dans son appartement pour faire croire à son fils à l'autre bout du fil, qu'elle a fait un malaise. Will Eisner met en œuvre un humour juif auto-dépréciateur, sans tomber dans la caricature de la mère possessive. Le lecteur est amusé par ces simagrées, tout en ressentant l'attachement de cette mère à son fils, sa volonté de conserver des liens familiaux, tout en comprenant parfaitement le souhait du fils de pouvoir exercer son métier sans subir les obligations familiales. C'est là aussi tout l'art de Will Eisner que de donner vie à des personnages plausibles, détachés de toute dichotomie bien/mal, pour lesquels le lecteur éprouve tout de suite de l'empathie, sans chercher à les juger, parce qu'il comprend leurs motivations et qu'il ressent leurs émotions. L'auteur ne se limite pas à un microcosme juif, ou à une zone bien délimitée de la société, comme il ne se limite pas à une catégorie de personnes. Ainsi, le temps de 7 pages, le lecteur suit Aaron, un jeune homme souffrant de troubles mentaux qui l'incitent à rester chez et à fuir toute compagnie. Par un concours de circonstances, il va être amené à croiser le chemin d'un autre personnage secondaire, ce qui aura une conséquence cruciale pour Elton Shaftsbury. Malgré la brièveté de ce rôle, Eisner investit du temps pour qu'il puisse s'incarner : il adopte la forme d'un conte dans le texte descriptif, et le lecteur se prend d'amitié pouvant ainsi comprendre la manière dont Aaron se considère et le problème dont il souffre. Le scénariste se montre encore plus habile car il établit un lien avec le rapport à Dieu, et Aaron constitue également un autre exemple de la force de vie à l'œuvre. Séduit par la narration fluide et par les personnages sympathiques, le lecteur accepte bien volontiers de se laisser emmener par l'auteur et par ses dessins, là où bon lui semble. Lorsqu'une scène passe à autre chose, semblant laisser de côté pour un temps le fil directeur, il ne s'en formalise pas, curieux de savoir comment il se rattachera à la suite, et curieux de découvrir une nouvelle situation. Il s'intéresse au montage financier mis en place par Elton Shafstbury pour faire en sorte que des employés en deviennent propriétaires, à l'organisation d'une manifestation communiste, ou encore à la disparition du cadavre d'un individu assassiné par la pègre, à la scierie. Le récit se termine en revenant sur la situation de Jacob qui ramasse un autre cafard dans son appartement et le jette par la fenêtre. Le lecteur a pris grand plaisir à lire ce roman, tout en se sentant un peu frustré par le fait que Will Eisner s'attache surtout à montrer des individus en train de vivre, à mettre en scène l'interdépendance des individus par les conséquences des actes de l'un sur la vie de l'autre, sans finalement revenir à la direction métaphysique ouverte par les interrogations de Jacob Shtarkah en début d'histoire. Le titre original et le titre français évoquent une question métaphysique sur la nature de la pulsion de vie. Wil Eisner réalise un récit choral, habité par des individus pleinement incarnés, tous sympathiques et complexes (à l'exception des 2 membres de la pègre). Le lecteur est mené par le bout du nez, grâce à la narration visuelle élégante et évidente. Il voit comment la vie de Jacob Shtarkah est façonnée par les événements historiques et les actions des personnes qu'il côtoie, sans qu'il n'ait aucune prise dessus. En fonction de ses attentes, il peut ressentir une petite déception pour un roman historique riche et malicieux, mais qui ne tient pas sa promesse philosophique.

09/04/2024 (modifier)
L'avatar du posteur bamiléké

Après Un Pacte avec Dieu (1978), "A Life Force" sort en 1988 comme deuxième épisode de Dropsie Avenue. Tout d'abord je préfère le titre original compréhensible par tous, à ce ridicule titre français. Si Eisner compare bien la résilience des immigrés devant les obstacles majeurs et les souffrances endurées à la capacité des insectes à survivre, il n'attribue pas à Jacob Shtarkah le sobriquet de "cafard". Au contraire, c'est "L'Homme fort" en Yiddish, celui qui repart de rien mais qui arrive à modeler son environnement d'une façon significative et bénéfique dans ce récit. Je trouve le scénario très travaillé avec ces destins croisés d'Elton, Angelo, Rebecca ou Max. Tous viennent d'horizons très différents mais se retrouvent dans le même puits noir de la misère. Une sucess story du rêve américain où 50 cents évitent le grand plongeon et mènent au bonheur grâce au courage. Eisner par l'introduction de coupures de presse du NYT décrit intelligemment les effets de la grande Histoire sur la vie quotidienne. La loi Johnson-Reed sur l'immigration (1924), le développement du PC Américain, une des priorités extérieures de Staline ou la montée du Nazisme sont des événements clés qui influencent grandement sur la vie de ces communautés pauvres et d'origines européennes. Eisner choisit un happy end qui contraste avec tout ce qui précède et avec l'image même des cafards condamnés à rester dans leurs boîtes de conserve. Eisner y ajoute ses interrogations sur Dieu comme une suite du premier acte. Eisner ne dessine pas ici des héros en collants moulants avec des masques, qui vont sauver l'Amérique. Il dessine des héros plutôt vieux, plutôt laids avec des vieux fringues froissés qui vont sauver l'Amérique par leur abnégation et leur résilience. Quelle élégance dans le geste et dans le langage corporel. La page 32 où Rifke se relève presque en dansant, n'a ni besoin de texte ni besoin de tutu pour nous la présenter en danseuse étoile. De même son utilisation des ombres et lumières intensifie les effets dramatiques comme dans la séquence où Rebecca annonce son état à Elton et attend sa réponse vitale. Eisner ne sait représenter que des étoiles lumineuses dans cette "Life Force", force qui nous anime.

24/02/2022 (modifier)
Par Benjie
Note: 4/5
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Jacob Shtarkah, un immigrant juif travailleur et courageux, se retrouve un jour sans emploi. Alors qu’il rentre chez lui, découragé, un malaise cardiaque l’oblige à s’asseoir dans la rue. C’est alors qu’il aperçoit un cafard tombé par la fenêtre. L’insecte, qui met toute son énergie à se remettre sur ses pattes, fait réfléchir Jacob et cette volonté de vivre envers et contre tout lui rappelle sa propre situation désespérée. Jacob va lui aussi remonter la pente et, au fil des rencontres, retrouver un travail et sa place dans la petite société dans laquelle il vit. Entrent alors en scène différents personnages qui se croisent et se rencontrent : un fils de bonne famille désargenté obligé de vivre dans le même immeuble que lui, un ami menuisier en difficulté, le rabbin et sa femme handicapée… et surtout sa propre femme, la parfaite mère-juive, sa fille institutrice qui commence à flirter et son fils médecin qui veut se marier avec une non juive. Tous (sauf le fils qui a réussi à quitter le quartier) essaient désespérément de s’en sortir. Sur fond de crise économique des années 1930 et de misère sociale, on voit la mafia italienne pointer son nez et les idées fascistes et communistes prendre de l'ampleur en Europe. Le contexte de la crise économique qui conditionne le comportement des personnages est raconté à travers des articles de presse mis en page par Will Eisner. C’est une bonne idée, c’est facile à lire et on a l’essentiel. Comme dans ses autres albums, Will Eisner restitue avec précision l’ambiance des années post crise de 1929 et sur fond de contexte social dur pour ceux qui n’avaient déjà pas grand-chose, aborde des questions essentielles. Ces tranches de vie prises sur le vif m'ont fait penser aux illustrations de Norman Rockwell qui a, lui aussi, décrit avec détails cette période de crise économique. Moins abouti et moins dramatique que le Pacte avec Dieu, Jacob le cafard n’en reste pas moins une chronique passionnante tant sur le plan humain qu’historique. C’est toujours aussi savoureux et je suis toujours aussi fan de Will Eisner !

25/09/2021 (modifier)
Par sloane
Note: 3/5
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Je crois que je conseillerais toujours l'achat d'une œuvre de Will Eisner ne serait ce que pour les qualités graphiques de ses différentes histoires. Comme je l'ai dit dans d'autres avis le dessin est d'une fluidité,( je ne trouve pas d'autre mot!), qui donne une lisibilité de lecture assez grandiose. Pour celui ci, idem. Situé dans le quartier du Bronx, l'on suit plusieurs habitants et plus particulièrement Jacob qui compare son existence à celle d'un cafard. En fond, les différentes préoccupations de ce temps dont les suites de la grande dépression de 1929 et la montée du nazisme en Europe. C'est un album plus noir qu'à l'ordinaire chez Eisner et l'humour est ici quasi absent. Récit réaliste mais auquel il manque une dimension d'espoir, ce que j'ai trouvé regrettable pour en faire un must dans l'univers très riche de l'auteur.

20/02/2015 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
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Il est très difficile de s'y retrouver dans les différentes éditions des albums de Will Eisner. Jacob le Cafard a préalablement été publié par Comics USA en tant que tome 2 de la série Big City. Mais le tome 1 de cette ancienne série est depuis devenu le tome 1 de la série New York trilogie de Delcourt, dont le tome 2 est un autre album encore. Pour compliquer le tout, Jacob le Cafard tel que publié dans la série Big City s'appelait alors "55 Dropsie Avenue, le Bronx", à ne pas confondre avec l'album paru ensuite et nommé Dropsie Avenue qui est une autre histoire encore. Ceci étant dit, Jacob le Cafard peut se lire de manière tout à fait indépendante. Et j'y ai retrouvé avec grand plaisir le génie graphique et narratif de Will Eisner. C'est un roman graphique se situant durant la grande Dépression de 1929, aux alentours de 1935. Accompagnant son récit d'articles historiques décrivant le contexte politique, économique et social de l'époque, Eisner raconte la vie d'un groupe de personnes variées habitant la même adresse dans le Bronx : un vieux menuisier juif et sa femme, mère-juive typique, leur fille institutrice, un jeune banquier de bonne famille essayant de se relever de ses déboires financiers, un autre menuisier, sicilien lui et qui a quelques démêlés avec la mafia, un schizophrène vivant en solitaire, et quelques autres personnes orbitant autour d'eux. Non content de nous offrir une suite d'intrigues assez prenantes et de personnages attachants, Eisner nous décrit à merveille l'ambiance de la grande Dépression et comment les familles simples s'en sortaient à l'époque à New York tandis qu'en Europe les fascismes prenaient de plus en plus position. Le graphisme n'est pas en reste. Comme toujours avec Eisner, il est excellent de modernité, de fluidité et de maîtrise. Il mélange parfaitement textes narratifs et cases BD. A la fois roman graphique et oeuvre historique, c'est une belle et très bonne BD.

01/02/2009 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5
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J’ai nettement préféré ce 2eme tome de la trilogie « Un pacte avec Dieu » au 1er, que j’avais trouvé un peu trop léger et trivial. Ici on a une vraie histoire complète, avec un background super riche : la montée du nazisme en Allemagne, sa conséquence sur l’immigration vers les USA, la situation précaire due à la grande dépression post-1929, l’apparition du communisme aux USA, etc… Le tout est illustré de coupures de journaux de l’époque, ce qui rend la lecture certes un peu plus fastidieuse, mais aussi bien plus intéressante. Et au milieu de tout ça, des personnages malmenés qui tentent de survivre, d’être heureux, de donner un sens à leurs vies tellement misérables… leurs vies de cafards. Je les ai tous trouvés attachants et intéressants. Le dessin est bien plus abouti que dans le 1er tome Un Pacte avec Dieu. Will Eisner commence vraiment à maîtriser son sujet, et représente la pauvreté du Bronx de l’époque avec beaucoup de talent. Une bien belle BD.

26/05/2008 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
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Jacob le cafard est le second volet de la trilogie du "Pacte avec Dieu". Il constitue à lui seul un récit complet. Un vrai conte urbain assez poignant! Nous suivons la chronique de différents personnages dans le quartier du Bronx à New-York au moment de la grande dépression de 1929 notamment celui de Jacob Shtarakash, un homme simple, qui lutte chaque jour pour mettre sa famille à l'abri du besoin. Mais il va être rattrapé par la Grande Dépression puis la Seconde Guerre mondiale. Il va faire la difficile expérience d'une vie d'émigré aux Etats-Unis. En effet, il assiste à l'émergence de l'antisémitisme et doit dès lors faire face à des évènnements qui le dépassent. Tout y est d'un point de vue historique. On suit la vie de ces personnages et en même temps l'Histoire de l'Amérique en proie avec le communisme et la misère. On perçoit également des échos d'une Allemagne nazie qui a commencé la chasse à l'homme... Cette BD reste avant tout un combat existentiel, le Bronx n'occupant le statut que de simples décors. Will Eisner semble être au sommet de son art avec cette oeuvre véritablement mâture. Ce portrait bouleversant du quotidien des habitants du quartier du Bronx mérite toute votre attention. Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 4/5 - Note Globale: 4/5

24/07/2007 (MAJ le 18/02/2008) (modifier)
Par hipopom
Note: 2/5

Will Eisner est un auteur dont la réputation m'était connue mais elle n'a cependant pas influencé ma lecture puisque j'avais déjà pu découvrir quelques uns de ses albums. Ici nous avons une bd centrée sur une période, celle de la Dépression des années 1930, et un espace, un immeuble du Bronx. L'idée originale n'est pas mauvaise mais elle n'est pas si bien mise en valeur : en dehors de Jacob, le "héros", les personnages secondaires sont inconsistants et les problèmes ne sont que suggérés : autant de pistes laissées sans suite, ce qui est bien dommage. Pourtant les petites histoires sont intéressantes, regroupant des thèmes extrêmement divers (de la mafia aux persécutions juives des nazis en passant par l'incroyable reclassement social de l'Amérique en crise), et sonnent souvent justes. Malheureusement là encore, la diversité et la quantité n'en font que des esquisses qui mériteraient d'être peaufinées, approfondies. Enfin, si l'album repose sur une réflexion sur le sens de la vie, les réflexions de Jacob semblent si peu naturelles que je les ai trouvées dérangeantes. Ces textes sont trop écrits, trop stylisés, trop réfléchis tout simplement pour être crédibles, ce qui va à l'encontre de l'esprit du reste de l'album. J'ai eu un réel problème avec ces textes, non sur le fond, mais bien sur la forme. Bref un album plus que moyen, qui se signale cependant par une indéniable qualité graphique, le noir et blanc étant parfaitement maîtrisé.

12/03/2007 (modifier)
Par Spooky
Note: 3/5
L'avatar du posteur Spooky

Cet album se situe dans le même environnement qu'Un Pacte avec Dieu, dont il partage les lieux, et un ou deux personnages. Cependant il s'avère moins intéressant, moins travaillé que ce premier album. En effet, mis à part l'intéressant parallèle que fait Jacob lui-même entre sa vie et celle d'un cafard, le reste de l'histoire est d'un intérêt limité. Comme dans Le Building, on suit le parcours de plusieurs habitants du même immeuble new-yorkais, avec comme fil rouge celui de Jacob. Mais cette technique se révèle assez moyenne dans ce récit complet, on s'ennuie assez vite des personnages secondaires. L'humour, si prégnant dans l'oeuvre d'Eisner, s'il est souvent grinçant, est ici un peu absent, et enlève donc la valeur ajoutée habituelle. Son dessin est aussi un peu moins soigné qu'à l'accoutumée. Un ouvrage à réserver aux inconditionnels de l'auteur.

28/10/2006 (modifier)