Peau d'Homme

Note: 3.59/5
(3.59/5 pour 17 avis)

Grand prix RTL de la bande dessinée 2020. Prix Wolinski 2020. Prix Landerneau 2020. Grand Prix de la critique ACBD (Association des critiques et journalistes de bande dessinée) 2021. Angoulême 2021 : Prix du meilleur album Prix Landerneau de la BD 2020 Sans contrefaçon, je suis un garçon !


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Dans l’Italie de la Renaissance, Bianca, demoiselle de bonne famille, est en âge de se marier. Ses parents lui trouvent un fiancé à leur goût : Giovanni, un riche marchand, jeune et plaisant. Le mariage semble devoir se dérouler sous les meilleurs auspices même si Bianca ne peut cacher sa déception de devoir épouser un homme dont elle ignore tout. Mais c’était sans connaître le secret détenu et légué par les femmes de sa famille depuis des générations : une « peau d’homme » ! En la revêtant, Bianca devient Lorenzo et bénéficie de tous les attributs d’un jeune homme à la beauté stupéfiante. Elle peut désormais visiter incognito le monde des hommes et apprendre à connaître son fiancé dans son milieu naturel. Mais dans sa peau d’homme, Bianca s'affranchit des limites imposées aux femmes et découvre l'amour et la sexualité. La morale de la Renaissance agit alors en miroir de celle de notre siècle et pose plusieurs questions : pourquoi les femmes devraient-elles avoir une sexualité différente de celle des hommes ? Pourquoi leur plaisir et leur liberté devraient-ils faire l’objet de mépris et de coercition ? Comment enfin la morale peut-elle être l’instrument d’une domination à la fois sévère et inconsciente ? À travers une fable enlevée et subtile comme une comédie de Billy Wilder, Hubert et Zanzim questionnent avec brio notre rapport au genre et à la sexualité… mais pas que. En mêlant ainsi la religion et le sexe, la morale et l’humour, la noblesse et le franc-parler, Peau d’homme nous invite tant à la libération des mœurs qu’à la quête folle et ardente de l’amour.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 03 Juin 2020
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Peau d'Homme © Glénat 2020
Les notes
Note: 3.59/5
(3.59/5 pour 17 avis)
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13/08/2020 | Guillaume.M
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Par Ro
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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J'ai mis un long moment avant de lire cet album dont le grand public disait pourtant beaucoup de bien car je craignais d'y lire une histoire trop manichéenne, un pamphlet féministe trop basique et convenu pour un lecteur comme moi, pourtant profondément féministe. Quelle ne fut pas mon agréable surprise d'y découvrir un scénario bien plus intelligent, ouvert et subtil que je le craignais. Point de manichéisme dans cette fable sociale transposée à l'Italie du Quattrocento. D'emblée, la condition féminine y est présentée dans toute sa partialité, les femmes ne servant que d'épouses dociles et de mères porteuses à des hommes qui sont les véritables seigneurs et maîtres de la cité. Mais c'est pour très rapidement montrer que cette structure sociétale est le fait aussi bien des hommes que des femmes, et que tant chez les uns que chez les autres on peut en trouver des stupidement réactionnaires et d'autres bien plus ouverts d'esprit. Pas de critique basique du joug de l'homme sur la femme, plus un appel à l'ouverture et à montrer que des solutions sont possibles. J'ai trouvé l'intrigue très bien racontée, bien rythmée, jamais trop évidente et toujours très intelligente. La critique sociale est bien là mais jamais péremptoire ni moralisatrice. Et en parallèle, il y a une vraie intrigue prenante, avec une bonne dose de fantastique mais aussi de sentiments, quelques bonnes péripéties avec de bonnes résolutions, et une fin très satisfaisante. Excellent album !

27/12/2022 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Un excellent one-shot sur la condition des deux sexes, notamment l'inégalité entre homme et femme et le fait que chaque sexe doit 'jouer' un rôle parce que c'est comme ça et puis c'est tout. On parle aussi d'homosexualité et de l'hypocrisie dans la société. J'ai bien aimé que l'album ne tombe pas dans un féminisme facile qui se résume à 'toutes les femmes sont des victimes et tous les hommes sont des gros méchants'. Les personnages principaux sont humains et complexes, hormis le frère de l'héroïne, devenu prêtre, qui représente le fanatisme religieux. L'héroïne est terriblement attachante. J'ai trouvé que le scénario était prenant et je ne savais jamais où le scénariste allait m'emmener. C'est rempli de rebondissements, de retournements de situation et de réflexions savoureuses et intéressantes. Le dessin est très bon. Je le trouve élégant et dynamique. Un très beau conte.

24/12/2020 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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C'est avec La Sirène des pompiers que j'avais découvert ce duo d'auteurs qui m'avait déjà fort inspiré. J'avais beaucoup apprécié le traitement de leur récit qui mêlait malicieusement l'histoire de l'art et le conte. Le conte, forme narrative qui aura décidément plus qu'inspiré Hubert, que ce soit avec l'excellente série "Les Ogres Dieux" ou encore cet excellent album : "Peau d'Homme". C'est en effet sous la forme d'un conte moderne qu'Hubert et Zanzim nous proposent d'interroger notre société et l'évolution de ses mœurs. Si l'histoire de notre belle Bianca, fille de bonne famille, se déroule à l'époque de la Renaissance italienne, on pourrait la retranscrire dans bien d'autres périodes ou d'autres lieux de notre planète. La condition des femmes, la place de la religion et le statut des hommes y sont tous trois interrogés et passés au grill de nos deux auteurs de façon remarquable et subtile. Le trait et la colorisation de Zanzim font merveille en adoptant un style faussement naïf qui colle parfaitement au ton et à la période qui accueille nos protagonistes. S'il peut surprendre au premier abord, on est rapidement happé par l'histoire et cette narration des plus réussie ; ce graphisme singulier qui évolue d'ailleurs au fil des pages finit alors par s'imposer tout seul et se révéler de toute beauté et même d'une belle inventivité sur certaines planches en pleine page. Encore une fois, Hubert nous éblouit par son talent de conteur émérite, servi dans un écrin des plus réussi par le non moins talentueux Zanzim. Un album qui affiche déjà 4 prix au compteur largement mérités. Bravo !

11/12/2020 (modifier)
Par Blue boy
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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Au moment où je termine mon avis, j'apprends que cet album a raflé trois prix aujourd'hui, du jamais vu ! (Prix RTL, Landerneau et Wolinski) Et ça tombe bien, c'est mon chouchou de l'année ^^ Ce conte fantastique est l’une des dernières œuvres qu’Hubert, disparu en début d’année, nous aura léguée — avec Les Ogres-Dieux (tome 4) et peut-être Le Boiseleur (tome 2). Et qui nous fait d’autant plus regretter sa mort. Car « Peau d’homme » est une merveille d’intelligence, un vrai chef-d’œuvre qui, en situant le récit dans une Italie médiévale, s’avère d’une extrême modernité. En utilisant les ressorts du conte populaire, notamment la fluidité narrative et toute la magie inhérente au genre, Hubert va y intégrer les problématiques les plus contemporaines, et c’est bien là que réside son génie. In fine, cette société médiévale ressemble étrangement à la nôtre, avec deux visions s’opposant radicalement. D’un côté la tradition et les mœurs religieuses rétrogrades, prôné par le frère obscurantiste de Bianca, de l’autre des idées progressistes alliées à un certain hédonisme et au respect de l’identité sexuelle. On ne « divulgâchera » pas le récit, mais Bianca va réussir, grâce à cette incroyable peau d’homme, à s’affranchir des conventions dont son futur mari Giovanni, qui n’est pas celui qu’elle croyait au départ, est resté la victime consentante. C’est en se métamorphosant en « passionaria gay » que Bianca va apprendre à lutter pour la liberté ! Face à son frère fanatisé Angelo dont la morale bigote a soumis les esprits jusqu’aux instances de pouvoir, ses objections, fondées sur une logique imparable que permet son innocence, sont très bien mises en relief et ne font que ridiculiser ce dernier, participant à la jubilation du lecteur. Le point d’orgue du récit sera ce joyeux carnaval où les corps et les âmes vont se déchaîner pendant toute une nuit et contribuer à l’éviction de Fra Angelo… Sur le plan graphique, on apprécie la ligne claire élégante et stylisée de Zanzim, parfaitement en symbiose avec la narration, et le lecteur est immédiatement aspiré dans cet univers médiéval de conte de fées. La mise en page, simple en apparence, est très subtile, avec des cadrages et une composition qui par moment savent s’allier aux textes pour provoquer l’amusement, notamment avec cette scène où Bianca déstabilise Giovanni de son regard amoureux, tandis qu’un zoom se fait sur le postérieur de la statue géante d’un adonis nu, équipé d'un énorme gourdin reposant sur son épaule. La narration est également rendue dynamique par un agencement visuel très varié. Zanzim nous offre des pleines pages de toute beauté, dont certaines montrent les personnages évoluer à travers un décor unique, ce qui donne un côté très ludique au récit. Tout cela ajouté à la délicatesse du trait et au choix pertinent des couleurs, on se sent totalement comblé ! Et pour magnifier l’ensemble, la couverture est superbe, avec une très belle illustration en vernis sélectif, cernée d’arabesques en impression bleu doré. « Peau d’homme » s’impose incontestablement comme le must venu illuminer cette année grise, tant par la forme que par le fond. Car en ces temps incertains où l’on assiste à une montée en puissance de l’intolérance, le propos à la fois malicieux et empathique de ce récit sème le trouble dans nos certitudes et nos préjugés quant à l’appartenance sexuelle, tout en taillant de profondes croupières au paternalisme si enraciné de nos sociétés, et ça, ça fait un bien fou. On ne peut qu’exprimer notre reconnaissance aux deux auteurs. Hubert, avec ce merveilleux album, testament conscient ou non, mérite bien de reposer en paix !

30/11/2020 (modifier)