Moi, assassin

Note: 3.29/5
(3.29/5 pour 7 avis)

Grand prix de la critique ACBD 2015 De l'assassinat comme un des beaux-arts.


Auteurs espagnols Bichromie Grands prix de la Critique ACBD Pays basque Serial killers

Enrique Rodríguez Ramírez est professeur d’Histoire de l’Art à l’université du Pays Basque (où Altarriba a enseigné la littérature française). À 53 ans, il est à l'apogée de sa carrière. Sur le point de devenir le chef de son champ de recherches, en proie aux rivalités académiques, il dirige un groupe d'étude intitulé : «Chair souffrante, la représentation du supplice dans la peinture occidentale.» Bruegel, Grünewald, Goya, Rops, Dix, Grosz, Ensor, Munch, Bacon sont ses compagnons de rêverie et la matière de son travail. Mais sa vraie passion, dans laquelle il s'investit à plein, est plus radicale : l'assassinat considéré comme un des Beaux-Arts. (texte : Denoël)

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 18 Septembre 2014
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Moi, assassin © Denoël 2014
Les notes
Note: 3.29/5
(3.29/5 pour 7 avis)
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28/09/2014 | Spooky
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Par Cacal69
Note: 4/5
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Un polar pas comme les autres. Enrique Rodriguez est professeur d'histoire de l'art, spécialiste dans la cruauté dans l'art. Mais il est aussi un assassin qui met en pratique ses recherches artistiques, il aime donner de l'originalité à ses crimes, pour lui c'est une façon d'exprimer son art et il pousse la perfection à ne jamais reproduire le même "tableau". Une récit dense où il vaut mieux avoir des connaissances dans le monde de la peinture (Goya, Bruegel, Munch...) pour en apprécier toutes les références. Il y a un côté dérangeant qui émane du personnage principal, mais c'est aussi ce côté qui m'a plu, un homme égoïste qui ne vit qu'à travers son art. Une narration maîtrisée pour un récit captivant, violent et intelligent. Un excellent moment de lecture. Le dessin de Keko est magnifique, dans un noir et blanc très tranché et légèrement charbonneux où le noir prend le maximum de place, il retranscrit à merveille l'atmosphère poisseuse du récit. Il sera juste relevé par quelques touches de rouge, celui du sang mais aussi pour la représentation des pommes, le fruit défendu, le début des pépins. J'ai adoré les trognes des personnages. "Le plus grand tueur en série, c'est le temps, tôt ou tard - il n'est pas pressé - nous succomberons tous à ses desseins criminels..."

21/02/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

J’avais découvert récemment Altarriba avec L'Art de voler, que j’avais bien apprécié. Je le retrouve ici dans un tout autre registre, loin de la biographie. Mais c’est encore une lecture très plaisante. Le sujet est assez audacieux, et plutôt bien traité. Le personnage principal, chercheur universitaire spécialisé dans le domaine de l’art, s’intéresse à la cruauté dans l’art, à l’expression de la violence mortelle. Mais c’est aussi un artiste, qui met en application ses théories : pour lui, tuer n’est pas un crime, c’est un art. il accumule donc les assassinats, réalisés en esthète, avec le plus souvent une mise en scène macabre. Si l’aspect polar est intéressant, c’est surtout les réflexions autour de l’art, et d’une certaine vision sadienne de la vie qui sont captivantes. Apprécier et connaître les nombreuses œuvres évoquées est un réel plus. Altarriba en a en tout cas fait bon usage, car il n’y a jamais d’érudition stérile, la lecture est fluide. Si le sujet pouvait paraître dérangeant, il est intellectuellement stimulant. Et le dessin de Keko, très sombre, avec un trait charbonneux, convient très bien à l’atmosphère de l’histoire, cette noirceur étant relevée par quelques très rares pointes de rouge (des pommes ou du sang). Chouette lecture.

10/06/2022 (modifier)
Par sloane
Note: 2/5
L'avatar du posteur sloane

Pour moi le dessin est totalement rédhibitoire. Pourtant des BD j'en ai lu quelques unes et souvent même si le trait ne me convenait pas trop ou n'était pas dans mon style j'ai apprécié beaucoup d’œuvres. La il se trouve que le propos ne me passionne pas plus que cela. J'en connais le raison, il y a peu j'ai assisté à un vernissage d'expo accompagné de performances artistiques. Manifestement je n'ai pas les codes. Alors oui le meurtre peut être élevé au rang d'art mais s'est toute la logorrhée qui l'accompagne ici avec laquelle j'ai beaucoup de mal. Lorsque l'on découvre une BD pour la première fois il y a toujours un petit , ou gros déclic qui se produit. La rien de rien, je be sui pas assez compétent en art pour y mettre mon grain de sel et je passe donc mon chemin.

25/03/2018 (modifier)
Par Blue Boy
Note: 4/5
L'avatar du posteur Blue Boy

"Moi, assassin" est un one-shot audacieux qui commence très fort en rentrant dès la troisième case dans le vif du sujet, si je puis dire… Le scénariste espagnol Antonio Altarriba nous fournit une réflexion intéressante et extrêmement dérangeante sur l’assassinat en tant que matière artistique. « Expression d’une radicalité absolue, [l’assassin] crée en donnant la mort… Tuer est l’acte transcendant par excellence ». le personnage du professeur Ramirez donne ainsi des conférences, arguant que nombre de religions, le christianisme en particulier, sont à l’origine d’une longue tradition d’art et d’horreur. Sous des dehors respectables, Ramirez est en réalité un dangereux tueur qui frappe ses victimes sans aucun motif et hors de son cercle de connaissances. Toujours est-il qu’on ne peut guère lui reprocher de ne pas savoir de quoi il cause ! De facture soignée, le trait épais d’un dessin où les à-plats de noir semblent en permanence vouloir engloutir le blanc, où la seule vraie couleur est le rouge, apparaissant par moments pour souligner sang, meurtre et pulsions, contribue à créer une atmosphère menaçante. Graphiquement, le style de Keko est proche de celui de Marc-Antoine Mathieu sans le côté absurde. De nombreuses représentations de peintures célèbres jalonnent le récit, et de peinture en effet il est beaucoup question, avec notamment un grand moment d’humour noir avec le passage de la « boucherie à la Pollock », période projections. Doublement couronné par le prix BD Polar 2015 et le Grand Prix de la Critique ACBD 2015, "Moi, assassin" est une œuvre plutôt captivante et d’une grande érudition propre à stimuler l’intellect. L’histoire pourra toutefois diviser. D’une élégance sulfureuse pour les uns ou d’un cynisme abject pour les autres, elle nous met il est vrai dans la position dérangeante du voyeur, avec des meurtres odieux commis par un personnage particulièrement antipathique. Au final, un récit dense avec une incursion politique de la question basque qui tend peut-être à relâcher le fil narratif plus qu’il ne devrait. A l’évidence, le spectre de la dictature semble encore imprégner bon nombre d’auteurs hispaniques, alors que la plupart des régimes funestes d’Espagne et d’Amérique du Sud étaient encore en place dans la seconde moitié du XXème siècle. Quoi qu’on en pense, l’ouvrage ne peut être destiné qu’à un public averti, et surtout pas à votre voisin (et néanmoins ami) Dahmer.

17/04/2015 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
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Un bon petit polar quoiqu'il manque quelque chose pour que je le trouve mémorable. L'idée de départ est pas mal, le tueur est intéressant et les scènes où on le voit préparer son prochain meurtre sont très bonnes. Le problème est qu'il y a plusieurs scènes (surtout au début) où les personnages parlent de choses dont je n'ai rien à cirer et l'action est lente. Cela fait en sorte que l'enthousiasme que j'ai eu en lisant les premières pages s'est vite éteint et il ne s'est pas trop rallumé lorsque cela devenait encore une fois intéressant. J'aime bien ce noir et blanc avec comme seule autre couleur le rouge. C'est sublime.

13/03/2015 (modifier)
Par pol
Note: 3/5
L'avatar du posteur pol

Voilà un polar assez original puisqu'il n'est pas question ici d'une enquête sur un sérial killer. Cet album se situe dans un registre assez différent, il détaille l'art et la manière du meurtre. Ce que le protagoniste appelle l'art de tuer. La majeure partie du récit est constituée de réflexions et d'explications sur le comment et le pourquoi. J'ai eu du mal à rentrer dedans. D'abord parce que c'est assez bavard et ensuite parce que j'ai rencontré une certaine difficulté avec la narration. Il y a beaucoup de voix off dans cet album et il y a de nombreuses pages où ce que le héros raconte en voix off n'a pas de lien avec ce qui se passe dans les cases et avec les dialogues des personnages présents. D'un coté il faut arriver à suivre une histoire et des gens en train de bavarder et de l'autre il faut suivre les réflexions de notre sérial killer sans arriver à perdre le fil de l'un ou de l'autre. Et je n'ai pas toujours trouvé cet exercice facile. Cela dit, une fois passé le premier tiers, lorsqu'on commence à raccrocher les morceaux, lorsque des éléments de l'histoire se recoupent, j'ai trouvé ça nettement plus intéressant. Les différents assassinats sont originaux, on voit comment notre homme prépare ses coups. C'est assez trash par moment mais ça fonctionne pas mal. Bien vu le murder puzzle ou l'assassinat de la gardienne de musée par exemple. Bien vu également la dernière partie de l'intrigue. On est souvent en présence d'artistes, de profs d'arts, de spécialistes de peintures, de sculpteurs... Il y a toute une dimension artistique, en rapport avec notre personnage qui associe ses assassinats à de l'art. Mais cet aspect est parfois un peu indigeste à mes yeux. Un album original qui finalement m'a plus plu pour sa partie polar que pour son originalité, son coté analyse artistique.

19/01/2015 (modifier)
Par Spooky
Note: 3/5 Coups de coeur expiré
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Une nouvelle histoire de tueur en série... Mais cette fois-ci, plutôt originale, puisqu'Enrique est un enseignant de haut vol, spécialisé dans la représentation de la souffrance et de la cruauté dans l'art, qui se met à tuer... par pur souci d'esthétisme. Chacun de ses meurtres, soigneusement préparé, se présente comme une oeuvre d'art, une pièce unique, qui fera parler de lui, mais aussi de ses victimes, parfois choisies au hasard, parfois sélectionnées avec soin. La froideur du tueur fait froid dans le dos, et se dire que la façon dont il opère pourrait être vraie, encore plus. Antonio Altarriba, qui s'était fait remarquer avec L'Art de voler, récidive dans le récit aussi glaçant que prenant : après l'art de voler, celui de tuer... Son complice est cette fois Keko, Espagnol lui aussi, lequel propose un style graphique assez différent de celui de La Protectrice. Exit les trames, place à un noir et blanc (avec une touche de couleur, et non des moindres) plus classique, mais d'une efficacité redoutable dans sa recherche de réalisme. Glaçant, donc, mais il manque une touche d'oppression pour être vraiment touché par l'ambiance.

28/09/2014 (modifier)