Reconquêtes

Note: 3.08/5
(3.08/5 pour 13 avis)

L'homme n'a-t-il appris à marcher que pour aller se battre ? L'histoire s'ouvre sur la conquête d'Urar par les Hittites, première étape d'une guerre sanglante. Urar appartenant aux souverains Marak, Kymris et Simissée, quiconque provoque leur colère voit se déchaîner la horde des vivants formée de la redoutable alliance entre leurs trois peuples scythes, guerriers nomades, ne vivant que pour avancer... et tuer !


Auteurs canadiens Avant 475 : Antiquité Proche et Moyen-Orient

L'homme n'a-t-il appris à marcher que pour aller se battre ? L'histoire s'ouvre sur la conquête d'Urar par les Hittites, première étape d'une guerre sanglante. Urar appartenant aux souverains Marak, Kymris et Simissée, quiconque provoque leur colère voit se déchaîner la horde des vivants formée de la redoutable alliance entre leurs trois peuples scythes, guerriers nomades, ne vivant que pour avancer... et tuer !

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 20 Mai 2011
Statut histoire Série terminée 4 tomes parus

Couverture de la série Reconquêtes © Le Lombard 2011
Les notes
Note: 3.08/5
(3.08/5 pour 13 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

31/05/2011 | Miranda
Modifier


Par Josq
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Josq

Quelle épopée ! Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas vibré ainsi au rythme des pages d'une bande dessinée ! Emballé par Zaroff de Sylvain Runberg et François Miville-Deschênes, j'ai voulu découvrir ces auteurs plus en détail et bien m'en a pris. Reconquêtes contient exactement tout ce que j'aime, dans ce genre de récit ! Commençons déjà par une petite mise au point : Reconquêtes n'est pas une bande dessinée historique et n'a aucune volonté de l'être. On est très clairement dans de la fantasy antique, où l'Atlantide a existé, où les griffons ont été domptés par les Scythes, où certains personnages ont des pouvoirs magiques avérés, etc... Si, bien sûr, Sylvain Runberg s'appuie sur un contexte historique bien réel, il profite du peu de renseignements fiables dont disposent les historiens pour créer un univers antique alternatif où la magie est une réalité et où il peut faire à peu près ce qu'il veut des personnages, puisqu'on ne sait pas grand-chose d'eux sinon que certains d'entre eux ont existé il y a des millénaires. Cela donne un formidable terrain de jeu à Sylvain Runberg et François Miville-Deschênes (qui a également participé au scénario) pour créer leur propre histoire, et ils ne se privent pas pour nous donner quelque chose d'assez incroyable. Le développement du récit en 4 tomes permet aux deux auteurs de créer un univers d'une densité remarquable. Les personnages sont très étoffés et ce dès le premier tome, puis toute leur évolution au cours des 4 tomes se fait de manière toujours cohérente par rapport aux bases initialement posées. Le scénario en lui-même, d'ailleurs, est d'une cohérence remarquable, et sait toujours prendre le temps de poser ses pions pour les exploiter plus tard (même si parfois, il les exploite un peu trop vite après les avoir révélés). Les enjeux sont simples et efficaces, on est dans un récit de guerre classique, avec ses deux camps et leurs jeux d'alliance. J'apprécie beaucoup le fait que les auteurs n'aient pas cherché la complexité à tout prix dans la mise en scène de ces alliances. Celles-ci sont donc assez claires et ne bougent pas tant que ça, mais en revanche, on sent clairement leur fragilité et la menace qui pèse sur elle, risquant de les défaire à chaque instant. A cette image, toute la saga sait restituer cette atmosphère ultra-tendue où le moindre geste de travers peut avoir des conséquences dévastatrices pour tout un peuple. En cela, les personnages sont parfaitement écrits. Très attachants, on peut comprendre les parcours et les choix de chacun d'entre eux, même sans les approuver constamment. Les personnages sont vraiment humains, ils ont tous des qualités et des faiblesses, et ça donne énormément de relief au récit. Cela n'exclut pas nécessairement certaines facilités scénaristiques, mais celles-ci sont vraiment peu nombreuses, et ne sortent jamais de nulle part (sauf peut-être celle qui permet de hâter la conclusion dans le dernier tome). Si chaque tome peut se targuer d'être un véritable petit bijou, c'est aussi, voire avant tout, grâce au talent hallucinant de François Miville-Deschênes. Son trait est absolument magnifique, réaliste mais pas figé, la composition des cases est toujours dynamique et cultive un sens impressionnant du grand spectacle. Vraiment, chacun des tomes de cette saga est un magnifique objet, dès la couverture, et jusqu'à la plus discrète des cases. Le reproche que j'ai pas mal vu sur le côté racoleur de la saga est à mon avis assez justifié, car il est vrai que les auteurs ne se privent jamais (sauf dans le dernier tome qui se passe sous la neige !) pour déshabiller leurs personnages au physique évidemment très avantageux. Mais bon, pour moi, ça contribue à l'atmosphère globale, typique des péplums antiques, avec ce mélange de violence brute et de sensualité débridée (même s'il est vrai que voir des guerriers ou guerrières aller au combat le torse nu est quand même assez illogique...). Pour moi, en tous cas, le point culminant de la saga est indéniablement le dernier tome, qui conclut ses différents arcs narratifs d'une manière très satisfaisante (au prix d'une facilité scénaristique pas si méchante), et termine sur une touche spectaculaire proprement hallucinante. J'étais littéralement scotché à mon album. Ce dernier tome est vraiment du niveau d'un Siegfried pour moi (auquel il peut faire penser, graphiquement). Donc voilà, à condition de ne pas venir chercher une saga historique, mais un vrai péplum de fantasy antique, Reconquêtes est à mon avis un incontournable du genre, qui montre une parfaite aisance dans la maîtrise d'une narration complexe, aux personnages nombreux, aux systèmes religieux/politiques variés, et aux scènes de combats graphiquement époustouflantes. Ne seraient quelques facilités (vraiment légères) en termes de scénario, je serais sans doute monté à l'échelle du 5/5 "Culte". En tous cas, on est clairement sur une saga personnellement culte.

24/04/2021 (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

D'emblée l'album éblouit par l'éclat de son dessin ; F. Miville-Deschênes m'avait déjà bien séduit sur Millénaire, aussi quand j'ai vu cet album avec sa superbe couverture et qu'en plus ça traitait de civilisations mésopotamiennes, je ne pouvais que m'y intéresser. Ces périodes antiques sur les Hittites, les Sumériens, les Scythes ou les Babyloniens sont très peu abordées en BD et très méconnues, c'est fascinant, et le manque de documents très précis (au contraire des civilisations grecques ou romaines) permet aux auteurs de broder un peu tout en préservant des détails réels (le nom d'Hamourabi évoqué atteste d'une certaine authenticité d'après ce que l'on sait sur ces peuples très anciens) et le respect de certains costumes et armes. Mais cette authenticité est toute relative car en fait les auteurs font de la fantasy antique, ils ont mêlé des peuples qui n'ont pas vécu tous à la même période, l'anachronisme sera cependant excusé tellement l'ensemble et le visuel sont beaux. Quand c'est illustré par un dessinateur très doué qui réussit de superbes pages guerrières avec des éléphants et des combats farouches, de beaux visages féminins et une mise en page aux cadrages hardis, je dis bravo ! L'érotisme s'ajoute à la cruauté dans ce récit... on peut trouver ça un peu forcé, mais il faut savoir que les Sarmates était un peuple Scythe où le rôle social des femmes était à l'égal des hommes, elles chassaient à cheval, allaient à la guerre et ne pouvaient pas se marier tant qu'elle n'avaient pas tué un homme ; certains spécialistes ont évoqué la légende des Amazones à leur sujet. Le rapport au sexe et à la nudité de ces peuples n'était pas comme le nôtre, une Sarmate devait être fière de son corps, donc montrer sa poitrine était pour elle un signe pour s'affirmer. Le nu entrevu ici est parfois sauvage et bestial, et s'accorde bien à certaines séquences sanglantes et cruelles. Tout cela est très prometteur, et depuis 2011 il n'y avait pas de suite, les auteurs ont enclenché un désir de curiosité qui doit se satisfaire absolument aussi bien sur le plan graphique que sur le plan scénaristique ; la voici enfin avec ce tome 2, et c'est toujours aussi beau. Le visuel prend le pas sur l'histoire car j'ai l'impression que le scénariste ne sait pas trop où il va, quoique la fin de ce tome 2 laisse augurer une suite intéressante. Miville-Deschênes offre de belles scènes de bataille avec des éléphants, des taureaux et des ours de combat, dans un fracas des armes très réussi, grâce encore à des cadrages audacieux. Les cases sont tellement chargées que l'oeil doit les scruter en détail. Certains personnages sont moins passifs que dans le tome 1, tel celui de la scribe babylonienne Thusia. L'érotisme latent est moins visible, mais le dessinateur excelle toujours dans ces beaux visages féminins, et on y voit en prime la destruction de l'Atlantide... ce tome 2 se révèle donc riche et semble servir d'intermédiaire dans cette saga prévue en 4 tomes. Le tome 3 enfonce le clou et montre un peu plus d'audace scénaristique ; après une sorte de flottement, il se passe des trucs intéressants et plus cohérents dans cet album, le torchon brûle au sein de la Horde des Vivants, chacun se cherche des poux dans la tête, et un retournement de situation imprévu redonne de la vigueur à cette série qui n'en manquait déjà pas. Sur le plan graphique, c'est toujours du très grand art, Miville-Deschênes atteint une apothéose graphique dans son dessin qui regorge encore de scènes de combats titanesques, dont une double page entre éléphants et grosses bestioles à cou de girafe, de même qu'il y a encore des visages en gros plan superbes et à peu près autant de guerrières les nichons à l'air pour bien faire marronner les lectrices qui grognent... relax, après tout ce n'est que de la BD, dans nos musées, combien de statues montrent aussi des filles à poil ? et là on ne dit rien... Enfin voila, ça devient de plus en plus fascinant cette Bd, y'a plus qu'à attendre l'hallali ! Et le voici enfin dans ce tome 4, ça reprend pratiquement où s'est arrêté le tome précédent, le scénariste continue sur sa lancée et lance encore sa Horde des vivants contre ce roi Hittite qui veut les anéantir, mais ils useront d'un stratagème ingénieux pour en arriver à bout, il y aura aussi quelques pertes. C'est toujours aussi fabuleux au niveau graphique, Miville-Deschênes se surpasse encore plus dans ses scènes de bataille très détaillées et très fouillées, de même que dans des scènes de groupe (comme celle d'une avalanche en montagne), c'est tellement magnifique que l'oeil ébloui passe du temps pour détailler ces cases richement remplies. Et ces animaux fabuleux, ce griffon, ces grosses bestioles donnent un aspect fantastique étrange à cette Bd qui m'aura vraiment régalé. La seule chose que je reproche à cette série, c'est que son scénario n'est absolument pas à la hauteur du dessin somptueux de Miville-Deschênes, l'histoire semblait patiner un peu entre les tomes 1 et 2, ça se reprend dans le tome 3, mais le 4 qui aurait dû être un truc dantesque livre un final logique et qui me convient mais pas si extraordinaire, je crois que Runberg aurait pu se fouler un peu plus pour élaborer un récit plus costaud, merde il y avait de quoi faire avec une telle mythologie mésopotamienne... imaginez quelle Bd de folie ça aurait pu être s'il y avait eu un scénario en béton dans un tel contexte antique et avec un dessin comme celui-ci ! Enfin j'ai apprécié quand même, c'est une belle lecture même si j'aurais toujours ce petit regret à l'esprit.

08/05/2014 (MAJ le 15/10/2016) (modifier)