Les forums / [Tintin] de Hergé

Par cac Le 25/06/2004 - 13:21 (Modifier)
cac

http://nouv.bdnet.com/9MONTRETINTIN/alb.htm Plus d'excuse pour arriver en retard. Cette superbe horloge de 210 centimètres de hauteur (! Sourire) est la reproduction géante d'une montre Swatch à l'effigie de Tintin. Tirage limité à 1000 exemplaires, 500 seulement en France ! A saisir de suite.


Par ThePatrick Le 26/04/2004 - 17:49 (Modifier)
ThePatrick

Vu sur bdp : Dur ! Le site d'Eric Jenot (http://www.chez.com/jenot/index.html) qui proposait des parodies mais aussi des copies de récits classiques vient de fermer ses portes sous la pression de Moulinsart. Il doit passer au tribunal dans quelques jours et Moulinsart demande plusieurs milliers d'euros ! C'est n'importe quoi ! Cela fait des années que le site existe et ils se reveillent maintenant... Vraiment le fossé va encore se creuser encore plus avec Moulinsart. Pendant ce temps sur Ebay et sur les serveurs se baladent des MO de copies pirates de récits.


Par P. Le 09/01/2004 - 19:46 (Modifier)
Par JBT900 Le 09/01/2004 - 17:41 (Modifier)

LE MONDE, 09 janvier 2004 Tintinologues, tintinophiles, tintinomanes... Qu'ils soient hommes d'Eglise ou parlementaires, écrivains ou acteurs, les admirateurs du héros créé voilà 75 ans par Hergé constituent une étrange tribu. Moulinsart est leur château, la Syldavie leur royaume. Frère Cerbelaud nous attendait à la gare de Lyon-Perrache. "Barbu, lunettes, Le Monde à la main", avait-il annoncé. Ajoutant d'une voix sibylline, avec une gravité et un sérieux réjouissants : "Entre le capitaine Haddock et Ivan Ivanovitch Sakharine. " On l'a repéré sans peine : c'était le capitaine en personne. Le Frère dominicain a pris le volant de sa Ford. Direction chez lui : une cellule dans ce bâtiment hors normes des environs de Lyon, signé Le Corbusier, qu'est le couvent de La Tourette. Un domaine "aussi grand que Moulinsart" qui nous valut spontanément cette courte déclamation : "Quel parc immense : c'est une véritable forêt. Licorne, page 47, si ma mémoire est bonne." Frère Dominique Cerbelaud a peu de temps à perdre. Mais là, l'affaire est d'importance : il s'agit de parler de Tintin. Pour ce faire, il n'a pas hésité à rater la messe de midi. Le théologien, fin connaisseur d'hébreu, de russe, de grec et d'araméen, qui publie des ouvrages sur le dialogue judéo-chrétien et le dogme marial, reconnaît consacrer "une bonne part de -son- activité intellectuelle au corpus tintinesque". Il s'intéresse aussi de près aux différents alcools présents dans le corpus : whisky Loch Lomond, porto, champagne, pisco, aguardiente, rhum. Il les avait réunis à l'occasion du "colloque Tintin" qu'il avait organisé en 2003 au couvent et dont les actes viennent de paraître (L'Archipel Tintin, éd. Les Impressions nouvelles). Les participants, d'éminents exégètes de l'œuvre d'Hergé, étaient invités à les consommer selon l'ordre d'apparition dans les albums. Leurs ouvrages figurent en bonne place dans la cellule de Frère Cerbelaud où plus de deux mètres linéaires d'étagères sont consacrés au reporter et à ses admirateurs : albums, études sur les albums, études thématiques, sources d'inspiration d'Hergé, lectures spécifiques (psychanalytiques, scientifiques), continuations humoristiques, pastiches... Tintinologues : à ne pas confondre, précise Frère Cerbelaud, avec "les quatre autres lexèmes" : tintinophiles, tintinomanes, tintinolâtres (ou tintinopathes). "Car il y a de vrais malades, des cas limites, vous n'avez pas idée." Qu'on n'aille pas s'imaginer que Frère Cerbelaud mange de ce pain-là ! Sa position à lui est claire, il est "théo-tintinologue". Au couvent, le prieur de la communauté assure n'y voir aucun inconvénient. "Les dominicains sont originaux par principe, explique Frère Cerbelaud. Avoir une activité bizarre, c'est plutôt bien perçu dans l'ordre." En théo-tintinologue, il analyse le corpus tintinesque en référence au corpus biblique. Son intervention au colloque portait d'ailleurs sur "le héros christique" dans Tintin. En guise d'aperçu : "On peut glaner divers échos de l'Äpocalypse de Jean" dans L'Etoile mystérieuse (la prédication de Philippulus le prophète : Etoile, 7-9) ou dans Les 7 Boules de cristal (importance symbolique du chiffre 7). Cet écrit johannique se trouve d'ailleurs mentionné dans Le Trésor de Rackham le rouge... (Trésor, 60, 12)." A quelques kilomètres du couvent de La Tourette, l'archevêque de Lyon, Mgr Philippe Barbarin, fait la moue. "Cette façon d'analyser Tintin comme le corpus biblique, de citer les albums comme on se réfère aux évangiles, du style "Bijoux, 56, 2", ça ne m'enchante pas.". Rien, pourtant, pas même les préparatifs de Noël, n'aurait empêché le cardinal-archevêque, à l'emploi du temps de ministre, de caser une bonne petite demi-heure pour nous parler de Tintin, toutes affaires cessantes. L'archevêché, d'ailleurs, parle pour lui : les objets qui ornaient les couloirs et la salle à manger ont été regroupés dans une pièce épiscopale, transformée en "chambre Tintin". Mgr Barbarin n'en finit pas d'énumérer ces trophées offerts de par le monde par des artistes qui flattent ainsi son péché mignon : "Un très joli dessus-de-lit peint sur soie représentant la couverture de Tintin au Tibet", une couverture parodiée de Tintin au Congo où apparaît l'archevêque en personne, des coffrets en marqueterie "Tintin", les vingt-deux albums en plusieurs langues, des tee-shirts brodés par des Malgaches "avec les professeurs de l'Etoile mystérieuse, Paul Cantonneau, Calamares, tous ces gars-là". Ou encore cette version de L'Oreille cassée rebaptisée L'Oseille cachée et relatant des bribes de son histoire à lui, qui fut évêque de Moulins : Les Aventures de Barbatintin, évêque de Moulinsart. Mgr Barbarin évoque comme un péché de jeunesse ces années où, étudiant à Paris, il savait tout par cœur, la seule faute d'orthographe des albums, la seule fois où Tintin se brosse les dents, les noms que décline au policier l'Italien qui conduit comme un fou, le nom du singe dans Vol 714 pour Sydney... "Des paquets de trucs inutiles, admet-il, mais assez rigolos". Ce n'est pas dans les aventures du reporter que le cardinal-archevêque a envie de trouver la Bible ("Tintin, c'est juste une perfection de la BD, sa référence ultime, une stimulation ludique de l'intelligence"), mais il aime y chercher les questions spirituelles. Et les trouve. "La confession, la reconnaissance du mal qui est en soi, Hergé a approché ces choses-là. La figure du yéti nous montre que même dans les puissances ennemies au fond de notre être, il y a une harmonie possible. Et Wolf qui se suicide dans l'espace. Et Haddock ! C'est merveilleux, Haddock : il a mis le feu au bateau après avoir bu et geint : "Je suis un misérable !"" Les Dupondt auraient déjà conclu : ainsi, les tintinologues sont tous des ecclésiastiques. C'est donc habillés en évêques qu'ils surgiraient dans le bureau du secrétaire d'Etat aux transports et à la mer. Les chemins de l'enquête mènent naturellement ici. Car Dominique Bussereau, qui y officie, n'est pas seulement membre d'honneur, avec l'ancien premier ministre Alain Juppé, de l'ordre du Pélican noir, à Bordeaux (un club très fermé, ainsi nommé en hommage à la plus haute décoration du royaume de Syldavie) : avant d'entrer au gouvernement, M. Bussereau avait eu la lourde responsabilité de fonder, en 1995, le club des parlementaires tintinophiles, qu'il présidait. Depuis, ils ont bu du Loch Lomond, visité des expositions sur Tintin, organisé une visite à Moulinsart (Cheverny, Loir-et-Cher). Le 3 février 1999, un débat de haute importance eut lieu à l'Assemblée nationale, sous la présidence de Dominique Bussereau. Le thème : "Tintin est-il de droite ou de gauche ?" L'ambassadeur de Belgique à Paris s'était déplacé, et avec lui le gratin de la tintinocratie (tintinologues, représentants de la société Moulinsart, de la Fondation Hergé, des Amis d'Hergé, etc). "On s'était dit qu'avec un peu de bol, on aurait tout juste un journaliste de l'Agence France-Presse de permanence à l'Assemblée, se souvient M. Bussereau. Or ça a été la folie. Soixante députés, plus de 80 journalistes dont une trentaine de télévisions, allemandes, américaines, australiennes, néozélandaises... on a dû changer trois fois de salle !" L'audience fut agitée. Pas question, ici, de voir en Tintin un héros christique. Les députés sont formels : leur Tintin est politique, et si possible de leur bord. Tintin est centriste, avait précisé, avec un sens aigu de la nuance, le député (UDF) des Hauts-de-Seine, André Santini. Yann Galut (PS, Cher) annonçait de son côté que le reporter serait le prochain candidat de la gauche plurielle. Jean-Marie Bockel (PS, Haut-Rhin) voyait en lui un "social-démocrate". Didier Quentin (RPR, Charente-Maritime) assurait qu'il était gaulliste - "je dirais même plus : gaullien". Dominique Bussereau, lui, se contentait de jouer le Monsieur Loyal. La gauche, contrainte de batailler ferme pour récupérer un héros aux origines traditionalistes, revendiqua ses combats contre les puissants, aux côtés des faibles et des opprimés. "Un reporter issu de la droite conservatrice, transformé en une espèce de Che Guevara, défenseur de la révolution permanente", dit Jean-Marie Bockel. La séance fut un florilège de formules. Le centriste André Santini, expert en la matière : "Tintin fait preuve d'une retenue et d'un détachement qui en font incontestablement un gentleman centriste" ; "S'il était de gauche, il distribuerait des sacs de riz au Congo devant des caméras subjuguées" ; "Ça n'est pas à la roche de Solutré qu'il s'attaque..., c'est à l'Himalaya !" ; "Il ne promet pas la lune, il y va !" Au gouvernement, il y a un temps pour les colles en tintinophilie. C'est le mercredi matin, juste avant le conseil des ministres, dans ce court instant où l'on attend le président de la République et le premier ministre. M. Bussereau avoue avoir été ainsi "coincé" par son collègue à l'éducation, Luc Ferry. Celui-ci lui a un jour demandé : dans Les 7 Boules de cristal, quand Tintin et Haddock sont au music-hall, quel est le nom du savant dont la femme se lève parce qu'on lui annonce que son mari vient de tomber gravement malade ? "Là, il m'a bluffé, concède Dominique Bussereau. Maintenant, est-ce qu'il avait juste appris ce truc-là pour me coller ? Peut-être." Le secrétaire d'Etat aux transports affirme relire chaque semaine un ou deux albums avant de s'endormir. Pour ses cinquante ans, son ami Jean-Pierre Raffarin lui a offert Le Lotus bleu dans une édition de 1952, l'année de sa naissance. Il possède quelques albums en tibétain ou en basque, mais n'est pas collectionneur. Ni incollable, il l'a déjà dit. Au club des parlementaires tintinophiles, André Santini peut en dire autant. Un souvenir honteux lui colle à la peau, nous confesse-t-il : il ne s'en est toujours pas remis. C'était à la télévision, il participait au jeu "Questions pour un champion". "Je suis tombé sur la question : "Quel métier faisait Séraphin Lampion ?" Et j'ai perdu la finale du jeu là-dessus. Il était assureur, je le savais pourtant par cœur. J'étais fou furieux." Ceux que les parlementaires tintinophiles redoutent le plus, ce sont les Tintinophiles du Palais. Une association hautement réputée d'une cinquantaine de membres, émanant du Palais de justice de Paris sans s'y restreindre : majoritairement avocats, magistrats, notaires, avoués, juristes en tout genre. Des fous de la mémoire. Catégorie tintinolâtres ou tintinopathes, selon la définition de Frère Cerbelaud. "Les Tintinophiles du Palais, confirme Dominique Bussereau, ce sont des très, très bons. Ils nous avaient proposé de nous opposer à eux dans un tournoi de questions sur Tintin : ceux qui font la loi contre ceux qui l'appliquent, ça ne manquait pas de piquant. Je me suis dit qu'on allait se faire rétamer. J'ai refusé, ç'aurait été la honte." Le président de ces très redoutables Tintinophiles du Palais, le voilà : Me Christian Charrière-Bournazel, avocat à la cour, vieille France et nœud papillon de rigueur. Il vient nous chercher d'un air important : lui aussi nous a calé un rendez-vous en urgence, toutes affaires cessantes. Il l'avoue modestement : "C'est vrai qu'on est assez bons." Et confirme son intention de créer la Coupe Haddock des tintinophiles, un tournoi calqué sur les règles du tennis où les deux joueurs serviraient à tour de rôle en posant une question. Un album par jeu, l'arbitre vérifiant chacune des réponses. "Hélas, les parlementaires tintinophiles ont décliné notre invitation", regrette-t-il avec un sourire de vainqueur. Les deux associations sont tout de même allées ensemble à Moulinsart et ont en commun le goût du Loch Lomond. Les Tintinophiles du Palais prévoient aussi la tenue d'un grand procès d'assises par contumace, à la première chambre de la cour. Accusé : Rastapopoulos. Parfois, Me Charrière-Bournazel a un doute - "C'est le problème : il faudrait pouvoir relire plus souvent." Un petit doute de rien du tout : l'orthographe des Dupondt, au pluriel. Pas de panique : "Je vais demander à mon Nestor." Le standard de son cabinet est branché sur la ligne d'un certain Nestor, agent immobilier à ses heures perdues, mais avant tout secrétaire et promoteur de l'association. C'est lui qui prépare les quiz, une série de questions archi-pointues, avec trois réponses possibles, posées avant les dîners rituels de l'association. L'avocat décroche donc son téléphone : "Appelez-moi Nestor, s'il vous plaît." Puis : "Allô Nestor ? Dis-moi, mon petit Nestor, les Dupondt, c'est bien "dt, sans tiret" ? Bien, bien, on est d'accord. Merci mon petit Nestor."Il raccroche. "Les questions de Nestor sont terribles. On n'en est plus aux prénoms des frères Loiseau. Par exemple : quel est le deuxième prénom du chauffeur italien qui prend Tintin et Haddock en autostop dans L'Affaire Tournesol ? (Le chauffeur s'appelle Arturo Benedetto Giovanni Giuseppe Pietro Archangelo Cartoffoli de Milano). Prenons-en une plus simple : le navire sur lequel Haddock va rechercher l'aérolithe, est-ce le Sirius, l'Aurore, le Karaboudjan ? Ah ah !" Tintin religieux ? Tintin juriste ? Tintin politique ? De droite ou de gauche ? Les Dupondt ne savent plus comment s'habiller. Avec un nœud papillon et une robe d'avocat, ils arrivent au Théâtre Edouard-VII, où répète Pierre Arditi. Lui serait plutôt du genre tintinomane , à collectionner "avec tout ce que ça comporte d'hystérie"des objets, des éditions originales "très très rares" et des planches dont le prix dépasse l'entendement (il a fini par s'en débarrasser). Il avait découvert Tintin en ayant les oreillons. Sa mère lui avait offert L'Oreille cassée, et il n'a plus jamais guéri. "Tintin, c'est un puits sans fonds. Un demi-siècle que je le relis", reconnaît-il, presque désolé, dans un canapé de cuir du hall de l'Edouard-VII. Le Tintin biblique le laisse sans voix. Le politique ? "Je m'en fous." A son tour, il est formel : son Tintin à lui "est un héros théâtral" : "Nous sommes tous des Tintin, il est ce qu'on en fait. Niais, mûr, enfantin, chevaleresque, trop moraliste, il est une coquille où on met ce qu'on veut. Une machine à rêver. Il empêche d'oublier qu'on est un enfant : or ça, c'est mon métier." A l'Académie française, on ne plaisante pas avec Tintin. Le philosophe Michel Serres ne passe jamais à droite des chörtens (monuments-reliquaires) quand il se promène dans l'Himalaya. S'il pleut, il sort de son abri en disant : "Nous pouvons sortir, Mirza, il ne pleut plus." Tintinologue de référence, il est devenu pendant vingt ans le meilleur ami d'Hergé après avoir écrit un article (repris dans son œuvre Hermès) sur Les Bijoux de la Castafiore, "chef-d'œuvre de l'étude sur les ruptures de la communication moderne" : on téléphone au château pour demander la boucherie Sanzot, la télévision est brouillée, les gens ne s'entendent pas, la Castafiore appelle Haddock "Kappock" ou "Kodak" et casse les oreilles de tout le monde. Le confrère de Michel Serres à l'Académie, Erik Orsenna, jure ne jamais faire face à une mauvaise situation sans commenter tout haut : "Nous voilà bien, mon vieux Milou." Et assure que sur l'île déserte ce sont les Tintin qu'il emporterait. "J'ai une dette vis-à-vis de lui. Il m'a appris à raconter des histoires." Les Dupondt, un peu fatigués, sonnent en habit vert à la porte de Serge Tisseron, psychanalyste. Une longue silhouette austère vient ouvrir. On s'assied face à lui, à côté du divan, non sans quelque inquiétude. M. Tisseron a déjà psychanalysé Tintin (Tintin chez le psychanalyste, Aubier). Au départ, le constat de quelques bizarreries. Bizarre, donc, que les Dupondt, jumeaux parfaits, ne portent pas le même nom (l'un avec un "d", l'autre avec un "t") ; que Tintin, héros sans famille, n'ait pas de patronyme ; que le chevalier de Hadoque, voulant transmettre un trésor à ses descendants, fasse tout pour leur brouiller les pistes ; que le même chevalier de Hadoque, ayant reçu le château de Moulinsart des mains de Louis XIV, puisse être un bâtard du Roi-Soleil... Autant de questions fondamentales dont Tisseron a tiré une hypothèse audacieuse sur un secret de famille d'Hergé. Les tintinologues crièrent au délire. Et quelques années plus tard, à la stupéfaction générale, l'hypothèse fut confirmée par les biographes. Une lourde histoire de bâtardise : le père d'Hergé et son jumeau (les Dupondt) étaient des fils naturels d'ascendance illustre et furent élevés par une comtesse qui les habillait d'accoutrements ridicules. Et là, Tisseron ne s'arrête plus. La Licorne et les Bijoux deviennent grisants de cohérence, révélant tout d'une famille aux secrets enfouis tel le trésor dans la crypte de Moulinsart. Restent les savants. Les vrais tintinologues, les durs de durs, les talmudistes. La tribu de Frère Cerbelaud. La liste ne sera jamais exhaustive. Le plus sérieux est à la Fondation Hergé : le gardien du temple, Philippe Goddin, spécialiste des archives et qui se concentre sur la publication en plusieurs tomes de l'institutionnelle et somptueuse Chronologie d'une œuvre, dont vient de paraître le 4e tome (1939-1943), aux éditions Moulinsart. D'autres, parmi ces durs à cuire, sont plus imprévisibles. Genre tintinopathes joyeux. Ils se défendent d'être des intégristes, rechignent même à se dire spécialistes, sont rarement collectionneurs et revendiquent d'abord leur plaisir d'enfance, la faculté de s'émerveiller toujours de choses déjà vues, une passion réelle pour une géniale comédie humaine. Ainsi Albert Algoud, l'ancien comparse d'Antoine de Caunes à Canal . Il écrivit jadis des lettres à Sa Majesté le roi de Syldavie et au dictateur de Bordurie pour protester contre l'absence d'une délégation syldave aux obsèques d'Hergé (les lettres lui étaient revenues, avec un tampon soviétique indiquant "inconnu"). Auteur de plusieurs ouvrages de référence sur Tintin (Le Haddock illustré, Casterman). Ainsi encore, le scénariste et spécialiste de la BD Benoît Peeters : de l'avis général, "le meilleur d'entre nous". "Sur Tintin, promet-il, je pourrais faire un discours à la Fidel Castro, six, sept heures sans notes." A l'écouter, tel qu'il est parti sans s'arrêter, on veut bien le croire. Roland Barthes avait dirigé son mémoire de maîtrise, une lecture des Bijoux de la Castafiore sur le modèle du SZ de Barthes : phrase à phrase, mot à mot. Auteur, après Pierre Assouline, d'une imposante biographie d'Hergé (Hergé fils de Tintin, Flammarion), Benoît Peeters est également éditeur de feu la collection "Moulinsart", chez Casterman, où il accueillit ses pairs. La seule femme de la tribu, Ariane Valadié, surgit comme une bizarrerie dans ce monde où les personnages, comme leurs exégètes, ont pris l'habitude de rester entre garçons. Elle s'est plutôt intéressée à Milou (Ma vie de chien, Points Seuil). On compte aussi Pierre Sterckx, critique d'art et fidèle ami d'Hergé, dont il fit la biographie et qu'il initia à l'art moderne ; Jean-Marie Apostolidès, professeur de littérature à l'université Stanford en Californie ; les collectionneurs Stéphane Steeman ou Jacques Langlois, celui-ci détenteur d'une pièce unique : sa correspondance avec Hergé, une jolie histoire commencée quand il était enfant. Ces savants juvéniles sont généralement au plus mal avec la société Moulinsart : à savoir les ayants droit d'Hergé, sa veuve, Fanny Rodwell, et son second mari, Nick Rodwell, qui règnent en maîtres sur l'exploitation commerciale de l'œuvre. Un feuilleton à la Dallas où les tintinologues se trouvent privés du droit de reproduire, dans leurs livres, les vignettes des albums. Benoît Peeters, Pierre Sterckx et Albert Algoud, dits "les mutinés de Moulinsart", avaient organisé une fronde en 1997 pour dénoncer les "abus de pouvoir" et les dérives de la gestion de l'empire Tintin. "Notre tintinologie consiste aussi à suivre avec un étonnement amusé les péripéties de l'après-Hergé", commente poliment Albert Algoud. Une silhouette mystérieuse contemple ces agitations d'une hauteur magnanime. C'est Cyrille Mozgovine, tintinologue de renom, à qui l'on doit le Dictionnaire Tintin (Casterman). Au colloque du couvent de La Tourette, dont il a préfacé les actes, il a envoyé un fax pour s'excuser de son absence. Il ne se montre d'ailleurs jamais. Son ami Frère Cerbelaud le dit "très discret sur lui-même". On sait seulement de lui qu'il est russe. D'origine syldave, dit-on parfois. Et qu'il porte le signe de Kih Oskh, propre aux camarades tintinologues : restés des grands enfants et contents de l'être.


Par ArzaK Le 09/01/2004 - 17:40 (Modifier)

qu'il y en avait déjà plus...


Par PouetLaChouette Le 09/01/2004 - 08:28 (Modifier)

s'il y a parmi nous des Belges qui voudraient bien m'en trouver une, merci de prendre contact avec moi !


Par PouetLaChouette Le 09/01/2004 - 08:27 (Modifier)

Entre le pouce et l'index d'un employé de la banque centrale belge, à Bruxelles, une pièce de 10 euros en argent commémorant le 75e anniversaire de Tintin, jeudi. Côté face (à droite), une effigie du héros d'Hergé avec son loyal compagnon Milou. Côté pile (à gauche), une carte de l'Europe semblable à celle que l'on retrouve sur tous les euros. La pièce ne risque pas d'atterrir dans au hasard dans tous les porte-monnaies, à l'occasion de l'achat d'une baguette, elle est seulement disponible pour les collectionneurs. (Libération.fr)