Azrayen'

Note: 3.69/5
(3.69/5 pour 32 avis)

1999 : Prix ACBD (tome 1). 1957. Au coeur de la guerre d'Algérie, un homme est l'objet de toutes les recherches. Pour l'armée française, il est le lieutenant Messonnier, disparu avec ses hommes depuis deux semaines. Pour Taklhit, le jeune institutrice berbère, il est Francis, l'amour de sa vie. Pour les Kabyles, il est Azrayen, L'Ange des Ténèbres.


1946 - 1960 : L'Après-Guerre et le début de la Guerre Froide Aire Libre Grands prix de la Critique ACBD La Guerre d'Algérie Le Colonialisme Maghreb

L'histoire se passe en 1957, en pleine guerre d’Algérie. Le lieutenant Messonnier, ainsi que tout son régiment, sont portés disparus depuis deux semaines. Aucune trace, aucun indice, aucun corps. Que c'est il passé? Une embuscade? Les hommes sont ils passés à l'ennemi? Une chose est sure, l’armée française, qui s'embourbe dans cette guerre sans âme, ne peut pas se permettre de perde 22 hommes avec leurs matériels. Le capitaine Valéra et son équipe sont chargés d’enquêter. Ils doivent retrouver Messonnier et sa troupe, ou au moins découvrir quelques indices, une piste. L'affaire n'est pourtant pas facile. Il ne savent pas par ou commencer, et la population locale n’est bien sur pas très coopérative. Ils ont pourtant un embryon de piste. Un des hommes du régiment disparu, Mohan Djeddar, est un ancien du FLN. Il a par la suite changé de bord et rejoint l'armée française. Il trouvait le FLN trop extrémiste à son goût. Enfin c'est ce qu'il raconte. Peut être est il un traître? Peut être s'est il fait accepter au sein du groupe de Messonnier, pour pouvoir les trahir quand ils s'y attendraient le moins? La théorie ne tient pas vraiment debout, car Mohan a fait preuve d'un comportement exemplaire au sein de l'armée française. Mais comme c'est la seule dont disposent Valéra et ses hommes, ils se rendrent dans le village d'origine de Mohan pour en savoir plus à son propos.

Scénario
Dessin
Lax
Couleurs
Lax
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Novembre 1998
Statut histoire Série terminée 2 tomes parus

Couverture de la série Azrayen' © Dupuis 1998
Les notes
Note: 3.69/5
(3.69/5 pour 32 avis)
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11/05/2001 | Alix
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L'avatar du posteur bamiléké

Il fallait bien une motivation du type "Au nom du Père" pour s'attaquer à une période aussi tabou du côté français. Frank Giroud réussit à nous livrer une histoire passionnante, équilibrée et pleine d'humanité au milieu des horreurs qui ont parsemé cette guerre. Pas facile de rendre une copie non manichéenne pour cette guerre à la fois coloniale et civile, civile car nous étions dans un département français avec "des administrées qui accouchent" et coloniale car l'état de droit y était défaillant ces mêmes administrées n'ayant pas les mêmes droits que des métropolitaines. Giroud met d'ailleurs le doigt sur la grande tromperie de cette " Opération de mantien de l'ordre" :C'est bien d'une enquête policière pour retrouver des personnes disparues dont il s'agit. Ainsi souvent l'armée française s'est vue confier un rôle de police et de justice sans en avoir ni les compétences , ni le cadre juridique, avec une obligation de résultats par le politique. Je trouve que c'est très bien exprimé en arrière-plan du scénario et que cela explique pour partie les dérives de tortures, de représailles et de bavures commises par les officiers. On le voit dans différents épisodes où le bon vouloir de l'officier fait office de décision de justice. Si ce côté, que je trouve important, est bien en filigrane Giroud n'insiste pas trop. En introduisant une belle histoire d'amour, au contraire il montre que le vivre-ensemble était possible. Utopiste peut-être mais réconfortant. Giroud respecte tous les combattants dans son ouvrage. Il nous offre des caractères bien typés de l'active pro, le conscrit parfois rebelle, le harki et le djounoud mais aucune mièvrerie ni adversaire stupide ou échappatoire scénaristique. On est très loin de la vision d'un Tanguy ou d'un Buck Danny comme soldat-chevalier blanc. Le dénouement est original et renforce l'image de précipitation dont ont souffert les actions des officiers français livrés à eux-mêmes sur le plan juridique. Je trouve le graphisme de Lax très bon. Premier ouvrage où il transforme son trait pour le rendre plus puissant et presque caricatural. Cela le mènera à l'inoubliable Choucas que j'aime beaucoup ou Mike Cervantes que j'aime un peu moins, lol. Un petit reproche , j'ai eu du mal à distinguer Valera de Messonnier ce qui crée une ambiguité avec Takhlit. Pour le reste c'est parfait, les uniformes, les GMC, les habits berbères sont admirablement reproduits. L'Algérie est un pays magnifique et Lax réussit très bien à rendre la magnificence des paysages de Kabylie. J'apprécie beaucoup aussi ses couleurs à dominantes ocre-jaune pour le présent ou rouge pour le passé. Une bien belle lecture pour un récit de guerre encore très douloureux pour notre passé historique.

26/04/2022 (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

Le sujet n'avait rien pour m'attirer, mais ce diptyque me faisait de l'oeil depuis trop longtemps dans plusieurs médiathèques, j'ai fini par me décider à le lire. C'est un récit qui démontre avec force qu'on peut en BD s'atteler à un sujet sensible et dérangeant ; tout réside dans la façon dont Giroud conte cette guerre d'Algérie, conflit si longtemps tabou qu'on n'ose pas aborder de peur de réveiller de vieux démons. C'est l'enquête menée par des militaires français pour retrouver une compagnie mystérieusement disparue au coeur des montagnes kabyles. A première vue, le récit possède un petit côté "Soldat Ryan", le film de Spielberg étant aussi basé sur la recherche d'un GI par un petit groupe de soldats. Mais cette intrigue donne naissance à un récit qui stigmatise l'absurdité et l'horreur de la guerre en général, mais c'est surtout un terrible réquisitoire contre la vacuité de cette guerre d'Algérie. Giroud raconte la confrontation quotidienne entre les militaires français et la population locale, le doute qui gagne les esprits, la violence aveugle qui s'installe, les atrocités commises dans les 2 camps, jusqu'au constat final d'une défaite inéluctable. Tout ceci est fait avec intelligence et tact, le sujet étant délicat et impopulaire, c'est un véritable travail de mémoire accompli par Giroud, très documenté en s'appuyant sur le petit carnet où son père qui avait servi dans l'armée française durant le conflit, notait ses réflexions. Lax apporte son éclairage graphique à cette oeuvre âpre et grave, et en même temps instructive. Pourtant je n'aime pas des masses son dessin, je l'aimais à ses débuts, il était plus policé lorsqu'il dessinait dans Vécu, mais il a changé souvent de style, et ici il fait partie de la période que je n'aime pas trop, je n'arrive pas à me faire à ses visages souvent "mal foutus" et disgracieux. Même dans L'Aigle sans orteils, c'était limite. Tranchant et plein d'acuité sur les paysages et objets, il compose cependant des personnages bien campés malgré quelques clichés, avec des "gueules" correspondant souvent aux caractères. Voici donc une lecture intéressante, je suis content de l'avoir lue, mais honnêtement, c'est pas un sujet que je relierai, cette gravité me déprime.

25/12/2017 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Ce diptyque s’attaque à l’un des sujets tabous de l’histoire française (avec la collaboration durant la Seconde guerre mondiale), à savoir la guerre d’Algérie (à une époque où il était même interdit de la considérer comme une guerre). Mais il finit par le faire de manière « intemporelle », puisqu’on a là, au travers des questionnements de certains soldats français, une vision acerbe de la guerre, ses excès, la « sale guerre » poussant l’armée française (comme d’ailleurs l’ALN) à pratiquer des assassinats de masse, la torture, la fin justifiant sans doute les moyens. Durant les deux albums, une petite troupe de soldats français erre (dans tous les sens du terme d’ailleurs), recherchant un groupe de soldats disparu dans les montagnes de la Kabylie. Cette errance renforce ce côté « intemporel » déjà évoqué, mais donne aussi un côté bucolique – que quelques rares actions militaires accompagnent parfois. L’imposant dossier qui clôt le second tome, expliquant les sources d’inspiration de Giroud (son travail est parti de témoignages et documents de son père, qui a participé au conflit), donnant une bibliographie assez complète, fait de cette courte série une lecture plus qu’intéressante.

04/10/2017 (modifier)
Par sloane
Note: 4/5
L'avatar du posteur sloane

Tout d'abord j'ai bien aimé le dessin. Il a un trait sec, aride tant pour les personnages que les décors et s'harmonise parfaitement avec le climat et les paysages de la Kabylie. De même les couleurs dans des tons pastels sont agréables à l’œil même si elles adoucissent parfois le propos. Quand à l'histoire que dire sinon qu'elle est tirée au cordeau, que l'on suit la recherche de cette section avec beaucoup d'intérêt. Par ailleurs j'ai appris beaucoup de choses sur cette guerre qui à l'époque ne disait pas son nom, chaque camp comportait son lot de salauds, de braves gars à qui on n'avait pas demandé leurs avis, (dans les deux camps). Encore une fois quand les idéologies deviennent trop radicales, (mais n'est ce pas leur lot à toutes?), nous voyons bien les dégâts qu'elles peuvent causer. Dans cette recherche, cette quête, même si de nombreux points s'en éloignent, j'ai perçu un petit côté Au cœur des ténèbres. Là aussi l'on voit des hommes qu'une mission va changer à tout jamais. Au final une excellente BD qui offre la possibilité de faire un travail de mémoire indispensable concernant cette guerre et quelques autres...

11/11/2014 (modifier)
Par McClure
Note: 4/5
L'avatar du posteur McClure

Grand dieu que c'est bien. Quel beau diptyque semi documentaire sur une page sombre de notre histoire, récente et contemporaine de nos pères. Graphiquement, j'ai adoré le travail de Lax, je trouve son trait nerveux et rendant bien cette ambiance de "sale guerre" et les relations tendues entre un peuple en révolte, touché par les exactions et les répliques punitives aveugles, et une armée occupant son propre sol sans comprendre ce qui s'y trame, pris entre les violences quotidiennes et des ordres aberrants. Vraiment un travail qui colle au sujet. Mais la mise en couleur participe aussi de cette sensation de retranscrire fidèlement une page d'histoire. Si on ferme les yeux, il n'y a pas loin à penser que c'est cette iconographie que l'on pourrait poser sur ces "évènements". L'histoire de cette escouade partie à la recherche d'une compagnie disparue peut sembler dérisoire. Mais c'est justement là qu'elle en devient un parfait symbole de ce conflit, enlisé et "perdu d'avance". L'incompréhension est totale et la peur de l'autre est derrière chaque porte du gourbi. C'est une histoire merveilleusement retranscrite, faite encore une fois de ces rapports humains si difficiles entre deux antagonistes qui ne peuvent se mêler. L'histoire amoureuse est d'ailleurs le révélateur de cette différence qui ne pourra jamais être gommée. Chacun ne se sent pas vraiment en tort mais aucun n'est vraiment dans son bon droit. Ce trouble permanent est magnifiquement mis en œuvre. Les personnages, un peu caricaturaux, sont là pour souligner encore plus cette fin annoncée. Le trait de chacun est lui aussi un peu facile, du sergent vétéran au physique musculeux et au visage taillé à la serpe au lieutenant, sûr de ses convictions et de sa hiérarchie, droit dans ses bottes pour qui l'Etat Major ne peut avoir tort, du pied noir revanchard à l'appelé humaniste, tout le monde y passe. Et ce qui semble vraiment "facile" se trouve "en vrai" dans les bonus photographiques, comme quoi.... D'ailleurs merci aussi pour cette partie additionnelle qui, par le prisme d'un making off, vient encore souligner le propos. Vraiment une belle série, achat plus que conseillé.

02/11/2011 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
L'avatar du posteur Gaston

3.5 J'ai eu bien du plaisir durant ma lecture et pourtant j'avais envie d'arrêter ma lecture après avoir lu une vingtaine de pages. La faute au personnage féminin sans importance qui ne sert à rien et qui m'ennuie avec son histoire d'amoureuse. Heureusement, je voulais absolument savoir ce qui était arrivé aux disparus et j'étais bien content de mon choix parce que la femme disparait et que le tome 2 est bien meilleur que le premier autant au niveau du déroulement du récit que sur la psychologie des personnages. La fin est sans aucun doute le meilleur moment du récit. Rien que pour cela, il faut lire ces deux tomes ! Je ne sais pas trop quoi penser du dessin de Lax. J'aime ses décors et sa mise en scène est impeccable, mais je n'aime pas comment il dessine la tête de ses personnages. Je les trouve moches.

17/03/2011 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Un très bon récit historique de Giroud, une fois de plus. Le sujet est moins étonnant que dans ses précédentes collaborations avec Lax dans la collection, mais il se révèle finalement passionnant dans ses développements. L’accent mis sur l’évolution psychologique du personnage central est, à mes yeux, un des gros points forts du récit. Je trouve, par contre, le personnage féminin présent en début de récit sans grand intérêt. A se demander ce qu’elle fichait là. Elle disparaitra d’ailleurs totalement en cours de récit pour rejoindre son village natal. La base historique est solide, et le dossier proposé au début du second tome apporte une dimension particulière à celle-ci (on y découvre des références personnelles dans le chef du scénariste) Le trait de Lax n’est pas parmi mes préférés, et particulièrement à cette époque (l’artiste connaitra de multiples changements de style). Cependant, comme à chaque fois, je lui trouve une « âme » que peu d’artistes possèdent. Ce dessin n’est pas beau mais il a un charme certain ! Franchement bien (une fois de plus, serais-je tenté de dire) !

07/04/2010 (modifier)
Par tolllo
Note: 2/5

La plupart du temps les récits de Giroud me transportent… La plupart du temps, mais pas cette fois. Pourtant les ingrédients si savoureux qui me plaisent tant sont là : la romance, le cadre historique et des personnages bien travaillés. Mais finalement j’ai eu l’impression de n’avoir eu qu’une ébauche de ce que fera notre auteur par la suite. Comme si cette série constituait un entraînement… Je suis un peu dur de dire cela au vu de la qualité de la documentation apportée à ce récit et l’implication personnelle de l’auteur. Mais voilà, je ne suis pas rentré dans cette histoire tout comme je ne suis pas rentré dans « Les Oubliés d'Annam ». Je préfère largement la série "Secrets" sortie plus récemment 10/20

09/12/2009 (modifier)
L'avatar du posteur Steftheone

Après avoir lu Secrets : L'écorché dont le scénario de Giroud m'avait beaucoup plu, je me suis empressé d'emprunter ce diptyque à la médiathèque. Une fois de plus, Franck Giroud livre ici un scénario particulièrement bien ficelé et très documenté comme en témoigne la vingtaine de pages narrant l'origine et la manière dont cet album est né. Ce supplément du tome 2 offre d'ailleurs une réelle profondeur à cette BD car on comprend mieux comment la trame de l'histoire et les différents personnages ont pris forme. Sur un sujet aussi sensible que celui de la guerre d'Algérie, il aurait été facile de tomber dans le piège du cliché aussi bien d'un côté que de l'autre. Giroud ne tombe pas dedans et base l'histoire autour d'une anecdote mettant en relief toute l'absurdité de la guerre et donne son point de vue sur les éléments qui ont conduit la France à sa perte. Au niveau du dessin, le trait de Lax colle parfaitement au récit. Chaque personnage dispose ainsi d'une vraie "tronche" en adéquation avec leur caractère respectif. Les couleurs à base d'ocre et de sépias immergent également le lecteur dans ces magnifiques paysages de l'Algérie. Un album d'utilité publique. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 8,5/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 7,5/10 NOTE GLOBALE : 16/20

22/11/2009 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
L'avatar du posteur Erik

En pleine guerre d’Algérie durant l’hiver 1957, un groupe de militaires part à la recherche d’une section de 22 hommes disparue dans une région montagneuse de Kabylie. On est en pleine période où le conflit entre l’Etat français et les groupes armés du FLN semble s’enliser inexorablement. Je n’ai pas beaucoup aimé la forme prise par cette histoire alambiquée. On se perd dans les lieux, on confond les personnages… Bref, la lecture n’est pas des plus agréable. Le trait du dessin n’est pas également celui que je préfère malgré le réalisme. Tout est’ il à jeter alors ?Certainement pas ! En effet, j’ai découvert véritablement une partie de l’histoire de France que l’on a jamais appris à l’Ecole et pour cause… Au-delà de cet aspect, cette BD permet de plonger dans de magnifiques paysages de Kabylie et de découvrir son peuple. Rien que pour cela, la lecture de cette BD mérite le détour. Par ailleurs, je trouve que le final est très bien réussi et que cela donne un véritable sens à cette histoire. L’auteur Frank Giroud fait une formidable démonstration de la bêtise humaine tout en évitant le manichéisme. Azrayen est un surnom donné par des villageois kabyles qui signifie « le diable ». C’est une œuvre magistrale dans la prestigieuse collection « Aire Libre ». Il y a un formidable travail d’historien à partir d’archives et de photos. Ce travail de mémoire était nécessaire pour mieux appréhender le conflit algérien. Note Dessin : 4/5 – Note Scénario : 4/5 – Note Globale : 4/5

15/02/2007 (MAJ le 13/04/2009) (modifier)