Au coeur des ténèbres

Note: 3/5
(3/5 pour 5 avis)

L'adaptation graphique du roman de Joseph Conrad ''Au coeur de ténèbres''.


1872 - 1899 : de la IIIe république à la fin du XIXe siècle Adaptations de romans en BD Afrique Noire Congo belge Ecole Emile Cohl Joseph Conrad Le Colonialisme

Un marin, Marlow, raconte ce qu'il a vécu autrefois au coeur de l’Afrique dans un comptoir au bout du bout d'un fleuve et d’une terre pratiquement inexplorée. Chargé par sa compagnie basée à Londres, un homme s'enfonce au coeur de l'Afrique pour aller vérifier ce qui se passe dans un comptoir tenu par un mystérieux Kurtz dont plus personne n'est sans nouvelle depuis longtemps. Des rumeurs, personne ne sait rien. La remontée du fleuve est périlleuse, ennuyeuse mais elle fait aussi qu'un homme tout en en découvrant un autre se révèle à lui-même. La "rencontre" des deux se fait enfin !

Scénario
Oeuvre originale
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 12 Mars 2014
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Au coeur des ténèbres © Soleil 2014
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 5 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

27/06/2014 | sloane
Modifier


Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

J'ai vu Apocalypse Now et j'ai lu la BD Kongo qui s'inspire de roman de Joseph Conrad pour raconter sa propre histoire au Congo Belge, mais c'est la première fois que je lis pour de bon l'adaptation complète d'Au coeur des ténèbres. Et j'ai pu comprendre la fascination qu'il a pu engendrer pour ses lecteurs et à quel point il a inspiré le film de Coppola. Cela commence d'une manière très Kafkaïenne, avec l'embauche en Europe du héros, Marlow dans une ville administrative bizarre, au dessin sans perspective et aux bureaucrates déshumanisés. Puis très vite, nous sommes plongés dans une Afrique coloniale terrible où tout côtoie la folie à chaque instant. Les colons blancs y sont pour moitié des épaves et pour moitié des monstres sans aucune empathie. Les noirs y sont des objets vivants, des créatures muettes que l'on utilise comme des outils et que l'on fouette, mutile ou tue pour faire l'exemple. Tout est folie, tout est poisseux, tout est horreur. Et dans cette horreur, le mystérieux personnage de Kurtz que Marlow doit retrouver fascine autant le lecteur que les hommes qui l'entourent, devenue idole parmi les populations indigènes, immense et menaçant pour les blancs des compagnies qui savourent autant son efficacité à leur fournir des monceaux d'ivoire qu'ils craignent sa mainmise sur les esprits et sur toute la région dont il a la charge. L'ambiance de deux premiers tiers de l'album est intense et marquante. Même si le dessin n'est pas excellent, surtout pour les passages européens, il fonctionne bien pour ceux de la nature africaine et de ce périple sur un fleuve sauvage. La mise en scène est bonne et fonctionne. J'ai un peu décroché sur la fin, une fois Kurtz véritablement rencontré, car la fascination s'est plus ou moins transformée en incompréhension, à l'inverse de Marlow qui semble lui avoir capté son esprit. Il n'en demeure pas moins que c'est une bonne adaptation, faisant ressortir le sentiment de folie exotique et l'horreur du colonialisme capitaliste qui a ravagé le Congo Belge à l'époque, et cela me donne l'envie de lire le roman s'il m'en vient l'occasion.

16/11/2023 (modifier)
Par Erik
Note: 1/5
L'avatar du posteur Erik

Ce n’est pas très sympa pour le Congo de dire que l’on se plonge au cœur des ténèbres. Pour moins que cela, Tintin au Congo fait l’objet d’un boycott. Trêve de plaisanterie pour dire que le titre n’est pas vraiment adapté. Je veux bien croire que l’enfer de la jungle n’est guère paradisiaque mais tout de même ! Pour le reste, je me suis littéralement ennuyé à cette lecture la faute à un bavardage incessant qui n’arrive pas à nous captiver. Cela reste très philosophique, mi-poétique et pseudo-intellectuel dans le genre littéraire. Bref, une expédition qui aurait dû être passionnante se révèle être fort décevante. Je ne vais pas faire semblant au niveau de ma notation. Cela traduit mon ressenti et il n’est franchement pas bon pour les raisons évoquées. Inutile alors de tourner autour du pot. Bref, passez votre chemin à moins d’être attiré par le côté sombre de la jungle.

12/01/2015 (modifier)
Par montane
Note: 4/5
L'avatar du posteur montane

Cette BD est une plongée au "bon vieux temps des colonies", mais pas forcément au sens ou l'entendait Jules FERRY c'est à dire avec la volonté d'apporter la civilisation chez les "bons sauvages". Non ici il s'agit d'un temps ou les Européennes allaient piller sans vergogne les ressources de l'Afrique en n'hésitant pas à exterminer les populations locales, et en masse. Epris par le gout de l'aventure et par l'envie de prendre le grand large MARLOW se porte volontaire pour se rendre au Congo du Roi des Belges Léopold. Sa mission: essayer de remettre de l'ordre dans un comptoir perdu au cœur de la forêt dirigé par un mystérieux KURTZ dont on ne connait pas grand-chose. Bien sur rien ne se passe comme prévu et parvenir à ce fameux comptoir tourne au calvaire. MARLOW prend très vite la mesure du traitement infligé aux populations indigènes par les colonisateurs: un traitement inhumain fait de brimades, de remontrances et d'humiliations quotidiennes. Difficile dans ces conditions d'éprouver la moindre sympathie pour ceux qui pillent allègrement les ressources locales et notamment l'ivoire. Et puis il y a la rencontre avec KURTZ, celui dont on ne voit jamais le visage, celui qui semble agoniser mais qui a conquis la confiance et l'estime des populations locales; un KURTZ dont on se demande s'il est vraiment réel ou s'il n'est pas la métaphore des noirceurs de l'âme humaine contenue en chacun de nous avec également ses bons côtés. Après l'adaptation du "joueur" de Dostoïevski, MIQUEL et GODART récidivent à nouveau sur le terrain de l'adaptation littéraire en bande dessinée. A lire avant de se plonger dans le roman de CONRAD.

23/07/2014 (modifier)
Par Canarde
Note: 3/5
L'avatar du posteur Canarde

Je n'ai jamais lu Conrad, mais il me semble que cet album réussit à faire passer un souffle littéraire, ce qui est rare dans la BD. J'avais lu une autre BD sur le même thème (Congo, je crois, dès que je la retrouve à la bib, je vous confirme) et il manquait vraiment les voix of de Conrad. Ici cette espèce de fuite vers l'inconnu de l'Afrique que tente le jeune pilote, est portée par les mots si bien choisis de Conrad. Le dessin: un trait noir très fin presque toujours interrompu, avec un jus sépia qui donne le relief aux choses, et la densité aux peuples noirs successifs rencontrés le long du fleuve Congo. Au final : le spectacle terrifiant de l'époque où les noirs n'étaient pas aux yeux des blancs des êtres humains véritables. Et le récit d'un jeune homme blanc confronté à l'absurde, et qui s'y jette sans illusions, et sans révolte non plus, dans une sorte de transe douloureuse et hypnotisante.

21/07/2014 (modifier)
Par sloane
Note: 4/5
L'avatar du posteur sloane

Cette adaptation est d'évidence à replacer dans son contexte historique, à savoir de manière pas du tout déguisée dans le Congo non pas Belge mais propriété du roi Léopold II qui y procéda à un génocide des populations autochtones. Ce roman de J. Conrad qui a inspiré "Apocalypse Now" est moins le procès d'un système que celui de la quête d'un homme en recherche de son identité, de son "moi". En fait c'est deux hommes qui se cherchent ; Marlow et Kurtz. Ils se trouveront finalement mais d'une manière très particulière. Il y a plusieurs clefs pour aborder cette histoire, à chacun son chemin, sa remontée du fleuve, on y trouve aussi du Don Lope De Aguirre et ce roman, cette BD arrive à exprimer les doutes, les voies, les attentes, les désillusions, les espoirs que chacun portent. Avis un peu court mais en dire plus me semblerait un peu pompeux, j'aime trop Conrad pour me permettre de donner un avis qui serait un peu péremptoire. Comme il est dit dans l'appendice, plus Marlow avance vers Kurtz plus il lui échappe, j'ajouterais, plus lui-même se trouve. A lire d'urgence !

27/06/2014 (modifier)