Celui qui est né deux fois

Note: 3.92/5
(3.92/5 pour 13 avis)

La vie-témoignage d'un amérindien au 19ème siècle, le crépuscule ce cette culture native des Etats-Unis. "Celui qui est né deux fois" trouve sa suite dans la série Red Road.


1872 - 1899 : de la IIIe république à la fin du XIXe siècle Auteurs suisses Indiens d'amérique du nord Journal Tintin Le Lombard Les Meilleures Trilogies Sioux et Cheyennes [USA] - Middle West

Naissance de Pluie-d'orage, un garçon sur qui le feu n'a pas d'effet Le déroulement de la vie de Pluie d'Orage en tant que chasseur, guerrier, mari aimant, puis sorcier qui prend la relève de son grand-père et mentor Pluie d'Orage meurt, tué par les "Blancs" et rejoint le royaume des Esprits. NB : "Celui qui est né deux fois" trouve sa suite dans la série Red Road.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Août 1983
Statut histoire Série terminée 3 tomes parus

Couverture de la série Celui qui est né deux fois © Le Lombard 1983
Les notes
Note: 3.92/5
(3.92/5 pour 13 avis)
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07/12/2005 | Gros Robert
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L'avatar du posteur bamiléké

Derib nous propose un triptyque quasi ethnographique avec cette vie de "Pluie d'Orage" qui deviendra "Celui qui est né deux fois". Comme nous indiquent les introductions des scientifiques, Derib a travaillé au plus près des dernières recherches pour transcrire avec fidélité la culture des Indiens Américains (ici les Sioux). On sait que Derib affectionne particulièrement ces peuples si particuliers dans leur spiritualité, leurs coutumes et leur relation avec la nature animale ou végétale. Derib n'hésite pas à faire vieillir et mourir son héros et beaucoup de ceux qui l'entourent. Chacune des trois étapes est forte en émotions. La naissance, la Sundance puis la maturité et la mort sont inscrites dans un cycle légitime qui ne me laisse pas triste mais paisible en fin d'ouvrage. Derib évite le manichéisme. Bien sûr la bêtise et la cruauté des Blancs est rappelée à des moments clés. Mais une partie des malheurs des peuples indiens était aussi due à leurs affrontements fratricides. Le dessin de Derib fait toujours la part belle aux magnifiques paysages, aux chasses, aux chevaux mais aussi aux très beaux visages de la tribu. Une très belle lecture.

13/02/2022 (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

Toujours admiratif de Derib dans sa mission d'approche du peuple Indien, qui me passionne aussi, et de la saga Buddy Longway, je devais absolument lire ce triptyque. Je l'ai fait tardivement, vers 2000, et je m'aperçois que je ne l'avais pas encore avisé, quelle ironie du sort ! Ici, la Bd vaut par le dessin qui lui donne une force incontestable ; les dialogues sont peu nombreux, et d'ailleurs, ils seraient superflus. Le récit va plus loin que Buddy Longway, il est uniquement consacré aux Indiens, en l'occurrence des Sioux, on ne voit des Blancs que vers la fin pour mieux souligner le destin tragique du héros. C'est une véritable ode en forme de documentaire à ce peuple magnifique et fier, qui vivait en totale osmose avec la nature, se servant des bienfaits qu'elle procure ; Derib insiste beaucoup sur cet aspect, de même que la démarche est plus mystique que dans Buddy Longway puisqu'elle suit la destinée d'un chaman-guérisseur, dont le contact avec le Blanc sera hélas fatal. Les Sioux se nommaient eux-mêmes les Etres Humains car ils concevaient leur personne comme extrêmement pure et la plus proche de Wakantanka, le Grand Esprit ; imaginez le contraste subi quand ils ont vu apparaître les premiers Blancs, des soldats brutaux, sales et puants, avinés et ne respectant pas leur culture. De tous les Indiens des plaines, les Sioux étaient probablement les plus mystiques et les plus tournés vers la relation spirituelle, la Danse du Soleil en est la parfaite illustration, car elle leur permettait d'entrer en transe et d'avoir une vision. Derib reproduit parfaitement cette cérémonie. Tout ceci n'a évidemment jamais pu être compris par les Blancs qui ont d'ailleurs interdit cette pratique parce qu'elle leur est apparue barbare par la souffrance sanglante endurée. Le mépris de ces peuples et le génocide que l'on sait suivront. La vision très authentique montrée par Derib sur les Sioux est donc loin de l'image folklorique qu'en ont donnée certains films. Il a sans aucun doute eu recours à une excellente documentation, car tout y est bien recrée. Je lis dans les commentaires précédents que les choses sont un peu enjolivées, eh bien pas tant que ça ; ayant beaucoup de livres sérieux sur les Indiens des plaines, je peux dire que Derib n'a pas inventé grand chose, tout est authentique, seule la forme narrative est simplifiée parfois pour éviter la lourdeur, c'est tout... Je le répète, le peuple Sioux est probablement le plus pur, il est différent d'un Apache, d'un Comanche ou d'un Cheyenne qui eux avaient certains travers comme la haine, la jalousie ou l'envie... Le Blanc n'a fait ensuite que les pervertir encore plus dès qu'il a commencé à leur vendre des fusils et de l'eau de feu. Au final, j'aime autant cette Bd pour son humanisme, son émotion et la beauté de ce peuple, que Buddy Longway, où Derib utilise exactement le même graphisme et la même mise en page, avec de grandes cases, un trait épais, chargé et des gros plans de têtes d'Indiens qui sont toujours aussi réussis. Je peux donc sans hésiter appliquer la note maximale à cette véritable glorification envoûtante du peuple Sioux, qui ravira tous les amateurs de cette culture.

01/03/2015 (modifier)
Par Pasukare
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Pasukare

Ah la la la la, quel plaisir pour moi de retrouver le trait de Derib après Buddy Longway ! D'autant plus que la fin de cette série culte m'avait quand même fait franchement mal au cœur, surtout le tome 18 "La balle perdue", mais passons… Avec "Celui qui est né deux fois", c'est une deuxième chance de rêver, de voyager, de s'attacher à des personnages forts, et à nouveau d'avoir un gros pincement au cœur :'(. Derib est, à mon sens, LE dessinateur / scénariste des indiens d'Amérique du Nord. Cette manière de rendre hommage à la nature, aux grands espaces et à la culture "peau-rouge" toute en harmonie avec la terre mère est une vraie leçon de vie. Les couleurs, même plus de 20 ans plus tard, n'ont pas vieilli d'un poil, elles sont magnifiques, quelle que soit la saison. La composition des planches, recherchée, hyper moderne pour l'époque et encore aujourd'hui, est un régal pour les yeux. Les vieux indiens à la peau tannée et ridée sont beaux, tout simplement. "Celui qui est né deux fois" c'est l'histoire, de sa naissance à sa mort, d'un peau-rouge au destin hors du commun, et qui aura, à son grand désarroi, la vision de l'extermination des siens par les visages pâles. Plus au cœur de la vie quotidienne des indiens que Buddy Longway, ce triptyque nous fait (re)découvrir les traditions et le mode de vie de ce peuple malheureusement décimé aujourd'hui. Derib nous raconte à chaque fois une histoire simple et sans prétention mais qui nous fait rêver et voyager, qui nous interpelle sur notre relation aux autres et à la nature, qui pointe du doigt les injustices faites à ces femmes et ces hommes qui auraient mérité au contraire admiration et respect. L'émotion est également toujours au rendez-vous et même si l'on sait d'avance le sort fait aux indiens d'Amérique, on ne peut s'empêcher d'espérer que l'histoire prenne une autre tournure, Derib est cruel ! … Mais réaliste. Si à l'époque, les fusils et l'appât du gain et de l'or n'avaient pas eu le dessus, le monde d'aujourd'hui ne serait peut-être pas en si piteux état. Entre Buddy Longway, Yakari , "Celui qui est né deux fois" et Red Road (qu'il faut que je lise aussi un de ces quatre puisque je viens de découvrir qu'il s'agit de la suite de la présente série), Derib a su toucher un large public pour faire passer son message. Moi je suis complètement et définitivement fan.

18/07/2009 (modifier)
Par Chalybs
Note: 4/5 Coups de coeur expiré

Une magnifique série, bourrée d'humanité. Touchante et poignante. Voilà une BD touchante de simplicité dans le traitement. Derib n'a pas cherché à réaliser une fresque épique et enjolivée. Non, on sent que l'auteur a cherché avant tout à être fidèle à l'esprit des indiens et à leur rendre un vibrant hommage sans tomber ni dans la caricature mais sans non plus se voiler la face. Chez les indiens, comme les "l'homme blanc", tout n'est pas rose. Il y a des guerres, des morts et la faim. Il y a une lutte pour la survit de chaque instant. La trilogie rend admirablement cette époque et ces coutumes. Après avoir commencé à dessiner Yakari, Derib, voulu réaliser une approche plus adulte, plus réaliste de la vie des amérindiens. Derrière son scénario, on sent un gros travail de renseignements et de documentation. C'est une vision agréable et quasi dénouée de jugement, un regard juste sur un peuple massacré et sacrifié. Les hommes blancs en revanche, sont clairement identifiés comme des méchants. Pas LES méchants, mais DES méchants qui n'ont pas tenu compte des besoins et des ressources naturelles propres aux autochtones. Pourtant dans certains passages de la série, j'ai trouvé le ton moins aventure et plus didactique, se rapprochant presque trop d'un format reportage. Ce n'est pas désagréable tant on sent la recherche qui a eut lieu pour la réalisation de cette série. Mais dans le format dont je dispose, les premières pages sont justement consacrées sous texte pure avec quelques illustrations d'époque à replacer l'histoire dans son contexte. Du coup, ce passage de lecture très scolaire, fait double emploi avec l'histoire elle-même. Et la lecture qui suit ne présente plus de surprise ni de rebondissements… Nous sommes loin ici d'une vision classique et nunuche de la vie des indiens. Une fois encore, pour moi, c'est ce réalisme, cette crédibilité et cette simplicité du scénario qui font la force et la puissance de cette œuvre. Dans le troisième tome la lecture est tellement facile, l'histoire si bien contée, que l'on arrive à la fin de ces 40 pages avec une vraie sensation de manque et de trop vite, de trop court. 40 pages, c'est déjà court, mais ici, Derib réussit à nous le faire regretter encore plus ! Le trait de Derib pour l'occasion est un vrai régal. Il sait retranscrire ces visages burinés, il sait retranscrire les émotions et donner la sagesse aux visages ridés. Les poses, les expressions sont parfaitement maitrisée. Il y a une justesse dans la retranscription des décors et paysages rares. Les couleurs sont-elles aussi impressionnantes. Tout est criant de réalisme sans dénaturer l'âme de la bande dessinée. Les cadrages ne sont jamais faits dans la simplicité, et surtout le découpage des cases est superbe. Derib utilise toutes les astuces possibles afin de donner de la puissance à son imagination. Pas mal de Hors case et d'utilisation du cercle aussi afin de centrer notre attention ! Je suis loin d'être sur qu'elle est toujours publiée et c'est bien dommage !

10/07/2009 (modifier)
Par Dakhan
Note: 4/5 Coups de coeur expiré

Je fais cet avis de mémoire, car voici une série que j'ai lue il y a bien longtemps. Cependant, je dois dire que j'en garde un excellent souvenir et une forte impression, qui m'a fait par la suite me précipiter sur les Buddy Longway et Blueberry, sans le même bonheur. Cette petite série est pour moi une des meilleures séries sur les Amérindiens que Derib dessine si bien.

07/12/2005 (modifier)