Maltempo

Note: 3.75/5
(3.75/5 pour 4 avis)

Dans un coin perdu du sud de l'Italie, Mimmo, 15 ans, s'accroche désespérément à son rêve de rock'n'roll... Après Come Prima et Senso, Alfred vient clore en beauté sa trilogie italienne.


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Sur sa petite île coincée entre le marteau de la mafia et l'enclume de la misère, Mimmo, 15 ans, rêve d'échapper à la fatalité d'une vie au rabais. Il le sent, il le sait, c'est avec sa guitare qu'il s'en sortira. Quand il apprend que le casting d'une célèbre émission musicale arrive, ne pas laisser passer cette chance devient son idée fixe, son horizon...

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 11 Octobre 2023
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Maltempo © Delcourt 2023
Les notes
Note: 3.75/5
(3.75/5 pour 4 avis)
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05/10/2023 | pol
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Par Blue boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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En contrepoint de la couverture nimbée d’une douceur toute méditerranéenne, le titre, « Maltempo », se place comme un bémol. « Maltempo », c’est d’abord le patronyme de Mimmo, ce jeune garçon qui s’accroche à son rêve de devenir une star du rock, et qui se traduit par « mauvais temps ». Mais ce terme italien pourrait suggérer aussi, en référence à un langage musical universel, le mauvais tempo, cette « cassure rythmique » qui freine Mimmo dans son ascension vers la célébrité, et parallèlement vers cette liberté qui lui permettrait de s’extirper définitivement d’un quotidien miné par la misère et le désœuvrement, des maux accentués par la mafia. Une plaie sociale systémique qui, comme le souligne discrètement Alfred au cours du récit, réveille la nostalgie d’une période politique autant fantasmée qu’infamante, le fascisme italien sous Mussolini, réincarné récemment avec l’arrivée au pouvoir de Georgia Meloni. Malgré ce contexte social peu engageant, ce dernier volet de la fameuse trilogie italienne d’Alfred vient nous enchanter comme les deux précédents. Si comme le suggère la chanson, la misère est moins dure au soleil, elle n’en est pas moins âpre, et le charme du décor, évident pour le lecteur vivant dans des contrées à la météo moins souriante, ne suffit pas à remplir les estomacs. Ce que semble nous dire Alfred, c’est peut-être de nous méfier des cartes postales ! Pourtant, on ne va pas bouder son plaisir ! L’auteur, qui par sa trilogie — où chaque histoire se lit indépendamment, il est bon de le préciser — a cherché à raviver ses souvenirs d’enfance dans l’Italie d’où son père était originaire, nous propose une histoire belle et simple. « Maltempo », c’est un conte de fées moderne où la seule baguette magique est contenue dans les rêves de Mimmo, des rêves très puissants qui vont se livrer à une sorte de match avec un destin revêche, symbolisé par cette meute de chiens errants au regard malveillant n’apparaissant que dans l’imagination du jeune garçon. Une fois de plus, l’auteur a conçu une galerie de personnages très bien campés, parmi lesquels on n’oubliera pas l’adorable gamin à la tignasse afro, qui n’hésitera pas à jouer David contre Goliath face aux tourmenteurs de Mimmo… Comme pour Come Prima et Senso, le décor évoquant cette Italie est presque un personnage à lui seul, mais aussi une véritable invitation au rêve, ainsi qu’un hommage, conscient ou pas, aux origines paternelles de l’auteur. Le dessin y est évidemment pour beaucoup, avec cette ligne claire stylisée que vient sublimer la palette de couleurs lumineuses et nuancées de Laurence Croix, qui sait moduler les atmosphères en fonction des heures du jour ou de la nuit, provoquant en nos rétines un délicieux enchantement faisant oublier la rigueur du contexte lié au récit. Assurément, l’enfer sait mentir et peut aussi se parer des plus beaux atours. « Maltempo » vient compléter harmonieusement ce somptueux puzzle à trois pièces. Alfred réussit de nouveau à nous émerveiller avec un ouvrage rafraichissant et vibrant d’électricité grâce aux riffs telluriques de Mimmo, star du rock en devenir… Un des très beaux albums de l’année 2023, tout simplement.

06/01/2024 (modifier)
Par Canarde
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Canarde

C'est mon coté italien qui se laisse attendrir. Une sorte de réinterprétation de Le Local de Gipi avec des jeunes qui montent un groupe dans le trou du cul de l'Italie. Ici c'est plus carte postale, avec le village qui descend en cascade vers la mer. Le but c'est le télécrochet : passer pour la première fois sur scène et être choisi pour aller en finale à la télé. Alors que chez Gipi ça doit se passer dans les années 80, avec une sorte de ton glauque qui remonte, chez Alfred, c'est les belles couleurs ensoleillées, les années 60, les vieilles voitures de notre enfance, les enfants qui grandissent, les vieux qui gâtouillent, mais pas tant que ça, les adultes qui ne sont pas toujours à la hauteur, les méchants qui guettent. J'aime ces histoires tragiques où chaque génération a sa place, tressée dans des habitudes, des atavismes, où le bien et le mal se castagnent entre humour et magouille, entre amour viril et honte. Une nostalgie qui parle aux ritals... Et puis il y a toujours la politique qui montre son nez : jamais on ne voit ça dans une histoire de jeunes qui se passerait en France, ou même dans un autre pays. L'Italie, elle est politique ou elle n'est pas. C'est peut-être ça que j'ai conservé de ma grand-mère qui faisait chanter à ses élèves français "bandiera rossa" dans les rues de Rome, mais je ne sais pas au juste à quelle date ...

23/10/2023 (modifier)