Niala

Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)

Niala est l'esprit de la forêt, un être imaginaire, une espèce de déesse de la jungle . Elle a grandi parmi les singes bonobos et elle rencontre des blancs, explorateurs, missionnaires, anthropologues, bardés de carcans moraux ou de frustrations, qu'elle éveille à la sexualité.


Hard & Soft, d'un érotisme à l'autre

Niala vit au milieu de la forêt, elle en est devenue l'esprit au contact des animaux et de la nature sauvage. Mais Niala fait des rencontres avec les jeunes chasseurs des villages lors de leurs rites d'initiation au courage. Elle devient alors une professeure pour un autre type d'initiation. De la même façon les rencontres qu'elle fait avec les Blancs, lui permettent de les initier à son esprit, l'esprit d'une sexualité pacifique.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 10 Mars 2021
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Niala © Glénat 2021
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)
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07/03/2022 | bamiléké
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L'avatar du posteur Tomdelapampa

Un petit emprunt estival sympathique. Je découvre la polémique (racisme, misogynie…) autour de l’album avec l’avis de Bamiléké. Il faut franchement arrêter les conneries, je n’ai rien descellé de tel lors de ma lecture, nous sommes à mille lieux d’un Tintin au Congo. Les 2 auteurs livrent de courts récits à l’érotisme léger, saupoudré d’un zeste d’humour. On suit Naila, déesse ou esprit de la jungle, un mix entre Tarzan et Aphrodite, face à divers rencontres (missionnaires, villageois, vaudou …). Notre héroïne résolvant les conflits à la manière des Bonobos, l’aspect coquin n’est jamais bien loin. Une femme libre face aux mœurs de notre société, je l’ai pris de suite comme une sorte de conte, à ce titre le 1er chapitre est fort réussi, malheureusement le reste va un peu en déclinant niveau intérêt. Le dessin de Rossi n’est pas ce qu’il a fait de mieux, il utilise ici un trait plus gras et humoristique qu’à son habitude, mais ça fait le taf. Pas mal donc et aucune analogie malheureuse à mes yeux.

18/08/2022 (modifier)
L'avatar du posteur bamiléké

Lors de sa sortie le 10 mars 2021, "Niala" a été accusée de véhiculer des clichés racistes et misogynes envers les Africains. Je donne tout d'abord la parole à ses détracteurs via un article de Franceinfo : culture du 8 mars 2021. "Dessinée par Christian Rossi, Niala est une Africaine que le scénariste Jean-Christophe Deveney, interrogé par l'AFP, décrit comme "l'esprit de la forêt, un être imaginaire, une espèce de déesse de la jungle". Elle a grandi parmi les singes bonobos et elle rencontre des blancs, explorateurs, missionnaires, anthropologues, bardés de carcans moraux ou de frustrations, qu'elle éveille à la sexualité." -"On retrouve tous les lieux communs des BD d'aventure : la forêt dense, le climat humide... Et également, ce qui est problématique, l'animalisation des Noirs. C'est ça qui révolte", commente Elodie Malanda, post-doctorante en littérature à l'université de la Sarre, interrogée par l'AFP. "On ne peut pas aujourd'hui mettre en parallèle une femme noire et une guenon sans réactiver tout l'imaginaire colonialiste qui va avec, sans promouvoir cette idée que les Africains sont moins humains que les blancs", déplore cette chercheuse. Le texte de présentation parlait d'un "hommage aux BD d'aventures décomplexées des années 50". Il évoque maintenant "six fables caustiques et parodiques qui raillent autant la pudibonderie que les stéréotypes véhiculés par les BD colonialistes des années 50". Cela devait être dit et écrit car "l'hommage aux BD d'aventures décomplexées des années 50" est insupportable comme je l'ai déjà écrit dans mon avis sur Tiger Joe. Mais ici je vais prendre un peu la défense des auteurs. Comme mon pseudo le laisse entendre, je suis Bamiléké d'adoption et j'ai un fils métis, une vraie perle. Insulter les Africains des années 50 ou avant, c'est insulter ses grands-parents et ma famille. C'est vrai pour beaucoup de citoyens qu'ils soient Français, Africains, Afro-américains ou autres. Et je trouve que le monde de la BD a un effort de mémoire à produire dans ce sens. Pour cet album je suis un peu plus réservé. Bien sûr il y a les passages qui donnent corps aux accusations, comme le dernier cadre de la planche 19 (page 27) ou les planches 24, 25 et 26 qui montrent une sorte de partouze de bonobos, groupe fantasmé comme modèle d'organisation sociale idéale et pacifique reliée aux structures premières. Ces planches sont vraiment limites quant à la lecture que l'on peut y faire et c'est à la justice de trancher. Mais je trouve qu'on est loin des images sur la sexualité des Noirs véhiculées par exemple dans "Naissance d'une Nation" produites par le KKK. Pour ma part, j 'avais immédiatement relié Niala à un hommage au travail de Dian Fossey et ses gorilles du Rwanda que tout le monde connaissait à mon époque. De plus, comme c'est un conte érotique Africain il est difficile de passer à côté de l'animalité de la sexualité. C'est aussi vrai pour des BD érotiques sur l'antiquité ou dans des salons bourgeois de Paris16. Dans cette BD Niala est maîtresse de sa sexualité vis à vis des hommes ce qui exclut la misogynie, à mon avis. C'est fantasmé et son look me rappelle plus une jeune femme des îles comme Nassao avec sa grande chevelure souple. Mais c'est le propre d'une BD érotique d'introduire du fantasme. Ici ni soumission ni perversion abominable, je trouve le scénario plutôt gentil pour l'érotisme. Pour finir il y l'image du Blanc colonisateur. Et bien là encore je la trouve assez cool. Tout d'abord chaque histoire est introduite par un dessin qui renvoie le héros Blanc à ses origines lointaines de type Lucy. Une sorte de rappel que nous venons tous du même ancêtre commun. Ensuite, je trouve ces sœurs, ce photographe, ces moines, ces géographes, cet aristocrate inhibé plutôt débonnaires, sympathiques et courageux. Leurs seules armes sont un livre de chant, un crucifix, un appareil photo, des missels ou leurs propres poings. C'est Niala qui les transforme. "Faites l'amour" est son slogan car ici même pas l'idée de guerre. Je trouve cette approche gentille et juste un peu provocatrice, mais c'est la loi du genre de se moquer des gens d'Eglise ou des bourgeois sur leur sexualité supposée. Sur la forme le dessin et les couleurs sont de qualité. Même si dans ce type de polémique cela passe un peu au second plan. Les ambiances sont plus coquines que pornographiques. Le style semi-réaliste apporte beaucoup d'humour au récit. En conclusion, je respecte l'avis de celles et ceux qui ont été choqué par cet album. Il y a quelques passages maladroits qui posent problème mais je trouve que l'esprit de la BD n'a pas de volonté raciste. Je me trompe peut-être mais c'est à la justice de se prononcer pour trancher sur des critères objectifs. A mes yeux cette polémique a le grand mérite de montrer qu'il existe des lectrices et des lecteurs vigilants qui peuvent ressentir une œuvre de façon blessante (et la première présentation de la BD était incroyablement blessante en 2021 !). La BD est un médium qui touche un large public et qui peut être vraiment premier dans le relai de certains messages et le rappel nécessaire des égarements historiques. Ce débat en est l'exemple.

07/03/2022 (modifier)