Le Piège Malais

Note: 2.5/5
(2.5/5 pour 12 avis)

Au XIXeme siècle, un jeune colon français, pauvre, decide de faire sa vie en inde...


1872 - 1899 : de la IIIe république à la fin du XIXe siècle Aire Libre Ere Victorienne Inde Le Colonialisme Les Roux !

Les indes, fin XIXeme siècle. Ernest jeune colon français, vit d'expédients. Charger d'amener des filles à Karl le pirate qui le tient sous sa coupe, Ernest rencontre Kaliani, une jeune prostituée indienne. Or, Karl est sous l'empire d'une étrange statuette de jade. C'est le souffle de l'Amok, cette fièvre qui pousse celui qui en est atteint à tuer tous ceux qui se trouvent sur son passage. Et particulièrement les femmes trop belles et les jeunes blancs prétencieux. C'est au milieux des castes les plus pauvres, dans une hutte de bambou, qu'Ernest le "nez rouge" et Kaliani survivent comme ils le peuvent. Sous la surveillance du brahmane Kananda, ils attendent que leur sort soit scellé. Seul l'opium leur permet de sortir de leur sordide réalité. Ernest est visité de plus en plus par l'esprit des morts qui l'appelle à ses cotés.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Mars 1990
Statut histoire Série terminée 2 tomes parus

Couverture de la série Le Piège Malais © Dupuis 1990
Les notes
Note: 2.5/5
(2.5/5 pour 12 avis)
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22/09/2003 | Thorn
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L'avatar du posteur bamiléké

J'ai beaucoup apprécié la lecture du "Piège malais" et j'ai du mal à comprendre la somme de mauvais avis à l'encontre de cette série. J'ai découvert le travail de Didier Conrad via sa série Jeunesse Donito à laquelle j'ai immédiatement adhéré à la fois dans l'humour et dans le graphisme. La lecture du piège malais m'a convaincu de l'excellence du travail de Conrad ainsi que son originalité créative. En premier lieu c'est intéressant de voir comment son style graphique peut passer d'un public jeune à un public franchement adulte. Car le piège malais qui fait voyager Ernest, petit routard français du 19ème siècle, entre le catalogue du Kamasutra et celui des supplices chinois n'a pas vraiment sa place entre des mains enfantines. Contrairement à d'autres lecteurs, je trouve le personnage d'Ernest très bien choisi. Ernest petit cartésien agnostique ou athée, opportuniste, qui se croit libre de toute autorité est le témoin impuissant du choc entre deux mondes dont il est exclu. Pire Ernest est un anti-OSS que sa qualité de Blanc ne met à l'abri ni des humiliations les plus infamantes ni d'une fatalité la plus sordide. Sous couvert d'un récit à valeur humoristique, cynique et satirique, Conrad laisse percevoir une réelle connaissance des coutumes et croyances indiennes. S’il ne cache pas le côté choquant que peut avoir à nos yeux d'occidentaux, une société de castes, Conrad équilibre la balance avec l'hypocrisie, la bêtise et la vénalité des colons. Je trouve même cette oeuvre toujours aussi pertinente dans la perception des fractures et les chocs potentiels de civilisations différentes sur de nombreux points fondamentaux spirituels et temporels. Je n'ai pas été choqué par l'apparition du fantastique dans le récit qui accompagne la plongée du lecteur dans une ambiance indienne de plus en plus puissante. La fin nous rappelle que la réalité n'est pas un conte de fée qui sourit toujours à nos héros maisons. Le graphisme assez humoristique m'a permis de prendre de la distance par rapport à la noirceur du contenu du récit. Conrad n'hésite pas utiliser des scènes explicites dans le sexe ou la torture sans jamais tomber dans la bestialité ou le voyeurisme. J'ai trouvé la construction très dynamique, sans longueur et bien dans l'ambiance des rapports de force en présence. En conclusion j'ai beaucoup aimé ce moment de lecture original et non-conformiste.

10/04/2023 (modifier)
Par gau
Note: 5/5 Coups de coeur expiré

Bon, vous ne connaissez pas encore le cynisme de Didier Conrad et sa passion pour l'Asie et pour l'Inde, en l'occurrence. Un amour de l'inde, une grande admiration pour ses moeurs, pour les coutumes, les paysages et une compassion pour son côté sordide. Un croisement entre Les Innommables et Donito (le petit pêcheur de perles) pour ceux qui connaissent. Des planches aux couleurs variées et parfois resplendissantes qui témoignent d'une grande patience. A travers cette histoire dure et glauque, il est vrai, il y a une vraie poésie qui se dégage. Conrad a arrêté de mettre ses albums en couleurs et on le regrette vraiment. On n'est pas très loin de La Mousson de Louis Bromfield et de La Cité de la joie de Dominique Lapierre. Une chronique au vitriol des bas-fond indiens et d'un étranger qui s'y perd, une malédiction qui s'abat sur les propriétaires d'une étrange statuette. Une oeuvre qui a confirmé ma passion pour ce pays.

24/10/2007 (modifier)